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Full text of "Revue celtique"

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Stephen  B.  Roman 

From  the  Library  of  Daniel  Binchy 


REVUE  CELTIQUE 


TOME  XI 


n5^  ^  ^^  >/ 

A\^  FONDEE  ^  ^F-v. 

/\  H.     GAIDOZ  ST^ 

^\^  1870-1885  rx 

lS^^  publiée  sous  la  direction   de  .^r\ 

NT  rv^ 

H.    D'ARBOIS    DE    JUBAINVILLE      ^ 

Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Collège  de  France 

AVEC   LE    CONCOURS    DE 

J.    LOTH  E.   ERNAULT 

Professeur  à  la  Faculté  Professeur  à  la  Faculté  des 

des  lettres  de  Rennes  lettres  de  Poitiers 

ET    DE    PLUSIEURS    SAVANTS    DES    ILES    BRITANNIQUES    ET    DU    CONTINENT 

G.    DOTTIN 

Agrégé  de  l'Univeisité,  Secrétaire  de  la  rédaction 

Tome  XI 


PARIS 

EMILE    BOUILLON,    LIBRAIRE-ÉDITEUR 

67,    RUE   RICHELIEU,    67 
1890 


TABLE    DES    MATIÈRES 


CONTENUES 

DANS  LE  TOME  XI 


Pages. 
ARTICLES  DE  FOND. 

La  vie  de  saint  Maio,  étude  critique,  par  L.  Duchesne i 

The  Fer  Diad  épisode  of  the  Tain  Bô  Cuailnge  (suite),   by   Dr.    M. 

Nettlau 23,  318 

Les  bracac  et  les  hosae,  par  E.  Saglio 33 

A  note  about  Fiacha  Muillethan,  by  Whitley  Stokes 41 

Anciens  noëls  bretons  (suite),  par  H.  de  La  Villemarqué   ....  46 

Notes  on  Welsh  Consonants  (suite),  by  Dr.  M.  Nettlau  ....  68 
Inscription  attique  relative  à  l'invasion  des  Calâtes  en  Crèce  (279-278), 

par  S.  Reinach 80 

Closes  bretonnes,  par  R.  Thurneysen 86 

Etudes  bretonnes,  VIL  Sur  l'analogie  dans  la  conjugaison,  parE.  Er- 

nault 94,  458 

/  Uath  Beinne  Etair,  edited  by  Kuno  Meyer 125 

Les  anciennes  litanies  des  saints  de  Bretagne,  par  J.  Loth .  .  .  .  135 
Les  Caulois  et   les  populations  qui   les   ont  précédés  dans  l'Italie  du 

nord,  étude  géograpliique,  par  H.  D'Arbois  de  Jubainville.  .  .  1^2 
Essai  de  classification  chronologique  de  différents  groupes  de  monnaies 

gauloises,  par  A.  de  Barthélémy 173 

Versions  bretonnes  de  la  parabole  de   l'Enfant  prodigue,  par  E.  Er- 

nault 180 

L'inscription  prétendue  gauloise  de  Nîmes  —  Camaracus  —  Tndcnlum 

—  Calkmarcius  —  Nancy,  par  H.  d'Arbois  de  Jubainville    .      .      .  249 

La  Création  du  monde,  mystère  breton  (suite),  par  l'abbé  Eug.  Bernard.  254 
Catalogue  des  mss.  celtiques  et  basques  de  la  bibliothèque  nationale, 

par  H.  Omont 389 

The  oldest  version  of  Tochmarc  Emire,  by  Kuno  Meyer    ....  424 

MÉLANGES. 

Notes  sur  quelques  gloses  galloises,  par  R.  Thurneysen     ....  203 

Le  suffixe  d'égalité  gallois  en  -et,  par  J.  Loth 206 

De  l'adjectif  subissant  la  mutation  initiale  après  un  substantif  masculin, 

par  J.    Loth 207 


VI  Table  des  Matures. 

L'initiale  du  complément  du  verbe  fléchi  subissant  rinfectio  destituens.  208 

Tene  cen  coicled  —  Ni  bh-fuU,  by  Kuno  Meyer 209 

Addenda  to  the  Echtra  Nerai.,  by  Kuno  Meyer 210 

Morgablou,  par  J.  Loth 210 

Note  sur  un  texte  de  l'historien  grec   Eusebios  relatif  au   siège  d'une 

ville  des  Gaules  par  les  Francs,  par  Th.  Reinach 211 

Trublobion.,  par  J.  Loth 214 

Hercynia,  par  H.  D'Arbois  de  Jubainville 216 

Le  manuscrit  luxembourgeois  des  Hisperidi  famina,  par  H.  Gaidoz  et 

Bradshaw 219 

Epitaphe  britannique  chrétienne,  par  R.  Mowat 344 

Rapprochement  entre  l'épopée  irlandaise  et  les  traditions  galloises,  par 

J.  Loth 345 

Saint  Amphibalus,  par  J.  Loth 348 

Aguetou,  cynneu,  par  J.  Loth 349 

Les  noms  gaulois  en  France  dans  le  Roussillon,  par  H.   d'Arbois   de 

Jubainville 488 

Saint  Branwaiatr,  par  J.  Loth 490 

La  conversion  de  Maeisuthain,  par  H.  D'Arbois  de  Jubainville     .      .  492 

Loanwords  in  early  Irish,  by  Kuno  Meyer 493 

Sur  un  passage  du  Mabinogi  de  Kulhwch  et  Olwen,  par  J.  Loth.       .  495 

Vicus  Artiacus  près  de  Vérone,  par  H.  D'A.  de  J 496 

CORRESPONDANCE 

Ch.  de  Kay,  Ccntury  Magazine^  p.  221  ;  —  M.  Prou,  Andebrinnaco, 
222  ;  —  S.  Reinach,  Les  Simulacra  chez  César,  224,  497  ;  —  S.  Rei- 
nach, Brogitaros 497 

BIBLIOGRAPHIE. 

.Mimer  (A.)  et  P.  Dissard,  Trion.    Antiquités  découvertes   en    1885, 

1886  et  antérieurement,  au  quartier  de  Lyon  dit  de  Trion.      .      .  235 

Arbois  de  Jubainville  (H.    d'),   Les   premiers  habitants  de  l'Europe, 

tome  premier,  deuxième  édition 228 

Loth  (J.j,  Chrestomathie  bretonne,  première  partie,  breton  armori- 
cain   351 

CHRONIQUE. 

Agde  (Inscription  grecque  d') 386 

Aided  Echach    mie  Maireda 246 

Antuberix  et  les  Antobroges ^05 

Arbois  de  Jubainville  iH.  d'i,  Recherches  sur  l'origine  de  la  propriété 

foncière,  381  ;  le  duel  conventionnel 388 

Archaeological  Revieiv  cesse  de  paraître 24^ 

Armagh  (travaux  du  P.  Hogan  sur  le  livre  d'i 239.  384 

Art  (I')  irlandais  en  Grande  Bretagne 379 


Table  des  Matières.  vu 

Atkiiison,  Tri  bior-ghaoithe  an  bhâis,   576;  critique  par  Wh.  Slokes, 

387  ;  notes  de  grammaire  irlandaise.  506 

Barthélémy  (A.  de),  Manuel  de  numismatique  ancienne 575 

Basse-Bretagne  (Les  lutins  en),  247;  (excursion  de  Gallois  en).      .  579 

Bellesheim,  Gescliichte  der  katholischen  Kirche  in  Ireland  .     .      .      .  511 

Bladud    le  roi) ^ 378 

Bonnet,  Le  latin  de  Grégoire  de  Tours 378 

Brendan  (S.)  et  Sindbad S05 

Bricomaglos S04 

Brugmann,  Morphologische  Untersuchungen 384 

Celtique  (le),  sujet  d'examen  à  l'Université  de  Londres 245 

Coelho,  Etudes  celtiques. ^09 

Cucuimne  et  Cummian 245 

didu  (la  particule) 374 

Droit  irlandais  (Résumé  d'un  cours  de) 581 

Duchesne  (l'abbé),  Les  anciens  catalogues  ép'scopaux  de  la  province 

de  Tours 388 

Espérandieu,  Epigraphie  romaine  du  Poitou  et  de  la  Saintonge.   .      .  241 

Evans  (Gwenogfryn),  Livre  rouge  de  Hergest,  t.  II 504 

Flavius   Josèphe  et  Muirchu 370 

Gaidoz,  La  rançon  au  poids 377 

Gallois  (excursion  de;  en  Bretagne 379 

Glas  (dérivés  de)  en  roman 506 

Grammaire  irlandaise  du  moyen  âge. 372 

Grégoire  de  Tours  (Le  latin  de) 378 

Gwenolé  1  Mystère  de  S.) 247 

Habert,  Marques   de  potiers  gallo  romains 246 

Hennessy  (la  bibliothèque  de) 388,498 

Hergest  (Livre  rouge  de) 504 

Hogan  (P.),  Documents  sur  saint  Patrice 239,384 

Holder,  Altceltischer  Sprachschatz 386 

Jacu  (Vie  de  S.) 243 

Janssen,  Gesammt-Index  zu  Kluge's  etymologischen  Wôrterbuch  .      .  505 

Jullian,  Inscriptions  romaines  de  Bordeaux 380 

Kay  (de),  Irish  Kings  and  brehons 507 

Keating,  Tri  bior-ghaoithe  an  bhâis 376 

Kerviler,  Bibliographie  bretonne 246 

Kluge,  Le  celtique  dans  les  langues  germaniques,  382  ;  index.     .      .  505 

Lausum 508 

Leamy,  Irish  fairy  taies 385 

Lecoat,  La  Bible  traduite  en  breton 368 

Liban,  nymphe  de  la  mer 246 

Lièvre,  Inscription  gauloise  du  Vieux  Poitiers 386 

Lismore  (Lives  of  saints  from  the  book  of) 241 

Loth,  Chrestomathie  bretonne,  247  ;  prix  Langlois 248 

Lutins  (les)  en  Basse-Bretagne 247 


VIII  Table  des  Matières. 

Luzel,  Mystère  de  S.  Gwenolé 247 

Mac  Carthy,  Critique  de  Bellesheim 511 

Mac  Innés,  Waifs  and  Strays  of  Celtic  tradition 242 

Meyer  (Kuno),  Etude  sur  les  mss.  Phillips,  572,  573  ;  didu    .      .      .  374 

Meyer-Lûbke,  Grammaire  des  langues  romanes 500 

Monnaies  gauloises  de  la  Bibliothèque  nationale 383 

Ms  irlandais  de  Rennes  et  Celt.  1 ,  de  Paris 507,508 

Muirchu  et  Flavius  Josèphe 370 

Mureaux  (allée  couverte  des) 506 

Newgrange  (monument  de) 248 

Nutt  (A.),  Remarques  sur  des  contes  écossais,  242  ;  Celtic  Myth  and 

Saga,  383  ;  critique  par  Zimmer 507 

O'Clery   (Lughaidh),  Vie  de  O'Donnell 238 

Ogamique  (inscription)  de  l'île  de  Man 511 

Ogmios 244 

O'Grady,  Critique  de  Whitley  Stokes,  Lives  of  saints      ....  370 

O'Meagher,   L'église  S.  Patrice  de  Rouen 506 

Osthoff,  Morphologische  Untersuchungen 584 

Patrice  (documents  sur   S.),  239,  584;  ^église  rouennaise  de  S.).     .  506 

Phillips  (mss.  de  Thomas) 372,  373 

Pilot  (the)  de  Boston 509 

Reinach  (S.),  Les  Gaulois  dans  l'art  antique.    .......  244 

Rennes  (le  ms.  irlandais  de) 507 

Revue  des  Deux-Mondes  (Le  celtique  dans  la) 508 

Rhys  (J.),  Leçons   d'archéologie  de  la   fondation    Rhind,    239,    377, 

501  ;  Livre  rouge  de  Hergest 504 

Ronan  (Vie  de  S.) 242 

Roscher,  Lexicon  der  griechischen  und  rômischen  Mythologie.      .      .  244 

Salamanque  (Vies  de  Saints  du  ms.  de) 374 

Sarmento  (travaux   de  Martins) 510 

Serrure,  Essai  de  grammaire  gauloise 240 

Smedt  (de) 242,374 

Société  pour  la  conservation  de  la  langue  irlandaise 259 

Stokes  (Wliitley),  Lives  of  saints  from  the  Bojkof  Lismore,  241,  370; 
Gloses  irlandaises  et  bretonnes,  246;  critique  d'Atkinson,  The  Pas- 
sions, 387;  Hibcnnca 511 

Sullivan  (Mort  de  William  Kirby) 367 

Thurneysen,  formes  verbales  sigmatiques 580 

Uraicept  na  n-eigeas 372 

Vetta  t.  Victi 504 

Vieux  Poitiers  (menhir  du) 386 

Windisch,  le  codex  Boernerianus,  les  formules  magiques  en  vieil  irlan- 
dais   511 

Zimmer,  formes  verbales  sigmatiques,   380;  critique  de  Nutt,  Studies 

on  the  legcnd  of  the  Holy  Grail 507 


LA  VIE   DE  SAINT  MALO 

ÉTUDE  CRITIQUE 


La  vie  de  saint  Malo,  écrite  au  ix^  siècle,  a  un  grand  intérêt 
pour  l'histoire  locale  de  la  Bretagne  armoricaine.  C'est  la  plus 
ancienne  de  toutes  les  vies  de  saints  bretons,  si  l'on  excepte 
celle  de  saint  Samson.  Encore  celle-ci,  malgré  son  étendue, 
n'offre-t-elle  que  peu  de  pages,  on  pourrait  même  dire  de 
lignes,  qui  aient  rapport  au  séjour  du  saint  dans  le  pays  où  il 
termina  sa  carrière.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  personnes  qui  étu- 
dient la  formation  et  le  développement  des  vieilles  légendes 
celtiques  trouveront  dans  la  vie  de  saint  Malo  le  premier  do- 
cument bien  daté^  d'un  cycle  épique  fort  célèbre,  celui  de 
saint  Brandan  et  de  ses  longs  voyages  à  la  recherche  de  l'île 
Fortunée.  C'est  assez  dire  pour  attirer  leur  attention  sur  les 
rédactions  diverses  de  la  légende  malouine. 

Deux  de  ces  rédactions  nous  ont  été  conservées,  l'une  signée 
de  Bili,  diacre  d'Alet,  l'autre  anonyme-.  Dans  la  première,  qui 
est  distribuée  en  deux  livres,  est  compris  un  récit  de  la  trans- 


1.  La  vie  latine  de  saint  Brandan  a  été  publiée  par  M.  Cari  Schrôder 
(Sanct  Brandan,  Erlangen,  1871)  d'après  un  manuscrit  du  xii'=  siècle,  qui  ne 
doit  pas  être  de  beaucoup  postérieur  à  la  rédaction  du  texte  qu'il  contient. 
Il  est  à  croire  que  cette  rédaction  tardive  n'est  pas  le  plus  ancien  document 
de  la  célèbre  légende.  Je  ne  suis  pas  assez  versé  dans  l'histoire  de  la  litté- 
rature celtique  pour  dire  si  des  textes  irlandais  antérieurs  au  xii'=  siècle  ont 
été  publiés  ou  signalés.  Mais  je  doute  fort  que  l'on  puisse  jamais  en  pro- 
duire qui  remontent  au  delà  de  l'année  840,  c'est-à-dire  jusqu'au  temps  où 
la  légende  de  saint  Malo  permet  d'attemdre. 

2.  Publiées  ensemble  à  Rennes  (Plihon,  1884),  la  première  par  dom 
Plaine,  la  seconde  par  M.  A.  de  la  Borderie. 

Bxvue  Celtique,  XI.  .  i 


2  L.  Duchesne. 

lation  des  reliques  du  saint,  suivi  de  quelques  miracles  que  le 
narrateur  dit  avoir  eu  lieu  de  son  temps.  La  seconde  s'arrête  à 
la  mort  de  saint  Malo  en  Saintonge;  mais  une  troisième  pièce, 
contenant  le  récit  de  la  translation,  s'y  réfère  et  en  forme 
comme  le  complément.  Cette  dernière  est  postérieure  au  règne 
d'Alain  le  Grand  (f  907)  et  antérieure  au  transfert  des  reli- 
ques à  Paris  ;  elle  doit  ainsi  avoir  été  écrite  dans  la  première 
moitié  du  x^  siècle.  La  rédaction  de  Bili  est  dédiée  à  un 
évêque,  Ratwili,  que  l'on  sait,  par  les  chartes  de  Redon,  avoir 
siégé  de  866  à  872  environ.  Quant  à  la  vie  anonyme,  sa  date 
n'est  pas  connue  directement  ;  elle  peut  donner  lieu  à  diverses 
conjectures.  Entre  elle  et  la  composition  de  Bili  il  y  a  de  graves 
différences  ;  il  y  a  même,  sur  un  point  important,  une  contra- 
diction très  nette.  Suivant  elle,  saint  Malo  aurait  été  ordonné 
évêque  dans  le  pays  de  Galles,  avant  son  arrivée  dans  celui 
d'Alet  ;  Bili,  au  contraire,  suppose  que  le  saint  n'avait  reçu 
outre-mer  que  la  prêtrise;  il  raconte  avec  de  grands  détails 
son  ordination  célébrée  à  Tours,  par  Tévêque  de  ce  siège  mé- 
tropolitain. 

M.  de  La  Borderie  a  rattaché  ces  deux  rédactions  l'une  à  Alet, 
l'autre  à  Saintes  ;  il  explique  ainsi  leur  diversité.  D'un  texte 
primitif  seraient  dérivées  deux  légendes,  l'une  aléthienne,  l'autre 
saintongeaise.  Celle-ci  serait  représentée  par  la  vie  anonyme. 

Bili  n'est  pas  le  premier  qui  ait  écrit  la  vie  de  saint  Malo.  Il 
dit  lui-même,  à  la  fin  de  son  prologue,  qu'un  autre  sage,  alius 
sapiens,  avait,  longtemps  avant  sa  naissance,  consigné  dans  un 
livre  «  la  vie,  l'origine,  la  pérégrination  et  le  séjour  en  divers 
lieux  du  saint  évêque  Malo  »  ;  mais  que,  plus  tard,  beaucoup 
s' essayant  à  l'écrire,  elle  avait  fini  par  être  corrompue.  C'est 
à  cause  de  cela  qu'il  entreprend  de  la  reconstituer. 

A  quelle  date  remontait  le  travail  de  ce  premier  sage  ?  Sui- 
vant Bili,  ce  serait  longtemps  avant  sa  naissance  :  longo  tem- 
pore  antequam  nos  orti  fuissemus.  Or  Bili  était  diacre  vers  l'an- 
née 870;  il  occupa  le  siège  d'Alet^  dans  les  dernières  années 


I .  Dom  Plaine  l'identifie  avec  le  Bili  qui  figure  dans  la  liste  épiscopale 
de  Vannes  ;  mais  cette  liste  est  dépourvue  de  valeur  pour  le  temps  où  le 


La  Vie  de  saint  Malo.  3 

du  ix*^  siècle;  cela  suppose  qu'il  naquit  aux  environs  de  l'an- 
née 840.  Le  biographe  doit  donc  avoir  vécu  au  plus  tard  sous 
Louis  le  Débonnaire, 

Je  ne  crois  pas,  d'autre  part,  qu'il  soit  permis  de  remonter 
beaucoup  plus  haut  que  ce  règne.  Voici  pourquoi.  Les  détails 
liturgiques,  dans  la  description  de  la  messe  célébrée  par  le 
saint  sur  le  dos  d'un  monstre  marin,  se  rapportent,  non  à  la 
liturgie  gallicane  qui  était  celle  des  Bretons  des  deux  côtés  de 
la  mer  et  des  églises  tranques  aux  temps  mérovingiens,  mais 
à  la  liturgie  romaine.  VAgnus  Dei,  venant  après  le  Pater, 
est  un  trait  caractéristique.  Nous  savons  même  quand  il  fut 
introduit  dans  la  messe  romaine  ;  c'est  sous  le  pape  Ser- 
gius  (687-701),  tout  à  la  fin  du  vu"  siècle.  Or  il  est  impos- 
sible d'admettre  que  la  liturgie  romaine  ait  été  importée  à  Alet 
avant  les  derniers  temps  de  Charlemagne.  C'est  seulement  vers 
le  VIII*  siècle  qu'elle  pénétra  dans  les  églises  de  France.  Les 
Bretons,  encore  séparés  politiquement  du  grand  corps  de  l'em- 
pire frank,  obstinés  de  longue  date  dans  une  hostilité  spéciale 
contre  les  usages  romains,  ne  durent  point  l'adopter  sponta- 
nément. Son  introduction  chez  eux  doit  avoir  été  un  des  ré- 
sultats de  la  conquête  franque.  J'ai  même  peine  à  croire 
qu'elle  ait  été  un  des  résultats  les  plus  rapidement  obtenus,  et 
je  serais  disposé  à  penser  qu'il  a  fallu  l'insistance  de  Louis  le 
Débonnaire  et  le  zèle  ^  qu'il  portait  aux  choses  de  cet  ordre 
pour  que  l'on  consentit  à  sacrifier  sur  ce  point  les  vieux  usages 
nationaux.  En  tout  cas,  au  temps  où  la  vie  de  saint  Malo  fut 
écrite,  il  y  avait  longtemps  qu'on  s'était  résigné  à  la  confor- 
mité ;  les  habitudes  étaient  même  si  bien  prises  que  l'on  ne 
concevait  plus  une  autre  façon  de  célébrer  la  messe  et  que  l'on 
trouvait  tout  naturel  que  saint  Malo  l'eût  célébrée  ainsi.  Et  il 
n'y  a  pas  à  dire  que  ce  détail  a  pu  être  ajouté  par  Bili  ;  il  se 
trouve  dans  les  deux  rédactions  et  doit  ainsi  être  considéré 


nom  de  Bili  s'y  trouve  marqué.  L'intérêt  que  ce  personnage  porta  au  re- 
couvrement des  reliques  de  suint  Malo  et  le  fait  qu'il  commença  par  être 
diacre  d'Alet  donnent  plutôt  lieu  de  croire  qu'il  devint  évêque  de  ce  siège. 
Ceci,  du  reste,  n'empêche  nullement  de  croire  qu'un  autre  Bili  ait  été 
évêque  de  Vannes. 

I.   Gallia  Christ.,  t.  XIV,  p.  189  (Instr.). 


4 


L.  Ducheme. 


comme  remontant  à  la  source  commune,  la  rédaction  du  pre- 
mier «  sage  ». 

Celui-ci  écrivait  donc  sous  l'empereur  Louis  et  môme  à  une 
date  assez  avancée  de  son  règne,  plutôt  aux  approches  de 
l'année  840  qu'aux  environs  de  l'année  814. 

Cette  manière  de  voir  est  confirmée,  dans  une  certaine  me- 
sure, par  le  fait  que  lors  de  la  révolte  de  811,  les  papiers  de 
l'église  d'Alet  avaient  péri  par  le  feu^ 

Aussi  ne  doit-on  pas  s'étonner  que  le  premier  «  sage  »  ait 
dû  tirer  de  la  tradition  orale  ce  qu'il  consignait  dans  son  livre, 
sicut  ah  aliis  sapientibus  audivit  ac  didicit  scribere  curavit. 

La  tradition  orale,  il  faut  le  reconnaître,  était  une  source 
d'information  assez  trouble,  car  il  y  avait  environ  deux  siècles 
que  saint  Malo  était  mort.  Cependant  certains  traits  caracté- 
ristiques, certains  noms  d'hommes  ou  de  pays  avaient  pu  se 
conserver.  Il  est  même  possible  que,  bien  que  nous  n'ayions 
là-dessus  aucun  témoignage,  la  légende  du  saint  ait  été  mise 
par  écrit  avant  la  conquête  franque  et  que  le  plus  ancien  bio- 
graphe connu,  Valius  sapiens  de  Bili,  ait  pu  se  servir  d'une  ré- 
daction antérieure  à  la  sienne.  Mais  ceci  n'est  qu'une  simple 
possibilité,  sur  laquelle  il  n'y  a  rien  à  fonder.  Avec  les  textes 
dont  nous  disposons,  il  n'est  pas  possible  d'atteindre  autre 
chose  que  le  témoignage  de  l'écrivain  contemporain  de  Louis 
le  Débonnaire,  Encore  ne  peut-on  l'atteindre  qu'en  dis- 
tinguant, dans  la  rédaction  de  Bili,  ce  qui  lui  appartient  en 
propre  de  ce  que  lui  fournit  son  prédécesseur. 

Avant  tout,  il  importe  d'être  fixé  sur  la  date  relative  des 
deux  rédactions  qui  sont  venues  jusqu'à  nous.  L'origine  sain- 
tongeaise  de  la  vie  anonyme  ne  me  paraît  pas  bien  démontrée. 
Quand  même  elle  le  serait,  il  n'y  aurait  rien  d'impossible  à 
ce  que  le  texte  saintongeais  fût  plus  ancien  que  celui  de  Bili. 
La  question  doit  donc  être  examinée,  quelle  que  soit  la  solu- 
tion que  l'on  adopte  sur  la  provenance  des  textes. 

J'ai  déjà  dit  qu'il  y  a  entre  les  deux  rédactions  une  diffé- 
rence très  grave,  l'une  supposant  que  saint  Malo  n'était  encore 

I.   Gall.  chr.,  l.  c,  p.  253. 


La  Vie  de  saint  Malo.  5 

que  prêtre  quand  il  débarqua  en  Armorique,  l'autre  le  pré- 
sentant comme  déjà  ordonné  évêque.  Quelle  est  celle  que 
nous  pouvons  considérer  comme  dérivant,  sur  ce  point,  de  la 
tradition  exprimée  dans  la  biographie  du  premier  «  sage  »  ? 
Examinons  d'abord  l'hypothèse  où  ce  serait  la  vie  anonyme. 

Dans  ce  cas,  il  faudrait  admettre  que  Bili  a  rompu  avec  la 
tradition  existante  et  introduit  de  son  chef  l'ordination  de 
saint  Malo  par  l'archevêque  de  Tours.  Ceci  ne  se  conçoit 
guère.  Bili  a  dédié  son  livre  à  un  évêque  d'Alet  qui  n'avait  pas 
reçu  à  Tours  la  consécration  épiscopale  et  qui  ne  reconnaissait 
pas  l'archevêque  de  Tours  pour  son  métropolitain.  Quel  in- 
térêt aurait-il  eu  à  mettre  son  attitude  en  contradiction  avec 
celle  du  saint  fondateur  ?  C'est  déjà  beaucoup  qu'il  ait  laissé 
subsister  dans  son  livre,  où  il  s'est  permis  tant  de  changements, 
un  épisode  aussi  peu  d'accord  avec  le  droit  canonique  in- 
troduit par  Nominoé. 

Supposons  au  contraire  qu'il  ait  trouvé  cet  épisode  dans  la 
rédaction  du  vieux  «  sage  ».  Ici  sa  présence  s'explique  très 
bien.  Au  temps  de  Louis  le  Débonnaire  il  n'y  avait  aucun 
doute.  Le  métropolitain  de  Tours  était  le  supérieur  hiérar- 
chique de  tous  les  évêques  de  Bretagne.  A  lui  revenait  sans 
conteste  le  droit  de  les  consacrer.  Quelle  qu'ait  été  la  réahté 
historique,  de  quelque  façon  que  les  choses  se  soient  passées 
au  temps  de  saint  Malo,  on  comprend  très  bien  qu'un  ha- 
giographe  écrivant  sous  le  régime  frank  ait  représenté  un 
évêque  d'Alet  comme  soumis  à  la  métropole  de  Tours. 

C'est  donc  l'anonyme  qui  aura  rompu  avec  l'usage, 
soit  qu'il  ait  fait  revivre  une  tradition  plus  ancienne,  soit 
qu'il  se  soit  inspiré  des  relations  hiérarchiques  de  son 
temps  pour  parler,  ou  pour  se  taire,  de  celles  du  temps  de 
saint  Malo. 

Il  y  a  donc,  de  ce  fait,  une  prévention  en  faveur  de  Bili. 
On  est  du  reste  frappé,  en  le  lisant,  du  soin  qu'il  a  d'indiquer 
l'endroit  précis  où  se  sont  passés  les  faits  qu'il  raconte.  C'est 
ainsi  que  le  triple  miracle  du  mort  ressuscité,  de  la  pierre 
changée  en  coupe  de  verre  et  de  l'eau  changée  en  vin,  est 
placé  par  lui  à  Corseul,  tandis  que,  dans  la  vie  anonyme,  le 
lieu  de  la  scène  n'est  point  indiqué.  Il  en  est  de  même  de  la 


(3  L.  Duchcsnc. 

résurrection  de  la  truie,  localisée  par  lui  à  I.an-Domnech 
(Saint -Domineuc).  Il  distingue,  ce  que  ne  fait  pas  l'anonyme, 
entre  l'île  de  Césambre  (Sepiember),  où  il  fait  aborder  le  saint, 
et  l'île  d'Aaron,  où  il  le  représente  menant  la  vie  de  solitaire. 
Il  parle  aussi  des  deux  fermes  appelées  Laioc  et  Guoroc,  où 
l'âne  de  saint  Malo  allait  tout  seul  faire  les  commissions  de 
son  maître. 

De  plus,  les  récits  de  miracles  recueillis  par  lui  sont  en  bien 
plus  grand  nombre  que  ceux  qui  figurent  dans  la  vie  anonyme. 
Il  semble  donc  avoir  puisé  plus  largement  dans  la  tradition, 
soit  écrite,  soit  orale.  La  première  impression  lui  est  plus  fa- 
vorable qu'à  son  collègue. 

Cependant  il  faut  y  regarder  de  plus  près  et  s'assurer  que 
l'avantage  constaté  sur  certains  détails  se  vérifie  également 
pour  l'ensemble  de  la  composition.  C'est  seulement  après  cet 
examen  que  nous  pourrons  accorder  la  préférence  à  Bili  chaque 
fois  que  nous  le  trouverons  en  contradiction  ou  en  divergence 
avec  l'auteur  anonyme. 

A  la  fin  de  son  prologue  il  indique  les  sources  d'où  il  tire 
ses  narrations  ;  c'est  d'abord  la  tradition  orale  (j-elatione  et  nar- 
ratione  fidclium  viroruvi),  puis  le  livre  du  premier  «  sage  ».  On 
serait  porté  d'après  cela  à  croire  que  tout  ce  qui,  dans  sa  ré- 
daction, ne  vient  pas  de  ce  premier  sage,  a  été  emprunté  à  la 
tradition  orale.  Or  il  n'en  est  point  ainsi.  Bili  s'est  servi  de 
documents  écrits  autres  que  la  vie  du  premier  «  sage  »,  et  cela 
sans  en  prévenir  le  lecteur.  Son  prologue  est,  pour  une  très 
grande  partie,  copié  du  prologue  de  la  vie  de  saint  Pair 
d'Avranches,  par  Fortunat.  C'est  encore  à  cette  vie  qu'il  a  em- 
prunté, sans  autre  changement  que  celui  des  noms  propres, 
ses  chapitres  42,  43  et  46,  sur  les  austérités  du  saint,  sur  le 
pain  donné  au  pauvre,  sur  l'enfant  muet  guéri  aux  environs 
d'Alet.  Tous  ces  passages  manquent  dans  la  vie  anonyme,  ce 
qui  porte  à  croire  qu'ils  ne  se  trouvaient  pas  dans  le  texte  du 
premier  «  sage  ».  En  eff'et,  s'ils  s'y  étaient  trouvés,  il  serait 
bien  étrange  que  l'anonyme  eût  eu  assez  de  perspicacité  ou 
de  chance  pour  n'y  faire  absolument  aucun  emprunt. 

Pour  qu'on  ne  m'accuse  pas  de  calomnier  Bili,  je  vais  don- 
ner un  spécimen  de  ses  procédés  d'assimilation  littéraire,  en 


Lii  Vie  de  saint  Malo.  7 

reproduisant  le  début  de  son  prologue  et  celui  du  prologue  de 
la  vie  de  saint  Pair  par  Fortunat^ 


BILI. 

Domino  sancto  etvenerabili  toto- 
que  pectoris  sinu  amplectendo  ac 
meo  magistro  gregorio  ^  in  sancta 
Trinitate  Ratuilio  episcopo  mihi 
amantissimo,  Bili,  levita  humilis, 
perpetuam  salutem. 

Magnitude  caritatis  profert  tes- 
timonium  cuius  curam  in  amico  nec 
mors  subtrahit  post  sepultum.  Qui 
famam  amatoris  multis  ostendere 
studet  post  obitum,  iam  ipsam  me- 
moriam  fortner  diligit  in  defuncto 
qui  afîectum  in  Deo  viventis  toto 
bibit  in  pectore  propter  quod  nec 
sepultum  abstulitobliviodesermone. 
Quo  voto  sollicitante,  pater  vene- 
randissime,  de  beati  Machuti  vita 
opinioneque  confingere  aliqua  se- 
cundum  nostram  impossibilitatem, 
paucis  paginis  indicantibus,  pigri- 
tatem  eicientes  studuimus.  Qui 
certe  vir  apostolicus  nec  apud  vos 
oblivione  nec  apud  nos  absens  est  in 
virtute,  etc. 


FORTUNAT. 

Domino  sancto  et  venerabili  me- 
ritis  totoque  sinu  pectoris  amplec- 
tendo in  Christo  patri  Martiano  ab- 
bati  Fortunatus  humilis. 


Magnae  karitatis  profert  testimo- 
nium  cuius  curam  in  amico  nec  mors 
subtrahit  post  sepulchrum;  nam 
qui  famam  amatoris  studet  post  obi- 
tum, ipsam  memoriam  fortiter  dili- 
git in  defuncto  ;  denique  affectum 
viventis  toto  bibit  in  pectore,  quem 
nec  sepultum  abstulit  oblivio  de  ser- 
mone.  Quo  voto  sollicitante,  pater 
venerandissime,  de  beati  Paterni 
opinione  tam  celebri  iniungere  non 
distulisti  a  nobis  aliqua  loquente  pa- 
gina promulgari.  Qui  certe  vir  apos- 
tolicus nec  apud  vos  oblivione  nec 
apud  nos  absens  est  in  virtute,  etc. 


Ainsi  la  fraude,  car  c'en  est  une,  est  à  mettre  au  compte  de 
Bili.  Non  seulement  il  a  puisé  dans  l'œuvre  d'autrui  les 
phrases  étudiées  dont  il  orne  son  prologue,  mais  il  n'a  fait  au- 
cune difficulté  de  transporter  à  saint  Malo  les  détails  que  For- 


1 .  Edition  Krusch,  dans  les  Monumcnta  Germ.,  Auct.  Antiqiiissimi,  t.  IV, 
part.  2,  p.  33. 

2.  Dom  Plaine  a  pris,  erreur  excusable,  ce  mot  pour  un  nom  propre.  Il 
y  a  vu  un  Gfégoire  «  maître  es  lettres  et  es  arts  »,  distinct  de  l'évêque  Ra- 
tuili.  En  fait,  il  n'est  question  ici  que  de  ce  dernier.  Un  texte  contemporain 
de  Bili,  la  vie  de  Léon  IV  dans  le  Liber  pontiftcalis  (t.  II,  p.  109  de  mon 
édition)  fournit  un  exemple  de  grcgorius  devenu  épithète,  dans  le  sens  éty- 
mologique, celui  de  vigilant.  —  Je  cite,  pour  ce  prologue,  celui  des  deux 
manuscrits  de  dom  Plaine  dont  il  a  rejeté  la  leçon  en  note.  Ces  manuscrits 
n'ont  été  connus  de  lui  que  par  une  collation  de  dom  Chamard.  Peut-être 
ne  serait-il  pas  inutile  qu'ils  fussent  revus. 


8  L.  Duchcsne. 

tunat  donnait  sur  les  austérités  de  saint  Pair  et  les  miracles 
que  la  tradition  d'Avranches  lui  attribuait. 

Voilà  un  fait  peu  propre  à  encourager  la  confiance  qu'ins- 
pire, au  premier  abord,  l'œuvre  de  cet  hagiographe.  Mais  étu- 
dions de  plus  près  le  rapport  de  sa  rédaction  avec  la  rédaction 
anonyme. 

Au  début,  elles  diffèrent  très  peu.  La  naissance  de  saint  Malo, 
son  éducation  dans  le  monastère  de  Lancarvan  sous  la  disci- 
pline de  l'abbé  saint  Brandan,  le  miracle  du  jeune  saint  en- 
touré par  la  mer  et  sauvé  miraculeusement,  l'histoire  du  psau- 
tier qui  va  le  rejoindre  sur  son  île,  toute  cette  première  partie 
se  retrouve  dans  les  deux  rédactions  à  peu  près  dans  les  mêmes 
termes.  Çà  et  là  un  synonyme,  un  tour  de  phrase  plus  ou 
moins  heureux,  c'est  tout  ce  qu'on  trouve  le  plus  souvent,  en 
fait  de  différences.  Cependant  il  faut  noter  que  le  parentage  du 
saint  est  plus  complet  dans  la  vie  anonyme  :  nous  y  voyons,  ce 
que  Bili  ne  nous  dit  pas,  que  saint  Magloire  était,  comme  saint 
Samson,  cousin  de  saint  Malo,  la  mère  de  celui-ci  étant  la  sœur 
iï Umbrafel ,  père  de  saint  Magloire.  Quant  saint  Malo  vient 
au  monde,  sa  mère  a  soixante-cinq  ans  dans  la  vie  anonyme, 
quarante  seulement  dans  le  texte  de  Bili.  La  vraisemblance  est 
ici  du  côté  de  Bili  ;  est-ce  une  preuve  qu'il  soit  plus  primitif? 
J'en  doute  fort.  Plus  loin,  pour  peindre  l'ardeur  intérieure 
qui  consumait  le  jeune  saint,  Bili  nous  le  montre  suant  à 
grosses  gouttes,  en  plein  hiver,  et  cherchant  à  se  débarrasser 
de  son  manteau  ;  l'anonyme  dit  qu'il  n'en  portait  jamais,  et 
qu'il  se  contentait  d'une  simple  tunique,  ce  qui  ne  Tempêchait 
pas  d'avoir  toujours  le  front  couvert  de  sueur.  Ici  encore  son 
récit  a  quelque  chose  de  plus  satisfaisant,  qui  porte  à  croire  qu'il 
se  rapproche  plus  complètement  de  l'original.  Vers  la  fin  de 
l'histoire  du  psautier  miraculeusement  transporté,  Bili  dit  que  le 
tas  d'algues  sur  lequel  le  livre  sacré  avait  navigué  fut  changé 
en  une  petite  île;  ce  détail  est  omis  dans  la  vie  anonyme. 

En  somme,  dans  cette  première  partie,  tous  deux  copient  le 
même  texte,  mais  avec  plus  ou  moins  d'exactitude  et  de  liberté  ; 
quelques  menus  détails,  propres  à  chacun  d'eux,  s'expliquent, 
ou  par  une  fidélité  plus  ou  moins  grande  dans  la  transcription, 
ou  par  des  retouches. 


La  Vie  de  saint  Malo.  9 

Entre  l'histoire  de  saint  Malo  sauvé  miraculeusement  de  la 
marée  et  celle  de  son  voyage  à  la  recherche  de  l'île  merveil- 
leuse, Bili  intercale  le  récit  de  son  ordination  presbytérale, 
tandis  que  l'anonyme  raconte  encore  un  autre  miracle  de  saint 
Malo  enfant,  le  miracle  des  charbons  ardents  jetés  sur  son  vê- 
tement sans  le  brûlera 

Les  deux  rédactions  se  rapprochent  ensuite  pour  décrire  la 
science,  la  sainteté  et  l'enseignement  du  saint,  auquel  l'auteur 
anonyme  fait  confier  par  saint  Brandan,  son  maître,  les  fonc- 
tions de  prédicateur.  Ce  dernier  détail  ne  figure  pas  chez  Bili, 
à  qui  l'ordination  presbytérale  du  saint  suffit  pour  introduire 
ses  prédications.  Tous  les  deux  entrent  ensuite  dans  le  récit 
des  pérégrinations  à  la  recherche  de  la  fameuse  île  d'Yma. 

Ici  la  rédaction  anonyme  présente  une  particularité  remar- 
quable. Après  avoir  décrit  le  départ  du  saint  et  de  ses  compa- 
gnons, embarqués  au  nombre  de  quatre-vingt-quinze  sur  le 
même  navire,  elle  se  borne  à  dire  qu'ils  voguèrent  très  long- 
temps sur  la  mer,  visitèrent  les  Orcades  et  autres  îles  du  nord, 
et  que,  n'ayant  pas  trouvé  ce  qu'ils  cherchaient,  ils  revinrent 
dans  leur  patrie.  Puis,  saint  Malo  continuant  àse  distinguer  par 
ses  mérites  et  ses  miracles,  sa  réputation  devint  si  grande  que 
les  rois  et  les  nobles  de  la  province  {rcges  et  nobilcs  illius  pro- 
vinciae)  l'élurent  évêque  d'une  seule  voix. 

Suit  un  second  récit  de  la  pérégrination  à  la  recherche  de 
l'île  merveilleuse.  Eodcin  vcro  ordinato  navalihusque  instrmnentis 
paratis,  ad  predictam  insuJam,  etc.  A  partir  d'ici  la  coïncidence 
avec  Bili  redevient  sensible.  Il  est  clair  que  tous  les  deux  dé- 
rivent, non  pas  seulement  d'une  même  tradition  orale,  mais 
d'un  texte  identique,  dont  les  expressions  se  retrouvent  çà  et  là. 
Le  rédacteur  anonyme  est,  en  général,  plus  prolixe  que  BiH  ; 
cette  relation  se  maintient  jusqu'à  la  fin  de  l'histoire  du  géant 
Mildu  et  à  sa  réintégration  dans  son  tombeau. 

Mais  revenons  sur  l'étrange  foçon  dont  l'ordination  épisco- 
pale  de  Malo  se  trouve  intercalée,  dans  la  vie  anonyme,  entre 

I  .  Ce  miracle  est  attribué  à  saint  Tudual  dans  la  vie  de  saint  Guénolé 
(de  la  Borderie,  !,«  trois  vies  de  s.  Tudual,  p.  113)  et  à  saint  Mandé  ou 
Mandez  dans  sa  propre  légende,  récemment  publiée  par  M.  U.  Robert,  Vie 
de  saint  Mandé,  p.  35. 


10  L.  Duchesnc. 

deux  récits  du  fameux  voyage.  Le  premier  de  ces  deux  récits 
ne  supposait  pas  encore  que  Malo  eût  été  élevé  au  sacerdoce, 
le  second  place  le  voyage  après  son  ordination  à  Tépiscopat! 
Chez  Bili,  les  choses  se  passent  d'une  façon  plus  naturelle: 
Malo  est  déjà  ordonné  prêtre  au  moment  où  il  est  question 
du  voyage,  et  ce  voyage  n'est  raconté  qu'une  fois. 

Il  me  semble  que  l'irrégularité  du  récit  anonyme  se  rat- 
tache à  la  retouche,  signalée  plus  haut,  de  la  tradition  sur  l'élé- 
vation du  saint  à  l'épiscopat.  L'anonyme,  selon  qui  saint  Malo 
avait  été  ordonné  évèque  dans  le  pays  de  Galles,  a  cru  devoir 
supprimer,  dans  le  texte  du  premier  «  sage  »,  le  passage  où  il 
était  question  de  son  ordination  presbytérale,  jugeant  appa- 
remment qu'un  seul  récit  d'ordination  suffisait.  Puis,  au  mo- 
ment d'entrer  dans  les  aventures  de  saint  Malo  au  cours  du 
voyage  merveilleux,  il  se  sera  rappelé  qu'il  devait  le  montrer 
céléb:-ant  la  messe.  Alors  il  lui  a  bien  fallu  s'interrompre  pour 
raconter  l'ordination,  qui  était,  dans  son  système,  une  ordi- 
nation épiscopale. 

Entre  la  résurrection  du  géant  et  la  messe  célébrée  sur  le 
monstre,  Bili  intercale  l'histoire  de  la  fontaine  enchantée  qui 
donne  des  perles  et  non  de  l'eau,  et  l'épisode  de  la  ronce  re- 
cueillie par  saint  Malo.  Il  est  de  nouveau  question  de  cette 
ronce  après  le  retour  des  voyageurs  à  Lancarvan.  Tout  cela 
manque  dans  la  vie  anonyme,  et,  je  crois,  devait  manquer 
aussi  dans  la  rédaction  du  premier  «  sage  «.  En  effet,  le  récit 
de  la  fontaine  enchantée  est  introduit  par  une  phrase  où  on 
dit  que,  la  nuit  de  la  septième  pâque,  les  navigateurs,  privés 
d'eau  depuis  longtemps  et  mourant  de  soif,  abordent  sans  s'en 
douter  sur  une  côte  inconnue.  On  pourrait  croire  qu'ils  vont 
y  rester  pour  célébrer  la  fête  de  Pâques.  Du  tout  :  l'épisode 
suivant  nous  les  montre  au  lever  du  soleil,  le  matin  du  jour 
de  Pâques,  désolés  de  se  trouver  en  pleine  mer  et  de  ne  point 
apercevoir  le  moindre  îlot  pour  y  débarquer  et  y  chanter  la 
messe. 

Il  y  a  ici  une  incohérence  évidente.  Je  l'expliquerais  volon- 
tiers par  une  interpolation.  Bili,  on  l'a  vu,  se  réclame  de  la 
tradition  orale  dans  son  prologue.  Ici,  à  propos  de  la  ronce 
cueillie  par  saint  Malo  près  de  la  fontaine  aux  perles,  il  dit 


La  Vie  de  sainî  Malo.  1 1 

qu'elle  fut  plantée  à  Lancarvan  et  que  beaucoup  d'Aléthiens 
l'y  ont  vue  :  niulli  ex  nostris  regionihus  ad  illain  patriavi  euiiles 
viderunt.  C'est  peut-être  un  de  ces  pieux  voyageurs  qui  lui 
aura  rapporté  l'histoire  de  cette  plante  merveilleuse,  histoire 
qui  est  étroitement  liée  à  celle  de  la  fontaine  aux  perles.  Il 
l'aura  cousue  lui-même,  mais  mal  cousue,  au  récit  du  fameux 
voyage.  Dans  celui-ci,  je  crois,  le  texte  qui  forme  le  chapitre  26 
de  Bili  devait  suivre  immédiatement  celui  du  chapitre  21. 

Le  voyage  terminé,  saint  Malo  se  décide  à  repartir,  mais 
cette  fois  pour  venir  en  Armorique.  Les  circonstances 
de  son  départ  sont  racontées  à  peu  près  de  la  même  façon 
dans  les  deux  vies.  Mais  pour  l'arrivée  à  la  côte  d'Alet,  il  y  a 
des  différences  très  grandes.  Bili  fait  débarquer  le  saint  à  l'île 
de  Césambre,  où  il  extermine  un  dragon  et  séjourne  trois  mois 
parmi  les  moines  de  l'abbé  Festivus.  Puis  il  vient  à  Alet, 
abandonné  depuis  longtemps  par  ses  habitants  ;  il  y  fonde, 
tant  dant  la  ville  elle-même  qu'aux  environs,  beaucoup  de  mo- 
nastères et  de  cellules  ;  quant  à  lui,  il  se  retire  avec  son  fami- 
lier Riwan  dans  les  cavernes  du  voisinage  et  y  mène  la  vie 
érémitique,  tout  en  gardant  une  sorte  de  supériorité  sur  toutes 
les  fondations  monastiques  de  la  région.  Au  cours  des  visites 
qu'il  leur  tait  se  produit  l'histoire  de  la  truie.  Dans  le  récit  de 
Bili,  elle  est  séparée  de  ce  qui  précède  par  deux  chapitres  (42 
et  43)  copiés  dans  la  vie  de  saint  Pair;  un  autre  chapitre  (46), 
emprunté  au  même  document,  vient  aussitôt  après.  Ces  trois 
chapitres  écartés,  le  récit  se  développe  régulièrement.  Malo, 
d'abord  directeur  des  monastères  éparpillés  dans  la  région 
d'Alet,  les  visite  de  temps  en  temps  ;  on  raconte  un  épisode 
de  ses  tournées,  puis  vient  le  récit  de  son  élévation  à 
l'épiscopat. 

L'épisode  de  la  truie  est,  comme  je  Tai  déjà  dit,  raconté 
avec  plus  de  détails  et  de  précision  dans  la  vie  de  Bili  que 
dans  l'autre.  Bili  connaît  le  nom  du  maître  de  la  truie  :  c'est  le 
solitaire  Domnech;  il  sait  aussi  que  Domnech  était  proprié- 
taire d'un  vaste  terrain,  cadeau  de  Meliau,  prince  du  pays 
d'Alet.  Ceci  permet  de  localiser  l'histoire  à  Saint-Domineuc. 

Après  cette  histoire,  Bili  raconte  comment  le  saint  fut  désigné 
pour  l'épiscopat  par  le  roi  Judicael,  elcctione  popiili  atque  sacer- 


12  L.  Duchesne. 

dotum  consensu,  et  envoyé  par  lui  à  Tours  où  il  fut  ordonné 
par  les  évoques  de  ce  ressort  métropolitain;  des  guérisons  si- 
gnalent son  séjour  à  Tours  et  auprès  du  roi  Judicael  :  une  co- 
lombe, prodige  classique,  apparaît  au-dessus  de  sa  tête  au 
moment  où  les  évêques  lui  imposent  les  mains.  Il  revient 
alors  à  Alet  et  s'établit  dans  l'île  d'Aaron,  avec  son  disciple 
Riwan,  et  un  âne  qui  va  tout  seul  aux  provisions. 

L'anonyme  fait  aborder  le  saint,  non  pas  à  Césambre,  mais 
dans  l'île  d'Aaron,  où  il  reste,  en  compagnie  de  ce  solitaire, 
jusqu'à  ce  que  l'évêché  d'Alet  lui  soit  confié.  Ceci  est  raconté 
très  brièvement,  puis  vient  le  triple  miracle  et  enfin  la  résur- 
rection de  la  truie,  sans  aucune  indication  topographique.  A 
partir  d'ici  la  comparaison  cesse  d'être  possible,  Tanonyme  ne 
nous  offrant  qu'un  très  petit  nombre  de  récits  analogues  à  ceux 
de  Bili.  Celui-ci  parle  d'abord  du  mauvais  traitement  que  les 
ennemis  du  saint  font  subir  à  son  disciple  Riwan.  Il  en  est 
question  plus  loin  dans  la  vie  anonyme,  et  à  une  place  plus 
naturelle.  Puis  viennent,  dans  Bili,  les  chapitres  sur  le  voyage 
de  saint  Malo  à  Luxeuil,  sur  la  fondation  du  monastère  de 
Roz  (Raus),  sur  les  entreprises  du  duc  de  Bretagne  contre  le 
monastère  d'Alet;  ce  prince  est  frappé  de  cécité,  puis  guéri 
miraculeusement  par  le  saint. 

Dans  la  vie  anonyme,  ce  dernier  épisode  se  rencontre 
aussi;  le  duc  porte  le  nom  de  Hailoc ;  Bili  l'appelle  d'abord 
Rethiuald,  le  dit  fils  de  JudueJ  et  le  qualifie  de  roi.  Aussitôt  après 
il  raconte  qu'après  la  mort  de  JudeJ,  parut  un  impie  appelé 
RetJjival,  qui  voulait  tuer  tous  les  fils  de  Judel,  sauf  Hailoc, 
destiné  par  lui  à  revêtir  la  dignité  royale.  Malo  parvient  à 
sauver  un  des  enfants  lorsque  déjà  six  de  ses  frères  ont  été 
égorgés  ;  mais  Rethwal  le  poursuit  jusque  dans  le  monastère 
d'Alet,  se  saisit  de  l'enfant  et  le  tue  ;  il  meurt  lui-même 
trois  jours  après. 

Il  me  semble  que  Bili  nous  donne  ici  deux  versions  du 
même  fait;  le  second  récit  accentue  les  raisons  politiques  de 
la  haine  vouée  au  monastère  d'Alet  par  le  nouveau  prince, 
successeur  de  Juduel  ou  Judel,  c'est-à-dire  de  Judicael.  Le  pre- 
mier, commun  aux  deux  rédactions,  est  inconciliable  avec 
l'autre,  sur  un  point  important.  Le  prince  qui,  dans  ce  récit, 


La  Vie  de  saint  Mah.  13 

attaque  le  monastère  d'Alet,  est  frappé  de  cécité,  puis  guéri,  ne 
peut  être  le  même  que  celui  qui  meurt  trois  jours  après  la 
violation  de  l'asile  sacré.  Comme  il  n'est  pas  douteux  que 
Rethwald  et  Rethwal  ne  soient  que  deux  formes  d'un  même 
nom,  il  faut  ou  que  la  tradition  ait  raconté  le  même  fait  de 
façons  très  différentes,  ou  bien  que  Bili  ait  mis  Rethwald  pour 
Hailoc.  En  ce  cas,  l'anonyme  serait  ici  plus  correct  que  lui. 

Suit,  dans  Bili,  une  longue  série  de  chapitres  (61-91)  sur 
la  sainteté  de  Malo,  sa  prédication,  ses  miracles;  tous  ces  dé- 
tails, sauf  une  exception,  rentrent  dans  la  catégorie  des  lieux 
communs  de  l'hagiographie;  ils  manquent  dans  l'anonyme, 
et  peut-être  qu'en  cherchant  bien  dans  les  vies  des  saints  anté- 
rieurement composées,  on  trouverait  que  Bili  les  a  pillées, 
pour  cette  partie  de  son  œuvre,  comme  nous  avons  vu  qu'il 
a  pillé  la  vie  de  saint  Pair. 

L'exception  que  j'ai  mentionnée  est  celle  du  triple  miracle, 
qui  figure  aussi  dans  la  vie  anonyme  et  qui  est  un  trait  carac- 
téristique de  la  légende  de  saint  Malo.  Bili  seul  en  indique  le 
théâtre.  C'est  à  Corseul  que  ces  prodiges  ont  éclaté.  Il  indique 
même,  comme  l'un  des  témoins,  un  comte  Cunmor,  dux 
Domnonicae  regionis.  Si  ce  personnage  est,  comme  il  semble, 
le  même  que  celui  dont  parle  Grégoire  de  Tours  à  propos  de 
Chramme  et  de  sa  révolte  contre  Clotaire,  il  faut  croire  que 
la  tradition  qui  l'a  fourni  au  biographe  était  bien  altérée,  car 
il  est  impossible  que  Conmor  ait  vécu  après  Judicael. 

On  pourrait  aussi  comparer  le  chapitre  68  de  Bili  avec  le 
chapitre  18  de  l'anonyme:  tous  deux  décrivent  une  guérison 
de  possédé;  dans  l'un  c'est  un  garçon,  dans  l'autre  une  fille  : 
la  tradition  orale  a  de  ces  variantes. 

Au  chapitre  92  dans  Bih,  21  dans  la  vie  anonyme,  com- 
mence le  récit  de  l'exil  volontaire  du  saint,  de  son  retour  pas- 
sager et  de  sa  mort.  Bili,  sans  recourir  aux  procédés  de  rem- 
plissage que  nous  avons  signalés  (c.  61-91),  est  plus  long  et 
plus  détaillé  que  son  collègue,  et  surtout  plus  précis  dans  les 
indications  topographiques.  L'avantage  qu'il  avait  déjà  sur  ce 
point  pour  la  partie  armoricaine  de  sa  composition,  il  le  con- 
serve pour  la  partie  saintongeaise.  Cela  n'empêche  pas  que 
l'anonyme  ait  çà  et  là  quelques  petits  détails  qui  manquent  à 


H 


L.  Duchesne. 


Bili,  et  même  un  épisode  tout  entier,  celui  du  loup  qui  croqua 
l'âne  de  saint  Malo  et  fut,  en  punition,  obligé  de  se  charger 
de  son  service.  Au  moment  d'entrer  dans  le  récit  du  départ, 
l'anonyme  raconte  le  mauvais  tour  joué  à  Riwan  par  les  en- 
nemis du  saint  et  la  malédiction  que  celui-ci  prononça  sur  les 
gens  d'Alet.  Puis  il  s'interrompt  pour  intercaler  tout  un  nou- 
veau prologue.  Peut-être  cette  vie  était-elle,  comme  celle  de 
Bili,  divisée  en  deux  livres,  pourvus  chacun  d'un  prologue  ; 
le  second  commencerait  ici. 

Pourquoi  les  Aléthiens  en  voulaient-ils  à  saint  Malo  ?  L'ano- 
nvme  nous  dit  qu'ils  lui  reprochaient  d'avoir  accaparé  trop  de 
biens-fonds.  Bili  ne  donne  aucune  expHcation  en  termes  précis. 
Cependant,  après  avoir  raconté  la  mort  du  saint,  il  parle  du 
châtiment  surnaturel  dont  fut  victime  un  de  ses  ennemis.  Les 
détails  qu'il  donne  à  cet  endroit,  rapprochés  de  certains  traits 
de  l'histoire  de  Riwan,  portent  à  croire  que  Malo  avait  été 
l'objet  de  calomnies  infâmes  et  insupportables.  C'est  sans 
doute  pour  cela  que  l'anonyme  a  mis  son  départ  en  rapport 
immédiat  avec  l'histoire  de  Riwan. 

Le  second  livre  de  Bih  commence  par  le  récit  des  premiers 
miracles  opérés  au  tombeau  de  saint  Malo;  ils  sont  indiqués 
en  termes  généraux  à  la  fin  de  la  vie  anonyme.  La  partie  ex- 
clusivement propre  à  Bili  ne  commence  donc  qu'au  chapitre  5 
de  son  deuxième  livre.  Ici  apparaît  le  roi  frank  Philibert  et  le 
récit  de  la  translation  commence.  Viennent  ensuite,  depuis  le 
chapitre  13  jusqu'à  la  fin,  les  miracles  posthumes  dont  Bili 
lui-même  a  été  témoin. 

L'impression  qui  se  dégage  de  la  comparaison  des  deux 
rédactions  est,  je  crois,  qu'elles  sont  indépendantes  l'une  de 
l'autre  et  qu'elles  relèvent  toutes  les  deux  d'un  même  texte 
pour  le  commencement,  d'un  môme  texte  ou  d'une  même  tra- 
dition pour  la  fin.  Pour  le  commencement,  les  mots,  les 
phrases  sont  le  plus  souvent  identiques.  A  partir  de  la  grande 
pérégrination  à  la  recherche  de  l'ile  d'Yma,  certaines  expres- 
sions caractéristiques  se  rencontrent  çà  et  là  dans  les  deux 
vies  et  prouvent  qu'elles  dérivent  encore  d'une  même  rédac- 
tion,  quoique  l'une  d'entre  elles  au  moins  s'en  écarte  gran- 


La  Vie  de  saint  Malo.  x  5 

dément.  Depuis  que  le  saint  a  quitté  la  Cambrie  pour  venir  en 
Armorique,  ces  traces  fugitives  disparaissent  elles-mêmes  et  il 
ne  reste  plus  de  commun  que  les  traits  généraux  du  récit. 
Bien  que  Bili  soit  plus  développé  en  général  et  plus  précis  dans 
ses  indications  de  lieux  et  de  personnes,  je  ne  voudrais  pas 
affirmer  qu'il  reproduise  avec  plus  de  fidélité  la  rédaction  du 
premier  «  sage  ».  Les  faits  qu'il  est  seul  à  relater  ont  pu  être 
tirés  d'autres  vies  de  saints,  comme  nous  pouvons  le  constater 
pour  les  passages  empruntés  à  celle  de  saint  Pair  ;  ils  ont  pu 
aussi  lui  être  fournis  par  la  tradition  orale;  et  celle-ci  a  pu 
conserver  ou  déterminer  des  localisations  que  le  premier 
«  sage  »  n'avait  point  enregistrées. 

Cette  dernière  observation  n'atteint  pas  les  localisations  de 
la  période  saintongeaise.  Celles-ci  supposent  une  connaissance 
exacte  du  pays.  Si  Bili  avait  voyagé  en  Saintonge,  il  est  diffi- 
cile qu'il  n'en  eût  rien  dit  dans  son  prologue.  Il  est  plus  na- 
turel de  croire  que  c'est  le  premier  «  sage  »  qui  aura  recueilli 
ces  traditions  si  bien  classées  au  point  de  vue  topographique. 

Jusqu'ici  je  ne  me  suis  occupé  que  des  rapports  entre  les  ré- 
dactions diverses  de  la  vie  de  saint  Malo,  celle  de  l'anonyme, 
celle  de  Bili  et  celle  du  premier  «  sage  »,  perdue  apparemment, 
mais  dont  l'existence  est  attestée  par  le  prologue  de  Bili.  Nous 
pouvons  ressaisir  ainsi  soit  directement,  soit  indirectement, 
trois  formes  de  la  vie  de  saint  Malo,  telle  qu'on  la  racontait 
au  monastère  d'Alet,  dans  le  courant  du  ix"  siècle. 

Maintenant,  quel  est  le  rapport  entre  ces  narrations  et  la 
réalité  historique  ?  Cette  question  est  bien  difficile  à  résoudre  ; 
elle  n'est  même  pas  susceptible  d'une  solution  absolument 
sûre  et  précise.  Au  moins  peut-on  indiquer  un  minimum  de 
données  certaines,  au  delà  desquelles  les  traditions,  si  elles 
contiennent  encore  des  éléments  de  vérité,  les  enveloppent 
de  tels  nuages  que  les  yeux  de  la  science,  moins  perçants  que 
ceux  de  la  foi,  ne  parviennent  pas  cà  les  isoler. 

Deux  choses  d'abord  sont  certaines:  1°  saint  Malo  a  fondé 
le  monastère  breton  d'Alet  et  exercé  l'épiscopat  dans  la  région 
voisine;  2°  saint  Malo  est  mort  à  Saintes.  C'en  est  assez  pour 
justifier  le  culte  dont  il  a  été  l'objet  en  ces  deux  localités;  de 


i6  L.  Duchesne. 

ce  chef  nous  sommes  en  règle  avec  la  tradition  liturgique  dans 
ce  qu'elle  a  d'essentiel. 

Quant  à  ses  documents  écrits,  c'est-à-dire  à  nos  légendes,  il 
faut  avant  tout  en  considérer  la  finale.  Nous  y  voyons  que 
saint  Malo  fut  accueilli  à  Saintes  par  un  évèque  appelé  Leontius. 
Cet  évêque  n'a  rien  de  légendaire,  et  son  relief,  même  dans 
son  propre  pays,  n'est  pas  tel  que  sa  mémoire  ait  pu  exercer 
une  sorte  d'attraction,  comme  celle  de  saint  Martin,  par 
exemple,  avec  qui  on  a  tenu  à  mettre  en  rapport  des  saints 
très  éloignés  de  son  temps.  La  légende  est  donc  sur  ce  point 
parfaitement  admissible.  Ceci  est  important,  car  elle  nous 
fournit  une  date  approchée  pour  la  mort  de  saint  Malo.  En  614, 
au  concile  de  Paris,  siégeait  un  évêque  de  Saintes  nommé 
Audoberthus.  Au  concile  de  Chalon,  sous  Clovis  II,  c'est-à- 
dire  vers  le  milieu  du  vii*^  siècle,  l'évêque  de  Saintes  s'appelait 
Bertarius.  Entre  les  deux,  au  concile  de  Chchy,  en  627,  nous 
trouvons  un  évêque  de  ce  même  siège,  nommé  Leontius.  C'est 
évidemment  le  nôtre.  Quand  a-t-il  commencé  à  siéger?  Quand 
est-il  mort  ?  On  l'ignore.  Ce  qui  est  sûr,  c'est  que  son  avè- 
nement doit  se  placer  après  614,  sa  mort  avant  le  milieu  du 
VII''  siècle. 

Avec  cette  donnée  concorde  une  autre  indication  chronolo- 
gique propre  à  Bili,  mais  qui,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  se 
rencontre  dans  un  récit  qui  figurait  aussi  dans  la  vie  du  pre- 
mier «  sage  ».  Saint  Malo  fut  appelé  à  l'épiscopat  par  le  roi 
breton  Judicael.  Or  Judicaelest  connu  ^  pour  avoir  fait,  en  637, 
un  voyage  à  la  cour  du  roi  Dagobert.  C'est  donc  en  somme 
un  contemporain  de  Leontius,  et  l'on  s'explique  très»  bien 
qu'il  ait  été  en  rapport  avec  saint  Malo.  Même  en  dehors  du 
témoignage  du  biographe,  la  coïncidence  des  dates  et  les  rap- 
ports nécessaires  entre  les  évêques  et  les  chefs  temporels  du 
pays  breton  autoriseraient  à  l'admettre. 

Si  l'on  en  croit  Bili,  Judicael  serait  mort  avant  saint  Malo. 
En  tout  cas,  les  traditions  s'accordent  à  désigner  par  un  autre 
nom  que  celui  de  Judicael  le  prince  qui  persécuta  le  saint  et 
dirigea  contre  son  monastère  des  entreprises  sacrilèges.  Qu'il 

I .  Frédégaire,  IV,  78. 


La  Vie  de  saint  Malo.  ij 

faille  l'appeler  Rethwal  ou  Hailoc,  ceci  est  secondaire  ;  c'est  en 
tout  cas  un  prince  persécuteur,  qui  succéda  au  prince  bien- 
faiteur, Judicael.  Il  résulte  de  là  que  saint  Malo  ne  partit  d'Alet 
qu'après  la  mort  de  Judicael,  laquelle  est  postérieure  à  l'an- 
née 637.  C'est  donc  vers  l'année  640  qu'il  faut  chercher  la 
date  de  sa  mort. 

La  tradition  rapportait  qu'il  mourut  à  l'âge  de  133  ans. 
C'est  là  un  chiffre  mystique,  comme  ceux  de  sept  ans,  de 
quarante  ans,  de  33  compagnons,  que  l'on  rencontre  à  divers 
endroits  de  sa  vie.  Un  phénomène  de  longévité  aussi  extraor- 
dinaire ne  saurait  être  admis  sur  une  tradition  orale  de  deux 
siècles  de  durée  et  consignée  dans  un  écrit  où  les  fables  abon- 
dent. Il  est  d'ailleurs  contredit  par  les  longs  voyages  que  l'on 
fciit  faire  au  saint  dans  les  dernières  années  de  sa  vie.  Je  crois 
donc  que  ce  chiffre  doit  être  écarté,  et  que,  par  suite,  nous 
n'avons  de  ce  chef  aucun  moyen  de  dater  la  naissance  de 
saint  Malo.  Mort  vers  le  milieu  du  vii^  siècle,  il  a  dû  naître  au 
déclin  du  siècle  précédent.  C'est  un  contemporain  du  roi 
Dagobert  et  du  pape  Honorius, 

Il  n'y  arien,  du  reste,  dans  la  première  partie  de  la  légende 
qui  puisse  suppléer  au  défaut  de  cette  indication.  Tout  ce 
début,  tout  ce  qui  regarde  la  période  insulaire  de  la  vie  du 
saint,  est  plein  de  fables  merveilleuses,  qui  ont  leur  intérêt 
littéraire  et  même  historique,  mais  qui  ne  peuvent  servir  à 
reconstituer  une  biographie  réelle.  La  généalogie  elle-même 
m'inspire  des  doutes,  car  il  est  difficile,  vu  la  différence  d'âge, 
qu'il  ait  été  cousin  germain  de  saint  Samson.  Cette  parenté 
me  paraît  avoir  été  imaginée  après  coup,  ou  plutôt  suggérée  par 
le  voisinage  des  deux  monastères  de  Dol  et  d'Alet. 

Malo  naît  dans  la  nuit  de  Pâques,  au  moutier  de  Lancarvan  \ 
où  sa  mère  était  venue  assister  à  la  veille  sainte.  La  noble 
dame  galloise  était  alors  âgée  de  65  ans;  trente-trois  jeunes 
femmes  lui  avaient  fait  cortège  ;  elles  étaient  toutes  enceintes  ;  la 
même  nuit  elles  accouchèrent  avec  ensemble  d'enfants  mâles, 


I .  Ce  monastère  se  trouvait  aux  environs  de  Cardiff,  dans  la  manche  de 
Bristol. 

Revue  Celtique,  XI.  Z 


i8  L-  Duchesne. 

qui  furent  élevés  avec  saint  Malo,  devinrent  ses  disciples  et 
demeurèrent  ses  compagnons  tout  le  temps  de  sa  carrière. 

Ici  apparaît  le  nom  de  saint  Brandan,  un  des  plus  grands 
noms  du  monachisme  celtique.  A  un  tel  disciple  il  fallait  un 
maître  de  premier  ordre.  Mais  saint  Brandan  n'a  point  été  abbé 
de  Lancarvan  dans  le  pays  de  Galles.  C'est  un  saint  d'Irlande. 
Il  a,  je  crois,  été  introduit  ici  avec  sa  légende  pour  servir  de 
décor  à  la  première  partie  de  la  vie  du  saint  d'Alet,  dont  les 
débuts  n'étaient  connus  par  aucune  tradition  spéciale.  Un 
point  seulement  est  à  retenir  de  tous  ces  récits,  c'est  que 
saint  Malo  était  venu  du  monastère  de  Lancarvan.  Tout  le 
reste,  ou  à  peu  près,  n'est  qu'une  adaptation  de  la  légende 
de  saint  Brandan.  Si  saint  Malo  avait  été  de  bonne  heure 
le  héros,  je  ne  dis  pas  de  si  merveilleuses  aventures,  mais 
de  si  merveilleuses  légendes,  sa  renommée  eût  été  un  peu 
plus  célèbre  qu'elle  ne  l'était  encore  au  milieu  du  ix"  siècle. 
Bili  rapporte  que  l'évèque  Dotwoïon,  de  Saint-Pol  de  Léon, 
un  prélat  qu'il  avait  vu  et  connu,  non  seulement  ne  célébrait 
pas  la  fête  de  saint  Malo,  mais  ignorait  même  le  jour  où  on 
la  célébrait  à  Alet.  C'est  Bili  qui  le  décida  à  l'introduire 
dans  son  église.  Saint  Malo  doit  beaucoup  à  ses  biographes  du 
ix^  siècle. 

Même  dans  la  période  aléthienne  de  sa  légende  et  dans  les 
parties  qui,  communes  aux  deux  rédactions  conservées,  pa- 
raissent avoir  appartenu  à  celle  du  premier  «  sage  »  ou  tout 
au  moins  dériver  de  traditions  moins  incertaines,  il  se  trouve 
bien  des  choses  qui  inspirent  de  légitimes  soupçons.  La  belle 
histoire  du  petit  oiseau  qui  vient  pondre  son  œuf  sur  le  man- 
teau du  saint  et  que  celui-ci  laisse  couver  tout  à  son  aise  se 
retrouve,  sous  une  forme  plus  merveilleuse  et  plus  primitive, 
dans  la  légende  de  saint  Kado.  Cet  épisode  est  commun  aux 
deux  rédactions.  Celle  de  Bili  est  la  seule  qui  parle  du  dragon 
exterminé  par  le  saint  et  de  l'enfant  royal  que  celui-ci  couvre 
de  sa  protection.  On  trouve  des  choses  semblables  dans  les  lé- 
gendes de  saint  Efflam  et  de  saint  Méloir.  J'ai  bien  peur  qu'une 
étude  attentive  ne  permette  de  retrouver  une  à  une  toutes  les 
histoires  où  nos  légendaires  ont  donné  un  rôle  à  saint  Malo. 
Mais  il  est  impossible  de  porter  ici  un  jugement  définitif  tant 


La  Vie  de  saint  Malo.  19 

qu'on  n'aura  pas  une  édition  quelque  peu  critique  des  vies  des 
saints  bretons. 

Les  épisodes  saintongeais,  de  même  qu'une  bonne  partie 
des  miracles  propres  à  Bili,  sont  d'une  touche  moins  merveil- 
leuse, moins  poétique.  Le  saint  celte  est  dépaysé.  Sur  la  terre 
prosaïque  d'Aquitaine,  il  ne  tait  plus  que  des  miracles  ordi- 
naires, des  guérisons  de  muets,  d'aveugles,  de  lépreux.  Que 
cette  partie  du  récit  relève  de  traditions  locales,  je  suis  tout 
disposé  à  l'admettre,  quoique  cependant  il  y  ait  encore  quel- 
ques traces  d'emprunts  faits  aux  légendes  voisines.  Dans  le 
loup  qui  croque  l'âne  de  saint  Malo,  et,  pour  punition,  est 
obligé  de  le  remplacer,  qui  ne  reconnaîtra  un  congénère  de 
l'ours  de  saint  Martin  ? 

Avouons-le  :  sur  la  vie  réelle  de  saint  Malo,  nous  n'avons 
que  très  peu  de  détails  particuliers.  Venu  du  pays  de  Galles 
et  du  monastère  de  Lancarvan,  il  fut  à  Alet  un  maître  de  la 
vie  monastique,  et  remplit  les  fonctions  d'évêque  au  milieu 
des  populations  bretonnes.  Comme  tous  les  saints  de  son 
temps  et  de  son  pays,  ce  fut  un  homme  d'une  foi,  d'une  piété 
et  d'une  austérité  extraordinaires,  un  prédicateur  énergique,  un 
grand  protecteur  des  faibles,  une  âme  fière,  capable  de  parler 
ferme  aux  représentants  de  la  force  brutale  et  de  lutter  contre 
eux  avec  l'ascendant  de  la  vertu.  Sa  vie  se  passa  dans  l'exer- 
cice des  oeuvres  de  religion  et  de  charité.  Vers  la  fin,  se  sen- 
tant impuissant  à  dominer  des  oppositions  injustes,  il  se 
retira  en  pays  frank  et  y  mourut,  peu  après,  d'une  mort 
paisible.  Avant  et  après  sa  mort  il  fut  en  grand  renom  de  mi- 
racles. 

Ce  qui  le  caractérise,  ce  n'est  ni  sa  provenance  ni  son  rôle  ; 
tous  nos  vieux  saints  bretons  viennent  d'outre-mer,  tous  ont 
eu,  comme  chefs  religieux,  la  même  attitude  en  face  des  mêmes 
besoins.  Malo  n'a  qu'un  trait  particulier,  c'est  son  exil  volon- 
taire. En  général,  les  saints  bretons  meurent  chez  eux;  celui-ci 
est  allé  mourir  à  l'étranger,  après  avoir,  dit-on,  maudit  ses 
ouailles  ingrates.  On  ajoute,  il  est  vrai,  qu'il  leur  pardonna 
avant  de  mourir  et  même  qu'il  vint  leur  apporter  ses  dernières 
bénédictions.  J'ai  bien  peur  que  ce  dernier  trait  ne  soit  une 
atténuation  de  la  tradition  primitive  et  authentique.  Les  saints 


20  L.  Duchesnc. 

bretons  n'étaient  pas  tendres  ;  c'est  beaucoup  qu'ils  pardonnent 
au  lit  de  mort. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Aléthiens  ne  gardèrent  pas  rancune  à 
leur  pasteur;  quand  ils  apprirent  que  son  tombeau  était  de- 
venu miraculeux,  ils  se  mirent  en  devoir  de  faire  valoir  les 
droits  qu'ils  avaient  sur  ses  reliques. 

Le  roi  Philibert  —  dans  les  légendes  bretonnes,  le  roi  frank 
s'appelle  toujours  Childebert  ou  Philibert,  et  c'est  bien  perdre 
son  temps  que  de  chercher  de  quel  règne  il  s'agit  —  le  roi  Phi- 
Hbert  ayant  dans  son  pays  un  saint  aussi  considérable,  a  soin 
de  veiller  à  ce  que  son  sanctuaire  soit  bien  desservi.  Il  envoie 
même  des  évèques  inspecteurs  pour  s'assurer  que  les  offices 
sont  célébrés  suivant  toutes  les  règles  ^  Or  il  arrive  que,  pen- 
dant une  de  ces  tournées  d'inspection,  le  moine  chargé  de 
sonner  matines  au  premier  chant  du  coq  s'abstient  de  réveiller 
ses  confrères,  pour  la  bonne  raison  que  le  coq,  croqué  par 
maître  renard,  n'a  pu  le  réveiller  lui-même.  Le  monastère  ne 
s'éveille  qu'au  jour  et  l'office  commence  en  retard.  Voilà 
l'évêque  de  Saintes  et  son  clergé  dans  le  plus  grand  embarras  : 
les  envoyés  du  roi  tie  vont  pas  manquer  de  les  accuser  de  né- 
gligence. Heureusement  saint  Malo  les  tire  de  peine;  le  renard 
arrive  au  chapitre  tenant  entre  ses  dents  le  corps  du  délit, 
c'est-à-dire  celui  du  coq.  Dès  lors  la  responsabilité  des  moines 
se  trouve  dégagée. 

Cependant  les  gens  du  pays  d'Alet  se  mettent  en  campagne 
pour  récupérer  les  reliques  de  leur  patron.  Ils  arrivent  à 
Saintes  au  nombre  de  vingt-quatre,  douze  du  pays  d'Alet  pro- 
prement dit,  douze  du  pays  d'Outre-forêt  (Poutrocoet)  ;  sept 
prêtres  sont  du  nombre.  L'ambassade  est  conduite  par  deux 
Aléthiens,  Rociantworet  et  Riwoed.  Ce  sont  tous  de  bons 
chrétiens,  capables  de  réciter  sans  broncher  leur  Credo  et  leur 
Pater.  Les  Saintongeais,  néanmoins,  leur  trouvent  quelque 
chose  d'étrange  et  les  prennent  pour  des  fous.  Très  interloqués, 
nos  Bretons  se  décident  à  s'adresser  au  roi;  douze  d'entre  eux 


I .  Ces  inspections  ressemblent  beaucoup  à  celles  que  nous  voyons  fonc- 
tionner sous  le  résine  de  Louis  le  Pieux. 


La  Vie  de  saint  Malo.  21 

restent  à  Saintes,  les  douze  autres  vont  trouver  Philibert.  Ils 
le  rencontrent  à  la  porte  de  son  palais,  partant  justement  en 
pèlerinage  pour  le  tombeau  du  saint.  Ils  y  reviennent  à  sa 
suite.  Après  un  jeûne  sévère,  les  ossements  de  saint  Malo  sont 
tirés  de  sa  tombe  et  placés  sur  l'autel.  Quatre  clercs  bretons 
s'en  approchent  et  essaient  de  les  soulever  ;  la  tête  seule  et  la 
main  droite  leur  restent  entre  les  mains  ;  les  autres  os  ne 
peuvent  être  remués.  Ils  disparaissent  même  de  dessus  l'autel 
et  réintègrent  d'eux-mêmes  leur  tombeau.  Les  Bretons,  satis- 
faits de  leur  part,  s'en  retournent  dans  leur  pays;  sur  le  pas- 
sage des  saintes  reliques,  des  prodiges  éclatent  en  diverses 
localités.  Une  fois  installées  dans  l'île  d'Aaron,  elles  ne  tardent 
pas  à  y  manifester  leur  vertu  surnaturelle;  cependant  les  reli- 
ques restées  à  Saintes  ne  perdent  pas  la  leur  et  les  miracles  se 
partagent  entre  les  deux  tombeaux. 

Telle  était,  au  temps  de  l'évêque  Ratwili,  la  façon  dont  on 
racontait  la  translation  des  reliques  de  saint  Malo.  On  se  con- 
tentait alors  d'avoir  sa  tète  et  sa  main  droite.  Sous  l'évêque 
Rethwalart,  prédécesseur  de  Ratwili,  en  un  temps  de  grande 
sécheresse,  on  avait  porté  ces  reliques  en  procession  dans  les 
campagnes  aléthiennes  ^  et  obtenu  ainsi  une  pluie  abondante, 
sans  parler  des  guérisons  miraculeuses.  Bili,  qui  vivait  en  ce 
temps-là  et  qui  raconte  ces  faits,  ne  marque  nulle  part  que  l'on 
enviât  à  l'égUse  de  Saintes  les  autres  parties  du  corps  saint. 

Cependant,  au  x^  siècle,  une  tradition  différente  avait  pré- 
valu. On  disait  alors  qu'au  temps  du  roi  Alain  (888-907)  et 
de  l'évêque  Bili,  un  jeune  Aléthien,  Ménobred,  forcé  par  des 
revers  de  fortune  de  quitter  son  pays,  alla  s'établir  dans  le  pays 
de  Saintes,  où  il  se  mit  au  service  du  prêtre  qui  desservait  le 
sanctuaire  de  saint  Malo.  A  l'instigation  de  Bili,  il  profita 
d'une  occasion  favorable,  se  saisit  du  corps  saint  et  s'enfuit  à 
Alet,  où,  comme  on  le  pense  bien,  il  lui  fut  fait  grand  accueil. 

Au  premier  abord,  il  semble  que  les  deux  narrations  soient 
conciliables  et  que  la  translation  opérée  par  Ménobred  n'ait 

I .  Bili  donne  ici  le  texte  de  l'antienne  que  l'on  avait  chantée  pendant  la 
procession.  Cette  antienne  se  retrouve  dans  certains  manuscrits  de  l'antipho- 
naire  qui  porte  le  nom  de  saint  Grégoire,  au  jour  de  la  litanie  majeure 
(25  avril);  v.-Migne,  Patrol.  ht.,  t.  LXXVIII,  p.  685. 


2  2  L.  Duc  II  es  ne. 

été  que  le  complément  de  la  précédente.  Cependant  on  doit 
remarquer  que  le  récit  de  la  translation  par  Ménobred  ne  fait 
pas  la  moindre  allusion  à  celle  de  Rociantworet.  Au  contraire, 
il  suppose  que  les  Aléthiens  étaient  consternés  de  n'avoir  pas 
le  corps  de  leur  évéque  :  aniiiioconsternati  eo  quod  erant  destituti 
ex  prescntia  sacri  corporis  beaii  Machutis.  A  diverses  reprises, 
l'auteur  parle  soit  du  corps  de  saint  Malo  reposant  à  Saintes, 
soit  du  désir  que  les  Aléthiens  ont  de  le  posséder,  sans  jamais 
donner  à  entendre  qu'il  ait  le  moindre  vent  d'un  partage 
antérieur  entre  les  deux  églises. 

Il  faut  donc  sacrifier  l'un  des  deux  récits.  Le  premier  a  un 
aspect  légendaire  qui  ne  dispose  pas  en  sa  fliveur;  mais  on  ne 
saurait  contester  un  fait,  dont  Bili  témoigne  abondamment, 
c'est  qu'à  Alet,  vers  le  milieu  du  ix^  siècle,  tout  le  monde 
croyait  avoir  d'importantes  reliques  de  saint  Malo. 

En  ce  temps-là,  on  admettait  le  partage  avec  Saintes.  A  la 
longue,  on  voulut  avoir  le  saint  tout  entier.  De  là  l'histoire  de 
Ménobred.  Vraie  ou  fiiusse,  elle  met  dans  un  très  mauvais  cas 
mes  compatriotes  du  x*-'  siècle.  Ou  bien  ils  ont  perpétré  un 
vol  de  reliques,  avec  la  circonstance  aggravante  d"un  odieux 
abus  de  confiance;  ou  bien  ils  s'en  sont  vantés  sans  l'avoir 
commis.  Cette  dernière  hypothèse  me  semble  plus  vraisem- 
blable que  l'autre.  Quel  que  soit  d'ailleurs  le  péché  pour  le- 
quel on  se  décide,  les  délinquants  auront  été  absous,  sans  la 
moindre  difficulté,  par  l'opinion  de  leur  temps,  fort  large,  on 
le  sait  assez,  en  matière  de  fraudes  pieuses. 

L.    DUCHESXE, 

cJericus  Aletcnsis. 


P. -S.  —  Cet  article  était  imprime  quand  j'ai  eu  connaissance  du  mé- 
moire intitulé  Zur  Brendanus-Legcnde,  thèse  présentée  à  l'Université  de 
Leipzig  par  M.  Gustav  Schirmer,  Leipzig,  1888.  —  Les  références  de  la 
légende  brendanienne  s'y  trouvent  discutées;  quelques-unes  sont,  comme  je 
l'avais  prévu  (p.  i,  n,  i),  antérieures  au  xiF  siècle,  mais  aucune  n'atteint 
l'âge  delà  légende  malouine.  Le  ms.  Palaliniis  217,  indiqué  par  M.  Duffus 
Hardy  {Descr.  CataL,  t.  I,  n"  458)  comme  du  ix"  siècle,  est  en  réalité 
du  XII*  ;  c'est  la  date  marquée  dans  le  catalogue  récemment  publié  par 
M.  H.  Stevenson  iunior  (Codiccs  Palalini  lat.  Bibl.  Vatic.x.  I,  1886,  p.  45). 

L.  D. 


THE  FER  DIAD   EPISODE 

OF  THE  TAIN  BO  CUAILNGE. 
(II.  82  a 21— 88  b  52.) 

(suite) 


[32].  LL.  82  b  28-34.  — Lcc.  ^^-^  Cid  nach  srengai  feirtsi 
incharp(ait)  fo;//thaib  7  mofhogaimen  fomchiMd  corocodlai7/d 
colleic.  monuar  fori//gilla  is  cotlad  troch  si»  arci/zdaigi  7  cua- 
nart  sund.  Ced  on  agilla  nach  tualaing  tusu  for[f]airi  7  for- 
coniQi  à-MH.  isam  tualai^îg  or  in  gilla  acht  minathistar  anellaib 
no  anrer  dotindsaigid  naticfa  id^r  anair  no  aniar  dotindsaigid 
cenrabad  cenrathug(u)d.  Rosrengtlia  fertsi  acliarp(ait)  fothoeb 
7  a  fhogaimen  fochenn.  7  cided  nirochotail  abecc. 

Eg.  106  and  Eg.  209  =  LL.  (29  sguir  na  lieich.  7  cuir 
feirsde  an  charbuid  fûm  go  ccodhluin/z  fliir.  uair  (32)  — ). 

[33].  Eg.  106  ro  bhl  an  giolla  ag  f(or)aire.  Et  agfôrchoimh- 
ét  dô;  cf.  Lee.  32. 

[74].  Lee.  Dala  Cou.  c.  dob(er)ar  ar  aird. 

Eg.  106  :  Cuehulinn  went  this  night  to  Enter,  ete.  :  sec  21. 

Eg.  209  =  LL.  82  b  35-38. 

[35].  LL.  82  b  38-40.  Eg.  106  and  209  =.  {Eg.  106,.. 
thug  C.  c.  lamh  tar  afhormnd.  7  taragheal  agii(aidli)...  ;  Eg. 
209  ...  tug  lamh  tair  aghaidh...). 

[36].  LL.  82  b  40-44.  —  Lee.  '^=.  maith  amopopa  a  Laig 
geib  na  heocho  7  i;/dill  incarb(at)  mata  Fer  Diad  ac  arnirr- 
naidi  is  fada  lais,  atracht  i//gilla  7  rogab  na  hecho  7  roi/idill 
incarp(at). 


24  Neitldii. 

Eg.  209  =  LL.  (40  Maith  —  41  car(pat).  V). 

[37].  LL.  82  b  44-50.  — Lee.  Cindis  C.  c.  inacharp(at)  7 
tangadar  rempo  doindsaighidh  anatha. 

Èg.  106  and  209  =  LL.  {Eg.  106,  47  mar  domhothui- 
ged^r  fiabhol(  )  na  fola  ar  an  ccraois(igh)  ;  ...  Eg.  loé 
geilte  glinne;  209  geinte  glin;îe  ;  Eg.  209  Tuatha  deadain). 

[38]^  LL.  82  b  51-83  a  7.  Lee.  IMth//5a  giUa  Fhir  Diad 
nirbo  chian  do  oc  f(or)airi  cocuala  chucu  culgairi  incharp(ait). 

Eg.  106  and  209  ==  LL  (Eg.  106,  51  an  tan  do  chuala  an 
thuaim.  7  an  fothra/;;/;.  7  an  tair/;/  et  an  torainn.  Et  an  truim- 
sheasddn  .i.  sgeallghoire  nasgiath.  et  siansan  na  sléagh...; 
6  dluthchomhradh;  £"0-.  209,  51  goccualaidh  anfuaim  et  an  fo- 
thramha  agus  an  fidhrean.  iomthora;»  an  torainn  et  an  tor- 
main  .i.  sgealgaire  na  sgiath  et  sligreach  nasleagh  (2)  ...;  3  et 
ciorgail  na  ccraoiseach  et  tromghair  na  luireach.  (3).  Et 
fuasgar  na  bhfoghaaibh  et  oll  ghrioth  na  nomhnach  et  iom- 
chumailt(4)  ...;  6  dluth  chamhradh). 

[39].  LL.  83  a,  8-10.  —  Lee.  robai  ic  diuscud  athigerna. 

Eg.  10  and  209  =  LL. 

[40].  LL.  83  a  11-21.  —  Lee.  7  dorigni  in  laid;  =  LL. 
(11  Rocluiwiur —  dardruing  —  12  uas  dreich  —  13  dar  broi;z 
feir[s]tib  broine  do  chengait  int[s]ligi  retreb  baili  —  16  soi- 
ghes  —  bodeas.  demin  lim  darna  eich  charp(at)  incua  dobera 
dund  très.  Dorairngert  onuraid  maire.  (18)  —  cubaid.  ticfa 
cebed   chui;z   eu    na  hEmna  (20)  —  21  adcluinim   roeluin. 

Rocl-). 

[41].  Eg.  106  eirghéas  F(er)  D.  iar  sin.  7  ro  ehenguil  achorp 
ina  ehaitheid(edh)  edtha. 

Eg.  209  =  Eg.  106  (deirghe...). 

[42].  LL.  83  a  40-83  b  3.  —  Lee.  ^^.  Tuarascbail  char- 
p(ait)  Con.  c.  an;zso  intres  pr/mcharp(at)  na  seelaigeaehta  for 
tanaieh  bo  Cu[a]l(nge). 

Cifzdus  adehi  C.  c.  arse  ar  Fer  Diad  fm  araid.  Atchiu  arse 
inearp(at)  {eol.  616)  forfliairsiiig  fêta  li;/dglai/?e  eoeui;7g  ndor 
ordaib  cotarbelaraib  umaidib  eofersib  eredumaib  colungetaib 
fiwdruine  eona  ereit  eroes  tana  eroes  tirim  cleasaird  clocatchai;i 
cuirita  aratail[l]fitis  .uii.  nairm  inlatha  no  inilflatha.  Cai?z  so- 
sad   afhlatha.  Contacmaing  incarp(at)   si»    earp(at)    Conçu- 


The  Fer  Diad  Episode.  2  5 

l(ainn)/coluas  fai;zdle  {hcrc  begiris  the  fragment  in  Ms.  H.  2.  12) 
no  cliabaigi  allaid  tarcend  machairi  maigshlebe  ise  tr/cius  7 
atcius  imoroget  daig  is  chucaijîd  imthigit.  Dofil  dï  incarp(at) 
sin  f(or)  dib  echaib  cendbeca  cruindbeca  coirrbega  birig  bas- 
c'md  brui^di  d(er)g  sesta  suaithi«te  sogabalta  sodain  fogrindib 
aillib  aen.  Andara  hech  dibsidi  ocus  se  lugaid  luathleimnech 
tresmar  traigmar  fotmar  focharrsaid.  INtech  aile  7  se  casmoiig- 
ach  caschoel  coiseïig  seiredach  coelcairgdech.  Dadreich  duba 
dorchaidi  sithbe  creda  cruanatai  dathalaind.  Da[na]ill  norda 
ni?îtlaisi. 

H  2.  12,  f.  la  of  the  fragment  of  the  T.  B.  C.  (2  fol.)  be- 
gins  :  goluas  faindli  no  eirbi  no  iarann  no  cUabhaigÇi)  all(aidh) 
tair  [  ]  sleibe  no  mâ^rtsighi  gaithi  g^re  gailbidhi  adhuaire 

i/;7lui;;/e  earraithe  tarcenn  machaire  maizh  sleibe.  IS  e  si«  ire'iss 
7  vit  7  tairptighi  Et  t;rabarluas  foth(iag)aid  naheich  si»  isi/z 
madhrod  g(o)[  ]tsed  i;ztalm(ain)  tromfodh  focraitib  letroisi 
anceiz/znighthi  b(er)id  Et  sriazîta  cce;»a  cruanatha  firaluinecor- 
orda  friu  Et  basamalta  lem  resnear/j^a  sithoilti  igshnaighi  uan- 
fadhach  naheach...  :  Et  ba  samalta  lem  rehealtada  dodub  cnaib 
nafodmaigi  dandeis  ata  fon  carb(at)  sut  cach  ceindfiwd  crofind 
cœlcosach  seng  sirc?d  casmongach  csel  drond  ndub  dual(a)c/; 
falforubh  nard  ni/;/amnMJ  sig[  ]  cruanatha  bain[  ]  uchl- 
glinde  foth(iag)aid  naheich  sm  mn  inadh  rod.  Et  ata  inaroile 
foncarb(at)  iar(um)  each  luath  luthmar  laig(ir)  lenm(e)ch 
maign(e)c/;  tairrng(e)c/;  tresmar  sduagmar/oJwar  t[  ]  fo- 

luath  cechtair  cruaigh  .i.  ahucht  buadha  forith  gansgarand  aid- 
bli  tened  [Ail  this  and  the  next  21  Unes  are  hardly  legible  and  I 
hâve  not  copied  them\  [21  Unes]. 

Eg.  106  and  209  =  LL.  {Eg.  106  and  209,  40  doibh 

go  bthacad^;-  chuca  — ;  43  gristhirini  (106);  44  dhd  eâch 
lûatha  leimennacha  arda  uicht  leathna  bhechroidhecha  (209 
bheo  croidheachair)  bhenwarda  (209  bhlein  arda)  bhaisleathna 
choschaola  chruâidh  ingnacha  (209  bhas  leathna  for  threana 
forran/zacha).  Et  iad  faorgach  faobhr(a)ch  fornzn^ach  foirniata 
rémbûain  dfiairshlio^/;/  gâcha  hiomuire  aramhoille  leô  go  leî- 
ghthi  dion/zsuighé  aigh  no  iomghona  iad;  48  (209)  dar  bhainm 
an  Liath  Mâcha;  49  (209)  dar  bhainm  an  Dubh  Sithlean?;; 
51  tar  maoilinzz  macHaire;  (209)  tair   mhuing  machaire  no 


26  Nettlau. 

vioîgh  sleibhe  {so  in  Lee,  H.  2.  12  ;  not  in  LL.,  Ei[.  209);  52 
ré  hoigh  naliiin«  nall(aidh));  81  b  i  mar  —  3  dirma  :  not  in 
Eg.  106  and  209. 

[43].  Lee.  Fil  fer  fi^îdchas  folt  lebar  inairi?îech  incharp(ait) 
si«.  Fil  di  imbisidi  brat  gorw  cruanchorcra.  Laigen  .i.  goi 
coneitib  7  se  d(er)g  doigerdai  inadurn«  arderglasad.  Faircsi 
tr/folt  fair  .i.  folt  dond  friatoi;/d  achind.  folt  crod(er)g  iarnair- 
medon  mbid  noir  dotuiget^fr  intres  folt. 

Caiw  cocortMJ'  innuilt  sin  cocuirend  teora  imsrotha  mathor- 
mna  fiar  sellsechtair  samalta  leam  fri  horsnath  iarndenam  ada- 
tha  dar  orni;zdeona  no  re  buidi  mbec  cechoen  fhi?zda  frisatait- 
nend  gr/an  illaithi  samrata  taitnem  cach  oen  fhi?ida  donult  sin. 
un.  meoir  for  cach  cois  do  7  .un.  meir  arcach  laim  7  ruith- 
nigid  tened  romoiri  imarusc  cein  cofosaib  icruithib  aech  croib 
glec  laich  inalamaib. 

Ara  carp(ait)  adingbala  inaliadnaisi.  folt  cass  cirdub  fair. 
berrad  lethan  arfud  ach'vid.  cochall  eitech  ïmhe  cofuaslucud 
daduilend.  echlasc  urchain  orda  in[a]laim  7  brat  fi/zdglas  wihi 
7  brot  ûnd  aircit  inalaim  ici/;dsaidi  brot  f(or)siw  nechraid  cech 
conair  imateit  in  milig  morglonnach  dafil  isin[carp(at).]. 

[44].  H  2,  12  ...  is  miîbid  dul  a?zdail  co;//raig  an  f/r  si;/. 
IS  tr/^agh  angni;;/  arachinde  a  F(ir)  D.  .i.  dul  do  co;;/land  anai- 
gi(dh)  do  comalta  cartanaid.  is  fcrg(a)c/;  7  is  feochair  is  an 
is[aur]lamh  istrm  is  très  agaf  isleoghman  ar  îcrg  istarb  artreisi 
is  nathair  arneimnigi  is  mathamain  arglond  Et  is  carrag  fria 
fosug.  is  doig  frzatesarga[in  i]s  teine  arloisgadh  is  brisid  cnawa 
is  doga  is  losgad  is  bred  is  agh  is  acais  fu[  ]g  îergi  anf/r  ud 
ar  ingilla  7  an  eachaigh  d&raib  Er(enn)  i/zadail  ni  therncfi-  îer 
comna[  ]  na  indisi  sgel  dib  arculuadha^ 

[45].  Lee.  Arsada  chaicle  atacownaic  is  bec  leis  i;mEiriu  7 
fria  gilla.  Eirig  agilla  arse  f(or)  Fer  Diad  (44)  7  romor  mo- 
laisiu  s\n  it(er)  7  i«dill  naharmu  isi//nath  arachind.  Danim- 


I.  Cf.  LU  98  a,  59,40:  7  ni  môr  madoernascéola  iz/dise;/ scél  donafi'a»- 
naib  robatar  ar  tig  doib  ^z  7  ninior  madroirne  sceola  indisen  scel  dona  di- 
bcrgchaib  robat(ar)  artig  doib  (Yclknu  B.  ofLccaii)  =r  7  nimorra«ic  dolur/;/ 
i;/disi;;  scel  do//afian«aib  robat(ar)  acathugud  friu  (Stoivc  Ms.  D  4,  2)  n:  7 
nimôr  maroéla  fer  in«isti  scel  donafhi'annaib  rpbâtar  icdul  f(or)  bruidhin 
(Ms.  Eg.,  1782),  Bruidhcn  Da  Dcrga. 


The  Fer  Diad  Episode.  27 

poi//d  maigid  illeth  ata  mochul  darlim  noragdais  fersde  inchar- 
p(ait)  tr/amchul  muinel. 

H.  2.  12  leig  as  agilla  air  Fer  D(iad)  is  mor  anmola[d]  do- 
b(eir)  armobidb(adh)  afiana[i]si  Et  is  br/atar  da;wsa  dam(a)d 
bes  daw  gilla  no  arad  no  eachlach  do/;/arb(adh)  isciaw  odo- 
gebtasa  bas  lem. 

[46].  LL.  83  a,  22-39.  —  -^^^-  Agilla  f(or)se  ro  mor  mo- 
laid  siu  C.  c.  uair  niluag  moka  darad  duit  7  is  awlaid  robai  ic- 
tobairt  atuariscbala  7  atb(er)t  Çcol.  617)  IS  mithig  etc.  (28  in- 
cobair  daig  in  gnïiii  ar  codail.  bi  tast  is  na  blodaich  daig  (29); 
31  uailli  frithailfither  uai/zdi  daig;  32  leiterthar;  33  ni  ar;  34 
tic.  Gid  roga^th  inrogand  is  armaith  romolum  reithid  is  ni 
romall  imarthorand  tricc.  Bec  nar  chonair  chonais  ara  met 
romolais  cia  flith  arathogais  othaig  isaurissi  fuacrait  isatait  ga- 
fobairt  nachtawic  dia[f]uapairt  acht  mad  aigith  meith). 

[47].  LL.  83  b,  3-4.  —  Lee.  Ni  cian  iartain  coro  comrai- 
cedar  ar  lar  annatha. 

H.  2,  12.  ISanw  tai»ig  C.  c.  gohoiriar  anatha. 

Eg.  106  aiid  209  ==  LL. 

[48].  LL.  83  b,  4-23.  —  Eg.  106  and  209  =  LL. 

[49].  Lee.  7  adubairt  F.  D.  ri  Coin  cul(ainn)  cantici  achu 
arse  daig  cua  ai;nn  na  claine  isin  tsenguidilc  7  .un.  meic  im- 
leasan  batar  isi;z  rig  rose  C.  c.  Dam(a)c  imleasan  dibsidi  7  siat 
cl^na  7  nochomo  adomaisi  do  inamaisi  doso;;j  7  dambeith  ai- 
nib  bad  mo  for  Choi//.  c.  is(edh)  rothuibebad  fris  7  robai  ca- 
thabairt  uasaird. 

H.  2.  12.  7  do  eonaïc  F(er  D(iad)  ei  adubairt  ris  carabais  a 
cua  oir  cua  innin  naclai;;e  asi;z  tsen  g^^ilig.  .i.  seeht  m(ei)c  im- 
risin  doba  i;zg(a)c/;  suil  do  7  da  m(a)c  iwrisi;z  dib  oir  clasna  7 
nibamo  ado/«aisi  dosiw  nasomaisi  7  àanihetb  ni  bud  modoai- 
nem  air  dotr/ub[         ]  fr/s  reheadh  nahuaire  s'in. 

[50].  LL.  83  b  23-84  a  4.  Lee.  =.  7  doroi/zdi  laid  7  i///re- 
cair  C.  c.  cotarrnaic.  Cantici  seo  achua  etc.  (27  ren(er)t  nua 

—  dochua  uasanalaib  tech.  bid  atod  fri  haires.  mars:  tanic  do 
thurus  —  30  imtorc  toraig  tretaig  —  3  i  mow  li;?d  —  Eirc  rit 

—  32  icomruc  —  34-36  V  —  37  infar  —  cnetfem.  daig  do- 
chomruc  forath.  i;/forrendaib  ruada  no  f(or)  claidmib  cruada 
dathslaidi  ret  t[s]luaga  mathanic  dothrath  —  42  rotgabsad  ar 


28  NettLw. 

[tfjaillseo  —  44  bxgail  imberthar  fort  —  45  bias  ni  ba  toiscch 
tmir  oniu  coti  in  brath  —  47-49  (str.  7)  after  50-52  {str.  8) 
—  51  mochoicli  —  52  mac[a]in[c]e  tu  f(or)me  [cailli  tu  mair- 
sid  written  above  the  last  luords]  ni  fuair  nam  —  47  Bi  tast  dim 
dorobud  —  48  daig  indos  uas  dus[a].  As  misi  rofitir.  it  gilla 
congicil  acr/di  mneom  eitig  cengaisced  —  84  a  i  faid[i]  — 
gaireas  — ). 

[5  i].  H  2,  12.  Canas  ùcidhs'i  atsirridi  tsiabarta  ar  C.  c.  doig 
iscora  tusa.  dfiarf(a)dh  aun  so  uair  as  tu  n(e)c/;  bid  ann  g(a)r/j 
Lie  7  ni  dent[a]  ingnad  do?;iaisginsi  annso  ar  ¥er  D.  uair  ata- 
maidne  agtog(ail)  Et  ag  losg(adh)  7  agu[r]gai7z  Uladli  7  Cuail- 
gni  7  Cru'itnQC  cearm(a)d  o;7lua7z  REsamai»  gobais  nahuaireseo. 
Et  t(u)csamrtr  lin;/  armbrait,  /. ib,  7  armbuar  et  armbotai;7ti 
airseoit  Et  air  szVmai/7e  Et  arsean  i;zdmM^a  7  dolegsuwî  atulcha 
ararneis  isnafantaib  gorabadar  coi;;/sill  risna  faithib.  astusa 
bicrcAch  deisi  Et  misi  into'iv  7  nidenta  i7Zgn(a)d  doz/îaisginsi 
an;7  so  diimheîh  don(er)t  no  doniagh  ba  du  duit  hadb  and^- 
dJmgh  docrwibh  7  doorithi  acht  ata  ni  cena  nir  deinta  duit  dô 
co;,';rug  do«  indsaigisi  Et  .x.  hoU  coiàdh  Er(enn)  amaighsi 
amaenur  Et  gi»gogabtha  lium  is  gabtha  duit  oruw  arshadb  ad- 
chara  7  adcoigli  7  adco/;zalta  caratn(a)c/;  da;;zsa.  Cidii  sin  ar 
¥er  D.  is  ecin  domsa  cojnlann  7  co77îrug  riutsa  noreseis/r  lasch 
is  ierr  dferaib  Er(enn)  armarach  leo  7  tuitfirliuwsa  dacomrigum 
Et  dob(er)ai?zdsi  comairli  maith  duit  si  arfostogh  ar  cadaigh  7 
arcaradraig  ishair  icr  g{j\)ch  las  damsa  dibh  oir  is  «ja  leamsa 
sin  nacoMîrag  riutsa  atx'nar.  Mised  incodaigh  7  i/îcaradraigh  ro- 
baill  nocha  ne  id/r  air  Ver  D.  acht  ismn  damsa  co;;/rag  riutsu. 
IS  tr/zac:  in2;ni;;/si;x  araci/zde  a  F/r  D.  dois;bud  tesaroaizz  darach 
dodorzmib  duitsiu  si«  7  budh  gad  um  gaineamh  7  bud  teine 
saighnei;/  7  bu  beimh  ciwd  foraill  7  bud  buarach  bais  duit- 
siu inco7»airlesi;z.  ACugugaiu  air  Ver  D,  atacualamr7./-ne  nar- 
co;«calma  cwraid  na  cath  milidh  riutsa  otangais  arsluaigh^^/; 
tana  bo  Cuailgni  gobais  nahuaire  seo.  luigimsi  fo;zadeibh  da- 
nadhrai/;;  ar  C.  c.  n(a)c/;  docn7  lia/;zsa  doco/zzrugsu  do  dinga- 
b(ail)  nasg(a)r/;  a;n  dotorca/r  amaig(idh)  gwsdmsta,  ti;zdamaid 
sin  aniosa  ar  Ver  D. 

[52].  LL.  84  a  5-6  (—  7  Me(dba))  and  6-8  =  Eg.  106, 
Eg.  209. 


The  Fer  Diad  Episode.  29 

Eg.  106  and  209  {after  l.  6)  dochionn  na  ngeallt(adh) 
(209  a  ngealtaighe).  mbregach  do  nid  dhuit  ar  chomhadhuibh 
fallsa  Et  ar  an  i(nge)«  farmelladh  mordn  do  dheghdhaoinibh 
(romhatt,  209); 

Eg.  106  ami  209  (after  l.  8)  amh(ail)  chàch.  Et  a  Fhir  Dia 
arsQ  Mairg  dhuitsi  do  treig  mo  chairdios.  Et  mo  charadr(adh) 
armhnaoi  do  racad  (209  do  reicedh)  re.  1.  laôch  (209  leis  na 
ceadaibh  laoch  ;  LL.  84  a  22  raddled  do  choicait  laéch)  rom- 
had.  Et  as  fhada  go  ttrelgfinn  si  Û\us2.  ar  an  mhnaoi  si;/. 

[53].  LL.  84  a,  31  (daig)  —  34  (diamair)  =  Eg.  106, 
209. 

[54].  LL.  84  a  34  (Et  is)  —  42.  Eg.  ro6  7  adub(air)t  so- 
sios  :  Robdar  coigle  croidhe  :  robdwr  cuart(  )  i  coille  — 

robdwr  ion«s(  )  aireach  :  os  lerg(aibli)  gâcha  linne. 

Eg.  209  =  LL.  (35  go  ndubhairt  an  rosg  —  36  robadar 
coimhdlieargadli  —  37  i  ttroimnitir  —  39  1^  Sgatliaidlie  ro 
ciîinsiomh  ceardacomhdiiana.  ro  chloiseat  cruadhchaithr(e)ch 
doceadghonaibh  madh  cuimlineach  cumhaltas  comliradhach). 

[55].  LL.  84  a  43-84  b  60.  —  H.  2.  12  Cagaisgi  arar(i)- 
cum  aniugh  a  FzV  D.  ar  C.  c.  ancu/;iai;/  letsa  na  cleasa  gaile  Et 
gaisgid  noch  doniamais  agUathaigh  7  ag  Sgath(aigh)  7  og 
Mar.  g.^  Manan/î  7  ag  Ablaig(  )arann  7  ag  Abradr^fg  7 
agrigh  tiri  intsneac/;/aigh  7  ag  Eisi  a;nci;zd  7  ag  Crochthan  î 
Monaigh  7  ag  Sen(a)c/;  tiubra  7  ag  Cab  Geide  7  ag  Cuara 
Aidh  7  ag  Aifhi  i;zgen  Ardge«[  ]  do  G/'<?gaibh.  Ascu;;/ai« 

ar  Ver  D.  Tiagam  orta  si;/  ar  C.  c.  7  do  cuadar  su//  araclesaibh 
gaile  7  gaisg/(i[/;]  .i.  sec/;/  nocar  cleasa  7  .7.  bîEncleasa  7  .7. 
corp  clesa  7.7.  fcbair  clesa  agter/;/  uatha  7  cucu  ma;-  fogma;- 
gan  gaith   7  niteilgidis  n(a)c/;  ai;;/sidis  7  n[  ]idis  n(a)c/; 


I.  Is  this  Get  occuring  in  Forbais  Fer  Falga  ?  I  shall  later  on  dwell 
further  on  the  names  mentioned  hère.  By  the  way,  the  old  nom.  *  Maint- 
for  Manann  (see  Rhys,  Hibbcrt  lectures,  1888,  p.  663,  n.  2)  occurs  evi- 
dently  in  the  Book  ofLecan  (R.  I.  Ac),  f.  139  a:  Ba  ri  Er(enn)  7  Alban 
Baedan  m(a)c  Cairill.  Giallais  do  m(a)c  Gabrai«  .i.  Aedan  aRosnarig. 
Glanta  Maim  indala  bl(iadain)  iarnaecaib  dolelcsead  Gasdil  Manai;/d,  etc., 
cf.  LL.,  330  b,  c.  This  form  caii  be  considered  as  an  error  as  ind  follows 
upon  Maim  as  a  part  of  the  next  word,  and  a  *Mana  in  this  place  of  the 
Ms.  would  undoubtedly  hâve  to  be  looked  upon  as  an  error,  but  Manu 
(with  u.  not  fl)  deservessome  crédit  (or  is  it  _:::  Mainiu,  Maine?) 


30  Nettlau. 

athaiwsidis  dorisi  gerbathlom  aniwgoi?z  dobi  deahas  nahinga- 
bla  narf[  ]ar  dib  Et  dobad^r;-  marsin  araclesaib  gaile  7  gais- 
gidh  oborbsoillsi  na  maidni  {Ms.  maïdni  as  several  tivies  be- 
lozv)  go[  J  lo  7  dolansoillsi.  asmitid  sgur  donaclesaib  so 

ar  C.  c.  antrath  husaû  Ictb  sa  on  [ar]  F(er)  [D].  IS  ann  s'in  do- 
cuij'eddar  aclesa  gaile  7  gaisg/J/;  alamhaibh  angilla  7  rogab- 
[ajtar  dasgiath  aille  iarnaidhi  urd^rga  7  rogabadar  aslega  aible 
arda  agglasa  snaithslemain  caidhe  go[  Jnaighnedaibh  la;z 

cadaith  alamhaib  leo.  Et  rogabadar  ada  cloitine  dirga  doilgi 
crwaidh[i]  beimnecha  .i.  fud  bas  [  ]  bas  Et  gonas  g(^)ch 

ier  dib  aceile.  Et  gerbathlamh  [  ]  nahi;;zg07U  goran- 

gadar  .x.  prz'm  gona  [cach]  na;n  dib  gotai«ig  i»buidi  dar  in- 
gran.  anail  leth  osad  dogab(ail)  a  Cugugai;/  air  F(er)  D.  Asail 
on  [ar]  C.  c.  oir  anti  gahas  lamh  aragaïsgidh  ase  dl(igh)^j- 
sgur.  IS  ann  s'in  do  cuirendar  anairm  uatha  alamaibh  angilla 
7  iwdsaighci-  g(a)r/;  (er  dib  aceile  arlarm(e)doi?z  anatha  7  toir- 
heras  g(a)c/;  f(er)  d(ib)  teora  pog  daçeile  acu;;muig(udh)  aco- 
ma'md  7  acaradraig.  Et  docuadar  naharaid  cohicninadh  7  aneich 
an^nsgur  7  iadfein  goh:ï;z  pubaill  gofailid  fr/chuw/nech.  ISan;z 
si»  docoirighei/;  aîokhraicedh  cr/adh  donacwradhaibh  7  alep- 
(a)c/;a  urluach  doib  gofrithadartaib  f/Vgowa.  Na  biadha  7  na 
deocha  soblasta  dob(er)idis  f/r  Eir(enn)  dP/r  D.  dob(er)edh 
sun  acoibeis  reisfei;z  do  C.  c.  dib.  Et  nalosix  7  naluibhe  ici  7 
le(gis)  dob(er)tai  asigbrwgaibh  Er(enn)  do  C.  c.  doheredh  oired 
risfein  dFtr  D.  dib  si»  dacMzV  ancnedaibh  7  inacrolinzmb  Et 
dob(  )tis  i;2c(et)  tr/an  donaidhchi  rethuchb(adh)  7  ret'o'ai;/e 
7  inv'iin  tan(aisi)  recowîr(a)d  7  recowzairli  acomraig  7  intmn 
deiginach  di  resua»  7  resarcoll(adh), 

Èg.  106  and  209  =  LL.  (51  anocbt  ngoithnidhe,  Eg.  209 
a  nocht  ng.'ethe  nfada  neid;  52  amhuil  bêcha  alô  ain/zle;  209 
mar  bheocha  ille  ainle  ;  84  b  5  nasgiadh  slirghér  ;  209  a  sgiath 
dis  gheura  ;  9  daig  etc.  V;  20  go  —  i;zdi  V;  47  Raptar  —  49 
aidche  V;  49  bhadar  marsin  anagh(aigh)  si». 

[56].  H  2,  12.  IS  ânn  si»  cuiris  ¥cr  D.  fesa  7  tef/;/a  go- 
hOill(ill)  7  go  M.  dar(a)dadh  si»  i»gni;»  dogeallus  doib  aneg- 
mais  mucuïnd  7  moceille  7  moco»?airle  dogeall//^a  he  oir  ni 
fuil  arhetb  uile  sen  hïch  dam(a)d/;  indraithi  coioidedb  C.  c.  leis 
ar/;/  ata  ni  cena  noca.  ria  ag  na  eisl(inn)ig  o  C.  c.  dab(ar)  inn- 


The  Fer  Diad  Episode.  5 1 

dsaighi  iw  hdb  bes  F(er)  D.  aga;/co/;?rug  7  gluaisid  fir  Er(inn) 
datighibh  7  b(er)id  atairb  7  atai/z  leo  7  teid  gilla  ¥ir  D.  lei- 
si/ztechtairar/;/  si»  g(o)hairm  araibe  Oill(ill)  7  M.  7  ¥crghus 
7  maithi  f(er)  nEr(enn)  7  ro'mnàis  angilla  audub(air)t  F(er)  . 
D.  ris.  is  annsiw  [cuiris]  [a  del.]  Oill(ill)  arighi  7  arotaisigh  7 
alatha  f(er)ai«d  cuigi  7  doiwdis  s'in  doib  Et  is(e)d/;  adubrad^r 
uili  datuiti  cacli  re  fer  acu  nifuicfimaid  comr(a)g  nadeisi  de- 
glœch  ut  gan  heth  agafechai»  7  doco;//airlidhar  a»gillada  àocuir 
le  tairb  7  le  tai»  rompo  go  Cru:\ch:\iii  7  iad  fei«  doa;/mai;z 
refechai/z  anco;nraig  7  reforcoi/ned  fos  (/.  2  a)  adub(air)t  Ffr- 
gus  m(a)c  R(oich)  n(a)c/?  r(fl^)cadis  le  dui;/e  airbr//;  aiin  ac/;/ 
monadechadais,  4.  holl  co/Vidh  Er(enn)  uile  ann  uair  is  dei- 
min  leam  n(a)c/;  bia  do  ncn  nadoniach/«  anxii  duiiie  ardo?;/an 
fostog(udh)  C.  c.  acht  goclui;ïe  atairbh  7  atai;/  dobmth  uada. 

[57].  H.  2.  12.  IMtz^j-a  C.  c.  doeirigh  go;;/och  i;/lasi«  uair 
ba[leis]  eirgi  ard//s  dindsaigi  incowraig  i//lasi//.  Et  ni  reirigh 
F(er)  D.  gowoch  inhslii  7  dobid  C.  c.  agar(a)d/;  reLa2gh.  is 
fodaata  F(er)  D.  anri^mais  i/zco/;zlai;/d  7  iHco;;îraig.  Narab  tada 
lethsn  e  air  Lœg  oirnifoda  bias  ategma/V  Et  ata  se  cugad  F(er) 
D.  7  tabair  \et  du'md  atoitim  7  atuarusgb(ail)  7  t(u)c  atua- 
rM5b(ail).  dob(er)imsi  ahaithne  ann.  iir  sïn  ar  C.  c.  .i.  is  lond 
leogmui;î  le  bas;  urlamh  dind  Domnan»  dai2;h  fer  falc  fala 
F(er)  D.  dithmilzW/;  m(a)c  Dawaiw  dreach  d^rg  dogawanraigh 
Inus  Downaill.  Et  is  mairg  teid  andail  m  ki^ich  sin  7  met  amen- 
wan  7  luas  alam  crwas  acmidi  bailci  abuille. 

[58].  H.  2.  12.  IS  an/zsi/z  adub(air)tC.  c.  reF(er)  D.  nircoir 
duitsi  \.Qd.cht  isin  comland  so  airdob(  )  adcara  7  adcoigli  7  adco- 
malta  bag(a)c/;  cartan(a)c/;  daceile  7  isana£nleb(aidh)  do;zimais 
suan7  coll(adh)  7  fo;-c(e)dul  ag  Sgath(aigh)  7  ag  Uath(aigh). 
leig  as  aie  a  Cugugai?z  air  Ver  D.  nihurz^ja  damsa  ga/z  cosnam 
lem  cairdib  7  nacuiwniigh  comanw  nacaradmgh  na  cowtanM,jdam 
festa  oir  ce  cuiwnighi  ni  coib^ra tu,  doedarmarne  am.  dob(  ) 
ortsa  s\n  ar  C.  c.  gr^^d  Fi«dabhr(a)c/;  7  brt'ga  M(edba)  7 
bud  n(em)tsomai7zeach  duitsi  s\n  7  nicoir  dyit  tea^/;f  isincom- 
rug  so.  is  firsi;z  air  Yer  D.  nara  coir  damsa  comlan;/  na  com- 
lag  rem  gilla  fein  na  remarraidh.  oir  i/ztan  dobamairne  agre/z 
foghlaim  gaisgidh  istusa  faharad  carbfaid)  damsa  and.  IS  cora 
damsa  ar  Cu.  c,  uair  isromatsa  ataitar[  ]  7  ^r[  ]  ar- 


& 


3  2  Nettbii. 

neich  7  arn(e)c/;radh  arseoid  7  arsarmaine  7  arseni«dm«5a  7 
isti/^a  tai?zig  acrich  coranwcair  acein  darnindsaighi  7  nabid  do- 
gra  nadomen/;/a  agutsa  r'iuni  a  F/V  D.  ar  C.  c.  oir  ni  ci»d- 
î{e)ch  me  riut. 

[59].  LL.  84  b  51-85  a  3.  //  2,  12.  Et  caisgid  arar(i)cam 
aniugh  a  ¥ir  D,  ar  C.  c.  letsa  dorogha  gaisg/Vi[h]  ar  ¥cr  D.  oir 
iswisi  dorug  roga  ane. 

Eg.  106  and  209  =  LL.  (84  b  50-85  b  40  and  47). 

[60].  H.  2,  12.  Cid  tmcht  tiagaid  araclesaibii  g.  7  g.  7 
dobadar  orosin  oborb  tsoillsi  namaidne  {Ms.  maîdne)  muichi 
gotaiwig  medon  Ix  7  lan  soillsi  conarha  leir  dferaib  Er(enn)  fos 
gnuis  eich  na  gilla  na  cura  na  catbm'ûidh  d[ib]  reisi;î  resin  le- 
hiumad  na  clés  uathu  Et  cuca  7  acu.  Ni  fuilech  angaisgi  so  a 
¥ir  D.  air  C.  c.  7  anail  let  sgur  de  so.  asail  antrath  bus  ail 
lets3.  ar  F.  D.  ISandsiw  doch«/;'eadar  acleasa  g.  7  g.  uata 
alamhaib  angilla. 

[61].  LL.  85  a  3-47.  H 2,  12  :  7  dogabad^;-  dasgiath  aille 
œn  geala  7  da  cloigeim  orduirn  indtlais  7  amaiwisi  mora 
muirn(e)c/;a  W/;an  glasa  analamaibh  leo  7  d[  ]e«sad  it:n(a)c/; 
c'md  righed  dibh  gotangadar  nahaibne  fola  t[ir]  dtrgi  ahina- 
dhaibh  nasleg  tada  febwrglas  gorab  urd^rg  intath  si;;  taraneis 
Et  doc;i;Veadar  alama  gasda  gelmeracha  da  cloigimib  co'in- 
deallt(a)c/;a  c;-;/aidgera  Et  robean  g(a)cZ;  ïer  dib  uru;ida  fedma 
lir  do  Civbaibh  fola  7  feola  dib  Et  dobadur  marsin  rehead  i;?- 
ca^m  kiî  gotai;;ig  dcredh  i;;lai  dani;;dsaighi.  IS  andsi;;  doc/;/;'ea- 
dar  nagilla  goha£ni;;ad  7  naheich  goha^n  sgur  7  iadfei;^  goktn 
pubul  cofliilid  f/-/chnu;;;ach  go  foithmicib  c;7a  7  golebaid  ur- 
luacni  7  golosaib  ici  7  le(gis)  og(a)c/;  ïcr  dib  daceile. 

Eg.  106  and  209  =  LL.  (237  adbeart  an  laoi  an;^  leigem 
(25);  Eg.  209  et  adubhairt  an  rann  —  comhchluidhthe.  fria 
formnadh  feaidhm  —  25  o  ros  cathar  ndeilm;  36  ioptha  et 
orrthanna;  209  ioptha  et  arran;2a);  /.  40  Cach  —  47  aidche: 
V  /;;  Eg.  loé  and  209. 

^  Max  Nettlau. 

(A  suivre). 


LES  BRACAE  ET  LES  HOSAE 

COMMUNICATION 
FAITE    A    l'académie    DES    INSCRIPTIONS    ET    BELLES-LETTRES 

Da7is  sa  séance  du  2  mars  iSSS. 


M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  £iit  dans  une  précédente 
séance  un  appel  aux  archéologues  :  il  a  demandé  si  l'examen 
des  monuments  confirme  la  distinction  qu'il  a  faite,  d'après  les 
noms  qui  les  désignent  dans  les  langues  celtiques  et  germa- 
niques, entre  les  hracae  et  les  hosae,  les  deux  termes  s'appli- 
quant  également  à  un  vêtement  qui  couvre  les  jambes.  Les 
hracae  seraient  des  pantalons  longs  ou  courts,  flottant  sur  la 
jambe,  les  hosae  des  pantalons  qui  la  couvrent  toute  entière, 
liés  à  la  cheville  ou  même  se  projongeant  sur  le  pied  ^ 

Notre  confi"ère  a  cité  pour  exemple  les  Barbares  figurés  sur 
la  colonne  Antonine.  Ces  bas-reliefs  de  la  colonne  Antonine  ne 
nous  sont  connus  que  par  des  gravures  de  la  fin  du  xvii"  siècle 
(l'ouvrage  qui  les  contient  a  été  publié  en  1704-)  et  elles  n'ont 
pas  malheureusement  dans  les  détails  la  précision  nécessaire 
pour  résoudre  des  problèmes  tels  que  celui  qui  est  en  ce  mo- 
ment posé.  Mais  la  colonne  Trajane  est  véritablement  à  notre 
disposition.  Nous  avons,  des  sculptures  qui  la  couvrent,  des 


1 .  Voir  les  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres,  année  1888,  séance  du  6  janvier,  p.  lo-ii. 

2.  Columna  cochlis  M.  Aurelio  Antonino  Jugusto  dicaîa...  Notis  J.-P.  Bel- 
lorii  illuslrata  et  a  P.  Sancto  Bartoîo, . .  aère  incisa.  Rome,  1704. 


Revue  Celtique,  XI. 


54  E.  Saglio. 

moulages  et  des  photographies^  où  se  voient  figurés,  avec  toute 
la  netteté  possible,  les  pantalons  portés  par  les  Barbares  que 
les  armées  de  Trajan  rencontrèrent  au  delà  du  Danube. 

Ces  pantalons  descendent  de  la  ceinture  au  pied,  le  plus 
ordinairement  serrés  à  la  cheville,  autour  de  laquelle  ils  for- 
ment quelquefois  un  bourrelet;  mais  souvent  aussi  ils  sem- 
blent flotter  sur  la  jambe  sans  être  assujettis  en  bas  par  aucun 
hen;  d'autres  fois  encore,  le  pantalon  entre  dans  la  chaussure, 
qui  en  cache  l'extrémité.  C'est  le  cas  le  plus  rare:  on  ne  l'ob- 
serve que  dans  un  petit  nombre  de  figures  différant  dans  leur 
ensemble  du  costume  des  populations  représentées  dans  la 
plupart  des  bas-reliefs.  Mais  je  n'ai  pas  l'intention,  à  propos  de 
la  question  soulevée  en  ce  moment,  de  faire  des  distinctions 
précises  entre  les  peuples  divers,  Daces  ou  Sarmates,  Quades 
ou  Marcomans,  qui  ont  été  figurés  sur  la  colonne  de  Trajan  ou 
sur  d'autres  monuments.  C'est  là  un  problème  des  plus  déli- 
cats, pour  la  solution  duquel  je  crains  que  l'on  n'ait  pas  en- 
core réuni  des  documents  suffisants. 

Au  même  temps  environ,  c'est-à-dire  aux  règnes  de  Trajan, 
d'Adrien  et  de  Marc-Aurèle,  appartiennent  ces  statues  de  pri- 
sonniers barbares,  faites  de  marbres  de  couleurs  variées,  de 
porphyre  et  d'autres  matières  précieuses,  qui  décoraient  à 
Rome  et  dans  les  grandes  villes  de  l'empire  des  arcs  de  triomphe, 
des  portiques  et  d'autres  somptueux  édifices-.  Ces  captifs  sont 
vêtus  de  pantalons  amples,  noués  à  la  cheville  comme  ceux 
des  Barbares  de  la  colonne  Trajane. 

Nous  possédons  des  monuments  romains  plus  anciens  sur 
lesquels  on  voit  des  Barbares  et  notamment  des  Gaulois.  Les 
braies  de  ceux-ci  ne  diffèrent  pas  des  pantalons  des  Daces  et 
des  autre»  peuples  représentés  dans  les  sculptures  des  colonnes 
de  Trajan  et  de  Marc-Aurèle.  Dans  celles  de  l'arc  de  triomphe 
d'Orange,  par  exemple,  on  peut  remarquer  parmi  les  amas  de 
dépouilles  des  vaincus  des  braies  suspendues  toutes  droites, 
faisant  fiice  au  spectateur  5  ;  on  y  voit  très  bien  que  ce  vêtement, 

r.  W.  Froehner,  La  Colonne  Trajane  d'après  le  surmoulage  exécuté  à  Rome 
en  1861-1862,  reproduite  en  phoio-lypographie  par  G.  Arosa.  Pins,  1872. 
2.  De  Clarac,  Musée  de  sculpture,  pi.  852-854  c. 
^.    Cmsût,  Monuments  antiques  d'Orange.  Vaûs,  1856,  pi.  xvi. 


Les  Bracae  et  les  Hosae.  35 

large  à  la  taille  et  maintenu  par  une  ceinture  garnie  d'un  an- 
neau ou  percée  d'un  oeillet,  allait  se  rétrécissant  vers  le  bas, 
où  il  n'a  que  l'ouverture  nécessaire  pour  passer  le  pied.  Sur 
un  autre  monument  un  peu  moins  ancien,  le  sarcophage  du 
musée  du  Capitule,  connu  sous  le  nom  de  sarcophage  de  la 
Vigna  Amendola^,  des  Gaulois,  bien  caractérisés  par  toutes  les 
pièces  de  leur  costume  national,  portent  des  braies  resserrées 
au-dessus  du  pied,  mais  sans  attache  visible. 

Le  sculpteur  de  ce  monument  et  ceux  qui  ont  travaillé  aux 
colonnes  commémoratives  des  victoires  de  Trajan  et  de  Marc- 
Auréle  paraissent  s'être  efforcés  de  fliire  reconnaître  les  peuples 
vaincus  par  leurs  traits  vraiment  caractéristiques.  Ailleurs  ces 
traits  sont  plus  effacés,  et  les  artistes  qui  ont  travaillé  pour  les 
Romains,  comme  leurs  devanciers  en  Grèce,  se  sont  souvent 
contentés  de  reproduire  un  type  général  du  Barbare  fixé  par 
une  constante  tradition.  Or,  pour  les  Grecs  et  pour  les  Ro- 
mains, il  n'y  avait  pas  de  signe  qui  fit  plus  expressément  re- 
connaître un  Barbare  que  le  pantalon.  Ils  avaient  été  fi"appés 
de  l'habitude  qu'avaient  les  peuples  de  l'Asie  et  du  nord  de 
l'Europe  de  couvrir  toutes  les  parties  du  corps  et  particuliè- 
rement les  jambes,  qu'eux-mêmes  ils  gardèrent  nues  jusqu'au 
temps  où,  amenés  par  la  guerre  et  par  la  conquête  dans  les 
pays  des  Barbares  et  y  demeurant  avec  eux,  ils  durent  se  plier 
comme  eux  aux  nécessités  du  climat.  Dès  lors,  les  soldats 
romains  portèrent  une  culotte  serrée  autour  de  la  taille,  pro- 
bablement par  une  ceinture  semblable  à  celle  des  braies  gau- 
loises et  descendant  un  peu  au-dessous  du  genou.  Ce  vêtement 
est  firéquemment  représenté  sur  les  monuments  de  l'Empire. 
C'est  celui  qu'on  voit  constamment  représenté  dans  les  bas- 
reliefs  de  la  colonne  Trajane. 

Je  citerai  encore  les  sculptures  qui  décorent  la  colonne  de 
Théodose.  La  meilleure  reproduction  que  nous  en  possédions 
est  une  suite  de  dessins  appartenant  au  Musée  du  Louvre  de 
la  main  d'un  artiste  habile  du  xvi"-'  siècle  (peut-être  Battista 
Franco),  qui  lui-même  les  aurait  copiés  sur  ceux  qu'avait  exé- 
cutés Gentile  Bellini  pendant  le  séjour  qu'il  fit,  on  le  sait,  à 

I     Monuments  de  l'Institut  de  correspondance  archéologique,  I,  pi.  xxx. 


-,6  E.  Saglio. 

Constantinople.  Ces  dessins  ne  manquent  pas  de  précision 
dans  les  détails  ;  on  peut  y  avoir  confiance  au  moins  pour  la 
manière  dont  y  sont  représentés,  dans  de  nombreux  exemples, 
qui  se  contrôlent  en  quelque  sorte,  les  pantalons  des  Barbares, 
Goths  ou  Sarmates,  conduits  captifs  dans  le  cortège  triomphal. 
Ces  pantalons  sont  extrêmement  amples.  On  se  rappelle  en 
les  voyant  ce  que  dit  Lucain  de  ceux  des  Sarmates  et  des  Van- 
gions  M  «  Et  qui  te  Iaxis  imitantur  Sarmata  braccis,  Van- 
giones  » .  Ils  rappelleront  aussi,  à  ceux  qui  ont  visité  les  pays 
voisins  du  Danube,  les  larges  braies  dont  les  hommes  y  sont 
encore  aujourd'hui  vêtus,  si  larges  et  si  flottantes  qu'on  les 
prendrait,  quand  les  jambes  sont  réunies,  pour  un  jupon.  Pour 
faciliter  leur  marche,  les  prisonniers  les  ont  relevées  au 
moyen  d'une  et  quelques-uns  de  deux  jarretières. 

Bien  avant  le  règne  de  Trajan  des  Romains  avaient  adopté 
les  braies,  mais  seulement  dans  les  provinces  où  elles  étaient 
d'un  usage  général;  aussitôt  qu'ils  quittaient  ces  provinces,  ils 
abandonnaient  le  costume  étranger.  Calcina,  au  miheu  du 
I"  siècle,  se  plaisait  à  porter  les  braies  et  la  saie  gauloise, 
mais  il  excita  les  murmures  quand  il  osa,  en  Italie,  s'adresser, 
vêtu  comme  un  Barbare,  à  ceux  qui  portaient  la  toge:  «  ...  in 
superbiam  trahebant  quod  versicolore  sagulo,  braccas,  indu- 
mentum  barbarum,  indutus,  togatos  adloqueretur -  ».  Cepen- 
dant, sous  des  princes  d'origine  barbare,  la  mode  des  bracae 
s'implanta  à  Rome  et  l'on  y  vit  de  nombreux  tailleurs  appelés 
bracarii;  mais  l'opinion  semble  avoir  toujours  résisté  à  cette 
altération  de  l'ancien  costume  romain.  Une  loi  d'Honorius,  de 
l'an  397,  interdit  le  port  des  bracae  à  l'intérieur  de  la  ville 
(intra  urbem  venerabilem).  Peut-être  faut-il  voir  dans  cette  loi 
moins  une  protestation  contre  une  mode  à  laquelle  les  yeux 
étaient  trop  bien  accoutumés,  qu'une  défense  contre  l'envahis- 
sement de  Rome  par  les  Barbares. 

Dans  aucun  des  monuments  que  j'ai  cités  je  n'ai  rencontré 
ce  qui  peut  motiver  la  distinction  proposée  entre  les  bracae  et 
les  hosae;  car  on  ne  peut  faire  de  différence  entre  des  pantalons 


1.  Phars.,  I,  430. 

2.  Tac,  Hist.,  II,  20. 


Les  Bracae  et  les  Hosae.  37 

serrés  à  la  cheville,  quoique  sans  lien  apparent,  et  d'autres 
visiblement  noués  et  formant  un  bourrelet  au-dessous  du 
cordon  qui  les  assujettit  ;  c'est  le  même  vêtement,  auquel  on 
n'a  pas  sans  doute  donné  deux  noms. 

M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  bien  voulu  me  dire  que  l'idée 
de  la  distinction  qu'il  a  faite  lui  est  venue  en  voyant,  dans 
Y  Histoire  du  Costume  en  France  de  Jules,  Quicherat  (p.  11),  la 
représentation  de  braies  assez  bien  conservées  découvertes 
dans  les  tourbières  de  Thorsbjerg  en  Jutland.  Qiiicherat  y 
reconnaissait  une  pièce  du  costume  celtique,  auquel,  dit-il, 
les  Cimbres  de  la  péninsule  danoise  restèrent  fidèles  jusqu'à 
leur  extinction.  M.  Lindenschmit^,  le  savant  conservateur  du 
Musée  de  Mayence,  est  disposé  à  considérer  ces  braies  et 
d'autres  parties  de  vêtement  trouvées  dans  le  même  endroit 
comme  le  produit  de  fabriques  romaines  provinciales  tra- 
vaillant pour  les  habitants  (romains  ou  non)  des  pays  du  nord. 
Il  n'importe,  nous  avons  sous  les  yeux  un  exemple  de  braies 
descendant  jusqu'au  pied,  avec  un  appendice  cousu  qui  s'avance 
comme  une  espèce  de  guêtre  sur  le  haut  du  pied.  Mais  il  faut 
remarquer  que  l'étoffe  dont  est  fait  cet  appendice  n'est  pas 
semblable  à  celle  du  pantalon.  Le  tissu  en  est  plus  fin,  et  l'on 
admettra  difficilement  qu'il  fût  destiné  à  protéger  le  pied  à  la 
fliçon  d'une  guêtre  contre  le  froid,  l'humidité  et  les  accidents 
du  chemin.  Je  crois  plutôt  que  ce  prolongement  devait  être 
introduit  dans  la  chaussure,  comme  on  en  voit  des  exemples 
sur  la  colonne  Trajane,  et  l'on  jugera  sans  doute  que  cela 
n'était  pas  inutile  avec  le  soulier  des  peuples  germaniques  et 
celtiques,  lacé  sur  le  haut  du  pied  et  qui  le  laissait  souvent 
en  partie  découvert. 

C'est  d'une  matière  plus  résistante,  de  cuir,  de  feutre  ou 
même  de  peau  crue,  que  l'on  devait  foire  des  chaussures  vrai- 
ment propres  à  garantir  les  jambes  contre  les  heurts  et  contre 
les  intempéries  :  tels  furent  les  cinbades  et  les  enâromides  des 
Grecs,  les  cothurnes  de  chasse,  les  udones,  les  inipilia,  les  ti- 
bialia,  les  ocreae  des  Romains,  telles  les  beuses  du  moyen  âge, 
qui  étaient  de  hautes  guêtres  ou  des  bottes  portées  par-dessus 

I.    Handhuch  der  dculschen  Alterthimshuude,\,  p.  338. 


38  E.  Sjglio. 

les  chautses.  Les  distinctions  qu'on  peut  faire  entre  tous  ces 
noms  mériteraient  d'être  le  sujet  d'une  étude  spéciale.  Je  ne 
veux  en  ce  moment  que  me  rendre  compte  du  rapport  qui 
peut  exister  entre  les  heuses  dont  le  nom  vient  se  placer  natu- 
rellement ici,  et  les  hosae,  dont  il  s'agit  de  déterminer  la  diffé- 
rence avec  les  hracae. 

J'aurais  souhaité  que  M.  d'Arbois  de  Jubainville  eût  bien 
voulu  indiquer  les  textes  les  plus  anciens  où  il  a  rencontré  le 
mot  hosa  ou  osa.  Pour  moi  je  n'en  connais  pas  où  il  se  trouve 
avant  la  fin  du  vi''  ou  le  commencement  du  vif  siècle,  c'est- 
à-dire  après  les  grandes  invasions  et  l'établissement  définitif 
des  Barbares  dans  les  anciennes  provinces  de  l'empire  romain. 
Isidore  de  Séville^  nomme,  sans  les  décrire,  dans  le  chapitre  des 
calciamcnta,  les  ossae,  nom  dans  lequel  on  peut  reconnaître,  et 
l'on  a  reconnu  en  effet  une  orthographe  défectueuse  de  osac-. 
L'empereur  Maurice,  vers  la  même  époque  (vi^-vii^  s.)  appelle 
les  hosae  un  vêtement  gothique  (L>:-:âp'.a  ';z-b':/,y.  3).  Warnefried, 
Paul  Diacre -1,  un  siècle  plus  tard,  mentionne  à  son  tour  les 
hosae  dans  une  phrase  qu'il  convient  de  citer  toute  entière.  Il 
parle  des  Lombards,  ses  compatriotes,  dont  il  compare  le  cos- 
tume au  vêtement  ample  des  Anglo-Saxons.  Leur  chaussure, 
dit-il  ensuite,  était  ouverte  presque  jusqu'au  bout  de  l'orteil 
.(c'est  le  soulier  découvert  des  peuples  du  Nord,  très  différent 
de  celui  des  Romains),  et  il  ajoute  :  «  Postea  cœperunt  hosis 
uti,  super  quos  equitantes  tubrugos  birreos  mittebant;  sed  hoc 
de  Romanorum  consuetudine  traxerunt.  »  (Après  cela  'is 
commencèrent  à  se  servir  de  hoses,  par-dessus  lesquelles,  p.,Lr 
monter  à  cheval,  ils  mettaient  des  tubruques  de  bure;  mais 
c'est  là  un  emprunt  qu'ils  firent  aux  usages  romains). 

Qu'est-ce  au  juste  que  les  Lombards  empruntèrent  aux  Ro- 
mains ?  Il  est  clair  que  ce  sont  les  hosae,  ce  ne  sont  pas  les 
trabuques  ou  tubruques  (tuhrugi).  Pour  ce  dernier  mot  il  n'y 
a  aucun  doute;  l'explication  qu'en  donne  un  contemporain, 

1.  Orig.,  XIX,  34,  de  Calciamentis. 

2.  Du  Gange,  Gloss.   inf.   lut.  s.v.osa;   Quicherat.    Addenda  kx.   lat, 

p.  198. 

3 .  Strat.,  p.  302. 

4.  P.  Diac,  IV,  28. 


Les  Bracae  et  les  Hosae.  39 

Isidore  ^,  la  signification  qu'il  a  gardée  aux  siècles  suivants, 
mais  surtout  l'emploi  ici  indiqué  par  Paul  Diacre  fait  bien 
comprendre  qu'il  s'agit  de  bas  ou  de  bottes  de  laine  épaisse, 
tirés  par-dessus  les  hoses,  de  véritables  houseaux  ;  on  les  met- 
tait pour  monter  à  cheval. 

Mais  alors  que  sDnt  les  hosae,  dont  le  nom  paraît  indiquer 
plus  précisément  encore  la  botte  ou  la  grande  guêtre  qui  s'est 
toujours  appelé  heuze  et  houzeau  ?  Il  y  a  parenté  manifeste 
entre  les  termes  ou,  pour  mieux  dire,  c'est  le  même  mot  qui 
s'est  perpétué  depuis  l'antiquité  avec  la  même  signification. 
Chez  les  peuples  germaniques  et  Scandinaves,  bose,  a  toujours 
désigné  un  long  bas  montant  jusqu'au  genou,  broche  hruch, 
brœker,  un  caleçon  ou  un  haut-de-chausse  descendant  quel- 
quefois plus  bas,  ce  sont  les  bracae.  Il  est  vrai  que  le  mot  ho- 
sen  a  pris  en  allemand  le  sens  général  de  pantalon  ;  mais  il 
ne  l'avait  pas  encore  au  moyen  âge.  Le  sens  du  mot  a  pu 
varier  de  même  avant  de  se  fixer  une  première  fois.  Isidore, 
on  l'a  vu,  place  les  osae  parmi  les  cakiamenta.  L'empereur 
Maurice  en  parle  comme  d'un  vêtement  de  corps,  un  ciiictiis, 

Il  fliut  se  rappeler  ce  que  l'on  sait  de  précis  au  sujet  du  cos- 
tume des  Lombards.  Le  même  Warnefried-  nous  apprend  que 
dès  avant  leur  arrivée  en  Italie  au  vi^  siècle,  ils  enveloppaient 
leurs  jambes  jusqu'à  la  hauteur  du  genou  de  chausses  ou  de 
bas  de  couleur  blanche  ou  laissaient  le  genou  nu  comme  les 
Anglo-Saxons,  les  Burgondes  et  quelques  tribus  franques.  Dès 
lors  aussi,  sans  doute,  ils  portaient  comme  ces  peuples  des  ca- 
leçons ou  des  braies;  ils  en  avaient  au  moins  dès  le  vu" siècle; 
Paul  Diacre  3  les  appelle  fcnioraJia;  mais  ces  braies  étaient 
courtes,  puisqu'elles  laissaient  les  genoux  découverts  ;  peut-être 
comme  ces  braies  que  l'on  voit  encore  figurées  dans  le  cos- 
tume des  Normands  sur  la  tapisserie  de  Bayeux,  qui  sont  fort 
amples,  mais  ne  tombent  pas  plus  bas  que  le  genou.  Ce  sont 
donc,  je  le  pense,  les  longs  pantalons^  alors  d'un  usage  général 


1 .  Ori^.,  XIX,  22,  30. 

2.  P.  Diac,  I.  24. 
?.V,  58. 


40  E.  Sai;!io. 

en  Italie,  que  les  Lombards  se  sont  appropriés  pour  compléter 
leur  ajustement  et  que  leur  historien  désigne  par  le  nom  de 
hosae. 

Il  ne  faut  pas  trop  demander  au  latin  des  écrivains  des  pre- 
miers siècles  du  moyen  âge.  Ils  ont  mêlé  et  confondu  plus 
d'une  fois  les  termes  qu'ils  employaient  ou  n'ont  pas  su 
trouver  pour  les  mots  de  leur  propre  langue  qu'ils  avaient  à 
traduire  des  équivalents  suffisants.  Mais  la  persistance  à  travers 
les  siècles  de  dénominations  qui  signifient  les  mêmes  choses 
est  une  indication  plus  sûre.  On  vient  de  voir  que  le  mot 
hracac  a  toujours  été  le  nom  d'un  pantalon,  long  ou  court, 
tantôt  s'arrêtant  au  genou,  tantôt  descendant  jusqu'au  pied  ; 
hose  a  pu  avoir  anciennement,  comme  il  a  encore  dans  les  lan- 
gues germaniques,  la  même  signification;  mais  il  a  dès  les  pre- 
miers temps  où  on  le  rencontre  et  il  a  toujours  gardé  une 
autre  acception  :  c'est  une  chausse  étroite  haute  ou  basse, 
puis  la  botte  ou  la  guêtre  qu'on  a  nommé  Ikuslï  ou  boiiscau, 
recouvrant  le  bas  de  chausse. 

E.  Saglio. 


A  NOTE  ABOUT  FIACHA  MUILLETHAN 


From  Prof.  D'Arbois  de  Jubainville's  Essai  d'un  catalogue 
de  la  littérature  épique  de  l'Irlande,  p.  141,  I  learned  the  exist- 
ence of  the  following  note,  which  is  hère  tninscribed  from  a 
photograph  of  p.  337  of  the  Book  of  Lecan,  a  ms.  in  the 
library  of  the  Royal  Irish  Academy.  The  note  illustrâtes  the 
behef  in  lucky  days.  It  also  gives  an  instance  of  the  power  which 
in  the  times  of  paganism  Irish  fathers  appear  to  hâve  exer- 
cised  over  their  daughters.  A  parallel  may  be  found  in  the 
Book  of  Ser  Marco  Polo,  Book  II,  c.  47,  where  he  says  of  the 
people  of  the  province  of  Caindu  :  «  No  man  considers  him- 
self  wronged  if  a  foreigner,  or  any  other  man,  dishonour 
his  wife,  or  daughter,  a  sister  or  any  woman  of  his  family; 
but  on  the  contrary  he  deems  such  intercourse  apieceofgood 
fortune.  And  they  say  that  it  brings  the  favour  of  their  gods 
and  idols,  and  great  increase  of  temporal  prosperity.  »  And 
see  Colonel  Yule's  note  3,  vol.  II,  p.  48,  ofthe  second  édition. 

The  epithet  muillethan,  rectius  muill-lethan  «  broad-crown- 
ed  »  is  interesting  as  preserving  the  Irish  reflex  of  the  A.  S. 
molda  or  molde  «  the  top  of  the  head  »  and  the  Skr.  mûrdhan 
«  the  head  » .  From  mull  are  derived  mullach  «  hill-top  »  and 
mullôc  «  the  cover  of  a  paten  » . 


BOOK  OF  LECAN,   P.   337,   COL.   2. 

Doluid  Eogan  Mor  mac  Aililla  Vluimm  do  chath  Muigi  Mu- 


42  Whitlev  Stokes. 

craime.  Feraid  aigideçht  ^  i  tig  Threith  mcic  Da  Chrega  in 
druad.  I  CarnFhearadaichbai  teach  Treith^,  7  bai  ingen  illdeal- 
bach  aici  .i.  Moncha  a  hainm.  Rochuindich  Eogan  a  ingen 
for  Treith  in  aidclii  sin,  7  adbeart  in  Treith  fria  ingin  techt  il- 
lebaid  3  Eogain,  7  adb^rt  fria  co  mberad  mac  d'Eogan  7  com- 
[b]ad  ri  Mwman  in  mac  sin  7  com[b]ad  rigda  a  cland  dia  eis, 
7  nod-mw/rfidea  he  fen  i  cath  Muigi  Mucrama. 

Faidid-i  Moncha  la  li-Eogan  iarsin,  7berid  mac  hi  cind  .ix. 
mis  .i.  Fiaciia  Muilleathan  a  ainm,  ar  intan  tanic  goa  lamnad 
adbeart  in  drai  fria  :  «  Mad  iniu  >  b^'ra  do  matcbid  cland  druad, 
mad  imarach  hcrà,  bid  rig  in  mac  7  bid  rigda  a  cland.  » 

«  Mina  thi  »,  ar  si,  «  trem  thcTb-sa,  ni  tharga  in  chonair 
choir  coamairech  ». 

Beirid  Moncha  a  mac  iarnamaireach  la  t//rcbail  ngmni, 
uair^  is  airi  fa  «  Muillethan  »  [fair]  uair  roleth  a  cheand  for- 
sin  cloich,  7  maraid  lathrach  a  chind  forsin  cloich  beos. 

Gabais  Fiacha  Muillethan  flaithiwi  Muman  iar  Cornwc  Cas 
mac  Aililla  Uluimin,  7  is  'na  re  tanic  Cormflc  hua  Cuind  for 
sluaiged  a  M/^main  co  Druim  n[D]amgairi  .i.  Long  Qiach  in- 
dala  hainm,  cor'gob  forbaisi  and  sin  (or  Mwmnechaib,  co  ndea- 
chas  o  Fhiachaig  7  Muilleathan  co  Mog  Ruith.  Is  and  bai  side 
in[D]airpri,  7  tucad  do  a  roga  do  thirib  M//man  ar  thoideacht 
donchath.  Co  tanic  Mog  Ruith  iarsin  don  chath,  7  romemaid/ 
for  Covmac  7  for  Leath  Cuind  tre  thegasc  Moga  Ruith,  7  tue 
Cormac  geill  do  Fhiachaig^  Muillethan.  Conad  and  adbcrt 
Feidlimid  mac  Crimthain  : 

Fiacha9  Muilleathan  maith-rig 
a  hiathaib  Lai  il-leitrib  Crai, 
tucad  geill  do  a  Temraig  '°  thren 


I . 

Ms.  aidigecht 

2  . 

Ms.  treich 

3  • 

Ms.  illebaig. 

4 

ior  failli,  root  svap. 

5- 

Ms.  iniug 

6. 

leg.  ocus. 

7- 

Ms.  romebaid 

8. 

Ms.  fiachaid,  with  dotted  f. 

9- 

Ms.  fiachaid 

10. 

Ms.  tcniraid 

A  Note  about  Fiacha  Muilleihan.  4J 

co  Fafaind  reill.  co  Rath  nai. 
roslecht  do  ri[g]  Thigi  Duind, 
Corm^zc  hua  Cuind  cid  rom  lai. 

Fiacha  Fear  da  liach  ainm  aile  do  .i.  liach  do  cach  ecbt  do- 
rala  do  .i.  mor  in  t-echt  dosom  .i.  marbad  a  athar  i  cath  la 
M^7c  con  7  marb[ad]  a  mâthai  dia  breith.  Finit. 

Translation. 

Eogan  the  Great  son  of  Ailill  Bare-ear  went  to  the  battle 
ofMagh  Mucrame  ^  He  getteth  guesting  in  the  house  of  the 
wizard  Treith  son  of  Dd  Crega.  On  Carn  Feradaich^  was 
Treith's  house,  and  he  had  a  very  comely  daughter,  named 
Moncha.  Eogan  asked  Treith  for  his  daughter  for  that  night, 
and  Treith  told  his  daughter  to  go  into  Eogan's  bed.  And  he 
said  to  her  that  she  would  bear  a  son  to  Eogan,  and  that  that 
son  would  be  king  of  Munster,  and  that  his  children  after 
him  would  be  royal,  and  that  Eogan  himself  would  be  slain 
in  the  battle  of  Magh  Mucrame. 

Thereafter  Moncha  sleeps  with  Eogan,  and  at  the  end  ot 
nine  months  she  bears  a  son  whose  name  was  Fiacha  Broad- 
crown.  For  when  she  went  to  bring  him  forth  the  wizard  said 
to  her  :  «  If  thou  bear  thy  son  today  he  will  be  (only)  a  wiz- 
ard's  child;  but  if  thou  bear  him  tomorrow,  the  boy  will  be 
a  king  and  his  children  will  be  royal,  » 

«  Unless  »,  she  saith,  «  he  shall  corne  through  my  side,  he 
shall  not  go  the  proper  way  till  the  morrow  »  >. 

On  the  morrow,  at  sunrise,  Moncha  bears  her  son,  and  he 
was  called  «  Broadcrown  »,  because  his  head  flattened  on  the 
stone  [on  which  his  mother  sat  in  order  to  delay  his  birth,] 
and  the  site  of  his  head  still  remains  on  the  stone. 


1.  Said  to  hâve  been  fought  A.  D.  195. 

2.  In  Munster,  see  O'Donovan  note  9,  Four  Masters,  A.  M.  3656. 

5 .  Hère  there  is  a  gap  in  tlie  taie.  According  to  Keating  (O'Mahony's 
translation,  p.  316).  Moncha  then  «  went  into  a  ford  upon  the  river  Siuir, 
which  flowed  by  her  iather's  dwelling,  and  there  sheremained  stationary, 
seated  upon  a  stone.  And  when  the  auspicious  hour  had  arrived,  she  carr.e 
forth  out  of  the  river,  gave  birth  to  her  son,  and  then  died  immedialely 
on  the  spot.  " 


44  Whitley  Stokes. 

Fiacha  Broadcrown  assumed  the  lordship  of  Munster  after 
Cormac  Cas  son  of  Ailill  Bare-ear;  and  in  his  time  it  was  that 
Cormac,  grandson  of  Conn  [of  the  Hundred  Battles]  came 
on  a  hosting  into  Munster  as  flir  as  Druim  Damgaire,  the  other 
name  whereof  was  Long  CHach.  And  there  he  began  invading 
the  Munstermen,  so  that  Fiacha  Broadcrown  sent  [for  aid]  to 
Mogh  Ruith  [the  wizard,]  who  then  dwelt  in  Dairbre  ^  And 
for  coming  to  the  battle  there  was  given  him  his  choice  of 
the  lands  of  Munster.  So  after  that  Mogh  Ruith  came  to  the 
battle,  and  Cormac  and  Conn's  Half-  were  routed  through 
Mogh  Ruith's  teaching,  and  Cormac  gave  hostages  to  Fiacha 
Broadcrown.  Wherefore  Feidhmid  son  of  Cremthann  said  : 

Fiacha  Broad-crown,  excellent  king, 

From  the  lands  of  Lee3,  on  the  slopes  of  Crai, 

Hostages  were  brought  to  him  from  strong  Tara   . 

To  famous  Fafann,  to  Rath  Nai. 

To  the  king  of  Donn's  House  "■■  knelt 

Cormac,  Conn's  grandson,  though... 

Fiacha  Fer  dà  liach,  «  Man  of  two  sorrows  »,  was  another 
name  of  his,  to  wit,  a  grief  from  each  misfortune  that  hap- 
pened  to  him  (great  the  misfortune  to  him),  namely,  the  kil- 
ling  of  his  father  in  battle  by  Mac  Con,  and  the  killing  of  his 
mother  by  bringing  him  forth.  Finit. 


So  in  a  poem  preserved,  in  the  Book  of  Leinster,  p.  147'% 
Ailill  Olomm  says  to  his  grandson  Fiacha  : 

Da  liach  deit  a  n-éc... 
t'athair  is  do  mathair... 
gaet  in  fer  i  cath, 
marb  in  ben  dot  breith. 


1 .  Now  the  Island  of  Valencia,  co.  Kerry. 

2.  i.  e.  the  northern  half  of  Ireland. 

5 ,   Lai,  now  writen  Laoi ,  a  river  in  Munster. 

4.    Tech  Duinn  now  called  the  Bull  Island,  otî  Bantry  B;iy.  Sec  Chronicon 
Scotorum,  éd.  Hennessy,  p.  12. 


A  Note  ahoiiî  Fiacha  Muillelhan.  45 

that  is  : 

Two  sorrows  to  thee  their  death  : 

Thy  fluher  and  thy  mother. 

The  man  was  slain  in  battle. 

The  woman  dicd  of  bringing  thee  forth  ^ 

Whitley  Stokes. 

London,  19  sept.  18S9. 

I.   Compare  O'Clery's  Glossary,  s.  v.  Liach,  Revue  Celtique,  t.  V,p.  ij* 


ANCIENS  NOELS  BRETONS 

Traduction  ' . 


XVÎI  '- 

222  Chantons  Noël  au  Roi  des  Anges  avec  foi  et  parfait  amour  ! 
Un  enfant  aimable  a  été  mis  au  monde  heureusement 
Par  une  Fille  pure   qui  a   été  préservée  de  tout  péché, 

[soyez-en  certains. 

223  En  fâcheux  état,  par  suite  du  péché  d'Adam,  nous  étions 

[destinés  à  cause  d'un  morceau  coupable 
A  être  sans   soutien  dans  la  douleur,  dans  l'enfer  glacé, 

[dans  la  peine, 
En  attendant  que  dans  la  fidèle  Marie  vint  la  seconde 

[Personne  [de  la  Trinité]. 

224  II  y  eut  cinq  mille  ans  d'angoisse  et  d'ennuis  à  attendre 

[Dieu  ; 

A  mesure  que  [les  hommes]  mouraient,  ils  allaient  au  feu, 

[tourmentés  tout  de  suite  par  Satan  ; 

Jésus  est  venu,  notre  crime  est  efflicé,  et  nous  sommes 

[rachetés  de  l'enfer. 

225  Une  Vierge  sans  feinte  —  comprenez,  croyez  cela  —  par 

[humilité 

1.  Voir  le  commencement  de  cet  article  aux  pages  1-91  et  288-319  du 
précédent  volume. 

2.  Sur  l'air  Urhs  heala  Hierusaîein. 


ANCIENS  NOELS  BRETONS 

Texte. 


XVII  ^ 

222  Quenomp  Nouel  da  Roue'n  Aelez  gant  feiz  ha  carantez 
Ganet  eo  sur  gant  eûr  mat  hegarad  un  crouadur  [pur  ! 
Gant  un  Merch  scier  so  preservet  a  pep  pechet,  bezet  sur. 


223   En  drouc  stat  dre  pechet  Adam  ez  oamp  dre  un  tam  blam- 

[met 
Da  bout  en  hyruout  hep  souten,  en  Ifern  ien,  en  penet, 

En  désir  en  Marv  guirion  han  eil  Person  da  donet. 


224  Pemp  mil  blizien  ancquen  a  voe  oz  gortoz  Doue  enouet; 

Beb  maz  marnent  ez  eant  dan  tan  buhan  gant  Sathan  poa- 

[niet; 
lesu  so  deuet,  lamet  hon  crim,  maz  omp  an  lim  redimet. 


225  Vn  Guerches  hep  fent,  ententit,  crédit,  dre  humilité 


I .   Nouel  voar  ton  Urbs  beat  a  Hierusalem. 


^8  H.  de  La  Villemarqué . 

Conçut  Jésus  [venu]  du  ciel  qui  paya  notre  dette  sur  la 

[croix  ; 
Un  Ange,  avec  une  grande  joie,  lui  avait  révélé  cette  chose. 

22e  La  naissance  de  Jésus  est  merveilleuse  outre  mesure  : 
Par  la  volonté   de  Dieu  le  Père,  il  fut  conçu,  enfant, 

[d'une  jeune  et  bonne  Vierge 
Qui  conserva  sa  virginité  sainte  quand  elle  l'enfanta,  je 

[vous  assure. 

227  Le  premier  lit  que  Dieu  eut  fut  une  étable,  pas  autre  chose  ; 
Il  naquit  de  Marie  en  terre  dans  une  masure,  une  écurie 

[froide, 

Et  ce  fut  entre  des   animaux,  —  comprenez-le  bien  — 

[lui  notre  Roi,  Dieu  et  homme. 

228  Mais  en  même  temps  les  Saints  Anges,  comme  il  convenait, 

[vinrent  du  Paradis 
Vers  le  Dieu-homme  qui  devant  eux  reposait  dans  une 

[étable. 
Pour  célébrer  le  doux  Roi  du  Ciel  du  haut  des  airs,  à 

[minuit. 

229  Aussitôt  du  Ciel  près  de  lui  se  leva  une  brillante  étoile 
Pour  rendre  un  témoignage  certain  à  notre  Dieu  et  à  la 

[bienheureuse  Marie, 
Et  vers  elle  vinrent  les  Trois  Rois  avec  des  offrandes  pour 

[Dieu  le  Roi  du  monde. 

230  Par  les  Saints  Anges  fut  chanté  aux  Bergers  —  le  beau 

[chant!  — 
«  Honneur  et  gloire  à  Dieu  !  et  à  Marie  :  Gloria  !  » 
Ils  chantaient  le  petit  Enfant,  et  faisaient  fête  au  Roi  des 

[Saints. 

231  Jésus  est  venu  se  faire  homme  et  nous  racheter  de  la 

[souffrance  ; 


Anciens  Noëls  bretons.  49 

Jésus  an  eff  a  conceuffas  a  paeas  en  croas  hon  die  ; 

Dezy  an  Eal  a  reuelas  gant  un  joa  bras  an  dra  se. 

226  An  nativité  a  Jésus  so  maruaillus  dreyst  musur  : 
Conceuet  Guerch  gant  un  merch  mat  a  perz  Doue'n  Tat, 

[crouadur, 
En  he  guerchdet  glan  ez  manas  pan  ezganas,  me  hozassur. 

227  Quentaff  guele  en  deffoue  Doue  un  presep  voue,  ne  voue 
Ganet  en  douar  gant  Mary  en  coz  ty,  merchaucy  ien  [quen; 

Entr'en  mylet,  ententet,  voue,  hac  enfF  hon  Roue,  Doue 

[ha  den. 

228  Maz  deuez  yuez  an  Aelez  mat  dereat  an  Barados 

Bete  Doue  ha  den  rac  enep  en  un  presep  oz  repos, 

[nos 
Da  meuHff  Roue'n  Tron  deboner,  dyouz  an  aer,  da  hanter 


229  Quen  buhan  en  enff  e  queffuer  ez  scauas  scier  un  steren 
Euyt  reiff  certes  ^  testeny  hon  Doue  ny  gant  Mary  guen, 

Maz  deuez  bet  enn  y  an  Try  Roue  da  proff  da  Doue  Roue 

[an  glen. 

230  Dr'en  Aelez  glan  ez  voe  canet  dan  Pastoret  —  caezret 

[tra  ! 
Da  Doue  enor  ha  jolory  ha  da  Mary  Gloria; 
Dan  Mabic  bihan  ez  canent  hac  ouz  Roue'n  sent  ez  grent 

[joa. 

23 1  Deuet  eo  Jesu  da  bout  humen  hac[a]  ancquen  don  prenaff; 


I .   Liseï  certen. 

Revue  Celtique,  XL 


^0  H.  de  La  Villemarcjué. 

Parmi  les  Juifs,  par  leur  fait,  il  a  été  étendu  sur  une  croix 

[de  bois, 
Et  il  est  mort  durement  pour  nous,  en  souffrant  la  peine 

[la  plus  grande. 

232  Rendons  honneur  et  gloire  avec  mille  louanges  à  Marie; 
Adressons-lui  nos  requêtes,  prions-la  qu'il  lui  plaise  de 

[supplier 

Jésus,  le  fils  de  Dieu,  le  vrai  roi  du  Ciel,  de  nous  pardonner 

Amen!  [en  Léon. 


XVIIP 

233  Chantons  Noël  !  Noël  saintement,  en  toute  humilité, 
A  la  Vierge  excellente  qui  nous  a  présenté 

Un  petit  Enfant  qui  va  sauver  le  monde  : 
[Rendons]  grâce  à  la  Dame  qui  a  été  l'instrument  de  son 

[avènement. 

234  A  cause  de  notre  père  Adam  nous  étions  condamnés 
Aux  peines  de  l'enfer,  noires,  sombres  et  dures  ; 

De  nous,  ô  roi  des  Anges,  vous  avez  eu  pitié  : 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 

235  II  y  avait  cinq  mille  ans  entièrement  passés 
Que  chacun  restait  au  miheu  du  feu  ; 
Alors  le  doux  Jésus  est  venu  de  Nazareth  : 
Rendons  grâce  à  la  Dame...  , 

236  Sans  lumière  ni  feu  cet  Enflint-ci  est  né 
Dans  une  écurie  froide  où  n'habitait  personne. 

D'une  douce  Vierge  incomparable,  par  amour  pour  nous  : 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 


I .   Sur  l'air  Sacris  Soknnis  (sic). 


Anciens  No'éls  bretons.  . , 

Entr'en  Juzeuyen  dre  ho  penn  en  croas  pren  e  astennaff, 

Hac  euid  omp  garo  ez  maruas,  poan  a  souffras  an  brasasff. 

232  Greomp  enor  ha  gloardaMary  ha  meuleudy  an  mu3diaff; 
Entromp  requetomp,  pedomp  hy  mar  plig  gaty  suppliaff 

Jesu  Map  Doue,  guir  Roue  an  Tron,  e  Léon  don  pardo- 
Amen!  ["n^ff. 


XVIII J 

233  Quenomp  Nouel  !  Nouel  santel  dre  vuheltet 
Dan  Guerches  excellant  he  deues  presantet 
Deomp  ny  un  Map  byhan  a  saluo  breman  an  bet 
Trugarez  an  Ytron  so  moyon  de  donet. 

234  Dre  pen  hon  tat  Adam  ez  viomp  condamnet 
Dan  poaniaou  infernal,  du,  tenffal  ha  calet; 
Ouz  omp,  Roue  an  Aelez,  truez  oz  eux  bezet  : 
Trugarez  an  Ytron... 

235  Coude  pemp  mil  blizien  a  yoa  plen  tremenet 
A  pan  oa  pep  unan  en  creis  an  tan  manet  ; 
Jesu  so  deuet  hep  mar  douar  a  Nazaret  :  ' 
Trugarez  an  Ytron... 

23  e  Hep  na  goulaou  na  tan  an  Map  man  so  ganet 
En  un  merchaucy  ien  na  chomme  den  an  ^  bet 
Gant  un  Guerches  clouar  dispar  dre  hon  caret  : 
Trugarez  an  Ytron... 

1 .  Nouel  voar  ton  Sacris  sohnnis. 

2.  Lise:;^  en. 


J2  H.  de  La  ViUemarqué . 

237  Vierge  charmante  et  sainte,  qu'il  est  étrange  de  voir 
Hélas  !  ce  petit  Enfant  venu  au  monde  ici 

Dans  une  vile  écurie  où  il  y  a  des  bêtes  ! 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 

238  Dans  le  Temple,  par  Syméon,  à  la  sage  Dame, 
Lorsqu'il  y  fut  porté,  certes  il  fut  dit 

Que  son  cœur  serait  percé  d'un  glaive  de  douleur  : 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 

239  Ensuite  la  prophétie  s'accomplit, 

Sur  le  mont  du  Calvaire,  lorsqu'il  fut  crucifié, 
Il  racheta  là  tous  ceux  qui  étaient  perdus: 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 

240  Là,  le  vrai  Roi  de  la  terre,  notre  ami  de  Nazareth, 
Souffrit  la  douleur  pour  racheter  le  monde  ; 

Et  il  nous  délivra  de  peines  infinies  : 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 

241  O  Dame,  ô  Reine  bénie,  la  demande  que  vous  ferez 
A  votre  Fils  Jésus,  ne  sera  pas  repoussée  ! 
Heureux  notre  sort  en  ce  monde  depuis  qu'il  est  né  ! 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 

242  O  vous  l'Impératrice,  la  Maîtresse  des  Vierges, 
Dans  les  cieux  vous  êtes  placée  près  de  la  Trinité  ; 

En  votre  corps  sans  aucun  doute  II  est  venu  par  amour 
Rendons  grâce  à  la  Dame...  [pour  nous 

243  Donc,  ô  douce  Marie,  priez  avec  ardeur 

Pour  les  pécheurs  ;  ne  laissez  personne  dans  l'affliction. 
Quand  le  Dieu-Homme  est  venu  nous  racheter  de  peine  : 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 


à 


Anciens  Noels  bretons.  5  3 


237  Guerches  plesant  santel,  dyheuel  eo  guelet 
Allas  !  an  Map  bihan  e  bout  aman  ganet 
Ez  ^  un  merchaucy  vil  maz  aedy  an  mylet  ! 
Trugarez  an  Ytron,,. 


'o^ 


238  En  Templ  gant  Symeon  dan  Ytron  raesonnet, 
Pan  voe  douguet,  hep  mar,  enffa  voe  lauaret 
Gant  an  clezeuff  a  ceuz  he  calon  esteuzet  : 
Trugarez  an  Ytron... 


*&■• 


239  Goude  an  profecy  a  voe  peur  achyuet, 
E  menez  Calvary  pan  voe  crucifiet 
Eno  ez  prenas  oll  quement  a  yoa  collet  : 
Trusarez  an  Ytron... 


'&' 


240  Eno  guir  Roue'n  nouar,  lion  car  a  Nazaret, 
A  gouzavas  anquen  euyt  dazpren  an  bet; 
A  poanyou  infinit  hon  genre  acuytet  : 
Trugarez  an  Ytron... 

241  Ytron,  Rouanez  guen,  an  goulen  a  menhet 
Digant  hoz  Map  Jésus,  ne  vyhet  refuset  ! 

Guen  hon  bet  en  bet  man  pan  voe  heman  ganet  ! 
Trugarez  an  Ytron... 

242  Chuy  en  Impalaezres,  Maestres  an  guercheset, 
En  effaou  ez  ouch  din  e  quiffin  an  Drindet; 

En  hoz  corff  hep  nep  mar  ez  deuez  dre  hon  caret  : 
Trugarez  an  Ytron... 

243  Rac  se,  clouar  Mary,  a  devry  supliet 
Euit  an  pecherien  ;  na  list  den  sourprenet, 

Pan  eo  deuet  Doue  ha  den  don  dazpren  a  penet  : 
Trugarez  an  Ytron... 


I .   Liser  en. 


54  H.  de  La  Villemarqué. 

244  O  Marie,  quand  viendra  le  jour  de  notre  mort  dans  ce 

[monde, 
O  Vierge,  ô  Reine  bénie,  par  la  prière  que  vous  ferez  : 
A  votre  Fils  Jésus,  excusez-nous,  s'il  vous  plaît 
Rendons  grâce  à  la  Dame... 

245  Priez  surtout,  Madame,  pour  les  Bretons, 

Afin  qu'en  Bretagne  ils  tiennent  bon  à  leur  Foi,  à  leur 

[Loi  toujours; 
Oui,  priez  Dieu,  le  Roi  du  monde,  de  nous  garder  de  péril! 
Rendons  grâce  à  la  Dame  qui  a  été  l'instrument  de  son 

[avènement. 


XIX  ^ 

246  Chantons  Noèl  !  Noël  !  Noël  ! 

A  cause  de  Gabriel,  quand  il  révéla 

Que  le  Dieu  du  Ciel  était  conçu,  [remède. 

Dans  le  sein  de  la  Vierge  pure  qui  nous  porta 

247  Sans  nulle  douleur  elle  enfanta 
Dans  la  vile  demeure  d'un  âne 

Notre  vrai  Roi  charmant,  sans  eau  ni  feu, 
Jésus  lui-même  sur  du  foin. 

248  Hélas  !  de  la  fin  au  commencement 
Le  Seigneur  souffrit  de  grands  maux  ; 
Depuis  sa  naissance,  soyez-en  sûrs. 

Il  ne  fit  qu'endurer  la  peine. 

249  Le  ciel  et  la  terre  brillèrent 
Quand  vint  le  Messie,  c'est  certain; 
Et  dans  un  beau  nuage  se  leva 
Une  grande  étoile,  je  vous  l'affirme. 

1 .   Sur  l'air  Ave,  fuit  prima  sains. 


Anciens  Noels  bretons.  j  j 

244  Mary,  pan  duy  an  deiz  hon  finuez  voar  an  bet, 

Guerches,  Rouanes  guen,  dren  peden  ha  mennet 
Hac  ouz  ho  Map  Jésus,  haetus  hon  excuset  : 
Trugarez  an  Ytron... 

245  Ha  !  suppHet,  Ytron,  euit  an  Bretonnet, 

Maz  dalchint  ferm  en  Breiz  ho  Feiz,  ho  Reiz  bepret  ; 

Pedet  Doue,  Roue  an  tyr,  ouz  piril  don  myret  ! 
Trugarez  an  Ytron  so  moyon  de  donet. 


XIX  ^ 

24e  Quenomp  Nouel  !  Nouel  !  Nouel  ! 

Da  Gabriel  pan  reuelas 
Bezaff  Doue  an  enff  conceuet. 
En  Guerches  net  hon  remedas. 

247  Hep  nep  poan  houman  a  ganas 
En  abry  dyfflas  un  asen 

Hon  guir  Roue  flour,  hep  dour  na  tan, 
lesu  e  hunan  voar  an  fouen. 

248  AUas  !  a  dyuez  da  dezraou 

En  deffou'en  Autraou  poanyau  bras  ; 
A  pan  voe  ganet,  bezet  sur, 
Nemet  laiir  ne  enduras. 

249  An  enff  an  douar  a  paras. 
Pan  deuez  Messias,  a  tra  sur  ; 
Hac  en  coabren  brauff  ez  sauas 
Vn  steren  bras,  nie  hoz  assur. 

I .   Voar  ton  Ave,  fuit  prima  salus. 


5 6  H.  de  La  Villemarqué. 

250  Pendant  treize  jours  de  grands  Rois, 
[Venant]  de  très  loin,  s'avancèrent  religieusement; 
D'Orient  ils  venaient  joyeux, 

Sans  mentir,  pour  voir  Notre  Seigneur. 

251  Pour  offrir  de  riches  présents 

A  leur  vrai  Roi,  comme  bienvenue 
Vinrent  ensemble,  n'en  doutez  pas. 
Ces  trois  Rois,  trois  amis  aimables. 

252  Jésus,    sur  la  croix  nous  racheta  tous 

Et  sages  et  fous,  de  peur  que  nous  ne  fussions 
Afin  de  nous  tirer  de  peine.  [perdus, 

Il  était  temps  que  l'homme  fût  racheté. 

253  Au  nom  de  Jésus,  [faites]  l'aumône  ! 
Donnez  aux  pauvres  affligés  ; 
Pendant  sa  vie,  voyez-vous.  Dieu  était  • 
Dans  la  pauvreté,  selon  le  monde. 

254  Jésus,  un  jour,  rendra  promptement 

A  chacun  plus  que  ce  qu'il  aura  donné. 
Prions  tous  Dieu,  le  vrai  Roi  de  la  terre, 
De  nous  faire  grâce  débonnairement, 

255  Les  gens  du  Léon,  Bretons, 

Vrais  catholiques,  au  premier  [chef], 

Quand  ils  trépasseront. 

Je  vous  prie,  Roi  du  Ciel,  de  leur  ^  pardonner. 


XX  ^ 

256  Noël!  chantons  saintement,   maintenant,    peuples  de  la 
Par  dévotion  et  d'un  cœur  pur,  [terre, 

1 .  Littéralement  de  nous. 

2.  Noël  dont  l'air  est  populaire. 


Anciens  No'éls  bretons .  J7 

250  Tryzec  deiz  an  Rouanez  bras 
A  marchas  a  pell  bras  ha  saou  ; 
Dyouz  Orient  ez  deuent  haut 

Da  guelet,  hep  faut,  hon  Autraou. 

25 1  Da  proft  offrancc  ha  chevancçaou 
Do  guir  Autraou,  de  dezraou  mat, 
E  deuez  parfet,  na  lequet  mar. 
An  Try  Roue,  try  car  hegarat. 

252  Jésus  en  croas  hont  ^  prenas  oU, 
Ha  fur  ha  foU,  na  vemp  collet, 
Huit  hon  dianc  a  anquen. 
Mail  voa  da  den  bezaffprenet. 

253  En  hano  Jésus,  an  alusen  ! 
Reyt  dan  peuryen  so  anquenet; 
Doue  a  voe,  chetu,  e  buhez 
En  paurentez  heruez  an  bet. 

254  Jésus  un  dro  a  rento  pront 
Da  pep  an  tu  hont  e  bontez. 
Pedomp  oll  Doue,  guir  Roue'n  nouar, 
Da  reift  deomp  clouar  trugarez  : 

255  An  pobl  a  Léon,  Bretonet, 
Guyr  catholiquet,  da  quentaff. 
Pan  a  hint  scaff  da  anaffon, 

Moz  pet,  Roue'n  Tron,  don  pardonaff. 


256  Nouel  !  quenoni  glan,  breman,  pobl  an  bet, 
Dre  deuotion  hac  a  calon  net, 

I  .   Lisci  hon. 

2,  Nouel  pe  ahynnyan  to  so  commun. 


58  H.  de  La  Villemarijué. 

Puisqu'il  vient  de  naître  le  Roi  du  monde  —  la  belle 

[condition  !  — 
OMarie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles!' 

257  La  glorieuse  Marie,  par  l'effet  de  la  grâce, 
Fut  conçue  corps  et  âme 

Sans  aucun  péché  ;  il  n'y  a  pas  besoin  de  garant  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

258  Adam  par  sa  grande  faute  mérita  un  châtiment, 

A  cause  de  la  pomme  fatale,  au  peuple  de  ce  monde 

Où  nous  étions  unis  par  beaucoup  de  soupirs  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

259  Certes,  par  Marie  nous  sommes  heureux; 
Elle  a  enfanté  le  beau  Roi  du  monde  ; 
Nous  avons  donc  lieu  de  nous  réjouir  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

260  Joachim,  l'homme  excellent,  fut  son  père  selon  la  nature; 
Anne  avec  beaucoup  de  joie  l'enfanta  assurément  : 
Nulle  personne  aussi  pure  qu'elle  ne  fut  créée  jamais  : 
OMarie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

261  Quel  ardent  amour  a  ressenti 

Pour  nous  Dieu,  le  Roi  de  la  terre,  pour  être  descendu 
Dans  une  fille  d'une  virginité  parfaite  sans  nul  doute; 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

262  A  des  gens  d'honneur,  à  une  famille  de  bergers, 
A  ceux-là  il  fut  annoncé  par  l'Ange 

Que  le  Roi  du  monde  était  né  —  grâce  en  soit  rendue  ! 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  de  bonnes  nouvelles. 

263  Et  sans  fliute  dans  l'étable  certes  avec  Marie 

Ils  trouvèrent  né  le  Roi  du  monde,  qui,  soyez-en  sûrs, 

I ,    Allusion  au  vœu  du  duc  de   Bretagne,  Jean  de   Montfort,  à  Notre 
Dame  de  Bonnes  nouvelles  (1364). 


Anciens  Noëls  bretons.  59 

Pan  eo  s;lan  s,inet  Roe'n  bet  —  caezret  stat  !  — 


&* 


Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

257  Mary  glorius,  dre  gratiustet, 

Ha  corff  hac  eneff  a  voe  conceuet 
Hep  bech  a  pechet;  ne  fel  quet  cretat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

258  Adam  gant  blam  bras  a  deloezas  poan, 
Dr'en  aual  calet,  da  pobl  an  bet  man 
Maz  edoamp  un  moan  en  cals  huanat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

259  Gant  Mary,  sigur,  ny  so  eurus; 

He  deues  ganet  Roue'n  bet  quenedus, 
Maz  dleomp  hetus  en  em  joayushat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

260  Joachim,  den  prim  mat,  voe  he  tat  natur; 
Anna  gant  joa  bras  he  ganas  assur; 

Nep  den  he  quent  pur  sigur  ne  furmat  ; 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

261  Strivant  carantez  en  deues  bezet 

Ouz  omp  Doue,  Roue'n  glen,  e  bout  disquennet 
Gant  merch  dre  guerchdet  parfet  hep  cretat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

262  Tut  plen  a  enor,  cosquor  pastoret 
Deze  gant  [an]  Eal  ez  voe  reuelet 
Bezaff  glan  ganet  Roe'n  bet,  bezet  sur^  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

263  En  presep  hep  sy  gant  Mary  sigur 

Ez  quetsont  ganet  Roue'n  bet,  bezet  sur. 


I .   Peut-être  faut-il  lire  grat  à  cause  de  la  rime. 


6o  H.  de  La  Villeinarcjiié. 

Etait  plein  de  misères  pour  nous  guérir  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

264  Trois  rois  d'Orient  sans  défaut 

Se  rencontrèrent  au  milieu  d'un  carrefour 

Cherchant  en  toute  hâte  Dieu  le  Roi  des  saints: 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

265  Joseph  qui,  de  fait,  était  son  vrai  mari 
Etait  sûrement  empressé  près  d'elle, 
Ayant  foi  en  elle  et  la  respectant  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

266  Poursuivant  leur  route  avec  ardeur  et  amour, 

Au  bout  de  treize  jours,  selon  leur  désir  les  trouvèrent 

Les  Saints  Rois,  sans  être  en  retard  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

267  Hérode,  aussitôt  qu'il  sut  [la  nouvelle]  (?) 
Invita  les  trois  [rois]  à  venir  le  voir  chez  lui, 
Après  les  avoir  renvoyés  libres,  étonné  du  cas  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

268  Les  Trois  Rois  aidèrent  puissamment  le  Dieu-Homme 
Avec  de  l'or,  de  la  myrrhe  et  de  l'encens,  apporté  géné- 

[reusement, 
Dont  ils  venaient  pieus^m:nt  lui  faire  hommage: 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

269  Ils  n'avaient  tous  trois  d'autre  guide 
Qu'une  étoile  qui  se  montra  en  plein  Ciel  ; 

Elle  leur  permit  de  venir  trouver  le  Fils  de  Dieu  le  Père; 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

270  II  n'en  tant  pas  douter,  il  était  malade  d'envie 
Le  roi  Hérode,  il  était  plein  de  dépit 

De  ce  qu'ils  étaient  venus  tous  trois  chercher  leur  Sauveur. 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 


Anciens  Noéls  bretons.  6i 

Leun  voa  a  laûr  euyt  hon  curât  : 
Mary,  chuy  byaou  reifF  quehezlaou  mat. 

264  Rouanez  hep  sy  try  dioux  Orient 
Voe  en  em  caffas  en  creis  un  croassent 

Oz  clasq  Doue  Roue'n  sent  hep  nep  fent  quentrat  : 
Mary,  chuy  byaou  reifiF  quehezlaou  mat. 

265  Joseph  gant  effet  he  priet  detry 
A  veze  strivant  suramant  ganty 

Oz  douen  feiz  dezy  hy  ha  he  bryhat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 

266  Ouz  poursiff"  stryvant  gant  choant  carantez, 
Ez  queffsont  choantec,  da  pen  trizec  dez, 
Glan  an  Rouanez,  hep  bout  dyuezat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 

267  Herodes,  presant  euel  maz  santas, 
De  guelet  de  ty  try  a  covyas  ; 
Dilacc  ez  caccas,  dan  cas  abassat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiffi"  quehezlaou  mat. 

268  An  Try  Roue  Doue  [den]  plen  a  soutenas 
Gant  aour,  myr,  esancc,  gant  un  avance  bras, 

Maz  deuzont  dinoas  dezaff"  da  goassat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 

269  No  deff"oue  ho  try  quen  occasion 
Nemet  un  steren  a  deuez  cren  en  Tron  ; 
Honnez  vou'en  moyen  da  clasq  Map  Doue'n  Tat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 

270  Ne  fell  quet  douetaff",  claff"  voe  gant  auy 
An  Roue  Herodes,  dre  fin  frenezy 

Ho  bout  deuet  ho  try  da  clasq  ho  Siluat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 


62  H.  de  La  Villemarijiié. 

271  A  Bethléem  donc  avec  la  douce  Marie 

Ils  trouvèrent  né  le  Roi  du  monde,  n'en  doutez  pas, 

Dans  l'étable  vers  laquelle  ils  avaient  été  guidés  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

272  Ils  étaient  épuisés  par  l'angoisse  et  la  peine,  en  chemin, 
Cherchant  le  Roi  des  astres,  comme  ses  amis  ; 

Or,  par  leur  savoir,  ils  arrivèrent  bien  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

273  Au  sommeil,  pendant  le  chemin,  oui,  sachez-le. 
Tous  trois  se  livrèrent  fatigués. 

Ayant  été  décidé  d'abord  qu'ils  perdraient  leur  sang  : 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

274  —  «  O  Rois,  soyez  prompts,  changez  de  chemin  », 
Leur  fut-il  dit  doucement  par  l'Ange, 

«    Devant  vous  qui  êtes  les  premiers  amis  du  Roi  des 

[Saints  :   » 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

275  «  Dans  la  maison  d'Hérode  on  est  en  fureur, 
Et  si  vous  y  allez,  hélas  !  vous  serez  tués.  » 
Et  alors  tous  les  trois  s'éloignèrent  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

276  Ainsi  fut-il  fait  :  il  fut  ordonné  tout  de  suite 
Qu'on  recherchât,  qu'on  tuât,  qu'on  massacrât  tous 
Les  petits  enfants  pour  trouver  notre  père  chéri; 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

277  Peuples,  écoutez  bien  les  paroles: 
Marie,  sans  obstacle,  alla  en  Egypte, 
Et  son  fils,  n'en  doutez  pas,  fut  sauvé  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 


Anciens  Noëls  bretons.  6j 

271  En  Bezleem  hep  mar  gant  an  goar  Mary 
Ez  quefsont  ganet  Roue'n  bet,  na  gret  sy, 
En  presep  en  ty  dy  ho  covyat  ; 

Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

272  Scuiz  voant  gant  ancquen  ha  sourpren,  en  hent, 
Oz  clasq  Doue  Roue'n  ster,  evel  e  querent, 

Ha,  dre  ho  squient,  ez  deuent  en[t]mat: 
Mary,  chouy  byaou  reifF  quehezhiou  mat. 

273  Cousquet,  a  het  hent,  hep  fent,  ententet, 
A  gresont  ho  try  hac  y  castyset, 

Rac  dehberet  voa  ez  collsent  goat  : 
Mary,  chouy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 

274  —  «  Rouanez,  hezit  ^  escuit,  chenchit  hent  !  » 
Emez  voe  an  Eal  vuhel  euel  quent  : 

«  Rac  chuy  so  querent  da  Roue'n  Sent  quentrat  :  » 

Mary,  chuy  byaou  reiff"  quehezhiou  mat, 

275  «  En  ty  Herodes  ez  eux  frenesy. 

Ha,  syouas!  lazet  vyhet  mar  det  dy.  » 

Ha  neuse  ho  try  ez  dispartiat  : 

Mary,  chuy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 

276  Neuse  ez  voe  gret  :  ordrenet  seder 
Ez  vyze  lazet,  clasquet,  muntret  scier 

An  mybyen  tener  da  clasq  hon  quer  Tat  : 
Mary,  chouy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 

277  Fier  an  gueryaou,  tudaou,  sezlaouit  : 
Mary  dyampeig  a  iez  en  Egypt; 

He  map,  na  goapeyt,  voe  a  acuytat. 
Mary,  chouy  byaou  reiff"  quehezlaou  mat. 


1 .  Lisez  berit. 


64  H.  de  La  Villemarqué . 

278  Là  demeura  sept  années  entières  assurément 
Jésus,  le  fils  de  Dieu  le  Père,  comme  il  convenait. 
Sans  aucune  faute,  on  le  conçoit,  honorablement,  avec 

[gloire: 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

279  Beaucoup  de  peines  et  de  profondes  afflictions,  à  cause  de 

[notre  méchanceté, 
Souffrit  le  Roi  du  monde  ;  croyez-le,  sans  nul  doute. 
C'est  à  cause  de  nous  qu'il  fut  déchiré, 
O  Marie^,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles, 

280  Jésus  par  pitié  [pour  nous]  et  par  grand  amour 
S'étendit  affreux  sur  la  croix  de  bois; 

Joyeux  de  nous  racheter  au  prix  de  tout  son  sang  : 

O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 

281  Gens  religieux,  chantez;  alerte!  et  livrez-vous  à  la  joie, 
Car  il  est  né  le  saint  Roi  du  monde,  oh  !  la  belle  raison  de 
Pour  notre  salut  il  s'est  livré  à  l'orage  :  [se  réjouir! 
O  Marie,  il  vous  appartient  de  donner  les  bonnes  nouvelles. 


XXP 

282  Noël  !  Avec  une  foi  droite,  en  cette  occasion 
Chantons  tous  ensemble 

[Un  cantique]  au  petit  Enfant  nouveau  né  : 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

283  Le  petit  Enfant  glorieux 

Est  né  à  Bethléem,  n'en  fliites  doute. 
Comme  cela  avait  été  prédit  : 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

I .   Noël  sur  l'air  Chris feRedemptor. 


Anciens  No'éls  bretons. 

278  Eno  ez  chômas  seys  bloaz  bras  assant 
Jesu,  Map  Doue'n  Tat,  dereat  vatant, 
Hep  blam  suramant,  révérant,  gant  stat  : 

Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

279  Cals  doan  ha  poan  don  dre  hon  fellony 

En  deffoue  Roue'n  bet;  credet,  hep  quet  sy, 
Pahimour  deomp  ny  voe  en  goulyat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

280  Jesu  dre  truez  ha  quarantez  bras 
Dyfflas  en  croas  pren  en  em  astennas; 
Lauen  hon  prenas  her  dre  padas  goat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat. 

281  Tut  deuot,  notyt;  escuit!  ha  gryt  fest, 
Pan  eo  glan  ganet  Roue'n  bet,  caezret  test  ! 
Palamour  don  test  en  em  tempestat  : 
Mary,  chuy  byaou  reiff  quehezlaou  mat'. 


XXI  ^ 

282  Nouel  !  Dre  feiz  reiz,  an  guez  man 
Quenomp,  commun,  guytibunan. 
Dan  Map  byhan  neuez  ganet  : 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 

283  An  Mabyc  byhan  damany 

En  Bezleem  ganet,  na  gret  sy, 
Drez  voa  devry  proficiet  : 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 

I .   Nouel  voar  ton  Christe  Redemptor. 
Revue  Celtique,  XL 


6G  H.  de  La  Vdkmarqué. 

284  D'une  douce  fille  nommée  Marie 
Il  naquit  pur,  assurément, 
Pour  être  cruellement  crucifié  : 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

285  Et  sa  virginité  elle  l'a  gardée  sainte, 
Aussi  pure  que  la  neige,  cette  fille; 
Quoiqu'elle  ait  enfanté  Celui-ci  : 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

28e  Dans  une  écurie,  dans  la  firoidure, 

Est  né  notre  Roi  Dieu  et  homme. 
Sans  qu'elle  souffrît  aucune  douleur: 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

287  C'est  pour  nous  racheter  promptement, 
Pour  acquitter  notre  dette  et  la  payer. 
Pour  nous  racheter  dès  la  première  heure 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

288  II  est  né  de  Marie,  notre  ami; 
Parlons  de  sa  bonté,  à  elle. 

Que  le  Roi  du  Ciel  soit  remercié  ! 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

289  Prions  Celui-ci,  le  saint  divin, 

Et  sa  bonne  mère,  la  douce  Marie, 
De  nous  rendre  tous  glorieux. 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 

290  Ayez,  Marie,  la  charité 

De  prier  Dieu,  le  vrai  roi  du  Ciel, 
Pour  la  Dame  des  Bretons!  ^ 
Noël  vient  nous  rendre  visite. 


(A  suivre.) 


i.   Anne  de  Bretagne  (1488-15 14). 


Anciens  No'els  bretons.  67 

284  A  un  merch  goar  hanuet  Mary 
Ez  voe  ganet  net,  a  detry, 

Da  bout  devry  crucifiet  : 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 

285  Ha  de  ^  guerchdet  so  chomet  glan 
Quen  pur  han  erch  gant  an  merch  man, 
Euyt  Heman  da  bout  ganet  : 

Nouel  e  quentel  don  guelet. 

28e  En  marchauzy,  en  iennien, 

E  ganat  hon  Roue  Doue  ha  den, 
Ne  deffoue  plen  anquen  en  bet  : 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 

287  Euyt  escuyt  hon  acuitaff, 
Lamet  hon  die  hac  e  paeaff, 
Don  acuytaff  an  quentaff"  prêt  : 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 

288  Ganet  eo  hon  car  gant  Mary  ; 
Conmsomp  madelez  a  nezy. 
Roue'n  velly  ra  ve  gratiet  ! 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 

289  Pedomp  Heman  glan  damany, 
E  mam  hegar,  clouar  Mary, 
Don  ober  ny  glorifiet: 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 

290  Hoz  bet,  Mary,  deuotion 

Da  pidiff  Doue,  guir  Roue  an  Tron, 
Euyt  Ytron  an  Bretonnet  ! 
Nouel  e  quentel  don  guelet. 


I .   Liseï  he 


I 


NOTES 

ON 

WELSH    CONSONANTS 

BY   DR.    M.    NETTLAU 
(Suite  I) 


//. 

75.  On  the  pronunciation  of  the  unilatéral  Welsh  11  see 
Salesbury,  1547  and  Ellis  notes  to  his  description;].  D.  Rhys, 
Granim.  1592,  p.  24:  linguae  maiore  cuspidis  parte  in  eam 
palati  regioncm,  quae  primoribus  dentibus  iisque  supernis  vi- 
cina  est,  valido  nisu  impulsa,  ita  intérim  parce  diducto  rictu, 
ut  obscuram  quandam  rotunditatem  prae  se  ferat,  ac  quodam 
deinceps  veluti  ex  anserum  serpentumque  quasi  sibili  commix- 
tione  veluti  per  crasin  constituto  halituose  densissimo  bruti- 
noque  sono  et  per  maxillares  dentés  utriusque,  verum  magis 
dextrorsum,  operoso  conatu,  emisso;  L.  Morris,  Celtic  Rcinains, 
p.  Ixxv;  Rhys,  YC.  II,  p.  34;  Sweet,  p.  48.  On  the  différent 
signs  used  in  the  B.  of  Herg.  and  in  other  Mss.  to  dénote  11 
and  1  -|-  1  see  Evans,  intr.  to  the  Oxford  Mah.,  p.  xv. 

76.  thl  is  often  used  by  médiéval  English  scribes  to  dénote 
the  Sound  of  11  and  it  is  still  said,  that  EngHshmen  are  under 
the  impression  to  hear  thl  for  11.  Cf.  the  index  to  the  Record  of 
Carnarvon  (see  Zeuss-  p.  1063);  Arch.  Cambr.  I,  i,  p.  105 
Penthlinn,  Thlintegid  (H  2);  I,  2,  p.  244  Thloyt,  Thlewelyn 

i.  Voir  t.  IX,  p.  164;  t.  X,  p.  105. 


Notes  on  Welsh  Consonants.  69 

(1343);  I,  4,  p.  134  cantredus  de  Thleen  (9E2  =  Lleyn)  ; 
insula  Enthli,  Gir.  Cambr.  VI,  p.  124;  Cadewalthan  see§  66  ; 
Maghentleyt  (Machynlleth)  etc. 

77.  th  is  said  to  be  a  dialectal  (Gwentian)  pronunciation 
of  11;  in  the  examples  which  I   am  going  to  quote,  r,  1  or 

II  occur  in  the  neighbouring  syllables  ;  hence  I  am  unable  to 
say  whether  dissimilation  took  place  or  whether  a  real  change 
of  sounds  must  be  stated.  Cf.  Schuchardt  in  Keltische  Briefc, 
Allg.  Zeitung,  1876,  p.  2323  b:  11  becomes  th  in  Monmouth- 
shire  from  Penmarc  and  Llandunod  until  Gwentlwg  (thèse 
boundaries  are  given  in  the  Cambr.  Journ.  IV,  p.  207);  he 
quotesarath;  cf.  in  a  text  from  Ebbw  Vale,  Monmouthsh.,  pi. 
erish  and  erith  =  erill,  sing.  arall,  Punch  Cymraeg  Nr.  28, 
29  ;  cylleth  for  cyllell  is  more  generally  spread,  cf.  Y  Beirniad 

III  (1862)  p.  344  pi.  cyllith  ;  S.  C.  III  p.  603  cyllith;  arath  Yr 
Ariu.  30.  10.  1859. 


c,    CH,    G    T,    TH,    D,    DD,    S,    H    —    P,    PH,    B,    F,    FF. 

78.  Before  discussing  some  flicts  relating  to  the  sundry 
guttural,  dental  and  labial  consonantsi  will  give  examples 
of  the  apparent  «  provectio  »  of  g,  d,  b  in  a  part  of  the 
Gwentian  dialect,  vie.  intheeasternpart  ofGlamorganshire  and 
in  Monmouthshire.  Some  intelligence  of  the  phonetic  side  of 
this  fact  may  be  gathered  from  Rh^'s,  lectures^  p.  45,  who 
quotes  oti  (ydyw),  ffetog  (arphedog),  gatel  (gadael),  retws 
(rhedodd)  and  who  describes  the  t  as  a  «  t  somewhat  softened 
towards  d  ». 

79.  In  modem  'exts  from  Monmouthshire  and  such  parts 
of  Glamorganshire  in  which  e  in  final  syllables  becomes  a 
(see  Beitr.  §  51,  5)1  hâve  found  :  rytag  (rhedeg),  Y  Geninen 
III,  p.  19;  from  Pyle,  Glamorgansh.  :  wettaf,  a  wetsoch  chi, 
gwettwch  (dywedaf  etc.  ;  gwedaf  is  SouthW.),  crettu,  cy- 
ffretin,  mi  wettav  rhaccor  (rhagor,  more;  in  NorthW.  rhagor 
means  :  différence,  cf.  Ll.  y  Resol.  NorthW.  rhagor  =  gwaha- 
niaeth;  h\  SouthW.  it  means:  more,  cf.  rhagor  =  ychwa- 


70  Nettlau. 

neg,  more,  in  some  parts  ot  SouthW.,  Richards  dict.;  Hu- 
ghes 1822  :  SouthW.  rhagor  —  NorthW.  chwaneg),  accor 
(agor),  Y  Giuladfiarwr  15,  9,  1860.  gwetwch,  fi  weta  chi, 
wetas  I,  otuch  I  (=  ydych  chvvi),  otus  (ydys),  wetyn  (wedy 
hyn),  precath  (pregeth)  Y  Tyiu.  a'r  G.  I,  p.  93,  118).  From 
Mynnyddyslwyn,  Monmouthsh.  :  y  wetsochchi,  pleto  (to 
plaid),  afnatyw  (ofnadwy),  otw;  dyscedicion  VIII,  p.  106,  yn 
acos  nac  ym  mhell  Y  Bed.,  X,  p.  9  (185 1);  weti,  gwetws,  \ve- 
todd,  otw,  otich  chi,  os  to  fe  (oes  do  fe),  Punch  Cymraeg  Nr. 
28,  29.  —  In  Neath  :  gwascarog,  hircîl,  catw,  ipt.  âcor: 
agôrwch,  fe  agorws,  llwtwn  (:dwr:  dyfwn),  satwn  (sadwrn), 
plur.  ailota,  sylwata,  cymeriata,  blota,  brotyr;  dyletus;  dera 
gyta  fi  (Aberdare:  dera  geno  i)  ;  trucan  (60),  jocal  (diogel,  like 
jofadd  =  dioddef),  etc. 

80.  It  is  not  easy  to  trace  this  pronunciation  in  Mss., 
since  I  know  nonc,  which  may  be  attributed  with  certainity 
to  tljis  section  of  the  Gwentian  dialect;  the  many  orthographs 
of  suffixes  with  tenues  (-oc  -ic  etc.),  which  occur  in  later 
Mss.  may  folio w  the  middleWelsh  orthography  (-awc,  -ic,  etc.). 
So  I  can  only  give  with  some  hésitation  the  following  forms 
from  a  Gwentian  tcxt,  written  late  in  the  i6thcent.  and  in  an 
often  ahxiost  phonetic  orthography  of  which  I  hâve  already 
given  many  examples,  namely  Addit.  Ms.  24921  :  redec, 
rydec,  hydec,  drwc,  rvwoc,  bwoc  (bywiog),  heboc,  kafoythoc, 
cyffoythoc,  grafayloc,  mârchoc,  mwnwc,  chydic,  arferredic, 
o  bledic  (=  o  blegid),  yn  amlwc,  golwc,  diskwyl,  diskwl, 
yskawn  (ysgafn),  yskwydd,  yskwydde  (ph),  katw  f.  55  b  (yn 
kad  f.  43  b).  This  Ms.  shows  otherwise  no  prédilection  for 
historié  orthography  and  so  thèse  forms  may  really  tend  to 
express  a  local  différence  from  ordinary  Welsh  in  the  pronun- 
ciation of  thèse  sounds. 

8  r .  I  will  also  mention  hère  thèse  cases  of  «  provectio»  occu- 
ring  in  the  oldest  middlewelsh  Mss.,  to  which  Evander  Evans, 
studics  in  cymric  philology  §  11  first  drew  attention.  «  Provec- 
tio »  of  the  mcdiae  after  final  voiceless  consonants  in  the  pre- 
cymric  period  is  a  phenomenon  tully  developed  in  Cornish 
and  in  Breton  ;  therefore  a  ncarer  discussion  of  the  Welsh 
examples  can  be  dispensed  with  hère.  In  the, Ms.  A  of  the 


Notes  on  Welsh  Consonants.  71 

Venedotîan  Code  occur:  yn  keuuc  ac  ekaller  p.  6,  hyd  ekallo, 
eckeyll  p.  48,  e  keill  p.  79,  e  kyrryr  p.  125  (yd  occurs  in  the 
old  poets  also  before  consonants,  «  infecting  »  however,  where 
it  lias  been  later  superseded  by  y  not  altering  the  following 
consonant);  o  keyll  e  dyn  hunnu  prouy  p.  13  (oc?,  see 
Bcitr.  §  56;  o  aspirâtes  the  tenues);  vrht  kerru  p.  79,  cf.  corn, 
ow  tybbry,  in  edendo,  Zeuss.  Gr.  CcJt.  -  p.  146;  peht  peccan 
p.  58,  peth  peccan  ib.;  ac  naskouenhop.  394,  oskouyn  p.  397 
(inserted  pronoun).  cf.  bei  yscuypun  arvn,  B.  of  Cann.  Nr. 
26;  the  following  cases  are  not  so  clear  :  en  e  kocled  p.  50, 
gur  or  kocled  p.  50,  kan  bu  quell  kanthau  ef  p.  60  (cf.  ko- 
quinyat  =  cychwyniad  p.  61),  en  kerru  p.  65 .  —  B.  of  Herg. 
col.  1163  y  du6  y  tiolchaf  (=  y(d)  diolchaf)  —  dewin  plant 
adaf  —  oe  donyeu  cuplaf  —  euraf  eryr,  in  a  poem  said  to  be 
bylustusllwyt.  Ms.  S:  ac  nystyly  y  vab  f.  82a,  kytt  asscofynho 
gôedy  hynny.  ny  6rennde6ir,  f.  19  a;  Ms.  Cleop.  B.  j:  Ar 
dynhyat  y  gledyf  y  pygythia  y  dwircin,  f.  67  a. 

82.  The  only  later  example  of  a  provective  influence  of  a 
final  consonant  upon  a  following  initial  one,  of  which  I  am 
aware,  is  yll  tau  for  yll  ^au  (both),  cf.  Ms.  O  yllteu  (Owen, 
Laws  p.  299),  Ms.  les  Coll.  141  illtav  f.  27  b,  34  a,  illdav, 
illtau  f.  61  a;  a  hwy  vyont  yll  tai  etc.,  Ll.  Achau,  1604  p.  16 
(yll  dau  p.  17). 

c    rh    <y 
''j  '-'•'5  ^' 

83 .  C,  g,  ch  are  in  some  parts  of  Wales,  especially  in  the 
Powysian  dialects  palatalised  betore  slender  vowels  ;  thus  e.  g. 
cienedl  (cj^nedl),  is  given  as  the  pronunciation  ofcenedletc. 
As  to  a  palatal  pronunciation  of  other  consonants  I  hâve 
nowhere  found  it  mentioncd,  which  I  do  not  wonder  at, 
since  even  the  palatalisation  of  gutturals  is  not  expressed  in 
Mss.  Exception  must  be  taken  of  two  instances  obscure  to  me  : 
miawn  and  biachu  (since  the  I7th  cent.),  bachgian  and  ugian 
are  somewhat  wider  spread,  occuring  also  in  venedotian  dia- 
lects (bachgen  and  ugain).  They  help  perhaps  to  fix  the  time  of 
the  palatalisation,  for  this  altération  probably  took  place,  when 
e  (bachgen  and  ai,  pronounced,  e,  in  ugain)  had  not  yet  be- 


72  Neitlau. 

corne  a  in  final  syllables,  as  they  did  in  the  modem  Venedotian 
dialects. 

84.  In  Y  Tracth.  III  p.  8  examples  of  ci,  gi  (cj,  gj)  before 
a,  e,  i,  u  are  given  :  cianys,  ciaws,  cienedl,  giair,  giem  (engl. 
gem)  ;  ceirch  is  pronounced  cieirch,  cierch  etc.  ;  in  Dosparth 
£"û?f3v;z  Williams  notes  ciar  (car),  iech,  ieach  (iach)  fromPowys, 
ciear,  iech,  ieach  from  the  dimetian  dialect(?)  perhaps  a  mis- 
take  for  the  Gwentiin  dialect,  since  I  never  found  a  similar 
statement,  but  noted  from  Y  Geninen  III  p,  19  the  Glamor- 
ganshire  verse  :  mae  'mrawd  yn  byw  ar  fara  chiaws  —  a  mi- 
nau  ar  giaws  a  bara.  Sweet  p.  420  says  the  palatal  affection 
of  g  in  basgjad  (basket)  and  bachgjan  in  Carnarvonshire  is 
fully  carried  out  in  Merionethshire  before  stressed  a,  which 
is  however  pronounced  a  in  Powys,  stQ  Beitr.  §  31.  But  he 
gives  also  for  Carnarvonshire  kjastin,  kjaff,  gjard,  gjât  as  the 
dialectal  pronunciation  of  the  respective  English  words 
(casting,  gaff,  guard,  gâte).  In  an  account  on  the  English 
spoken  at  Llanidloes  in  the  Transactions  of  the  Powysland  club 
X,  p.  278  cyart  (cart),  cyap  (cap),  gyarden,  gyarter,  tshyarge 
are  given  ;  c,  g,  to  a  less  extent  Engl.  ch.  before  a  hâve  «  a 
peculiar  pronunciation  by  the  introduction  of  an  intermediate 
Sound  équivalent  to  i  or  y  ». 

85.  From  Carnarvonshire  texts  cf.  Yr  Anv.:  miciyith,  hi 
giyiff,  miciyiff,  mi  giyffo  13,  11,  1856;  cieiniog  11,  12,  56, 
yn  giysio  etc.  ;  pump  ar  igian,  dyigian  17,  7,  56;  machgiani  ; 
trhigjan  (60),  Sweet  p.  415  etc.,  trigiarog  Punch  Cynir.  Nr 
3,  3  (ib.  also  lleidar,  gwyhanu,  pyrgethu  etc.). 

In  older  prints  I  only  found  several  times  ugien,  e.  g.  Cy- 
faill  i'r  Cyinro  ÇPoiuys,  1765)  am  ddeg  ar  hugien  p.  22,  deu- 
gian  p.  41;  arhugiain,  in  the  title  of  an  almanack  printed  at 
Shrewsbury  as  given  by  D.  S.  Evans,  Rev.  Celt.  II,  additions 
to  Uyfr.  s.  a.  1760,  Nr.  71. 

86.  Davies  dict.  has  bachu  latere,  latitare,  in  sinuosas  late- 
bras  se  conferre,  incurvare  se;  biachu  pro  bachu  corrupte; 
cf.  ir.  bacc.  —  He  gives  also  iâch,  vulgo  pro  ach,  to  which 
Lewis  Morris  (Add.  Ms.  14944,  f.  109  b)  adds  :  a  Iach  wen- 
wys  i'ch  wyneb,  from  Sion  Ceri  (1520)  ;  cf.  Add.  Ms.  14881, 
f.  29  b  o  lyfr  iaclryu  Nhegainhl  ;  Stoiuc  Ms.  785   r  Jachan 


Notes  on  Welsh  Consonants.  73 

sydd  yny  llyfr  hwn,  yn  iach  gogerddan,  yn  iach  maes  my- 
nan  etc.  —  miawn  for  mewn,  mywn  is  quoted  from  the  Car- 
narvon  and  Merionethsh.  dialects  by  Williams,  Dosp.  Ed.;  il 
occurs  regularly  in  the  dialectal  texts  (miawn,  miewn,  Yr 
A  nu.  and  in  prose  and  poetical  Mss.  down  from  the  lyth 
century,  written  as  is  shown  also  by  other  signs  in  Po- 
wysian  dialects.  Cf.  e.  g.  Add.  Ms,  31056  miewn  (in  Hancs 
y  Trwstan),  Add.  Ms.  14890  meawn  f.  100  a,  Add.  Ms.  31060 
meawn  f.  67  a,  miawn  f.  4  a,  5  b,  9  a;  Add.  Ms.  15059 
o  feawn  f.  175  a,  miawn  f.  175  a,  176  a;  Add.  Ms.  31058 
miawn  f.  r  18  a  etc.  From  Southern  dialects  cf.  mwn  doi  ne  dri 
mish,  Y  Giuladgarwr,  27,  7,  1861  (ib.  yr  oen  ni,  osgetyn, 
gweid,  wedi  neithir,  en  dysgu,  fe  wedis  i,  y  Uiad,  yr  oil 
(heul),  oboitu,  daw  (mae)etc.,  probably  Eastern  Carmarthen- 
shire  dialect)  ;  mwn  at  Neath  etc.  This  isolated  word  offers 
other  difficulties  which  I  am  unable  to  explain;  mewn  and 
mywn  are  both  fréquent  in  médiéval  Mss.  and  the  loss  of  d 
(dd),  cf.  ir.  mcdhôn,  can  not  be  accounted  for.  The  only 
phonetic  explanation  of  which  I  am  aware  would  be,  to  as- 
sume a  change  of  dd  to  f,  which  occurs  elsewhere;  *medd-n-, 
*mef-n-;  then  the  vowel  after  f  was  dropped  by  the  shifting 
of  the  accent  in  declension  and  *  fn  became  *wn,  like  eofn  : 
ewn;  so  *mef-n-,  *  mefn-,  mewn.  But  I  know  at  the  same  time 
the  improbability  of  such  an  explanation  and  its  chronological 
difficulties. 


87.  In  some  words  initial  tenues  and  mediae  change;  this 
may  partly  hâve  been  brought  about  by  the  influence  offollo- 
wing  consonants  —  an  argument  which  must  be  alwavs  reserved 
until  the  contrary  can  be  proved  from  the  phonetics  of  the  living 
language  —  and  partly,  perhaps  in  most  of  the  cases,  by  the 
.wrong  analogy  of  the  «  infected  »  forms  ;  if  thèse  are  from 
some  reason  or  the  other  prevailing  in  usage  over  the  unin- 
fected  ones,  they  are  likely  to  be  held  for  the  original  forms 
and  are  liable  to  further  «  destitution  ».  Or  in  the  contrary  an 
original  form  is  thought  to  be  a  «  destitute  »  one  and  accor- 


74  Nettlau. 

dingly  an  apparent  «   provection  »,  but  in  fact  only  a  wrong 
reconstruction  took  place. 

88.  Cf.  cosgordd,  gosgordd  rctinue  Sp.  ;  et.  bret.  coscor 
Cath.,  goskôr  Sarzeau,  R.  C.  III,  p.  59.  —  crabinio,  grabinio 
to  grapple,  scramble,  scrape  Sp.  —  craf,  graf  garlic  Sp.  — 
cnawd  vulgo  perperam  pro  gnawd,  consuetum  Davies,  dict.  ; 
—  y  Groesffordd  (croes-ffordd),  n.  1.,  hence  Gresford,  Rhys 
Pennants  Tour  I,  p.  387  n.  —  The  Welsh  pronunciation  of 
English  mediae  as  tenues  is  wellknown  ;  cf.  koblyn  a  goblyn, 
Sal.  dict.  1547,  etc. 

89.  trach,  the  older  form  of  tra  like  chwech  of  chwe  is 
kept  in  the  expression  dramkevyn,  drach  dy  gevyn  etc.  ;  cf. 
YS.  Gr.  drach  dy  geuyn  p.  275.  drach  eu  keuyn  p.  283,  301; 
B.  of  Herg.  drachecheuyn  col.  866;  Add.  Ms.  19709  dra- 
cheukefyn  f.  30  a;  Sal.  A^.  T.  yno  ydd  ymchoelodd  ef  trach 
i  gefyn  f.  26  b;  etc.  ;  besides  thisi  only  know  trach  y  lavnawr, 
behind  his  blade  (a  plural  in-awr),  B.  of  An.,  Gododin  77  and 
oes  tragoes  B.  of  Herg.,  Skene  p.  230,  which  I  saw  mysclf 
written  thus  in  the  Ms. 

90.  chwech  and  chwe  occur  both  since  the  earliest  middle- 
Welsh  Mss.  In  modem  Welsh  some  dialectal  différence  in 
their  use  appears  to  exist,  cf.  Y  Traeth.  III,  p.  8  NorthW. 
chwech;  chwe  llath  —  SouthW.  hwech,  hwech  llath  ;  ib. 
VII,  p.  421  NorthW.  chwe  throed  —  SouthW.  (c)hwech  co- 
syn;  D.  S.  Evans,  llytbr.  NorthW.  chwe  dyn,  chwe  phunt, 
chwephunt,  chwe  chefîyl  —  SouthW.  chwech  d.,  chwech  p., 
chwechpunt,  chwech  c.  —  I  hâve  not  collected  examples 
to  ascertain  in  what  degree  thèse  différences  can  be  traced 
perhaps  in  the  Middle Welsh  Mss.  ;  as  far  as  I  can  see,  exani- 
ples  contrary  to  thèse  rules  can  easely  be  brought  forward. 
Ci".  B.  of  Herg.  chwech  wraged  col.  722  (ni  an  whech  723) 
chwech  marcha6c  690.-  ch6e  meib  655,  a  ch6ethorth  o  vara 
667;  Ms.  A  chue  byu  p.  12,  13,  16,  19;  whe  bu  IV 
(Gwentian  Code)  p.  309;  Ll.  Giu.  Rh.  hwech  cufyd  p.  235, 
yn  chwech  nyheu  p.  290,  etc.  — The  loss  of  chis  to  be  com- 
pared  with  the  loss  of  ch  in  trach,  of  c  in  a  (ac),  o  (oc),  etc. 
by  the  généralisation  of  one  form  of  syntactic  doublets  etc. 

91.  W.    Williams,  called  Caledfryn  says  in  his  grammar 


Notes  on  Welsfi  Consonants.  7  <; 

(2  p.  59),  that  certain  people  use  to  add  ch  to  every  word 
endingin  a  vowel.  He  exemplifies  this  statement  by  the  sen- 
tence :  os  ei  di  i'r  bedd  yn  farwch,  fe  ddeui  i  fyny  yn  fywch. 
To  the  same  kind  of  «  altérations  »  duwch  in  the  exclamation 
duwch  anwyl,  quoted  by  Rhys,  lectures  ^p.  100  seems  to 
belong.  I  known  nothing  further  on  thèse  apparently  addit- 
ional  consonants;  Welshmen  told  me  they  wish  to  avoid  from 
religious  superstition  to  pronounce  words  like  duw  in  thèse  ex- 
clamations in  their  proper  way,  but  this  is  of  course  a  post 
festum  cxplanation  like  the  many  others  every  Welshman  is 
ready  to  give  of  every  tact  occuring  in  his  language. 

92.  g  :  On  g  lost  in  the  interior  of  words  between  vowels 
see  Zeuss,  Gr.  Cclt.^  p.  85,  86,  140,  141  ;  on  ou,  eu  ùom  og, 
ug,  âg  see  Rhys,  Rev.  Celt.  VI  (boreu,  teulu,  meudwy, 
breuant,  OldW.  poulloraur  -ir.  pôlire,  lectures-  p.  67).  Gis 
certainly  lost  in  teyrnas,  brenhin.  Teuyrnas,  breyenhin  and 
breenhin  occur  in  a  few  old  Mss.,  but  g  is  evidently  treated 
otherwise  in  thèse  words  than  in  breuant  where  eu  is  constant  ; 
for  this  the  différence  of  the  accentuation  inay  account.  I  do 
not  think  that  u  in  teuyrnas  is  secondary,  expressing  a  sound 
similar  to  j,  developed  between  the  two  vowels  on  account 
of  the  hiatus.  On  gwaeanwyn,  haearn  and  gwanwyn,  harn 
where  e  is  probably  j  and  takes  the  place  of  an  old  s  see 
below.  —  Gaeaf,  winter,  pronounced  geuaf  could  stand  for 
*gem-af,  *gjem-af,  *tv;?  between  vowels  becoming  eu  and  *ef; 
thus  *gjem  would  be  the  old  stem,  and  the  ending  -af  can  hâve 
been  taken  from  haf,  summer,  cf.  also  the  name  of  the  autumn. 
So  also  daear  may  contai n  the  root  *dem. 

93.  B.  of  Cann.  teyrn  p.  10,  teern  p.  41,  teeirn  p.  41, 
teernet  p.  10,  17,  19,  22,  27,  41,  tyirnet,  p.  7,  tyernet 
p.  39,  teernas  p.  9(2),  tiyrnas  p.  46,  teernon  p.  40.  B. 
of  Tal.  tegyrned  truan  p.  173  (?)  ;  Eutegirn  gr.  Celt.-  p.  85, 
S  =  Add.  Ms.  22356  ù  deùyrnas  f,  61  h,  0  deuyrnas 
f.  71  a,  h  3  a;  yn  deueyrnas(?),  f.  87  a,  teyarnas  f.  i  b, 
13  b.  It  is  true,  eu,  ei  were  pronounced  e  in  the  dialect  of 
S,  see  Beitr.  §  84,  accordingly  teuyrnas  can  be  simply  teyrnas  in 
this  Ms.  Forms  of  teyrn-  inlater  texts  are  e.  g.  teyrnwialen,  tyr- 
nas,  ef  y  dyrnyssa  f.  385  b  (Huet),  teirnas  f.  392  b,  teirnasu 


76  Nettlau. 

f.  392  b,  a  thyrnaswn  (Jeyrnaswn)  f.  378  b,  Sal.  N.  T.; 
ternes,  tyrnas,  teyrnas,  Gr.  Roberts  ;  ternes  Add.  Ms.  14973, 
f.  77  b;  tyrnas  Add.  Ms.  15038,  f.  49  b,  ternas  f.  54  b, 
75  b,  tarnas  f.  50  a,  76  b;  see  Beitr.  §  49.  tarnas  in  Add. 
Ms.  14921,  see  1.  c.  p.  39.  Edyrn  (Eutegirn)  is  still  stressed 
on  the  second  syllable,  since  the  first  syllable  of  -dcyrn  was 
originally  stressed. 

94.  breenhin  (like  teernas)  occurs  in  the  B.  of  Carm., 
p.  28  (2),  39,  40,  breinhin(?)  p.  30.  In  Add.  Ms.  14945 
Lewis  Morris  transcribes  a  few  lines  from  an  old  Chronicl 
Cymreig ;  f.  273  b:  s.  a.  1247  Edward  ure3'n}''n  Lloegyr  ;  in 
the  same  excerpt  occur  y  uloydin  honno,  y  vrovdir,  castell 
Maishyueid,  y  distrywt,  blwydyn,  tVairnas,  so  that  the  lan- 
guage  of  this  SouthWelsh  text  may  be  said  to  be  of  some 
interest  also  in  other  directions. 

95.  deuali  instead  of  deall,  dyall  occurs  often  in  books  ot 
the  i6th  cent.,  cf.  mi  a  ddeuhelldais,  Gr.  Roberts  gramm. 
p.  81,  ni  ddeahellir  p.  (207)  etc.,  onis  dehelHr  y  geiriau  yn 
dda  p.  (207),  ni  ddehellir  ib.,  mi  addehellais  p.  (212)  etc.; 
Athr.  Grist.  y  deuelltir  p.  8,  a  ddeuhelHr,  a  ddeuhaller 
p.  14  etc.  ;  dyallt,  dealht,  Y  Drxcb  Christ.  1585.  In  modem 
dialects  :  S.  C.  dyall  I  p.  212,  diall  II  p.  242,  503;  YT.  a'r 
G.  waeth,  dw  I  ddim  yn  duall  y  peth  dybygwn  I;  in  North- 
wales  dallt  is  commonlv  used,  see  Sp.,  Yr  Anu.  etc.  Is  this 
Word  a  compound  containing  gallu,  to  be  able  ? 

96.  Besides  megvs  occurs  meis,  said  in  the  préface  to  Llyfr 
Gweddi  Gyffredin,  1586  to  be  SouthW.  Also  o  blegid  and  o 
bleid  occur  often;  is  o  bledic  in  Addit.  Ms.  1492 1,  f.  25  a 
a  clérical  blunder  or  a  reallv  existing  form  ? 

97.  An  unexplained  phenomenon  (provided  two  words  with 
différent  endings  hâve  not  been  mixed  up)  is  the  apparent  loss 
of  final  g  (oldw.  c)  in  gwddwg,  gwddw,  gwddf,  neck,  throat. 
Cf.  léon.  gouzoucq,  couzoucq  (Rostrenen),  gouzouk(Troude), 
vann.  goucq,  coucq  (R.),  gouk  (Tr.).  gwddf,  gwddyf  occur 
in  the  oldest  middleWelsh  Mss.  and  seem  to  hâve  taken  their 
origin  in  the  plural  :  gwddw,  gyddf-eu,  hence  gwddf;  at 
any  rate  gwlw  :  gwlf,  marw  :  marwol,  marfol  etc.  can  be 
compared.  Cf  Ms.  A  :  gedueu  p.  43,  5  (Ms.   Tit.  D  2)  gudyf 


Noies  on  W'elsh  Consonanîs.  77 

f.  46  b,  S  g6dyf  p.  285,  Ll.  Gw.  Rh.  y  wdyf  p.  39  ;  5  0/ 
Herg.  G6ineu  g6d6c  hir,  col.  597,  Ll.  Giu.  Rb.  y  guduc 
p.  274.  In  later  texts  :  Sal,  N.  T.  gwddwc,  gwddwg,  gwddwf 
f.  114  b.  Y  drych  christ,  ei  wdhwg  neu  ei  fynwgl  f.  19  b; 
Add.  Ms.  14986  gwddw  f.  35  h;  Ll.  Achau  gwddwg  p.  19; 
Hom.  1606  ar  ein  gyddygau  (marg.  gyddfau)  I  p.  125,  gyd- 
dfau  (marg.  gyddygau)  II  p.  130,  147.  Davies,  dict.  :  gwddf, 
passim  gw^ddwg,  vulgo  gwddw;  C.  y  C.  1672  d'wddwg  and 
cynddrwg  rhyme,  p.  427.  In  modem  dialects  :  S.  C.  am'u 
gwddge  II,  p.  262;  gwddw  (with  vowel  w),  Sweet  p.  429. 

98.  The  dropping  of  initial  g  in  the  case  of  «  destitution  »  is 
the  cause  of  the  socalled  prothetic  g,  since  every  word  com- 
mencing  with  a  vowel  can  in  certain  positions  be  believcd  to 
hâve  lost  a  primitive  initial  g.  By  the  same  reason  initial  b 
and  m  change,  f  being  the  status  infectus  common  to  both.  A 
few  dialectal  instances  are  :  NorthW.  gaddo,  Rhys,  Arch. 
Cavibr.  loamuords  s.  v.  altus  ;  enaid,  Silurian  genaid,  Barddas 
I,  p.  196  note;  oer,  dimet.  goer  Davies,  dict.;gûr  in  Cardi- 
gansh.,  iâr  Northw.,  L,  Morris,  Add.  Ms.  14944,  f.  93  b 
(SouthW.  giar,  gieir  Sp.,  dict.,  Y  Traeîh.  III,  p.  8  etc.)  ;  geist- 
eddfod  is  said  by  Jolo  Morganwg  in  Add.  Ms.  15003  (also 
printed  in  Y  Greaî)  to  be  a  Monmouthshireword;  gwr  gon- 
est  Add.  Ms.  15059,  f.  210  a  etc.,  ar  fy  ngonestrwydd, 
upon  my  honour,  in  Anglesey,  L.  Morris,  Add.  Ms.  14944, 
f.  94  b;  garddwn  =  arddwrn  Sweet  p.  429. 

99.  Cf.  further  :  allt  and  gallt,  see  Rhj^s,  loanwords  s.  v.  altus  ; 
L.  Morris  Add.  Ms.  14944,  f.  20  a  :  allt,  gallt,  the  side  of  a 
hill  or  mountain;  also  any  highlands;  but  in  Cardigansh.  the 
hill  of  wood  or  coppice;  Richards,  dict.  :  the  side  of  a  hill,  in 
some  parts  woods;  Hughes  1822:  SouthW.  gallt  a  cliff, 
Northw.  any  steep.  —  genwair  an  angling  rod,  E.  Lhuyd; 
in  the  legend  of  Llyn  yr  Afangc,  printed  from  Lhuyd's  auto- 
graph  in  the  Cambr.  Journal,  vol.  II  :  genwairiwr,  yn  gen- 
wairio  ;  L.  Morris,  Add.Ms.  14944,  f.  91  a  (1737):  NorthW. 
enwair,  gwialen  enwair  ;  and  to  angle  enweirio.  —  gordd, 
maliet  see  Rhys  Celtic  Britain,  ^  p.  310  and  Pennants  Tour  I 
p.  4.  —  elach  E.  Lhuyd,  homuncio  ;  L.  Morris  Add.  Ms.  14944, 
f.  98  b  gellach  (11  on  account  of  an  etymology  which  he  ima- 


78  Neltlau. 

gines),  a  littlesorry  fellow,  a  scrub;  gelach  Sp.  —  oddigeithr, 
Add.  Ms.  15058,  f.  59  a  (ijth  cent.,  prose);  Rowlands 
gramm.  4  116  oddieithr,  oddigerth  except.  —  elor,  gelor  Da- 
vies,  dicî.,  (g)wr  gieuanc,  Evans,  llyfr.  s.  a.  1764,  5.  —  ga- 
gen,  genaid,  gaddewid,  see  Skene,  Four  ancient  Books  II  p.  325 
(notes). 

100.  The  manner  in  which  the  primitive  groups  r-g  and 
1-g  are  treated  in  Welsh  is  a  problem  common  to  ail  bry- 
thonic  languages  on  which  see  Zeuss  -p.  140  and  Ernault  in 
Revue  Celt.  VU  p.  155-157.  The  reasons,  why  serch  and 
merch  in  Welsh  are  différent  from  eiry,  boly  and  eira,  bola, 
whilst  in  Breton  erc'h  and  serc'h  exist,  hâve  not  yet  been 
found.  I  will.  only  put  forward  hère  the  Welsh  materials  as 
fully  as  possible  (eira,  hela,  d:ila  occuring  besides  eiry,  bely, 
daly  are  said  to  be  SouthWelsh  forms). 

ICI.  Cf.  boly,  bol;  E.  Lhuyd,  Arcb.  Brit.  s.  v.  venter: 
SouthW.  bola;  brct.  see  R.  C.  7,  155  and  199  :  Er  hirran  a 
gornow/diwenét  hi  volow  Que  le  plus  long  des  cornes/Dé- 
fende son  ventre,  Bas-Vannet. 

caly,  cala,  vulgo  cal  L.  Morris,  Add.  Ms.  14944,  f.  54  b; 
bol,  cal,  eir,  hel  in  verses,  J.  D.  K\\ys  gramm.  p.  130,  Davies 
gramm.  p.  43  like  marv(w),  car(\v),  ber(w),  llan(w),  cad(\v), 
daly,  dal  ;  E.  Lhuyd  s.  v.  teneo  :  dimet.  dalla,  dale,  hele  in 
Ms.  A;  dala  and  daly  are  fréquent  in  middleWelsh  Mss.  ;  in 
the  B.  of  Hcrg.  dala  and  especially  hela  largely  prevail;  cf. 
also  delleis  col.  747,  dellis  3.  sing.  col.  679,  788,  810;  ettel- 
lis  col.  803.  Ms.  Clcop.  B  5,  laws  :  os  deily  y  distein  wrth 
gyf6reithf.  172  a,  o  deily  dyn  f.  196  a;  deily  f.  196  a,  196  b; 
dalyo  f.  196  a  etc. 

y  dera  L  p.  278  the  staggers  ;  so  /p.  278,  /^F(G\vent.  Code) 
=  Ckop.  A  14,  f.  69  b  etc.  :  dery  O,  p.  278.  Sp.  has  dera, 
on,  fury,  fiend,  devil  ;  the  staggers;  der,  stubborn,  froward, 
sullen;  inf.  derio,  deru.  dera=diafol  W.  Lleyn's  vocabulary ; 
ir.  derg  ? 

eiri  5.  ofCarm.  poem  18;  B.  ofHerg.  eiry  col.  672(2),  eira 
col.  674(2);  eiry,  SouthW.  eira,  Richards,  dict.;  aira  Stowe 
Ms.  672  ;  irch,  Corn.  voc.  ;  ànn  iarh,  Sarzeau,  R.  C.  III, 
p.  566. 


Notes  on  Welsh  Consonants. 


79 


hely  and  hela  in  micidleWelsh  Mss.  ;  o  helg6n  B.  of  Herg. 
col.  710.  hella  5,  f.  4  a.  OldWelsh  helcha,  heighati.  L.  Morris 
Add.  Ms.  14944  :  hele  to  tiunt,  Flintshire  dialect,  f.  104  b. 

Ilary  placid,  gentie,  meek  Sp.  ;  llara  B.  of  Carni.  p.  5  ; 
superl.  llariaf  p.  40. 

llwrw,  bret.  lerc'h  ;  oldbret.  ollored  ;  corn,  heliyrchys, 
Rev.  Celt.  VIII,  p.  i. 


(^A  suivre.') 


Nettlau. 


INSCRIPTION    ATTIQUE 


RELATIVE   A 


L'INVASION  DES  CALATES  en  GRÈCE 

(279-278) 


Dans  le  récit  détaillé  que  Pausanias  nous  a  laissé  de  l'in- 
vasion des  bandes  galatiques  en  Grèce,  il  est  question  de  la 
part  glorieuse  que  prirent  les  troupes  athéniennes  à  la  défense 
du  passage  des  Thermophyles  ^  Mais,  lorsque  le  défilé  eut  été 
forcé,  les  Athéniens  se  rembarquèrent  et  Pausanias  ne  fait  plus 
mention  d'eux  en  racontant  la  défense  de  Delphes,  où  figu- 
rèrent seuls  les  Phocidiens,  quatre  cents  Locridiens  d'Amphissa 
et  douze  cents  Etoliens-.  Ce  n'est  qu'après  la  défaite  des  Gau- 
lois que  les  Athéniens,  au  dire  de  Pausanias,  revinrent,  de 
concert  avec  les  Béotiens,  pour  harceler  les  Barbares  dans 
leur  retraite. 

Nous  savions  cependant,  par  une  inscription  découverte  à 
Athènes  en  i86oj,  que  les  Athéniens  avaient  contribué,  avec 
les  Etoliens,  à  la  défense  du  sanctuaire  commun  de  l'Hellade. 


1 .  Paus.,  X,  22. 

2.  Paus.,  X,  23;  Droysen,  Histoire  de  l'Hellénisme,  trad.  franc.,  t.  II. 
p.  653  (où  on  a  écrit  par  erreur  200  Etoliens).  Nous  n'entrons  pas  ici  dans 
l'étude  des  témoignages  contradictoires  relatifs  à  la  campagne  des  Gaulois 
contre  Delphes;  on  les  trouvera  admirablement  exposés  et  discutés  dans  le 
mémoire  de  M.  Foucart,  Archives  des  Missions,  1865,  p.  205  et  suiv. 

3  .   Corpus  inscr.  attic,  t.  II,  n"  323. 


Invasion  des  Calâtes  en  Grèce.  8i 

Ce  texte  contient  une  proposition  de  Kybernis  K.ao\j  du  dème 
d'Halimuse  ;  M.  Koumanoudis  ^  a  proposé  de  restituer  K['jS](:u 
et  de  reconnaître  dans  l'auteur  de  la  proposition  un  fils  de  ce 
Kydias  qui  tomba  vaillamment  aux  Thermophyles  en  com- 
battant les  Gauloise  «Attendu,  dit  le  texte,  que  le  Koinon  des 
Étoliens,  montrant  sa  piété  envers  les  dieux,  a  résolu  par 
décret  de  consacrer  la  fête  des  Sotéries  à  Zeus  Sôter  et  à  Apollon 
Pythien3,  comme  souvenir  du  combat  livré  aux  barbares  qui 
avaient  fait  une  expédition  contre  les  Hellènes  et  le  temple 
d'Apollon  commun  aux  Hellènes,  et  contre  lequel  le  peuple 
[athénien]  a  envoyé  les  soldats  d'élite  et  les  chevaliers  pour 
prendre  part  à  la  lutte  qui  a  eu  pour  objet  le  salut  commun; 
attendu  que  le  Koinon  des  Étoliens  et  le  stratège  Charixénos  ont 
envoyé  à  ce  sujet  une  ambassade  au  peuple  [athénien]....  » 
Le  reste  de  l'inscription  est  mutilé  4,  mais  M.  Haussoullier  a 
pu  le  restituer  d'une  manière  certaine  à  l'aide  des  formules 
d'un  décret  analogue  de  Chios5.  Nous  traduisons:  «  ont  en- 
voyé à  ce  sujet  une  ambassade  au  peuple  [athénien]  pour  prier 
le  peuple  [athénien]  de  prendre  part  aux  concours  ;  le  concours 
musical  est  égal  aux  jeux  pythiques  pour  les  âges  et  pour  les 
honneurs^,  le  concours  gymnique  et  hippique  est  de  même 
assimilé  aux  jeux  néméens.  » 

Le  décret  de  Chios,  qui  a  été  découvert  à  Delphes  en  1880 
par  M.  Haussoullier,  est  une  réponse  à  l'ambassade  étolienne 
qui  avait  prié  les  Chiotes,  comme  les  Athéniens,  de  recon- 
naître les  Sotéries  et  d'y  prendre  part.  Voté  la  même  année  que 
le  décret  d'Athènes  traduit  plus  haut,  il  présente  avec  lui  des 
analogies  frappantes  ;  seulement,  comme  l'a  finement  remarqué 

1 .  Koumanoudis,  'ET^typ.  iXXr)v.  à'jv/.o.,  1860,  n"  7s  ;  Foucart,  Mém.  sur 
les  ruines  et  l'histoire  de  Delphes,  p.  207. 

2.  Paus.,  X,  21. 

3 .  L'institution  des  Sotéries  est  postérieure  de  deux  ans  à  la  retraite  des 
Gaulois  ;  cf.  Haussoullier,  Bull,  de  Corresp.  HelUn.,  1881,  p.  302. 

4.  M.  Droysen  avait  renoncé  à  en  rien  tirer,  op.  laud.,  trad.  franc., 
p.  638. 

5.  Haussoullier,  Bull,  de  Corresp.  HelUn.,  1881,  p.  307;  Dubois,  Les 
ligues  étolienne  et  achêenne,  Paris,   1885,  p.  217. 

6.  II  s'agit  de  l'âge  exigé  de  ceux  qui  concouraient  dans  les  jeux  pythi- 
ques et  des  honneurs  décernés  par  les  villes  à  leurs  concitoyens  vainqueurs 
(HaussouUier,  lac.  laud.,  p.  511). 

Revue  Celtique,  XL  6 


82  Salomon  Reinach. 

le  premier  éditeur,  tandis  que  le  décret  de  Chios  parle  d'une 
victoire  (ir^ç  vtV.-r;?,  1.  6),  les  Athéniens  emploient  l'expression 
rq;  \iiyr,q  et  rappellent  qu'eux  aussi  ont  combattu  pour  le  salut 
commun.  «  Il  est  probable  que  les  députés  étoliens,  dans  le 
discours  qu'ils  tinrent  à  l'assemblée,  après  avoir  remis  le 
décret  de  leurs  concitoyens,  insistèrent  sur  la  part  que  les 
Athéniens  avaient  prise  à  la  défense  commune,  et  que  l'éloge 
des  deux  peuples  avait  tenu  la  plus  grande  place  dans  leurs 
développements  oratoires.  A  Chios,  les  Etoliens,  plus  libres 
dans  leur  langage,  avaient  seulement  parlé  des  exploits  de  leur 
nation  et  présenté  leur  résistance  comme  une  victoire  décidée. 
Ainsi  commençait  à  se  former  la  légende  sur  le  désastre  de 
l'expédition  gauloise.  »  ^ 

Nous  possédons  maintenant  un  second  texte  qui  atteste 
l'intervention  des  Athéniens  à  côté  des  Etoliens  dans  la  série 
des  engagements  qui  eurent  lieu  en  278  près  de  Delphes. 
C'est  une  inscription  gravée  s-c;'.'/r,$;v  sur  deux  morceaux  de 
marbre  pentélique;  ils  ont  été  découverts  en  1889  près  de 
l'entrée  de  l'Acropole  d'Athènes  et  publiés  par  M.  LoUingdans 
r  'Apyx'.oKo-f.y.ov  oeA-io-i  (bulletin  archéologique),  où  la  Direction 
des  Antiquités  grecques  fait  connaître  au  fur  et  à  mesure  les 
principales  trouvailles  archéologiques  2.  Il  s'agit  d'un  décret 
du  peuple  athénien  en  l'honneur  d'Hérakleitos  fils  d'Asclé- 
piade  du  dème  d'Athmonée^,  qui  s'était  acquitté  avez  zèle  de 
ses  fonctions  d'agonothète  dans  la  célébration  des  Panathénées. 
Mais  il  avait  fiiit  plus  encore,  et  c'est  ici  que  le  texte  est  assez 
intéressant  pour  qu'on  le  transcrive  dans  la  langue  originale  ; 
nous  adoptons  les  restitutions  excellentes  de  M.  Lolling  : 

1.  3  :  7.al  àvaTÎO-^T'.v  tv;'.  'AO-^vx;  rr,'.  [y^i-Ar,:  Ypçjà:;  iycJzx:  j-cixvr,- 
[xaTa  (5)  'Mi  [(p-ît'  A'.twXwv  7:)]î-paY;jivojv  r.pb:  t;jç  ^xpôxpzn: 
0::àp  ~qq  twv    EXX'f^vwv  zM~r,ç,ixq. 


1.  HaussouUicr,  loc.  laud.,  p.  308.  M.  Foucart  avait  déjà  insisté  sur  ce 
mot  (jâyji,  Mêm.  cité,  p    210. 

2.  'Ap/a!0A0YL-/.6v  osÀxiov.  Athènes,  1889,  p.  58. 

3 .  Cet  Héracleitos  est  probablement  identique  à  un  archonte  athénien 
de  la  seconde  moitié  du  iii'  siècle  avant  J.-C.  (Corp.  inscr.  attic,  II,  no859.) 
Ce  rapprochement  est  dû  à  M.  Lolling  (Aha-;ov.  1889,  p.  61.) 


Invasion  des  GaUies  en  Grèce.  83 

«  [Attendu  qu'Hérakleitos]  dédie  dans  le  temple  d'Athèna 
(Niké  ?  des  peint  ?)ures  rappelant  le  souvenir  des  actions 
[d'éclat]  accomplies  (de  concert  avec  les  Étoliens)  contre  les 
barbares  pour  le  salut  des  Hellènes...  » 

Les  barbares  sont  incontestablement  les  Galates;  l'expression 
Tzphq  xs'j;  {ixpSipouq...  ii-ïp  x'^ç...  jwxr^pi'aç  se  rencontre  dans  le 
nouveau  texte  comme  dans  l'inscription  attique  que  nous  avons 
traduite  en  commençant.  Les  ex-voto  qu'Hérakleitos  consacrait 
à  Athéna  peuvent  avoir  été  des  stèles,  c'est-à-dire  des  bas- 
reliefs  (jT/jXxç)  ou  des  peintures  (ypaça;);  M.  Lolling  s'est  dé- 
cidé pour  la  seconde  restitution,  qui  est  de  beaucoup  la  plus 
vraisemblable.  L'inscription  étant  gravée  a-or/r^i^/,  nous  con- 
naissons exactement  Tétendue  de  la  lacune,  qui  est  parfai- 
tement remplie  par  les  mots  [N(-/.-^'.  yp^?]^?;  c'est  donc  dans 
le  petit  temple  d'Athèna  Niké  sur  l'Acropole  que  ces  peintures 
auront  été  déposées.  On  peut  rappeler  que  la  frise  de  ce 
temple  était  précisément  décorée  de  bas-reliefs  représentant, 
au  nord  et  au  sud,  les  combats  des  Athéniens  contre  les  Perses 
pour  le  salut  de  l'indépendance  hellénique  ^  L'inscription  a 
d'ailleurs  été  découverte  dans  le  voisinage  immédiat  du  temple 
d'Athèna  Niké  (celui  qu'on  appelle  vulgairement  «  de  la  Vic- 
toire Aptère  »). 

En  dehors  des  lacunes  que  présente  ce  texte  par  suite  de  la 
brisure  du  marbre,  il  y  en  a  plusieurs  qui  ont  été  produites 
par  un  martelage  intentionnel.  Ainsi,  à  la  ligne  5,  les  lettres 
(ij.îi'  AIto^Xwv  ■::)  ont  été  effacées;  il  en  est  de  même  à  la 
ligne  13,  où  revient  la  mention  du  peuple  étolien.  M.  Lolling 
a  supposé  que  ces  martelages  remontent  à  une  époque  où 
Athènes  eut  à  se  plaindre  des  Etoliens,  mais  on  ne  saurait 
rien  affirmer  à  ce  sujet.  Il  présente  d'ailleurs  trop  peu  d'intérêt 
pour  que  nous  y  insistions  ici. 

En  résumé,  la  nouvelle  inscription  de  l'Acropole  confirme 
ce  que  nous  savions  sur  la  coopération  des  Athéniens  avec  les 
Etoliens  et  rend  d'autant  plus  singulier,  au  premier  abord,  le 
silence  de  Pausanias.   Mais  Pausanias  a-t-il  altéré  la  vérité  ? 

I.  Le  Bas-Reinach,  Architecture,  Athènes,  \'^  série,  pi.  9-10,  p.  127. 


84  Salonwn  Reinach. 

Nous  ne  le  croyons  pas  et  nous  pensons  plutôt  que  la  vanité 
des  Athéniens  est  ici  en  cause.  Pausanias,  après  avoir  raconté 
la  terreur  panique  dont  les  Gaulois  furent  victimes  \  les  montre 
en  butte  aux  attaques  des  Phocidiens  et  souffrant  d'une 
grande  disette,  qui  les  faisait  périr  par  milliers.  Il  ajoute  que 
des  Athéniens,  venus  à  Delphes  pour  voir  ce  qui  se  passait, 
étaient  retournés  chez  eux  et  avaient  annoncé  les  désastres  in- 
fligés aux  barbares  par  les  dieux.  Alors,  dit  Pausanias,  les 
Athéniens  se  mirent  aussitôt  en  campagne;  en  traversant  la 
Béotie,  ils  prirent  avec  eux  les  Béotiens  ;  ils  commencèrent  alors 
tous  ensemble  à  poursuivre  les  Barbares  et,  s'embusquantsur  leur 
passage,  ils  tuèrent  les  retardataires.  Brennus  s'étant  donné  la 
mort,  les  Galates  regagnèrent  avec  peine  le  Sperchius  ;  là  ils 
furent  attaqués  vigoureusement  par  les  Etoliens  et  anéantis. 

Ainsi,  d'après  le  récit  de  Pausanias,  les  Athéniens  ont  bien 
participé  à  ce  qu'on  pouvait  appeler  la  campagne  de  Delphes,  et 
ils  sont  entrés  en  ligne  au  moment  où  les  Gaulois  n'avaient 
pas  encore  quitté  la  Phocide.  De  là  à  dire  qu'ils  avaient  lutté 
avec  les  Etoliens  pour  la  défense  du  sanctuaire  commun  de  la 
Grèce,  il  n'y  avait  assurément  pas  loin,  et  les  Athéniens  ne 
se  sont  fait  aucun  scrupule  de  faire  valoir  après  coup  une  coo- 
pération qui,  pour  être  tardive,  n'en  a  pas  moins  été,  semble- 
t-il,  assez  efficace.  Il  n'y  a  donc  pas  contradiction  entre  le  té- 
moignage des  inscriptions  et  celui  de  Pausanias.  Droysen^, 
croyant  que  l'envoi  de  soldats  d'élite  et  de  chevaliers  athéniens, 
dont  il  est  question  dans  l'inscription  citée  au  début  de  cet 
article,  se  rapportait  à  la  défense  des  Thermophyles,  s'est 
étonné  que  ce  texte  passât  sous  silence  l'envoi  des  trirèmes 
athéniennes  qui  est  attesté  par  Pausanias  3  ;  mais  c'est  là  une 
erreur  de  l'illustre  historien,  car  l'inscription  en  question, 
comme  celle  que  l'on  vient  de  découvrir,  concerne  seulement, 
à  notre  avis,  l'envoi  de  troupes  athéniennes  en  Phocide  à  la 
suite  du  premier  échec  des  Gaulois  devant  Delphes,  postérieu- 
rement à  l'épisode  des  Thermopyles. 


1 .  Paus.,  X,  23. 

2.  Droysen,  Hist.  de  l'hellénisme,  trad.  franc.,  t.  II,  p  650,  note  3. 

3.  Paus  ,  X,  20,  3. 


Invasion  des  Gûlates  en  Grèce.  '  85 

Dans  un  travail  récent  sur  les  Gaulois  dans  l'art  antique  \ 
nous  avons  énuméré  les  œuvres  d'art  connues  jusqu'à  présent 
où  les  Grecs  ont  représenté  la  défaite  des  Gaulois  devant  Del- 
phes (p.  41  du  tirage  à  part).  Il  fout  maintenant  y  ajouter  les 
peintures  du  temple  d'Athéna  Niké  dédiées  vers  250  par  Héra- 
kleitos  d'Athmonée;  elles  rappelaient  sans  doute  une  des  escar- 
mouches heureuses  où  une  fraction  de  l'armée  gauloise  en 
retraite  avait  été  battue  par  les  Étoliens  et  les  Athéniens. 

Salomon  Reinach. 


I.   Revue  archéologique,  1888-1889,  et  à  part  (Leroux,  éditeur,  1889.) 


GLOSES   BRETONNES 


I. 

Quelques  gloses  bretonnes,  depuis  longtemps  publiées,  pa- 
raissent avoir  échappé  jusqu'ici  aux  celtologues.  Ni  la  Gram- 
matica  Celtica  ni  M.  Loth  dans  son  Vocabulaire  vieux-breton 
n'en  font  mention.  Elles  se  trouvent  dans  un  mscr.  de  Saint- 
Omer  (n°  GGG'),  écrit  au  x'  siècle  à  Saint-Bertin.  Elles  sont 
écrites  sur  un  poème  alphabétique  qui  a  été  pubhé  par  Beth- 
mann  dans  la  Zeitschrift  fur  deutsches  Alterthum,  V  (1845), 
p.  206  ss.  M.  Stowasser,  qui  vient  de  donner  une  nouvehe 
édition  du  poème  dans  ses  «  Stolones  latini  »  (Vindobonae, 
1889^),  a  eu  la  complaisance  de  me  les  signaler.  Je  donne  le 
poème  en  entier  avec  les  gloses  latines  et  bretonnes,  et  à  droite 
le  texte  émendé  par  M.  Stovv'asser.  C'est  un  nouveau  spécimen 
de  cette  latinité  artificielle,  mêlée  avec  du  grec  et  de  l'hébreu, 
qui  paraît  avoir  fait  les  délices  des  latinistes  celtiques  du 
viii'^  siècle  environ;  il  rappelle  de  près  les  Hisperica  famina, 
le  fragment  de  Luxembourg-  et  la  Lorica,  dite  de  Gildas. 
J'espère  que  d'autres  réussissent  mieux  que  moi  dans  l'expli- 
cation des  gloses  bretonnes. 

Adelphus^  adelpha- moter3  Adelphus,  adelpha,  meter, 

1.  Cp.  Archiv  fur  latein.  Lexicographie,  VI,  595  s. 

2.  M.  Stowasser  a  aussi  réédité  ces  deux  textes,  le  premier  sous  le  titre 
«  Incerti  auctoris  Hisperica  Famina  »  (Vindobonae,  1887),  le  second  dans 
les  Wiener  Studien  IX  (1887),  p.  309-322. 

I  frater  2  soror  3  mater 


Gloses  bretonnes. 


87 


pilus4  hius^  tegater^'  dronte7 
tanaliter^. 

Blebomom9  agialos^°  ni- 
cate^"  dodrantibus^^.  sic  mun- 
di  et  uita  huius. 

CaleuxoiTi  ^3  dnm  ut  det  bo- 
len^4  suum  nobis  auxilium. 

Didaxon^5  sapisure^^  toto 
biblion^7  acute  non  debes  re- 
ticere. 

Equo  nomicum^^  epensum^9 
habemus  apud  deum  si  autu- 
metimus-°  audum-^ 

Fallax  est  uita  mundi.  de- 
cipit  ut  flos  feni.  permanet 
regnum  dei. 

Gibron--  prason-3  agaton-4 
de  uita  athematon-'  ut  sis 
fretus  in  Sion. 

Hipagie^^^  de  audo-7  habita 
in  cirimonio  -^  ut  sis  hères  in 
bapho-9. 

Indiximus  3°  est  dei  qui 
semper  seruiens  ei  et  erit  in 
sceptro?!  poh. 

Kalextratus32  mansie3  3  in 
marttino  34  tempore  déficit  ut 
uiuoIae5). 

Lamach)^  .ê.  Iemna37 
aduubi  amartus  38  amentu  39 
dusmi  ictatur  in  luctu. 


—  pilus,    hius,    tegater    — 
dronte  tanatahter. 

Blepomen  agialus  —  nicate 
dodrantibus  :  —  sic  mundi  et 
uita  huius. 

Cateuchomen     dominum, 

—  uti  det  bulen  suum  —  no- 
bis ...  auxihum. 

Didaxon,  sapiture,  —  toto 
bibhon  acute;  —  non  debes 
reticere. 

Equo  nomicum  pensum  — 
habemus  apud  deum,  —  si 
autu  metimus  audum. 

Fahax  est  uita  mundi,  — 
decipit  ut  flos  feni  :  —  per- 
manet regnum  dei. 

Gibron  praxon  agaton,  — 
deuita  athemiton,  —  ut  sis 
tretus  in  Sion. 

Hipage,  i  de  audo,  —  ha- 
bita in  cirii  nomo,  —  ut  sis 
hères  in  bamo. 

Inde  dimus  est  dei,  —  qui 
semper  seruiens  ei  —  et  erit 
in  sceptro  poH. 

Kai  extratus  mansiae  —  in 
mattino  tempore  —  déficit  ut 
uiolae. 

Lamach  est  lemna  adu,  — 
ubi  amartus  amentu  —  dusmi 
ictatur  in  luctu. 


4  amicus  5  fillus  6f.lia  7  décadent  S  mortaliter  9  uidemus  lolitus  11  uin- 
citur  12  adsissis  .i.  adlauou  13  uocamus  14  consilium  13  disce  16  magister 
17  canone  18  coronam  19  raanifestum  20  relinquamus  21  malum  22  homo 
25  fac  24  bonum  25  uir  .i.  sanguinum  26  dianguet  de  (dianguetde  Bcthm.) 
27  de  malo  28  in  lege  dei  29  in  celo  3opopulus  51  regno  32  qualitas  35  uite 
34  nouissimo  35  foeou  36  isel  37  leh  38  pcccator  39  a  inues  (ainues  Betbm.) 


88  R.  Thurneysen. 

Metes4o  hoc  tetrex4i  ^j  \yQ.         Metes  hoc  tetrex,  ad  bethen 


mmsu  ' 
tu 


then42  postquam  transit  inte- 
gen43  suma44  aporipsumen45. 

Notalgicus46  est  gibra47  et 
obtalmicus4^  ut  talpha49  non 
agens  dei  mandata. 

011a5otoma  abia^^  glableus)^ 
in  anchreta53  bellantes  défen- 
dit peltaH. 

Pile>5  peson56  opéra  quae 
deofuerintplacita  ut  sis  lesie>7 
incola. 

Quirius  5^  apemon  59  ana- 
^°  apollit*^^  agion^-  au- 
sison  me  ^4  o  teos  mu  ^5. 

Raxas  ^^  est  ciromerus  ^7 
agoniteta^^^  frenumus^'9  qui 
sine  labe  fit  iustus. 

Sarax7°nostracales7^  agitur 
postea  agitatur  luibus/^  malis 
moritur. 

Tamaxo7)  in  mente  mea 
minus  idon74  in  terra  antro- 
phum  sine  macula. 

Uonitue75  protenamonum76 
asarum77  nitententem  ad  ba- 
mum78  agtibaxetam79.  secum 
agentem. 

Xenodicium  presules  breue 
integen  habentes  achatarbam 
asiam. 


—  postquam  transit,  m  ten 
gen  —  soma  aporipsumen. 

Notalgicus  est  gibra  —  et 
obtalmicus  ut  talpa  —  non 
agens  dei  mandata. 

Olla,  toma,  abia  —  galileus 
in  anctera  —  bellantes  défen- 
dit pelta. 

Pile  poeson  opéra,  —  quae 
deo  fuerint  placita,  —  ut  sis 
elesii  incola. 

Quirius  anomias  u  —  apol- 
lit  agion  autu  :  —  soson  me  o 
teos  mu. 

Raxas  est  gibro  merus,  — 
agoniteta  frunemus,  —  qui 
sine  labe  fit  iustus. 

Sarcx  nostra  cales  agitur  — 
postea  ...  agitatur,  —  luibus 
malis  moritur. 

Tamazo  in  mente  mea  :  — 
minus  idon  in  terra  —  antro- 
pum  sine  macula. 

Uonite  proten  amnonum  — 
asarum  nitentem  ad  bamum 
• —  agit  pax  etamensecum(?). 

Xenodocium  presules  — 
breue  in  te  ge  habentes  —  ... 


40  medot  41  esatcod  42  animam  45  in  terra  44  corpus  45  prospicimus 
(/.  proiciemus  Sioiu.)  46  surdus  47  homo  48  cecus  49  guod  50  deus  51  deus 
pater  52  christianos  33  catina  54  choer  uel  scutum  55  amice  56  âge  57  pa- 
radisi  58  deus  59  a  nobis  60  iniquitateni  61  dediledet  62  sanctorum  63  eius 
64  saluum  me  fac  63  deus  meus  66  peritus  67  homo  68  campgur  69  pru- 
dens  70  caro  71  bonis  72  doloribus  75  miror  74  uidi  73  intellegite  76  pri- 
mum  fidelis  77  beatum  78  ad  altum  79  pax  amicitia 


Gloses  bretonnes.  89 

Z —   ....— 

-j- achatarbam  agiam^4. 

Et  abi^''  aproterion^^  sus-  Et  abia  poterion  —  suscepit 
cepit  periranton^-  pro  re-  periranton — pro  redemptione 
demptione  antrophon^3,  antropon. 

12.  dodrantibus  gl.  adsissis  A.  adlauou.  Assisaesx.  «  la  marée 
montante  »  selon  Isidore,  de  Ord.  Créât.  9,  7.  Le  mot  do- 
drans  se  trouve  avec  un  sens  analogue  dans  les  Hisperica  Fa- 
mina,  p.  12:  vastaque  tiimente  dodrantc  inundat  fréta.  On  atten- 
drait donc  *lanuoi{  ou  a  lanuou,  cf.  gall.  Uaniv,  arm.  lano  lanv 
«  marée  montante  » .  Le  scribe  a  pu  changer  a  en  ad,  comme 
il  a  écrit  idsissis.  Il  faudrait  admettre  plus  de  fautes,  si  on 
voulait  rapprocher  le  gall.  adlif  a  marée  basse  ».  M.  Stowasser 
pense  à  une  erreur  pour  adluvio. 

25.  atbematon  gl.  uir  ./.  sanguinum.  D'après  M.  Stowasser, 
qui  veut  lire  atheiniton,  le  glossateur  se  serait  trompé  en  pre- 
nant/;«/wfo//  pour  a'.|j.2T0)v.  Il  suppose  que  uir  cache  un  mot 
celtique,  ce  qui  me  paraît  douteux. 

26.  Hipagie  ('j-aye)  gl.  diangiiet  de.  M.  Stowasser  propose 
de  l'ire  dilinque,  ide(m).  J'incline  plutôt  à  y  voir  un  mot  breton, 
mais  je  ne  sais  trop  lequel.  On  ne  peut  guère  penser  à  l'im- 
pératif dianc  «  échappe  «  qui  demanderait  un  c  au  lieu  de  g  et 
qui  n'expliquerait  pas  les  lettres  suivantes. 

35.  liiuolae  (violae  Stow.)  gl.  foeou.  Il  faut  peut-être  lire 
foeon,  cp.  arm.  moy.  foeonnenn  «  c'est  une  fleur  blanche  qui 
chiet  tantost,  It.  ligustrum  »,  arm.  mod./^'o?/  «  renoncule  », 
V.  gall.  fionou  «  rosarum  »,  irl.  sion  «  digitale  »,  etc.  (Ernault, 
Dict.  étym.  du  bret.  moy.,  s.  v.  foeonnenn). 

36.  Lauiach  gl.  isel.  Les  gloses  bibliques  expHquent  le  mot 
hébreu  par  «  pauper,  humiliatus  »  (Stowasser,  p.  xiii),  ce  qui 
est  ici  rendu  par  iseJ  «  bas  ». 

37.  lemna  adu  QJ.[vrr,  "Aiou)  gl.  (sur  Jenina)  leb.  Si  le  glos- 
sateur a  bien  compris,  on  ne  peut  expliquer  leb  ni  par  le  mot 


80  deus  pater  81  passio  82  uas  83  hominum  84  M.  Stowasser  prend  à 
tort  cette  ligne  pour  le  reste  d'une  strophe  perdue.  Il  faut  lire  «  cateruam 
agiam  as;entes  ». 


90  R.  Tliurneysen. 

breton  îecb  «  pierre  plate  »  ni  par  gall.  le,  arm.  lec'b  «  lieu  ». 
Doit-on  lire  lob :=  v.  gall.  lucb  (Stokes,  Beitr.,  VII,  415)  pi. 
lîcboH  «  marais  »,  arm.  loc'b  Jouc'b  «  mare  d'eau  »  ?  Ou  bien 
peut-on  comparer  arm.  kcbid,  gall.  liai  «  limon,  sédiment  »? 

39.  amentu  gl.  a  innés.  Amentu  dusmi  est  égal  à  amento  dia- 
boli.  A  inucs  pourrait  être  l'arm.  mod.  mw~,  pi.  envesiou  «  vi- 
role d'outil  »  avec  la  préposition  a.  [Cp.  les  gloses  inubisiou 
(gl.  ammenta,  ammentis),  publiées  par  Stokes,  Academy, 
18  janv.  1890,  p.  46]. 

40-42.  met  es  (gl.  medot^  boc  tetrex  (gl.  esatcod)  ad  hetben  (gl. 
animani).  Ce  vers  n'est  pas  clair.  M.  Stowasser  voit  dans  metes 
l'impératif  [).i^zt  et  dans  hetben  le  mot  hébreu  betb  «  maison  ». 
Je  ne  sais  que  faire  de  esatcod  et  je  n'ai  pas  d'explication  satis- 
faisante pour  luedot  «  metes  ».  Serait-ce  une  forme  du  verbe 
gall.  et  arm.  )ncdi  «  moissonner  »  ?  Mais  à  cette  époque  on 
attendrait  /  et  non  d  au  milieu  du  mot.  Cp.  aussi  gall.  moy. 
inetbaïud  «  il  périra  »  Mab.,  2,  202. 

49.  talpba  gl.  guod;  cp.  arm.^f^o^,  gall.  giuadd  «  taupe  ». 

54.  pelta  gl.  cboer  vel  scutuiii.  Doit-on  lire  scoet  pour  cboer? 

61.  apollit  gl.  dediledet.  M.  Stowasser  corrige  la  glose  en 
deJet.  Il  se  peut  que  deux  gloses  s'y  soient  mêlées,  l'une 
latine  «  delet»,  l'autre  bretonne  contenant  une  forme  du  verbe 
gallois  dilëu  «  abolir,  perdre  ». 

68.  agoiiiteta  gl.  campgur  «  homme  de  combat». 


II. 

Profitant  de  l'occasion,  j'ajoute  l'explication  de  quelques 
gloses  publiées  par  moi  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Acad.  de 
Munich,  1885,  p.  90 ss.  Je  dois  ces  corrections  à  M.  JohnRhys. 

P.  96.  biligor  parocleo.  J'avais  déjà  séparé  bi-tig,  sans  savoir 
expliquer  le  reste.  Il  faut  lire  or  pard  cled  qui  serait  en  gallois 
moderne  o'r  partb  cJedd  «  du  côté  gauche  »;  cp.  /;;  siiiistra 
parle  un  peu  plus  haut  dans  le  texte.  La  même  faute,  0  pour 
d,  se  trouve  dans  fniobuide  pour  findbiiide,  p.  103.  Or  prouve 
que  ces  gloses  ne  sont  pas  armoricaines,  comme  j'avais  supposé, 
mais  galloises. 


Gloses  bretonnes. 


91 


Ib.  am  cir  biniios,  1.  ain-cîrbin[n]  nos  «  vers  la  nuit  »  ;  cp. 
bet  circhinn  h  guoJkum  «  usque  sub  occiduum  coeli  »  Juv. 

D'autres  explications  que  m'a  fournies  M.  Rhys  me  semblent 
douteuses.  Prenant  rinn,  p.  96,  pour  le  mot  gallois  rhyn  dans 
pcnryii  «  promontoire  »  ou  pour  un  adjectif  rbyii  «  stiff  or 
rigid  »,  il  voit  dans  gel  moi,  qui  le  précède,  une  mauvaise  écri- 
ture du  mot  gallois  gylfin  «  bec,  pointe  »,  écrit  correctement 
gîlbin  dans  les  gloses  sur  Juvencus. 

P.  99.  tnhenuljd  serait  le  gall.  mod,  tzuyn  uchcl  «  a  high 
clump  or  high  hillock  » . 

D'après  le  même  savant  glanasoc  (vir  sanguinosus)  n'est  pas 
nécessairement  une  faute  pour  galanasoc,  puisqu'on  dit  en 
«  colloquial  welsh  »  glanasdni  pour  galaiiasdra.  Il  voit  l'ar- 
ticle et  non,  comme  moi,  la  préposition  i[n]  dans  hi giiolt  ucbel, 
hi  tig,  hi  dcJrint  (p.  96)  et  traduit  ce  dernier  mot,  que  j'ai 
identifié  au  gall.  mod.  dybyiit  «  voyage  »,  par  «  les  dents  »  ou 
«  la  dent  ». 

P.  10^.  Jcidii.  lïos.  Jaicos.  M.  Gûterbock  a  vu  que  le  premier 
mot  est  irlandais  et  doit  être  corrigé  en  laich  .i.  «  laïque  ». 

P.  96.  viruiii  liiscum  vel  colloculo  dcxtera.  Je  pense  qu'il  faille 
lire  goJl  oculo  dextcro ;  c'est  l'irl.  goll  «  borgne  ». 


III. 

Après  avoir  ajouté  quelques  mots  au  vocabulaire  des  anciens 
dialectes  bretons,  je  me  vois  obligé  d'en  retrancher  plusieurs 
autres.  On  prend  généralement  pour  du  pur  gallois  les  gloses 
sur  Juvencus  que  M.  Stokes  a  publiées  dans  les  Beitrage  de 
Kuhn  et  Schleicher,  IV,  385  ss.;  VII,  410  ss.  Mais  le  scribe 
était  irlandais;  il  conclut  en  priant  les  lecteurs  :  araut  di  Nuadu 
«  priez  pour  Nuadu  »  (IV,  389).  En  gallois  il  s'appellerait 
N^iidd.  Le  caractère  gallois  de  la  glose  hir  ur  {ignis  focos)  a 
déjà  été  suspect  à  M.  Stokes,  qui  ajoute  à  son  explication  :  «  if 
this  is  not  Irish  »  (VII,  414).  Le  premier  miot  serait  laur  (ou 
/(;;■)  en  gallois,  et  le  mot  ur  «  feu  »  n'est  connu  qu'en  irlandais. 
En  effet,  il  y  a  d'autres  gloses  qui  me  paraissent  indubitable- 
ment irlandaises;  ce  sont  les  suivantes  : 


92  R.  Timrneysen. 

IV,  390.  restât  A.  arta.  La  forme  galloise  du  verbe  se 
montre  dans  itau,  p.  396. 

IV,  394.  astrorum  obitûs  À.  occasus  g\.  funid.  Cp.  ir\.  fuined. 

IV,  398.  anbela  socrus  gl.  lobur.  En  v.-gall.  on  attendrait 
plutôt  lober  ou  lobir  ou  lobr  (lubi-). 

IV,  40e.  Jain  lux  adveniet  propriis  (1.  properis)  mihi  cursilis 
instans  gl.  archinn  dies.  Cp.  irl.  ar-chiunn  (gall.  erbyn')  ar~ 
chenn  «  vis-à-vis,  à  la  rencontre  »,  ail.  «  entgegen  ». 

IV,  410.  On  trouve  trois  îois  h  glose  fodeud  fodeut  fodiud, 
qui  n'a  pas  été  expliquée.  C'est  une  note  du  scribe  sans  rap- 
port avec  le  texte;  cp.  irl.  fo-deud  fo-diud  «  à  la  fin  ».  Elle  est 
opposée  à  la  remarque  galloise  qui  se  trouve  deux  fois  (ib.)  : 
init  oid  «  c'était  le  commencement  » . 

IVj  415.  ira  ab  ûr  Jiomen  acccpit  hoc  est  ab  igné,  ûr  enim 
flamma  dicitur,  etc.  V.  plus  haut. 

IV,  390;  VII,  411.  moenia  gl.  aul  J.  mur  bethlem.  M.  Stokes 
a  trouvé  0  aul  dans  un  glossaire  irlandais;  mais  il  est  vrai  que 
cet  exemple  n'est  point  sûr. 

IV,  390;  VII,  412.  La  glose  da{ni)fraud  atius  se  trouve 
deux  fois,  la  première  fois  sur  subtrahet  igni  dans  le  passage  : 
Hoc  opus,  hoc  etenim  forsan  me  subtrahet  igni  Tune,  cmn  . .  des- 
cendet  ..  Judex  ..  Christus.  Sans  pouvoir  expliquer  le  premier 
mot^,  il  me  semble  que  atius  pourrait  bien  être  irlandais  :  a 
tius  «  de  la  chaleur  »,  prép.  a  et  datif  de  tess.  Mais  je  ne  sais 
pas  si  le  second  passage  (VII,  412)  se  prête  à  cette  interpré- 
tation; M.  Stokes  ne  cite  qu'un  seul  vers. 

Outre  ces  mots  purement  irlandais  il  s'en  trouve  d'autres  qui 
ont  bien  l'aspect  gallois,  mais  qu'on  n'a  jamais  rencontrés 
dans  d'autres  monuments  des  dialectes  bretons  ;  on  ne  les 
connaît  que  sous  une  forme  irlandaise.  Ne  serait-ce  pas  que  le 
glossateur  irlandais  ait  parlé  un  gallois  «  hibernisant  »,  c'est-à- 
dire  qu'il  ait  çà  et  là  «  britannisé  »  des  mots  irlandais,  tout 
comme  un  Français  qui,  parlant  italien,  se  servirait  de  mots 
français  italianisés.  Je  sais  bien  que  cette  hypothèse  est  peu 
sûre,  puisque  beaucoup  de  mots  de  l'ancienne  langue  bretonne 
se  seront  perdus  plus  tard.  Mais  cp.  les  gloses  suivantes  : 

I.   Doit-on  comparer  giW.  ffraivdd,  3.x:m.  freu^  «  tumulte,  désordre  »? 


Gloses  bretonnes.  93 

IV,  392.  mitiquam  oentun  gl.  stnitiu.  C'est  l'irlandais  sruith 
inconnu  en  breton. 

IV,  402.  veteris  script i  monimenta  À.  hencassou;  cf.  irl. 
senchas.  Même  remarque  pour  le  breton. 

IV,  406.  fréta  fervida  gl.  anbhhaul.  Cet  adjectif  paraît  être 
formé  de  l'irl.  anfud  anfuth  «  tempête  ». 

IV,  413.  num  vescitur  gl.  anit  arber  bit;  cp.  irl.  ar-biur 
biiith  «  je  me  sers  de  ».  Le  gallois  moderne  emploie  dans  le 
même  sens  arfer  sans  byd  (ou  biuyd). 

Pour  frequens  populis  À.  litimaur  (IV,  395)  je  lirais  lin- 
maur  =  irl.  lînmar  «  nombreux  ».  Le  mot  lin  «  nombre  » 
manque  aux  dialectes  bretons. 

IV,  350.  obsistit  .i.  gurthdo  résistif.  Serait-ce  une  traduction 
de  l'irl.  fris-tâ  «  il  résiste  ?  » 

IV,  393.  tribus  .i.  bcnihed.  Bcmhed  pouv  pemhed  (^pemped) 
pourrait  traduire  l'irl.  coiced  «  province  ». 

Je  ne  donne  ces  conjectures  que  pour  ce  qu'elles  sont. 

R.  Thurneysen. 
Juillet  1889. 


ETUDES   BRETONNES 


VIL 


SUR  L  ANALOGIE  DANS  LA   CONJUGAISON. 

/.  La  troisième  personne  du  singulier  du  futur. 

1.  Il  y  a  en  moyen  breton  trois  façons  de  former  la  troi- 
sième personne  singulière  de  l'indicatif  futur,  qui  est  en  même 
temps  un  subjonctif: 

1°  en  ajoutant  o  au  radical  du  verbe  :  car,  il  aime,  caro,  il 
aimera,  qu'il  aime  ; 

2°  en  ajoutant  y  ou  /  au  radical,  ce  qui  a  lieu  :  quand  il 
finit  en  a,  comme  dans  a,  il  va,  ay,  il  ira,  qu'il  aille  ;  ou  en 
eu,  dans  le  seul  verbe  deu,  il  vient,  tut.  deuy ;  ou  en  o,  comme 
dans  ro,  il  donne,  fut.  roy  ; 

3°  sans  voyelle  finale  :  yel,  iel,  yaJ,  il  ira. 

Ces  trois  formes  du  futur  ont  des  emplois  bien  délimités, 
sauf  que  la  troisième  peut  être  remplacée  par  la  première. 

2.  Au  lieu  de  yel,  iel,  yal,  on  trouve  à.onc  yelo,  icio,  yâlo. 
Toutes  ces  formes  du  verbe  aller  appartiennent  plutôt  à  la 
conjugaison  impersonnelle  et  au  futur  (cf.  Rev.  Celt.,  IX, 
248,  251),  tandis  que  les  autres  en  0  et  en  3'  sont  à  la  fois 
personnelles  et  impersonnelles,  futures  et  subjonctives. 

Voici,  d'ailleurs,  des  exemples  contraires  à  cette  exception, 
en  breton  moderne  :  na  yélo  qet,  il  n'ira  pas,  Trajedi  Jacob, 
1850,  chez  Lédan,  p.  75  ;  n'ielo  ket,  Gwer'^iou  Brei::^-Ixtl ,  I, 
196;  ra  yel,  qu'il  aille,  Preparationou  d'ar  maro,  ...  troet... 
gant  Dom  Charles  ar  Bris,  Bel ec a  Léon,  Quimper,  1784,  p.  ici. 


Etudes  bretonnes.  95 

Yel  et  yelo  sont  proprement  deux  temps  différents  :  (y)el  = 
gall.  eJ,  il  va,  il  ira  (présent-futur);  (y)elo  =  gall.  clo  (jus- 
qu'à ce)  qu'il  aille,  il  sera  allé  (subjonctif-futur  antérieur).  Yel 
est  la  seule  forme  appartenant  au  premier  de  ces  temps  qui 
ait  toujours  le  sens  du  futur-subjonctif,  en  breton.  Dans  les 
autres  verbes  la  forme  correspondante  est  un  indicatif  présent, 
sauf  certaines  locutions  où  l'idée  de  futur  n'est  pas  exprimée 
dans  le  verbe,  mais  résulte  nécessairement  du  contexte  :  tréc.  bi- 
henn  nho  kiuel  ma  daoulagad,  jamais  mes  yeux  ne  vous  verront, 
G.  B.  L,  I,  350,  cf.  3 40 (et collection  Penguern,  I,  28),  etc.; 
bikenn  veut  dire  «  jamais,  dans  l'avenir  »;  bikenn  n'hen  gan 
(j'ai  peur  que)  jamais  elle  ne  le  mette  au  monde,  388;  dans 
cette  expression  le  breton  n'exige  pas,  comme  le  français,  un 
subjonctif.  Cf.  Rev.  CcH.,  IX,  380,  381  ^ 

De  même  dans  les  phrases  comme  pc  me  cm  veu^,  pe  me  na 
rinn  (dites-moi)  :  me  noierai-je,  ou  ne  le  ferai-je  pas  ?  G.  B. 
L,  I,  362,  pe  me  em  la~,  pe  iia  rinii  /cet,  me  tuerai-je,  etc.,  3  10, 
le  second  verbe  seul  est  au  futur;  il  peut  d'ailleurs  se  trouver 
lui  aussi  au  présent  :  pe  me  em  la:^,  pe  me  na  ra,  34e. 

Ce  dernier  mot  rime  en  a  ;  le  second  verbe  est  à  l'imper- 
sonnel, quoique  négatif  et  après  son  sujet,  cf.  Rev.  Celt.,  IX, 
251,  et  B,  804,  467,  641  ;  a  chiiy  na  gou:{ye  quet,  ne  saviez- 
vous  pas,  Nouelou,  76;  bikenjne  nem  goJo,  jamais  je  ne  me 
perdrai,  Bar:^a:;^  Brei::^,  515;  te  pini...  na  droa:^,  toi  qui  ne 
tournas  pas,  379;  an  Egyptianet  père  nhor  sell,  les  Egyptiens 
qui  ne  nous  regardent  (qu'avec  horreur),  Jacob,  129;  ar  re 
n  observa  qet,  Traj.  Moyses  (à  la  suite  de  Jacob),  ceux  qui  n'ob- 
serveront pas,  160,  maleiir  evit  an  nep père  no  observo,  malheur 


I.  Autres  exemples  en  moyen  breton  avec  la  ir^  pers.  :  bishiiyquen  ...  ne 
pourchaiaf,  jamais  je  n'obtiendrai,  Grand  Mystère  de  Jésus,  100;  bi:^huyquen 
ne  hiienaj,  je  ne  me  réjouirai,  187,  col.  b;  =2  bi^uiquen  lonenhat  neraf, 
Sainte-Barbe,  292.  Bikenn  et  biriuikenn  en  bret.  moderne  avec  des  présents, 
fe  pers.  sing.  en  an,  ann:  G.  B.  L,  I,  18,  20,  130,  180,  182,  234,  314, 
350,  410,  492  (et  coll.  Peng.,  I,  59);  avec  des  futurs,  v^^  pers.  en  inn  : 
6,  130,  518,  526;  3e  pers.,  en  0:  454,  464;  avec  as po,  tu  auras,  436,  ho 
po,  vous  aurez,  338.  Croii^uet  ont  abars  bloas  ainàn  (jamais  tu  ne  verras  cet 
âge:)  tu  seras  pendu  avant  un  an  d  ici,  Sarmoun  great  var  ar  niaro  a  Vikeal 
Morin,  chez  Guilmer,  p.  41,  est  devenu  croiigiiet  vi  dans  des  éditions  plus 
récentes  (Sermon  Michel  Morin,  chez  Ledan,  id.  chez  Lanoé,  p.  40). 


96  E.  Ernault. 

à  ceux  qui,  etc.,  256;  vannetais  hé  fromesseu  ne  virai  q net,  ses 
promesses  n'empêchaient  pas.  Voyage  misterius,  85  ;  er  ré  na 
^isclair,  ceux  qui  ne  déclarent  pas,  en  1693,  Amiales  de  Bre- 
tagne, III,  412,  etc.  ^ 

3.  On  peut  ajouter  à  yel  le  bret.  moy.  et  mod.  ve:^,  sub- 
jonctif «  qu'il  soit  »,  dans  «a  ve::^  muy,  qu'il  n'y  ait  pas  autre 
chose,  J  76  b,  où  ve^  rime  en  f;^,  =  na  ve:{et  quen,  B  396  (ve:^et 
est  un  impératif);  nia:(^ve::;^,  pour  qu'il  soit,  Sainte-Nonne,  601, 
=  ma^  vexp,  919,  1275  ;  me  a  w'~,  je  serais,  me  a  vé\  het,  j'aie 
été,  pegueiuent  bennac  é  vé:^-eh  het,  quoiqu'il  ait  été,  etc.. 
Grammaire  du  P.  Grégoire,  Rennes,  1738,  p.  85,  86,  129, 
neb  a  vé7^,  quiconque  serait,  26,  cité  à  propos  de  la  pronon- 
ciation du  ;(;  r'am  béT^,  j'aie,  plût  à  Dieu  que  j'eusse,  p.  b.  ma 
am  béz^  bet,  quoique  j'aie  eu,  2^  pers.  a:^  pé:^,  y  en  devé:^^, 
fém.  he  devé:;^,  pi.  bon  bé:^,  bon  devé:(^,  2^  p.  bo  pé:^,  y  bo  devé:^,  etc., 
94,  95,  120,  121,  et  Dictionnaire  du  même  auteur,  s.  v. 
avoir \  mar  c'boantait  e  w~  /////  ...  bo  sqiant,  si  vous  voulez  que 
votre  science  soit  utile.  Imitation  ...  J.-C,  1836,  chez  Lédan, 
p.  5,  etc. 

Ce  mot  be:{,  ve~  =  le  présent-futur  gall.  bydd,  a  un  emploi 
régulier,  par  exemple  dans  bi:{l]uyquen  ...  neni  be:;^,  jamais  je 
n'aurai,  J  226  b,  cf.  qiicn  na  ue:^aff,  jusqu'à  ce  que  je  sois,  B 
45,  birviquen  ...  nen  deve,  jamais,il  n'aura,  Tragédien sant  Guil- 
larm,  Morlaix,  181 5,  p.  76  (=  birfiquen  ...  nen  deveus,  ms. 
de  la  même  pièce,  à  M.  Bureau,  daté  de  181 1,  f"  61  v°),  etc., 
§  2;  mais  les  cas  signalés  plus  haut  sont  très  différents.  Na 
vex_  muy  est  une  3'-'  pers.  ;  na  car  muy,  n'aime  plus,  une  2^  A 
r'am-  bcx^  (cf.    ra  yel)  devrait   répondre  *  ra  car,   qui   n'existe 


I .  Au  lieu  de  pe  me  etn  veu:;^,  etc.,  on  lit  pc  me  n'em  venin,  pe  na  rin  het, 
E.  Rolland,  Recueil  de  chansons  populaires,  III,  64,  ^l  pe  me  n'em  veuin,  pe 
me  na  rin,  Quellien,  Chansons  et  Danses,  loi.  Il  y  a  ici,  au  contraire,  un 
emploi  abusif  du  personnel,  cf.  Rev.  Celt.,  IX,  2')6 ,  et  rouanei,  pan  deuiont, 
amensont,  les  rois,  quand  ils  arrivèrent,  demandèrent,  NI  12;  hek'icnn  V 
Vuriuenn,  vel  ma  kleujont,  ur  prosession  a  :^wjont,  les  prêtres  du  Bourblanc 
entendant  cela,  firent  une  procession,  G.  B.  J.,  I,  226;  lie  \isquihien  oclê- 
ved  ar  c'homjo-se,  e  coue^chont,  ses  disciples,  entendant  ces  mots,  tombèrent, 
Testamant  neve,  Guingamp,  1853,  p.  40;  ha  neu^e  mc'r  la^in,  et  alors  je  le 
tuerai,  Guill.,  1815,  p.  74  =  a  neuse  mer  la^in,  ms.  1811,  fo  60;  et  me 
hoc'h  etablissa,  je  vous  établis,  Jac.  40,  rime  à  qenta} 


Etudes  bretonnes. 


97 


pas.  Mâf~  car,  analogue  à  mac^  w~,  est  toujours  un  indicatif 
présent:  «  si  bien  qu'il  aime  ». 

4.  Le  :^  de  bc:^,  fq,  ne  permet  pas  d'y  voir  un  conditionnel. 
Ce  temps  peut  remplacer  dans  certains  cas  le  futur-subjonctif; 
c'est  pourquoi  le  P.  Grégoire  donne  aussi,  par  exemple,  r'en 
deffé,  plût  à  Dieu  qu'il  eût,  ma  en  dejfé,  ma  he  deffé  (encore) 
qu'il,  quelle  ait  (eu),  etc.,  formes  de  conditionnel. 

En  vannetais  et  en  trécorois  le  :^  doux  se  supprime  ;  on  ne 
peut  donc  savoir  si  dans  le  van,  buiquen  henmh  ne  ue  coh  deen, 
il  ne  vivra  pas  âge  d'homme,  Chai,  ms,  et  dans  le  tréc.  bikenn 
na  ve  paour  et  bikenn  paour  na  ve,  jamais  il  ne  sera  pauvre,  G. 
B.  L,  I,  470,  ve  est  un  présent-futur  =:  léon.  ve:{,  cf.  mar 
bean,  si  je  suis,  420,  ou  un  conditionnel  =  léon.  ve,  cf.  mar 
ben,  si  je  suis,  412  (futur  bikenn  ...  na  vo  paour,  464).  Le 
conditionnel  breton  peut  s'employer  parfois  là  où  le  français 
mettrait  le  futur  :  m'arruann  . . .  binoiken  m\ou  'n  defe-han,  si 
j'arrive  (avant  lui),  jamais  il  ne  recevra  (littéralement  «  il 
n'aurait  »)  les  ordres,  442.  Il  partage  aussi  avec  le  futur  la 
faculté  d'exprimer  le  subjonctif. 

5.  On  aurait  tort  de  joindre  à  iel  et  à  bex^  certaines  expres- 
sions comme  c'hom  (lisez  choni)  er  guélénep  à  garo,  demeure  au 
lit  qui  voudra,  Quiquer,  1690,  p.  113.  Le  verbe  peut  être  ici 
à  l'infinitif,  c'est  ce  que  prouvent  entre  autres  les  phrases 
evelse  be:^a  grct,  ainsi  soit-il,  Conferançoii  curius,  chez  Lédan 
(édition  publiée  sous  Louis-Philippe,  comme  on  le  voit  à  la 
p.  26),  p.  47;  he:{a  et  bea  droug  gant  an  eb  a  garo,  que  cela  dé- 
plaise à  qui  voudra,  collection  Penguern,  I,  206  ;  III,  3  i  ;  Nini 
a  neus  c'hoant  da  vellct  true~  Mond  di:^iou  d'ar  chastel  neves, 
celui  qui  veut  voir  grand  pitié,  qu'il  aille  jeudi  au  château 
neuf,  I,  33;  trci  an  acl,  que  le  vent  tourne,  V,  léi,  cf.  212, 
treï  dan  avel,  ij^.  Cet  emploi  de  l'infinitif  pour  l'impératif 
n'est  pas  borné  à  la  3^  pers.  du  sing.;  cf.  Rev.  Celt.,  IV,  299  ; 
e  astenn,  qu'on  l'étende,  J  135;  e  aeren,  lions-le,  73  b.  On 
dit  très  souvent  en  petit  Tréguier:  dond  aman,  venez  ici; 
c'hastan,  ha  chomah  ke  da  dortah,  hâtez-vous,  ne  vous  arrêtez 
pas  (cf.  «  il  n'y  a  pas  à  tortiller  »  ?),  etc. 

Après  un  verbe  au  futur  ou  à  l'impératif,  un  second  verbe 
à  l'infinitif  peut  exprimer  l'idée  de  ces  temps  :  me  ...  a  gray  ... 
Revue  Celticjue,  XI.  7 


98  E.  Ernaiilt. 

ah  se:(lou,  je  ferai  et  j'entendrai^  N  499-500,  pour  se:^louo ; 
deomp  ...  hac  ...e  lescl,  allons  et  laissons-le,  519-521;  na 
hentet  na  darempret,  ne  hantez  et  ne  fréquentez,  J  21  b. 

Il  en  est  de  même,  du  reste,  pour  les  autres  temps  ;  exemples  : 
Moy.  br.  ho^^  bennigaf  ...  ha  hoÂ^  ober,  je  vous  bénis  et  je 
vous  fais  (archevêque),  N  1770,  1771  ;  ne  espernaff  ...  dekher, 
je  n'épargne  (lièvre  ni  renard)  ;  je  prends  (les  lapereaux),  285, 
28e  ;  ne  credaff  ...  na  doen,  je  ne  crois  pas  et  n'ai  (souci  de), 
B  105;  pan  sell  ...  ha  guelet,  quand  il  regarde  et  voit,  283- 
284;  mar  da  ...  ha  caffout,  si  elle  va  et  trouve,  79  ;  na  diguer 
ha  rannaff  (qui  empêche)  qu'il  ne  s'ouvre  et  ne  se  brise,  J  34; 
ma^  huesenn  ...  ha  crenaf,  tant  que  je  suais  et  tremblais,  231; 
en  doiigenn  net  hac  e  caret,  je  le  respectais  et  l'aimais,  N  1145  ; 
no  dalchech  huy,  ha  ho  diqiiacc  (pourquoi)  ne  les  arrêtiez-vous 
pas  et  ne  les  ameniez-vous  pas,  J  219;  e:;^  aparissas  ...  hac  he 
admonetas  ...  yue:^  he  assury,  il  apparut  et  l'avertit;  de  plus  il 
l'assura,  Cathell  13  ;  ^^  deu:^  de  nem  colcry  ha  da  enrage  ha  gour- 
henien,  il  se  mit  en  colère  et  ordonna,  17  ;  en  querhomp  ...  e  ado- 
rifu,  nous  l'aimerons  et  l'adorerons,  H  9;  na  macses  ...  hac 
ho  emplig,  n'aurais-tu  pas  nourri  (des  animaux)  et  ne  les  aurais- 
tu  pas  employés,  B  str.  700,  vers  i  et  vers  5  ;  dans  l'inter- 
valle se  trouvent  d'autres  verbes  à  des  temps  différents;  ne 
lamsct  ...  nac  he  rauissaff  (de  peur)  qu'on  ne  la  prît  et  ne 
l'enlevât,  8. 

Bret.  mod.  :  ma  crevas  ha  mervel  marv-miq  (si  bien)  qu'elle 
creva  et  mourut,  de  Goësbriand,  Fables,  1836,  p.  i  ;  me  0 
lacfe  a  blat,  hac  ober  dé  anaout,  je  les  abattrais,  et  leur  ferais 
reconnaître,  Mc»)'5.  176;  biskoa::^  ...  neuz^hi  andurct  ...  met  hi 
chaseal,  jamais  il  ne  l'a  supportée  ...  mais  il  l'a  chassée,  G.  B. 
L,  I,  160,  cf.  162  ;  me  gouitafe  ...  ;  houitad  ...,  mont,  je  quit- 
terais (mon  pays),  je  le  quitterais,  j'irais,  138;  ma  kouskfomp 
...  kousket  ...,  dcbri  (la  grâce)  que  nous  couchions  ...  ;  que 
nous  couchions  ...,  que  nous  mangions,  254;  a  vrcofc  ..., 
lakad,  il  briserait  ...  et  mettrait,  520;  brenian  pahon  di:^ourci, 
ha  caout  eun  tant  animer,  maintenant  que  je  suis  tranquille  et 
que  j'ai  un  peu  de  temps,  Chanson  ...  var  ...  ann  evereiet,  i  ; 
squiant  en  dcoa  ha  gou:^out  peur  e  impligca,  il  avait  de  l'esprit 
et  savait  quand  l'employer,  Sarnioun,  35,  cf.  p.  21,  etc.  On 


Etudes  bretonnes.  99 

dit  en  petit  Trég.,  par  exemple,  an  diid  avor  a  chik,  pe  vutunat, 
les  marins  chiquent  ou  fument,  etc. 

Cette  construction  existe  également  en  comique  et  en  gal- 
lois ;  cf.  Stokes,  Pascon  agan  Arluth,  p.  95  (note  à  str.  175, 
1.  2);  Beunans  Meriasek,  Furtber  corrigenda  and  addenda,  note 
au  vers  906. 

On  la  trouve  aussi  en  français  :  «  Item  que  si  l'on  vend  et 
allienne  du  dommayne  de  l'Eglise  et  en  ce  appauvrir  les  dits 
Ecclésiastiques,  ...  »  (pièce  datée  d'avril  1573,  signée  de 
l'évêque  de  Luçon  ;  dans  les  Papiers  d'Aquitaine,  Recueil  ma- 
nuscrit de  Dom  Fonteneau,  t.  XIV,  p.  714,  bibliothèque  de 
Poitiers). 

6.  Il  y  a  un  troisième  cas  où  l'infinitif  peut  alterner  avec 
le  futur-subjonctif;  c'est  après  le  mot  da. 

Doué  dû  conduo,  que  Dieu  vous  conduise,  Quiquer,  1690, 
p.  77,  cf.  14,  a  pour  synonyme  Doué  do  conduy,  73,  où  le 
verbe  est  à  l'infinitif,  de  même  que  dans  Doué  da  rei,  que 
Dieu  donne,  m  (=  Doué  da  roi,  11,  14,  42,  da  roy  Doué, 
12,  futur).  Doue  da  rei,  Moys.  ijo,  (=  Doue  da  royo,  309), 
Doue  da  reï,  G.  B.  L,  I,  254,  260,  vann.  Doue  de  rein,  Voy. 
Diist.,  II,  Do  lie  de  rein,  Chalonsms.,  s.  v.  allonger,  Doi'ié  d'hou 
sicourein  (=  Doiïé  hou  sicouret)  et  Doïié  de  uout  guenech,  Dieu 
vous  assiste.  Chai,  ms,  litt.  Dieu  soit  avec  vous,  Doue  da 
vc~an,  Quellicn,  235,  Doue  da  vea,  Giiill.  181 1,  f"  77  v", 
Doue  da  vean,  Explication  an  doctrin  christen,  III  (1849), 
p.  288,  etc.  (=:Doué  dave:^o,  Quiq.,  37,  Doïié  da  véo,  103,  cf. 
Doué  ra  tr~o,  40)  ;  Doue  da  renia  dêc'h,  que  Dieu  vous  rende, 
Moys.,  270;  Doue  da  :^istrein,  que  Dieu  détourne,  Expl.  II 
(1838),  p.  176;  Doue  da  xpnt  do pca  «  que  Dieu  vienne  à  vous 
récompenser  »,  Guill.  1811,  79  v°,  etc. 

Cet  emploi  de  l'infinitif  avec  da  pour  rendre  l'idée  de  l'op- 
tatif existait  dès  le  breton  moyen  :  peuch  ...  da  regnaf,  que  la 
paix  règne,  J  8.  Il  provient  d'une  confusion  entre  da,  parti- 
cule verbale  =  irl.  do,  Rev.  Celt.,  IX,  250,  et  da,  préposition 
signifiant  à.  La  construction  plus  ancienne,  avec  le  futur,  se 
trouve  aussi  à  cette  époque  :  do^  greay,  qu'il  vous  fasse,  J  9  ; 
da  ue^o  graet,  qu'il  soit  fait,  Middle-Breton  Hours,  65  ;  Doe 
da:^  saluo,  Dieu   te  salue   (i.    e.  sauve),   Catholicon.  Autres 


100  E.  Erridult. 

exemples  de  Quiquer,  1690:  Doue  do  miro,  Dieu  vous  garde, 
89,  d'b  iiiiro,  97;  Donc  do  binnigo,  Dieu  vous  bénisse,  27  ;  da 
hinigou,  qu'il  bénisse,  55  (cf.  seruigou,  il  servira,  53);  deut 
îiiat  da  viet,  soyez  le  bienvenu,  20,  22,  33  (m  viel,  97). 

Il  n'est  pas  exact  de  dire  que  da  «  est  toujours  précédé  du 
sujet  »,  Rcv.  Celt.,  IX,  538,  ligne  14;  on  en  a  la  preuve, 
ibid.,  1.  3  ^  —  Cf.  da,  particule  optative,  en  slave. 

Il  n'est  pas  impossible,  d'un  autre  côté,  que  dans  clrnn  er 
gucle  ncp  a  garo,  reste  au  lit  qui  voudra,  chom  soit  à  la  seconde 
personne  du  singulier.  Cette  explication  paraît  la  plus  naturelle 
dans  n'oii  gonvertis  ncp  a  garo,  se  convertisse  qui  voudra,  Dis- 
put  ...  Molarge  (après  Chanson  go~),  chez  Lédan,  p.   6.  On 
trouve  des  constructions  semblables  avec  la  2^  pers.  du  pluriel: 
';/;/  /;/;;/  'n  cu~  c'hoanî  kavel  truc~  It  dihin  d'ar  C'hastcJ-neve:^, 
G.  B.  L,  I,  242,  litt.  «  celui  qui  veut  ...,  allez  ...  »,   cf.  la 
variante  de  la  coll.  Peng.,  citée  §   5  ;  gourdrou::it  an  eb  a  garo, 
murmure  qui   voudra,  coll.  Peng.,  II,  66,  gourdrou:(id  an  eb 
a  garo,  69  ;  grognit  ncp  a  garo,  en  grogne  qui  voudra,  Jac.   96, 
clêvit  nep   a  g.  (entende),  Moys.  239;  va  ■:;jid,  ncmrenjitpc- 
pini,  (...  na  boltronct  ini),  mes  gens,   que  chacun  se  range, 
(que  personne  ne  soit  lâche),  Pcvar  niap  Eni.,  anc.  éd.,  271  ; 
hcuiUiî  achanon  ncp  a  garo,  me  suive  qui  voudra,  397;  recourit 
ho  pue,  mignonct,  ncp  a  cil,  sauve  qui  peut,  amis,  347;  va  ~ud, 
mar  deus  ini  ani  c'har,  Laqit  c  advcrsour  pepini  d'an  douar,  mes 
gens,  s'il  y  en  a  quelqu'un  qui  m'aime,  que  chacun  terrasse 
son  adversaire,  57,  cf.  146;  choniit,  conipagnunc~,  pepini  en  e 
blaç,  Riniou  ha  goulennou  chez  Lédan  (anc.  édit.),  p.  53,  litt. 
«  restez,  la  compagnie,   chacun  à  sa  place  »  ;  choniit  ta  pepini 
qeit  ni'o  c  volonté  «  restez  donc  chacun  tant  que  ce  sera  sa  vo- 
lonté »,    ibid.,  etc.  ^.  On  dit  en  petit  Tréguier  'n  ini  'n  e 


1 .  On  lit  dra  ve:[in,  que  je  sois,  dans  l'ancienne  édition  de  Biie\  ar  pevar 
map  Emon,  p.  179  ;  dra  est  un  compromis  entre  da  et  ra.  Une  autre  com- 
binaison curieuse  se  montre  dans  ar  blet  oiisda  tago,  que  le  loup  t'étiangle, 
ilnd.  275,  pour  ar  blei  da  (n::  Ja:^)  tago  ou  ar  hlei  oti:^  da  daga,  littéralement 
«  le  loup  à  t'étrangler  ». 

2.  Dans  beiit grêt,  qu'il  soit  fait,  ib.  20,  il  y  a,  je  pense,  une  simple  con- 
fusion graphique,  pour  bf:(et  ;  cf.  «;ori7,  on  honorait,  Pev.  m.  E.,  anc.  éd.  7, 
et  peut-être  assurit,  assurément  (pour  assuret,  assuré),  29,  167,  182,  212, 
225,  243,  263,  284,  322,  326,  381  (voir  §  41). 


Etudes  bretonnes.  loi 

c'hoahd  de  gàd  prenct  hagë  pou,  litt.  «  celui  qui  veut  en  avoir, 
aclietez  et  vous  aurez  ». 

Une  tournure  analogue  existe  en  français  :  «  Gardez  vos 
gants  ceux  qui  en  ont  «,  Labiche,  Un  chapeau  de  paille  d'Italie, 
acte  II,  se.  3. 

7.  La  seconde  classe  (verbes  à  futur  en_)')  se  divise  en  trois 
groupes  :  radicaux  en  a,  en  eu  et  en  0. 

Exemples:  groay,  gray,  grai,  greay,  ray,  il  fera,  qu'il  fasse; 
disgray,  il  défera,  essa\,  il  essaiera,  hoaiitay,  il  désirera,  lacay, 
il  mettra,  pellay,  il  s'éloignera;  couffhay,  il  songera,  B  657, 
659  ;  dans  ce  mot  seulement  ay  compte  pour  deux  syllabes 
(rimes  a,  i),  mais  cela  n'empêche  pas  les  autres  d'avoir  i 
voyelle,  et  de  rimer  en  î  :  «  Hac  a  grai  ma  deuotion,  N  500; 
En  ty  nia::^  ay,  hep  fa::jiajf  »,  J  47.  La  rime  intérieure  de  ^y 
avec  fa::^iaff  ne  suffirait  pas,  parce  qu'elle  n'est  qu'à  la  2"  syl- 
labe du  vers  ;  cf.  mon  Glossaire  moyen  breton,  Préflice. 

Gruy,  il  fera,  J  78,  col.  b,  i  syll.,  rime  en  i,  est  dû  proba- 
blement à  une  confusion  graphique  avec  gruy,  tu  feras,  Sainte- 
Nonne,  1149,  ry,  B  614  (jien  gry,  J  52,  pour  na  ry,  rimes  ar, 
i);gry,  Cathell,  23  {Rev.  Celt.,  VIII,  88).  Va  du  radical  dis- 
paraît à  cette  seconde  personne,  mais  non  à  la  troisième  :  y, 
tu  iras. 

Le  verbe  du  deuxième  groupe,  deuy,  duey,  duy,  dui,  il  vien- 
dra, n'a  qu'une  syll.,  qui  rime  en  i,  J  49,  N  522,  etc.;  duy, 
tu  viendras,  en  a  deux. 

Exemples  du  troisième  groupe  :  roy,  il  donnera,  scoy,  il 
frappera,  une  syll.  ;  roy,  deux  syll.,  B  292;  gouloy,  il  couvrira, 
trois  syll.,  B  630  (rimes  0,  i);  troy,  il  tournera.  Poèmes  bre- 
tons, 227,  peut  être  compté  pour  une  ou  deux  syll.,  parce 
qu'il  est  suivi  d'une  voyelle,  et  qu'en  pareil  cas  la  synérèse 
est  fréquente.  La  rime  de  roy  (une  syll.)  à  baeleguie-,  N  1688, 
est  analogue  à  celles  que  nous  avons  étudiées  plus  haut. 

Royf,  il  donnera,  une  syl.,  N  708,  est  une  variante  pure- 
ment graphique  de  roy;  cf.  canef,  il  chantait,  Cathell  3,  pour 
cane;  a graff,  il  fait,  8,  ^ara  35,  auj.  a  ra.  On  lit  de  même 
da  roijf,  qu'il  donne,  don  preseruofj,  qu'il  nous  préserve,  graijf, 
il  fera,  Quiquer,  1626  (Loth,  Annales  de  Bretagne,  III,  249, 
247.  245)- 


102  E.  Ernault. 

8.  Le  comique  nous  offre  dans  jvy,  qu'il  donne,  en  regard 
de  may  hallo,  pour  qu'il  puisse,  etc.,  un  exemple  de  la  répar- 
tition des  suffixes  o  et  3'  en  moyen  breton. 

En  gallois  -0  appartient  au  subjonctif-optatif,  que  la  gram- 
maire de  Rowland  appelle  future  pcrfect  et  qui  s'emploie  dans 
les  propositions  dépendantes,  cf.  Loth,  Rev.  Celt.,  VII,  236, 
237:  moy.  gall.  akafo,  qu'il  aura  reçu,  duw  arodo,  que  Dieu 
donne!  mais  aussi  jyn)'  wyttao,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  mangé, 
Grammatica  celtica,  2^  éd.,  513,  aho,  il  sera  allé,  583. 

La  terminaison  i  appartient,  au  contraire,  au  présent-futur, 
que  Rowland  appelle  Juture  :  bzuytài  ef,  il  mangera.  Diction- 
naire de  Spurrell.  Je  suppose  qu'on  peut  joindre  à  bwyiài  aiff 
ou  eiff,  il  ira,  gwnaijf,  il  fera,  formes  admises  par  la  grammaire 
de  Rowland,  3^  éd.,  Bala,  1865,  tandis  que  les  correspondantes 
dans  les  thèmes  consonantiques,  comme  dysgiff,  il  apprendra, 
sont  regardées  comme  vulgaires,  p.  72.  Aiff  et  gwnaiff  étznt 
synonymes  de  a  et  g-wna  (=  les  présents  bretons  a,  groa), 
pourraient  provenir  d'une  imitation  analogique  du  rapport  ré- 
gulier de  ca,  il  aura  (infinitif  ra^/),  avec  caiff,  ceiff,  il  aura  (inf. 
caffaeï)  =  bret.  mov.  qucff,  il  trouve ^  Un  passage  de  la  gram- 
maire de  Griffith  Roberts,  Milan,  1567,  montre  combien  cette 
analogie  devait  sembler  naturelle  :  «  Quelques-uns,  dit  l'au- 
teur gallois,  forment  la  y  pers.  sing.  en  ajoutant  ph  à  la  se- 
conde :  ceri  [tu  aimeras],  ceriph  [il  aimera]  ;  cai  [tu  trouveras], 
caiph  [il  trouvera]  »  (p.  64  de  l'édition  originale,  154  de  la 
réimpression  de  la  Rev.  Celt.'). 

Mais  cette  influence  a  pu  s'exercer  à  l'origine  sur  des  for- 
mes de  futur,  existantes,  en  -(ci)i\  et  n'avoir  pour  efiet  que  de 
les  augmenter  du  son  /,  ce  qui  les  distingua  d'ailleurs  heu- 
reusement des  imparfaits  :  ai,  il  allait,  gzvnai,  il  faisait  (bret. 
mod.  é,  gré),  et  de  la  2''  pers.  du  futur  :  ai,  ci,  tu  iras,  giiniai, 

I .  Davies  avait  à  peu  près  la  même  idée  :  «  Quodfactum  existimo  ex... 
prava  imitatione  anomali  caiff,  a  caffad  »  (Antiqua  lingua  britannicce ...  ru- 
dimenta,  2^  éd.,  Oxford,  1809,  p.  99).  Il  esta  remarquer  que,  tout  en  reje- 
tant en  bloc  les  terminaisons  -i(f,  il  semble  regarder  aiff.  dont  il  donne  un 
exemple,  comme  plus  excusable  quQ  ceriff;  et  qu'il  mentionne,  à  ce  propos, 
les  autres  thèmes  en  a:  «  Et  in  futuris  verborum  in  au,  rectius  duxerunt 
veleres  duplicare  aa  [vel  ipsum  duplex  aa  in  simplex  contrahere  (dit-il  plus 
loin)],  quam  dicere  iff,  ut  trislja,  laicenhja...,  givarha  »  (p.  100). 


Etudes  bretonnes.  105 

tu  feras  (bret.  moy.  y,  gruy).  L'indignation  des  grammairiens 
devant  des  futurs  comme  dysgiff,  carif,  ceriff  (cf.  Z^  510)  nous 
est  un  garant  de  leur  nouveauté  relative.  Sur  l'emploi  de  cette 
terminaison  -ijf,  voir  Loth,  Rev.  Celt.,  VII,  190. 

Le  breton  moyen,  le  comique  et  le  gallois  paraissent  donc 
d'accord  pour  indiquer  la  terminaison  i  du  futur  comme 
propre  aux  verbes  dont  le  radical  est  en  a,  (eu),  0. 

9.  En  breton  moderne,  la  distinction  des  futurs  en  0  et  en 
/  n'est  pas  aussi  tranchée  qu'en  bret.  moy.  ;  il  se  fait  entre  les 
deux  classes  des  échanges  et  des  compromis. 

Le  trécorois  ajoute  la  terminaison  0,  ou,  à  des  thèmes  en  a 
et  en  0  .•  Iakao,  il  mettra,  G.  B.  L,  II,  8;  kuitao,  il  quittera, 
Histoariou,  225,  trugarekao,  il  remerciera,  <)\distroo,  il  retour- 
nera, 223,  G.  B.  L,  I,  68;  'tiverrao,  il  raccourcira,  Revue  de 
Bretagne  et  de  Vendée,  lvii,  214,  etc.;  petit Trég.  kouitâou,  etc., 
rôou,  il  donnera,  skôou,  il  frappera,  golôou,  il  couvrira,  etc.  Ces 
formes  sont  analogues  à  celles  du  gall.  moyen  comme  hwyttao, 
il  aura  mangé  (§  8)  =  pet.  tréc.  boetâou,  il  nourrira.  Il  y  a 
aussi  une  variante  eo  pour  ao  :  ni  a  vcrreo,  nous  raccourcirons, 
Bue^  ar  pêvar  viah  Einon,  ancienne  édition,  p.  116;  pelleo, 
qu'il  éloigne.  Revue  historique  de  l'Ouest,  V,  210,  etc.  ;  v.  §  16. 

On  trouve  de  môme  en  cornouaillais  deuo,  il  viendra,  em- 
ployé dans  VAlnianach  de  1877,  concurremment  avec  deui  ;  a 
:ieuo,  saint  Jean,  IV,  14,  trad.  Lecoat,  etc.  Le  léonais  (comme 
quelquefois  le  trécorois)  ajoute  la  première  désinence  0  à  la 
deuxième,  i:  rai,  il  fera,  Quiquer,  Morlaix,  1690,  p.  79, 
ray,  67,  etraio,  17,  rayo,  69;  roi,  roy,  il  donnera,  122,  royo, 
72  ;  ay  et  ayo,  il  ira,  ray  et  rayo,  il  fera,  lacqay  et  lacqayo,  il  met- 
tra, caç:;ay  et  caç^fiyo,  il  haïra,  deuy  et  deuyo,  il  viendra,  roy  et 
royo,  il  donnera,  sqoy  et  sqoyo,  il  frappera,  etc.,  P.  Grégoire, 
Grammaire,  134,  102,  iio,  140;  cet  auteur  regarde  les  formes 
sans  0  comme  dérivées  des  autres  par  abréviation.  Le  Gonidec 
écrit  de  même  lakaiô  ou  Iakai,  etc.  Cf.  lakaï,  G.  B.  L,  I, 
248;  lakaïo,  196;  qiïittayo,  il  quittera,  tosîayo,  il  approchera, 
chanson  du  Juif-Errant,  3,  etc. 

Le  point  de  départ  de  ce  cumul  d'indices  peut  avoir  été  la 
synonymie  ancienne  de  iel  et  ielo,  il  ira;  d'après  le  rapport  de 
ces  deux  formes,  on  aura  donné  à  leur  équivalent  ay,  il  ira,  une 


104  ^-  ^'^nault. 

variante  ayo;    de    môme    à  deuy,   il    viendra,   une   variante 
deuyo,  etc. 

10.  La  correspondance  de  can-o,  il  chantera,  à  can-ot,  vous 
chanterez,  a  été  imitée  dans  deu-yo,  il  viendra,  d'où  ma  tcuyot, 
que  vous  veniez,  Moys.,  173;  distro-yo,  il  retournera,  ma  tis- 
troyot,  que  vous  retourniez,  Jac,  86. 

De  même  pour  les  deux  autres  personnes  plurielles  du  futur, 
qui  ont  parfois  des  terminaisons  omp,  ont,  cf.  Rev.  Cclt.,  IX, 
262,  264  {ye:io)up,  nous  serons,  GuilL,  181 1,  f°  71  v°,  = 
Guill.,  181 5,  p.  88;  sonjont,  ils  penseront,  GuilL,  181 1,  f°  71, 
=  soiicbont,  GuilL,  1815,  p.  88)  :  le  ;y  de  ra-yo,  il  fera,  a-yo, 
il  ira,  a  pénétré  ces  personnes  dans  rayomp,  nous  ferons,  GuilL, 
1815,  p.  62;  Pcv.  m.  E.,  anc.  éd.,  325,  Moys.,  235,  ma 
rcïomp,  que  nous  fassions,  Meulidiguc:^  qeguin  ...  ^^an^  ...El 
Liab  ...,  7081  (i.  e,  Le  Bail,  1807)  p.  14  (une  édition  plus 
récente,  chez  Lédan,  a  raimp);  raimp  avec  un  0  au-dessus  de 
1'///,  Guill.  181 1,  f.  53  v;  rêyomp,  nous  ferons,  que  nous  fas- 
sions, Pcv.  m.  Em.,  anc.  39,  119,  336,  341;  ayomp,  nous 
irons,  que  nous  allions,  28,  132,  149,  383,  386,  etc.,  etc., 
ma  chcyomp,  109,  ma  haïovip,  GuilL,  1815,  p.  102  (=  ma 
chcouip,  GuilL,  181 1,  f.  82  V.),  aionip,  GuilL,  181 1,  f.  6j  v, 
G<);nïomp,  GuilL,  181 5,  p.  59,  83,  85,  102;  deuyomp,  nous 
viendrons,  Pêv.  m.  Em.  anc.  87,  125;  rayant,  ils  feront,  Jac. 
ICI,  raïont,  GuilL,  1815,  p.  45,  graïont,  75;  rêyont,  Pêv.  m. 
£.  anc,  374;  «  on  dit  souvent  ^m/on? (qu'ils fassent),  surtout 
en  Trég.  »,  selon  M.  l'abbé  Hingant,  Grammaire,  68,  aiont, 
qu'ils  aillent,  93  ;  deuyont,  ils  viendront,  Grég.,  Gram.,  140, 
daiont,  id.,  QueUien,  135,  et  même  deuchont,  id.,  Peng.,  II, 
268;  laqayont,  ils  mettront,  Pcv.  m.  E.,  anc.  166;  roïont, 
qu'ils  donnent,  GuilL,  1815,  56  ^  M.  Wmgmt  isLit  de graioiît 
et  aiont  des  impératifs  ;   nous  avons  vu  que   l'emploi  de  ce 

I .  Il  y  a  une  autre  terminaison  vulgaire  -iorit  pour  ont,  à  l'indicatif  pré- 
sent :  pa  :(eiiieiont,  quand  ils  se  marient,  dleioiit,  ils  doivent,  Sitppl.  aux  dict. 
hret.,  Landerneau,  1872,  p.  92;  cf.  disqueiel,  montrezl  GuilL,  1811,  63  v. 
Cette  addition  de  y  s'observe  encore  en  dehors  du  verbe  :  Dotieyo,  dieux, 
Guill.  1815,  29,  dkyo,  dettes,  Expl.  I  (1833),  168;  ak'hueyo,  clefs,  275  ; 
ruïoc'h,  plus  rouge,  2-jc);  ^hpioc'h,  plus  humide,  Suppl.  109.  Elle  paraît  due, 
en  partie  du  moins,  à  diverses  analogies  (cf.  dimeio,  des  mariages;  dleien,  je 
devais,  ruiah,  rougir,  etc.). 


Etudes  bretonnes.  105 

temps  peut  parfois  alterner  avec  celui  du  futur.  Cf.  consullont, 
qu'ils  consultent,  Avantiiriou  un  dcnyaonanq,  chez  Lédan,  anc. 
éd.,  p.  33  ;  sonjont,  qu'ils  pensent!  Cantic  ...  var  ar  buretc, 
chez  Lédan,  p.  4.  Il  faut  ajouter  à  ces  formes  ma  leuyor, 
pour  qu'on  vienne,  Pêv.  m.  E.,  anc,  265. 

11.  On  peut  comparer  la  transformation  de  presque  tout  le 
futur  du  verbe  être,  à  l'image  de  la  2''  pers.  plurielle,  vihot, 
Gramm.  de  Grég.,  82,  87,  127,  153  : 

he'^a  é  viiin      het  ou  a  vihon  bet  co\,  j'aurai  été  vieux. 
Plur.  ire  p.         —   eivi\inip  —  ou  é  vihomp  — 
3e  p.  —   e:(  viiint   —  ou  ^  vihont     — 

Sens  indéfini  :    —  e^  vc^or     —  ou.  ê  vihor      —     on  sera. 

La  i""^  pers.  plur.  analogique  vihomp,  nous  serons,  que  nous 
soyons,  existait  déjà  en  moy.  br.,  J  220  b,  Noueloii,  448;  j'ai 
eu  tort  d'y  voir  un  conditionnel.  Au  lieu  de  vil^ot,  on  a  sou- 
vent viot,  Pcv.  m.  E.  anc.  72,  144,  etc.  ;  de  là  viomp,  nous  se- 
rons, que  nous  soyons  (2  syl.),  ibid.,  142,  178,  257,  275,  etc., 
ma  viont,  pour  qu'ils  soient,  341,  Destruction  de  Jérusalem 
(Bibl.  nat.,  ms.  cclt.,  n°  61)  f"  4,  etc.;  vior,  on  sera,  Le  Go- 
m<\ec,  Gramm.,  1807,  p.  167;  Hingant,  Gramm.,  180,  etc. 
La  première  pers.  du  sing.  vihon,  unique  en  son  genre,  s'appuie 
sans  doute  sur  Vu  aoriste  »  ancien  vioûn,  vioirn,  je  fus,  encore 
donné  par  le  P.  Maunoir,  Grammaire  armoriquc,  p.  20 
(2*"  pers.  viout ;  pi.  viomp,  vioc'h,  viont,  ibid.^ 

12.  Il  est  possible  que  elot  signifie  vous  irez,  J  201  b,  en  ce 
cas  c'est  un  produit  de  l'analogie,  comparable  à  deuyot ;  le  fait 
est  certain  pour  _)'t'Y()^ 7;,  vous  irez,  Pév.  m.  E.  anc.  180,  206, 
Moys.  .169,  Jac.  8^,  ielloc'h,  Canaouen  ...  var  an  hent-ouarn, 
chez  Haslè,  str.  8,  etc.,  malgré  la  présence  en  gallois  du  sub- 
jonctif-optatif <'/oc/;,  vous  serez  allé;  la  racine  el  a,  en  cette 
langue,  une  conjugaison  à  peu  près  complète. 

13.  Le  trécorois  et  le  vannetais  changent  fréquemment  ai 
en  ei  :  tréc.  ei,  il  ira,  grei,  il  fera,  Rev.  Celt.,  IX,  248,  254; 
laqey,  il  mettra,  Pév.  m.  E.  anc.  311,  Jaqéy  375,  c'hoantéi,  il 
désirera,  88;  quitta,  il  quittera,  Devocion  d'ar  galon  sacr,  Saint- 
Brieuc,  185 1,  p.  137  (infinitif  moy.  bret.  cuittai);  van.  id., 
pealley,  il  s'éloignera,  l'A.,  v.  ciel,  SuppL,  etc.  Ceci  est  con- 


io6  E.  Ernault. 

forme  à  la  phonétique  :  cf.  tréc.  mein,  ils  sont  =  léon.  emaint. 
Le  trécorois  seul  ajoute  quelquefois  o  :  veto,  il  fera,  G.  B.  I., 
I,  ']G\greyo,  Pév.  ni.  E.  anc.  89,  gréyo,  jy,  êyo,  il  ira,  qu'il 
aille,  338,  74;  laqueio,  il  mettra,  Rev.  Celt.,  IX,  256,  etc. 

14.  En  dehors  du  vannetais,  je  ne  vois  que  deux  verbes 
dont  le  radical  n'est  pas  en  a  qui  puissent  présenter  au  futur 
l'aspect  de  ceux  en  a.  C'est  d'abord  le  verbe  du  2^  groupe  de 
la  seconde  classe  dei,  il  viendra,  en  pet.  Trég.  (cf.  Rev.  bist. 
de  l'O.,  V,  208)  et  en  van.  {ètay,  van.  de  1693,  Loth,  Ann. 
de  Brct.,  III,  413)  et  un  seul  du  3%  rci,  il  donnera,  Quiquer, 
79,  reï,  G.  B.  L,  I,  126,  292,  m,  14,  286,  ray,  Jac,  p.  129; 
van.  rei. 

En  vannetais,  certains  futurs  de  verbes  du  y  groupe  sont, 
comme  rei,  assimilés  complètement  à  ceux  du  i^'  :  golei,  il 
couvrira,  gorlei,  il  attendra  (éin  ortcye,  il  m'attendra,  Rev. 
Celt..,  VIT,  340,  v.  91;  tréc.  ni  a  c/jortoyo,  nous  attendrons, 
Pév.  m.  E.  anc.  48).  Dans  les  autres  il  n'y  a  qu'une  sorte 
d'accommodation,  Vo  reste  et  s'adjoint  ei  et  non  i  :  scoey,  il 
frappera,  l'A.,  suppL,  v.  éventer;  troci,  il  tournera,  distroei, 
il  détournera,  Vocab.  nouveau,  Vannes,  1863,  p.  67. 

15.  Il  y  a  des  verbes  qui,  ayant  deux  infinitifs  de  radicaux 
différents,  ont  légitimement  deux  formes  de  futurs,  en  breton 
moyen  ou  en  breton  moderne  : 

Bret.  moy.  essaeo  et  essay,  il  essaiera,  inf.  essae  et  essa;  le 
premier  est  le  plus  ancien  ; 

Bret.  mod.  coveç:(o  et  coveç^ay,  il  confessera,  Gramm.  de 
Grég.,  22,  inf.  cûve:{_  et  coveç:{ât,  Dict.  de  Grég.,  moy.  bret. 
cojfes  et  coffessat; 

Bret.  mod.  laqai,  il  mettra,  Traj.  Moyses,  172,  laco,  171; 
lakaï,  G.  B.  I,  I,  248,  lako,  212,  van.  lakei  et  lakou,  inf. 
van.  lakat  et  lahin,  tréc.  lakal,  lakout,  Gram.  de  Hingant, 
100;  Jak,  coll.  Peng.,  V,  112;  petit  Trég.  lakeign.  La  forme 
en  at  est  la  seule  ancienne. 

Nous  allons  voir  qu'en  moyen  breton  plusieurs  autres  verbes 
sont  à  ajouter  à  cette  liste.  Nous  verrons  aussi  que  dès  lors  la 
conjugaison  des  thèmes  en  a  pouvait,  par  suite  de  contractions, 
prendre  dans  beaucoup  de  formes  verbales  une  ressemblance 
complète  avec  la  conjugaison  des  verbes  de  la  première  classe. 


Etudes  bretonnes.  107 

Ces  ressemblances  sont  plus  frappantes  encore  et  plus  mul- 
tipliées en  vannetais  ;  d'un  autre  côté,  ce  dialecte  a  étendu  la 
terminaison  d'infinitif  ein  à  presque  tous  les  verbes,  sans  dis- 
tinction de  classes. 

16.  Dans  ces  conditions,  il  n'y  a  pas  à  s'étonner  de  trouver 
en  vannetais  diverses  confusions  entre  les  deux  terminaisons 
de  futur  0,  ou  et  (a)i,  (e)i. 

Exemples  de  ai,  ei,  pour  ou,  en  vannetais  :  digorai,  il  ou- 
vrira, renai,  qu'il  conduise,  Baixa:^  Brci^,  382;  honfortai,  il 
consolera,  369,  Doue  d'ho  pcnnigai,  Dieu  vous  bénisse,  341; 
arrihuci,  il  arrivera,  Brediah  er  fé,  1861,  p.  192,  é  virei,  il 
gardera,  145;  candalhei,  il  continuera,  Apparition  ...  er  Sa- 
lette,  187 1,  p.  7,  brchonnei,  il  s'émiettera,  8;  carei,  il  aimera, 
Loth,  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique  de  Paris,  V,  134-135; 
sonnei,  il  sonnera,  Livr  bugale  Mari,  48,  e  huelei,  il  verra,  49, 
vanquei,  il  manquera,  Histoer  ...  J.-C,  58,  (=vanquco,  ibid.); 
e  gucmerei,  il  prendra,  95  (e- gueniereo,  63);  egarçi,  il  aimera, 
69  (e  garrco,  63)^;  nie  huisquei,  je  revêtirai,  Mélusine,  IV, 
^^2;  jouissei,  il  jouira,  j^iy,  eit  niavercbei,  pour  qu'il  marque, 
Chai,  nis,  v.  appuyer,  auancei,  il  avancera,  v.  appui  (auançou, 
s.  V.  avancer),  a  goustei  et  a  goustou,  il  coûtera.  Chai,  ms  ;  bas 
van.  /()/('/,  il  jettera,  kassei,  il  mènera,  kouskei,  il  dormira, 
Rev.  Celt.,  VII,  182,  187,  188,  etc.  ;  en  1710,  c/t-m^  il  en- 
tendra (Loth,  Annales  de  Bref.,  111,  419). 

On  trouve  en  cornouaillais  a  ■:^ishei,  il  montrera,  Bar:^. 
Br.,  147,  ni  :::iskei,  nous  montrerons,  et  ni  :;jskeio,  37,  =^  ni 
\isko,  ni  a  :{iskoi',  G.  B.  I.,  I,  135  (léon.  me  :[iskoue':io,  B.  B., 
471);  infinitif  van.  discoein,  léon.  diskoue:(_.  Ni  :iisko  doit 
appartenir  plutôt  au  verbe  diski,  apprendre,  enseigner. 

17.  Exemples  de  ou  pour  /  .•  van.  toou,  il  couvrira  (une 
maison),  Maiiuel,  1867,  p.  }']  ;  gueUou,  il  guérira,  39,  mehe- 
Icou,  il  déshonorera,  36,  etc.  ;  à  Batz  (Loire-Inférieure),  bond  a 
rou,  il  y  aura,  se  dit  en  même  temps  que  boud  ri  (=  bout  rei. 


I.  Dans  ce  livre,  imprimé  à  Lorient  en  1818,  tous  les  futurs  qui  ne 
sont  pas  en  ci  sont  en  eo,  sauf  t'o,  il  sera,  hou  po,  vous  aurez,  60,  61,  etc. 
Peut-être  -eo  vient-il  ici  de  -ao,  cf.  §  9  ;  il  y  aurait  un  curieux  mélange  de 
-(a)i  et  de  -0.  Voir  plus  loin  mon  article  sur  ï Enfant  prodigue,  II,  v.  18. 


io8  E.  Ern.mlt. 

de  ray,  il  fera).  Dans  ce  dernier  dialecte,  qui  se  rattache  au 
vannetais,  il  n'y  a  même  que  trois  autres  futurs  en  i  :  hah  gi, 
il  ira  (ay),  ban  :;},  il  viendra  (deuy)  et  hah  ri,  il  donnera  (roy)  ; 
tout  le  reste  est  en  ou. 

On  trouve  hors  du  vannetais  Doiie  da  bello  fortun  et  Doue 
ra  bello  ou  ra  bellaï  fortun,  à  Dieu  ne  plaise,  litt.  que  Dieu 
éloigne  (la  mauvaise)  fortune,  chez  le  P.  Grég.,  qui  ne  donne 
pas  d'autre  \nÇ[mx\i  c[\xq  pdlaat,  pcUât  (écarter),  thème  en  a; 
bac'hato,  il  bâtonnera,  Chanson  ...  peder  vreg,  2;  -0  pourrait, 
du  reste,  être  une  contraction  peu  usitée  de  -ao,  -eo. 

18.  Pour  ces  raisons,  et  pour  celles  qui  seront  développées 
plus  bas,  je  ne  puis  admettre  aucune  des  deux  explications 
données  pour  le  vann.  carci,  Soc.  Ling.,  V,  134,  135;  cette 
forme  me  paraît  venir  de  m; -fl/,  imitation  analogique  de  lahai, 
Jahci,  =  laca  -\-  i.  On  peut  comparer  le  gallois  ceriff  de  * cer-i 
d'après  gzuna-iff,  bzii\tà-i  (§  8). 

La  lutte  en  vannetais  des  deux  suffixes  de  futur  /  et  0,  avec 
des  succès  divers,  n'est  qu'un  épisode  de  l'antagonisme  plus 
général  entre  les  thèmes  verbaux  en  a  et  les  autres  ;  antago- 
nisme qui  a  son  point  de  départ  dans  la  phonétique,  mais  qui, 
grâce  à  l'analogie,  a  fini  par  intéresser  directement  la  mor- 
phologie dans  ce  dialecte. 


2.  Les  thèmes  verbaux  en  a. 

19.  On  peut  distinguer,  dans  la  conjugaison  des  thèmes 
verbaux  en  a  du  moyen  breton,  trois  sortes  de  formes  : 

1°  normales,  qui  gardent  la  voyelle  finale  du  thème  ; 

2°  communes,  qui  suppriment  cette  voyelle  par  contraction; 

3°  spéciales,  qui  par  suite  de  phénomènes  de  contraction 
au  profit  de  la  première  voyelle,  ou  de  métathèse,  d'assimi- 
lation ou  de  contamination  analogique,  se  distinguent  net- 
tement des  autres  verbes. 

20.  Exemples  de  formes  normales. 

Infinitif:  lentaat,  £iire  lentement,  laquaat,  mettre,  Cathell, 
19;  pcUahal,  éloigner;  cofahat,  se  souvenir,  cité  par  D.  Le 
Pelletier  d'après  «  les  vieux  livres  »,  s.  v.  coûn;  —  essa,  es- 


Etudes  bretonnes.  109 

sayer.  Cf.  v.  bret.  meplao^n,  être  confondu,  gall.  mefibau,  Rev. 
Celt.,  VIII,  506. 

Participe  :  laquaet,  mis  ;  groact,  gract,  fait,  hoaniaet,  désiré, 
ledanhact,  élargi,  etc.  Cf.  v.  bret.  inaatoe,  gl.  ineundum. 

Indicatif  présent  :  (v.  bret.  lemhaaiu,  j'aiguise,  nicrgidbaaiii, 
gl.  hebesco,  datolaham,  je  rassemble;  auj.  lakaann,  je  mets, 
Le  Gonidec,  lakaan,  3  syll.,  G.  B.  L,  II,  288;  joansaaû  et 
joaiisean,  je  deviens  gai,  Hingant,  79);  —  (léon.  Iékéi\,  tu 
mets)  ;  —  laça,  il  met,  groa,  gra,  il  fait,  houanta,  il  désire  (v. 
bret.  ar-iianta),  etc.  ;  —  kqucomp,  nous  mettons,  grucojup, 
reomp,  nous  faisons;  — (léon.  likiit,  vous  mettez);  — grueont, 
greont,  ils  font;  —  Jaquacr,  on  met,  graer,  on  fait. 

21.  Exemples  de  formes  communes,  en  moy.  bret.,  aux 
thèmes  en  a  et  aux  autres  : 

Infinitif:  1°  labourai,  travailler,  arrêta,  arrêter  (r'' classe)  ; 
2°  lacat,  essa  (thèmes  en  a)  ; 

Participe  :  lahoiirct  —  Jaquet ; 

Indicatif  présent  :  i""^  pers.  :  carajf,  j'aime,  2"  qtiere:^,  plur. 
2^  queret  ;  quefit,  vous  trouvez  ;  —  lacaff,  leque~,  leqnet  ;  gruyt, 
vous  faites.  Gueler,  on  voit;  —  rer,  on  fait. 

Pour  ces  deux  sortes  de  formes  dans  le  reste  de  la  conju- 
gaison, on  peut  voir  Dict.  étym.,  s.  v.  lacat,  groaet,  cojfessat, 
ioaeussat,  goapat,  etc. 

22.  Exemples  de  formes  spéciales  : 

Participe  :  laquât,  mis,  contraction  de  laquaet;  laqueat  (mé- 
tathèse)  ;  lequeat,  Cathell  3,  5  (assimilation  régressive,  d'où 
par  contamination  Icquaet,  laequaet). 

Présent:  groear,  on  fait,  Cathell  33,  grear,  Catholicon  b, 
s.  V.  veniin  (métathèse)  ;  graeoinp,  nous  faisons  (mélange  des 
deux  formes  du  radical,  gra-  et  grc-). 

Imparfait  :  great,  on  faisait  (métathèse)  ;  yea,  il  allait,  gréa, 
il  faisait.  Dans  ces  deux  derniers  mots,  il  n'y  a  pas  métathèse 
directement,  mais  imitation  analogique  des  autres  personnes 
telles  q^uQ  great  Qi  léon.  ieann,  yAl^is,  greami,  je  faisais,  pour 
graet,  etc.;  car  ae  final  ne  devient  pas  ea.  Une  analogie  du 
même  genre  se  trouve  dans  le  moy.  bret.  quea,  va,  d'après  le 
pluriel  *queat  ;  voir  sur  ces  mots  mon  Glossaire  moyen  breton, 
s.  v.  leach,  quea. 


1 10  E.  Ernault. 

Impératif:  graeomp,  faisons  (mélange  de  gra-  et  de  gre-^  cf. 
greomp);  gruemp  (contraction  de  grucomp,  cf.  denip,  «  allons  », 
et  «  à  nous  »  de  dcomp). 

23.  Ce  qui  distingue  le  plus  en  moyen  breton  la  conju- 
gaison des  thèmes  verbaux  en  a,  en  dehors  de  la  3''  pers.  sing. 
du  futur,  c'est  qu'ils  gardent  cet  a  quand  il  est  final  et  aussi 
quand  la  désinence  commence  par  une  consonne;  dans  ce 
dernier  cas  Va  est  souvent  changé  en  e.  Exemples 

groa,  il  fait  ;  groa,  fais  ! 

Icqiiesot,  tu  mis,  gresoinp,  nous  fimes,  gruesocb,  vous  fîtes, 
grmsont,  ils  firent,  groasenn,  j'aurais  fait,  etc.  ; 

gruehet,  vous  ferez,  graher,  on  fera,  grahenn,  je  ferais,  etc. 

Je  ne  compte  pas  ici  les  formes  comme  groahinip,  nous  fe- 
rons, grahint,  ils  feront,  dont  1'/;  vient,  par  analogie,  de  celui 
de  gruehet. 

24.  Les  thèmes  verbaux  en  eu  et  en  0  gardent  leur  voyelle 
dans  les  mêmes  conditions. 

Quand  il  y  a  contraction,  si  la  première  voyelle  l'emporte, 
il  n'y  a  pas  de  confusion  possible  avec  les  thèmes  en  a  :  dent, 
venu,  de  deuct;  (deut,  vous  venez,  Quiquer,  1626,  Ann.  de 
Bret.,  III,  247;  pa  deur,  quand  on  vient,  Instr.  Christ.,  105); 
troff,  je  tourne,  rof,  je  donne,  de  roajf,  cf.  comique  rof, 
gall.  r/;o/"  (Gramm.  de  Davies,  2"  éd.,  p.  141),  et  tréc.  rôt, 
donné.  Le  cas  contraire  se  présente  rarement;  exemple:  rtx,  tu 
donnes,  =  léon.  nv-;cf.  r^:^,  tu  fais,  de  *o-roat'~,  en  comique 
reth. 

25.  Smiajf,  je  vais,  et  groaff,  je  fais,  à  qui  mon(c)t  et  obcr 
servent  d'infinitifs,  tous  les  verbes  qui  ont  un  thème  en  a  font 
l'infinitif  en  at,  plus  rarement  a;  mais  la  réciproque  n'est  pas 
vraie. 

La  terminaison  -ai  indique  un  thème  en  a,  quand  elle  a  une 
variante  -aat,  -ahat  {ce  qui  est  rare  en  moyen  breton,  mais 
on  peut  s'en  rapporter  à  cet  égard  au  léonais  -aat^;  ou  bien 
-hat.  Le  plus  souvent  aussi,  -at  après  une  consonne  double  ou 
une  forte  comme  p,  c,  t,  indique  un  thème  en  a. 

Exemples  de  thèmes  en  a:  crethat,  cretat,  garantir,  prés. 
crcta  (mê  ho  cretay,  je  vous  plaigerai,  Quiq.,  102);  hihanhat, 
bihannat,  bihanat,  amoindrir,  part,  -haet;  trugarecat,  remercier, 


Etudes  bretonnes.  1 1 1 

prés,  -cca  (fut.  -ecay,  Quiq.  57),  et  même  amiaplat,  faire  ami- 
tié, de  amiahl,  aimable,  cf.  v.  bret.  meplaom,  être  confondu, 
de  * mebl-ha-om ;  âencssat,  approcher,  dcnessa,  approche!  cf. 
dinessait,  approchez,  Q.,  24;  ho  roiaii!ti.'lc~  dinessect,  que  votre 
règne  arrive,  e  tinessai,  il  arrivera,  Prcp.  d'ar  inaro,  69. 

L'orthographe  -aat  est  assez  fréquente  dans  Quiquer,  éd. 
de  16^0:  yselaat,  abaisser,  p.  129,  dou::aat,  adoucir,  Jessaat, 
allaiter,  130,  tostaat,  approcher,  132,  to'âf/^af,  devenir  obscur, 
140,  gouassaat,  empirer,  141,  yac'haat,  guérir,  146,  chue~aat, 
sentir,  163,  pasaat,  tousser,  165,  nettaat,  nettoyer,  154,  qui- 
taat,  quitter,  160,  plenaat,  unir,  167.  Il  emploie  aussi  -abat  : 
cassahat,  haïr,  147;  -bat,  -al:  bardi:^nat,  oser,  i^^, gouacquat, 
amoUir,  131;  -eat  :  marc' beat,  chevaucher,  91  (cf.  viarc'baet, 
vous  chevauchez,  90;  niairbeomp,  chevauchons!  91).  Le  Bris 
écrit  aussi  -aat,  mais  trugarecaat,  remercier,  n'a  que  4  syll., 
Prep.  d'ar  maro,  100,  et  aa  indique  simplement  un  a  long 
accentué,  dans  hennaac,  quelconque,  46,  68,  69,  cf.  peur- 
bennâc,  toutes  les  fois  que,  10 1,  bcnnac,  68,  69  {taan,  feu. 
Chai,  ms.,  v.  bontefeii).  On  trouve  en  trécorois  -aet  :  gzuasact, 
empirer,  Hist.  200,  kaeraet,  embellir,  215,  covessaet,  confesser, 
Me:^ellour  an  ineo,  162,  165,  lakad,  mettre,  3  syll.,  Quellien, 
229.  Autres  infinitifs,  beaucoup  plus  rares  :  laoucuai,  réjouir. 
Le  Coat,  S'  Luc,  XV,  24  et  32;  hiwénah,  à  Kérity  en  Goello, 
Ann.  de  Brct.,  III,  636. 

Exemples  de  verbes  en  -at  qui  sont  de  la  i"  classe,  en 
moy.  bret.  :  gruyat,  coudre,  prés,  griiy;  labourât,  travailler, 
impér.  labour  !  mcnnat,  demander,  prés,  menu  ;  dinisaî ,  parler, 
diuis. 

26.  Les  verbes  à  l'infinitif  en  a  ne  présentent  qu'une  forme 
caractéristique  de  la  2""  classe  en  moyen  breton  {essay\  mais 
nos  textes  n'en  fournissaient  pas  d'occasions. 

Dans  le  dialecte  de  Tréguier,  où  je  ne  vois  pas  que  les 
thèmes  en  a  aient  empiété  sur  les  autres,  on  conjugue  comme 
tels  les  verbes  qui  expriment  l'idée  de  rassembler,  de  recueiUir, 
comme  pésketa,  pêcher,  kistina,  ramasser  des  châtaignes,  tao- 
:^eta,  glaner,  nij^Aa,  chercher  des  nids  ;  ou  de  mesurer,  comme 
dornata,  prendre  à  poignées,  marc  bâta,  marchander,  talnieta, 
tâtonner  pour  chercher  (depalmata),  blaseta,  goûter,  c  boues' ta, 


112  E.  Ernault. 

flairer;  troieta,  tourner  et  virer  (part,  troictaat,  Hist.,  171);  ou 
de  pourvoir,  comme  bouda,  nourrir,  kerc'ha,  fournir  d'avoine 
(un  cheval),  jista,  pourvoir  de  cidre,  mesa,  faire  paître,  etc. 

On  lit  dourea  ma  marc  h,  abreuver  mon  cheval,  Quiquer, 
102,  dourait,  abreuvez,  100;  le  P.  Grég.  écrit  doura,  abreu- 
ver. Cf.  tanvca,  goûter  (2  syl. ),  Jac,  88^;  et  marc'heat,^  25. 
Le  P.  Grég.  donne  boëta,  part,  boctëct,  foire  paître;  ba~ata  et 
ba::^atâ,  donner  des  coups  de  bâton,  part.  ba~atet  et  ba~atéet. 

Ces  sortes  de  verbes  sont  les  seuls  qui  puissent  avoir  à  l'in- 
finitif ^ï  à  la  lois  dans  tous  les  dialectes  bretons  et  en  gallois. 

Ils  donnent  lieu,  de  même  que  ceux  (a)at,  à  des  dérivés  qui 
gardent  cet  a  :  je  crois  qu'il  faut  analyser  léon.  pcshet-a-er, 
pêcheur,  dour-a-er,  porteur  d'eau,  vendeur  d'eau,  goap-a-er, 
moqueur,  van.  amoncnn-a-our,  marchand  de  beurre,  etc.,  et 
non  pesket-acr,  etc.,  Etudes  grammaticales,  39.  Les  mots  léon. 
breutaer,  plaideur,  evnetaer,  oiseleur,  en  moy.  bret.  brcutaour 
(de  breutat,  plaider),  e:^netaer  (léon.  cvneta,  chasser  les  oiseaux), 
ne  peuvent  pas  avoir  le  même  suffixe  que  impalaer,  empereur, 
moy.  bret.  eiupala::^r.  Il  y  a  eu  confusion  entre  les  deux  suf- 
fixes d:ins  iuipa lad ur es,  impératrice.  Chai,  ms.;  cf.  rasspaour, 
pi.  -aerion,  grapilleur,  de  rasspa,  part,  -aétt,  prés,  -a,  grapiller, 
L'A. 

27.  Il  est  donc  très  possible  qu'on  ait  conjugué  comme 
thèmes  en  a,  en  moy.  bret.,  les  verbes  tels  que  pesqueta  et 
pesquetaff,  pêcher;  marchata  et  -taff,  marchander;  palfuata, 
manier  ;  gopra,  louer,  douarha,  acquérir  des  terres,  tescouha  et 
-hajf,  glaner  (pet.  Trég.  teskoa,  part,  -ât^  ;  bocbataff,  souf- 
fleter; boeta  et  -taff,  nourrir.  En  giWoïs  bzvy ta,  nourrir,  et  lla- 
drata,  voler,  sont  aussi  des  thèmes  en  a.  Le  Catholicon  donne 
brihadal,  embrasser,  diff"érent  de  bryata,  bryatât,  part.  -îéet, 
Grég.;  cf.  briatffc,  il  embrasserait,  Coll.  Peng.,  I,  131. 

Les  deux  terminaisons  d'infinitifs  de  la  2"  classe,  -(h)at  et 
-(h)a  ont  cela  de  commun  qu'elles  ne  peuvent  être  précédées 
d'une  consonne  foible.  Les  mots  moy.   bret.  cloedat,  herser, 


I.  Esea,  essayer,  2  syl.,  Bt^he::;^  sant  Gwennoté,  éd.  Luzel,  p.  142,  est  sans 
doute  une  faute  d'impression  pour  essa,  que  porte  le  ms.  celt.  62  de  la  Bi- 
bliothèque nationale. 


Etudes  bretonnes.  1 1 5 

ada,  hadajf,  semer,  etc.  appartiennent  nécessairement  à  la  pre- 
mière classe.  Il  en  est  de  même  sans  doute  de  arat,  labourer, 
part,  ^//r/ (pet.  Trég.  /J.),  bien  qu'on  lise  cc'h  hara,  il  laboure, 
Conferançoii  (ancienne  édition  publiée  sous  Charles  X),  p.  22. 

28.  En  bret.  mod.  il  y  a  des  cas  où  une  variante  -at  a  été 
donnée  à  des  intinitifs  en  -a  plus  anciens,  par  suite  de  la  su- 
périorité numérique  des  verbes  en  -at  dans  la  2^  classe  :  tahva 
et  tahvat,  goûter,  Grég.,  moy.  br.  tajfha,  taffhaff;  aç^aëa  et 
ceç:(dt,  essayer,  Grég.  (essât,  Moys.,  ijo,  pet.  Trég.  esâ,  parti- 
cipe esât),  tréc.  kerc  ha  (Hingant,  108)  et  hrchât,  fournir 
d'avoine,  etc.  ;  van.  eistra,  pêcher  des  huîtres,  l'A.,  eistrat, 
Vocal),  nouv.,  Vannes,  1863,  p.  22;  pisqnctat,  pêcher,  21, 
mcisclat,  pêcher  des  moules,  herheUihat,  pêcher  des  maque- 
reaux, etc.,  etc.,  22;  isîrcih,  eistra,  Grég.,  cf.  chivrietat, 
pêcher  des  crevettes,  i?ey,  Celt.,  III,  58^,  etc. 

29.  Il  n'est  pas  possible  de  savoir  directement  si  les  dou- 
bles infinitifs  blasbat  et  hla:;ajf,  goûter,  peuchat  et  peocha,  pa- 
cifier, en  moy.  bret.,  correspondaient  à  des  thèmes  diflerents. 
Il  y  a  des  cas  plus  clairs  ;  comme  noasha,  il  nuit,  infinitif 
noassat,  à  côté  de  noaso,  il  nuira,  inf.  mas,  noasaff.  Cassât, 
haïr,  au  prés,  cassa  Cb,  v.  gueleuiff,  ne  peut  expliquer  le  con- 
ditionnel cassent,  ils  haïraient,  de  *  cashcnt  et  non  * casahent 
(cf.  lacabe)  ;  mais  il  y  a  un  autre  infinitif,  caset,  qui  n'est  pas 
un  thème  en  a:  cf.  ca:^,  il  hait,  Maunoir,  Tciiip]  consacret,  160. 
Coujjhat,  penser  à,  tait  au  prés,  cojfa,  fut.  coiijjhay  ;  l'impératif 
couf  et  le  conditionnel  coiifhenii  se  rattachent,  au  contraire,  à 
l'infinitif  <:()/7a/  (cf.  gallois  cojfâu  et  coffa).  Un  composé  de  ce 
verbe,  ancoffhat,  oublier,  part,  aiicouffhaet,  impér.  ancoujha,  est 
incompatible  avec  ancoiijfhet,  vous  oublierez,  que  vous  oubliiez 
(cf.  kqiicljct)  et  aiicoiijfhenii,  j'oublierais.  Mais,  d'une  part,  ces 
formes  ne  peuvent  se  séparer  de  celles  du  verbe  simple  que 
nous  venons  de  justifier;  cf.  Imm  couffhet  nam  ancouffhct  (je  de- 


1.  A  Sarzeau,  de  cl)îvnet,^\.  de  chîvr,  ibid.  CInvre,  non  traduit  ^4««.  de 
Bret.,  V,  265,  rend  le  franc.  «  salicot,  saliquoque  »,  dans  le  dict.  de  l'A., 
ir:  ctièvreenn,  pi.  chivre  «  chevrette,  petit  poisson  )>,  ibid.  ;  ctievrenn,  pi. 
chivr,  Troude  ;  pi.  clièor,  P.  Grég.;  chiffrétesen,  pi.  chiffrètès,  du  Rusquec; 
pet.  Trég.  chevreten,  pi.  clievrelet ;  pi.  chévret,  Vocab.  (van.)  22;  cheffretes, 
Focab.  nouveau,  6«  éd.,  Quimper,  1778,  p.  25. 

Revue  Celtique,  XI.  8 


(14  E.  Ernault. 

mande)  que  vous  songiez  à  moi  et  que  vous  ne  m'oubliiez 
pas,  B  494.  D'autre  part,  on  trouve  l'infinitif  exigé  par  la 
théorie,  ancofua,  quoiqu'il  ne  soit  employé  que  comme  nom  : 
«  oubli  ».  L'infinitif  cojfha,  songer  à,  était  en  même  temps 
substantif:  coujjha,  le  souvenir;  le  gall.  coffa  a  les  deux  sens. 
Le  représentant  gall.  de  l'infinitif  breton  coujfhat  est  cojjdd,  qui 
n'est  que  substantif  comme  les  autres  mots  en  (h)âd. 

En  pet.  Trég.  on  dit  tosteign,  approcher,  bien  que  ce  verbe 
se  conjugue  comme  ceux  en  at. 

30.  En  Tréguier  les  thèmes  en  a  font  souvent  dominer 
cette  voyelle  dans  les  contractions  :  pet.  Trég.  bop  ma  kosâs 
inosantâs,  plus  tu  vieillis  plus  tu  deviens  bête  ;  dourât,  abreuvé; 
de  même  goapâr,  moqueur,  etc. 

31.  Il  n'y  a  guère  d'exemples  de  confusions  entre  les  deux 
classes  de  verbes,  en  dehors  du  vannetais,  sauf  les  cas  de  dou- 
bles thèmes,  distincts  à  l'infinitif. 

On  peut  citer  e^  rencqear,  il  faut,  on  doit,  Gram.  de  Grég., 
3,  et  Dict.,  s.  V.  être,  repas  ;  rencqeat,  rencqeët,  qu'il  faille,  Dict. 
(ce  qui  concorde  avec  le  participe  vannetais  rekeit,  dû,  Loth, 
Rev.  Celt.,  VI,  511,  cf.  renca,  il  doit,  Chai,  ms,  v.  charge, 
falloir,  et  retiqua,  v.  accroître,  admissible,  devoir'),  à  côté  de 
rencqer,  rancqer,  Dict.  de  Grég.,  et  vann.  riket,  dû,  de  renc- 
qout,  rancqout,  falloir;  pligeat gant  Doiïe,  Dieu  veuille,  Grég., 
de  pligeouî,  plaire  ;aqiiiteal  (il  s'est)  acquitté,  Almanach  du 
père  Gérard,  1791,  p.  77,  int.  aquita,  ibid.;  dleat,  dû,  Grég., 
variante  dedleët,  ibid.,  inf.  dleout,  amenée  par  l'imitation  ana- 
logique de  lecqeat,  lecqcet,  mis,  inf.  lacqaat. 

Cette  analogie  a  donné  lieu  à  toute  une  conjugaison  nou- 
velle, dans  le  x erhe  savetei,  sauver,  Grég.,  Le  Bris,  Reflexionou 
profitabl,  Quimper,  chez  Y.-J.-L.  Derrien,  p.  364,  Mis  maë 
par  G.  L...,  cure  Taulé,  Brest,  1836,  p.  285,  savetei,  Sarm. 
22,  sovetaï,  Serm.  23,  zpvetei,  Pév.  m.  E.  anc.  155,  savatein, 
Expl.  I,  175,  etc.,  dérivé  de  savete,  sûreté,  du  v.  fr.  sauveté; 
part,  saveieël,  Grég.,  saveieat,  id.,  prés.  :^oveta,  Pév.  m.  E. 
anc.  216,  fut.  savetaio.  Mis  maë,  289;  à'où.Vin'nnmi  savetat, 
Moys.,  222,  :(ovctdt,  173,  sovetat,  Rimou,  53,  etc.  Dans  Doue 
d'e  Tuvetai,  que  Dieu  le  sauve,  Moys.  162,  le  verbe  peut  être  au 
futur  ou  à  l'infinitif,  cf.  §  6. 


Etudes  bretonnes.  1 1 5 

32.  En  vannerais,  les  trois  groupes  de  la  2^  classe  n'en 
forment  plus  guère  qu'un  seul  :  dan,  je  viens,  ran,  je  donne, 
se  conjuguent  comme  ^m;7_,  je  fais. 

Il  y  a  ici  évidemment  une  part  d'analogie  :  si  dan  pour 
deuah,  rah  pour  roah  et  les  2^'  pers.  dès,  rès,  plur.  det,  ref,  peu- 
vent s'expliquer  par  des  contractions,  aucune  loi  phonétique 
ne  rend  compte  des  3"  pers.  du  sing.  da  pour  deu,  ra  pourro^ 
qui  ont  pris  la  voyelle  de  gra.  Cf.  ra,  il  donne,  dans  une 
chanson  cornouaillaise,  à  la  rime,  H.  de  la  Villemarqué,  La 
légende  celtique,  1864,  p.  317. 

On  lit  a  :^efia,  qui  vient,  dans  la  partie  léonaise  du  Celtic 
Hexapla,  VII,  9;  mais  l'auteur  vannetais  de  cette  traduction 
a  commis  bien  des  méprises,  par  exemple  dans  la  même 
phrase,  ar  ré  péhini  a  ~d_,  ceux  qui  sont,  pour  ar  ré  péré  a -^ô 
(ou  mieux  ar  ré  a  :(o);  son  a  ~eî'ia  pour  a  ■:;eû  n'est  sans  doute 
qu'une  imitation  arbitraire  du  vannetais  e  ::^a. 

La  confusion  des  verbes  «  fliire  »  et  «  donner  »  est  complète 
dans  certaines  variétés  vannetaises  :  à  Batz  on  dit  me  goua,  je 
donne,  part,  gonat,  goiiet,  fait,  donné,  Et.  sur  le  dial.  de  B., 
24;  à  l'île  de  Groixgreit,  donnez,  Loth,  Ann.  deBret.,  IV,  105. 

^}.  Quelques  verbes  du  3''  groupe  gardent  pourtant  Voii  la 
3^  pers.,  comme  gortah,  j'attends,  gorto  (impér.  gorta,  Mart. 
Castelf.,SS,Hlst'.J.-C.,  96). 

D'autres  n'ont  pas  de  contractions  :  scoafi,  je  frappe,  troan, 
je  tourne,  ce  qui  les  fait  ressembler  aux  verbes  de  la  i""^  classe. 
A  vrai  dire,  ils  forment  une  classe  intermédiaire,  qui  a  dû 
contribuer  à  la  confusion.  Leur  3'^  pers.  sing.  du  présent  est 
régulièrement  sco,  tro;  mais  ils  font  aussi  scoa  (Mart.  Castelf., 
GG,  128),  troa,  par  imitation  des  thèmes  en  a.  Discocin,  mon- 
trer, fait  souvent  au  part,  discocit  et  au  prés,  discoa  (Martired 
Castelfidardo ,  205),  bien  que  l'A.  donne  disscoétt  et  dissco. 
On  Ht  hum  ::j.scou,  il  se  montre,  Hist.  J.-C,  66,  et  hum 
^iscoa,  67. 

34.  La  i'^  classe  se  conjugue  ainsi  au  présent  :  caran, 
j'aime,  caves,  car  ou  carë  (avec  e  mi-muet  d'origine  française, 
cf.  Rev.  Celt.,  IX,  378,  379);  caramb,  caret,  caratit. 

Ce  paradigme  est  identique  à  celui  de  la  2*  classe,  sauf  la 
3^  pers.  sing.  ;  et  nous  avons  vu  que  les  verbes  en  -oein  hésitent 


I  i6  È.  Ernault. 

entre  les  deux  formes  (sco  ■==  car;  scoa,  cf.  gra,  da,  ra);  cf.  ce 
qui  a  lieu  au  futur,  §  14. 

35.  Comme  pendant  au  vannetais  carei,  il  aimera  (§  16), 
on  attend,  d'après  ce  qui  précède,  cara,  il  aime;  cette  forme 
existe.  M.  Loth  la  donne,  Essai  sur  le  verbe  néo-celtique,  65, 
dans  un  paradigme  «  armoricain  »  ;  elle  serait  mieux  à  sa  place 
dans  celui  qui  suit,  !'«  armoricain  vannetais  ».  Cf.  bas-van. 
colla,  il  perd,  Loth,  Rev.  Celt.,  VII,  199;  marna,  il  meurt. 
Annales  de  Bretagne,  III,  641  ;  e  gousca,  il  dort,  e  gonta,  il 
compte,  Mélusine,  IV,  452,  ^01  ;pretein,  dîner,  a  hreta,  qui 
dîne;  er  silien  bac  er  serpant  a gonhla,  a  varra  «  l'anguille /mjy^ 
avec  le  serpent  »,  Chai,  nis ;  heulia,  il  suit,  Hist.  J.-C,  131, 
194;  et  même  en  haut  cornouaillais  e  :^igouca  (le  bien)  qui 
(me)  revient,  A}iu.  de  Bref.,  III,  637. 

Je  crois  qu'il  faut  séparer  le  breton  cara,  il  aime,  du  gallois 
cara,  il  aime,  il  aimera,  et  du  v.  irl.  no  chara,  il  aime,  parce 
que  cara  est  propre  au  breton  moderne  ^,  et  à  un  seul  dialecte, 
au  vannetais,  où  cette  forme  se  rattache  à  tout  un  ensemble 
d'imitation  des  thèmes  en  a,  dans  la  conjugaison  des  autres. 

Remarquons  que  la  phonétique  de  ce  dialecte  présentait  une 
cause  spéciale  de  confusion.  Lors  même  que  la  contraction 
donne  une  apparence  identique  à  des  formes  de  nature  diffé- 
rente, les  autres  dialectes  les  distinguent  au  moyen  de  l'accent: 
tréc.  hcrc'hàt,  chercher,  kerc'hat,  donner  de  l'avoine.  Mais 
l'accent  vannetais,  se  portant  généralement  sur  la  dernière  syl- 
labe, rend  impossible  cette  distinction. 

36.  L'influence  de  la  V  classe  sur  la  2"  se  montre  au  pré- 
sent comme  au  futur  (§  16).  Exemple  :  pêl,  il  éloigne,  Livr  bu- 
gaJé  Mari,  412;  (l'A.  donne  péella,  inf.  pceUat  et  péelkin,  nous 
avons  vu  au  futur  léon.  pello  et  pellaï,  §  17);  cf.  splan,  il 
brille,  423,  splanna,  id.,  420  (infin.  splannein,  418). 


I .  On  peut  objecter  que  le  v.  bret.  atesiiauha  gl.  nauseantein  (Stokes, 
The  Acadcmy,  1890,  p.  45)  répond  au  gall.  a  lysnafa  «  qui  rend  une  matière 
muqueuse  »',  inf.  Ilys7iafu,  v.  bret.  {inced-)leslncuioyn  {hsluaued  gl.  nausiam 
=  gall.  llysiiafedd,  mucosité,  de  llws,  pi.  llysoii,  limon,  chose  visqueuse,  v. 
br.  hisoii  gl.  tramitem,  et  br.  moy.  dinou,  verser).  Mais  IV;  de  la  terminaison 
est  un  indice  de  thème  en  a,  ci.  v.  br.  Jemhaam,  j'aiguise,  etc.  \  il  a  dû  y 
avoir  un  autre  'n\ï\n\\\i*]esnauhaoni,  cf.  §  25. 


Etudes  bre'tonnes.  1 1 7 

37.  La  confasion  des  deux  classes  de  verbe  au  présent  n'est 
d'ailleurs  pas  assez  complète  en  vannetais  pour  empêcher  de 
les  distinguer,  même  aujourd'hui,  en  tenant  compte  des  di- 
verses variétés.  Au  xyiii*^  siècle  le  Dictionnaire  de  l'A.  le  fait 
par£iitement.  Il  donne  pour  chaque  verbe  la  3^^  pers.  sing.  du 
présent  la  plus  régulière  :  car,  il  aime,  coll,  il  perd,  inarhuë,  il 
meurt,  tro,  il  tourne,  etc.  Il  est  obligé  de  constater  da,  il 
vient,  ra,  il  donne  ;  mais  par  ailleurs  il  n'indique  un  a  final 
que  dans  des  verbes  qui  y  ont  réellement  droit,  comme  dcura, 
il  abreuve,  inf.  dcura  et  dcurcin. 

38.  L'a  des  terminaisons  de  caraiiih,  nous  aimons,  carant, 
ils  aiment,  est-il  dû  à  l'analogie  des  thèmes  en  a,  comme 
gramb,  graiit  ?  Cela  paraît  assez  vraisemblable.  En  effet,  le 
moy.  bret.  a  toujours  ici  -onip,  -ont ;  le  vieux  breton  a  de 
même  oin  (docordoniui,  gl.  arcemus),  et  on  (imguparton,  se 
abdicant^).  Toutefois,  il  y  avait  aussi,  à  cette  dernière  per- 
sonne, une  terminaison  aut  :  condadJaut,  gl.  conducunt,  Aca- 
demy,  1890,  p.  46,  cf.  gall.  dadlniit,  ils  discutent.  Le  comique 
n'a  point  a  :  crcsyn,  nous  croyons,  crcsons,  ils  croient;  le  gall. 
ne  l'a  qu'à  la  y  pers.  :  crediun,  credant. 

Les  autres  dialectes  bretons  ne  présentent  que  très  rarement 
un  a  à  ces  places  :  léon.  be~amp,  nous  sommes,  be:{ant,  ils 
sont,  variantes  de  lk':^o)np,  bc:;ont,  données  par  Grég.,  Grain., 
88,  et  produites  sans  doute  par  quelque  phonétique  spéciale. 

Le  petit  Trég.  hani,  nous  allons,  qui  se  dit  en  même  temps 
que  eom,  semble  venu  de  ha,  il  va,  par  imitation  analogique 
des  rapports  de  hc,  il  allait,  à  Inm,  nous  allions,  etc.  Cf.  van. 
e  niant,  ils  sont,  de  la  3''  pers.  sing.  c  tna  ;  en  1693,  é  maint 
et  é  niant  (Loth,  A)in.  de  Brct.,  III,  412). 

Si  carainb  provenait  phonétiquement  de  caronip,  on  ne  voit 
pas  pourquoi  le  vannetais  n'eût  pas  changé  également  oinb, 
nous  sommes,  en  *anib,  ce  qui  n'a  pas  lieu.  Comme  régime 
d'une  préposition,  on  trouve  aussi  -oinb,  nous,  plus  souvei:it 


I .  La  racine  de  ce  motetde  f^//y'a/7/;gl.  ramota, gupartolaid,  privilège,  etc., 
est  restée  en  bret.  moderne  dans  dibari,  choisir,  Grég.,  =  gall.  dybarthu,  sé- 
parer, comique  dybartljx,  id.,  et  dans  le  van.  debeairh,  m.,  contingence,  l'A.  ; 
le  sens  de  ce  dernier  peut  provenir  de  l'idée  d'ci  échoir  ». 


n  8  E.  Ernault. 

que  -amb^  cf.  Gram.  de  Guillome,  91;  cette  dernière  forme  a 
pu  être  amenée  par  l'influence  de  la  terminaison  verbale.  L'o 
ne  devient  pas  a  non  plus  dans  chou,  besoin,  l'A.  On  trouve 
en  van.  de  1693  deliivnp,  nous  devons;  e  homp,  nous  sommes; 
a  Jmiuimp,  de  nous  ;  iic  ellant,  ils  ne  peuvent,  et  autres  formes 
en  -ant,  Auu.  de  Brct.,  III,  411,  413,  412. 

On  lit  en  bas-van.  skoont,  ils  frappent,  Bai\.  Br.,  382. 

39.  La  2*^  pers.  sing.  de  l'impératif,  en  vannetais,  est  géné- 
ralement semblable  à  la  3"  pers.  sing.  de  l'indicatif  présent;  il 
en  est  de  même  de  la  i'''^  pers.  plur.  des  deux  temps. 

La  3"^^  pers.  du  sing.  et  celle  du  pluriel  n'ont  qu'un  para- 
digme pour  tous  les  verbes. 

A  la  2"  pers.  du  pluriel  il  y  a  deux  terminaisons,  d  et  eit  : 
caret,  aimez,  mais  giveit,  faites,  deit,  venez,  reit,  donnez, 
scoeit,  frappez. 

L'origine  de  la  diphtongue  ei  est  ici  bien  claire  :  elle  vient  de 
ai,  et  appartenait  d'abord  en  propre  aux  thèmes  en  a,  d'où 
elle  a  passé  aux  autres  groupes  de  la  2""  classe,  comme  cela  a 
eu  lieu  au  futur  :  moy.  bret.  ioaussail  !  goapeyt  !  Cf.  vann. 
goapeit. 

40.  En  moy.  breton,  les  terminaisons  -et  et  -it  s'emploient 
indifleremment  pour  la  2"'  pers.  plur.  de  l'indicatif  présent  et 
de  l'impératif;  il  en  est  de  même  dans  les  dialectes  modernes, 
saut  que  quelques-uns,  comme  le  trécorois,  ont  des  préférences 
pour  la  prononciation  -et.  Le  vannetais  a  fait  ici  une  répartition 
spéciale  dans  les  thèmes  en  a.  Il  dit  caret,  vous  aimez,  caret, 
aimez,  mais  goapet,  vous  vous  moquez  (pour  goapaet)  et  goa- 
peit, moquez-vous  (pour  goapait).  Des  thèmes  en  «_,  cette 
forme  eit  devenue  propre  à  l'impératif  s'est  répandue  dans 
toute  la  2^  classe  de  la  même  façon  que  la  terminaison  ei  du 
futur;  mais  elle  n'a  pas  gagné  la  i'''  classe  \ 

41.  En  revanche,  elle  a  donné  lieu  à  une  forme  nouvelle 
de  participes,  propre  aussi  à  la  2^  classe,  et  inconnue  aux  au- 
tres dialectes.    D'après  le   rapport  de  caret,    aimez!   à  caret, 

I .  Le  trécorois  présente  des  traces  d'une  répartition  semblable  ;  il  a 
quelques  rares  formes  en  -eit  qui  s'emploient  exclusivement  à  l'impératif: 
pet.  Trég.  tostcit,  approchez,  o-or/^//,  attendez,  reit,  donnez  (on  dit  aussi /oj- 
tdet,  gorlôet,  réel,  comme  à  l'indicatif). 


Etudes  bretonnes.  i  ic) 

aimé,  on  a  dit  (^oapeit,  moquez-vous,  goapeit,  moqué  ;  de  là, 
par  la  même  filière  analogique  tant  de  fois  constatée  plus 
haut,  deit,  venu,  rcit,  donné,  scocit,  frappé,  etc.  Cette  termi- 
naison de  participe  ne  sort  guère  de  la  2*"  classe.  On  lit  pour- 
tant dishcil,  appris,  ranneit,  partagé,  Livrhug.  M.,  419,  cf.  28; 
diskéit  se  trouve  en  1734,  Atin.  de  Br.,  III,  320.  Ce  mot  peut 
avoir  subi  l'influence  de  discoein,  montrer,  cf.  §  16.  Goiwit, 
gagné,  Baix.  Br.,  383,  pour  goncet,  de  gone~et,  a  été  influencé 
par  les  mots  comme  lakeet,  lakeit  ;  cf.  §  3  r . 

A  Batz  on  dit  plus  souvent  -eit  que  -ef,  sans  distinction  de 
classes;  mais  c'est  la  conséquence  d'une  phonétique  particu- 
lière :  redeit,  couru,  cf.  rcdcit ,  courir,  rcit,  il  court  {Etude, 
p.  6,  25). 

La  terminaison  -et  est  assez  fréquente  au  participe  en  van- 
netais  à  côté  de  -eit  :  cairétt  et  caireitt,  embelli,  l'A.  ;  grocit, 
groit,  fiiit,  en  1693,  groétt  rime  -étt,  et  groeïtt,  r.  -élt,  en  1734, 
Ann.  de  Bret.,  III,  411,  412,  424.  On  trouve  rarement  -cet, 
comme  en  Léon  :  hrauéct,  embelli,  Manuel,  39  =  hràucit, 
Vocah.,  1863,  p.  76. 

En  dehors  du  vannetais  je  ne  vois  qu'une  forme  analogue; 
c'est  deit,  venu,  qui  se  dit  en  pet.  Trég.  et  surtout  en  Goello 
en  même  temps  que  dent  ;  cf.  Quellien,  115. 

Le  Dict.  de  l'A.  àonwQ  eétt,  allez,  et  oueitt,  allé;  la  Grain. 
de  Guillome  a  oiteit  dans  les  deux  sens;  celle  de  Grégoire  a 
en  van.  eit  et  ouëit,  allé,  p.  72. 

Uo  de  ce  participe  d'un  thème  en  a  lui  est  probablement 
venu  de  l'analogie  du  verbe  gra,  il  fltit  (de  g roa),  groeit,  fait; 
cette  analogie  était  fivorisée  en  vannetais  par  une  foule  de 
rapports  spéciaux  à  ce  dialecte  entre  les  thèmes  en  a  et  ceux 
en  0.  Le  P.  Grég.  cite  en  vannetais  ràïi  et  roeih,  donner,  part. 
reit  et  roëit ;  on  sait  que  ce  verbe  fait  au  présent  ra,  il  donne. 

42.  Les  imparfaits  vann.  careti,  j'aimais,  gren ,  je  faisais, 
den,  je  venais,  gorten,  j'attendais,  qui  se  conjuguent  d'une 
façon  uniforme,  montrent  les  deux  classes  réduites  à  une  seule, 
la  première.  Il  reste  pourtant  une  trace  du  y  groupe  de  la 
2''  classe,  dans  quelques  formes  comme  troen,  je  tournais, 
scoen,  je  frappais. 

43.  Il  en  est  <\t  mlniie  du  passé  défini  à  la  personne  la  plus 


I  20  E.  Ernaiih. 

usitée  (la  Y  du  sing.):  caras,  p-as,  âcis,  gortas,  —  troas, 
scoas.  L'abbé  Guillonie  ne  donne  pas  d'autre  personne,  et  on 
lit  dans  VEssai  sur  le  verbe  nco-ccllique,  p.  69,  que  «  les  Van- 
netais,  à  cetemps,  neseservcnt  quede  la  forme  analytique  », 
c'est-à-dire  impersonnelle.  Il  y  a  pourtant  aussi  les  autres  per- 
sonnes ;  la  seule  dont  la  désinence  commence  par  une  voyelle, 
est  la  première  du  singulier  :  me  chiielis  (depuis)  que  je  vis 
cela,  Chai.  ms.  ;  bas-van.  gwek:^,  je  vis,  Bar~a~  Brei^,  383  ;  au 
xviir^  siècle  lariss,  je  dis,  ncvlliss,  je  ne  pus,  Loth,  Rev.  Celt., 
VII,  344,  vers  113,  109.  Je  n'ai  pas  trouvé  d'exemples  dans 
des  verbes  de  la  2"-"  classe.  Voir  §  46. 

44.  Les  deux  premières  personnes  du  singulier  du  futur  et 
la  3^  du  pluriel  ont  en  vannetais  la  diphtongue  ei,  sans  dis- 
tinction de  classes,  sauf  que  le  y  groupe  de  la  2^  garde  parfois 
son  0  : 

carein,  j'aimerai,  grein,  dein,  gorleiii,  —  troein ; 

caret,  tu  aimeras,  grei,  dei,  goriei,  —  troei ; 

careint,  ils  aimeront,  greint,  deint,  gorteint,  —  troeinf. 

Cette  dipiîtongue  a-t-elle  passé  de  la  2*"  classe  à  la  i'''  ?  Ce 
n'est  pas  probable  pour  la  i"""  pers.,  le  moy.  bret.  -(^don- 
nant phonétiquement -f/;/,  eiii,  en  vannetais:  melein,  louer,  je 
louerai  =  nieiilif. 

Pour  la  2""  pers.,  cela  paraît  vraisemblable,  1'/  final  ne  de- 
venant fi  que  dans  quelques  variétés  dialectales,  cf.  Rev.  Celt., 
III,  52.  Du  reste,  cette  analogie  ne  se  produit  pas  toujours, 
M.  Loth  donne  cari,  tu  aimeras.  Elle  ne  se  montre  pas  dans 
un  texte  de  1693,  où  l'on  a^  _4^fl!;'v,  tu  aimeras,  ^m/Vj',  tu  dési- 
reras, vy,  tu  seras,  toiiiy,  tu  jureras,  a  gonvessy,  tu  confes- 
seras, ^;v/o',  tu  feras,  etc.,  en  regard  de  houantey,  tu  désireras 
(3  syll.),  Ann.  de  Bret.,  III,  413,  414. 

A  la  y  pers.,  on  trouve  en  1693  -'^crvigeint,  ils  serviront, 
ihid.,  411,  mais  en  1734  r'uitt,  ils  feront,  424,  ci.  doiijint,  ils 
craindront,  Manuel,  40.  La  diphtongue  peut  être  aussi  due  à 
la  phonétique,  et.  heint,  ils  sont.  Science  er  salvedigueah, 
Vannes,  1821,  p.  134,  de  int.  —  M.  Loth  donne  une 
i"""  pers.  pi.  carini,  sans  diphtongue;  de  même  larinip,  nous 
dirons.  Chai.  )ns.,  v.  ample. 

45 .  Nous  arrivons  aux  désinences  qui  commencent  par  une 


Etudes  bretonnes.  121 

consonne  en  moyen  breton,  cf.  §  23.  En  vannetais  cette  con- 
sonne est  presque  toujours  précédée  d'une  voyelle.  Je  crois  que 
cette  voyelle  vient,  à  la  i'"'' classe,  de  l'analogie  de  la  seconde. 
46.  Je  ne  trouve  pas  d'exemples  vannetais  des  deuxièmes 
pers.  du  prétérit. 

Exemples  de  la  i''^  pers.  du  pluriel  :  antnx^inp,  nous  en- 
trâmes =  ni  a  antras,  et  rctoiirnc::^aiiip,  nous  retournâmes, 
Dict.  ms.  de  Châlons,  s.  v.  rembarquer;  a  pe  gavc::auih,  quand 
nous  trouvâmes.  Voyage  inisterius,  65  ;  ma  b'ùclc~ai)ib,  que 
nous  vîmes,  54.  Ue  de  antre:^amp  peut  appartenir  au  radical  : 
le  Dict.  de  l'A.  donne  l'inf.  antréein. 

Exemples  de  la  3":  1°  sans  e,  na  gol:{and-i,  ne  perdirent- 
ils  pas,  Rev.  Celt.,  VII,  336,  v.  44;  avec  e  justifié  par  un  thème 
en  a  :  chom  a  hre:(ant,  ils  restèrent.  Manuel,  99  ;  avec  e  analo- 
gique :  saoue:{and,  ils  se  levèrent,  Rev.  Celt.,  VII,  336,  v.  45  ; 
arrihue:{ant ,  ils  arrivèrent,  Choége...  a gannenneu.  Van.,  1829, 
p.  89;  ari-,  Vocab.,  118,  e  resconde:(ant-int,  ils  répondirent, 
Foy.  mist.,  56;  a  pe  uéle:(ant,  quand  ils  virent,  Histoer  a  vuhe 
Jesus-Chrouist,  Lorient,  181 8,  p.  20;  sortie^aiit,  ils  sortirent, 
^2 ;  discare:{ant ,  ils  abattirent,  Buhe  e  s.,  Vannes,  1839,  p.  733; 
(que  nd)  :^igasse:(ant,  ils  apportèrent,  iennesant,  ils  attirèrent, 
Chai,  ms,  v.  monter;  e  larc:^ant-ind,  ils  dirent,  Brediah  er  fé, 
1861,  p.  193.  Cf.  choége,  78,  fin;  79,  v.  11;  93,  fin;  94, 
V.  2,  17  ;  etc. 

]Ja  de  ces  terminaisons  -(e)::j^xmb,  -(e)ant  qui  répondent  à 
-^omp,  -:^ont  des  autres  dialectes,  moy.  bret.  -somp,  -sont,  a  été 
amené  probablement  par  Va  du  présent.  Le  gall.  dysgasant 
présente  donc  avec  le  vannetais  un  double  rapport  fortuit 
dans  ses  deux  voyelles  a,  dont  la  seconde  d'ailleurs  ne  se 
trouve  pas  à  la  i'''  pers.  ^l.'dysgasom. 

47.  Ceci  nous  explique  également  l'a  de  la  i'"  pers.  sing. 
du  prétérit  vcinnetais  pcgave:(^an,  quand  je  trouvai,  é  chome::an, 
je  restai,  i?fi'.  Celt.,  V,  488;  =  léon.  rejoun,  je  fis,  kavcboun, 
kav:{oun,  je  trouvai,  Troude,  s.  v.  prétérit;  pa  velson,  quand 
je  vis,  Suppl.  aux  dict.  bret. ,  22. 

Il  ne  faut  pas  confondre  avec  pe  gave^an,  etc.,  les  formes 
van.  e  houlenne:^en ,  je  demandai,  3''  pers.  sing.  lare^ai,  il  dit, 
i''  pi.  lah:{cah,   vous   mîtes,    3"^  intanm\ent,    ils  incendièrent 


I  22  E.  Ernauli. 

(e  tistruje:^ent,  ils  détruisirent,  laire:;ent,  ils  volèrent),  Rcv. 
Celt.,  V,  488,  note.  Ces  formes  très  distinctes  du  prétérit 
concordent  avec  le  conditionnel  passé;  quant  au  sens,  c'est 
celui  d'actions  passées,  avec  nuance  de  fréquentatifs  ;  le  con- 
ditionnel passé  breton  répond  à  ces  données  :  cf.  tréc.  me  a 
vije,  j'étais  toujours,  me  ain  hijc,  j'avais  toujours  (durant  sept 
ans),  G.  B.  /.,  I,  200. 

48.  Le  conditionnel  vannetais  est  presque  toujours  terminé 
en  -ehen,  et  le  conditionnel  passé  en  -e:;en.  M.  Loth  a  donné 
de  Ve  qui  précède  1'/;  dans  carchc,  il  aimerait,  etc.,  une  expli- 
cation fondée  sur  l'accent,  Rcv.  Cclt.,  VII,  236.  Je  crois  qu'il 
y  a  là  plutôt  un  fait  d'analogie  semblable  à  d'autres  du  môme 
genre  que  nous  venons  de  constater.  Pour  juger  de  la  forma- 
tion de  ces  deux  temps,  où  le  détail  des  désinences  des  per- 
sonnes ne  nous  importe  pas  ici,  nous  y  joindrons  la  2^  pers. 
plur.  du  futur,  qui  offre  une  particularité  semblable,  l'insertion 
apparente  de  cet  e  où  l'on  a  vu  une  «  voyelle  irrationnelle  ». 
Fut.  carehet,  vous  ^nvutXQz;  f^rehct,  débet,  gortchct  ; — troehet; 
cond.  carchetî,  j'aimerais;  grehcii,  dehen,  gorteben (^Manuel,  40); 
—  troehen;  cond.  passé  care-en,  j'aurais  aimé,  lake:(eah,  vous 
mîtes. 

Ce  dernier  temps  n'est  pas  signalé  par  l'abbé  Guillome; 
M.  Loth  en  donne  le  paradigme,  Méni.  de  la  Soc.  dcLing.,  V, 
138,  139.  En  voici  des  exemples  (cf.  §47):  negarc~cn  quel,  je 
n'aurais  pas  voulu,  Fox.  iiiist.,  64;  pe  gare::^eb  =^p' ou pc:^é  caret, 
si  vous  aviez  voulu.  Chai.  ms.;cil  ne  ve~é  quet,  pour  qu'il  ne 
fût  pas,  Vocah.,  146. 

Lake:^eab  n'a  pas  de  svllabe  de  trop  :  cf.  laquasc,  qu'il  fît 
(faire),  Cathell,  24;  bc:^é  non  plus,  =  moy.  bret.  bise.  Meit 
mou  devc~é  bel,  pourvu  qu'ils  eussent  eu,  n'est  pas  un  exemple 
de  conservation  de  la  dentale  spirante  douce,  Rev.  Celt.,  VII, 
319,  mais  équivaut  au  tréc.  0  dije,  de  0  devise. 

Le  V.  br.  roricscii  (^-=  ro  ricsent  /),  gl.  sulcavissent,  montre 
qu'il  n'y  a  pas  à  chercher  dans  la  voyelle  c  du  van.  care:^nt , 
ils  auraient  aimé,  Soc.  Ling.,  V,  139,  l'équivalent  du  second 
a  du  gall.  carasent,  ils  avaient  aimé. 

Le  conditionnel  passé  a  souvent  le  sens  du  conditionnel 
présent,  hors  du  dialecte  de  Vannes.  Le  Gonidec  et  Troude 


Etudes  bretonnes.  i  2j 

ÇDict.  fr.  bret.,  s,  v.  conditionnel)  ne  font  pas  de  différence 
entre  karfenn  et  karjenn.  Mais  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi  : 
Piou  en  divigc  lavaret. . .  ?  den  nel  lavarje,  qui  l'eût  dit  ?  personne 
ne  l'eût  dit,  Sarm.,  6  ;  nep  a  welje,  on  eût  vu,  G.  B.  1.,  I,  174; 
hri  vije  ar  galon  na  oelje,  dur  eût  été  le  cœur  qui  n'eût  pas 
pleuré,  ma  karjenn  na  vijenn  hct,  si  j'avais  voulu  je  n'aurais 
pas  été,  Quellien,  128,  174,  etc. 

49.  Le  procédé  analogique  qui  a  fourni  une  syllabe  de  plus 
à  carhcn  n'a  pas  effacé  toute  trace  un  peu  ancienne  d'une  pro- 
nonciation antérieure,  comme  le  montrent  les  conditionnels 
du  siècle  dernier  :  e  varhutvnn,  je  mourrais,  Rev.  Celt.,  VII, 
338,  V.  52;  choufrhainn,  je  souffrirais,  334,  v.  12;  aiidurhccnn, 
j'endurerais,  rauvachann,  je  ravagerais,  336,  v.  35,  36,  ie 
gretai,  tu  croirais,  v.  23,  a  tc::jrhainn,  je  désirerais,  320,  na 
gochainip,  que  nous  ne  tombions,  2  syl.,  Ann.  de  Bret.,  III,  426, 
qui  sont  conformes  au  type  primitif,  contrairement  à  recehuc- 
haimb,  que  nous  recevions,  425,  mé  varhuchai,  je  mourrais, 
Rev.  Celt.,  VII,  334,  v.  12,  arrihuehai,  il  arriverait,  336,  v.  46. 

D'un  autre  côté,  cette  addition  d'une  voyelle  par  analogie 
n'est  pas  absolument  propre  au  vannetais;  en  voici  des  exem- 
ples en  d'autres  dialectes,  au  conditionnel  :  tréc.  huanadefe,  il 
soupirerait,  Bai^.  Br.,  222,  cornouaillais  dastumefe,  il  recueil- 
lerait, 143,  rannafe,  il  se  briserait,  236;  a  hadéfé,  il  durerait, 
Ahnanach  de  1877,  27j  néc'hla:(éfent  quet,  ils  ne  verdiraient  pas, 
30,  a  gresquefé,  il  accroîtrait,  39  (ce  verbe  peut  être  un  thème 
en  a  en  vannetais,  où  il  a  deux  infinitifs,  cresquein  et  crescat, 
Chai,  ms,  cf.  fut.  e  gresquei,  MartiredCastelfidardo,  225;  mais 
hors  du  vannetais  il  n'a  que  le  correspondant  du  premier). 

50.  De  même  au  futur:  cornouaillais  ma  ho  pj-allefimp-ni , 
que  nous  les  mettions  en  branle,  Bar:^.  Br.,  28z|.;  a  ::^entefec'h, 
vous  obéirez,  179;  tréc.  respontefomp,  nous  répondrons,  Expl. 
I,  185;  perisefet,  vous  périrez,  260;  profitefet,  vous  profiterez, 
272. 

Nous  avons  vu,  §  23 ,  qu'en  moy.  bret.  la  i""^  et  la  3^  pers. 
plur.  du  futur  prenaient  quelquefois  par  analogie  Vh  propre  à 
la  2"  plur.  de  ce  temps  et  au  conditionnel.  En  vannetais  le 
môme  fait  a  lieu  à  la  i"""  pers.  plur.  avec  changement  de  la 
voyelle  i  du  futur,  qui  devient  e  comme  à  la  2"  pers.  pi.  et  au 


124 


E.  Einault. 


conditionnel: carebenib,  nous  aimerons,  comme  careheinb,  nous 
aimerions,  d'après  carehet,  vous  aimerez.  Je  ne  vois  pas  d'exem- 
ple vannetais  de  la  forme  antérieure  *carhet  ;  car  dans  birhui- 
qiiin  n'er  havétt,  jamais  vous  ne  le  trouverez,  Rev.  Celt.,  VII, 
338,  v.  60,  le  verbe  est  au  présent,  cf.  Rev.  Celt.,  IX,  380. 
Mais  il  y  en  a  une  forme  analogue  au  futur  *  carhemb  :  on  lit 
saludhaimb,  nous  saluerons,  Rev.  Celt.,  VU,  350,  v.  184. 

51.  La  contamination  des  thèmes  verbaux  différents  par 
ceux  en  a  était  favorisée  en  vannetais  par  l'influence  des  deux 
verbes  gra,  il  fait,  et  da,  il  vient,  dont  le  second  n'est  pas  en 
a  dans  les  autres  dialectes.  On  connaît  l'emploi  de  gra  comme 
auxiliaire;  sans  être  aussi  fréquent,  celui  de  da,  ailleurs  ^^«, 
est  bien  plus  important  qu'en  français  :  cf.  hep  dont  d'o  esperni, 
sans  (venir  à)  les  ménager,  Moys.,  247;  dre  bere  e  teu  d'hon 
avcrtissa  (paroles)  par  lesquelles  il  nous  avertit,  Imitation... 
J.-C.  en  cornouaillais,  chez  Lédan,  1836,  p.  i;  Doue  a  deuio 
dlio pean,  Dieu  vous  le  rendra,  Quellien,  193,  etc.  Carein  e 
ra,  il  aime,  a  pe  -a  dchou  carein,  quand  il  aime  (litt.  quand 
vient  à  lui  aimer),  fut.  carein  e  rei,  a  pe  :;ei  dehou  carein,  con- 
ditionnel carein  e  rche,  a  pe  :^ebe  dehou  carein,  etc.,  ont  con- 
tribué sans  doute  à  fiire  dire  quelquefois  cara,  il  aime,  carei, 
il  aimera,  carebe,  il  aimerait,  care:^e,  il  aurait  aimé,  au  lieu  de 
car,  carou,  carhe,  carse.  Il  faut  tenir  compte  aussi,  pour  ces 
deux  derniers  temps,  d'un  autre  auxihaire,  le  verbe  être,  qui 
n'est  pas  un  thème  en  a,  ni  même  un  thème  originairement 
en  e,  mais  qui  s'est  confondu  phonétiquement  avec  ces  der- 
niers. Il  n'est  pas  nécessaire  d'expliquer  par  une  voyelle  irra- 
tionnelle le  première  de  anavehe,  il  connaîtrait,  Rev.  Celt.,  VII, 
236,  même  avec  un  m'nnmî  anavo ut  et  non  anaveout,  puisque 
c'est  un  composé  de  bout,  être,  dont  le  conditionnel  est  régu- 
lièrement zv/a^'////,  ypeis.vcbaifRev.  Celt.,  VII,  338,  v.  61,  67). 

(A  suivre.) 

E.  Hrnault. 


UATH   BEINNE   ETAIR 


The  foUowing  taie,  which  is  now  published  for  the  first 
time,  is  préservée!  in  the  wellknown  I5th  century  MS.  Har- 
leian  5280,  fo.  35  a,  2 — 35  b,  i.  I  know  of  no  other  copy. 
ThoLigh  there  is  no  heading  to  it,  O'Curry  (MS.  Mat.  p.  587) 
has  rightiy  identified  it  as  the  Uatb  Beinne  Etair  mentioned 
in  the  hst  of  taies,  LL.  189  c,  28,  as  one  of  the  uaiha,  or 
taies  of  hiding  (uatl}  «  retirement  »,  O'R.,  not  «  cave  »,  as 
O'Curry  thought). 

To  the  student  of  Irish  literature  this  short  taie  will  be  of 
peculiar  interest.  It  is  evidently  an  isolated  épisode  of  the  Os- 
sianic  taie  knownasthe  Tôruigbeacbt  Dhianiiudaagus  Ghrainne, 
edited  and  translated  by  Standish  H.  O'Grady  in  the  Trans- 
actions of  the  Ossianic  Society,  vol.  V.  The  curions  fact 
now  présents  itself  that,  while  this  taie  as  a  whole  has  corne 
down  to  us  in  quite  a  modem  form  only,  the  oldest  MS.,  ac- 
cording  to  Jubainville,  Catalogue  p.  249,  dating  from  1736, 
an  épisode  of  it  should  be  found  in  a  MS.  of  the  I5th  cen- 
tury ^ 

But  we  can  date  the  existence  of  this  taie  or,  at  least,  of  its 
main  motive  even  further  back  than  that.  We  know  that  the 
story  of  Diarmait's  and  Grainne's  love  was  sung  of  as  early 


I .  It  is  worth  mentioning,  however,  that  no  such  épisode  occurs  in 
O'Grady's  text;  nor  would  it  fit  in  vviih  the  narrative  of  that  version.  The 
Hill  of  Howth  lies  quite  outside  the  route  pursued  by  Diarmaid  and  Grainne 
in  theirflight  fromFinn.  But  then  leabadlia  Dinar uiada  agus  Grainne  are  to 
be  tound  throughout  Irehind,  according  to  a  modem  legend  even  as  many 
of  them  as  there  are  days  in  a  leap-year  (Joyce,  Irish  Names  of  Places,  I, 
P-  329)- 


126  Kuno  Meyer. 

as  the  iith  century.  In  the  gloss  upon  the  Amra  Choluimb 
Clîille  the  following  quotation  occurs  in  illustration  of  the 
Word  diutcrcc  : 

Ut  dixit  Grdinne  ingen  Cormaic  fri  Find  : 

Fil  duine 

frismad  buide  lemm  diuderc, 
aratibrinn  in  m-bith  buide, 
huile,  huile,  cid  diubert  ^ 

«  As  Grainne,  daughter  of  Cormac,  said  to  Find  : 

There  is  a  man, 

on  whom  I  were  thankful  to  gaze  long, 
for  whom  I  would  give  the  fair  world, 
ail,  ail,  though  it  is  a  fraud  ». 

Thus  it  is  évident  that  in  the  iith  century  a  poem  existed 
,  in  which  Grainne  confesses  her  love  for  Diarmait  to  Finn, 
perhaps  in  reply  to  his  proposai  of  marriage.  There  is  again 
no  incident  like  this  in  O'Grady's  version. 

A  second  point  of  interest  is  raised  in  connection  with  the 
fine  poem  contained  in  our  taie.  A  poem  almost  identical 
with'it  in  its  opening  and  last  lines  occurs  in  another  Ossianic 
taie,  copies  of  which  are  preserved  in  two  MSS.  of  the  I2ih 
century,  LL.  208  a,  11.  37-52,  and  Rawl.  B.  502,  fo.  59  b, 
2.  The  story  is  shortly  this.  Find  and  one  attendant,  Mac 
Lesc,  i.  e.  «  the  Lazy  Lad  »,  find  themselves  alone  one  night 
in  Slieve  GuUion,  separated  from  the  other  members  of  the 
fiann.  Find  orders  his  attendant  to  fetch  water,  who  excuses 
himself  on  the  ground  of  the  terrible  state  of  the  weather,  in 
verses  beginning  : 


1.   Rawl.  B.  502,  fo.  56  a,   2.  The  reading  of  LU.  p.   7  b,   and  of  the 
Liber  Hymnorum,  Goid.  2  p.  159,  varies  slightly.  Eg.  1782,  fo.  6  b  reads: 
Fuil  duine 

fr/ssbud  buid/;i  Hnn  diûdcrc, 
ara  tibrainn  in  bith  buid/;e, 
a  mfl/c  Muire,  cid  diub^rt. 


Uath  Beirine  Etair.  127 

LL.    ■       Fuit  co  brdth  ! 

Ro  ddil  in  donend  ar  cdcli,    • 
is  dth  cach  n-ettrigi  n-dn 
ocus  is  lind  Idn  car/;  n-dth. 

«  Cold  till  Doom  ! 
The  storm  has  spread  over  ail, 
A  river  is  every  bright  furrow, 
And  a  fuU  loch  is  every  ford..  » 

The  poem  after  that  differs  from  that  in  our  taie,  but  it  re- 
turns  to  the  lirst  word  (fuit  «  cold  »)  in  the  same  phrase  : 

Rawl.  fo.  60  a,  i  :  congab  donenn  dar  cac/;  leth, 
conna  abair  nech  acht  fuit. 

«  The  storm  has  settled  on  every  side, 
So  that  no  one  says  anything  but  «  cold  !  » 

Hère  the  story  ends  in  LL.,  but  in  Rawl.  it  goes  on  to  say 
that  Find  tells  his  servant  that  he  is  lying,  and  begins  on  his 
part  to  praise  the  f^iirness  of  the  weather  and  season  in  a 
poem  beginning  : 

«  Summer  has  come,  fair  and  free.  » 

Mac  Lesc  then  had  to  fetch  the  water,  and  when  he  retur- 
ned,  he  was  bound  naked  to  a  standing-stone  by  Find,  and 
was  left  there  till  the  morning.  «  Since  when  there  was 
not  in  the  fiann  a  man  quicker  and  more  unwearied  than 
he.  » 

It  would  be  difficult  to  say,  to  which  of  the  two  stories  the 
poem  originally  belonged.  Probably  to  neither.  The  LL.  and 
Rawl.  story  is  evidently  merely  a  frame  to  set  the  two  poems 
in,  which  are  kept  quite  gênerai.  On  the  other  hand,  in  the 
case  of  the  Uath  Beinne  Etair,  the  mention  of  places  so  far 
from  the  scène  of  action  as  the  vale  of  Newry  and  Moylurg 
seems  to  tell  against  the  assumption  that  the  poem  origi- 
nally belonged  to  the  taie.  Thèse  facts  rather  seem  to  show 
that  the  taie  was  invented  for  the  sake  of  the  poem,  revealing 


128  Kuno  Meyer. 

an  interesting  feature  of  folk-lore.  A  poemexists  in  connection 
with  somc  story.  The  poem,  or  at  any  rate  part  of  it,  is  re- 
membered,  while  the  context  isforgotten,  or  no  longer  consi- 
dered  interesting.  A  new  story  is  invented,  towhiclitlie  poem 
is  suitcd,  and  in  which  it  is  inserted. 

In  conclusion,  a  few  words  on  tlie  language  of  our  text  will 
not  be  out  of  place.  Its  spelling,  possibly  based  on  dialectic 
varieties,  is  very  peculiar.  Thus  p  is  used  for  b;  ph  for  in- 
fected  b;  ndo,  udc,  ndi  are  written  for  dô,  dé,  di ;  au  is  written 
for  a  before  m,  g,  cb,  pointing  pcrhaps  to  Munster  as  the  home 
of  the  writer.  di  is  found  several  times  for  the  verbal  prefix  do. 

The  following  rare  words  occur. 
aistrech  «  unsteady  »,  1.   46.  aistrioch  «  inconstant  »,  O'R. 

from  Shaw.  go  haisdreach,  Battle  of  Moy  Leana,  p.  84,  3. 

From  astar  «  journey  ». 
bridn  «  a  hillock  »,  1.  15.  bri  .i.  tulach,  brîân   .1.   tulachan, 

H.  3.  18,  p.  64  b. 
caimper,  1.  62  .i.  coimlonti  .i.  fer  is  gnath  ac  imguin  i  càni, 

H.  3.  18.  (cf.  cam  .i.   comhlann,  O'Cl.).  Like  W.  camp 

and  caïupiwr  borrowed  from  A.  S.  camp. 
cluthar,    1.   65,  for  clithar  «   shelter,    recess  ».  Cf.   a  clithar 

diamuir  a  édaig,  Eg.  1782,  fo.  21  a,   i.  cuan  clutharmhin, 

Battle  of  Moy  Leana,  p.  48,  29. 
cuibiur,  1.  49.  cupar  .i,  senén,  Corm.  p.   13.  cufir  .i.  sineoin, 

ib.,  p.  63.  cubhar,   cufar,  cuphar  .i.  senéun,  «  an  eagle  », 

P.  O'C.  ;  «  a  hawk  »  O'R.  Can  this  word  be  contained  in 

capercail:je  ?  The  usual  explanation  capall  caille  looks  like 

a  popular  etymology. 
curpha,  1.  18  ? 

datdn  «  fosterfather  »,  1.  70.  datan  .i.  aiti,  Corm.  p.  73. 
demh,  1.  18,  «  protection,  shelter  »  deimh  f.  O'R. 
di,  1.  9? 
diuais,  1.  65  ? 
doinenn  «  storm  »,  1.  26.  Anfli  mara,  doinionn  tire,  Eg.  158, 

fo.  79  a.  Cf.  soinenn  «   fair  weather  ».   sina  .i.  sonenna, 

Goid  p.  164.  sith  la  sonind  7  sobarthan,  LBr.  132  a,  5. 
£tth  «  raiment  »,  1.  19.  foth  .i.  édach,  O'Dav.  p.  85. 
ar  liarLeid  «  athwart,  across  »,  1.  20.  dar  tiarlait  na  faichthi, 


Uath  Beinne  Elalr.  1 2q 

LBr.  215  b,  49.  ib.  216  a,  15.  ar  fiarlaid  crichi  sa;ruaisli 

saxan,  Rev.  Celt.,  X,  p.  188,  7.  Cf.  fiarut,  fiarldn. 
frac  «  hand  »,  1.  58.  frag  .i.  Idmh,  O'Cl. 
forti  «  a  cloak  »,  1.  68.  ti  .i.  brat,  Corm.  p.  41,  and  cf.  for- 

bratt,  fortcha  (=  for-tuga). 
fuit  «  cold  »,  1.  21.  56.  fuit  fuacht,  Corm.  p.  10,  s.  v.  culpait. 
langaim  «  betray  »,  l.  61.  lang  .i.  brég  no  mebul,  Eg.  1782, 

fo.  15b.  lang  .i.  meabhal,  O'Cl.  gaileng  .i.  gualang  .i.  gua 

brég  7  lang  fell,  H.  3.  18,  p.  42  b.  Cf.  Corm.  s.  v.  gaileng. 
lethanchlaiss  «  broad-braided  »,  1.  68.  P.  O'C.  Cf.  clais  «  a 

streak,  a  stripe  ». 
ris  «  a  story  »,  1.  7.  riss  .i.  cach  scél  7  faisnés;  risse  à\no  À. 

scéla,  Corm.  p.  39.  risi  .i.  scelaigi,  LU.  8  a. 
sincreth  «  an  old  woman  »,  Lu. 
tuirigin  «    tongue  »,  1.   60.   tuirgin  .i.    tur  gina    .i.  tenga, 

Corm.  p.  42.  tuirighin  .i.  teanga,  O'Cl. 


[UATH  BEINNE  ET  AIR.]      . 

Fechtus  diaraiu/je  D'iermait  macDmnn  i  Duipni  ind-uai/M 
Pennl  hEdair  ier  m-breith  Gmindi  ingeni  Corma/c  ar  ai- 
ihed  o  Finn.  Pai  cailliuch  lae  D'iermait  ind  mhuid  s/We  oc 
a   forairiu    in  cech   du  a   m-pid/;.    Luid   in  ca.iï[iiich  isan 

5  uamaidh  immauc,  co  m-pui  for  mullach  Pendi  Edair.  Co 
n-acai  ind  oen-oclach  dia  soigid.  Is  e  dhio  pui  ann,  ind  rig- 
fendid.  Vochtus  int  sentonn  rise  nde.  «  Totocmarc-sai  td- 
nac  »,  ol  Finn,  «  7  cais  adp/;dT^  deis  dit,  \\ocus  is^ed  is 
ail  dauw,  do  di  at  oen-bé  ocwm  ».  Credis  int  sentonw  fgrpo 

10  Finn  7  tingeullwj  ndo  at/?al  degniw.  IsedrusiW  Finnfz^Vri, 
DiermflîzV  di  nxakned  ndo.  Foem//i"  int  si^zcreth  sin  do, 
\\ocus  dop/;fc'/r  a  ti  font  sali,  hociis  lot  isan  uaiw  iarom. 
Fochtus  Diarmfl/7  iniiiis  nabé  ndi.  «  Is  cuphus  dini  »,  ol  i, 
«  nacb  hcusai  riam  7  nach  cechla  a  fiu  ar  uairi  7    ain- 

15   ^benaibh.  Oir  dileth  an  rend  t/zr  na  brianaip/;,  hocus  ni  fil 

I  .    adhper  MS. 

Revue  Celtique,  XI.  9 


1 5o  ^'/'//o  Mcyer. 

maug  minreid/;  inJ-Elgai  uili  nach  fuil  sruth  rod  routmald 
ew  gach  da  fut/;irp/?i  md  »,  ol  i.  «  Ocus  ni  hgaidh  sc"  no 
curp/Ai  a  n-Er///n  dem/;  ind-uai?;î  ma  i  n-aildu  ;/o  a  n- 
ailén  nô  i  n-inp/;^;-  an  Falmoig/;.  »  Crot/;us  a  fat/;  co  lirr- 
20  naid/;  ar  fiarUdd  na  huam/;u  hocus  rocan  na  run;///  ^a  sis. 

.       '  «  Fuit,  fuid  ! 

ar^rt  in  snechta.  'nas  an  slm/'_, 
noc/;a  roic/;enn  fiad/;  a  cuid. 

25  Fuid  co  hrathl 

Rwi-dail  in  doinen«  ar  cach, 
apon^7  cech  ettrichi  a  Lui, 
hocus  is  linn  la^?  gacb  n-ath. 

As  muir  mor  gacb  loch  phis  lân, 
30  hocus  is  loch  làn  gacb  linn  : 

ni  roic/;it  eic/;  tar  Atb  Rois, 
1  ni  mo  roic/;it  di  cois  inn. 

SiupW  ar  iasc  Inse  Fail, 
ni  [f  ]uil  traïcb  nacb  tiprai  ton«  ; 
3  5  a  m-proccaibb  nicotfl'  proc, 

ni  leir  doc,  ni  lap^r  corr. 

Ni  fagaid  coiii  Coildi  Cuan 
siL77t  na  suan  a  n-adbpaid  con  : 
ni  fagann  in  dreen  -  becc 
40  din  da  net  a  Letricb  Lon. 

Asmait/;  do  mcnpaid  na  n-en 
in  gaeth  ger  's  a[n]t  oïcbred  fuar  : 
ni  fagban/z  lon  drom  bad  ail, 
din  a  toib  i  Co'ûltib  Cuan. 

1.  inosz  MS. 

2.  With  two  dots  overthe  fïrst  e  to  indicate  that  the  word  is  dissyllabic. 
Cf.  Drccn  ïïnaig  inniain  câcli,  LBr.  loS  b,  67.  drean,  ib.  274  a,  64. 


Uat'i  Beinne  FAair.  \  ^  i 

45  Sadail  ar  cairi  da  drol, 

aisdr/c/;  ar  Lonletnch  cro  : 
dimi;/aig  snechta  coild  c/;é, 
decair  drci;;;  rc  [vnnaib/;  ^  pô. 

Cuibiur  Glindi  Ridi  riii  (       )  ^ 
50  on  gosit/;  acher^  dogeip  len: 

mor  a  tn^aige  ocus  a  pian, 
int  oiccreud  dosia  'na  bel. 

Eirgi  de  colcaid  's  do  clmin 
—  tucc  dit'  u'idh  !  —  noca  ciall  duit  : 
55  imwad  n-aigr/d  ar  cecli  n-atii, 

isse  fat/;  fan-aprann  «  fuid  ».  F.  u.  i.  t. 

Luid  int  sentonn  amauc  iersin.  Imta/a  Graindie  im- 
morro,  rorait/;id  an  sentuin/î  ar  n-imdir/;f  7  douce  a  frac 
amac/j  lassota/n   for   an   tiuMach  pô   imbpe,   Iwrw^  denfwc 

60  for  a  tuiridin,  ^^onfuair  plais  na  tret/;no  for  a  ti.  «  Dirsan, 
a  Diermflf/Y  »,  ol  i,  «  rolancc  in  sennin  fort,  \\ocus  atr^îig 
co  cr/p  hocus  geub  do  erriud  caimp/r  imbat  !  »  Togene 
Dierma/Y  sin.  Lod  immauc/;  ïvisoiain  \\ocus  Graùidic  leis. 
Con-acatwr  and  rifen/àd/;  co  fianaip  i/;/me  ina  n-dof/;wm. 

65  Diuais  Diermd//  seucha  ïor  in  rein  [i]m  Eriiin,  co  n-acuu 
i//  noi  a  clut/;ar  in  rwain  'na  comfoc«5'.  Luid  hocus  Graïmiï 
ina  (ocbraib  ind.  Ocnceile  ar  a  cind  isin  luingin  co  timtach 
saine?;zail  i;;nne,  co  forti  let/;anchlaiss  orb/;uide  ur  a  for- 
mna  sechtcàr,  hocus  isse  po  in^  sin  :  Oengus  an  Procc/;ai, 

70  datan  Dfrmatai,  tain/r:dia  oirc/;is£r/;/ on  nairne  s'in  i  raib/;ae 
6  Find  7  6  fianaib  Erenn.  Finit. 


THE  HIDING  OF  THE  HILL  OF  HOWTH. 
Once  Diarmaid,  son  ot  Donn  the  grandson  ot  Duibne,  was 

1 .  Or  p^rnnaibh?  The  p  is  crossed  under  the  Hne. 

2.  rûi  with  sign  of  abbreviation  and  dot.  The  word  raust  rime  with 
gceith  in  the  next  line. 

l     athr  MS. 


I  ^  2  l^uno  Meyer. 

in  thc  cave  of  the  Hill  of  Howth  \  aftcr  having  carricd  oft 
Grainne,  the  daughterof  Cormac,  in  elopement  from  Finn.  An 
old  woman  was  with  Diarmaid  at  that  time,  watchingover  him 
wherever  he  would  be.  The  old  woman  went  out  of  the  cave, 
and  when  she  was  on  the  top  of  the  Hill  of  Howth,  she  saw 
an  armed  man  coming  towards  her  alone.  It  was  the  war- 
rior-king.  The  old  woman  asked  tidings  of  him.  «  To  woo 
thee  I  hâve  come  »,  said  Finn,  «  and  the  cause  I  will  tell  thee 
afterwards,  and  what  I  désire  is  that  thou  shouldst  live  (?) 
with  me  as  my  only  wife.  »  Thc  old  woman  believed  the 
words  of  Finn,  and  promised  him  todohis  will.  This  is  what 
Finn  desired  of  her,  to  betray  Diarmaid  to  him.  The  old  hag 
consented  to  this,  and  she  put  her  cloak  into  the  sait  water,  and 
thenwentinto  the  cave.  Diarmaid  asked  how  shejvasso  (wet). 
«  I  confess,  »  said  she,  «  I  never  saw  or  heard  the  like  of  it  for 
coldandstorms.  For  thefrost  has  spread  over  the  hillocks,  and 
there  is  not  a  smooth  plaininall  Elga,  in  whichthere  isnota 
long restless  river  between  every  two  ridges  »,  said  she.  «  And 
no  deer  or  raven(?)  in  Erinn  finds  shelter  in  a  cave  or  in  any 
other  place,  or  in  an  island,  or  in  a  bay  of  Fâlmag  ».  Craftily 
she  shook  her  raiment  across  the  cave,  and  sang  thèse  staves  : 

«  Cold,  coid  ! 

Cold  to-night  is  the  broad  plain  of  Lurg-, 
Higher  the  snow  than  thc  mountain-range, 
The  deer  cannot  get  at  their  food. 

1 ,  One  day  last  August,  Mr  Henry  Stokes,  ot  Dublin,  and  I  spent  some 
time  in  discovering  this  cave,  which  is  situated  on  the  Cliffs,  about  half  a 
mile  to  the  west  of  the  Lighthouse.  I  say  «  discover  »,  because  it  is  not 
marked  on  the  Ordnance  Map.  nor  did  some  of  the  oldest  people  on  the 
peninsula,  whom  wel  asked,  know  of  its  existence.  The  reason  of  this  is 
that  the  cave  is  now  destroyed,  having  been  blown  up  at  the  beginning  of 
the  century  by  order  of  tlie  Government,  doubtlcssly  because  it  had  repea- 
tedly  served  as  a  hiding-pluce  for  fugitive  rebels.  Among  others,  Hamihon 
Rowan  lav  concealed  in  it  for  some  time,  before  he  escaped  to  America. 
The  entra'nce,  which  faces  the  sea.  is  still  perfect,  while  the  roof  has  hllea 
in  and  the  interior  is  completely  tilled  up  with  the  débris.  As  this  is  the 
only  cave  on  Howth,  there  can  be  no  doubt  as  to  its  being  the  leaba  Dhiar- 
miida  agiis  Ghrainne  of  our  taie. 

2.  Mag  Luire  (Lorcmag,  LL.  48  a,  10)  «  Moylurg  »,  nowthe  Plains  of 
Boyle,  co.  Roscommon. 


Uath  Beinne  Etair.  1 33 

Cold  till  Doom  ! 

The  storm  lias  spread  over  ail  : 

A  river  is  each  furrow  upon  the  slope, 

Each  ford  a  full  pool. 

A  great  sea  is  each  loch,  which  is  full, 
A  full  loch  is  each  pool. 
Horses  do  not  get  over  Ross-ford, 
No  more  do  two  feet  get  there. 

The  fishes  of  Inis  Fail  are  a-roaming, 
There  is  no  marge  nor  well  of  waves, 
In  the  lands  there  is  no  land, 
Not  a  bell  is  heard,  no  crâne  talks. 

The  hounds  of  Cuan-wood  find  not 
Rest  nor  sleep  in  the  dwelling  of  hounds, 
The  little  wren  cannot  find 
Shelter  in  her  nest  on  Lon-slope. 

On  the  little  company  of  the  birds  has  broken  forth 
Keen  wind  and  cold  ice, 

The  blackbird  cannot  get  a  lee  ^  to  her  liking, 
Shelter  at  the  side  in  Cuan-woods. 

Cosy  our  pot  on  the  hook  -, 

Crazy  the  hut  on  Lon-slope  : 

The  snow  has  smoothed  the  wood  hère, 

Toilsome  to  climb  by  kine-horned  staves  ' . 

Glenn  Rigi's  -^  ancient  bird 
From  the  bitter  wind  gets  grief, 


1 .  Lit.  «  back  «  or  «  ridge  ». 

2.  Lit    «  our  caldron  troni  its  hooi<  ». 

5.   Lit.  «  by  the  horns  of  kine  ».  Sucli  staves  are  still  nuicli  uscd  in  the 
Highlands. 

4.  The  Vale  of  Newry,  co.  Armagh. 


I J4  ^'""0  Me\er. 

Great  her  misery  and  her  pain, 
The  ice  will  get  into  her  mouth. 

From  flock  and  from  down  to  rise 

—  Take  it  to  heart  !  —  were  folly  for  thee  : 

Ice  in  heaps  on  every  ford, 

That  is  why  I  keep  saying  «  cold  »  !  » 

The  old  woman  went  out  after  that.  As  for  Grainne,  when 
she  noticed  that  the  old  woman  had  gone,  she  put  out  her 
hand  on  the  garment  that  was  about  her,  and  put  it  on  hei 
tongue,  and  found  the  taste  of  sait  on  her  cloak.  «  Woe,  oh 
Diarmaid  !  »  shecried,-«  the  old  woman  has  betrayed  thee. 
And  arise  quickly  and  take  thy  warrior's  dress  about  thee  !  » 
Diarmaid  did  so,  and  went  out,  and  Grainne  with  him.  Then 
they  beheld  the  warrior-king  with  the  fianna  around  him  co- 
ming  towards  them.  Diarmaid  glanced(?)  aside  on  the  sea 
around  Erinn,  and  saw  a  skiff  in  the  shelter  of  the  harbour 
near  him.  He  and  Grainne  with  him  went  into  it.  One  man 
was  awaiting  them  in  the  little  boat  with  a  beautiful  raiment 
about  him,  with  a  broad-braided  golden-yellow  mantle  over 
his  shoulder  behind.  That  was  Oengus  of  the  Brug,  the  fos- 
terfather  of  Diarmaid,  who  had  come  to  rescue  him  from  the 
night-watch(?)  which  he  was  in  from  Finn  and  the  fianna 
of  Erinn. 

Kuno  Meyer. 
Liverpool,  November  1889. 

After  the  above  was  sent  to  press,  I  found  in  the  Bk  of  Lecan,  fo.  181  a 
2,  a  taie  about  Find  and  Grainne,  which  has  not  yet  been  pubHshed.  The 
beginning  is  :  Luid  Find  hua  Baiscne  do  thochmorc  Graindi  ingine  Cormaic 
hui  Chuind.  .  Adbert  in  ingen  na  gebad  tindscra  aili  uadh  acht  lanamain 
cacha  fiadmil[a]  robai  'san  Eri  do  thobairt  i  n-nsnimain  co  m-beith  ar  tua 
na  Temra.  —  Caihe  cosluath  accomphshes  this,  and  Grainne  is  wedded 
to  Finn,  but  retains  her  hatred  against  him.  The  taie  ends  on  fo.  181  b,  1, 
with  an  obscure  dialogue  between  Grainne  and  her  father,  and  some  gê- 
nerai reflections  of  Finn  on  the  married  state. 

K.  M. 


LES 


ANCIENNES  LITANIES  DES  SAINTS 

DE  BRETAGNE 


Dans  le  numéro  de  janvier  1888,  p.  88  et  suiv.  de  la  Re- 
vue Celtique^  M.  Warren  a  publié  des  litanies  de  saints  con- 
servés dans  un  psautier  du  x^  siècle,  faisant  partie  de  la  biblio- 
thèque du  «  Dean  and  Chapter  of  Salisbury  ».  M,  Warren  a 
mis  en  italiques  les  noms  de  saints  bretons;  ces  noms,  selon 
lui,  ne  se  trouvent  pas  ailleurs,  et,  pour  leur  identification,  il 
aurait  fait  d'inutiles  recherches.  Or,  la  plupart  de  ces  noms 
se  trouvent  ailleurs,  et  M.  Warren  aurait  pu  en  identifier  un 
certain  nombre,  s'il  avait  été  au  courant  de  la  liturgie  et  de 
l'hagiographie  bretonnes.  En  comptant  les  litanies  publiées 
par  lui,  on  possède  aujourd'hui  quatre  séries  d'anciennes  litanies 
contenant  des  noms  de  saints  bretons.  La  plus  anciennement 
publiée  l'a  été  par  Mabillon  dans  ses  Fêtera  Analecta  (nou- 
velle édition,  II,  p.  669).  Suivant  Mabillon,  elles  dataient  à 
son  époque  d'un  millier  d'années  ;  il  les  a  extraites  d'un  ma- 
nuscrit de  Reims.  Elles  me  paraissent  du  même  âge  que  celles 
de  M.  Warren,  à  en  juger  par  la  forme  des  noms  bretons,  c'est- 
à-dire  du  x*"  siècle.  D'autres  litanies  ont  paru  dans  Les  Vies  des 
Saints  de  la  Bretagne  armorique  du  père  Albert  le  Grand,  réé- 
ditées par  M.  de  Kerdanet  en  1837,  d'après  un  missel  ma- 
nuscrit, dit  de  saint  Vougay,  conservé  dans  l'église  de  la  pa- 
roisse du  même  nom,  dans  l'ancien  évèché  de  Léon  (p.  298- 
300).   Suivant  M.  de  Kerdanet,  ce  missel  est  un  manuscrit 


156 


J.  Loth. 


in-folio,  sur  vélin,  de  la  même  date  que  le  cartulaire  de  Lan- 
dévennec  ;  il  contient  46  feuillets  sur  deux  colonnes.  On  y 
remarque  des  notations  de  plain-chant.  Ces  litanies  me  pa- 
raissent en  effet  plus  récentes  que  les  autres.  Une  troisième 
liste  de  noms  de  saints  a  été  publiée  par  M.  D'Arbois  de  Ju- 
bainville,  dans  la  Revue  Celtique,  III,  p.  449,  d'après  un  ma- 
nuscrit du  XI'' siècle.  Ces  quatre  séries  de  litanies  se  complètent 
et  parfois  se  corrigent  les  unes  les  autres.  Je  les  publie  ici,  par 
ordre  alphabétique,  en  les  désignant  par  le  nom  de  ceux  qui 
les  ont  publiées.  Je  fais  suivre  cette  liste  de  remarques  sur 
chacun  des  saints.  Les  noms  ont  été  assez  souvent  défigurés, 
ou  quelquefois  peut-être  mal  lus.  Je  n'entre  pas  dans  le  détail 
des  sources  ni  des  vies  des  saints  ;  il  faudrait  un  gros  volume 
pour  le  faire.  Je  me  borne  à  restituer,  autant  que  possible,  la 
vraie  forme  des  noms  et  à  tenter  leur  identification. 


IVarrcn 

Mabillon 

Kerdanet 

D'Arbois  , 
Armine 

Bachla 

Bachla 

Becheve 
Bodiane 

Bili 

Brangualadre 

Branwalatre 

Brangualadre 
Brigita 

Brioce 

Brioce 

Brioce 
Budmaile 

Brioc 

Caoce 

Carnache 

Caoc 

Catoce 

Citawe 

Catroc 

Conocane 

Conocane 

Courentine 

Courentine 

Chourentine 

Courentin 

Dir[c]ille 

Dircille 

Deriane 

Dirchil 

Ediunete 

Idunete 
Eneuere 

Flocan 

Germane 

Germane 

Gilda 

Gildas 

Gildas 
Gueganton 

Guengualoe 

Guinwaloee 

Guingualoee 

Guingualui 

Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne. 


n? 


U^arren 

Mabillon 

Kerdanet 

D' Artois  de  J. 

Guenleue 

Guidguale 

Guoidwale 

Guidguale 

Guoidiane 

Guidiane 

Guidnoue 

Guidnoue 

Guodnou 

Guiniaue 

Guiniau 

Guinnoce 

Gulhuinne 

Gurgualr 
Gurthierne 

Hoeiardone 

Huardone 

Hoeargnoue 

Huarneue 

Hoiarnbiu 

Hoiarnuine    (lege 

Hoeiarninne) 

lahoiue 

larnhobri 

leaguele 

Iliaue 

Iltute 

lubudoc 

ludicaele 

Judicaele 

Judicale 

ludoce 

lunanaue 

luti 

Leubri 

Leutierne 

Loutierne 

Lohene 

Lisure 
Loviau 

Macloue 

Machlove 

Macute 

Maccent 

Matith 

Melani 

Melani  ' 

Melore 

Meleor 

Meuinne 

Mevinne 

Meguinne 

Munna 

Munna 

Munna 

Ninnoca 

Ninnoca 

Paterne 

Paterne 

Paterne 

Paterne 

Patrici 

Patrici 

Patrici 

Paule 

Paule 

Paulinine 

Paulninan 

Petrane 

Petran 
Pinnuh 

Racatc 

Racat 

Rawele 

138 


J.  Lolh. 


JViirren 


Samson 

Tearnmaile 
Toconoce 

Tutgucde 


MabiUoti 


Samson 
Serwane 
Serecine 


Ticiawa 

Toninnane 

Trifina 

Tutwale 


Kerdanet 


Riaucc 
Runare 
Samsone 

Siiliaue 

Teconoce 


D'Arhois  de  J. 
Rethgualt 

Ronan 

Salmon 
Samsoni 

Suliau 


Tutsual 


Armine.  Ce  saint  m'est  inconnu.  Il  y  a  lieu  de  craindre  qu'on 
ne  soit  en  présence  d'une  erreur  de  scribe,  ou  que  ce  saint 
ne  soit  pas  breton. 

Bachla.  Peut-être  saint  Balay,  disciple  de  Winwaloe,  honoré 
à  Penflour,  près  Châteaulin  (De  la  Borderie,  Annuaire  hist. 
et  archéol.  de  Bretagne,  1862,  p.  xxii).  Bachla  a  dû  donner 
Bala  comme  Machlow,  Malo,  comme  tnachtetb  «  servante  », 
mate:^,  comme  Mochdreh,  Mot reff  (près  Carhaix).  Je  ne  sais, 
il  est  vrai,  si  on  prononce  Bala  ou  Balé. 

Bechevc.  On  a  fait  de  ce  saint  Vio  et  Fougay  ou  Vouga.  Sui- 
vant Kerdanet,  on  prononcerait  son  nom  dans  le  pays  de 
Saint-Vouga,  Veho,  Vec'ho  et  Vezo.  Si  Ve:^o  existe,  c'est 
une  forme  analogique.  A  Priziac,  canton  de  Faouët,  Mor- 
bihan, Bechevus  est  le  patron  ou  un  des  patrons  de  l'église 
paroissiale  :  on  prononce  Bchièzu,  forme  régulière  de  l'ancien 
nom.  Sur  ses  actes,  v.  Albert-le-Grand,  éd.  Kerd.,  p.  296; 
cf.  BoU.  II,  15  juin,  p.  1060. 

Bill.  Aurait  été  évèque  de  Vannes,  d'après  le  bréviaire  de  Van- 
nes, imprimé  en  1660.  Une  chapelle  lui  était  dédiée  à 
Plaudrcn  (Pouillé  de  Vannes  dans  le  Cart.  de  Redon  ;  cf. 
Dom  Lobineau,  Vies  des  saints  de  Bret.,  append.  Saints 
inconnus).  Ce  nom  est  bien  connu  en  vieux-breton.  C'est 
un  nom  de  baptême  encore  en  usage  dans  le  pays  de  Van- 


Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne.  1 59 

nés.  Il  est  entré  dans  la  formation  de  plusieurs  noms  de 
lieux. 

Badiane.  Pourrait  bien  avoir  donné  son  nom  à  Saint-Bedan, 
paroisse  de  l'ancien  évêché  de  Saint-Brieuc  (Dom  Lob., 
Saints  inconnus).  Saint-Bedan  est  dans  une  zone  de  langue 
française  depuis  le  xi"  siècle  peut-être  :  il  est  fort  possible  que 
le  d  n'ait  pas  subi  la  mutation  pour  cette  raison. 

Brangnalatre,  Bramualatrc.  Ce  saint  me  paraît  le  même  que 
saint  Brelade  de  Jersey  et  saint  Broladre  de  l'ancien  évêché 
de  Dol.  Il  a  donné  son  nom  à  Loc-Brévalaire,  dans  le  pays 
de  Léon,  au  xvr'  siècle,  Loc-BrcvaIa:{r,  ce  qui  mène  à  une 
forme  vieille  bretonne  Brewalatr  et  probablement  Brenwalatr 
ou  Braniialatr.  On  a  identifié  ce  saint  avec  saint  Brendan 
et,  en  eifet,  Loc-Brevalazr  est  traduit  en  latin  par  Monas- 
terÏHDi  saiicti  Brendani  (v.  de  Courson,  Fouillé  de  Léon, 
Cart.  de  Redon,  p.  579).  Dom  Lobineau  (Saints  inconnus) 
en  constatant  qu'une  paroisse  de  l'évêché  de  Saint-Brieuc 
porte  le  nom  de  Saint-Brandan,  remarque  que  ce  saint  est 
appelé  simplement  Bran  dans  les  registres  de  la  réformation 
de  la  noblesse  de  Saint-Brieuc  (cf.  pour  saint  Brieuc  les 
noms  Briocus  et  Briomaglus).  Pour  Brelade,  Broladre  et 
mieux  Breladr,  le  tr,  dr  n'a  pas  subi  la  mutation,  le  breton 
ayant  disparu  de  bonne  heure  dans  l'évêché  de  Dol.  Le 
pouillé  de  Dol,  du  xiv^  siècle,  mentionne  la  parocchia  5'' 
Broladrii. 

Brigida.  Sainte  Brigitte,  l'irlandaise.  Son  culte  était  fort  ré- 
pandu en  Bretagne.  Elle  a  donné  son  nom  à  Samte-Brigitte, 
commune  du  canton  de  Cléguerec,  Morbihan  (en  breton 
Birhictt),  à  Loperhet  (Locus  Brigida),  en  Cornouailles. 

Brioce.  Saint-Brieuc.  V.  BolL,  i^'''  mai,  I,  p.  92-94;  Dom  Lo- 
bineau, Vies,  p.  11-19;  mss.  Bibl.  publ.  à  Rouen,  n°  79; 
Bibl.  nat.  franc.  22321,  p.  613.  Brioc  était  honoré  aussi  en 
Cornouailles  anglaise  (Saint-Breock  or  S.  Briock  en  Pyder, 
Davies  Gilbert,  History  of  Coriiwall). 

Budmaile.  Probablement  le  même  que  Bothmael,  disciple  de 
saint  Modez  (saint  irlandais  dont  le  culte  a  été  un  des  plus 
répandus  autrefois  en  Bretagne).  (Dom  Lobin.,  Vies  SS., 
p.  84,  d'après  le  Bréviaire  de  Léon)  :  à  moins  que  ce  ne 


no  J.  Loth. 

soit  saint  Budoc,  beaucoup  plus  connu  :  pour  Budoc,  Bud- 
mail,  cf.  Brioc,  Briomaglus.  Budoc  a  donne   son  nom  à 
Beuzec?  il  y  a  un  Budock  en  Kerrier,  Cornouailles  anglaise 
(sur  S.    Budoc:   v.    dans  Lobin.,  p.    127,  d'après  Chron. 
Saint-Brieuc  et  vieux  bréviaires  ;  Bibl.   nat.  franc.   22321, 
d'après  Bréviaires  de  Léon  et  Dol.) 
Caoce.  A  donné  son  nom  à  Langueux  et  Tregueux,  évèché  de 
Saint-Brieuc  (Tregueux  est  en   1129  Tre-guehuc,    A.  de 
Barthélémy  et  Geslin  de  Bourgogne,  Anciens  évêchés  de  Bre- 
tagne, IV,  309;  Lan-gueu  est  pour  Lan-geuc,  Lan-caoc)? 
Carnache.  Peut-être  saint  Carné,  qui  a  donné  son  nom  à  une 
paroisse,  Saint-Carné,  au  sud-ouest  de  Dol.  On  en  a  fait  en 
latin  Carnetus  sur  C^r77tf  (Fouillé  de  Dol,  cart.  Red.).  Carné 
pour  Carnachus  s'expliquerait  facilement  en  zone  française. 
En  tout  cas  Carnach  paraît  être  le  saint  irlandais  Carnechus 
(v.  Colgan,  Acta  Sanct.,  p.  782). 
Catoce.  Saint  Cadoc,  qui  a  laissé  son  nom  dans  Pleu-Cadeuc, 
Morbihan.  On   l'identifie  avec  le  saint  breton  Cado.   En 
breton,  Cado  se  prononce  Cadaiv,  ce  qui  ferait  supposer  une 
forme  Cataïuos.  Dans  le  Cart.  de  Quimperlé,  il  est  fait  men- 
tion d'une  vie  de  Cado,    sous  le   nom  de  Catuodus  (Cat- 
vodu).  Cadoc,  Cadawc  est  un  nom  de  saint  bien  connu  des 
hagiographes  gallois.  Sur  les  vies  anglaises,  v.  Duffus  Hardy, 
Descript.  catal.  I;  cf.  Boll.  24  janv.,  II,  p.  602-606;  Dom 
Lob.,  Vies,  p.  30. 
Catroc.  C'est  le  saint  qui  a  donné  son  nom  au  prieuré  de  Saint- 
Cadreuc,  aujourdjiui  village  de  Saint-Cadreuc,  paroisse  de 
Ploubalay,    ancien   évèché   de    Saint-Malo  (le    pouillé   de 
Saint-Malo  porte  Cardroc,  erreur  évidente  pour  Cadroc),  et 
à  Saint-Carreuc,  trêve  de  Pledran,  ancien  évèché  de  Saint- 
Brieuc.  Sur  Catroc,  v.  de  la  Borderie,  Les  Deux  Saints  Ca- 
radec,  Paris,   1883  (le  nom  de  Cadroc  a  été  maladroitement 
changé  en  Caradoc.) 
Citazve,  pour  Citiaiue.  Saint  Kigeau,   le  sanctus  Kigavus,  du 
Cartul.  de  Quimperlé.  Pour  Citiaiu  =  Kijaiu,  cf.  Ratian  = 
Rajen,  dans  La-rajen  en  Coray,  autrefois  Lan-Ratian  ;  Tu- 
tian  =  Tujan,  dans  Lan-Dujan,  auj.  Landugcn  en  Callac; 
Pritient  =  Prijcnt.  Ciliaw  est  prob,  le  même  saint  que  le 


Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne.  141 

gallois  Keydiaiu  qui   a   donné    son    nom  à    Cappel   Ceidio 
(Myv.  arch.,  p.  417  et  suiv.). 

Columcille,  Columhane.  Saints  irlandais  connus. 

Conocane.  Saint  Conogan.  Les  bréviaires  de  Bretagne  mettent 
sa  fête  au  15  octobre.  Il  y  a  une  église  de  Saint-Conogan 
près  Landerneau  (v.  Dom  Lobin.,  Vies,  p.  55,  d'après  le 
Brév.  de  Léon;  Boll.,  15  oct.,  VII,  p.  36)  ;  cf.  Cart.  Lan- 
dév.,  41. 

Courentiiie.  Saint  Corentin  (en  breton  Caiurintiii),  d'après  la 
tradition  bretonne,  le  premier  évcque  de  Cornouailles  (v. 
Dom  Lobin.,  Vies,  p.  50-55,  d'après  les  Bréviaires  de  Nantes, 
Saint-Bricuc  etDol;  ms.  Bibl.  nat.,  12665,  ^ol-  -3*^j  ^^i'^- 
tranç.  22321,  fol.  728,  d'après  Brév.  Saint-Brieuc  et 
Nantes.) 

Dircilh. 

Deriane.  Il  est  fait  mention  de  Derrien  et  de  son  compagnon 
Neventer  dans  la  vie  de  saint  Rioc,  comme  d'un  saint  person- 
nage (Kerdanet,  Vies  des  Saints,  p.  29).  Derrien  est  un 
nom  breton  bien  connu;  dans  le  Cartul.  de  Redon,  il  a  la 
forme  Dergen;  Neventer  a  laissé  son  nom  à  Plou-neventer 
(cf.  le  nom  de  lieu  gallois  Caer-Nevenhyr.) 

Ediunete.  D'après  le  Cart.  de  Landevennec  (charte  2),  Ediunet 
était  frère  de  saint  Winwaloe;  il  habitait  près  de  la  mon- 
tagne de  Nin  (Châteaulin,  Castel-Lin  pour  Castel-Nin).  Il 
a  été  confondu  avec  saint  Ethbin,  ce  qui  peut  provenir  d'une 
fausse  lecture  :  au  lieu  à'Ed-iunct,  on  a  pu  lire  Ed-uinet, 
Ed-vinct  (v.  Ethbin,  Dom  Lob.,  Vies,  p.  118). 

Eneuere.  Eneiuor  est  le  patron  de  Plonéour,  près  Quimper, 
dans  le  Cart.  de  Landevennec,  Plebs  sancti  Eneguori,  et 
PIucii  Eiieuur.  Ce  nom  est  à  rapprocher  de  Eneuiri  que 
donne  une  vieille  inscription  chrétienne  de  Grande-Bretagne 
(Rhys,  Lectures^  p.  401). 

Flocan,  pour  Frogan.  Frogan  a  donné  son  nom  à  saint  Frogan, 

en  Léon  (Dom  Lob.,  Vies,  p.  46),  ou  saint  Fregan,  trêve 

de  Guiseny  (c'est  le  même  que  Fragan  père  de  Winwaloe). 

Germanc.  C'est  saint  Germain  d'Auxerre  honoré  en  Grande 

comme  en  Petite-Bretagne. 
Gilda.  Saint  bien  connu.  La  forme  bretonne  de  son  nom  est 


142  J.  Loth. 

GweJtas  (vannerais  Gueltas  :  u'avec  coloration  //);  il  a  donné 
son  nom  à  plusieurs  lieux.  La  vie  la  plus  ancienne  de  ce 
saint  a  été  écrite  au  xi*"  siècle  par  un  moine  de  saint  Gildas 
de  Rhuys  (sur  les  sources  imprimées  et  manuscrites,  v.  J. 
Loth,  L'Emi^rat.  bretonne,  p.  245-246). 
Gueganton.  Le  calendrier  de  saint  Méen  (xV  siècle,  ap.  Dom 
Lob,,   Vies,  p.    13)  met  la  fête   de   saint   Gucguenton  au 
10  mai  et  lui  attribue  XII  leçons.  Ce  nom  est  donné  sous 
la  forme  Winganton  (Wiunganton)   dans   les   Script,   hist. 
franc,  III,  p.  344. 
Guengualoe.  Le  nom  sous  sa  forme  la  plus  ancienne  est  Win- 
waloe.    On  retrouve   son    nom  dans   Locunolé,    Finistère 
(BolL,  3  mars,  I,  p.  250-261;  sur  les  sources,  v.  J.  Loth, 
L'E migrât,  bret.,  p.  286.) 
Guenleue.  Erreur  de  lecture  pour  Guenhaek? 
Guidguak,  Guoidiuale.  La  forme  la  plus  ancienne  de  ce  nom 
estWotvval  ou  Woitwal  (Vita  Vodoali,  Bibl.  nat.  lat.  1762e, 
fol.  25,  x"  siècle).  Son  nom  se  retrouve  dans  Locoal,  près 
Vannes,  en  1037  Locus  sancti  Guituali,  en  1387  Sanctus 
Gudwalus.  Guotwal  a  donné  régulièrement  Gu:{iual  et  Goal. 
(Sur  ce  saint,  v.  BoU.  6  juin,  I,  p.  728;  sur  les  sources,  v. 
J.  Loth,  L'Emigr.,  p.  247.) 
Guoidiane,  Guidiane.  Probablement  saint  Gozien,  disciple  de 
Winwaloe  (sur  Gozien,  v.  Dom  Lob.,  Vies,  p.  47).  11  y  a 
un  saint  Guilhian  ou  Gothian,  en  Cornouailles  anglaise  (Da- 
vies  Gilbert^  Hist.  of  Cornwall). 

Il  est  foit  mention  de  saint  Guedian  dans  la  Vie  de  Gur- 
thiern,  du  Cartul.  de  Quimperlé.  Ses  reUques  auraient  été 
transportées,  lors  des  invasions  normandes,  à  Groix,  avec 
celles  des  saints  Winwaloe,  Guenhael,  Idunet,  Symphorien, 
Tenenan,  Paulennan,  puis  retrouvées  au  milieu  du 
xi^  siècle,  du  temps  de  Benoît,  abbé  de  Quimperlé.  On 
trouve  le  nom  de  Guedian  sous  la  forme  régulièrement 
évoluée  de  Goezian,  dans  le  Cart.  de  Quimper  (Bibl.  nat., 
9891,  fol.  38  v°).  Un  comte  Guedian  apparaît  aussi  dans  la 
plus  ancienne  vie  de  saint  Samson. 
Guidnoue,  Guodnou.  Saint  Goueznou,  qui  a  donné  son  nom  à 
Lan-Gocsnou,  aujourd'hui  Gouesnou,  ancien  évéché  de  Léon. 


Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne.  14^ 

L'ancien  bréviaire  de  Léon  met  la  fête  de  saint  Goe~}ioveus, 
évêque  de  Léon,  au  25  octobre  (Dom  Lob.,  Vies,  p.  112- 
113  ;  BibL  nat.  franc.  22321,  p.  733).  La  forme  la  plus  an- 
cienne du  nom  se  trouve  dans  la  vie  de  S.  Paul  Aurélien, 
premier  évèque  de  Léon,  suivant  la  tradition  bretonne  : 
Woednovius  (Revue  Celt.,  V,  p.  11,  d'après  un  ms.  du 
x*"  siècle).  Woednovius  avait  le  surnom  de  Toiuocdocus ,  nom 
qui  se  retrouve  dans  saint  Toue:;;ec,  patron  d'une  chapelle 
près  de  Saint-Brieuc. 

Guinnoc.  Saint  Giuinnoc  ou  Winnoc,  suivant  la  plus  ancienne 
forme  connue  de  ce  nom;  de  la  famille  de  saint  Judicael; 
est  honoTé  à  Bergues-Saint-Winnoc,  en  Flandre.  Sur  ses 
actes,  V.  Mab.  aa.  o.  s.  Bened.  sitcul.  III,  I,  p.  302-314; 
Dom  Lob.,  Vies,  p.  165.  Le  nom  de  ce  saint  apparaît  dans 
Lan-Wennoch,  auj.  Leiuannick,  Cornouailles  anglaise  (Da- 
vies  Gilb.  Hist.  of  Cornwall). 

Guiniaue.  Peut-être  le  saint  qui  a  laissé  son  nom  dans  5'  Winnoiu, 
Cornouailles  anglaise  (Davies  Gilbert,  Hist.  of  Cornwall). 

Guihuinne.  Saint  Goulven,  évêque  de  Léon.  Il  a  donné  son 
nom  à  la  paroisse  de  Goulchen.  La  forme  la  plus  ancienne 
de  ce  nom  est  Vulvinus  {Martyr,  de  Castellanus ;  cf.  BoU. 
I"  juillet,  I,  p.  126;  Kerdanet,  Vies,  p.  367;  Dom  Lob., 
Vies,  p.  204). 

Gurgualr  (leg.  Gurgualt).  C'est  l'évêque  de  Saint-Malo 
connu  sous  le  nom  de  Gwrwall;  il  est  fait  mention  de  sa 
fête  au  propre  des  saints  de  l'évêché  de  Saint-Malo,  au  6  juin 
(ap.  Dom  Lob.,  Vies);  cf.  ibid.  p.  135;  Boll.  6  juin,  I, 
p.  727;  Bibl.  nat.  fr.  22321,  p.  776).  Il  a  été  souvent  con- 
fondu avec  Guoitwal.  Un  ruisseau  porte  le  nom  de  Saint- 
Gurval,  dans  la  commune  de  Guer,  Morbihan. 

Gurthierne.  Saint  Gurthiern  est  mentionné  dans  le  Cart.  de 
Quimperlé,  copie  Maître,  BibL  nat.  5283,  p.  i.  C'est  aussi 
un  émigré  insulaire.  Il  y  avait  à  l'île  de  Groix,  où  il  aurait 
séjourné,  un  Loc-Gurthiern,  aujourd'hui  Loc-Maria;  il  y  en 
a  un  autre  en  Kervignac,  près  Hennebont,  Morbihan  :  Lo- 
coyarn,  Loc-Gouziern^  en  1490.  Il  a  été  confondu  avec 
Gunthiern,  prob.  Cuntiern  (Contigern,  Cyndeyrii).  Sur  Gur- 
thiern, v.  Dom  Lob.,  Vies,  p.  49. 


144  J-  ^oth. 

Hoeiardonc,  Huardone.  Saint  Houardon,  d'après  Albert  le 
Grand,  huitième  évêque  de  Léon  :  c'est  tout  ce  qu'en  dit 
Dom  Lob.  (Saints  inconnus).  Le  Bréviaire  de  Léon  men- 
tionne sa  fête  en  novembre  :  5''  Hoar:^oni.  Le  pouillé  de 
Léon  mentionne  un  prieuré  de  sancto  Houardeno,  Saint- 
Houardon,  une  des  paroisses  de  Landerneau  (De  Courson, 
Cart.  Redon;  cf.  cart.  Landév.,  41).  Le  premier  terme  de 
ce  nom  composé  est  Hoiarn  «  for  ».  Cf.  Hoeargnoue,  Hoeiarn- 
niuc. 

Hoeargnoue,  Hiiarncue.  C'est  le  saint  qui  a  donné  son  nom  à 
Lam-Houanicau,  paroisse  de  l'évêché  de  Léon,  et  à  Saint- 
Houarno,  trêve  de  Langoelan,  évêché  de  Vannes.  C'est  à 
peu  prés  tout  ce  qu'on  peut  dire  de  lui;  .il  a  été  confondu 
avec  le  saint  suivant.     . 

Hociarnhiu.  C'est  évidemment  le  Hoarveus  des  Bréviaires. 
Hoeiarn-biii  a  donné  Hoearn-veo,  Hicarveo,  Houarvc,  fort 
régulièrement.  Le  Bréviaire  de  Léon  met  en  juin  la  fête  de 
5''  Harvei;  celui  de  Nantes  donne  une  forme  plus  ancienne  : 
Hoarvei.  Sur  Hoarvé,  v.  Dom  Lob.,  \'ies,  p.  m. 

Hoeiarnnine.  Saint  Isarninos,  herninos.  De  même  (\wq* eisarno- 
* ïsanio-,  a  donné  hoiarn,  houarn  «  fer  »,  herninos  adonné 
Hoiernin  (plus  régulier  que  Hoeiarnin),  Houernin,  Hernin 
ou  Herlin.  Ce  saint  a  donné  son  nom  à  Vlehs  Hoiernin,  860- 
866,  Cart.  de  Red.,  Huerninen  833,  aujourd'hui  Pluhcrlin, 
Morbihan;  à  Saint-Hernin,  en  Cornouailles,  etaLes-Hernin, 

■  141 1,  Treff-leshernin,  1436,  trêve  de  Séghen,  Morbihan 
(Rosenzw.,  Dicî.  top.);  transformé  par  la  romanonianie 
de  notre  clergé  en  Saint-Germain  (on  prononçait  Le^-ernin). 
Sur  ce  saint,  v.  Dom  Lob.,  Vies,  p.  85,  d'après  Albert  le 
Grand,  qui  aurait  puisé  dans  un  manuscrit  de  l'église  de 
Locarn,  près  Carhaix). 

lahoiue.  C'est  le  lahoevius  de  la  Vie  du  ix^  siècle  de  Paul  Au- 
rélien;  c'est  le  nom  d'un  compagnon  du  saint  (v.  sa  vie 
par  Wrdisten,  Revue  Celt.,  V,  p.  11).  On  l'appelle  saint 
Jaona  dans  le  pays  de  Léon  (v.  sa  vie  légendaire  dans  Ker- 
danet,  Vies,  p.  44.) 

larnhobri.  Nom  très  breton,  mais  je  ne  vois  aucun  saint  dont 
le  nom  se  rapproche  de  cette  forme. 


Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne.  145 

leaguale.  Faute  de  lecture  pour  ledgual,  forme  un  peu  plus  an- 
cienne ludival,  nom  d'un  saint,  roi  de  Domnonée,  dont  il 
est  fait  mention  dans  les  Actes  de  S.  Judicael,  Judoc,  Léo- 
nor,  Samson.  V.  Dom  Lob.,  Vies,  p.  92.  La  fête  de  Judwal 
était  le  i"  juillet.  Il  est  fait  mention  dans  le  Fouillé  de 
Saint-Brieuc  d'un  prieuré  Sancti  JuguelU  ÇC2.i-t.  Red.). 

Iliaiic.  Sans  doute  saint  Teliau.  Dans  la  Vie  du  Cartul.  de 
Llandaf,  il  est  appelé  EUud  et  Teliau,  Teilo.  Eliud  est  prob. 
une  faute  pour  Eliau.  Quant  à  Teliau,  c'est  Eliau,  plus  le 
préfixe  to,  qui,  comme  le  dit  le  biographe  de  Paul-Aurélien, 
s'ajoutait  souvent  aux  noms  propres  :  Conocus,  Toconocus  ; 
Suliau,  TosuUau ;  Ritien,  Toriticn  (y.  Liber  Land.,  p.  92- 
332;  BoU.  9  février,  II,  p.  303;  Dom  Lob.,  Vies,  p.  28). 
Ce  saint  a  donné  son  nom  à  Lan-deJeau,  plus  anc.  Lan-Te- 
leau  dans  le  Finistère  et  Llandàlo  dans  le  pays  de  Galles. 

Iltute.  Saint  Iltut,  le  saint  gallois  bien  connu,  a  donné  son 
nom  à  plusieurs  lieux,  entre  autres  Aber-Ildut,  Lan-Ildut, 
Finistère,  et  Llan-ildut,  pays  de  Galles. 

luhudoc.  Ce  nom  est  breton  et  pourrait  être  pour  lud-hudoc; 
mais  ce  saint  n'apparaît  nulle  part.  C'est  prob.  une  faute 
pour  ludoc. 

ludicaih,  roi  de  Domnonée.  Il  a  des  rapports  avec  Dagobert 
(Vie  de  saint  Eloi).  Sur  sa  vie,  v.  Obituaire  de  Saint-Méen 
de  Gaël,  Bibl.  nat.  9889  (xv"'  s.)  d'après  un  vieux  ms.  de 
l'abbaye;  v.  Dom  Lob.,  Vies,  p.  143.  Sa  fête  se  célébrait  le 
16  décembre.  Ce  nom  fort  commun  est  auj.  Je-^eqiiel  et 
Giquel. 

ludoce.  ludoc,  frère  de  saint  Judicael.  Sur  la  vie  curieuse  de  ce 
saint,  V.  Dom  Lob.,  Vies,  p.  152;  Mab.  act.  s.  o.  s.  B. 
sosc.  II,  p.  541,  d'après  un  ms.  ante  sexcentos  annos  manu 
descripto;  pour  les  sources,  v.  J.  Loth.,  L'Émigrat.  brct., 
p.  248-249. 

lunanaue.  lunanau  est  un  nom  très  breton  qui  se  trouve  dans 
le  Cart.  de  Redon,  mais  je  ne  connais  pas  de  saint  de  ce 
nom.  Il  y  a  une  chapelle  de  Saint-Junan,  en  Riantec,  men- 
tionnée en  1473  ;  et  une  autre  du  même  saint,  qui  est  restée 
paroisse  (mention  en  1184),  mais  au  détriment  du  nom  du 
malheureux  saint  :  c'est  Saint-Aignan,  près  Pontivy,  Mor- 
Revue  Celtique^  XL  10 


14e  J-  Loth. 

hihan!  (Rosenzweg,  Dict.  iop.').  Il  y  avait  aussi  un  saint 
Juniavus,  mentionné  dans  la  vie  de  saint  Samson  et  qui  a 
donné  son  nom  à  une  chapelle  de  S:{n-\x.-Ignaw  en  Saint- 
Aignan  :  Igiiaw  est  devenu  Saint-Ignace  !  ! 

luti.  Ce  saint  n'est  peut-être  pas  breton.  Cependant  il  y  a  un 
saint  Ind  ou  ludveus,  selon  Albert  le  Grand,  2""  abbé  de  Lan- 
devennec.  Suivant  Dom  Lobineau,  il  ne  serait  que  le  4'^  et 
se  serait  appelé  ludiilus  (Vies,  Saints  inconnus). 

Lcîibri.  On  peut  se  demander  si  ce  ne  serait  pas  le  saint  ho- 
noré sous  le  nom  de  Lcry,  d'autant  plus  que  Lery,  dans  la  vie 
latine  assez  récente  qui  lui  est  consacrée,  est  appelé  Laurus. 
Leubri  ou  Louhri  a  pu  être  déformé  par  une  identification 
mal  faite  de  Lcuri  ou  Lonri  en  Léri  (v.  Dom  Lob.,  Vies, 
p.  157  d'après  un  bréviaire  mss.  de  l'abbaye  de  Montfort, 
qui  a  appartenu  à  l'église  de  Saint-Lery.^ 

Leuiierne,  Loutîerne.  Il  est  fait  mention  de  Leuthern,  évêque, 
au  tome  3  des  Script,  hist.  franc,  p.  344.  Ses  reliques 
avaient  été  transportées  hors  de  Bretagne,  avec  celles  de 
beaucoup  d'autres  saints,  lors  de  la  grande  invasion  nor- 
n^ande  du  commencement  du  x'-'  siècle.  Hugues  Capet,  du 
temps  de  Lothaire,  les  fait  transporter  avec  d'autres  dans 
une  église  dédiée  à  saint  Bartholomée. 

Lisure?  Mauvaise  lecture  prob.  cour  Lisine  :  (persona)  Saucti 
Li:(ini  de  Dolou,  charte  de  1227,  évêché  de  Saint-Brieuc 
(A.  de  Barth.  et  Geslin  de  Bourg.,  Anciens  évcchés,  III,  63). 

Lohene.  Ce  nom  m'inspire  des  doutes.  Il  y  a  cependant  un 
Kos-Lohen  mentionné  dans  le  Cart.  de  Landév.  Aujourd'hui 
Ros-nocn,  près  Châteaulin. 

Loviau.  Le  nom  de  ce  saint  varie  entre  Lcviavus  et  Levianus. 
Il  faut  préférer  Leviav,  plus  anciennement  Lovinii.  M.  de 
Garabit  dans  ses  Vies  des  Saints  dit  qu'il  existe  encore  en 
Tredarzec  une  chapelle  en  son  honneur.  Il  Tappelle  Levien 
ou  Levias  ;  il  se  trompe  en  tout  cas  pour  une  des  deux 
formes,  peut-être  pour  toutes  les  deux.  La  forme  Leviau  me 
paraît  confirmée  encore  par  l'existence  en  Plumieuc  d'un 
prieuré  dédié  à  saint  Leviavus  et  portant  aujourd'hui  le  nom 
de  saint  Leau.  Duchesne  (Script,  hist.  Franc,  III,  p.  344) 
mentionne  avec  les  reliques  de  Leuthern,  Samson,  Budoc, 


Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne.  147 

Gueiihael,  Macut,  Leonor,  Tremor,  Melor,  Briomaglus,  Co- 
rentin,  Winganton,  dans  les  Fragiii.  hist.  Franc,  que  j'ai 
cités  à  propos  de  Leuthern,  les  reliques  de  Leviani  episcopi.  Il 
faut  lire  Leviavi. 

Macblove.  Saint  Malo  (en  breton,  on  prononce  en  bas-vanne- 
tais  et  en  Cornouailles  Malouî).  C'est  ce  saint  qui  a  donné 
son  nom  à  la  ville  de  Saint-Malo  et  à  d'autres  lieux  (Saint- 
Malo,  Locmalo,  Morbihan).  Sur  les  actes  de  ce  saint,  v. 
Mabill.  Act.  s.  o.  B.  sœcul.  I,  p.  177;  sur  les  sources,  v. 
J.  Loth,  L'Eniigr.  bref.,  p.  249-250.  C'est  le  même  saint 
que  Maciiiiis,  quoiqu'il  soit  impossible  de  montrer  comment 
le  saint  est  arrivé  à  cumuler  ces  deux  noms. 

Macceni.  Saint  autrefois  bien  connu  en  Bretagne.  Il  y  avait 
au  IX'-'  siècle  une  basilique  célèbre  de  Saint-Maxent  (Mac- 
centius  ou  Maxenthis)  en  Saint-Maxent,  canton  de  Plélan 
(lUe-et-Vilaine).  Il  y  avait  une  villa  et  un  cimetière  de 
Saint-Maxent  en  Malansac  (Morbihan).  Le  corps  du  saint 
est  transporté  hors  de  Btetagne,  à  Poitiers,  en  924  (Cart. 
Red.,  pp.  184,  190,  194,  204,  284). 

Matith  ?  Serait-ce  une  faute  de  scribe  pour  Matoc  ? 

Melaiii.  Saint  Melaine,  le  grand  évêque  de  Rennes.  Sur  ses 
actes,  V.  Boll.  6  janv.  I,  p.  327;  Dom  Lobin.,  Vies,  p.  32; 
sur  les  mss.,  v.  J.  Loth,  L'Eiiiigr.  bref.,  p.  250. 

Melore.  Saint  Meloir  ou  Mekr  a  donné  son  nom  à  Saint-Me- 
loir,  près  Dinan,  à  Saint-Meloir,  entre  Cancale  et  le  mont 
Saint-Michel,  à  TremeJcr  ou  Trcindoir  près  Saint-Brieuc,  à 
Loiiiener,  au  xii"  s.  Loc-Melaer,  dans  l'île  de  Groix;  Loc- 
Melar,  trêve  de  Sizun,  pays  de  Léon  (v.  Boll.  3  janvier,  I. 
p.  136;  Dom  Lob.,  Vies,  p.  61.) 

Meuinne,  Meguinne.  Saint  Meven,  et  en  zone  de  langue  fran- 
çaise, saint  Meen.  Ce  saint  a  donné  son  nom  à  Saint-Méen 
de  Gael,  siège  d'une  des  plus  célèbres  abbayes  de  Bretagne, 
à  Saint-Méen  près  Rennes,  à  Trcineven,  Plocven  (anc.  Ploe- 
Meveii),  Finistère,  et  à  sept  endroits  du  Morbihan.  Il  y  a 
aussi  un  Saint-Meiuan,  dans  la  Cornouailles  anglaise  (Davies 
Gilbert,  Hist.  of  Cornwall).  Sur  les  actes  de  ce  saint,  v.  Boll. 
21  juin,  IV,  p.  100  (d'après  Albert  le  Grand;  Dom  Lob., 
Vies,  p.  138;  Obit.  de  saint  Méen,  Bibl.  nat.  lat.  9889.) 


148  J.  Loîh. 

Munna.  C'est  le  saint  irlandais  connu  sous  le  nom  de  Fintan 
et  deMunnu  ou  Munna  (Colgan  dit  Mutina;  son  monastère 
s'appelait  Tcach  Munae),  et  qui  paraît  avoir  joué  un  rôle 
assez  important  (BoU.  Oct.  IX,  p.  333  et  suiv.). 

Ninnoca.  Sainte  Ninnoc  a  laissé  son  nom  à  Lan-Nenec  et 
Saint-Nencc,  Morbihan.  Sa  vie  nous  est  surtout  connue  par 
le  Cart.  de  Quimperlé.  Bibl.  nat.  lat.  5283,  p.  57  (Vie 
écrite  en  1130);  cf.  Boll.  4  juin,  I,  p.  407. 

Paterne.  Ce  nom  a  été  très  populaire  dans  les  deux  Bretagne 
(Llan-hadarn  en  Galles);  cinq  endroits  portent  son  nom 
dans  le  Morbihan.  Deux  ou  trois  saints  paraissent  avoir  été 
confondus  sous  ce  nom.  Le  plus  connu  est  l'évêque  de 
Vannes  (Boll.  5  avril,  II,  p.  378;  Dom  Lobineau,  p.  10.) 

Patrîci.  Saint  Patrice,  l'apôtre  de  l'Irlande. 

Paule.  Saint  Paul-Aurélien,  d'après  les  traditions  bretonnes,  le 
premier  évêque  de  Léon.  Voir  sa  vie,  écrite  au  ix^  siècle, 
dans  la  Revue  Celtique,  V;  sur  les  sources,  v.  J.  Loth, 
L'Emigr.  bret.,  p.  252.  Il  a  laissé  son  nom  dans  Lampaul, 
Castell-Paol  (Saint-Pol-de-Léon),  Paul,  commune  de  Cor- 
nouailles,  etc. 

Paulinine,  Paulninan.  Saint  Paulcnnan  ou  Paulinan.  Il  est 
mention  de  la  découverte  des  reHques  de  saint  Paulennan 
avec  d'autres  dans  la  vie  de  saint  Gurthiern,  au  Cart.  de 
Quimperlé. 

Petrane.  Le  cart.  de  Landevennec  mentionne  une  tribus  Pe- 
trani.  Ce  nom  se  retrouve  dans  Loc-Pe~ran,  1423,  Lopéran, 
1446,  aujourd'hui  Port-Louis,  près  Lorient,  Morbihan  (Ro- 
senzw.,  Dict.  top.).  Saint-Péran  est  une  trêve  de  Paimpont, 
Morbihan.  Petran  est  donné  comme  disciple  de  Winwaloe 
(Dom  Lob.,  Vies,  p.  47). 

Pinnuh.  Si  ce  nom  de  saint  n'est  pas  maltraité,  il  faut  le  rap- 
procher de  saint  Pinnock,  de  la  Cornouailles  anglaise  (Da- 
vies  Gilbert,  Hist.  of  Corn.). 

Racate.  Racat  est  certainement  pour  Riacat,  nom  qui  se  re- 
trouve dans  Trcff-Riûgat,  Cart.  de  Quimper,  Bibl.  nat. 
9860,  fol.  50,  xiv'^  s.,  aujourd'hui  Treffiagat,  arrond.  de 
Quimper.  Riagat  était  plus  anciennement  Riocat. 

Rawelc.  Cette  forme  est  due  probablement  à   une  foute   de 


Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne.  149 

scribe  ou  de  lecture.  Dans  une  des  vies  de  Winwaloe,  le 
roi  de  Domnonée  qui  est  en  contestation  avec  Fracan  s'ap- 
pelle Rauuahis.  La  forme  correcte  apparaît  dans  la  vie  de 
Wrdisten,  Riwalus.  Rawale  serait-il  pour  Riovak,  comme 
Racate  pour  Riocate  ? 
Rethguaït.  Nom  breton  bien  connu;  se  trouve  dans  le  Cart.  de 
Redon.  Il  s'agit  très  probablement  ici  de  l'évêque  de  Dol 
appelé  Rethwal  et  Rcstoald  (cette  dernière  forme  est  incor- 
recte), contemporain  du  pape  Séverin  et  qui  suivant  les 
prétentions  bretonnes  aurait  reçu  de  lui  le  pallium  (Baudri, 
Chronique  de  Dol,    ap.    de  la  Borderie,   Annuaire,    1862, 

P-  157)- 
Riauce.    Saint  Rioc.  Il  est  foit  mention  de   ce  saint  dans  la 

vie  de  Winwaloe  (v.   Dom  Lob.,   Vies,   p.    50;  cf.   Boll. 

12  févr.,  II,  p.  éo2,  d'après  Albert  le  Grand;  cf.  Cart.  Lan- 

dév.,  21).  Ce  saint  a  laissé  son  nom  à  Riec,  et  Lan-Riec, 

Finistère. 

Ronan.  Saint  Renan;  a  donné  son  nom  à  Loc-Ronan,  près 
Qiiimper,  et  à  Saint-Renan,  près  Brest.  V.  Boll.  i"  juin,  I, 
p.  83;  Dom  Lob.,  Vies,  p.  41;  Bibl.  nat.  lat.  5275 
(xii"  siècle.) 

Runare.  Probablement  Lunare,  dont  le  nom  se  retrouve  dans 
Saint-Lunaire.  Sur  Lunaire  ou  Léonor,  v.  Boll.  i'^'  juin, 
I,  p.  118-125. 

Samson.  Saint  Samson,  le  premier  évêque  de  Dol,  le  saint  le 
plus  connu  de  l'ancienne  Bretagne  :  v.  Mab.  aa.  s.  o.  Be- 
ned.  sœc.  I,  p.  165-186;  Boll.  28  juillet,  VI,  p.  568.  Sur 
les  sources  mss.  v.  J.  Loth,  L'Einigr.  hret.,  p.  253. 

Seriuane.  Saint  Servan;  a  donné  son  nom  à  la  ville  du  môme 
nom  et  à  une  paroisse  du  Morbihan.  C'est  un  saint  d'ori- 
gine irlandaise  (Dom  Lobin.,  Saints  inconnus). 

Serccine.  Je  ne  vois  d'autre  trace  de  ce  singulier  nom  que 
dans  Kos-Serecbin,  charte  10,  du  Cart.  de  Landévennec. 

Suliau.  C'est  le  saint  connu  en  Galles  sous  le  nom  de  Ty-sylio. 
Il  a  donné  son  nom  à  une  paroisse  de  l'ancien  évêché  de 
Saint-Malo  :  Saint-Suliac.  La  forme  véritable  et  ancienne  de 
ce  nom  de  lieu  est  Saint-SuUau.  Les  paysans  français  pro- 
nonçant Saint-Sulia,  comme  pour  les  noms  de  lieux  en  -ac, 


I  <o  J.  Loth. 

on  en  a  fait  Sciint-Suliac.  C'est  le  même  procédé  qui  a  donné 
Rotcncuf,  autrefois  Rotenciic,  les  paysans  prononçant  Roteneu. 
Sur  ses  actes,  v.  Dom  Lobin.,  Vies,  p.  no;  BoU.  i"  oct., 
I,  p.  196. 

Tearnmailc.  C'est  le  Tigernomaglus  de  la  vie  de  Paul-Aurélien, 
compagnon  d'émigration  et  successeur  du  saint  comme 
évèque  de  Léon  (Revue  Celt.,  V,  11).  L'évêque  auquel  est 
dédiée  la  plus  ancienne  vie  de  saint  Samson  s'appelait  aussi 
TigeriiomaJns. 

Ticia-iua.  Peut-être  une  faute  de  lecture.  On  pourrait  lire  Ti- 
t'uiiva  et  identifier  cette  sainte  avec  la  sainte  galloise  Tydyeii, 
fille  de  Brychan  Brycheiniawc  ?  (lolo  mss.  p.  140). 

Teconocc.  Saint  Tegonnec  a  donné  son  nom  à  une  paroisse  du 
pays  de  Léon.  C'était  un  compagnon  de  Paul-Aurélien  : 
Oiionoco  quem  alii  sub  additamento  more  gentis  transma- 
rinae  To-qiionociim  vocant  {Revue  Celt.,  V,  1 1).  Sous  le  nom 
de  Coiioc,  il  a  donné  son  nom  à  plusieurs  noms  de  lieux 
du  Morbihan,  du  Finistère. 

Toiiiinmne.  Le  même  sans  doute  que  saint  Tencnan  dont  il  est 
mention  dans  la  vie  de  Gurticrn  et  dans  les  bréviaires  de 
Bretagne.  Le  Cart.  de  Redon,  à  l'année  913,  mentionne  un 
nionasteriinii  sancti  Toinnani  :  il  faut  lire  Toninajii.  V.  Dom 
Lob.,  Vies,  p.  118;  cf.  Boll.  16  juillet,  IV,  p.  179-180. 

Trifina.  Sainte  Tryphine,  la  mère  de  saint  Tremeur,  plus  an- 
ciennement Trechmor,  forme  qu'on  trouve  dans  la  vie  de 
Gildas  du  xi^  siècle  ;  il  est  aussi  fiiit  mention  de  lui  dans  la 
vie  de  saint  Léonor  :  v.  Dom  Lob.,  Vies,  p.  78. 

Tiitgucde.  Faute  de  lecture  évidente  pour  Tutguale.  Sur  ce 
saint,  voir  la  publication  de  M.  A.  de  la  Borderie,  Les  trois 
anciennes  vies  de  saint  Tudual,  Paris,  1887;  et.  Boll. 
15  juin,  VI,  p.  246;  Dom  Lobin.,  Vies,  p.  56.  Ce  saint  est 
honoré  en  divers  lieux  et  a  laissé  son  nom  notamment  à  la 
paroisse  de  Saint-Tiidual,  évêché  de  Vannes.  On  a  écrit 
Saint-Tugdital  par  suite  d'une  fluite  de  lecture  :  un  scribe  a 
lu  Tugdual  au  lieu  de  Tudgual,  forme  du  x^'  siècle. 

Une  étude  complète  des  noms  de  trêves  et  de  chapelles  ar- 
riverait peut-être  à  faire  retrouver  les  deux  ou  trois  saints  qui 


Les  anciennes  Litanies  des  Saints  de  Bretagne.  1 5 1 

se  sont  dérobés  jusqu'ici  à  nos  recherches.  Beaucoup  de  vieux 
saints  bretons  ont  été  évincés  au  profit  de  saints  romains, 
mais  le  peuple  persiste  à  invoquer  ces  intrus  sous  le  nom  des  ^ 
saints  nationaux.  Je  ne  puis  mieux  témoigner  ma  reconnais- 
sance à  M.  Warren  pour  le  service  qu'il  a  rendu  par  sa  publi- 
cation à  l'hagiographie  bretonne,  qu'en  lui  signalant  une 
assez  plaisante  erreur  dans  laquelle  il  est  tombé  (Tbe  liturgy 
and  ritual  of  tbe  Celtic  cburcb,  Oxford,  1881,  p.  63  et  suiv.). 
Voulant  prouver  que  les  moines  bretons  armoricains  avaient 
conservé  la  tonsure  irlandaise,  ce  qui  a  été  vrai  jusqu'au 
ix"^  siècle,  au  moins,  M.  Warren  renvoie  à  un  passage  de  Gré- 
goire de  Tours  qu'il  ne  me  paraît  pas  avoir  lu  (Hist.  Franc, 
IX,  18).  Or,  les  prétendus  moines  aux  cheveux  coupés  à  la 
bretonne,  dont  il  serait  question,  sont  des  soldats  saxons  de 
Bayeux,  envoyés  par  Fredegonde  comme  auxiliaires  du  chef 
des  Bretons  du  Vannetais,  Waroc,  lors  de  l'expédition  qui  se 
termina  par  la  défliite  des  Francs  sous  Beppolen  et  Ebrachaire, 
en  790.  Pour  que  les  Francs  ne  pussent  les  distinguer  dans  les 
rangs  bretons,  on  leur  avait  coupé  les  cheveux  à  la  mode 
bretonne  ! 

J.  LOTH. 


LES 

GAULOIS   ET  LES  POPULATIONS 

aUI    LES    ONT    PRÉCÈDES 

DANS  L'ITALIE  DU   NORD' 


ÉTUDE  GÉOGRAPHIQUE 


Sommaire:  ?!  i.  Généralités.  —  ^  2.  Les  Ligures.  —  §  3.  Les  Raeti,   les  Euganei, 
les  Vencti,  les  Ombriens,  les  Etrusques.  —  §  4.  Les  Gaulois. 

§  I .  Gêner alit es . 

Le  pays  occupé  par  les  Gaulois  dans  ITtalie  du  Nord  est 
aujourd'hui  presque  entièrement  compris  dans  les  régions  de 
Piémont,  Lombardie,  Vénétie,  Emilie  et  déborde  légèrement 
sur  celles  des  Marches  et  de  Toscane.  Il  fout  y  joindre  hors 
du  royaume  dTtalie  le  Tessin  en  Suisse,  la  partie  méridionale 
du  Tyrol  et  les  environs  d'Aquilée  dans  l'empire  d'Autriche. 

Ce  pays,  à  l'époque  de  la  conquête  gauloise,  au  commen- 
cement du  IV''  siècle,  appartenait  en  grande  partie  aux  Etrus- 


I .  L'idée  de  cette  étude  est  due  à  un  mémoire  de  M.  Flechia,  Di  alciine 
forme  de'  nonii  kcaJi  dclV  ItaJia  supcriore,  qui  a  paru  en  1871  et  dont  il  a  été 
rendu  compte  dans  la  Revue  Celtique,  t.  I,  p.  460.  La  base  que  nous  avons 
prise  est  pour  l'Italie  le  Di-ionario  geoc;rafico  postale  del  regno  d'Italia,  1880  ; 
pour  le  Tessin  et  le  Tyrol,  la  carte  de  Bâcler  Dalbe,  1802,  et  le  Geographisch- 
Statistisches  Lexikon  de  Ritter.  188;. 


Les  Gaulois  dans  l'Italie  du  Nord. 


•5^ 


ques  :  nous  le  savons  par  Polybe,  1.  II,  c.  17,  §  i;  et  par 
Tite-Live,  1.  V,  c.  33,  §  7-10;  mais  les  Etrusques  étaient  des 
nouveaux  venus  superposés  à  une  population  plus  ancienne. 

La  partie  occidentale  était  habitée  par  les  Ligures,  celle  du 
nord-est  par  les  Raeti,  les  Euganei,  les  Veneti,  celle  du  sud-est 
par  les  Ombriens,  et  une  partie  de  ces  peuples  avait  été  asser- 
vie par  les  Etrusques,  une  autre  était  restée  indépendante. 

Pour  se  faire  une  idée  précise  de  la  situation  géographique 
de  ces  peuples,  il  faut  commencer  par  se  rappeler  les  divisions 
actuelles  du  nord  du  royaume  d'Italie. 

Le  Piémont  comprend  les  provinces  de  :  i"  Turin,  Toriiio, 
2°  Cuneo,  3°  Alexandrie,  Alcssaiidria,  4"  Novare,  Novara,  et 
5°  celle  de  Pavie,  Pavia,  presque  entière. 

LaLombardiese  compose  des  provinces  de:  1°  Corne,  Como, 
2°  Milan,  Milano,  3°  Sondrio,  4°  Bergame,  Bcrgaiiio,  5°  Cré- 
mone, Cremona,  6°  Brescia,  7°  Mantoue,  Mantova. 

En  Vénétie,  Veneto,  sont  situées  les  provinces  de  :  1°  Vérone, 
Verona,  2°  Vicence,  Viccn::a,  3"  Padoue,  Padova,  4°  Rovigo, 
5°  Bellune,  Bdlnno,  6°  Trévise,  Treviso,  7°  Venise,  Vemxia, 
8°  Udine. 

A  l'Emilie,  Eiiiilia,  appartiennent  les  provinces  de  :  1°  Plai- 
sance, Piaci'ii:^a,  2°  Parme,  Parnia,  3°  Reggio,  4°Modène,  Mo- 
doia,  5°  Bologne,  Bologna,  6°  Ferrare,  Fermm,  7"  Ravenne, 
Ravenna,  8"  Forli. 

Des  Marches  dépendent  les  provinces  de:  1°  Pesaro  et  2°An- 
cona.  De  la  Toscane,  la  province  la  plus  septentrionale  est 
celle  de  Massa  et  Carrara. 

Le  nom  des  Ligures  reste  dans  la  géographie  moderne  à  la 
région  située  au  sud  de  l'Apennin.  La  Ligurie  moderne  com- 
prend les  provinces  de  :  i"  Porte-Maurizio,  2"  Gènes,  Gcnova. 

§  2.  Les  Ligures. 

Les  Ligures  n'ont  jamais  été  dépossédés  de  la  Ligurie  mo- 
derne par  les  Gaulois.  Mais,  avant  la  conquête  gauloise,  ils 
se  sont  étendus  bien  loin  de  là  en  Italie  au  nord  et  à  l'est. 
C'est  établi  par  le  témoignage  des  auteurs  de  l'antiquité  et 
par  celui  des  noms  de  lieux.  Les  Tauriui,  dont  Turin  était 
la  capitale  et  porte  encore  le  nom,  sont  des  Ligures  suivant 


154  ^-  d'Arbois  de  Juhainville. 

Strabon  ^  et  Pline-.  Aux  TaHvini  appartenaient,  suivant  Pto- 
lémée%  Aiif^iista  Bagiennoruin,  aujourd'hui  Bene  Vagienna, 
province  de  Cuneo;  Dertona,  aujourd'hui  Tortona,  province 
d'Alexandrie;  Iria,  aujourd'hui  Voghera,  province  de  Pavie. 

Ces  trois  localités  sont  situées  au  sud  du  Pô,  limite  septen- 
trionale de  la  neuvième  région  de  l'Italie  d'Auguste,  à  laquelle 
était  attribué  le  surnom  de  Liguria^;  mais  les  textes  de  l'anti- 
quité suffisent  à  eux  seuls  pour  nous  montrer  que  les  Ligures 
s'étaient  autrefois  étendus  au  delà  de  ces  limites.  Les  Ligures 
ont  possédé  non  seulement  la  rive  droite,  c'est-à-dire  méridio- 
nale du  Pô  supérieur,  mais  aussi  la  rive  gauche  ou  septentrio- 
nale sur  laquelle  se  trouvent  la  ville  de  Turin  et  l'antique  Ti- 
ciniim,  aujourd'hui  Pavie.  Ticiimiii,  Pavie,  a  été  fondée,  nous 
dit  Pline,  par  deux  peuples  ligures  :  les  Laevi  et  les  Marici^. 

Plus  au  nord,  Novare,  chef-lieu  de  la  province  de  ce  nom, 
avait  été  fondée  par  les  Vertauiacori,  peuple  ligure  suivant 
Caton  qui  écrivait  au  deuxième  siècle  avant  notre  ère.  Pline, 
plus  tard,  contesta  l'exactitude  de  cette  doctrine,  parce  qu'il  y 
avait,  paraît-il,  de  son  temps  dans  la  Gaule  transalpine  un 
pagus  Vertamacorus.  Ce  ptigits  faisait  partie  de  la  cité  des  Vo- 
contii  dont  les  "villes  principales  étaient  Dca,  aujourd'hui  Die, 
Drôme,  et  Vaison,  Vaucluse.  Les  Vocoutii  étant  un  peuple 
gaulois,  Pline  conclut  de  là  que  ce  sont  les  Gaulois  qui  ont 
fondé  Novare,  mais  les  Ligures  ont  précédé  les  Gaulois  en 
Gaule  transalpine  dans  le  territoire  des  Vocoutii  ;  ainsi  le  nom 
du  pagus  Vertamacorus  chez  les  Vocontii  en  Gaule  transalpine 
pouvait  être  ligure.  C'est  donc  sans  bonne  raison  que  Pline 
rejette  la  doctrine  de  Caton,  suivant  laquelle  les  Vertauiacori, 
fondateurs  de  Novare,  étaient  ligures. 

Ainsi  il  y  avait  des  Ligures  au  nord  de  la  IX"  région  de 
l'Italie,  dans  la  XL'  ou  Transpadane.  Enfin,  suivant  les  auteurs 
anciens,  des  Ligures  habitaient  sous  l'empire  romain  dans  les 
Alpes  de  l'ouest  à  la  gauche  du  Pô.  Ainsi  le  royaume  de  Cot- 

1.  Strabon,  IV,  6,  6;  édition  Didot,  p.  170,  1.  2-3. 

2.  Pline,  1.  III,  §  123. 

5.   Ptolémée,  1.  III,  c.  i,  §  31;  éd.  Didot,  t.  I,  p.  141-142. 

4.  Pline,  1.  III,  §  47-49. 

5.  Pline,  1.  III,  5  124. 


Les  Gaulois  dans  l'Italie  du  Nord.  1 5  5 

tins  dont  Suse,  Segusio,  était  la  capitale  et  qui  était  situé  au 
nord-ouest  du  Pô,  était  un  territoire  ligure  ^ 

Au  sud  du  Pô,  le  pays  des  Ligures  débordait  sur  la  huitième 
région  ou  Emilie  antique,  puisque  Pline  compte  parmi  les 
peuples  ligures  les  Vekiates  dont  le  nom  dérive  de  Veleia  près 
de  Montepolo,  province  de  Plaisance. 

Aujourd'hui  on  peut  affirmer  que  les  Ligures  ont  occupé, 
avant  la  conquête  gauloise,  un  territoire  beaucoup  plus  étendu 
que  celui  dont  nous  venons  d'indiquer  la  circonscription 
d'après  les  anciens.  Le  jugement  arbitral,  rendu  par  les  frères 
Minucius  entre  les  habitants  de  Gênes  et  les  Veturi  Laugciiscs, 
c'est-à-dire  les  habitants  de  Langasco  en  riy  av.  J.-C,  nous 
fait  connaître  le  nom  terminé  en  asca  de  trois  cours  d'eau  : 
Neviasca,  ThIcIûscû,  VeragJasca  ^.  Deux  noms  analogues  se  ren- 
contrent dans  la  table  alimentaire  de  Vdc'ia;  il  y  est  question 
de  l'Apennin  ArcJiascus  et  Caudalascus  >.  On  en  a  conclu 
qu'il  y  avait  dans  la  langue  des  Ligures  un  suffixe  -ascus  em- 
ployé à  former  des  noms  de  lieu,  et  cette  doctrine  a  trouvé 
une  éloquente  confirmation  dans  ce  fait  que  la  région  de  Li- 
gurie  de  l'Italie  moderne  contient  au  moins  trente-trois  noms 
de  lieux  habités  qui  se  terminent  en  -asco,  -asca,  -ascbi ;  ces 
noms  de  lieux  sont  au  nombre  de  trente  dans  la  province  de 
Gênes,  de  trois  dans  celle  de  Porto-Maurizio^. 

Des  noms  de  lieux  terminés  de  la  même  façon  se  rencon- 


1.  Strabon,  1.  IV,  c.  6,  5  6;  édition  Didot,  p.  17O;,  1.  2-4. 

2.  CI.  L.,  V,  7749. 

■    3.   C   I.  L.,  XI,  1147,  p.  5,  1.  21. 

4.   Dans  la  province  de  Gènes  : 
Amborzasco  Ciangiaschi  Porciorasco 

Arnasco  Cravasco       (Campomo-  Reizasca 

Benasco  rone)  Roviasca 

Bogliasco  Cravasco  (Montoggio)      Schiarborasca 

Borlasca  Croviasco  Teriasca 

Borzonasca  Langasco  Trensanasca 

Caiasca  Magnasco  Trensasco 

Campozasco  Marinasco  Venasca 

Caraschi  Morasca  Visasco 

Carasco  Nasche 

Cerviasca  Pogliasca 

Dans  la  province  de  Porto-Maurizio  : 
Lucinasco  Candeasco  Nirasca 


156 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


trent  dans  les  autres  provinces  de  l'Italie  moderne  où  les  textes 
de  l'antiquité  déjà  cités  attestent  l'existence  des  Ligures. 

Dans  la  province  de  Cuneo  est  située  Bene  Vagienna,  an- 
cienne ville  des  Taurini,  peuple  ligure,  et  cette  province  était 
située  presque  tout  entière  au  sud  du  Pô;  par  conséquent 
dans  la  neuvième  région  ou  Ligurie  antique.  On  y  trouve 
vingt-trois  noms  de  lieux  terminés  en  -asco  ou  -asca  ^ 

La  province  d'Alexandrie  tout  entière  au  sud  du  Pô  ren- 
ferme Tortona,  autrefois  Dcrtoiia  qui  appartenait  aux  Taurini 
et  qui  était  par  conséquent  ligure  ;  on  trouve  aujourd'hui 
dans  cette  province  dix-sept  noms  de  lieux  en  -asco ou  -asca^. 

Ces  faits  linguistiques  confirment  purement  et  simplement 
la  doctrine  géographique  qui  résulte  du  nom  de  Ligurie 
donnée  dans  l'antiquité  à  la  neuvième  région  de  l'Italie.  Ceux 
auxquels  nous  arrivons  montrent  qu'il  y  avait  des  Ligures 
hors  de  cette  région  de  l'Italie  antique. 

La  province  de  Pavie  comprend  :  au  sud  du  Pô,  dans  la 
Ligurie  des  Romains,  Voghera,  autrefois  Iria  qui  appartenait 
aux  Taurini  et  qui  par  conséquent  était  ligure,  et  au  nord  du 
Pô  dans  la  onzième  région,  la  ville  même  de  Pavie,  autrefois 
T/V/nw;/;^  de  fondation  ligure.  Dans  la  province  de  Pavie,  il  y  a 
dix-neuf  noms  de  lieux  en  -aschi,  -asco,  -asca  5. 


Agliasco 

Airasca 

Bagnaschi 

Bagnasco 

Baibiasco 

Bergagliasco 

Bossolasco 

Bottonasco 

Avolasca 

Bagnasco  d'Asti 

Bcrgamasco 

Bignasca 

Casasco 


Bottonasco 

Brossasso 

Camigliasca 

Cervasca 

Cervignasco 

Cherasco 

Gambasca 

Isasca 

Casinasco 

Cassinasco 

Cornegliasca 

Fabiasco 

Gremiasco 


Lagnasco 

Mondurasco 

Piossasco 

Venasca 

Villasco 

Vioraschi 

Voltlgnasco 

Morsasco 

Nirasca 

Prasco 

Revigliasco 

Vergenasco 


Casasco  (Camecano)   Martinasco 

Benaschi  Donelasco  Gualdrasco  Murisasco 

Bergamasco       Garlasca  Liconasco  Rosasco 

Bornascn  Godiasco  Martinasca  Soriasco 

Bosnasco  Gornasco  Mandasco  Zinasca 

Carisasca  Gosnasco  Mezenasco 


Les  Gaulois  dans  l'Italie  du  Nord.  1 57 

La  province  de  Turin  a  pour  capitale  la  principale  ville  du 
plus  important  des  peuples  ligures  d'Italie,  elle  nous  offre 
vingt-cinq  noms  de  lieux  habités  terminés  en  -asco  ou  -asca  ; 
le  plus  grand  nombre  dans  la  partie  méridionale  de  cette 
province,  c'est-à-dire  neuf  dans  chacun  des  deux  circondnrio 
situés  le  plus  au  sud,  Pignerol  ^  et  Turin  -  ;  mais  aussi  sept 
plus  au  nord,  savoir  :  deux  dans  le  circondario  de  Suse  3,  cinq 
dans  celui  d'Ivrée-^;  il  n'y  en  a  pas  dans  celui  d'Aoste. 

La  province  de  Novare,  partie  nord-est  du  Piémont, 
est  située  au  nord  du  Pô,  dans  la  onzième  région  de  l'Italie 
d'Auguste,  et  ne  contient,  sauf  Novare,  aucune  localité  dési- 
gnée comme  ligure  par  les  anciens  ;  elle  a  eu  une  population 
ligure  importante,  car  on  y  peut  relever  vingt-neut  noms  de 
lieux  habités  qui  se  terminent  par  le  suffixe  -asco,  -asca,  -asche  5 . 
En  résumé,  les  cinq  provinces  du  Piémont  contiennent  cent 
quatorze  noms  de  lieux  habités  qui  se  terminent  par  le  suffixe 
-asco,  -asca,  -aschi,  savoir  : 

Cuneo 23 

Alexandrie 17 

Pavie 19 

Turin 25 

Novare 29 

Total 113 

I .   Airasca  Cercenasco  Lombriasco 

Baudenasca  Famolasco  Osasco 

Buriasco  Frossasco  Pinasca 

■  2.   Beinasco  Grugliasco  Revigliasco 

Brusasco  Piossasco  Sivrasco 

Cimenasco  Qjuarlasco  Tavagnasco 

3 .  Bigliasco  Tignasco 

4.  Craviasco,  Gambarasca,  Mercenasco,  Noasca,  Q.uassasco 

5 .  Bosnasco  Grignasco  Rimasco 
Calasca  Guargnasco  Rivasco 
Camasco  Locasca  Romagnasco 
Cambiasca  Marasco  Sagliasco 
Campasca  Messasca  Salasco 
Casasco  Novasco  Savagnasco 
Casasco  Pansasca  Vergnasco 
Cavagliasche  Pettenasca  Villasco 
Civiasco  Pregliasca  Zornasco 
Colonnasca  Pernasco 


158  H.  d'Arbois  de  Jubainrille. 

Toutes  ces  localités  étant  situées  au  nord  de  la  Ligurie 
actuelle,  qui  est  bornée  au  nord  par  l'Apennin,  nous  attestent 
l'existence  d'une  Ligurie  antique  beaucoup  plus  étendue  au 
nord  que  la  Ligurie  moderne;  cette  Ligurie  comprend  la  Li- 
gurie du  temps  d'Auguste  ou  huitième  région,  mais  aussi  elle 
en  dépasse  sensiblement  les  limites,  elle  déborde  sur  la  onzième 
où  sont  compris  la  province  de  Novare  tout  entière  et  la  partie 
septentrionale  des  provinces  de  Pavie  et  de  Turin. 

En  poursuivant  cette  étude,  nous  allons  voir  que,  comme  le 
Piémont,  la  Lombardie  a  autrefois  appartenu  en  grande  partie 
aux  Ligures.  La  Lombardie,  c'est  la  portion  orientale  de  la 
Transpadane  ou  onzième  région  d'Auguste,  et  c'est  la  portion 
occidentale  de  la  dixième  région.  Les  sept  provinces  de  la  Lom- 
bardie contiennent  au  nord  du  Pô  quatre-vingt-quatre  lieux 
habités  dont  les  noms  se  terminent  en  -asco,  -asca,  -aschi. 
De  ces  sept  provinces,  deux,  celles  de  Come  et  de  Milan 
joignent  le  Piémont  à  l'ouest;  elles  ont  jadis  appartenu  à  la 
onzième  région  ou  transpadane.  Le  nombre  de  leurs  noms 
ligures  en  -asco,  etc.,  est  à  peu  près  le  même  que  dans  les  pro- 
vinces du  Piémont,  il  y  en  a  trente  dans  la  province  de 
Como%  vingt  et  un  dans  celle  de  Milan-,  total  cinquante  et 
un,  presque  autant  que  dans  les  provinces  réunies  de  Turin  et 
de  Novare  qui  nous  donnent  un  total  de  cinquante-quatre. 
Mais  les  cinq  autres  provinces  de  la  Lombardie  ne  contiennent 
qu'un  total  de  trente-trois  noms  en  -asco,  -asca,  -aschi,  ce  qui 
fait    une  moyenne  de  six  seulement  :  douze    dans    celle    de 

1 .  Arcellasco  Casasco  Maciasca 
Bernasca  Cattasco  Muggiasco 
Beraschine  Cavalasca  Olgelasca 
Besnasca  Dizzasco  Olgiasca 
Borlasco  Fabbiasco  Parlasca 
Bosolasco  Garlasca  Penasca 
Camesasca  Giasca  Pianasca 
Camnasco  ('Sansiro)    Gilasca  Pomelasca 
Camnasco  (Somana)  Ginasca  Rovellasca 
Caslasco  Lucinasco  Valciasca 

2.  Basiasco  Buccinasco  Gomonasca 
Binasco  Calvignasco  Macciasca 
Boldinasco  Coriasco  Pantanesca 
Borasca  Domenegasco  Poasca 
Boraschina  Ferronasca    ■  Poglionasca 


Les  Gaulois  dans  l'Italie  du  Nord. 


•59 


Bergame^,  onze  dans  celle  de  Crémone-,  cinq  dans  celle  de 
Brescia3,  trois  dans  celle  de  Sondrio-^  et  deux  dans  celle  de 
Mantoueî. 

Caton  cité  par  Pline  dit  que  Corne  et  Bergame  avaient  été 
fondés  par  les  Oniinhovii ;  les  deux  provinces  de  Corne  et  de 
Bergame  offrent  un  total  de  quarante-deux  noms  de  lieu  en 
asco,   asca,  aschc.  Les  Orumbovii  étaient  donc  Ligures^. 

On  trouve  aussi  des  noms  en  -asco  et  en  -asca  dans  la  partie 
la  plus  septentrionale  de  la  vallée  du  Tessin,  qui,  après  avoir 
appartenu  à  la  Transpadane  ou  onzième  région  d'Auguste,  est 
aujourd'hui  comprise  dans  la  Suisse  et  forme  le  canton  du 
Tessin;  nous  pouvons  en  citer  treize/. 

Il  y  en  a  sept  dans  la  province  de  Massa  et  Carrara  qui  forme 
la  partie  septentrionale  de  la  Toscane  moderne  et  qui,  à  l'ouest, 
touche  la  Ligurie^.  Cette  province  a  été  comprise  sous  l'empire 
romain  dans  l'Etrurie  qui  est  la  septième  région  de  l'Italie 
d'Auguste. 

En  Emilie,  la  province  de  Plaisance  contient  neuf  noms  de 
lieux  habités  en   -asco,  -asca  9;  il  y  en  a  huit  dans  celle  de 


Rovagnasco                 Tolcinasco 

Zavanasco 

Tavernasco                   Velasca 

Zelasche 

I . 

Albelasco                     Grabiasco 

Somasca  (Ambivere) 

Badalasco                      Martorasco 

Somasca  (Pontida) 

Camasche                     Muggiasco 

Somasca  (Vercurago) 

Curnasco                      Piazzasco 

Trevasco 

2. 

Bodegasco          Livrasco 

Trezzolasco 

Vinzasca 

Boldrasca           Livraschino 

Vidolasco 

Vinzaschina 

Boldraschina      Porcellasco 

Villasco 

3- 

Cremasca,  Cremaschina,  Logasca 

,  Villasche, 

Villaschetta. 

4- 

Cedrasco,  Cresciasca,  Pendolasco. 

5- 

Caramasche,  Chiericasco. 

6. 

Pline.  1.  III,  §  124. 

7- 

Albirasco            Brugnasco 

Giubasco 

Soliasco 

Bambanasco       Cugnasco 

Ossasca 

Verzasca 

Biasca                 Frasco 

Prugiasco 

Ziebiasca 

Bignasco 

8. 

Barbarasco         Gabanasco 

Prowedascc 

)             Vallingasca 

Borrasco            Gorasco 

Tarasco 

9- 

Bacedasco-al-nord       Cremadasca 

Sarmadasco 

Bacedasco-al-sud          Lusurasco 

Tavasca 

Calendasco                   Morasca    ■ 

Vernasca 

i6o  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Parme  %  un  dans  celle  deReggio^.  Un  document  du  xiii'^  siècle 
nous  en  fait  connaître  un  dans  celle  de  Modène^  Cela  nous 
donne  pour  l'Emilie  un  total  de  dix-neuf  noms  ligures  en 
-a SCO,  etc. 

Le  nombre  de  ces  noms  est  donc  : 

en  Ligurie 33 

Piémont ,      .      113 

Lombardie 84 

Tessin 13 

Massa  et  Carrara 7 

Emilie 19 

Total.      .      .      ;     .     269 

§  3.  Les  Raeti,  les  Euganei,  les  Veneti,  les  Oiiihriens,  les  Etrusques. 

Les  noms  en  -nsco,  -asca,  -nschi  font  complètement  défaut 
dans  les  quatre  provinces  orientales  de  l'Emilie,  celles  :  de 
Bologne,  de  Ferrare,  de  Ravenne  et  de  Forli,  comme  en  Vé- 
nétie  et  dans  la  partie  italienne  du  Tyrol  autrichien.  Les  textes 
anciens  signalent  dans  cette  portion  de  l'Italie  quatre  peuples 
antérieurs  aux  Etrusques  et  aux  Gaulois,  ce  sont  :  au  sud  du 
Pô,  les  Ombriens  ;  au  nord,  les  Racti  et  Euganei,  les  Veneti.  Les 
Raeti  ont  précédé  les  Gaulois  à  Trente 4  et  à  Vérone  qu'ils 
ont  partagé  avec  les  Euganei  ;  Vérone  est,  comme  on  le  sait, 
le  chef-lieu  d'une  province  de  la  Vénétie5.  Padoue,  Vicence 
et  Bellune  ont  appartenu  aux  Vénètes.  Les  Vénètes  ont  aussi 
possédé  :  Ateste,  aujourd'hui  Este,  province  de  Padoue,  Ace- 
lum,  aujourd'hui  Asolo,  Opitcrgiiun,  aujourd'hui  Oderzo,  tous 
deux  dans  la  province  de  Trévise^.  Les  Vénètes  avaient 
échappé  au  joug  des  Etrusques,  mais  ceux-ci  dominaient  dans 

1 .  Barbarasco  Caprendasco  Cavadasca 
Boraschi  Carpadasco(Soglio;nano)  Ceredasco 
Cacciarasca  Carpadasco  (Varsi) 

2 .  Romasco 

3.  Picigascus,  près  de  Nonantola,  dans  une  charte  de  l'année  1242  chez 
Tiraboschi,  Storia  deW  augnsia  badia  di  S.   Silvestro  di  Nonantola,  t.   Il, 

P-  37)- 

4.  Pline,  1.  III,  S  130;  Justin,  1.  XX,  c.  5,  §  8. 

5 .  Pline,  1.  III,  §  130. 

6.  Pline,  1.  III, '§  130;  cf.  Ptolémcc,  1.  III,  c.  i,  §  26,  p.  357-338. 


Les  Gaulois  dans  V Italie  du  Nord.  i6i 

tout  le  reste  de  l'Italie  septentrionale;  toutefois  on  n'y  connaît 
que  sept  villes  où  une  population  étrusque  se  soit  e^tablie,  ce 
sont  :  au  sud  du  Pô,  Parme,  Modène,  Bologne  alors  appelée 
Fehina,  Ravenne;  au  nord  du  Pô,  Mantoue,  Adria,  Spina. 
Chacune  de  ces  villes  avait  une  colonie  étrusque  et  ces  colonies, 
plus  cinq  autres,  en  tout  douze,  a-t-on  dit,  liguées  entre  elles, 
tenaient  sous  le  joug  avant  la  conquête  gauloise  toute  la  partie 
de  l'Italie  située  entre  le  Pô  et  les  Alpes,  le  territoire  des  Vé- 
nères excepté. 

§  4.  Les  Gaiiloiî. 

On  sait  que  le  plus  ancien  fait  militaire  connu  de  la  lutte 
des  Gaulois  contre  les  Etrusques  date  de  396.  L'établis- 
sement des  Gaulois  dans  l'Italie  du  nord  paraît  devoir  se  placer 
entre  cette  année  et  l'année  3  90  où  ils  prirent  Rome.  Les  prin- 
cipaux peuples  gaulois  qui  s'emparèrent  de  l'Italie  septentrio- 
nale sont  au  nombre  de  dix;  nous  suivrons  l'ordre  géogra- 
phique en  commençant  par  le  nord-ouest  :  1°  les  Salassi,  2°  les 
Lepontii  3"  les  Libici,  4°  les  Insubres,  5"  les  Cenomani,  6°  les 
Garni,  7°  les  Ananes  ou  Anamares,  8°  les  Boii,  9°  les  Lin- 
gones,  10°  les  Senones. 

I"  Les  Salassi  sont  le  peuple  gaulois  chez  lequel  les  Ro- 
mains fondèrent  les  colonies  d'Aiigusta  Praetoria,  aujourd'hui 
Aoste,  qui  paraît  dater  de  l'empereur  Auguste^  et  celle  d^Epo- 
redia,  aujourd'hui  Ivrée,  qui  remonte  à  l'an  100  av.  J.-C.  2. 
Leur  territoire  comprenait  presque  tout  le  bassin  de  la  Dora 
Baltea,  autrefois  Diiria,  affluent  de  gauche  du  Pô  et  corres- 
pondait à  peu  près  aux  deux  circondari  d'Aoste  et  d'Ivrée  qui 
forment  la  partie  septentrionale  de  la  province  de  Turin.  Les 
Salassi  paraissent  s'être  superposés  à  une  population  ligure 
dont  nous  n'avons  pas  trouvé  de  trace  dans  le  circondario 
d'Aoste  ;  mais  dans  celui  d'Ivrée,  on  a  signalé  plus  haut  cinq 
noms  de  lieux  en  -asco,  -asca  qui  semblent  d'origine  ligure. 

5.  Voyez  les  textes  réunis  par  M.  Mommsen  dans  le  C.  I.  L.,  t.  V, 
P-  756,  757- 

6.  Voyez  les  textes  réunis  par  M.  Mommsen,  C.  I.  L.,  t.  V,  p.  750, 
751. 

Rivuc  Celtique,  XL  1 1 


102  H.  d^ Artois  de  Jiibaini'ille. 

On  peut  considérer  comme  une  trace  des  Salassi  les  noms 
de  lieux  du  circondario  d'Ivrée  qui  se  terminent  en  ê  ^=  acus, 
nous  en  relevons  en  note  neut  dont  trois  ont  une  variante  ita- 
lianisée en  -acco^.  Il  y  en  a  aussi  dans  le  circondario  d'Aoste^, 
mais  les  Gaulois  s'étendirent  dans  la  province  de  Turin  beau- 
coup plus  au  sud.  Ainsi  dans  le  circondario  de  Suse,  capitale 
du  royaume  ligure  de  Cottius,  se  trouve  l'emplacement  de  la 
ville  gauloise  de  [E]scinooniagus  ^  que  l'on  croit  avoir  été 
située  à  Exiles,  circondario  de  Suse.  Suse  même,  Segusio  -onis 
forte  un  nom  dérivé  d'un  thème  gaulois  segusio-  qui  se  re- 
trouve dans  un  nom  de  peuple  de  la  Gaule,  les  Segusiavi. 
Dans  le  circondario  de  Turin  est  compris  le  village  de  Monteu 
da  Po  près  duquel  était  bâti  la  ville  gauloise  de  Bod'mcomagns , 
connue  par  Pline ^  et  dont  le  nom  se  lit  en  outre  dans  deux 
inscriptions  contemporaines  de  l'empire  romain,  ce  sont  des 
épitaphes,  l'une  d'un  scxvir  Bodincomagensis'^,  l'autre  d'un 
soldat  prétorien  originaire  de  Bodinconiagus^^.  Dans  le  même 
circondario,  le  village  de  Brenno  porte  un  nom  identique  à 
l'un  des  noms  d'hommes  gaulois  les  plus  célèbres;  on  y 
trouve  aussi  quelques  villages  dont  les  noms  se  terminent  en 
('  m  aciisT.  Des  Gaulois  paraissent  également  s'être  établis 
dans  le  circondario  de  Pignerol  où  la  ville  de  Cavour,  dans 
l'antiquité  Cahiirrus,  porte  un  nom  d'homme  gaulois  connu 
par  César ''^  et  où  le  village  de  Lussiè  est  un  antique  Luciacus. 

Les  Gaulois  pénétrèrent  même  dans  la  province  de  Cuneo, 
la  plus  méridionale  et,  semble-t-il,  la  plus  ligure  du  Piémont  ; 
là  au  moins  six  localités  ont  des  noms  terminés  en  è  et  semblent 


1 .  Agliè  Drusè  ou  Drusacco  Lugnè  ou  Lugnacco 
Communie                Loranzè  Vidrè  ou  Vidracco 
Cossè                         Lusiglié  Vestignè 

2.  Carné,  Corè,  Lusse. 

3 .  Strabon,  1.  IV,  c.  i,  §  3  ;  édition  Didot,  p.  148,  1.  41,  43  ;  Pline,  1.  II, 

§  244- 

4.  Pline,  1.  III,  §  122. 

5.  C.  /.  L.,V,  7464. 

6.  C.  I.  I.,  VI,  2613. 

7.  Ciriè,  Corgnè,  Vagliè,  Vergnè. 

8.  C.  /.  L.,  t.  V,  p.  825.  De  hello  galîico,  I,  47. 


Les  Gaulois  dans  l'Italie  du  Nord.  i6^ 

avoir  eu  dans  l'antiquité  la  finale  acus'^;  enfin  on  peut  y  citer 
une  commune  de  Verduno  dont  le  nom  semble  identique  à 
celui  des  Verdun  français.  Les  noms  de  lieu  modernes  qui 
rappellent  le  souvenir  des  Gaulois  dans  la  partie  occidentale 
du  Piémont  sont  vingt-deux  au  moins. 

2°  Les  Lepontii  habitaient  le  Tessin  et  les  environs  de  Do- 
modossola,  chef-lieu  d'un  circondario  de  la  province  de  No- 
varre  en  Piémont.  La  vallée  Leventina  (canton  du  Tessin) 
qui  est  la  partie  supérieure  des  deux  rives  du  Tessin,  porte 
encore  leur  nom,  Domodossola  est  Oscela  que  Ptolémée  leur 
attribue  =.  Leur  territoire  au  nord  atteignait,  suivant  César, 
la  source  du  Rhin,  c'est-à-dire  la  partie  occidentale  du  canton 
des  Grisons  3;  suivant  Pline,  la  source  du  Rhône,  c'est-à- 
dire  le  haut  Valais  +.  Ils  étaient,  suivant  Caton,  de  race  tau- 
risque  5,  c'est-à-dire  gauloise.  Strabon  se  trompe  quand  il  fait 
d'eux  des  Radi.  Les  Lepontii  étaient  des  Gaulois  établis  par 
la  conquête  sur  un  territoire  précédemment  ligure. 

Le  territoire  des  Lepontii  comprend  environ  onze  noms  de 
lieu  en  ago,  aga,  par  conséquent  d'origine  gallo-romaine,  sa- 
voir deux  dans  le  Tessin''^  et  neuf  dans  le  circondario  de 
Domodossola  7. 

Mais  vingt-trois  noms  de  lieu  en  -asco,  -asca,  attestent 
qu'une  population  ligure  a  précédé  les  Celtes  dans  le  terri- 
toire des  Lepontii  et  qu'elle  y  est  restée  mêlée  à  eux.  Il  y  a 
treize  de  ces  noms  de  lieu  dans  le  Tessin  ^  et  dix  dans  le 
circondario  de  Domodossola  9. 

1 .  Cigliè,  Cigliè  (Prunetto),  Ciriè,  Nevigliè,  Vergnè. 

2.  Ptolémée,  1.  III.  c.  i,  §  34,  éd.  Didot,  p.  343,  1.  -4. 
5 .    César,  de  Bdlo  Gallico,  1.  IV,  c.  10,  ^  3 

4.  Pline,  ],  m,  §  135. 

5.  Pline,],  m,  §  134. 

6.  Brissago,  Cavegnago. 

7.  Ardignago  Cuzzago  Macugnaga 
Auriago                     Gagliago  Saggiago 
Bugliago                  Laudrago                           Ventriago 

8.  Voy.  plus  haut  p.  159,  n.  7. 

9.  Calasca  Novasco  Rivasco 
Colonnasca              Pantosca  Villasco 
Locasca                    Pregliasca  Zornasco 
Messasca 


164  H-  d'Arbois  de  Jiibainvitle. 

Par  conséquent,  ce  n'est  pas  dans  le  territoire  des  Lepontii 
que  nous  devons,  quoi  qu'en  dise  Strabon,  chercher  des  Raeti. 

3°  Les  Lihici  possédaient  les  villes  de  Vercellae,  en  italien 
Vercelli,  en  français  Verceil^,  et  probablement  de  Rigomugus, 
aujourd'hui  Trino,  toutes  deux  dans  la  partie  sud-ouest  de  la 
province  de  Novare  et  la  ville  de  LaumcUum,  aujourd'hui  Lo- 
meilo  -  dans  la  partie  occidentale  de  la  province  de  Pavie.  On 
peut  croire  que  le  territoire  des  Lihici  se  composait  à  peu  près 
du  circondario  de  Verceil  où  est  l'emplacement  de  Rigomagns, 
et  du  circondario  de  Mortara  où  se  trouve,  outre  Lomello,  le 
le  bourg  de  Cergnago.  Dans  cette  portion  de  l'Italie,  les  Li- 
gures ont,  comme  nous  l'avons  vu,  précédé  les  Gaulois.  Les 
Ligures  avaient  aussi  la  province  d'Alexandrie,  la  seule  du 
Piémont  où  nous  n'ayons  pas  trouvé  trace  des  Gaulois. 

4"  Les  Insubres.  Aux  Insubres  appartenaient  Novare,  Come, 
Milan  et  Ticimtm,  aujourd'hui  Pavie 3.  Nous  avons  dit  plus 
haut  que  Ticinum  est  une  ancienne  fondation  ligure.  Dans  les 
provinces  de  Novare,  Como  et  Milan,  les  Ligures  ont,  on 
vient  de  le  voir,  dominé  avant  les  Gaulois.  Mais  la  nomen- 
clature géographique  des  quatre  provinces  auxquelles  Novare, 
Como,  Milan  et  Pavie  ont  donné  leur  nom,  contient,  à  côté 
des  noms  de  lieu  ligures  en  -asco  ou  -asca,  un  grand  nombre 
de  noms  de  lieu  dont  la  terminaison  en  -ago,  -aga,  -agbi  atteste 
une  origine  celtique.  Dans  la  province  de  Novare,  non  com- 
pris le  circondario  de  Verceil  qui  correspond  à  peu  près 
à  la  partie  septentrionale  du  territoire  des  Libici  et  le  circon- 
dario de  Domodossola  qui  appartenait  aux  Lepontii,  nous  en 
avons  compté  dix-neuf  4  ;  dans  la  province  de  Como  soixante- 

1.  Vovez  les  textes  réunis  par  M.  Mommsen,  C.  I.  L.,  t.  V,  p.  736. 

2.  Vovez  les  textes  réunis  par  M.  Mommsen,  C.  I.  L.,  t.  V,  p.  71$. 

3  .   Ptolémée,  1.  III,  c.  i,  §  29:  éd.  Didot,  p.  340,  L  8,  9  ;  p.  341,  1.  1-4; 
cf.  Mommsen  dans  le  C.  I.  L.,  t   V,  p.  565,  624,  707,  718,  où  le  savant 
auteur  a  réuni  les  principaux  textes  des  auteurs  de  l'antiquité. 
4.   Bellinzago  Cavanago  Corciago 

Caltignaga  Cinzago  Cuzzago  (Pallanza) 

Capraga  Comignago  Dulzago 

Carciago  Comnago  Dulzaghetto 


Les  Gaulois  dans  Vltalie  du  Nord. 


i6j 


trois '^;  dans  celle  de  Milan,  déduction  faite  du  circondario  de 
Lodi  qui  paraît  avoir  appartenu  aux  Boii,  quarante-quatre-; 
dans  celle  de  Pavie,  non  compris  le  circondario  de  Mortara  qui 
paraît  avoir  appartenu  aux  Libici,et  celui  de  Voghera  aux  Ana- 
mares  ou  Ananes,  dix-sept  5.  Cela  fait  donc  environ  cent  qua- 


Gognago 

Mercurago 

Ovago 

Arzago 

Asnago 

Barzago 

Bernaga 

Binago 

Bissago 

Bissago 

Bongiaga 

Bresciago 

Brissago 

Cadorago 

Cagiago 

Camlago  d'Uggiate 

Camnago  Volta 

Camnago 

Camsiraga 

Canzaga 

Capiago 

Carnago 

Casciago 

Casirago 

Albusciago 

Arcagnago 

Arsago  ou  Arzago 

Assago 

Bellinzago 

Binzago 

Biraga 

Biraghi 

Birago 

Bornago 

Burago 

Busnago 

Cambiago 

Camizzago 

Camnaço 


Sozzago 
Tornaco 

Cassago 

Casternago 

Cazzago 

Colciago 

Cremnago 

Crescenzaga 

Cucciago 

Dolzago 

Durago 

Germignaga 

Gessaga 

Imbersago 

Insiraga 

Lazzago 

Lissago 

Lomnago 

Luisago 

Lurago 

Malnago 

Mariaga 

Marconaga 

Caponago 

Carpenzago 

Cavenago 

Ciskgo 

Colnago 

Conago 

Crescenzago 

Cusago 

Dairago 

Grezzago 

lerago 

Inzago 

Macconago 

Magnago 

Mairaga 


Lodi,  Laus  Poinpcia,  est  attribué  aux  Boii 
raison  pour  laquelle  M.  Mommsen  (C. 
cette  doctrine  nous  semble  arbitraire. 
Buttirago  Carpignago 

Calignago  Fortunago 


Vacciago 
Valbussaga 

Masciago 

Masnaga 

Masnago 

Mognago 

Mornago 

Mondrago 

Msnago 

Ombriago 

Peslago 

Pugnago 

Rezzago 

Rossaga 

Rozzago 

Solzago 

Subinago 

Tabiago 

Trevisago 

Urago 

Verzago 

Viconago 

Vizzago 

Menedrago 

Menzago 

Mezzago 

Moirago 

Mornago 

Orago 

Ornago 

Parabiago 

Pasturago 

Sacconago 

Senago 

Sumirago 

Tornago 

Vanzago 

par  Pline,  1.  III,  §  124.  La 
1.  L.,  t.  V,  p.  696)  conteste 

Gerenzago 

Giussago 


i66  H.  cVArbois  de  JubainviUe. 

rante-trois  noms  de  lieu  d'Italie  dans  le  Piémont  et  la  Lom- 
bardie  qui  paraissent  devoir  leur  origine  aux  Insubres. 

5°  Les  CeiiODiniii.  Ceux-ci  paraissent  avoir  conquis  un  ter- 
ritoire précédemment  peuplé  par  les  Raeti,  les  Euganei  et  les 
Venetiet  les  Etrusques;  ils  enlevèrent:  Vérone  aux  Raeti  et  aux 
Euganei  qui,  semble-t-il,  l'auraient  possédée  conjointement  ^  ; 
Tridentum,  Trente,  probablement  aux  Raeti-;  Vicence  aux 
Veneti'.  Mantoue  était  une  colonie  étrusque^,  il  semble  que 
les  Etrusques  y  restèrent  la  population  dominante  5,  mais  elle 
tomba  au  pouvoir  des  Cenomani^.  Les  Cenomani  s'établirent 
à  Bergame7,  Crémone^,  Brescia9,  Mantoue  ^°,  Vérone",  Vi- 
cence^-, probablement  dans  leTrentin^3.  Dans  chacune  des 
provinces  dont  ces  villes  sont  capitales,  nous  trouvons  aujour- 
d'hui un  certain  nombre  de  localités  dont  les  noms  modernes 
en  -aga,  -ago,  -aghi  rappellent  le  souvenir  des  Gaulois.  Dans 
la  province  de  Bergame,  treize  ^■+;  dans  celle  de  Crémone,  colo- 


Gravanago  Moriago  Spirago 

Lardirago  Mossago  Tartago 

Marcigiiago  Papiago  Turago 

Marnago  Polinago 

1.  Pline,  1.  III,  §  130;  Tite-Live,  1.  V,  c.  35  ;  Justin,  1.  XX,  c.  5,  §  8  : 
cf.  Mommsen,  C.  I.  L.,  t.  V,  p.  327. 

2.  Trente  est  attribuée  aux  Raeti  par  Pline,  1.  III,  5  130;  aux  Gaulois 
par  Justin,  1.  XX,  c.  5,  §  8  ;  cf.  Mommsen,  C.  /.  I.,  t.  V,  p.  330. 

3.  Cette  ville,  attribuée  aux  Veneti  par  Pline,  1.  III,  §  130,  et  par  Pto- 
lémée,  1.  III,  c.  i,  §  26,  p.  337,  1.  n,  est  de  fondation  gauloise,  suivant 
Justin,  1.  XX,  c.  5,§8. 

4.  Pline,  I.  III,  5  130. 

5.  Virgile,  Enéide,  \,  198. 

6.  Ptolcmée,  1.  III,  c.  1,  §  27,  p.  339,  1.  8. 

7.  Sur  riiistoire  de  cette  ville,  voir  Mommsen,  C.  1.  L.,  t.  V,  p.  547. 

8.  Voir  Mommsen,  C.  I.  L.,  t.  V,  p.  413. 

9.  Ibidem,  p.  426. 


10. 

Ibidem,  p. 

406. 

1 1 . 

Ibidem,  p. 

527. 

12. 

Ibidem,  p. 

306. 

13- 

Ibidem,  p. 

530. 

14. 

Arzago 

Gambirago 

Terzago 

Benago 

Gorlago 

Terzaghetto 

Cavernago 

Odiago 

Valbonaga 

Drizzago 

Palaz^go 

Vercurago 

Filage 

Les  Gaulois  dans  Ntalie  du  Nord. 


167 


nisée  par  les  Romains  dès  l'année  218,  trois  seulement  ^  ;  dans 
celle  de  Brescia  cinquante-six-;  dans  la  partie  septentrionale, 
celle  de  Mantoue,  au  nord  du  Pô,  une  5  ;  dans  celle  de  Vé- 
rone, vingt  ■^;  dans  celle  de  Vicence,  trois  5  ;  dans  celle  de_ 
Trente,  c'est-à-dire  dans  la  partie  méridionale  du  Tyrol,  au- 
jourd'hui province  de  l'empire  d'Autriche,  sept^.  Le  nombre 
total  des  noms  de  lieu  en  -ago,  -aga  dont  l'origine  peut  être 
rapportée  aux  Cenomani,  est  de  cent  trois,  dont  soixante- 
treize  en  Lombardie  et  trente  en  Vénétie. 

6°  Les  Canii.  Vérone  et  Vicence,  villes  des  Cenomani,  sont 
en  Vénétie.  Nous  ne  pouvons  déterminer  quelle  était  dans  cette 


Bcrinzaga,  Cambiago,  Carsago,  Baldracco  et  Baldraccone  sont  des  noms 
de  lieu  du  moyen  âge  dérives  de  noms  germaniques  d'homme. 


3 


Artignago  Gussago 

Azaga  (Corzago)  Gussago 
Arzaga  (Desenzono)  Legnago 
Binzago  Lissignaga 

Bogliago  (Rivoltella)  Lurago 
Bogligo  (Gargnago)    Macenago 
Bottenago  Madergnaga 

Burago  Martignaga 

Bussago  (Bedizzoe)  Marzaghe 
Bussago(Soprazocco)  Masciaga 
Cagnaghe  Messaga 

Carzago  Mognacchi 

Cassaga  Mornaga 

Cazzago  Molzenago 

Cizzago  Moraga 

Cussaga  Morgnaga 


Pedenaga 

Pedergnaga 

Persaga 

Porcellaga 

Puegnago 

Quintilago 

Rampcnaga 

Recciago 

Rossaghe 

Terzago  (Bovezzo) 

Terzago  (Calvagese) 

Terzago  (Moscoline) 

Trevisago  (Moniga) 

Trevisago  (Soiano) 

Urago 

Urago  (Brescia) 

Venzago 

Zernago 


Dernago  Offlaga 

Formaga  Offlaga  (Castenedolo) 

Grignaghe  Olzenago 

Carzaghetta.  La  partie  sud  de  la  province  de  Mantoue  appartenait  aux 

Boii. 


4.  Alcenago  Ceriago 

Azago  Gargagnago 

Borago  (Avesa)  Giago 
Borago  (Castelletto)  Legnago 

Boriago  Lumiago 

Cambraga  Maregnago 

Canzaga  Marzago 

$.  Asiago,  Ignago,  Villaga. 

6.   Almazzago  Cavedago 

Arnago  Ciago 

Borzago  Dernago 


Mizzago 

Moiago 

Morago 

Sulvago 

Tregnago 

Verago 


Terlago 

Peut-être  Fiave  zn  Fia- 


i68 


H.  d'Arbois  de  Jubainrille. 


région  de  l'Italie  moderne  la  limite  précise  entre  les  Garni  et 
lesCenomani.  Aux  Garni  appartenaient  probablement,  outre  les 
provinces  d'Udine,  de  Trévise  et  de  Bellune,  les  localités  cel- 
tiques des  provinces  de  Padoue,  de  Venise  et  de  Rovigo.  Dans 
la  province  d'Udine,  il  y  a  six  noms  de  lieu  terminés  en  -ago'^ 
et  quarante-deux  terminés  en  -acco,  finale  qui  dans  la  plus 
grande  partie  de  cette  province  est  la  prononciation  moderne 
du  suffixe  gaulois  -ûcos".  La  province  de  Trévise  renferme 
onze  localités  dont  les  noms  se  terminent  en  -ago  ou  -agay.  Il 
y  en  a  dix-neuf  dans  celle  de  Bellune  ■+,  seize  dans  celle  de 
Venise  5,  cinq  dans  celle  de  Padoue^  et  deux  dans  la  province 


I .   Uardcigo,  Uongeagh 

e,  Istrago,  Maniago,  Use 

lasfo,  Usago. 

2.  Adegliacco 

Fraelacco 

Ponteacco 

Aveacco 

Grimacco 

Popeveacco 

Avosacco 

Laibacco 

Premariacco 

Caporiacco 

Laipacco 

Priraulacco 

Cargnacco 

Lauzacco 

Remanzacco 

Carpacco 

Lazzacco 

Rubignacco 

Carvacco 

Loneriacco 

Segnacco 

Casiacco 

Leonacco 

Tavagnacco 

Cassacco 

Lumignacco 

Tiveriacco 

Chiarisacco 

Luseriacco 

Urbignacco 

Chiazacco 

Martignacco 

Vignacco 

Cussignacco 

Moimacco 

Vergnacco 

Dernazacco 

Montegnacco 

Vidracco 

Faugnacco 

Pagnacco 

Ziracco 

5 .   Crcspignaga 

Martignago 

Vedelago 

Lanzago 

Moriago 

Virago 

Limbraga 

Orsago 

Volpago 

Lorenzaga 

Varago 

On  peut  considérer 

comme  un  nom  celtique 

Venadoro. 

4.   Bolago 

Curago 

Pirago 

Callibago 

Lantrago 

Tiago 

Carzaghe 

Lorenzago 

Vinago 

Cavessago 

Madeago 

Villaga 

Colcugnago 

Mercuiago 

Villiago 

Colvago 

Missiago 

Voltago 

Conzago 

5 .  Borbiago 

Giussago 

Povenzago 

Carzago 

Grassaga 

Rivago 

Cavernaghi 

Giussago 

Rossignago 

Cazzago 

Marteliago 

Stiago 

Chirignago 

Oriago 

Summaga 

Comenzago 

6.   Massanzago  =:  massa  Antiacus  et  quatre  Bussiago. 

Les  Gaulois  dans  l'Italie  du  Nord.  169 

de  Rovigo^.  Cela  fiiit  en  Italie   un    total  de  cent  un  noms 
de  lieu  d'origine  celtique  et  qu'on  peut  attribuer  aux  Garni. 

Nous  avons  trouvé  des  noms  de  lieu  celtiques  dans  toutes 
les  provinces  de  la  Vénétie  sans  exception  et  dans  toutes 
celles  de  la  Lombardie,  sauf  celle  de  Sondrio.  On  a  déjà  signalé 
des  noms  celtiques  dans  toutes  les  provinces  du  Piémont,  sauf 
celle  d'Alexandrie. 

8°  Les  Auanes.  Passons  au  sud  du  Pô  central  et  oriental. 

Les  Ananes  ou  Anamares  sont  les  premiers  à  l'ouest.  Leur 
ville  principale  était  Clastidium,  aujourd'hui  Casteggio  dans 
la  province  de  Pavie,  circondario  de  Voghera,  où  il  y  a  trois 
localités  à  nom  gaulois^.  Chez  les  Ananes  devait  être  aussi  Ca- 
millomagus  connu  par  la  Table  de  Peutinger  et  par  l'Itiné- 
raire d'Antonin,  aujourd'hui  Broni,  circondario  de  Voghera'. 

9°  Les  Boii.  Prenons  plus  à  l'est  l'Emilie,  la  huitième  région 
d'Auguste.  C'est  le  pays  occupé  par  les  Boii  et  les  Lingones. 
Les  Lingones  établis  sur  la  rive  droite  du  bas  Pô  ont  laissé  peu 
de  traces  dans  l'histoire.  Les  Boii  ont  lutté  bravement  et  non 
sans  gloire  contre  les  Romains.  C'est  chez  eux  qu'en  218  les 
Romains  ont  fondé  leur  colonie  de  Plaisance,  à  eux  ont  appar- 
tenu Parme,  Pnnim,  Reggio,  Rcj^imii,  Modène,  Mutina,  Bologne, 
Bononia.  Reggio  parait  une  fondation  gauloise  dont  le  nom 
primitif  i^/V/o//  aura  été  déformé  par  l'influence  du  latin.  Bo- 
logne, d'abord  Felsina,  est  une  ville  étrusque  dont  les  Gaulois 
ont  changé  le  nom  et  dont  le  nom  gaulois  a  été  adopté  par 
les  Romains  quand  ils  établirent  une  colonie  dans  cette  ville 
en  189.  Parme  et  Modène  ont  conservé,  sous  la  domination 
gauloise  et  depuis,  leur  ancien  nom.  Outre  ces  possessions  au 
sud  du  Pô,  les  Boii  avaient  un  petit  territoire  au  nord  du  Pô  : 


1.  Cartirago,  Mardimago. 

2.  Inveriaghe,  Rossago.  Stephanago.  Sur  Clastidium,  voyez  Polybe,  II, 
34,  5- 

3  .   "Voyez  sur  Clastidium  et  Camillomagus  ou  Comiilomagus,  Mommsen, 
dans  le  C.  /.  L.,  t.  V,  p.  827-828. 


170  H.  d'Arbois  de  Jiibainville. 

Lodi  dans  In,  province  de  Milan  leur  appartenait.  Le  circon- 
dario  de  Lodi  contient  huit  villages  dont  le  nom  se  termine 
en  -ago,  -aga  et  paraît  par  conséquent  rappeler  le  souvenir  des 
Boii  ^  Dans  la  province  de  Plaisance,  les  localités  qui  offrent 
la  même  finale  sont  au  nombre  de  six 2;  nous  y  signalerons 
aussi  le  village  de  Breno  qui  nous  offre  une  variante  du  célèbre 
nom  d'homme  Brennus. 

La  table  alimentaire  de  Veleia  nous  apprend  qu'au  com- 
mencement du  second  siècle  de  notre  ère,  cette  province 
contenait  dans  le  territoire  de  Veleia  et  dans  celui  de  Plai- 
sance deux  pttgi,  un  viens,  huit  fundi  et  un  saltus  dont  les 
noms  étaient  gaulois.  Des  deux  villes,  la  mieux  pourvue  en 
cette  matière  historique  était  Veleia.  Plaisance,  colonisée 
par  les  Romains  en  218,  avait  cependant  un  ptigus  et  xxnfundus 
à  noms  gaulois  :  le  pagus  Noviodunus  et  le  fuiidus  Histridunus. 
Mais  à  Veleia,  on  trouvait  le  viens  Caiurniaeus,  le  peigns  Am- 
bitrebius,  les  fundi  Cabardiaens,  Caiidiaeae,  Crossiliaciis ,  No- 
niacus,  Pisuniacus,  Ouintiacns,  le  fundus  Liceo-leueus  ou  «  blanc 
de  pierres  »  et  le  saltns  Nevidunus,  Le  nom  du  fundus  Cabar- 
diaens de  Veleia  persiste  aujourd'hui  dans  celui  de  Caverzago, 
un  des  six  noms  en  -ago  que  nous  avons  mentionnés  dans  la 
province  de  Plaisance  3. 

Il  y  a  aujourd'hui  six  noms  de  lieu  en  -ago  dans  la  province 
de  Parme  4.  Nous  ne  savons  s'il  existe  encore  une  trace  de  la 
eortis  appelée  MaUiaeo  que  placent  dans  le  comté  de  Parme 
deux  diplômes  du  ix"  siècle,  l'un  de  863  5,  l'autre  de  890^. 

Le  nombre  actuel  des  noms  de  lieu  en  -ago  dans  la  province 
de  Reggio  parait  être  de  cinq  7.  Il  ne  faut  pas  en  séparer  deux 

1.  Camairago,  Cavenago,  Fissiraga,  Livraga,  Mairago,  Orgnaga,  Os- 
sago,  Secugnago. 

2.  Caverzago,  Gravago,  Mamago,  Marzonago,  Sarniago,  Tavernago. 

3.  C.  I.L.,  XI,  p. 

4.  Cavignaga,  Carzago,  Coriago,  Lcgnago,  Gainago  (Mezzani),  Gai- 
nago  (Torrile). 

5.  Tiraboschi,  Memorie  storichc  Modenesi ,  t.  I,  Preuves,  p.  40. 

6.  Tiraboschi,  Memorie  storiche  Modenesi,  t.  I,  Preuves,  p.  65. 

7.  Cavriago,  Civago,  Pojago,  Simiago,  Visiago.  Visiago  est  le  Visiliacus 
d'une  charte  de  1188  (Tiraboschi,  Memorie  storiche  Modenesi,  t.  III,  Preuves, 
p.  107),  Simiago  est  le  Similiacum  d'une  charte  de  1208  (Ibid.,  t.  IV, 
Preuves,  p.  38). 


Les  Gaulois  dans  l'Italie  du  Nord.  171 

localités  terminées  de  la  même  façon  dans  la  partie  de  la  pro- 
vince de  Mantoue  qui  est  située  au  sud  du  Pô^  Plus  à  l'est  les 
noms  en  -ago  deviennent  rares,  on  en  trouve  deux  dans  la 
province  de  Modène^.  Le  nombre  total  des  noms  de  lieu  qui 
paraissent  rappeler  le  souvenir  des  Boii  est  donc  de  trente, 
non  compris  les  noms  de  Bologne  et  de  Reggio. 

Nous  ne  savons  à  quel  peuple  rattacher  les  noms  de  lieu 
gaulois  de  la  province  de  Massa  et  Carrara;  il  y  en  a  cinq  5. 

8°  Des  Lingoncs,  il  semble  ne  rien  rester,  sauf  peut-être  les 
trois  noms  de  lieu  en  -aga  des  provinces  de  Ravenne-^,  Forli^ 
et  Ferrare^.  Mais  des  textes  du  ix"  et  du  x^^  siècle  nous  font 
connaître  trois  noms  gallo-romains  de  localités  situées  dans 
les  provinces  de  Ravenne  et  de  Forli  :  dans  la  province  de  Ra- 
venne  une  curtis  Aiireliacus  en  973  7,  dans  la  province  de  Forli 
une  autre  curtis  Aureliacus  en  896*^  et  un  fuiidits  Veriniaca 
en  9749.  On  peut  attribuer  aux  Lingones  l'origine  de  ces 
trois  dénominations. 

9°  Des  Scnones,  le  premier  peuple  gaulois  dont  le  territoire 
ait  été  colonisé  parles  Romains,  il  ne  subsiste  qu'une  trace  géo- 
graphique :  Siui-gaglia.  La  colonie  romaine  de  Sena,  aujour- 
d'hui Sinigaglia,  date  de  l'an  283  av.  J.-C.  ^°;  celle  d'Ari- 
miuiini,  Rimini,  autre  ville  des  Senones,  remonte  à  268  ^^ 


1 .  Gonzaga,  Pegognaga.  Gonzaga  est  appelée  Gon~iaga  dans  une  charte 
de  967  (Tiraboschi,  Metnorie  storiche  Modenesi,  t.  I,  Preuves,  p.  133),  et  le 
nom  de  Pegognaga  se  trouve  écrit  P/o-ojz/aca  vers  1030  (ibid.,  t.  II,  Preuves, 
p.  50). 

2.  Arzagola,  Polinago,  déjà  mentionné  sous  ce  nom  en  1038  (Tira- 
boschi, Memorie  storiche  Modenesi,  t.  II,  Preuves,  p.  33). 

3.  Collegnago,  Corlaga,  Garbugliaga,  Gignago,  Turlago. 

4.  Basiago. 
5  .    Arvaga. 

6.  Gambulaga. 

7.  Fantuzzi,  Monuiiienti  Ravennati,  t.  I,  p.  180. 

8.  Fantuzzi,  ibid.,  p.  97. 

9.  Fantuzzi,  ibid.,  p.  187. 

10.  Polybe,  1.  II,  c.  19,  §  12,  éd.  Didot,  p.  83. 

1 1 .  Voyez  sur  Rimini  les  textes  cités  par  M.  E.  Bormann,  C.  7.  L.,  t.  XI, 
p.  76. 


172  H.  d'Arbois  Je  Jubainville. 

Nous  terminerons  par  une  récapitulation  générale  des  noms 

de  lieux  modernes  de  l'Italie  du  Nord  qui  par  leur  désinence 
rappellent  le  souvenir  des  Gaulois  : 

1°  Salassi 22 

2°  Lepontii 11 

3°  Libici I 

4°  Insubres 143 

5°  Cenomani 103 

6°  Garni 10 1 

7°  Ananes 3 

8°  Boii 30 

9°  Lingones 3 

10°  Senones i 

11°  Peuple    anonyme    dans  la  pro- 
vince de  Massa  et  Carrara^    .  5 

Total 423 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


I .  Les  noms  en  -ago,  comme  les  noms  en  -iUco,  font  défaut  dans  le  reste 
de  la  Toscane.  Voyez  Bianchi,  Toponimia  toscana,  dans  VArchivio  gloUolo- 
gico  diretto  da  G.-L  Ascoli,  t.  X,  1886-1888,  p.  34). 


ESSAI  DE  CLASSIFICATION  CHRONOLOGIQUE 

DE   DIFFÉRENTS   GROUPES    DE 

MONNAIES  GAULOISES 

MÉMOIRE 
LU    A   l'académie    des    INSCRIPTIONS   ET   BELLES-LETTRES 

Dans  Su  séance  du   14  février  iS^o. 


Dans  une  communication  que  l'Académie  a  bien  voulu  en- 
tendre, en  octobre  dernier,  j'ai  dit  qu'en  ce  qui  concerne  le 
classement  chronologique  des  monnaies  gauloises,  j'essaierai 
de  déterminer  des  dates  avec  une  certaine  précision.  Je  viens, 
aujourd'hui,  lui  soumettre  le  résultat  de  mes  premières  re- 
cherches. 

Les  plus  anciennes  monnaies  frappées  en  Gaule  sont  incon- 
testablement celles  de  Marseille;  elles  eurent  une  grande  in- 
fluence dans  la  partie  de  la  Gaule  qui  devint  la  Narbonnaise, 
ainsi  que  sur  l'autre  versant  des  Alpes.  On  ne  peut  admettre 
que  les  Phocéens  aient  apporté  l'usage  de  la  monnaie  à  Mar- 
seille ;  La  Saussaye  le  supposait,  mais  il  n'avait  pas  pensé  que 
lorsque  Euxène  aborda  en  Gaule,  vers  l'an  600  avant  l'ère 
chrétienne,  la  monnaie  commençait  à  peine  chez  les  Lydiens 
qui  mettaient  en  circulation  les  premiers  lingots  d'or  portant 
une  marque  pondérale  officielle;  puis  chez  les  Eginètes  qui 
fabriquèrent  les  plus  anciens  types  monétaires  d'argenté  Je  ne 

I.  Fr,  Lenormant,  Les  Monnaies  dans  l'antiquité,  I,  p,  125  et  seq. 


174  ^-  '■^^  Barthélémy. 

crois  pas  que  l'on  puisse  remonter  plus  haut  que  le  milieu  du 
v''  siècle  av.  J.-C.  A  cette  époque  on  trouve  des  traités  mo- 
nétaires conclus  entre  des  villes  grecques  :  Phocée  est  du 
nombre.  —  On  a  recueilli,  en  Provence,  soit  isolées,  soit  en 
nombre  considérable,  des  petites  pièces  en  argent  que  leurs 
types  autorisent  à  classer  à  des  villes  d'Asie,  de  Grèce  et 
d'Italie  :  Clazomène,  Lampsaque,  Lesbos,  Abydos,  Colophon, 
Egine,  Vélia  ;  on  en  a  trouvé  d'analogues  à  Volterra  en  Italie, 
à  Morella  en  Espagne;  ces  pièces,  contemporaines  entre  elles, 
appartenant  à  un  même  système,  paraissent  procéder  de  ces 
alliances  monétaires  et  avoir  été  répandues  par  le  commerce 
sur  tout  le  littoral  de  la  Méditerranée.  Dans  cette  série  il  s'en 
trouve  qui  semblent  appartenir  à  Marseille. 

Nous  voyons  ensuite  un  autre  groupe  qui  procède  des  mon- 
naies de  Rhoda  de  Tarraconaise  et  de  la  colonie  massaliète 
d'Emporium.  Ce  groupe  joue  un  rôle  important  dans  l'ouest 
et  le  sud-ouest  de  la  Gaule.  Notons  que  la  colonie  phocéenne 
ne  continua  pas  le  système  monétaire  de  la  métropole;  les 
monnaies  des  deux  villes  que  je  viens  de  nommer  procèdent 
de  celles  que  les  Carthaginois  frappaient  en  Sicile  au  m''  siècle 
avant  l'ère  chrétienne.  —  C'est  en  effet  en  Sicile  que  ceux-ci 
commencèrent  à  monnayer  et,  plus  tard  seulement,  ils  émi- 
rent à  Carthage  même  des  espèces  qu'il  n'est  pas  toujours 
facile  de  distinguer  du  numéraire  insulaire.  —  Si  l'on  com- 
parées monnaies  frappées  en  Sicile,  entre  317  et  218  par  Aga- 
thocles,  par  Pyrrhus,  par  Hiéron  II  avec  les  premières  drach- 
mes de  Rhoda  et  d'Emporium,  on  ne  peut  se  refuser  à  constater 
leur  analogie.  Il  n'est  pas  trop  hardi  de  fixer  le  commencement 
de  la  monnaie  punico-ibérique  vers  l'an  280;  j'insiste  sur  ce 
point  parce  que  la  monnaie  de  Rhoda,  considérée  par  quel- 
ques numismatistes  comme  n'ayant  été  frappée  que  pendant 
un  quart  de  siècle,  fut  cependant  copiée  de  ce  côté-ci  des  Py- 
rénées, jusqu'à  la  conquête  romaine,  avec  une  telle  profusion 
qu'il  est  logique  d'en  tirer  deux  conséquences  importantes. 

D'abord,  c'est  qu'entre  l'Ibérie  et  la  Gaule  occidentale  il  y 
avait  des  relations  tellement  multipliées  que  la  colonie  massa- 
liète d'Emporium  se  garda  bien  d'inaugurer  un  monnayage 
différent,  comme  type  et  comme  poids,  de  celui  qui  était  déjà 


Différents  groupes  de  monnaies  gauloises.  175 

employé  dans  cette  région.  —  Ensuite,  c'est  que  la  diffusion 
de  la  monnaie  de  Rhoda  est  due,  sans  doute,  aux  libéralités 
par  lesquelles  Annibal,  vers  220,  se  préparant  à  envahir  l'Italie 
en  passant  par  la  Gaule,  se  concilia  les  peuples  dont  il  avait  à 
traverser  le  territoire  entre  les  Pyrénées  et  les  Alpes.  Il  avait 
affaire  à  des  peuples  essentiellement  mercenaires  et  imitateurs 
chez  lesquels  l'argent  était  le  meilleur  passeport.  —  La  première 
et  la  seconde  guerre  puniques  auraient  donc  contribué  à  donner 
naissance  au  monnayage  de  la  Gaule  du  sud-ouest  et  de  la 
moitié  du  littoral  méridional.  Plus  tard,  sur  les  frontières  de 
l'Aquitaine  et  de  la  Narbonnaise,  le  type  de  Marseille  et  celui 
de  Rhoda  se  combinèrent  ^ 

Jusqu'ici,  nous  n'avons  vu  que  de  la  monnaie  en  argent. 
Dans  le  second  siècle  avant  J.-C.  paraît  une  monnaie  en 
bronze  dont  la  fabrication  semble  circonscrite  entre  les  Pyré- 
nées et  l'Hérault.  Sur  ces  pièces,  d'assez  grand  module,  on  Ht 
deux  ethniques  et  les  noms  de  plusieurs  chefs  qui  prenaient  le 
titre  de  BastAsu;.  Cette  série,  par  ses  types  et  sa  fabrique,  se 
rapproche  singulièrement  des  pièces  de  Phintias,  à  Agrigente, 
vers  280,  et  de  Hiéron  II,  à  Syracuse,  275-215  ;  leurs  proto- 
types ne  remontent  donc  pas  au  delà  du  m*  siècle.  Il  semble 
naturel  d'attribuer  ces  monnaies  à  la  tribu  gauloise  des  Volcae 
établis  à  l'époque  à  laquelle  nous  les  classons  dans  le  bassin 
de  la  Haute-Garonne  et  dans  celui  du  Rhône.  Les  Volcae 
étaient  à  Toulouse,  à  Béziers  et  à  Narbonne  depuis  l'an  280 
environ.  De  nombreux  mercenaires  gaulois  unis  aux  Ligures 
ayant  été  soudoyés  par  les  Carthaginois  prirent  part,  en  Si- 
cile, à  la  première  guerre  punique;  en  249  ils  se  trouvaient 
au  siège  de  Lilybée;  nous  en  voyons  4,000,  à  un  certain  mo- 
ment, réclamer  vainement  leur  paye  et  massacrés  à  Entella  où 
ils  avaient  été  envoyés  sous  prétexte  de  pillage,  mais  après 
que  les  Romains  en  eurent  été  traîtreusement  avertis.  —  Les 
ethniques  dont  je  parlais  plus  haut  sont  ceux  de  Béziers,  et 
d'un  peuple  connu  seulement  par  les  monnaies  jusqu'à  ce 
jour;  il  s'agit  des  Longostalètes  dont  le  type  monétaire,  le  tré- 


I .   Cette  combinaison  fut  favorisée  par  la  confusion  de  la  rose  de  Rhoda 
avec  la  roue  à  quatre  rayons  de  Marseille. 


176  A.  de  Barthélémy. 

pied,  est  emprunté  à  Agrigente.  Ces  bronzes  paraissent  avoir 
été  frappés  assez  longtemps,  à  en  juger  parla  dégénérescence 
des  types  et  l'apparition,  sur  les  moins  anciennes,  d'un  mot 
composé  de  quatre  lettres  celtibériennes. 

Nous  arrivons  maintenant  au  numéraire  d'or,  très  répandu 
dans  une  partie  de  la  Gaule,  mais  dont  on  ne  constate  l'usage 
ni  dans  le  sud  ni  dans  le  sud-ouest,  où  ce  métal  existait,  mais 
en  très  faibles  proportions,  dans  quelques  cours  d'eau.  L'im- 
portation des  premières  monnaies  en  or  peut  être  datée,  puis- 
qu'elles procèdent  des  statères  de  Philippe  II,  roi  de  Macédoine 
(359-336  av.  J.-C).  Les  mines  exploitées  par  ce  prince  en 
Thrace  et  en  Thessalie  produisirent  une  abondance  de  ce 
métal  précieux  comparable  à  l'affluence  d'or  causée  jadis  par  la 
découverte  de  l'Amérique  et,  de  nos  jours,  par  les  pépites  de 
la  Californie.  Philippe  II  fit  frapper  une  quantité  considérable 
de  statères  au  type  du  quadrige,  souvenir  de  sa  victoire  aux 
Jeux  Olympiques;  il  en  inonda  ses  états  ainsi  que  l'Orient; 
on  imita  dans  toute  l'Asie  les  statères  macédoniens  qui  conti- 
nuèrent les  dariqucs  et  devinrent  d'un  usage  général  dans  le 
commerce  antique;  ils  étaient  désignés  sous  le  nom  dephilippcs, 
comme  nous  disons  aujourd'hui  louis  ou  napoléons  pour  indi- 
quer une  pièce  en  or.  Valérien  écrivait  au  procurateur  de 
Syrie  :  «  dabis  Claudio  philippos  nostri  vultus  CL.  » 

Les  Gaulois  aimaient  l'or:  ce  métal  se  trouvait  dans  leur 
sol  et  dans  leurs  rivières  et  ils  s'en  servaient  pour  fabriquer  des 
objets  de  parure,  ainsi  que  de  massifs  bracelets,  longtemps  avant 
de  savoir  le  transformer  en  monnaie  ;  on  pense  même  que 
ces  bracelets  d'un  usage  peu  commode  pouvaient  servir  à  des 
échanges.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  les  statères  ayent  été 
accueillis  avec  un  certain  empressement  dans  la  Gaule.  Les 
premières  imitations  sont  assez  fidèles;  mais,  peu  à  peu,  les 
graveurs  de  coins,  plus  ou  moins  habiles,  altérèrent  leurs 
modèles  et  arrivèrent  à  produire  à  la  longue  des  types  telle- 
ment défigurés  que,  si  l'on  n'étudie  pas  la  suite  des  pièces  pro- 
gressivement dégénérées,  on  ne  peut  deviner  que  certaines 
monnaies  gauloises  en  or  procèdent  des  statères  macédoniens. 
Les  empreintes  défigurées  présentent  quelquefois  des  détails 
tellement  fantaisistes  que  les  archéologues  qui  s'occupent  de 


Différents  groupes  de  monnaies  gauloises.  177 

symbolisme  y  trouvent  l'occasion  de  multiplier  leurs  conjec- 
tures plus  ingénieuses  que  solides.  Je  ne  veux  pas  prétendre 
que  les  graveurs  gaulois  n'aient  pas,  quelquefois,  introduit 
sur  leurs  coins  certains  détails  inspirés  par  le  milieu  dans 
lequel  ils  se  trouvaient,  mais  c'est  très  exceptionnel.  Nous 
connaissons  si  fugitivement  les  croyances  gauloises  qu'il  y  a 
plus  de  danger  que  d'utilité  à  établir  des  hypothèses.  Le  plus 
sage  est  de  chercher  si  telle  figure,  bizarre  à  première  vue, 
ne  s'explique  pas  naturellement  par  la  loi  de  dégénérescence. 

La  plus  ancienne  et  la  plus  active  fabrication  de  philippes 
gaulois  a  été  chez  les  Arvernes;  il  est  très  probable  que 
c'étaient  ces  pièces  que  Luern,  père  de  Bituitus,  jetait  à  ses 
sujets  lorsque,  au  11^  siècle  avant  J.-C,  il  sortait  pompeusement 
sur  son  char. 

On  a  longtemps  discuté  sur  la  route  suivie  par  l'or  macé- 
donien pour  pénétrer  en  Gaule.  On  crut  d'abord  que  les  Gau- 
lois, après  avoir  pillé  Delphes  et  ravagé  la  Grèce  (280-272), 
étaient  revenus  avec  un  riche  butin  ;  une  partie  de  ces  dé- 
pouilles, jetée  dans  le  lac  de  Toulouse,  aurait  été  prise  en  106 
par  le  consul  Cepio.  Mais  il  ne  taut  pas  oublier  qu'une  inva- 
sion de  la  Grèce  par  des  Gaulois  du  sud-ouest  n'est  nullement 
certaine;  on  admet  aujourd'hui  que  les  Volcae  qui  guer- 
royaient en  Orient  venaient  de  la  Germanie,  et  s'il  en  était 
parti  du  sud-ouest  de  la  Gaule,  ils  n'y  seraient  certainement 
pas  revenus  chargés  de  trésors;  j'ajoute  que  l'on  ne  trouve 
pas  de  statères  dans  le  sol  toulousain.  Comme  les  Gaulois 
jetaient  dans  les  fontaines,  les  cours  d'eau  et  les  lacs  des 
offrandes  ou  une  part  du  butin,  la  découverte  de  Cepio  dans 
le  lac  de  Toulouse  et  l'homonymie  des  Volcae  d'orient  et  des 
Volcae  d'occident  ont  sans  doute  donné  naissance  à  la  légende 
de  l'or  de  Delphes. 

D'autres  savants  ont  pensé  que  les  philippes  avaient  pu  venir 
par  la  voie  de  terre,  la  vallée  du  Danube  et  la  Pannonie  à  la 
suite  des  migrations  gauloises  de  l'est  à  l'ouest.  Or,  on  a  cons- 
taté que  dans  tous  les  pays  traversés  par  les  bandes  gauloises 
on  trouve  en  quantité  des  drachmes,  des  didrachmes  et  des 
tétradrachmes  imités  des  monnaies  grecques,  mais  pas  de  sta- 
tères en  or.  Dans  ces  régions  comme  dans  le  reste  de  la  Ger- 
Revuc  Celtique,  XL  12 


lyS  A.  de  Barthélémy. 

manie,  l'argent  monnayé  était  le  métal  préféré.  Tacite  dit,  ii 
propos  des  Germains,  «  argentum  quoque  magis  quam  aurum 
scquuntur  ».  Plus  tard,  après  la  dislocation  de  l'empire  d'Oc- 
cident, cette  préférence  subsistait.  Les  Francs  et  les  autres  peu- 
ples germains  avaient  continué  d'abord  la  monnaie  romaine 
en  or,  mais,  à  la  fin,  par  suite  de  la  centralisation  de  l'or  qui 
eut  lieu  du  fait  des  classes  privilégiées,  particulièrement  du 
clergé,  et  de  la  faveur  traditionnelle  dont  jouissait  l'argent, 
ils  étaient  revenus  peu  à  peu  à  ce  métal  que  les  Carolingiens 
adoptèrent  exclusivement. 

J'estime  que  les ^/;/7z/i^«  sont  arrivés  en  Gaule  grâce  au  com- 
merce, par  Marseille,  le  grand  entrepôt  entre  l'Orient  et  l'Oc- 
cident. Marseille,  à  la  vérité,  frappait  exclusivement  de  la 
monnaie  d'argent,  mais  elle  se  servait  de  monnaies  en  or 
étrangères  qui  avaient  cours  sur  tous  les  marchés  comme,  au 
moyen  âge,  les  florins  de  Florence  dont  le  nom  devint  aussi 
un  terme  usuel  pour  désigner  une  pièce  en  or,  les  ducats  de 
Gênes  et  de  Florence,  les  bezants  d'Orient,  etc. 

En  effet,  la  plus  grosse  dot,  chez  les  Massaliètes,  d'après 
Strabon,  était  de  loo  pièces  d'or,  plus  50  affectées  aux  parures 
d'orfèvrerie  :  les  lois  de  Marseille  faisaient  donc  allusion  à  des 
monnaies  en  or  employées  dans  cette  ville.  Deux  romans 
grecs  qui  ont  entre  eux  une  grande  analogie,  l'un  attribué  à 
Aristodème  de  Nyssa,  l'autre  à  Parthenius  de  Nicée,  parlent 
de  femmes  grecques  enlevées  par  des  Gaulois  et  amenées  par 
ceux-ci  dans  leur  pays.  Suivant  la  version  la  plus  ancienne, 
la  rançon  apportée  pour  le  rachat  de  la  captive  était  de 
2,000  statères  d'or;  dans  la  seconde,  le  ravisseur  porte  le  nom 
de  Cavarus,  et  la  somme  dont  l'époux  s'était  muni  était  de 
2,000  pièces  en  or.  —  Les  imitations  des  statères  macédo- 
niens cessèrent  en  Gaule  lors  de  la  conquête  romaine;  les  der- 
niers portent  les  noms  de  Vercingétorix  et  de  quelques  chefs  de 
la  Belgique,  gravés  en  lettres  latines.  Dans  le  nord  de  la 
Gaule,  en  Helvétie,  en  Rhétie  et  dans  le  Norique,  les  copies 
des  statères  complètement  informes  paraissent,  d'après  les 
légendes  latines  qu'elles  portent,  avoir  persisté  jusqu'au  milieu 
du  i"'' siècle,  avant  l'ère  chrétienne. 

A  l'époque  beaucoup  plus  rapprochée   des  expéditions  de 


Différents  groupes  de  monnaies  gauloises.  179 

César,  époque  qui  coïncide  avec  l'établissement  des  Romains 
dans  la  Province,  les  deniers  de  la  République  servirent  de 
modèles  plus  ou  moins  bien  imités.  Ce  penchant  d'imitation 
portait  quelquefois  les  Gaulois  à  graver  sur  bronze  des  types 
qui,  à  Rome,  étaient  réservés  à  l'argent.  Les  deniers  gaulois 
auxquels  je  fais  allusion  constituent  un  groupe  qui  se  localise 
dans  le  sud-est  ;  ils  forment  une  série  nombreuse  portant  des 
noms  de  chefs  gravés  en  caractères  latins  qui  paraissent  avoir 
été  à  la  tête  des  tribus  connues  sous  le  nom  générique  d'Al- 
lobroges,  de  Voconces  et  de  Cavares  depuis  le  commencement 
du  second  jusqu'au  dernier  quart  du  premier  siècle  avant 
l'ère  chrétienne;  mon  calcul  est  basé  sur  ce  fait  que  l'un  de 
ces  chefs,  Diiiiiacos,  en  même  temps  qu'il  émettait  des  deniers 
copiés  sur  des  prototypes  romains,  flibriquait  aussi  des  oboles 
imitées  de  celles  qui  étaient  frappées  à  Marseille  avec  l'em- 
preinte d'une  roue. 

Enfin  viennent  toutes  ces  monnaies,  postérieures  à  la  con- 
quête, frappées  par  les  peuples  libres  et  alliés  dont  j'ai  déjà 
eu  l'honneur  d'entretenir  l'Académie. 

Pour  me  résumer,  j'indique  ainsi  les  dates  approximatives 
les  plus  anciennes  des  différentes  séries  de  monnaies  gau- 
loises que  j'ai  signalées  aujourd'hui;  je  recevrai  avec  recon- 
naissance les  observations  qui  auront  pour  but  de  rectifier  mes 
propositions.  —  Dans  un  travail  ultérieur,  j'examinerai  les 
monnaies  de  la  Gaule  septentrionale  et  de  l'Armorique. 

Monnaies  de  Marseille  vers 450  avant  J.-C. 

Imitation  de  Rhoda  vers 220         — 

Bronze  de  Beterra  et  des  Longostaletes.       .      Id.  — 

Monnayage  d'or 199         — 

Deniers  d'argent  du  sud-est 100         — 

Monnaies  autonomes  des  villes  libres  et  al- 
liées  50         — 

A.  de  Barthélémy. 


VERSIONS    BRETONNES    DE    LA    PARABOLE 

DE 

L'ENFANT   PRODIGUE 


L 

M.  Loth  a  publié,  Annales  de  Bretagne,  III,  630-642,  et  IV, 
103-108,  dix  traductions  de  ce  texte  fameux,  dans  les  différents 
dialectes  du  breton  moderne;  elles  forment  les  pages  363-380 
de  sa  Chvestomaihic  bretonne.  Deux  seulement  sont  des  repro- 
ductions :  l'une  d'après  Le  Gonidec,  en  léonais,  l'autre  d'après 
Le  Brigant,  revu  par  Le  Gonidec,  en  trécorois. 

L'œuvre  primitive  de  «  teu  M.  Le  Brigant  »,  «  revue  et  cor- 
rigée pour  l'orthographe  par  M.  Le  Gonidec  »  (Mémoires  de 
l  Académie  celtique,  II,  127),  a  subi  de  la  main  du  grammairien 
breton  bien  des  «  corrections  »  qui  ne  tiennent  pas  uni- 
quement à  l'orthographe.  Ainsi  c'est  à  tort  que  dans  le 
deuxième  vocabulaire  qui  suit  son  utile  publication,  M.  Loth 
attribue  l'emploi  du  mot  talvondch  dans  le  sens  de  «  digne  »  à 
Le  Gonidec  et  à  Le  Brigant;  ce  dernier  n'y  est  pour  rien.  Je 
crois  donc  bon  de  donner  ici  le  texte  tel  qu'il  est  dans  les  Elé- 
nieiis  de  la  langue  des  Celtes  Gomérites,  ou  Bretons  ...  par  M"  Le 
Brigant,  avocat  àTréguier;  Strasbourg,  1779,  p.  44  et  suiv.  ; 
j'ajouteseulcment  l'indication  desversetsdesaint  Luc,  chap.  XV. 

AR  MAB  PRODIG. 

II.  Eun  dénn  an  éfoa  daou  vab, 


Parabole  de  r Enfant  prodigue.  i8i 

12.  ar  iaouankan  à  laras  de  dad  :  ma  zad,  reit  din  al  loden 
mado  à  deu  din;  ag  o  fartajas. 

13.  A  neubed  gondé^,  ar  mab  iaouank  gant  é  ail-  draou  à 
bardas  évit  éur  î  vro  bell  ag  enô  a  daibras,  4  è  vado  en  eur  ve- 
van  dreist  muzur. 

14.  A  pan  efoé  dispignet  an  oU,  a  deiias  ar  ghernes  er  voî 
zé,  ag  à  comensas  caout  fod. 

15.  Ag  à  as,  ag  en  eun  la  kaas^  en  servi  eun  dénn  euz  ar 
vro  zé,  à  énn  cassas  voar  ar  mez  da  vessa  ar  moh, 

16.  ag  an  éfoa  hoant  da  gargan  è  goff,  euz  ar  plusk  à  dai- 
bré  ar  moh,  à  dènn  na  rai  déan. 

17.  Kend  ar  fin  en  eun  sonjal  en  an  è  unan  a  laras  :  nag  à 
dud  à  zo  en  ti  ma  zad,  an  euz  bara  ar  pez  à  ghèront!  ag  am- 
man  à  varvan  gant  an  naon. 

18.  Zevel  à  rin,  ag  à  in  dam  zad,  ag  a  larin  dèan  :  ma  zad, 
pehet  emmeuz  ouz  an  ev,  à  diragoh. 

19.  Na  véritan  kên  bèan  galvet  o  mab,  leket  anon  evel 
unan  à  o  mitigien. 

20.  Ag  en  eun  zével  à  deûas  da  è  dad.  Pa  voa  pèll  hoas, 
è  dad  à  voèlas  an  éan/,  à  leun  à  druez  à  rédas,  ag  ag^  enn  bria- 
taas,  ag  à  pokas  déan. 

21.  Ar  mab  à  laras  :  ma  zad,  pehét  emmeuz  ouz  an  ev,  à  di- 
rag  oh,  na  n'on  kén  dign  da  véan  anvet  à  map. 

22.  An  tad  à  laras  daé  vitijen,  digasset  raktal  ar  gaèran  zai, 
ag  hé  gouisket  déan,  leket  eur  bizaour  voar  è  vis  à  botto  en  è 
dréid  ; 

23.  à  digasset  al  loué  lard,  à  lahet  an,  ma  dai  promp9,  à  ma 
réfomp  fest. 

24.  Rag  ar  mab^°,  man  din,  èvoa  marv,  ag  an  euz  adbévet, 
collet  évoa,  ag  é  adcavet.  Ag  à  commansjont  da  ober  cher 
vad, 

25.  è  vap  énan  évoa  er  parko,  à  pa  deuai,  agà^^  tostaai  dàn 
ti  à  glévas  ar  iubans  à  trouz  an  danso. 


I  Liseï  goude.  —  2  Lis.  oU.  —  5  Lis.  eur.  —  4  Cette  virgule  est  de 
trop.  —  5  Lis.  vro.  —  6  Lis.  lakaas  —  7  Lise^  anéati  —  8  Ce  mot  est  ré- 
pété par  erreur  —  9  Lis.  daipromp  (de  *  dcbrhomp)  —  10  Cette  virgule  est 
de  trop.  —  II  Lis.  ag  à 


1 82  E.  Ernaiill. 

26.  Ag  à  halvas  unan  euz  ar  vitigien,  ag  a  houllas  diant  an 
pétra  à  voa  zé  ? 

27.  ag  à  laras  ennes  déan  :  ariv  è  o  preur,  ag  an  euz  groet 
ô  tad  lahan  al  loue  lard,  en  ascont  c  retornet  iah. 

28.  Ma  hlazas,  à  na  deur  vée^  ket  antrènn.  c  dad  et  er 
mez,  en  eun  lakaas  de  bedin. 

29.  Ag  en  en  eun  ghèmer  ar  goms  à  laras  da  é  dad  :  chetu 
kcment  à  vlaio  a  zo  o  servijan-,  biscoas  na  mcuz  trémenet  oh 
urzo,  a  nèp  goez  no  heuz  roet  din  eur  mènn  da  daibrin  gant 
ma  mignoned  ; 

30.  maes  panne-  ariet  ar  mab  man  dah,  an  euz  daibret  è 
vado  gant  plahed  fall,  à  heuz  lahet  èvit  an  al  loué  lard. 

31.  Maés  en  à  laras  dèan  :  ma  map,  houi  à  zo  ghènin  bep 
coulz,  à  kèment  emmeuz  à  zo  ddh; 

52.  maes  ret  à  voa  ober  fest,  à  joa,  rag  o  preur  man  evoa 
marv,  ag  è  adbévet,  collet  évoa,  ag  é  adcavet. 

C'est  là  la  première  en  date  (1779)  des  traductions  bre- 
tonnes de  l'Enfant  prodigue  qui  me  soient  connues.  Ce  texte 
ne  se  ressent  aucunement  de  l'absurde  système  linguistique 
de  son  auteur;  c'est  la  preuve  qu'on  peut  à  la  fois  avoir  des 
théories  philologiques  qui  ne  méritent  pas  la  discussion,  et 
être  un  traducteur  breton  sérieux  et  estimable  dans  son  dia- 
lecte natal.  Le  même  contraste  s'est  rencontré  depuis;  cf.  Rev. 
Celt.,  I,  279,  280. 

Verset  15.  Servi  =  «  (il  ...  se  mit  au)  service  (d'un  des 
habitans)  »,  dans  la  version  française  qui  accompagne  le  texte 
breton,  ne  paraît  pas  être  une  faute  d'impression  pour  servij , 
cf.  servijan,  je  sers,  v.  29.  On  lit,  dans  le  même  ouvrage, 
p.  40,  iiiipli,  emploi,  variante  de  iiiiplij,  cf.  van.  impie.  Le  y 
reste  toujours  dins  piij,  plieh,  il  plaît. 

V.  17.  Keiid  ar  fin  «  à  la  fin  »,  en  petit  Tréguier  hen  ë  fin  : 
Ari  oc'l.)  Jcen  ë  fin!  ah  vous  voilà  enfin  !  on  dit  aussi  'hen  ë  fin. 

V.  19.  Mitigien  «  serviteurs  à  gages  »;  daé  vilijen  «  à  ses 
domestiques  »  22,  ar  vitigien  «  (un)  des  serviteurs  »,  26.  Ce 
mot  veut  dire  proprement   «  servantes  ».  On  dit  de  même 

I  Lis.  deurvée  —  2  Lis.  pann  é 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  1 8  j 

quelquefois  en  Léon  mitisicii,  serviteurs,  et  à  Batz  mîtieon,  ma- 
teheon  dans  le  même  sens,  cf.  mon  Etude  sur  h  dial.  de  B.,  21, 
etRcv.  Celt.,  III,  231,  verset  17.  De  même  hé^çk,  chevaux,  est 
le  pluriel  de  kaT^eh,  jument  (gall.  ccsyg,  juments). 

V.  22.  Biiftour  «  bague  »,  qui  se  retrouve  p.  55,  est  pour 
bi^aoïi,  bixpu,  peut-être  influencé  par  le  mot  aour,  or. 

V.  25 .  Ar  jubaus  «  la  symphonie  (et  le  bruit  de  ceux  qui 
dansoient)  »,  cf.  eur  gri  a  cabans,  un  cri  de  joie,  collection 
Penguern,  VI,  119.  Ce  mot  semble  venir  du  radical  du  fran- 
çais jubilalion,  jubiler,  et  de  la  terminaison  -aucc. 

V.  27.  En  ascont è  «  parce  qu'il  est  ».  On  dit  encore  en 
petit  Tréguier  en  askohd  c,  id.;  en  askond  da  :^c,  à  cause  de 
cela.  Composé  de  coût,  compte;  cf.  l'anglais  ou  account  ofit.  Le 
bret.  asconch,  instruction,  doctrine,  enseignement,  D.  Le  Pel- 
letier, doit  venir  d'un  pluriel  *asconchou,  ou  d'un  verbe  dérivé 
*asconcha;  cf.  pet.  Trég.  abavanch,  un  abat-vent,  au  lieu  de 
* abavant,  à  cause  du  pluriel  abavancho,  etc.,  voir  Dictionnaire 
étymologique  du  breton  uw\cn,  s.  v.  rioig ;  Glossaire  moyen  breton, 
s.  V.  baut,  degre:(^.  Pour  le  sens,  on  peut  comparer  l'angl.  ac- 
count, relation,  récit,  exposé.  Quant  à  Vs,  il  vient  soit  de  celui 
du  V.  fr.  cscouter,  conter,  raconter,  soit  d'une  accommodation 
du  V.  fr.  acoute,  compte,  récit;  acoutcr,  compter,  rendre 
compte,  tenir  compte  de,  raconter,  au  préfixe  breton  r/~-,  cf. 
a^coue:^,  van.  acoueh,  rechute. 

V.  28.  Ma  hla^as  «  ce  qui  l'aiant  fâché  ».  Le  mot-à-mot 
est  «  si  bien  qu'il  devint  bleu  (de  fureur)  »  ;  cf.  Ijag  heu  ker  gla:(_ 
vel  ar  g]i~iuu  «  aussi  bleu  (décolère)  que  le  bluct  »,  Giver'^iou 
Brei~  I::^el,  I,  440  ;  bag  Ijcu  ker  gla;^  evcl  tricbeu  «  la  face  verte 
comme  l'oseille  »,  Bar~a:;^  Brci::^,  éd.  de  1867,  p.  218;  pa\oc'b 
ker  gla::^  evit  rcjin,  ...  pa'~  oc'b  ker  gla::^  bag  ar  uiaro  «  quand 
vous  êtes  vert  comme  du  raisin,  ...  quand  vous  êtes  pâle 
comme  la  mort  »,  316.  Dans  ce  dernier  cas  il  ne  s'agit  pas 
de  colère,  mais  de  douleur.  On  sait  que  gla:^  veut  dire  à  la  fois 
vert,  bleu  et  gris. 

V.  28.  Eneun  Jakaas  (il)  «  se  mit  »,  pour  01  cm  ;  eu  cun  sonjal 
«  en  pensant  »,  17,  cf.  29,  20,  de  eu  un;  confusion  fréquente 
en  trécorois.  Cf.  en  eur  pourvei,  se  pourvoir,  Riniou,  anc.  éd., 
39,  en  ur  scrabat,  s'égratigner,  pa  n'eur  gavont,  quand  ils  se 


184  E.  Ernault. 

trouvent,  40;  en  cur  soumeijoni,  ils  se  soumirent,  An  Avicl, 
18 19,  I,  7,  pcn  eur  gavo,  quand  il  se  trouvera,  ms.  celt.  19, 
Bibl.  nat.  (1815),  ï°  15  v",  cf.  24,  etc.  ;  ous  nem  vcrvel  en 
mourant,  Instr.  voar  ar  hlasphcm,  S'  Br.  1828,  p.  72,  pet. 
Trég.  ou:(n  ini  vervel,  etc.,  cf.  Rcv.  Celt.  V,  488. 

II. 

Je  trouve  de  ce  même  texte  une  traduction  vannetaise  datée 
de  18 t8.  Elle  est  aux  p.  229-232  d'une  concordance  des  évan- 
giles intitulée  Histoer  a  vuhc  Jcsus-Chronist.  Dré  enn  ciitru 
J  :  GéqneJIeu,  ex-c  :  pr  :  c  :  log  :  E  Lorient,  è  ti  Le  Coat  Sant- 
Haoucn,  iniprimourr-Jibrourr.  1818. 

La  voici;  j'ajoute  encore  l'indication  des  versets. 

ER   MAB  PRODIGE 

1 1 .  Un  den  en  doai  deu  vab 

12.  er  ïevanquan  à  nehé  e  laras  di  dad  :  Me  zad,  hreit  deign 
me  lod  danné  péhani  e  zigoéhe  teign.  En  tad  e  bartagas  enta 
i  zanné  itre  zé. 

13.  Un  dé  benec  goudé  er  ïevanquan,  arlèrh  en  dout  pet 
tolpet  tout  er  pèh  e  oai  dehon,  e  ias  de  voïageign  i  méz  à  vro 
ac  e  zispeignas  in  débauche  tout  er  pèh  en  doai. 

14.  Mass,  goudé  en  dout  tout  dismantet,  en  hum  gavoet  e 
ras  ir  vro-cen  ur  famin  vras  ac  n'en  doai  nitra. 

15.  Ion  e  ras  enta  gobre  doh  unan  ag  en  habitantet  ag  er 
vro-ce.  Nezen  i  v;t;str  ir  hassas  di  veiterie  eit  goarne  i  voh. 

16.  Enn  ur  féçon  ma  en  devezai  carzet  en  devout  er  pèh  e 
zaibai  er  môh  de  gargueign  i  gofr,  niîes  hanni  ne  rai  dehon. 

17.  Antin  ion  e  zistroas  doh  ton  i  huenan,  enn  ur  laret  : 
Nac  à  dud  e  zo  i  ti  me  zad  ac  en  dés  tout  bara  inn  abon- 
dance, durant  ma  hon-mé  i  variièle  guet  en  nean  ! 

18.  I  han  enta  de  bartie,  me  iei  de  ti  me  zad  ac  me  lareo 
dehon  :  Me  zad,  me  mes  péhet  inep  d'en  nian  ac  inep  toh  : 

19.  ne  véritan  quet  mui  bout  galûet  hou  mab  :  tra;tet-mé 
èl  en  deùehan  à  hou  serviterion. 

I .   Ce  titre  se  trouve  à  la  table,  p.  590  (non  numérotée). 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  185 

20.  Ion  e  bartias  enta  ac  e  ias  de  gavoet  i  dad.  I  hoai  hoàh 
pèle,  à  p'ir  gûélas  i  dad  péhani  e  gueméras  quentèh  truhé 
doh  ton,  e  ridas  abcn  d'ir  hemer  à  vréhad  ace  vocquas  dehon. 

21.  Me  zad,  e  laras  quentèh  er  mab  dehon,  me  mes  péhet 
inep  d'en  nian  ac  inep  toh  :  ne  véritan  quet  mui  bout  galûet 
hou  mab. 

22.  Nezen  en  tad  e  laras  di  serviterion  :  Digasset  dehon 
promptemant  i  ceintur  quetan  ac  laquet  hi  ar  i  dro.  Arlèrh  la- 
queit  ur  biseû  ar  i  zorn  ac  botteu  enn  i  dreit. 

23.  Digasset  ehiie  ur  laï  lard  ac  làhet  hon.  Anfin,  daibamb 
ac  groamp  chxr-vad  ; 

24.  hrac  me  mab,  péhani  e  uélet  azen,  e  oai  marûe  ac 
chetu  ion  hoàh  i  buhé;  collet  e  oai,  ac  chetu  ion  hoàh  cavet. 
Hint  en  hum  laquas  enta  de  ober  ch^er-vad. 

25.  Durant  en  dra-zen  i  hoai  er  mab  côhan  ir  parcq;  mass 
à  p'en  das  d'er  gùer,  él  ma  tostai  d'en  ti,  ion  e  gleûas  er  han 
ac  en  dance. 

26.  Ion  e  alûas  quentèh  unan  ag^  serviterion  ac  e  oulonas 
guet  hon  petra  e  oai  en  drace. 

27.  Nezen  er  servitour  e  laras  dehon  :  Arriue  ë  hou  prèr 
ir  guèr  ac  hou  tad  en  dèsgroeit  lâheign  ur  laï  lard,  hrac  m'en 
dès  hon  hoàh  cavet  i  buhé. 

28.  Er  mab  côhan  en  hum  o;avas  enta  fachet  bras  à  sue- 
ment-cen  ac  ne  fautai  quet  dehon  onet  in  ti.  Hraccen  en  tad  e 
sortias  ac  en  hum  laquas  d'ir  pedeign. 

29.  M:^s,  aveit  tout  réponse,  ion  e  laras  di  dad  :  Chetu  pe- 
guement  à  amzer  e  zo  à  oudé  ma  hon  doh  hou  servigeign 
hemp  manqueign  nitra  ager  pèh  e  ordrenèh  teign  ac  noàh  ja- 
nic-es  ne  hués  reit  deign  ur  pen  devet,  eit  regaleign  me  amiet  : 

30.  ha  quentèh  mi  ma  arriue  ir  gùer  er  mab-ce  péhani  en 
dès  dismantet  tout  i  dreu  guet  er  merhet  débauchet  hui  e  hués 
abén  laquet  lâheign  ur  laï  lard  aveit  hon. 

31.  Me  mab,  e  laras  en  tad  dehon  ehiie,  hui  e  ùai  berpet 
gueneign  ac  tout  er  pèh  e  mes  e  zo  doh  : 

32.  noàh  ret  mat  e  oai  gober  ur  laeign  ac  en  hum  rejoeis- 

I .  Supplée^  er. 


i86  E.  Ern.iult. 

seign,  hrac  hou  prcr  e  ûélet  amen  e  oai  marùe  ac  chctu  ion 
hoàh  biuet;  collet  e  oai  ac  chetu  ion  hoàh  cavet. 

^'erset  12.  hreit,  donnez,  cf.  hrac,  car,  24,  27,  32,  hraccen, 
à  cause  de  cela,  28  ;  on  ne  lit  r  initial  qu'après  des  mots  pro- 
duisant une  mutation  sur  la  consonne  suivante  :  {/)  ras,  il  fit, 
14,  15  ;  (né)  rai,  il  (ne)  donnait,  16;  (c)  ridas,  il  courut,  20. 
Cependant  m/^  donné,  29,  et  rcî,  nécessaire,  32,  font  excep- 
tion. Cette  double  façon  d'écrire  l'initiale  hr  comme  radicale, 
et  r  avec  mutation  est  la  règle  dans  VHistoer,  malgré  certaines 
inconséquences.  Elle  rappelle  le  traitement  du  gallois  rb,  qui 
s'adoucit  en  r.  Le  signe  hr  répond  à  une  prononciation  spé- 
ciale, semblable  probablement  à  celle  que  j'ai  signalée  autrefois 
en  cornouaillais;  cf.  Rev.  Celt.,  III,  492. 

Quelquefois  VHistoer  semble  présenter  aussi  /;/  initial,  mais 
c'est  une  illusion  :  dans  ma  hiausquas,  si  bien  qu'il  lâcha, 
p.  362,  ma  hJarai,  qu'il  disait,  165,  /  hlarco,  il  dira,  305,  / 
hJaquat,  en  mettant,  61,  etc.,  1'/;  provient  du  mot  précédent, 
cf.  ma  hanaiicljct,  (pour)  que  vous  connaissiez,  164,  /  ])an,  je 
vais,  verset  18  de  notre  texte,  i  hantréeign,  en  entrant,  297,  etc. 
C'est  ainsi  qu'en  trécorois  on  dit  hé  JUstr,  hé  nnatur,  hé  rré,  son 
navire,  sa  nature,  les  siens  (à  elle),  Hingant,  Grammaire,  219, 
de  *he  c'hiestr,  *hec'h  Icstr,  etc.,  cf.  Ijec'h  ine,  son  âme  (à  elle), 
Rev.  Celt.,  VII,  154. 

V.  16.  En  deve:(ai  car~et,  il  eût  voulu,  paraît  d'abord  une 
faute  évidente  pour  caret;  cependant  la  version  de  VEnfant 
prodigue  en  vannetais  de  Belle-Ile  (^Annales  de  Bretagne,  IV, 
107  =  Chrcstoni.,  379),  porte  de  même  en  dévéhc  câr:^et,  et 
M.  Loth  admet  cette  forme  de  participe  dans  son  deuxième 
vocabulaire,  s.  v.  caran.  —  I gofr,  son  ventre;  cf.  cofr,  ventre, 
p.  7;  à  gofr,  du  ventre,  p.  236,  etc. 

V.  18.  Me  lareo,  je  dirai.  La  3^  pers.  sing.  du  futur  n'est 
guère  en  0  simple,  dans  VHistoer,  que  pour  les  verbes  être  et 
avoir  :  e  vo,  il  sera,  en  do,  il  aura,  p,  131;  les  autres  prennent 
eo  :  neaheo,  il  reniera,  e  gaveo,  il  trouvera,  /  holleo,  il  la  perdra, 
p.  131,  e  garreo,  il  aimera,  saiieo,  il  se  lèvera,  p.  63,  etc.,  etc. 
On  Ht  pourtant  antréo,  il  entrera,  p.  239,  m^mtii  antréeign, 
217,  à  cause  de  Ve  qui  précède  la  terminaison;  cf.  antréehct, 
vous  entrerez,  p.  220.  On  pourrait  s'attendre  à  trouver,  au 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  1 87 

contraire,  e  vco,  il  sera  (de  vcî^o),  en  deo,  il  aura  (de  devo,  dcveo, 
deve:^o),  et  neaho,  etc. 

Quelle  est  l'origine  de  cette  diphtongue  ?  Le  langage  de 
Batz  fait  un  grand  usage  de  co  pour  aiu  accentué  à  la  fin  des 
mots,  et  des  doublets  syntactiques  comme  dco  (accentué)  et 
do  (non  accentué)  «  deux  »  ont  donné  lieu,  par  analogie,  à 
des  formations  inverses  telles  que  :^o  et  ~éo  «  (il)  est  »  {Etude 
sur  le  dialecte  ...  de  Bat:^,  p.  3).  Mais  dans  VHistoer  on  ne  voit 
pas  du  tout  paraître  cette  prononciation  eo  pour  aw:  les  plu- 
riels y  sont  en  eu,  «  deux  »  se  dit  dcu  (verset  11),  etc.  D'un 
autre  côté,  ce  sufiixe  de  futur  est  le  seul  cas  où  l'on  puisse 
supposer  une  diphtongaison  de  0  en  eo:  cf.  iiio,  là,  p.  131,  (• 
:^o,  qui  est,  verset  17,  ar  i  dro,  autour  de  lui,  v.  22  de  notre 
texte,  etc. 

Il  fout  donc  avoir  recours  à  l'analogie.  Aurait-on  imité  le 
rapport  des  deux  formes  légitimes  veo  et  vo,  il  sera,  en  donnant 
par  exemple  à  ivo,  il  boira,  une  variante  iveo  (p.  50)?  Ou 
bien  IV  intercalé  vient-il  de  ce  que  toutes  les  autres  personnes 
du  même  temps  ont  une  terminaison  commençant  par  cette 
voyelle  (-nV;7^  -ei ;  -ehemb,  -ehet,  -eint)}  D'autres  explications 
sont  encore  possibles  :  voir  plus  haut,  p.  103,  107. 

V.  28.  Ne  fautai  quel  debon  onet,  il  ne  voulait  pas  venir. 
Onet  est  pour  vonet,  mutation  abusive  de  inonet  ;  cf.  Glossaire 
moy.  bret.,  s.  v.  ah  {Mémoires  de  la  Société  de  linguistique  de  Paris, 
VI,  417,  420). 

V.  29.  Aveit  tout  réponse,  pour  toute  réponse.  L'adjectif  se 
trouve  avant  son  substantif;  construction  assez  fréquente  en 
breton  moderne,  où  elle  est  souvent  un  gallicisme  :  ar  barhar 
Pharaon,  Jraj.Mo.,  i^t,,  ar  c'hruel  Pharaon,  i6^,d'ar  vencrabl 
Jacob,  Traj.  Jac,  107,  prudani  Joseph  /  13  5  ;  van.  er  bur  Su~ane, 
B.  er  .^..494;  divin  Jésus  !  Hisioer,  3  ;  fol  vanité,  pussunius  devccr- 
rance  (plaisirs  empoisonnés),  Voy.  mist.,  105;  ur  sod  incliiut- 
tion,  57;  adorable  vertu,  73;  hé  véritable  boid.ieur,  59;  en  ou 
douce  captivité,  82;  guet  ferme  confiance,  116;  ur  j'ust  punition, 
29,  ur  parf  et  f  délité,  151;  hur  propr  iscldat,  94,  cf.  51,  i  prope 
héritage,  Histoer,  14  {ou  deulegat  prope,  16);  certantud,  cer- 
taines gens,  Voy.  mist.,  57,  cf.  42  ;  0  puissant  Jupiter  !  Jac,  99, 
cf.  hor  galloudus  roue,  notre  roi  puissant,  65  ;  e  vras  madek^,  sa 


i88  E.  Ernault. 

grande  bonté,  105,  van.  turel  ur  bras  seèl  ar  er  héd,  Vcy. 
misL,  129;  ag  ouvad  volante^  de  leur  bonne  volonté,  75,  a  ou 
vad  ha  libr  volante,  54;  dh  queah  inean!  ô  chère  âme,  123, 
pi.  queih  tud,  ^}  ;  en  distér  satisfactioneu-hont ,  ces  légères  satis- 
factions, 38,  un  distér  f al  vlas,  47,  un  distériq  dioustemant,  un 
léger  dégoût,  81  ;  ^r  ureih  i^el,  en  i^el  ureih,  la  Basse-Bretagne, 
Chai,  ms,  V.  vers;  ur  grac  vesten,  une  courte  veste,  Sarm.,  8, 
0  excellant  Omnis  homo!  34,  dispar  Michel  !  (incomparable), 
Serm.,  7,  karadek  brô!  aimable  pays,  Kanaouennou  gant  Bri- 
:^eux,  Paris,  chez  Duverger,  p.  8,  Koantik  Elen  (gentille)  10, 
ar  fur  Caton  (sage),  Rimou,  anc.  éd.,  10,  ar  seul  sujet,  31, 
eun  hahil  architcct,  45,  an  eiirus  ingalite,  l'heureuse  égalité, 
Tad  Gérard,  28,  eun  enorm  cspern,  Catechis  ar  républicann  mad, 
1872,  p.  24;  a  hul'l  ligne,  de  haute  lignée,  G.  B.  I.,  I,  170; 
ar  rust  amser,  le  mauvais  temps,  Introduction  d'ar  vue~  dévot 
(Le  Bris,  1710),  p.  419;  ar  fos  avielou,  les  faux  évangiles,  ./4n 
Aviel,  1819,  I,  6,  actou  ...  a  :{iffcrant  vertu:{iou,  10,  nialheurus 
Judée,  209  ;  Trugar  Jc::^u:i,  klouar  Mari,  Eiinn  dibab  toniou, 
p.  I  (cf.  5rt;-;(.  Br.,  40,  col.  2),  etc.,  cf.  Rev.  Celt.,  IV,  162. 
De  même  en  moyen  breton:  diuers,  Cathell,  5,11;  adiuers 
ha  pell  broe:(you,  de  divers  et  lointains  pays,  12.  Cï.  principal 
barner,  J.  163  b;  reuseudic  hérétiques,  B  125;^;?  trugar  Jésus, 
le  miséricordieux  Jésus,  Gw.  (cité  par  D.  Le  Pelletier)  ;  Dict. 
étyni.,  s.  V.  antier,  ardant,  berr,  bras,  ca:yr,  douar,  a)~,  cren, 
diuin,  don,  drouc,  fall,  fais,  fidel,  fin,  foll,  glan,  goall,  goar, 
goe::^,  guiryon,  hanter,  hec,  hegar,  haual  Çjeuelep),  hir,  holl,  mat, 
meur,  neue~,  fioa::^,  seder,  seuen,  strivant,  vaen,  etc. 


m. 

Il  y  a  d'autres  traductions  bretonnes  imprimées  de  V Enfant 
prodigue  qui  ne  sont  pas  citées  par  M.  Loth  ;  je  connais  les 
suivantes  : 

1°  Morlaix,  1819,  dans  An  Aviel  ha  meditacio)wu,  Tennet 
eus  re  challec  an  Abat  Duquesne,  Gant  an  Otrou  Richard,  Person 
Peurit-ar-Roc'h.   Tom  tri,  chez  Lédan  (p.  294-322); 

2°  Brest,    1851,  dans    Testainant  ncve:^  hou  Aotrou  hag  hor 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  189 

Salvcr  Jésus  Christ,  chez  Ed.  Anner  (p.  140);  réimprimé  avec 
très  peu  de  changements,  Brest,  1870,  chez  J.-P.  Gadreau; 

3"  Guingamp,  1853,  dans  Testamant  neve  eus  bon  Otro  hac 
hou  Salver  Jesus-Christ,  chez  B.  JoUivet  (p.  174); 

4°  Quimperlé,  1858,  d:ins  Bue~bor  Zalver  Je~u:^-Krtst  great 
gant  kom:{ou  ar  pevar  avicler,  par  l'abbé  Henry,  chez  Guffanti- 
Breton  (p.  236); 

5°  Londres,  1883,  dans  Testamant  neve~hon  Aotrou  bag  bon 
Zalver  Jestis-Cbrist,  par  G.  Le  Coat,  imprimé  par  la  Trinitarian 
Bible  Society  (p.  142).  La  traduction  de  saint  Luc  a  paru  aussi 
séparément,  avec  la  même  pagination,  en  deux  éditions,  dont 
l'une  porte  le  français  en  regard. 

Voici  quelques  remarques  sur  ces  textes. 

Le  n°  I  traduit  «  l'Enfant  prodigue  »  par  ar  Mab  Prodig  ; 
le  n°  3  par  eur  buguel  prodig  ;  le  n°  4  par  ar  niap  tre:{er,  ar 
map  prodig,  p.  239,  ar  map  tre:;enner,  p,  417;  le  P,  Grégoire 
donne  armapprodicq.  Le  Gonidec  ar  uiab  giuaU-'::jspiher,  Méiii. 
deVAcad.  celt.,  II,  118,  cf,  126. 

Verset  18  :  da  gaout  (j'irai)  trouver  (mon  père),  n°  i  et  n°  2 
(185 1),  dagaoud,  n°  2  (1870),  da  gaout,  n°'  3,  5;  da  gavout, 
n"4;  =  de  gavct,  haut  vannetais  (^Ann.  de  Bret.,  IV,  104). 
En  petit  Tréguier  ces  mots  ont  deux  prononciations  distinctes. 
Lorsque  la  signification  propre  de  trouver  ou  atteindre,  avoir, 
est  assez  sensible,  comme  ici,  on  dit  de  gavcd,  de  gâd;  mais 
quand  le  sens  primitif  s'est  atténué,  au  point  de  donner  une 
simple  préposition  de  mouvement,  on  n'entend  jamais  le  /  ou 
d  final,  ni  le  v,  et  la  contraction  de  ae  se  fait  en  é  et  non  en 
â  :  xelled  de  gé  kroec'b,  regardez  vers  en  haut  ;  cf,  biskoa:(^  mann 
na  deua:^  ken  eu:(  be  drouk  d'be  gae,  litt,  «  jamais  rien  (la 
moindre  attaque)  de  son  mal  ne  vint  plus  à  lui  (le  trouver)  », 
Bue  sant  Ervoan,  Tréguier,  1867,  p.  77, 

Des  doublets  de  même  genre  sont:  tréc.  uutt,  bien,  ma!  eh 
bien!  van.  bama,  eh  bien  =  ba  ma{f);  pet.  Trég.  eun  dén, 
un  homme,  'n  en,  on,  quelqu'un  :  pë  ve  'n  en,  quand  on  est. 

V,  32,  en  em  iéat,  se  réjouir,  n°  5  ;  dérivé  de  ye,  gye,  ge,  gai; 
cf.  carguet  a  yeoni ,  plein  de  gaieté,  Avanturiou  un  denyaouanq, 
Morlaix,  chez  Lédan,  e  traon  ruar  Fur,  p.  9.  C'est  probablement 
cette  prononciation  gy  pour  g,  qui  empêche  la  mutation  dans 


190  E.  Ernault. 

re  ge,  trop  gai,  G.  B.  L,  I,  368,  374,  376.  Cf.  icol,  herbe, 
de  geot,  ieuu,  marais,  de  gciin,  etc. 


IV. 

Le  Gonidec  a  publié  une  version  de  V Enfant  prodigue  en  léo- 
nais, avec  explication  mot-à-mot  et  traduction  française,  dans 
les  Mémoires  de  V Académie  celtique,  II,  1 18-124,  pour  répondre 
au  désir  que  lui  exprimait  le  Ministre  de  l'intérieur,  Cretet, 
par  lettre  du  26  janvier  1808  (imprimée  ibid.,  p.  125).  En 
1827  a  paru  Testaniant  neve~  bon  Aotrou  Jé:;jt:^-Krist,  du  même 
auteur,  à  Angoulême,  chez  F.  Trémeau;  la  parabole  (p.  102- 
103)  y  présente  quelques  divergences  :  mots  changés,  accents 
différents,  -  pour  s  finale,  etc. 

L'un  de  ces  changements  est  à  noter  :  va  digémérid,  re- 
cevez-moi, verset  19,  est  devenu  va  -igémer,  reçois-moi,  avec 
une  mutation  de  d  en  ~  contraire  aux  règles  posées  par  l'auteur 
lui-même  dans  sa  Grammaire,  Paris,  1807,  p.  22. 

L'abus  qui  consiste  à  traiter  le  d  comme  un  t,  après  les 
mots  qui  produisent  l'aspiration  d'une  initiale  forte,  est  par- 
faitement réel;  je  l'ai  constaté  à  Tressignaux,  en  Goello,  où 
l'on  dit,  par  exemple,  tnë  ~orn,  ma  main.  Cf.  va  ~orn,  Moys., 
149,  pi.  va  :^aoiiarn,  276;  va  :Jouscouarn,  mes  oreilles,  294; 
va  ~aou  vah,  mes  deux  fils,  Jac,  82  ;  va  :;jsohoissançou,  mes  dés- 
obéissances. An  Avicl,  1819,  I,  237;  ma  ::^cl]}ct,  (il)  m'(a) 
tenu,  Quiquer,  1690,  p.  124;  ho  ~cluv,  qui  les  mangera,  ho 
:^ivreïno,  qui  les  «  dépourrira  »,  G.  B.  I.,\,  426,  etc.  De  même 
pour  la  gutturale  :  va  c'hcnou,  ma  bouche,  Jac,  132,  mac'hour- 
c'he)neno,  mes  compliments,  G.  B.  L,  I,  542;  on  dit  à  Tré- 
vérec,  en  petit  Tréguier,  ;;/(''  c'haïur,  ma  chèvre,  /;/  c'haivr  (et 
/;/  gaun-),  sa  chèvre  à  elle,  0  c'Jnnvr  (et  0  gazvr^  leur  chèvre 
(on  dit  toujours  më  griueh,  ma  femme,  mëgar,  ma  jambe). 

En  1866  (et  non  1868,  comme  l'indique  M.  Loth)  a  paru 
à  Saint-Brieuc  la  traduction  complète  de  la  Bible  par  Le  Go- 
nidec, revue  par  Troude  et  Milin.  C'est  de  cette  édition  que 
M.  Loth  a  extrait  la  parabole  de  V Enfant  prodigue.  Elle  ne  dif- 
fère de  la  précédente  que  par  des  détails  d'orthographe  (vers.  13, 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue  1 9 1 

lé,  21,  28),  sauf  deux  mots  changés,  vers.  17  et  30.  Fa  :^i- 
gémer  y  est  resté,  bien  que  la  reproduction  de  M.  Loth  porte 
va  digémer. 

Nous  avons  parlé  de  la  traduction  trécoroise  de  Le  Brigant 
(1779),  dont  la  rédaction  revue  par  Le  Gonidec  (1808)  a  été 
reproduite  par  M.  Loth.  Le  Gonidec  a  fait  disparaître  presque 
toutes  les  particularités  de  la  version  primitive  signalées  plus 
haut  (§  I). 

Deux  autres  versions  citées  par  M.  Loth  se  trouvent  Revue 
Celtique,  III,  48  et  suiv.,  cf.  59  (vannetais  de  Sarzeau  et  de 
Saint-Gildas),  et  III,  230-231  (dialecte  de  Batz,  Loire-Infé- 
rieure). 

1°  Vers.  20,  el  ma  oai  anou  ...  piall,  comme  il  était  ... 
loin;  koU'd  oai  anou,  il  était  perdu,  24,  32,  cf.  a  p'en  duai 
anou  chairrët,  quand  il  eut  rassemblé  (13),  p.  59,  labour  ket 
anei,  elle  ne  travaille  pas,  etc.,  p.  59.  Ce  pronom  explétif  n'est 
pas  absolument  propre  au  dialecte  de  Vannes  :  on  lit  ne  xaleas 
quct  ane:^i  d'eu  cm  laçât  en  ur  goucnt,  elle  ne  tarda  pas  à  se 
mettre  dans  un  couvent,  5«<?~  ar  scent  . . .  lequet  e  bre::^onec  gant 
an  Auirou  Messir  Clauda-Guillou  Marigo,  Person  eus  a  barres 
Bcu~ec-Conq,  Saint-Brieuc,  chez  Prud'homme,  1841,  p.  127; 
ne  ^aleas  quet  ane:yi  goude-se  da  labourât,  elle  ne  tarda  pas  ensuite 
à  travailler,  p.  57e.  Dans  l'édition  vannetaise  Bubé  er  sant. 
Vannes,  chez  Galles,  1839,  les  deux  passages  correspondants, 
p.  160  et  633,  portent  simplement  ne  dardas  quet,  elle  ne 
tarda  pas,  mais  il  y  a  n'cllé  quet  nehou  bout,  il  ne  pouvait  être 
(plus  sévère),  p.  GG,  ne  selle  quet  nehi  doh,  elle  ne  regarde  pas 
au  (privilège),  p.  75,  etc. 

2°  Vers.  14.  Em-pa-chei  hlcîï  =  sans  le  sou,  cf.  Rev.  Celt., 
VIII,  527.  —  Vers.  17,  voir  plus  haut,  §  i. 

Vers.  21.  Dirag  Douhe  «  devant  le  ciel  »,  littéralement  «  de- 
vant Dieu  ».  Parmi  les  lacunes  remarquables  du  vocabulaire 
usité  dans  ce  langage  spécial,  se  trouvent  les  mots  «  ciel  » 
qu'on  remplace  par  «  paradis  »,  paradoueis,  f.,  et  «  arbre  », 
qu'on  emprunte  au  français  :  arbre,  pi.  arbréo. 

Vers.  23.  El  un  de  bane:{eo  =  comme  un  jour  de  noces;  de 
*banve~ou,  plur.  de  banves,  en  léon.  «  banquet  »  (Le  Gonidec, 
i""^  version,  vers.  23,  29,  32;  banve:;^  dans  les  deux  autres).  Cf. 


ic)2  E.  Ernault. 

Etude  sur  le  dial.  de  B.,  i6,  Rev.  Cclt.,  VII,  309.  S'il  sub- 
sistait quelque  doute  sur  cette  étymologie,  il  serait  levé  par 
les  passages  suivants  :  en  overen  haneue:^,  à  la  messe  de  ma- 
riage, Science  er  salvedigueah,  ...  coinposct  dré  ur  person  a  escopti 
Guénet,  Vannes,  chez  la  veuve  Bizette,  ar  el  Liceu,  1821, 
p.  262;  ér  chervat  ba7teue~,  dans  le  festin  de  noces;  érbanhue- 
~ieu,  dans  les  noces,  ibid.  On  voit  par  là  qu'en  vannetais 
banves  «  banquet  »  a  pris  le  sens  spécial  de  «  banquet  de  noces  » 
puis  simplement  de  «  noces  »,  et  que  bane:^eo  est  certai- 
nement un  des  mots  qui  ont  perdu  un  v.  Inversement, 
on  dit  en  français  «  faire  la  noce  »  pour  «  foire  bombance  » 
en  général. 

Vers.  27.  Mid  er  goas,  dit  le  serviteur,  mid  en  tat,  dit  le 
père,  3 1  ;  cf.  e  met  er  prophète,  dit  le  prophète,  e  met  en  dein, 
dit  l'homme,  Science  er  s.,y>-  xxxvii  ;  Et.  sur  le  d.  de  B.,  17,  18. 

Les  huit  versions  nouvelles  données  par  M.  Loth  sont: 
1°  en  dialecte  de  Léon  (Landerneau)  ;  2°  en  dialecte  de  Tré- 
guier  (pays  de  Goello)  ;  3°  en  haut  cornouaillais  (Le  Faouët); 
4"  en  cornouaillais  du  nord-est  (Berrien);  5"  en  bas-vannetais 
(Guémené-sur-Scorff)  ;  6°  en  haut-vannetais  (îles  de  Houat  et 
Hédic);  7"  dans  le  sous-dialecte  de  l'île  de  Groix;  et  8°  en 
breton  de  Belle-Ile  (Locmaria). 

jo  Verset  20.  Dioc'honnlah  (il  eut  pitié)  de  lui.  Ce  mot 
contient  deux  fois  la  préposition  oc'h,  ou~,  cf.  oc'h  outho,  à  eux, 
Rev.  Celt.,  IV,  468.  Quant  à  Vn,  il  se  trouve  aussi  dans 
evintan,  pour  lui,  à  Morlaix,  etc.  (évîhtah,  4°,  vers.  30). 

2°  Vers.  14.  E  un  génies,  une  famine.  Je  pense  que  eu)i  est 
une  faute  d'impression  pour  eur. 

Vers.  15.  En  im  lakad  ...  i'n  gôp  :=  litt.  «  se  mettre  en 
gage  »  et  v.  17,  /'  n  îi  me  ~dd  «  dans  maison  mon  père  »;  il 
faudrait  donc  écrire  in  en  un  mot. 

3"  Vers.  28.  Ne  vénèket  taon,  il  ne  voulait  pas,  cf.  5°  et  7°, 
litt.  «  il  ne  voulait  pas  à  lui  »,  avec  «  il  »  impersonnel.  C'est 
un  mélange  analogique  des  deux  expressions  ne  véné  ket,  8°, 
cf.  6°,  =  «  il  ne  voulait  pas  »,  avec  «  il  »  personnel,  et  ne 
fêlé  két  daon,  4",  cf.  1°  et  2°,  litt.  «  il  ne  fliUait  pas  à  lui  ». 
Une  autre  combinaison  possible  consistait  à  dire,  inversement, 
nef  elle  ket  «  il  ne  fallait  pas  »  dans  le  sens  personnel  de  «  il 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  1 9  j 

ne  voulait  pas  »,  et  on  n'y  a  pas  manqué.  Cf.  Rev.  Cclt.,  IX, 
266,  ti  Etudes  hnt.,  VII,  2^^  article. 

4°  Vers.  21.  Le  mot  éna  doit  être  de  trop. 

5°  Vers.  24,  29,  32.  Cheto,  voilà.  La  p.  465  delà  Cbrcsto- 
mathie  explique  ce  mot  par  sclld-ho  «  voyez-les  »,  «  les  voilà  ». 
Mais  cheto  ne  veut  même  pas  dire  «  le  voilà  »  ;  d'ailleurs  on 
attendrait  chetè,  cf.  anehè,  d'eux,  etrédè,  entre  eux,  v.  12.  Je 
crois  que  cheto  vient  de  chetë  =  chetii.  Uë  très  bref  de  chetë,  en 
petit ■  Tréguier,  est  bien  près  d'un  0.  On  entend  de  même,  en 
bas  Léon  et  en  basse  Cornouaille,  neu^o,  alors,  pet.  Trég. 
neu:(ë,  new^,  de  neu:^e;  en  pet.  Trég.  bromon,  maintenant,  de 
hrëmarï,  hremah;  en  Trég.  melon,  jaune,  blond,  de  iiielën,  lue- 
kn.  Cf.  on,  un,  de  eun,  un,  dans  le  même  dialecte  que  cheto, 
de  chetu,  v.  ir,  13  ^  La  note  de  la  p.  81  de  la  Chrest.  me 
semble  poser  inexactement  les  conditions  de  ce  fait  phonétique, 
et  joindre  à  tort  le  haut  cornouaillaisj!)0/)^  chaque  (vieux  bret. 
pop,  Rev.  Celt.,  IX,  419)  et  le  trécorois  komcret,  prenez  (moy. 
bret.  compret,  prendre). 

Il  y  a  une  lacune  au  vers.  29. 

6°  Vers.  18.  Ne  oan  ket,  je  ne  suis  pas.  Oan  correspond  ici 
en  léonais  à  oun  et  non  à  venn.  C'est  d'une  forme  analogue 
nën  usitée  à  Auray,  que  je  parlais  dans  le  passage  critiqué,  Rev. 
Celt.,  VI,  510. 

Les  versets  19,  20  et  21  manquent  à  cette  version  et  aux 
deux  suivantes.  Celui  qui  est  marqué  19  au  n°  6  est  en  réa- 
lité le  22'^.  Au  n°  8  les  versets  19  à  28  devraient  être  comptés 
22  à  32.  —  Voir  plus  loin  mon  article  sur  la  Cbrestoin.  bret. 


V. 

J'ai  essayé  de  rendre  cette  parabole  en  breton  moyen  à  cause 
de  l'intérêt  que  peut  présenter  le  résultat  de  ce  travail,  comme 
point  de  comparaison  avec  les  dialectes  modernes.  Je  suis  l'or- 
thographe la  plus  commune  au  x\ '•-xvi''  siècle,  et  donne  en 
note  les  variantes  les  plus  importantes.  Toutes  les  formes  se 

I.  Erro,  arrivé,  rime  en  0,  Récit  varhiie^...  Napoléon,  183 1,  chez  Lédan, 
p.  8,  pour  erru. 

Revue  Celtique,  XI.  13 


tÇ)4  K-  Ernault. 

lisent  avec  références  dans  mon  Diciionnaire  étymologique, 
sauf  celles  entre  parenthèses,  dont  le  radical  seulement  se 
trouve  dans  cet  ouvrage.  La  restitution  des  terminaisons  ne 
donne  lieu,  d'ailleurs,  à  aucune  difficulté. 


AN    iMAP^    PRODIC^. 

11.  Un  den  en  deuoa  5  dou4  map. 

12.  Hac  an^  (youancaff)  a  lauaras  de  tat:  Ma  tat,  reit*^  diff 
an  lot  gloat  a  die  coezaff  diff.  Hac  eff  a  (rannas)  e  madou 
entreze". 

13.  Ha  da  penn  nebeut  dezyou^,  an  map  youanc  goude  e 
bout  dastumet  e  oll  danuez9a  yez  dun  bro  pell  hac  eno  ez 
(fritas  ^°)  e  cheuancc  o  beuaff  en  lichezry  ^^ 

14.  Ha  pen  deuoe^-  dispingnet  c  oll  moyen,  ez  hoarvoe  un 
quernez^^  bras  ^4  abarz^>  en  bro  liont,  hac  cfF  a  dezrouas  ezo- 
mecat. 

15.  Ha  monet  a  gueure^''  den  em  lacat  enseruigun  den  an 
bro  se,  peheny  e  caccas  dun  ty  oar  an  maes  da  miret  an 
moch. 

16.  Hac  etfa  (carse)  leunyaff^"  e  coft'gant  an  (plusq)  a  (de- 
bre)  an  moch,  hoguen  den  en  bet  '^^  no  (roe)  dezaff. 

17.  En  diuez  pan  em  soungas  ez  lauaras  ennhatf  e  unan  : 
Peguement  a  (goestloueryen)  so  en  ty  ma  tat  père  o  deuez 
bara  do  goalch,  ha  me  so  aman  oz  meruell  gant  an  naffii! 

18.  Seuell  a  riiî^9  ha  monet  dauet  ma  tat,  ha  me  a  lauaro 
dezatF:  Ma  tat,  (pechct)  cm  eux  a  enep  dan  netf  hac  ouz  enep. 

19.  Ne  (dellezaft"-°)  quet  bout-^  galuct  quen  oz--  map;  ma 
(quemeret)  euel  unan  oz  seruigeuryen. 

20.  Hac  ez  sauas  ;  hac  ez  aez  dauet  e  tat.  Hoguen  pan  edoa 
hoaz  pell,  e  tat  e  guelas  hac  en  deuoe  truez  outaff;  hac  en  un 
redec  ez  (lammas)  de  gouzouc  hac  ez  (poquas)  dezaff. 


Variantes:  i  buguel.  —  2  relarg.  —  3  defîoa,  doa  —  4  daou.  —  5  Hac 
en;  han.  ^  6  roit.  —  7  (cntrezo)  —  8  dezyaou;  (dezuezyou)  —  9  dan- 
fuez,  daffnez  —  10  (teuzas)  —  11  paillardiez.  —  12  "dcffoue,  doe  — 
13  naounder  —  14  meur  —  15  ebarz.  —  16  guereu,  gueureu.  —  17  car- 
gafF.  —  18  hoguen  gour.  —  19  grifF,  gruif.  —  20  (meritaff),  (diseruigaft). 
—  o.T  bezaff  —  22  hoz,  houz,  oz,  ouz,  ho. 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  195 

2 1 .  Hac  e  map  a  lauaras  dezaff  :  Ma  tat,  (pechet)  em  eux 
a  enep  dan  neff  hac  ouz  enep,  ne  (dellezaff)  quet  bout  galuet 
quen  oz  map. 

22.  Hoguen  an  tat  a  lauaras  de  meuelou  :  (Digaczet)  buan 
e  sae  quentaff  ha  (guisquit)  y^  dezaff;  ha  lequet^  un  goalenn^ 
oar  e  bes-^  ha  botou  en  e  treit. 

23.  (Digaczet)  iuez5  an  lue  (lart*^),  ha  (lazet)  aff;  (de- 
bromp)  ha  grueomp'  banves. 

24.  Rac^  an  map  man  dift  a  ioa  maru,  hac  ezeu  daczor- 
chet;  collet  edoa,  ha  caffet  eu.  Hac  o  em  lequesont  dober  cher 
mat. 

25.  Hoguen  an  map  henaff  a  ioa  en  maesou  ;  a  pan  (dis- 
troas)  ha  bezaff  tost  dan  ty,  ez  cleuas  an  can  han  coroll. 

26.  Hac  ez  (galuas)  unan  an  meuelou,  ha  goulenn  outaff 
petra  voa  deze9  ober  se. 

27.  Heman  a  (respontas)  dezaff:  Oz  breuzr  a  so  deut  ^°  dan 
kaer,  hac  oz  tat  en  deuz"  groaet^-  lazaff  an  lue  (lart)  dre  mazeu 
(retornet)  yach  ha  salu. 

28.  Oarse  ez  deuz  den  em  colery  ^5,  ha  ne  deuruihe  quet 
antren.  Hoguen  e  tat  a  yez  en  maes  hac  en  em  laças  de  pidiff. 

29.  Ha  hennez  en  un  respont  a  lauaras  de  tat:  Meur  a  bloaz 
so  aba  edoff  endan  hoz  damany,  ha  biscoaz  nemeux  (torret) 
hoz  gourchemennou,  ha  nepret  noz  eux  roet  diff  un  menn  den 
em  louenhat  gant  ma  mignonet. 

30.  Hoguen  quen  tiz  mazeu  deut  an  map  man  deoch^4,  pe- 
heny  en  deux  debret  e  danuez  gant  mcrchet  flill,  oz  eux  lazet 
an  lue  (lart)  euit  haff. 

31.  Hac  an  tat  a  lauaras  dezaff  :  Ma  map,  huy  a  uez  bepret 
gueneff,  haquement  ameux  a  so  deoch  huy. 

32.  Hoguen  ret  e  oa  ober  banves  hac  on  em  reiouissaff, 
rac  an  breuzr  man  deoch  a  ioa  maru,  hac  ez  eu  daczorchet, 
collet  edoa,  ha  caffet  eu. 


Variantes:  i  aff;  sae  était  des  deux  genres.  —  2  lyquit  —  3  besou  — 
4  bis  —  5  euez  —  6  Ce  mot  ne  se  trouve  que  comme  substantif,  v  du  lard  »; 
mais  il  y  a  son  dérivé  lardaff',  engraisser.  —  7  greomp,  gruemp  -^  8  Er  ; 
dre  mazoa  an  map  man  diff.  —  9  dezo  —  10  deuet,  duet  —  11  deueux 
—  12  graet,  great,  gret,  gruet,  groat.  —  13  J'emprunte  cette  expression 
au  Glossaire  nioven-breton.  —  14  dich,  dech. 


196  È.  Érnautt. 

Verset  13.  Eno,  là  (où  il  est),  sans  mouvement,  léon.  eno, 
van.  iiiou:  bccd  inou,  jusque-là,  Voy.  mist.,  126,  peèl  dohinou, 
loin  de  là,  91,  a-inou,  delà,  d'i}wu,  là  (avec  mouvement),  l'A.; 
tréc.  eîie  (rime  à  mené),  Traj.  Moyses,  255,  cf.  /;/;•/(',  aujour- 
d'hui, ane:^e,  eux,  ibid.,  =  léon.  hi':^io,  ane~o;  tréc.  achane,  de 
là,  léon.  ac'hano  (moy.  br.  ahane,  ahano;  aiie^e,  ane:(o;  de:(e  et 
de:{0,  à  eux,  etc.).  Eno  veut  dire  proprement  «  dans  lui,  dans 
cela  »,  van.  enou,  cf.  van.  dehou,  à  lui,  comique  dotho,  etc., 
voir  Dict.  étym.,  v.  ane:(of,  de  lui,  et  Loth,  Rev.  Celt.,  IX,  361; 
pihiie-benac  e  gare  en  danger  e  hum  golloii  éii-ou,  celui  qui  aime 
le  danger  y  périra,  Bube  er  s.,  260  (i.  e.  «  dans  lui  »,  et  non 
«  là  »). 

V.  15.  Monet  a  gueure,  il  alla,  tréc.  monet  a  eure:  cf.  guervel 
a  euré,  il  appela,  verset  26,  respond  a  eure,  il  répondit,  ver- 
set 29,  etc.,  dans  le  Testamant  neve,  Guingamp,  1853. 

V.  31.  Euit  baff,  pour  lui.  Je  crois  qu'il  y  a  en  breton 
moyen  deux  mots  différents  :  1°  eguet,  que,  après  un  compa- 
ratif, léon.  egct,  =  comique  âges,  agis,  et  2°  euit,  pour,  léon. 
evit,  ■=  comique  aiuos,  atues.  Le  second,  euit,  s'emploie  quel- 
quefois en  moyen  breton  à  la  place  du  premier,  eguet,  comme 
cela  arrive  encore  au  trécorois  eiuit,  luit  et  au  vannetais  aveit, 
eit;  mais  l'échange  inverse  n'a  point  heu.  Le  moyen  breton 
eguit,  mélange  de  eguet  et  de  euit,  se  trouve  dans  les  deux  sens; 
il  est  étranger  au  breton  moderne. 


VL 

En  dehors  des  traductions  proprement  dites,  il  y  a  en  bre- 
ton, à  ma  connaissance,  deux  cantiques  et  deux  pièces  drama- 
tiques sur  l'Enfant  prodigue. 

Le  premier  cantique  se  trouve  dans  les  Heuryou  de  Le  Bris 
(approbation  de  1724;  permission  d'imprimer  de  1775),  p.  135- 
137.  Le  pécheur  repentant  s'applique  par  ahégorie  les  princi- 
pales circonstances  de  la  parabole  évangélique,  en  s'arrètant 
après  le  verset  24.  Dans  les  Heuriou  Brexpnec,  Saint-Brieuc, 
chez  Prud'homme,  1856,  le  texte  est  reproduit  aux  mêmes 
pages,  sans  changement  notable. 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  1 97 

Dans  l'intervalle  avait  paru  le  livre  de  l'abbé  Henry,  Kana- 
OHcniiou  sautcl ,  chez  Prud'homme,  1842,  qui  contient  le 
même  cantique,  p.  108-110,  avec  beaucoup  de  changements 
orthographiques  et  quelques  autres.  L'air  est  indiqué  ainsi  : 
«  Ton  :  Evit  digant  Doue,  41  »,  par  le  commencement  du 
cantique,  et  ne  sert  que  pour  celui-là  (il  est  noté  p.  25  deEunn 
dibab  touiou,  chez  Prud'homme,  1842);  les  Heures  de  Le  Bris 
portent  :  «  Var  an  ton  :  Brei~-I~el,  mam  ar  saut  (air  différent 
et  commun  à  deux  autres  cantiques  des  Kanaouennoti ;  noté 
p.  27,  28  du  Dibab,  n"  46),  La  nouvelle  édition  du  recueil  de 
l'abbé  Henry,  Kantikou,  Quimperlé,  1865,  ne  contient  plus 
le  cantique  de  Le  Bris,  et  n'indique  pour  aucun  l'air  n°  41, 
tandis  que  l'air  46  reste  employé. 

Voici  les  deux  premiers  vers  de  la  4"  strophe  :  0  ve:^a  fouil- 
le~et  Va  oll  vad  erguisse,  «  ayant  dissipé  tout  mon  bien  ainsi  » 
(Heuryou) ;  les  Heuriou  de  1856  ont  erguisse;  et  les  Kanaouen- 
nou,  O  ve~a  founilhet  Va  oU  vad  er  ghi~-se. 

Le  mot  fouiUc:^et  «  dissipé  »  veut  dire  proprement  «  ef- 
feuillé »  ;  ci.fouiUe:^et  «  plein  de  feuilles  y),  foille::tr  «  effeuilleur, 
lat.  frondator  »,  C  h,  s.  v.  delyenn.  Ne  le  connaissant  pas, 
l'abbé  Henry  l'a  remplacé  par  un  autre,  qui  lui-même  lui  a 
semblé  avoir  besoin  d'explication,  car  dans  le  petit  glossaire 
de  termes  peu  connus  qui  précède  son  recueil,  il  donne  : 
«  fouuilha.  Entonner,  dissiper  »  (p.  iv).  Le  P.  Grégoire  ne 
cite  foiinilla,  foulina,  entonner,  qu'avec  le  sens  propre  de 
«  verser  avec  un  entonnoir  i->,fou}iill,  fou! in  (==  bas  lat.  *fuii- 
diculiini,  pour  (in)fu}idibiiJuni,  cf.  gascon  hounilh,  etc.),  mais 
des  figures  de  ce  genre  sont  familières  aux  Bretons  :  tn'~er,  pi. 
ou  «  entonnoir  »,  et  aussi  «  celui  qui  entonne  des  bouteilles 
de  vin  »,  c'est-à-dire  qui  boit  «  beaucoup  et  goulûment  », 
tre~er,  pi.  cd,  prodigue,  Grég.  Qre~er,  prodigue,  P.  Maunoir), 
=  moy.  bret.  trac:^cr  «  couloire  »,  d'un  bas  lat.  *  tracta  r- 
(pour  trajectoriuui)  d'où  aussi  l'allemand  trichter,  anciennement 
trabter  (cf.  trci~er,  entonnoir,  Pel.,  ire:(^a,  prodiguer  Mau., 
Grég.,  moy.  bret.  trei:^i,  faire  passer,  faire  faire  un  trajet  en  ba- 
teau, van.  tréhein,  tréhatt^UK.,  =  *trajectare').  De  mèmeaolier 
veut  dire  «  un  entonnoir  »  et  «  un  ivrogne  »  (en  Cornouail- 
lais,  Twuào),  \:in.  avouillétte,  m.  entonnoir,  L'A.,  de  avouil- 


198  E.  Ernault. 

/aw^ remplir  un  tonneau...  qui  a  diminué,  en  français  de  hrt- 
t3.gne  avouiller,  L'A.,  v.  franc,  aeullier  «  remplir  un  tonneau 
jusqu'à  l'œil  ou  bondon  »,  Du  Gange,  =  b.  lat.  *adoc'lare. 

La  parabole  de  l'Enfant  prodigue  a  été  aussi  mise  en  vers 
bretons,  sous  ce  titre:  Cantic  ar  hitguel  prodi^  ...  var  ton  ar 
Fais  Phividic,  chez  Lédan,  rue  ar  Pave,  8  pages.  Ce  cantique 
ne  comprend  pas  la  fin  de  la  parabole  depuis  le  verset  25  ;  en 
revanche,  il  contient  des  détails  pittoresques  qui  ne  sont  pas 
paroles  d'Evangile.  En  voici  un  couplet  :  «  C'était  un  jeune 
homme  qui  ne  s'inquiétait  point  d'où  lui  venait  le  bien,  quand 
il  ne  le  gagnait  pas  :  l'argent  se  dissipait  en  ses  mains  comme 
la  grêle  ou  comme  la  rosée  du  mois  de  mai  ;  il  faisait  bonne 
chère,  il  jouait  »  (p.  2).  Ses  parents  étaient  chrétiens,  et 
«  priaient  chaque  jour  pour  lui  Jésus  et  sa  mère  Marie  ». 

Le  rôle  du  père  n'est  plus  si  débonnaire  que  dans  l'original  : 
son  fils  lui  demande  pour  la  première  fois  sa  portion  d'héritage, 
à  l'âge  de  quinze  ans,  et  il  ne  l'obtient  que  quand  il  en  a  vingt- 
cinq  (p.  2,  3).  Le  contraste  est  plus  frappant  encore  dans  la 
scène  du  retour.  L'enfmt  prodigue  arrivé  devant  la  maison 
paternelle  prie  Dieu  de  lui  donner  le  courage  de  se  présenter  à 
son  père,  puis  il  entre  et  s'humilie  devant  lui,  qui  est  loin 
d'aller  à  sa  rencontre  pour  l'embrasser,  de  confiance,  comme 
dans  l'Evangile. 

Le  fils  a,  du  reste,  sur  la  conscience,  quelque  chose  de  plus 
que  son  prototype.  Après  avoir  reçu  «  trente  mille  écus  en  or 
fin  et  en  argent,  bien  comptés,  dans  une  boursée  »,  et  les 
avoir  dissipés  à  l'auberge,  chassé  de  là  à  coups  de  bâton,  il 
était  revenu  chez  son  père,  qui  l'avait  logé  une  nuit  par  cha- 
rité, sans  le  reconnaître,  et  il  était  parti  la  nuit  en  emportant 
«  les  plus  beaux  vases  d'or  et  d'argent  »  dont  il  devait  manger 
et  boire  le  prix,  à  la  même  auberge  ! 

Ce  second  cantique,  dont  le  premier  vers  est  :  Enicnlit  oll 
Breionet,  bac  e  clêjot  cana,  n'est  pas  inconnu  du  peuple,  j'en  ai 
entendu  des  fragments  de  la  bouche  de  personnes  illettrées. 
On  colporte  aussi  en  Bretagne  un  cantique  français  sur  l'En- 
fant prodigue,  avec  gravure  coloriée  représentant  son  retour 
à  la  maison  paternelle  (chez  Pellerin,  Imagerie  d'Epinal,  n°4); 
il  est  sur  l'air  :   Un  jour  le  berger  Tyrcis,  et  commence  ainsi  : 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  19c) 

«  Je  suis  enfin  résolu  ».  Les  versets  25  et  suiv.  du  texte  sacré 
n'y  sont  pas  rendus.  Mais  il  ne  présente  aucune  des  autres 
particularités  signalées  dans  le  second  cantique  breton. 

Le  ms.  celtique  19  de  la  Bibliothèque  nationale  renferme 
une  Trajcdienar  inap prodic ;  on  lit  à  la  fin  qu'il  a  été  «  corrigé  » 
par  François  Derrien  de  Guerlesquin,  arrondissement  de  Mor- 
laix,  en  janvier  181 5.  Une  note  ajoutée  au  f°  3  porte  :  «  Pièce 
jouée  en  l'an  1836  et  1837  »,  Les  vers  sont  en  général  de 
douze  syllabes.  Voici  un  court  résumé  de  cette  pièce,  qui  a 
douze  personnages. 

F°  4,  premier  prologue,  pour  demander  Tindulgence  aux 
auditeurs,  surtout  aux  hommes  de  loi;  f°  5  v°,  un  berger  ra- 
conte en  gros  à  une  demoiselle  l'histoire  qu'elle  va  voir  repré- 
senter. 

F°  8.  Acte  i"''.  Trois  donzelles  engagent  le  fils  prodigue  à 
demander  son  argent  à  son  père.  Il  prend  un  domestique  qui, 
après  avoir  hasardé  quelques  avis  timides,  est  prêt  à  le  suivre. 
F"  II.  Louis,  le  prodigue,  réclame  insolemment  son  bien,  et 
menace  d'avoir  recours  à  la  justice.  «  Il  a  22  ans,  il  veut  s'amu- 
ser; trois  jeunes  femmes  l'attendent  cette  nuit  même  ».  Le 
père  lui  montre  sa  mère  en  pleurs,  qui  le  supplie  à  son  tour; 
elle  lui  parle  d'un  mariage  projeté  avec  une  voisine.  Louis 
répond  :  «  Que  mon  frère  la  prenne  !  »  et  il  adresse  des  in- 
jures à  ce  frère.  Enfin  il  reçoit  trente  mille  écus  marqués,  et 
part. 

F°  14.  2*^  acte.  Louis  fait  bombance  avec  les  trois  filles  dans 
une  auberge  où  ils  boivent  du  vin  de  Bordeaux,  du  café,  etc. 
Puis,  voulant  aller  à  la  chasse,  il  prend  un  fusil  à  deux  coups, 
de  la  poudre  et  du  plomb  ;  il  dédaigne  d'emporter  ses  clefs 
comme  le  lui  conseillait  le  domestique.  Ils  partent  tous  deux. 
Accablés  de  fatigue,  ils  reçoivent  l'hospitalité  dans  un  château. 
Ensuite,  ayant  soif,  le  prodigue  voit  une  fontaine  se  dessé- 
cher à  son  approche  ;  «  effet  de  la  malédiction  paternelle  !  » 
s'écrie  son  valet. 

F°  10  \°.  'y^  acte.  Louis  n'avait  pas  voulu  emporter  ses  clefs 
ni  mettre  son  argent  dans  un  cabinet  proposé  par  l'hôtesse; 
les  filles  s'entendent  avec  celle-ci  pour  le  voler.  Elle  lui  pré- 
sente un   compte    d'apothicaire.    Le   domestique  se    récrie  : 


200  E.  Ernault. 

«  Trente  mille  écus  mangés  en  huit  jours  avec  quatre  fem- 
mes !  »  Le  prodigue  ne  veut  pas  que  son  valet  parle  mal  de  ces 
filles.  «  Viens,  dit-il,  chez  mon  père,  nous  y  trouverons  de 
l'argent  ».  F°  20.  «  Aveugle  que  vous  êtes,  reprend  le  domes- 
sique,  vous  n'aurez  pas  de  repos  qu'elles  ne  vous  aient  battu  !  » 
L'hôtesse,  voyant  Louis  las  et  faible,,  lui  fait,  par  compassion, 
préparer  un  souper  pour  lequel  «  elle  ne  lui  demande  rien  ». 
Le  malheureux  les  remercie.  «  M'est  avis,  dit  le  valet,  que 
vous  avez  bien  sujet  de  vous  montrer  leur  obligé,  pour  la 
charité  qu'elles  vous  font  avec  votre  argent!  » 

Ils  s'en  vont  la  nuit  chez  le  père.  Ne  pouvant  trouver  les 
clefs  de  l'armoire  où  est  l'argent  en  espèces,  archant  gret,  Louis 
veut  prendre  l'argenterie.  Mais  son  domestique  a  peur  de  la 
prison;  le  prodigue  le  fiit  aller  au  grenier  «  où  il  y  a  du  blé 
dont  personne  ne  sait  le  compte  ».  Le  valet  se  met  à  emporter 
des  sacs  jusqu'à  ce  qu'il  n'en  puisse  plus,  et  qu'il  demande 
grâce.  Le  prodigue  voudrait  pouvoir  tout  prendre,  a  quand 
son  père  devrait  aller  chercher  son  pain  ».  Son  compHce 
est  «  près  de  s'évanouir  en  entendant  de  pareilles  raisons  », 
et  lui  reproche  d'être  un  fils  dénaturé.  Ils  retournent  à  l'au- 
berge. 

F°  22.  Les  trois  filles  jouent  aux  cartes  avec  le  domestique, 
à  condition  que  celui  qui  verrait  son  adversaire  tricher  gagne- 
rait la  partie  ;  mais  cette  convention  se  retournant  contre  elles, 
elles  jettent  les  hauts  cris.  Le  prodigue  entre  au  bruit  et 
blâme  son  valet  de  faire  affront  à  des  personnes  si  honorables. 
F°  23.  Alors  celui-ci  en  a  assez;  il  demande  ses  gages,  et 
quitte  son  maître,  non  sans  lui  prédire  la  ruine.  F°  23,  v°. 
Nouveaux  comptes  d'apothicaire  de  l'hôtesse  :  Louis  a  épuisé 
le  produit  de  son  vol.  «  Coquines!  s'écrie-t-il,  si  vous  ne  me 
gardez  pas  huit  jours,  j'irai  vous  dénoncer  comme  voleuses  !  » 
On  le  dépouille  de  ses  habits,  et  on  le  menace  de  l'échauder 
s'il  ne  s'éloigne.  Alors  il  reconnaît  que  les  prédictions  de  son 
père  sont  accomplies,  et  maudit  mille  fois  les  drôlesses. 

Un  fermier  à  qui  il  demande  de  l'ouvrage  le  traite  de  déser- 
teur et  de  mauvais  sujet,  puis  consent  enfin  à  l'emplover  «  à 
défendre  les  pourceaux  des  loups  ». 

F°  26.  4^  acte.  Manasscs  et  Neptany  s'entretiennent  de  la 


Parabole  de  l'Enfant  prodigue.  201 

mésaventure  du  prodigue.  Ils  vont  chasser  les  cerfs  et  les  per- 
drix, et  se  flattent  de  lui  faire  envie. 

F°  29.  5"  acte.  Le  prodigue  est  avec  ses  pourceaux.  Il  fait 
de  sérieuses  réflexions  et  prie  le  Sauveur  et  la  Vierge  Marie. 
Il  arrive  à  la  porte  de  son  père  et  lui  parle.  «  Vous  me  l'aviez 
bien  dit  !  »  Il  demande  pardon  aussi  à  son  frère  et  à  toute  la 
famille.  F°  32.  Son  frère  lui  pardonne  en  pleurant,  et  lui  pro- 
pose spontanément  de  faire  un  nouveau  partage  égal  des  biens 
paternels.  Il  ne  le  laisse  pas  prosterné  à  ses  genoux,  mais  le 
relève  et  l'embrasse.  F°  33.  «  Le  dernier  prologue  »,  ar  prolog 
divea. 

Il  y  a  dans  cette  tragédie  quelques  expressions  mytholo- 
giques ;  il  y  est  question  de  Bacchus,  de  Cupidon,  de  Vénus 
et  d'Iris.  Le  vol  nocturne  dans  un  grenier  peut  être  une  rémi- 
niscence d'un  épisode  semblable  de  la  Vie  de  saint  GwenoU, 
lequel  remonte  au  moyen  âge,  cf.  D.  Le  Pelletier,  s,  v.  cit, 
grignol.  Le  miracle  de  la  fontaine  rappelle  des  prodiges  en 
sens  contraire  opérés  par  saint  Devy  et  sainte  Barbe,  dans 
deux  autres  mystères  en  moyen  breton.  Enfin  il  y  a  aussi  une 
scène  de  chasseurs  dans  la  Vie  de  sainte  Nonne,  et  une  partie 
de  cartes  dans  Saint  Gwennolé  (éd.  Luzel,  p.  184  et  suiv.). 

Selon  une  remarque  de  Ch.  Nisard,  appuyée  par  M.  Petit 
de  Julleville,  les  cantiques  populaires  peuvent  être  considérés 
comme  des  débris  de  l'ancien  théâtre  religieux.  L'Histoire  de 
la  vie  de  sainte  Barbe  présente  un  exemple  breton  de  ce  fait  (cf. 
l'Introduction  de  mon  édition  du  mystère,  p.  iv-v)  ;  nous  en 
trouvons  ici  un  nouveau.  Le  second  cantique  analysé  plus 
haut  contient  des  éléments  communs  au  drame  populaire  : 
somme  de  30,000  écus,  retour  à  la  même  auberge,  et  d'autres 
de  nature  semblable,  quoique  présentés  différemment.  Le 
cantique  le  fait  dépouiller  de  ses  vêtements  et  frapper  au  pre- 
mier voyage  à  l'auberge,  et  la  tragédie  au  second,  ce  qui  est 
plus  conforme  à  la  vraisemblance  dramatique.  En  revanche,  je 
croirais  volontiers  que  le  cantique  a  suivi  une  version  plus 
ancienne  que  notre  ms.,  en  parlant  de  l'hospitalité  donnée  au 
prodigue  chez  son  père,  et  non  dans  le  château  d'un  étranger, 
et  en  le  faisant  accomplir,  et  non  pas  seulement  projeter  le 
vol  de  l'argenterie.   Il  semble  que  Voltaire   ait  eu   connais- 


202  E.  Ernault. 

sance  de  ce  dernier  trait;  car  on  lit  dans  sa  comédie  L'Enfant 
prodif^ue,  acte  I,  scène  i  : 

Te  souvient-il... 

Qu'il  te  vola... 

Chevaux,  habits,  linge,  meubles,  vaisselle. 

Pour  équiper  la  petite  Jourdain, 

Qui  le  quitta  le  lendemain  matin? 

La  deuxième  tragédie  dont  il  reste  à  parler  a  été  imprimée 
à  Landerneau,  en  1883,  sous  ce  titre  :  Istor  ar  mah  prodic 
(viii-88  p.);  l'auteur  n'a  signé  que  des  initiales  B.,  recteur 
de  L.  Il  a  soigneusement  observé  les  trois  unités,  qui  se  trou- 
vent même  expliquées,  p.  v.  Il  y  a  huit  personnages;  les  vers 
sont  des  alexandrins.  La  p.  vu  contient  un  résumé  de  l'action. 
La  scène  de  cette  pièce  en  trois  actes  se  passe  dans  un  bois; 
elle  commence  naturellement  le  jour  du  retour,  ce  qui  force 
à  mettre  tout  ce  qui  s'est  passé  précédemment  sous  forme  de 
récits  rétrospectifs  à  des  confidents.  Il  est  permis  de  douter 
que  l'intérêt  v  ait  oraorné. 

Quelques  traits  seulement  du  drame  populaire  se  sont  infil- 
trés dans  cette  œuvre  savante.  Deux  personnages,  dont  l'un 
s'appelle  encore  Manassez,  vont  chasser  la  perdrix,  p.  24;  le 
dénouement,  p.  87,  est  assez  conforme  au  précédent,  si  ce 
n'est  que  le  rôle  du  fils  aîné  est  rendu  moins  sympathique, 
comme  dans  le  texte  sacré.  La  couleur  générale  est  plus  bre- 
tonne que  biblique,  sauf  les  noms;  il  est  question  du  «  chariot 
de  la  Mort  »,  p.  26.  L'auteur  n'a  pas  voulu  laisser  à  ses  chas- 
seurs leurs  fusils,  et  il  n'a  pas  osé  les  munir  d'engins  plus  ar- 
chaïques, de  sorte  qu'ils  ont  un  peu  l'air  de  ce  personnage  de 
la  chanson  qui  «  chasse  aux  oiseaux  sans  poudre  et  même 
sans  gluaus  ». 

Les  parties  pathétiques  ont  souvent  un  accent  plein  de  cha- 
leur et  de  sincérité;  la  langue  est  bonne,  sans  exagération  de 
purisme. 

E.  Ernault. 


MÉLANGES 


NOTES  SUR  QUELQUES  GLOSES  GALLOISES. 

Les  gloses  galloises  dans  le  fragment  «  De  mensuris  et 
ponderibus  quaedam  »  (Gramm.  celt.-,  p.  1060)  sont,  en 
grande  partie,  restées  obscures  aux  auteurs  de  la  Grammatica 
aussi  bien  qu'à  M.  Loth  (dans  son  Focabulaire  vieux-breton^. 
Peut-être  puis-je  éclaircir  quelques  passages  inexpliqués  ou 
mal  expliqués. 

Dans  la  première  section  du  texte  les  gloses  sont  un  peu 
en  désordre.  Ainsi  ki  glose  de  la  i''  ligne  :  /;/'///  tri  pimp  «  il 
y  a  trois  (fois)  cinq  (onces)  »  est  une  correction  de  la  glose 
de  la  première  :  îr  tri  .11.,  insérée  dans  le  texte:  «  III  .u.  in 
libra  mellis  ».  Les  trois  gloses  séparées:  i.  îréân  cânt  mél,  À. 
is  XXX  hà  guorennh'u^,  is  trimuceinî  hestaiir  mel  verbi  gratta 
devraient  se  suivre;  elles  se  rapportent  toutes  les  trois  au 
texte:  seiuper  scx  .u.  in  sextario  À.  hi  héstàur  mél  «  il  y  a 
toujours  six  fois  cinq  (onces)  dans  un  sextarius  de  miel  ».  Le 
glossateur  trouve  ce  nombre  de  trente  (onces)  peu  exact  ;  il 
dit  :  «  (dans  un  sextarius  il  y  a)  le  tiers  de  cent  (onces)  de 
miel;  cela  fait  trente  et  des  fractions  (3  3  1/3);  un  sextarius  àt 
miel  n'est  donc  qu'à  peu  près  (verhi  gratia^  trente  (onces)  ». 


I.  Le  mot  or iiotig  a  après  «  qui  est  ajouté  à  cette  glose  pourrait  indiquer 
que  le  reste  suit  plus  bas. 


204  Mélanges. 

Les  mots  que  ces  gloses  contiennent  ont  toujours  été  bien 
compris,  excepté  trcan  que  M.  Loth  (p.  223)  croit  tiré  de  triens. 
C'est  l'irl,  triait,  gall.  mod.  traian  tracaii  «  tiers  »,  cp.  irl. 
iani  «  fer  »  v.-gall.  hcani,  gall.  mod.  haiani  haemiiK  Ce 
changement  de  /  devant  a  en  e,  plus  tard  en  ai  ac,  n'a  eu  lieu 
que  dans  la  syllabe  accentuée;  l'f  atone  s'est  conservé  dans  le 
gall.  mod.  iriauu  «  diviser  en  trois  parties  ;;. 

Le  glossateur  gallois  n'est  donc  pas  toujours  d'accord  avec 
l'auteur  latin.  Cette  différence  d'opinion  est  encore  plus 
accentuée  dans  les  deux  sections  qui  suivent.  Voici  le  texte  de 
la  première  : 

Pondeus  idem  est  et  depondeus  .i.  duo  semper  et  semis  et 
inde  pondeo^  fiunt.  Notandum,  cum  Lucas  dicit  «  nonne  .u. 
passeres  depondeo  veniunt  »,  unusquisque  passer  obello  com- 
paratur.  Nec  huic  Matheus  contradicit  dicendo  «  nonne  duo 
passeres  ab  asse  veniunt  ».  As  enim  unus  scrip.  est,  qui 
dualiter  divisus  bis  obellum  redit;  quibus  duobus  obellis  .IL 
passeres  comparantur.  Dou  punt  pctguar  hanther  scribl;  priait 
hinnoid  .lui.  aves.  Et  .u.  qui  adicit  Lucam5,  ni  choilàm  hinnoid 
amser,  iscihun  argant  agit  eteriii  illûd.  irpimphet  eterin  digiior- 
nurbis  Lucas,  hegit  hunnoid  in  pretium  benedictionis  hoid 
hoitou  houk'iii  atar  habeinn  cihunn  ri.  Matheus  vero,  dou  eterinn 
cant  hunnoid  di  assa  .i.  asse  bichan  etc. 

Le  glossateur  n'approuve  pas  ce  calcul  avec  des  ohclli  ;  il  dit: 
«  Deux  livres  (font)  quatre  demi  scripuli;  cela  achète  (=  c'est 
le  prix  de)  quatre  oiseaux.  Et  quant  au  cinquième  que  saint 
Luc  ajoute:  je  ne  croirai  jamais  cela,  que  cet  oiseau  aille  vers 
le  même  argent  (=  soit  payé  par  la  même  somme).  Le  cin- 
quième oiseau  que  saint  Luc  a  ajouté,  celui-ci  va  in  pretium 
benedictionis  (=  est  donné  en  sus)  ».  Je  ne  comprends  pas  les 
mots  hoid  Ixritou  etc.  ;  ils  semblent  expliquer  cette  dernière 
expression.  «  Mais  quant  à  saint  Mathieu  :  selon  celui-ci  deux 
oiseaux  (l'eniunt)  de  asse,  id  est  d'un  petit  as  »,  etc. 

M.  Loth  (p.  206)  traduit  priait  hiaaoid  par  «  a  été  acheté 
celui-là  ».  Mais  hiaaoid  est  le  neutre  du  masculin  huaaoid  dans 

1.  V.  Rhys,  Lectures  on  wclsh  phil.  2,  p.  418  ss. 

2.  L.  //;  dcpotideo. 

5.  L.  quein  adicit  Lucas, 


Mélanges.  205 

hegit  hunnoîd  «  celui-ci    (l'oiseau)  va    »,  cant  hunnoid  «  selon 
celui-ci  (saint  Mathieu)  »  ;  cp.  masc.  bivnn  neut.    hynn,   Gr.  ■ 
celt.-,  394.  H'uuioid  est  donc  le  sujet,  IlII.aves  le  régime;  le 
verbe  prinît   est  une    3"=  pers.   du  sing.  du   présent,    comme 
istliiinit  (Gl.  de  Luxemb.),  gall.  tniigid  tricid  tyvid  chiuarëid. 

Ni  choilam,  qui  reparait  dans  la  3''  section,  serait  aujourd'hui 
ni  choeliaf  «  je  ne  croirai  pas  ».  Le  suffixe  du  verbe  moderne 
est  différent,  mais  le  sens  est  le  même.  Au  lieu  de  ni  ..amser 
«  ne  ..jamais  »  la  langue  moderne  dit  ///  ..u)i  amser. 

Dans  ci-hun  armant  le  premier  mot  paraît  être  une  prépo- 
sition. Elle  se  retrouve  plus  bas  dans  l'expression  ci-hutun 
ci-hitun,  qui,  pour  le  sens,  ne  diffère  pas  de  be-heit  he-het 
«  jusqu'à  ». 

Agit,  hegit  est  la  y  pers.  du  sing.  du  verbe  moderne  af 
(^agiwi)  «  j'irai  »,  III  pers.  à  aiff  eiff.  Peut-être  le  glossateur 
se  sert-il  de  ce  verbe,  parce  qu'il  y  a  dans  le  texte  latin  :  nonne 
duo  passeres  ah  asse  veniuiit  {y^our  asse  vcncitni). 

La  Gramm.  celt.-  (p.  907)  rend  diguorniecbis  par  «  testatus 
est  »,  M.  Loth  (p.  103)  par  «  il  a  témoigné  ».  Mais  puisque 
le  texte  latin  lit  adicit,  on  devra  voir  dans  digiiormechis  le 
passé  du  verbe  gallois  qui  répondait  exactement  au  v.-irl. 
dofonnaig  «  il  ajoute  »,  dofonugat  «  ils  ajoutent  »,  doformagar 
«  est  ajouté  »,  etc.  La  racine  de  ce  verbe  paraît  être  plutôt 
MAG  que  MAC.  Le  cl)  de  diguonnechis  serait  donc  ici  le  signe 
de  la  spirante  sonore,  issue  de  g  entre  deux  voyelles,  et  géné- 
ralement rendue  par  la  lettre  g.  La  désignation  des  spirantes 
a  longtemps  mis  en  embarras  les  scribes  celtiques.  Notre  glos- 
sateur hésite  aussi  entre  /  et  h;  cp.  anicibret,  guotan  amcib- 
à  côté  deguoifrit  (1.  guo-[c]ifrit'),  gall.  mod.  cyffred  amgyffred. 

Le  glossateur  n'est  pas  plus  satisfait  de  l'explication  que 
l'auteur  latin  donne  dans  la  3^  section.  Elle  porte  sur  le  fait 
que  le  talent  est  égalé  une  fois  à  80  livres,  l'autre  fois  à 
60  livres  (attiques).  Le  Gallois  ajoute:  de  se  nichoilàm  immet; 
celir  nimer'^  bichan  giitanirmaur  nimer ;  vel,  etc.  «  je  n'en  crois 
pas  grand'chose;  un  petit  nombre  se  cache  sous  le  grand 
nombre  (=  il  y  a  une  faute  dans  les  chiffres);  ou  bien  »,  etc. 

I.  Cel  irnimcr  Gramm.  celt.. 


2o6  Mélanges. 

L'expression  de  se  «  de  cela  »  montre  que  le  pronom  se 
«  cela  »,  conservé  en  bas-breton,  ne  manquait  pas  au  vieux- 
gallois. 

Immet  est  encore  un  mot  qui  s'est  perdu  en  gallois;  c'est 
le  v.-irl.  imbed  «  grande  quantité,  beaucoup  ». 

Les  autres  mots  cités  ne  demandent  pas  d'explication.  Je 
ne  dirai  rien  sur  la  quatrième  section  du  texte,  où  tout  ne 
m'est  pas  clair. 

R.  Thurneysex. 

Novembre  1889. 

IL 

LE  SUFFIXE  D'ÉGALITÉ  GALLOIS  EX  -ET. 

Dans  le  premier  fascicule  du  tome  V  des  Mémoires  de  la  Société 
de  linguistique,  sous  le  titre  de  Un  suffixe  de  comparaison  en 
vannetais,  j'ai  fait  paraître  un  court  article  dans  lequel  je  rap- 
prochais le  suffixe  d'égalité  gallois  en  -et  (Kyn-vonhedicket  a 
thi)  du  superlatif  d'admiration  vannetais  en  et  (hirret  un  nos)  ^  ; 
j'identifiais  ce  suffixe  avec  celui  des  noms  de  nombre  en  -to  : 
irl.  coiced,  gall.  pummed,  bret.  pcmped,  grec  H/.x-z:.  La  valeur 
comparative  etgradative  de  -to  est  bien  connue  (v.  Brugmann, 
Gr.  der  vergl.  gr.,  p.  422).  Depuis,  une  autre  origine  a  été 
attribuée  à  ce  suffixe  par  M.  Rhys  dont  l'opinion  paraît  avoir 
été  adoptée  par  M.  Whitley  Stokes  (The  neo-celtic  verb  suhstan- 
tive,  p.  27,  n.  i).  Le  comparatif  d'égalité  gallois  en  -caserait 
identique  aux  formes  irlandaises  en  -ithcr  (ilher  ocus,  ither  Jri)  ; 
Vr  serait  tombé  comme  dans  arad  «  charrue  »,  d'aratr,  braïud 
«  frère  »,  pour  hraivdr ;  trawsfr  de  transtrum.  Au  seul  point 
de  vue  du  gallois,  cette  explication  me  semble  des  plus  hasar- 
dées :  à  côté  à'arad  on  trouve  tout  aussi  souvent  aradr,  tandis 
qu'on  ne  trouve  jamais  que  -et ;  pour  hraïud  et  traïust,  la  chute 
de  Vr  vient  de  ce  que  la  langue  a  voulu  éviter  dans  un  mono- 
syllabe deux  groupes,  consonne  -\-  r.   Le  même  fait  existe  en 


I .  Ce  superlatif  était  usité  partout  en  moyen  breton.  En  gallois,  les  for- 
mes en -e/ étaient  usitées,  comme  superlatif  d'admiration,  également:  0 
odidoced  oedd  ei Jîas  <<  que  son  goût  était  excellent!  »  {Giveledigaethati y bardd 
Cicsg,  édit.  Silvan  Evans,  p.  73). 


Mélanges.  207 

breton  pour  treust  =  iraïust  =  irâstruni  :  ici,  il  y  avait  deux 
fois  le  groupe  tr,  et  le  breton  n'avait  pas  la  ressource  de 
changer  /;-  en  ■:^r  à  cause  de  Vs  précédent.  Pour  l'armoricain, 
le  suffixe  -et  existant  comme  suffixe  de  comparaison,  l'hypo- 
thèse de  MM.  Rhys  et  Stokes  est  inadmissible  :  aratr  est  de- 
venu partout  fifra~r  en  moyen  breton,  et  aujourd'hui  arar  ou 
arcr  (par  aracr  ;  cf.  mor^rch,  inoercb)  ;  *  brotr  a  donné  breu~r, 
breur.  L'r  de  breur  a  disparu  à  une  époque  moderne  en  bas- 
vannetais  et  dans  quelques  localités  ;  mais  ce  phénomène  n'a 
rien  à  faire  avec  celui  dont  je  viens  déparier  :  on  dit  en  effet, 
en  bas-vannetais,  également  leii  pour  leur,  gall.  llawr.  De 
plus,  les  formes  Jeu,  breu  n'ont  pas  complètement  évincé  les 
formes  breur,  leur.  L'hypothèse  de  M.  Rhys  écartée,  il  ne 
reste  de  possible  que  celle  que  j'ai  proposée. 

J.  LOTH. 

m. 

DE  L'ADJECTIF  SUBISSANT  LA  MUTATION  INITIALE 
APRÈS  UN  SUBSTANTIF  MASCULIN. 

D'après  M.  Ernault,  dans  son  Glossaire  moyen-breton  (xMémoi- 
res  de  la  Société  de  linguistique,  VI,  p.  417-418),  une  règle 
constante,  en  gallois,  serait,  qu'après  un  nom  propre,  on 
change  de  forte  en  faible  la  première  consonne  muable  d'un 
adjectif  qui  le  qualifie,  ou  d'un  substantif  en  apposition  qui  le 
détermine  :  Hyivel  dda,  Dafydd  frenin.  Il  ajoute  avec  raison 
qu"un  phénomène  analogue  se  produit  en  breton  ;  mais,  dans 
l'expression  de  la  règle  aussi  bien  pour  le  gallois  que  pour  le 
breton,  M.  Ernault  a  oublié  le  point  capital  :  c'est  que  le  quali- 
ficatif ne  subit  cette  mutation  que  quand  //  est  constamment  ap- 
pliqué au  substantif,  lorsqu'il  en  est  devenu  l'épithète  habituelle  et 
forme  avec  lui  une  sorte  de  composé.  Cette  règle,  mutilée  dans 
certaines  grammaires  galloises,  est  parfaitement  exposée  dans 
la  Dosparth  Edeyrn  davod  aur  publiée  par  William  ab  Ithel  : 
Common  substantives  and  adjectives,  used  as  agnomens  after 
proper  names  of  whatever  gender,  are  put  in  the  soft  sound,  ex. 
Davydd  Goch  (p.  250,  ss.  15,  34).  Ainsi  complétée,  la  règle 
est  facile  à  expliquer.  Je  m'apprêtais  à  le  £iire  dans  des  addenda 


2o8  Mélanges. 

à  ma  Chrestomathie,  quand  j'ai  trouvé  à  la  fois  la  règle  et 
l'explication  dans  les  Lectures  on  ihe  origin  and  growth  of  reli- 
gion as  illustraîcd  by  Celtic  heathendom  de  M.  Rhys.  M.  Rhys 
constate  que  l'infection  n'atteint  après  un  nom  propre  masculin 
que  les  épithètes  permanentes.  Nous  disons,  ajoute  M.  Rhys, 
Maelgîvn  Fychan,  Maelgwn  le  Petit,  si  bychan  est  Tépithète 
habituelle,  le  surnom,  mais  Maelgwn  bychan,  si  bychan  n'est 
pas  un  surnom.  Maelgwn  Fychan  aurait  pour  équivalent,  en 
vieux-celtique,  un  composé  Maglocuno-biccanos  ;  Maelgwn  by- 
chan serait  Maglocunos  biccanos  (p.  12).  La  mutation  du  quali- 
ficatif (adjectif  ou  attribut-substantif),  même  après  un  nom 
propre  masculin,  est  donc  un  simple  cas  de  la  loi  des  com- 
posés ^ 

J.  LoTH. 
IV. 

L'INITIALE  DU   COMPLÉMENT  DU   VERBE   FLÉCHI 
SUBISSANT  VINFECTIO  DESTITUEKS. 

Une  des  lois  les  plus  caractéristiques  de  la  syntaxe  galloise, 
c'est  que  le  verbe  fléchi  provoque  Vinfectio  destituens  de  son 
objet  ou  complément.  Il  y  a  une  trace  de  cette  loi  en  breton 
armoricain.  On  dit  partout  :  an  dra:;e  a  ra  vad  fin  «  cela  me 
fait  du  bien  »  ;  ra  vad,  jamais  ra  mad.  Si  mad  était  attribut  ad- 
verbial, Yni  ne  subirait  pas  la  mutation  :  hen  a  ra  mad,  il  fait 
bien  (ordinairement  :  mad  a  ra^.  Il  est  certain  que  ce  phéno- 
mène d'infection  n'a  dû  se  produire  d'abord  qu'à  deux  condi- 
tions :  1°  que  le  suffixe  verbal  fût  terminé  par  une  voyelle  ; 
2°  que  l'objet  suivît  immédiatement.  L'analogie  a  généralisé  la 
loi.  Si  la  loi  est  tombée  en  désuétude  en  breton,  cela  peut 
tenir  à  la  fois  à  ce  qu'elle  n'a  peut-être  pas  été  appliquée  aux 
formes  verbales  terminées  primitivement  par  une  consonne;  à 
ce  que,  même  là  où   le  suflixe  verbal  se  terminait  par  une 

I .  La  ligne  de  démarcation  entre  les  deux  constructions  n'est  pas  tou- 
jours, aujourd'hui,  semble-t-il,  scrupuleusement  respectée  en  breton.  D'après 
les  exemples  trégorrois  cités  par  M.  Ernault,  il  semble  que  la  terminaison 
du  nom  propre  ait  une  certaine  influence.  En  bas-vannetais,  et  ailleurs,  en 
plusieurs  localités,  je  crois,  il  n'y  a  qu'un  certain  nombre  à'adjectifs-épi- 
thètes  à  subir  la  mutation. 


Mélanges.  209 

voyelle,  la  terminaison  consonnantique  moderne  a  pu  con- 
trarier la  sonorisation;  enfin  à  ce  que  dans  beaucoup  de  cas 
le  verbe  est  séparé  de  son  objet,  auquel  cas  déjà,  anciennement, 
Y  infect  io  ne  devait  pas  avoir  lieu.  Il  y  a,  il  me  semble,  néan- 
moins, une  conclusion  à  tirer  de  cette  infection  généralisée  en 
gallois  et  se  produisant  même,  la  plupart  du  temps,  quand 
l'objet  ne  suit  pas  immédiatement  le  verbe;  c'est  que,  en  vieux 
celtique,  le  complément  devait  le  plus  souvent  suivre  le  verbe. 
Cette  hypothèse  n'est  pas  contredite,  mais  au  contraire  justifiée 
par  les  inscriptions  gauloises.  Le  plus  souvent  le  complément 
suit  le  verbe  (v.  d'Arbois  de  Jubainville,  La  place  du  verbe  en 
vieux-celtique,  Revue  Celtique,  III,  p.  99). 

J.   LOTH. 

V. 

TENE  CEN  COICLED 

(echtra  nerai,  l.       ) 

The  meaning  of  coiclcd  «  to  save  »  in  this  connection  is 
explained  by  the  use  of  the  word  in  the  modem  language  for 
what  in  Anglo-Irish  is  called  «  raking  »  the  fire,  i.  e.  kee- 
ping  it  alive  by  heaping  ashes  on  it.  The  common  phrase  for 
this  is  coigîlt  or  ciiigilt  (corruptly  cuiiigilt  ^)  na  teincadh. 

N!  hh-fiiil 

Zimmer  has  repeatedly  denied  the  existence  of  this  form 
in  the  spoken  language.  But  his  observations  of  modem  Irish 
were  evidently  very  limited.  There  cannot  be  the  smallest 
doubt  that  ni  bh-fuil  is  a  very  common  form  throughout 
Munster,  v^^hile  it  is  rarely  or  never  heard  in  Connaught. 
This  «  analogie-bildung  »  does,  however,  not  stand  alone. 
Ni  bh-fnair,  ni  bh-fuigJjead,  and  ;//  bb-faca  are  pretty  fréquent 
both  in  Munster  and  Connaught,  and  Z.  might  hâve  heard 
this  pronunciation  even  in  Aran. 

K.  M. 

I.  Cf.  conguint  «  to  gnaw  »  for  coguint. 

Revue  Celtiouc,  XI .  14 


2  1 0  Mélanges. 

VI. 

ADDENDA  TO  THE  ECHTRA  NERAI. 

The  Echtra  Nerai  is  mentioned  in  the  foUowing  extract 
from  Harl.  5280,  fo.  54  a. 

Cair  (.i.  annaircim)  cia  boi  ind  Eriu  i  flait[h]  Conairi  no 
cia  fot  boi  Eri  cen  rig  no  cia  dogab  Eri  d'es  Conaire  no  cia  is 
taeisce  Tain  no  Bruighen  no  cia  ba  ri  Erind  oc  inarhad  mac 
n-Usnech  no  cia  haeis  Conculaind  ar  Tain  no  cia  fot  iar 
Tain  co  fuair  bas?  Ni  misa  emh.  Sccht  m-hïndmi  décc  7  tri 
.XX.  di  Conaire  i  rigi  n-Emnin  7  .v.  bliadhna  d'  Erind  cen  rig 
co  n-crracht  Lugaid  Sriab  n-Derg  7  re  lind  Coiiain  robith 
maie  \j\sncch  a  n-Emain  Mâcha.  A  cind  mis  ar  di  hlhdiia  ar 
n-dith  Conuiri  a  m-Bruig///  Sluaigi'^  na  Tana  in  aho  loco  di- 
citur.  xiii.  hliadiia  .xx.  ria  Tain  7  .x.  m-blia^;/a  .xx.  ier  Tain 
soegai  Conculaind  in  alio  loco  dicitur.  Echtrai  Nera  7  Tain 
Bo  Fraich  7  Tain  Bo  FHdhisi  7  Cath  Ruis  na  Righ  for  Boinn 
7  Cath  Findcorad  ria  Concohitr  re  hnd  Conaire  in  sin  uili. 
Finis. 

1.     95,    buiderath.   This   has  nothing  to  do  with  raith  feni, 
but  stands  for  buiderad  (LL.  120  a,  50),  a  collective 
of  buide  (LL.  120   b,  33)  some  plant  with  a  yellow 
flower.  Cf.  buidhe  môr  rcseda  lutcoJa,  O'R. 
1.    113,    fodia  do  betho.  Cf.  the  modem  'se  do  bheatha  bail! 
1.    149,    oidchi  shamnai  dothaet  Halloweeii  next.  Cf  the  use  of 
dochiiaid  in  adaig   cétdine  dochûaid   last  Wednesday 
eve,  LBr,  274  a,  67,  ib.  274  b,  20. 
1.    154,    instead  of  ad^7/]^  read  ado;;  =  edon  that  is. 
1.    163,    instead  of  bet  read  betit,   and  cf.    betit   mnaa  can  a 
muntera,  LL.  48  a,  11. 

VIL 

MORGABLOU. 

Mors^abloii  dans  les  gloses  du  x'^  siècle,  découvertes  par 
M.  Whitle}'  Stokes,  glose  aestuaria.  Cette  découverte  justifie 


Mélanges.  2 1 1 

la  traduction  que  j'ai  donnée  dans  le  tome  P''  de  ma  traduction 
des  Mahiiiogion  (notes  critiques,  p.  342)  du  mot  gallois  mo- 
rau'l,  qu'aucun  dictionnaire  ne  donne  :  je  l'ai  traduit  par  es- 
tuaire, en  supposant  qu'il  était  pour  mar-gawl  et  en  le  rap- 
prochant de  l'irlandais  mor-gohuiJ  donné  par  M.  Stokes,  Revue 
Celtique,  IX,  p.  100.  Morgahlou  supposerait,  il  est  vrai,  au 
singulier,  iiuv-gavJ,  et  on  aurait  aujourd'hui,  suivant  l'ortho- 
graphe moderne  :  uwr-afl.  Le  scribe  du  Livre  Rouge  aura  ici, 
comme  en  d'autres  endroits,  transcrit  u  par  lu,  tandis  qu'il 
aurait  dû  le  transcrire  par  v.  Quant  à  gahJ,  il  me  paraît  iden- 
tique à  l'irlandais  gahul  (Windisch,  Lische  Texte)  ou  gobhal 
(O'Reilly)  fourche,  fourchette,  gallois  gafl,  fourchette,  l'angle 
formé  par  les  deux  jambes  ;  vieux  gallois  gahiau  dans  fistl  ga- 
blau  glosant  fistul a  hilatrix  (Gloses  à  Matianus  Capella)  ;  ar- 
moricain vaoàemQ gaolot,  fourche;  \anr\.Qia\s gavelodd,  fourche 
à  deux  branches  (L'Armerye).  Skeat,  dans  son  Etymological 
dictionary  of  the  english  language,  attribue  une  origine  celtique 
aux  mots  anglais  gable  et  gajf.  Il  est  vrai  que  le  celtique  n'est 
pas  la  partie  forte  de  cet  ouvrage. 

Quant  bigabl,  c'est  peut-être  un  dérivé  de  la  racine  qui  a 
donné  en  vieil  irlandais  gaibiin  «  je  saisis  »,  en  gallois  gafael, 
saisir,  en  comique  o-^tw/^  même  sens. 

J.  LOTH. 

VIII. 

NOTE  SUR  UN  TEXTE  DE  L'HISTORIEN  GREC 
EUSÉBIOS  RELATIF  AU  SIÈGE  D'UNE  VILLE  DES 
GAULES  PAR  LES  FRANCS  ^ 

M.  Wescher  a  publié  en  1867  dans  sa  Poliorcétique  des  Grecs, 
et  l'on  a  réédité  plusieurs  fois  depuis  {Fragmenta  historicorum 
graecorum,  éd.  Didot,  t.  V,  p.  23  ;  Extraits  des  auteurs  grecs 
concernant  la  géographie  et  l'histoire  des  Gaules,  par  E.  Cougny, 
tome  V,  p.  113)  un  fragment  de  l'historien  grec  Eusébios, 
contemporain  de  Dioclétien,  relatif  au  siège  de  la  ville  de  Thes- 

I .  Cette  note  est  le  résumé  d'un  article  plus  étendu  sur  le  même  sujet 
qui  doit  paraître  incessamment  dans  la  Revue  historique.  —  T.  R. 


2 1 2  Mélaiges. 

salonique  par  les  «  Scythes  »,  c'est-à-dire  par  les  Goths,  au 
milieu  du  m''  siècle.  Ce  fragment  se  termine  par  le  paragraphe 
suivant  : 

«  Ces  derniers  engins  (il  s'agit  d'appareils  à  extinction  par 
lesquels  les  assiégeants  protégeaient  leurs  batteries  contre  les  flèches 
incendiaires),  je  n'en  ai  pas  ouï  parler  chez  les  Macédoniens; 
c'est  dans  un  autre  siège  que  j'ai  appris  qu'on  s'en  était  servi 
contre  les  projectiles  incendiaires.  Les  Celtes  (Kîatwv)  assié- 
geaient une  place  appelée  ville  des  Tyrrhéniens  {rSkv.  Tup- 
p-r;v(ov).  Elle  est  située  dans  le  pays  des  Gaulois  d'Occident, 
dans  la  province  de  Lugdunaise  ('/wp-^;  r?;;  FaXaTÎ-/;;  xwv  h 
~f^  EîTTôp-A]  /,aT;'.7.r([j.£V(i)v,  à'9v£oç  tcu  Acjyccvcsi'ou).  Ce  siège  eut 
lieu  à  l'époque  où  la  Gaule  entière  et  les  provinces  voisines 
n'obéissaient  plus  à  l'empire  romain,  mais  s'étaient  séparées  et 
faisaient  cause  commune  avec  les  rebelles.  A  cette  époque 
donc,  les  Celtes  d'outre-Rhin  (Kt'k-m  -wv  rA^■r^')  Vr^iyj)  ayant 
f:iit  une  expédition  en  Gaule,  un  corps  détaché  de  leur  armée 
vint  assiéger  la  ville  susdite.  Beaucoup  de  leurs  machines 
ayant  été  incendiées,  ils  imaginèrent  de  creuser  en  arrière  de 
leurs  batteries  des  réservoirs  qu'ils  remplirent  d'eau  ;  puis  ils 
firent  des  conduits  en  plomb  couverts  qui  recevaient  l'eau  et 
l'amenaient  (au-dessus  des  machines,  pour  les  inonder  au  mo- 
ment voulu)...  »  Le  reste  est  perdu. 

Le  premier  éditeur  a  déjà  reconnu  dans  la  TriX-.;  T'jppy;vwv, 
dont  il  est  question  dans  ce  morceau,  la  ville  de  Tours,  civitas 
Turonum,  située  effectivement  dans  la  province  de  Lugdunaise  : 
cette  identification  devient  encore  plus  certaine  en  présence 
de  la  forme  Turini,  qui  se  trouve  chez  Ammien  Marcellin 
(XV,  XI,  12).  Quant  aux  événements  mêmes  dont  il  s'agit,  les 
précédents  éditeurs  se  sont  ou  bien  abstenus  de  toute  expli- 
cation ou  rangés  à  l'hypothèse  de  M.  Ch.  Mûller,  suivant 
laquelle  l'épisode  raconté  par  Eusébios  se  rapporterait  à  la  ré- 
volte des  Gaulois  sous  l'empereur  Tibère,  en  21  ap.  J.-C.  La 
ville  de  Tours  fut,  d'après  Tacite  {Ann.,  III,  40),  une  de 
celles  qui  donnèrent  le  signal  de  l'insurrection;  elle  fut  écrasée 
par  le  légat  Aviola  avec  le  concours  des  milices  indigènes  et 
d'un  détachement  des  légions  de  Germanie. 

Il  est  à  peine  besoin  d'insister  sur  l'invraisemblance  de  cette 


Mélanges.  2  1  j 

explication  :  sauf  la  mention  de  la  ville  de  Tours,  commune 
aux  deux  épisodes,  tout  y  difîère  absolument;  d'ailleurs,  les 
expressions  mêmes  de  l'historien  grec  prouvent  qu'il  s'agit  de 
faits  beaucoup  plus  rapprochés  de  son  époque,  sur  lesquels  il 
a  pu  recueillir  des  témoignages  oculaires.  Voici  l'explication 
que  je  propose  à  mon  tour  et  qui  me  paraît  l'évidence  même. 
Il  s'agit  d'une  des  expéditions  militaires  entreprises  en  Gaule 
par  les  peuples  germaniques,  particulièrement  par  les  Francs, 
pendant  la  période  troublée  et  obscure  connue  sous  le  nom 
de  «  période  des  trente  tyrans  »  (257-272  après  J.-C).  A  cette 
époque,  sous  le  règne  nominal  du  faible  Gallien,  l'empire 
romain  tombait  en  pleine  dissolution  ;  toutes  ses  frontières 
étaient  successivement  forcées  par  les  barbares.  Les  Alamans 
inondèrent  la  vallée  du  Rhône  et  pénétrèrent  en  Italie  ;  les 
Francs  ravagèrent  toute  la  Gaule  du  Nord  (Belgique  et  Lyon- 
naise), passèrent  de  là  en  Espagne,  où  ils  saccagèrent  Tarra- 
gone,  et  poussèrent  même  une  pointe  jusqu'en  Afrique.  Ils 
rencontrèrent,  à  la  vérité,  une  énergique  résistance  de  la  part 
des  empereurs  nationaux  que  la  Gaule,  abandonnée  à  elle- 
même,  finit  par  se  donner  ;  mais  Postumus  et  ses  successeurs 
avaient  un  pouvoir  trop  contesté,  trop  incessamment  menacé, 
pour  remporter  des  succès  définitifs  :  souvent  ils  durent  négo- 
cier au  lieu  de  combattre,  prendre  même  à  leur  service  des 
bandes  de  mercenaires  barbares  ;  l'insécurité  générale  qui 
régnait  dans  les  provinces  gauloises  est  attestée  par  le  grand 
nombre  de  trésors  monétaires  enfouis  à  cette  époque.  L'ordre 
ne  fut  rétabli  en  Gaule  qu'après  que  Tétricus  eut  fait  sa  sou- 
mission au  «  restaurateur  du  monde  »,  Aurélien  (272). 

On  remarquera  que  les  expressions  de  notre  texte  s'accor- 
dent à  merveille  avec  cette  explication  nouvelle. 

1°  L'événement  était  récent;  Eusébios,  écrivant  trente  ans 
après  ces  invasions,  pouvait  «  en  avoir  entendu  parler  ». 

2°  «  La  Gaule  entière  et  les  provinces  voisines  s'étaient  dé- 
tachées de  l'empire  ».  En  effet,  nous  savons  par  les  médailles 
et  les  bornes  milliaires  que  Postumus,  dont  le  règne  dura 
dix  ans,  fut  reconnu  non  seulement  en  Gaule,  mais  encore 
en  Espagne  et  en  Bretagne. 

3°  «  Les  Celtes  d'outre-Rhin  (Germains)  avaient  envahi  le 


214  Mélanges. 

pays  ».  On  n'a  que  l'embarras  du  choix  entre  les  nombreuses 
razzias  de  cette  période;  il  s'agit  sans  doute  de  la  grande  expé- 
dition entreprise  tout  au  commencement  du  règne  de  Postumus 
(258?)  et  dont  les  dernières  vagues  allèrent  se  perdre  en  Afrique. 

4"  «  Un  corps  détaché  vint  assiéger  Tours  ».  On  vient  de 
voir,  par  l'exemple  de  Tarragone,  que  les  Francs  ne  crai- 
gnaient pas  de  s'attaquer  aux  places  fortes.  Plus  tard,  sous 
Probus,  ils  se  rendront  maîtres  en  Gaule  de  70  villes.  Ce 
qu'il  }•  a  de  curieux  et  de  nouveau  dans  notre  texte,  c'est  de 
voir  que  les  Francs,  dès  l'aurore  de  leur  histoire,  ne  se  bor- 
naient nullement  aux  procédés  primitifs  depoliorcétique  qu'on 
serait  tenté  de  leur  attribuer  :  ils  savaient  construire  des  ma- 
chines de  siège  et  même  déjouer  les  moyens  de  défense  des  assiégés 
par  un  artifice  ingénieux,  renouvelé  de  Démétrius  Poliorcète. 

Il  ne  reste  plus  qu'à  faire  observer  que  l'expression  «  Celtes 
d'au  delà  du  Rhin  »  pour  désigner  les  Germains  n'est  point 
particulière  à  notre  auteur  :  c'est  le  terme  constant  dont  se 
servent  Dion  Cassius  et  les  écrivains  de  son  école  ;  voyez  par 
exemple  Dion,  LXXI,  3  :  tt^aasi  twv  j-àp  tîv  'Pï;vcv  Keatwv. 
Ces  auteurs  profitèrent  de  l'existence  des  deux  termes  syno- 
nymes, Galates  et  Celtes,  qui,  dans  l'ancien  vocabulaire  grec, 
désignaient  indifféremment  tous  les  peuples  duN.-O.  de  l'Eu- 
rope, pour  distinguer  les  populations  de  race  différente,  sépa- 
rées par  le  Rhin,  sans  recourir  au  mot  nouveau  Germains,  dont 
l'origine  gallo-romaine  choquait  leur  purisme  :  ils  appelèrent 
désormais  Galates  les  Gaulois,  les  peuples  situés  à  l'ouest  du 
Rhin,  et  CeJtesles  Germains,  les  peuples  situés  à  l'est  de  ce  fleuve 
(Dion,  XXXIX,  49).  Quant  au  terme  de  Gciinania,  chez  Dion, 
il  ne  désigne  que  les  deux  provinces  romaines  de  ce  nom, 
situées  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 

Théodore  Reinach. 


IX. 

ERUBLOBLION. 

M.  Whitley  Stokes  a  publié  dans  le  numéro  du   18  jan- 
vier 1890  de  l'y:/ azûft'mj' vingt-cinq  gloses  bretonnes  du  x'^  siècle, 


Mélanges.  2 1 5 

tirées  d'un  manuscrit  d'Orose  de  la  bibliothèque  vaticane, 
coté  Regina  296,  et  trois  autres  gloses  d'un  manuscrit  de  la 
même  bibliothèque,  du  xii*"  siècle,  coté  Regina  691.  Ces  gloses, 
toutes  intéressantes,  sont  en  général  d'une  explication  facile, 
et  je  laisse  au  leader  celtique  le  soin  de  les  commenter.  Quatre 
seulement  lui  semblent  jusqu'ici  inintelligibles,  et  c'est  sur 
elles  qu'il  appelle  l'attention  des  celtisants  : 

enihlobion,  gl.  proletarios. 
"  saillis  :  in  contionem  (sainis)  protraxit. 

Torntrient  :  Trinovantum  firmissima  civitas  .i.  civitas  qua^ 
britannice  dicitur  Torntrient. 

eusouion,  gl.  gestatorum  (glose  du  xii^  siècle). 

Pour  le  moment,  je  laisse  de  côté  sainis,  eusouion,  et  Tor- 
niient  qui  soulève  diverses  questions  de  géographie  ;  eru- 
blobion  me  semble  facilement  explicable. 

Pour  eru-blobion,  M.  Stokes  a  supposé  une  erreur  possible 
du  scribe  et  proposé  eru-boblioii  «  le  peuple,  les  gens  du  sil- 
lon ».  Il  faut  conserver  la  leçon  du  manuscrit:  erublobion  est 
composé  àe  eru  «  sillon  »,  gallois  moderne  eriu,  armoricain 
ero,  vannerais  eriu  (lu  :=  il  consonne),  subst.  féminin  ;  et  de 
plobion  avec  la  mutation  régulière  àe.  p  en  b  ;  plobion  est  un 
dérivé  de  ploeb  ^=  plèbe,  gall.  moderne  plwyf,  armoricain  mod. 
ploué,  et  en  composition  plou,  plo,  pieu  (y.  J.  Loth,  Chresto- 
inathie  bret.,  pp.  157,  225)  :  eru-bloblion  signifie  donc  littéra- 
lement :  les  plébéiens  du  sillon,  de  la  glèbe.  De  bonne  heure,  le 
mot  ploeb,  ploev,  a  désigné,  en  Bretagne,  non  seulement  tous 
les  membres  du  ploeb,  de  la  peuplade,  mais  plus  spécialement 
les  campagnards,  par  opposition  aux  habitants  du  bourg,  le 
gîi'ic.  En  Léon  surtout,  le  pays  qui  a  conservé  le  plus  long- 
temps, en  Bretagne,  le  servage,  on  remplace  encore,  pour 
désigner  le  bourg  et  même,  par  abus,  la  commune,  plou  par 
gzuic  :  ainsi  on  dit  Guital}ne~eau  pour  Ploudahih\eau  (dans  la 
vie  de  saint  Paul-Aurélien  par  Wrdisten,  Pkbs  Telniedovia)  ; 
Guikerneau  pour  Plouguerneau,  etc.  (v.  J.  Loth,  Chrestom. 
bret.,  p.  210,  note  2).  Qua.m  h  plobion  pour  ploebion,  cf.  bostol 
glosant  belluina,  dans  le  manuscrit  d'Orléans,  pour  boestol, 
dérivé  de  boest  =^  béstia. 

J.  Loth. 


2 1 6  Mélanges. 


X. 


HERCYNIA. 

M.  Rudolf  Much  a  publié  en  1888  dans  la  Zeitschrift  fiir 
deutsches  Alterthum  und  deutschc  Liîteratur ,  t.  XXIII,  p.  454-462, 
un  article  qui  nous  a  paru  intéressant,  bien  que  la  conclusion 
ne  nous  semble  pas  certaine.  La  note  qui  suit  est  un  arran- 
gement à  l'usage  des  lecteurs  étrangers  à  l'Allemagne.  La  con- 
clusion diffère  sensiblement  de  celle  qu'a  proposée  M.  Much. 

L'expression  forêt  Hercynios,  'Epy.jv.c;  op\}.i:  chez  Posei- 
donios,  désigne  les  montagnes  qui  environnent  la  Bohème.  En 
effet,  nous  savons  par  Strabon  que  suivant  Poseidonios  les  Boii 
habitaient  la  forêt  Hercynios  au  temps  de  l'invasion  des 
Cimbres^  Plus  d'un  siècle  après  cela,  Maroboduus,  roi  des 
Marcomans,  avait  pour  domaine  la  région  à  laquelle  la  forêt 
Hercynie  formait  une  enceinte;  les  Marcomans  avaient  eu  un 
domaine  plus  étendu  à  l'ouest  avant  les  conquêtes  que  firent 
les  Romains  en  Germanie  pendant  la  première  partie  du  règne 
d'Auguste 2.  En  l'an  6  de  J.-C.  le  César  Tibère  voulut  entre- 
prendre une  guerre  contre  les  Marcomans;  il  projetait  d'ar- 
river chez  eux  par  le  sud,  en  partant  de  Carnuntum  en  Pan- 
nonie,  ville  alors  comprise  dans  le  royaume  de  Norique,  et 
dont  l'emplacement  est  aujourd'hui  dans  la  Basse-Autriche,  à 
Deutsch-Altenburg,  près  de  Haimburg,  sur  la  rive  droite  du 
Danube,  à  l'est  de  Vienne. 

Sentius  Saturninus,  légat  de  Germanie,  devait  les  attaquer 
en  même  temps  par  l'ouest,  en  traversant  le  pays  des  Cbatti, 
aujourd'hui  la  Hesse;  il  avait  ordre  de  s'ouvrir  par  des  abattis 
d'arbres  un  passage   dans  la  forêt  Hercynie  et   ainsi   de  pé- 


1.  Strabon,  1.  VII,  c.  2,  §  2;  éd.  Didot,  p.  244,  1.  6-9. 

2.  Gentem  Marcomannorum  quœ,  Maroboduo  duce  excita  sedibus  suis 
atque  in  interiora  refugiens,  incinctos  Hercynia  silva  campos  incolebat. 
Velleius  Paterculus,  I.  II,  c.  108,  §  i.  Strabon,  1.  VII,  c.  i,  §  5,  dit  que 
la  forêt  Hercynie  enveloppe  un  grand  cercle  :  /.ûxXov  -Ep'.XaaÇâvtov  (xc'yav 
et  qu'au  milieu  est  une  région  bonne  à  habiter:  Èv  [jlecjcu  ol  ïoyjzx:  yojca 
•/.aXoj;  o'./.EÎîOat  ouyatxc'vT)  ;  éd.  Didot,  p.  242,  1.  46-48. 


Mélanges.  217 

nétrer  en  Bohême  ^  On  sait  que  Velleius  Paterculus  écrivait 
en  l'an  30  ou  environ  de  notre  ère.  Tacite,  postérieur  à 
Velleius,  mais  racontant  des  événements  contemporains  de 
cet  auteur,  en  l'an  17  deJ.-C,  fait  dire  au  célèbre  Arminius 
que  Maroboduus,  abrité  par  la  forêt  Hercynie,  ne  savait  pas 
ce  que  c'était  que  la  guerre-. 

On  comprenait  sous  le  nom  de  forêt  Hercynie  le  Jura  de 
Franconie  et  le  Jura  de  Souabe,  Frankischer  Jura  et  Schwa- 
bischer  Jura,  dont  les  sommets  délimitent  au  nord  le  bassin 
du  Danube  supérieur  ;  en  eftet,  nous  dit  César,  la  forêt  Her- 
cynie atteint  le  territoire  des  Helvetii  (Suisse),  des  Raurici 
(Bâle),  et  des  Nemetes  (Spire)'. 

Le  mot  Hercynie  désignait  aussi,  malgré  leurs  noms  spé- 
ciaux, les  montagnes  qui  forment  l'enceinte  de  la  Bohême  au 
sud-ouest  et  au  nord-ouest;  la  chaîne  de  montagnes  qui  déli- 
mite la  Bohême  au  sud-ouest,  le  Bôhmerwald,  avait  un  nom 
distinct,  Gabréta^,  c'est-à-dire  la  forêt  des  Chèvres;  la  chaîne 
de  montagnes  du  nord-ouest  portait  aussi  un  nom  spécial 
Sudeta  > . 

La  partie  la  plus  importante  de  la  forêt  Hercynie  était  :  1°  le 
Sudeten  Gebirge  qui  borde  la  Bohême  au  nord-est  et  où  l'on 
trouve  le  Schneekopp  qui  a  1,600  mètres  de  haut;  2°  l'Erzge- 
birge,  Sudeta  antique,  qui  borde  la  Bohême  au  nord-ouest; 
sur  un  grand  nombre  de  points  sa  hauteur  dépasse  i,  100  mètres, 
le  Keilberg  atteint  1,275  mètres.  Le  Jura  de  Franconie  ne 
contient  aucune  montagne  qui  s'élève  à  700  mètres,  et  le 
Jura  de  Souabe  n'arrive  nulle  part  à  plus  de  1,000  et  quelques 


1.  Sentio  Saturnine  mandatum,  ut  per  Cattos,  excisis  continentibus 
Hercynia;  silvis,  legiones  BoiohLEmum  (id  regioni  quam  incolebat  Maro- 
boduus nomen  est)  [duceret].  Velleius  Paterculus,  I.  II,  c.  109,  §  3. 

2.  MaroboduumprîEliorumexpertem,  Hercyniœlatebrisdefensum.  Tacite, 
Annales,  1.  II,  c.  45. 

3.  Oritur  ab  Helvetiorum  et  Nemetum  et  Rauncorum  fînibus  rectaque 
fluminis  Danuvii  regione  pertinet  ad  fines  Dacoruni  (César,  1.  VI,  c.  25, 
§  2).^^ 

4.  "Ea-;  oï  v.cL'.  àXXr]  -Ar^  iiz^iXi]  Fa^p^za  è::;  râos  tùv  Sofl^wv,  ir.éy.zvja 
0'  6  'Ejk'jv'.o?  c;pu;j.o';.  Strabon,  1.  VII,  c.  i,  §  5;  éd.  Didot,  p.  243, 
1.  14-16;  cf.  Ptolémée,  1.  II,  c.   11,55;  éd.  Didot,  I,  p.  254,  1.   i. 

5.  Ptolémée,  1.  II,  c.  11,  §  5;  p.  253,  I.  9. 


2  1 8  Mélanges. 

mètres  d'élévation.  Les  Sudeteii  Gebirge  ont  400  kilomètres  de 
long,  l'Erzgebirge  150,  le  Jura  de  Franconie  225,  le  Jura  de 
Souabe  210  ^ 

L'Erzgebirge  compris  dans  l'Hercynie,  Harcynios  suivant 
Aristote  au  quatrième  siècle-,  O/rj/z/W  suivant  Eratosthène  au 
troisième  siècle j,  Hcrcynios  suivant  Poseidonios  au  commen- 
cement du  premier  siècle  avant  notre  ère 4,  portait  au  neu- 
vième siècle  de  notre  ère  un  nom  conservé  par  la  chronique 
de  Moissac  qui  le  note  Fergunna.  En  805,  Charlemagne,  alors 
à  Aix-la-Chapelle,  envoie  contre  les  Windes  trois  armées  qui 
passent  par  Fergunna  et  atteignent  d'abord  le  fleuve  Agara^, 
ensuite  l'Elbe.  Agara  est  l'Eger  affluent  de  gauche  de  l'Ella; 
l'Eger  longe  l'Erzgebirge  au  sud  et  se  jette  dans  l'Elbe  au 
nord  de  Prague.  Fergunna  est  un  nom  de  Erzgebirge  qu'il  faut 
traverser  en  Venant  d'Aix-la-Chapelle  pour  atteindre  l'Eger  et 
l'Elbe. 

Fergunna  esile  gothique  fa  irgu  ni  =fergunia  «  montagne», 
qui  suppose  un  thème  primitif  perhi'tnio-;  perki'inio-  donne  à 
la  fois  en  celtique,  après  la  chute  du  p,  ercunio-  et  en  germa- 
nique après  la  permutation  des  consonnes,  fergunia-. 

Le  gothique  fairguni,  montagne,  se  retrouve  en  anglo- 
saxon  sous  la  forme  Jirgcn;  firgen  en  anglo-saxon  est  usité 
dans  les  composés.  On  le  retrouve  en  Bavière  dans  des  mo- 
numents du  neuvième  siècle;  sous  les  formes  virgunda,  vir- 
cunnia,  virgundia,  il  désigne  une  suite  de  collines  au  nord  du 
Danube  entre  Ellwangen  et  Ansbach^. 

Ainsi  le  nom  de  l'Erzgebirge  a  pu  être  d'abord  germanique. 
Avant  la  permutation  des  consonnes,  les  Germains  appelaient 
l'Erzgebirge  percunio-.  Ce  fut  alors  que  les  Gaulois  devinrent 
voisins  de  l'Erzgebirge.  Déjà  les  Gaulois  ne  pouvaient  arti- 
culer   le   p    indo-européen;    quand    ils  voulurent  répéter    le 


1.  Ritter,  Gcograp]]isc]i-Statislisc]}cs   Lcxicon,  1883,  aux  mots  Er~gcbirge, 
Jiim,  Sndckii. 

2.  Aristote,  Mctcorologiconiiii  I,  13. 

3.  César,  De  hello  gaÏÏico,  1.  VI,  c.  24,  §  2. 

4.  Strabon,  1.  VII,  c.  2,  §  2;  éd.  Didot,  p.  244,  1. 

5.  D.  Bouquet,  V,  81  c. 

6.  Fôrstemann,  Naiiienluicb,  t.  II,  col.  555. 


Mélanges.  2 1 9 

mot  percunio-,  ce  fut  crcunio-  qu'ils  prononcèrent.  Er-cunio- 
dans  leur  langue  signifiait  «  très  haut  »  et  on  pouvait  à  volonté 
dire  ar-cunio,  or-cunio  ou  er-cunio,  car  le  suffixe  er  «  très  »  a 
une  variante  aur  en  irlandais,  de  là  les  trois  orthographes  con- 
servées par  les  auteurs  grecs:  Aristote,  Eratosthène,  Posei- 
donios.  Si  l'on  admet  cette  doctrine,  les  Germains  ont  dû  pré- 
céder les  Gaulois  sur  les  pentes  de  VEi^gehirge.  Il  est  vrai 
qu'on  peut  émettre  une  hypothèse  plus  probable  :  penser  que 
le  nom  le  plus  ancien  est  arcunio-,  crcunio-  et  que  le  mot  ger- 
manique a  été  apporté  par  les  Marcomans  ;  il  aura  été  préféré 
au  mot  bcrg  «  montagne  »  par  l'eft'et  de  l'étymologie  populaire. 
Les  Marcomans  ne  comprenant  pas  le  gaulois  crcunio-  l'auront 
remplacé  par  le  mot  fcrgunia-,  qui  dans  leur  langue  avait  une 
signification  et  qui  était  synonyme  de  l'allemand  moderne  bcrg. 

H.    D'A.    DE  J. 

XI. 

LE    MANUSCRIT    LUXEMBOURGEOIS 
DES  «  HISPERICA  FAMINA  ». 

Pendant  un  récent  séjour  à  Luxembourg,  j'ai  eu  la  curiosité  de  voir  le 
manuscrit  avec  gloses  bretonnes  que  possède  la  bibliothèque  de  cette  ville, 
et  qui  a  été  étudié  par  M.  Rhys  dans  le  tome  I  de  notre  Revue  (p.  349  et 
suiv.).  Depuis  la  publication  du  travail  de  M.  Rhys,  ce  manuscrit  a  été 
examiné  par  M.  H.  Bradshaw,  comme  témoignait  une  notice  manuscrite, 
écrite  de  sa  main,  et  jointe  au  manuscrit.  J'ai  pris  copie  de  cette  notice,  et 
comme  tout  ce  qui  émane  de  l'illustre  paléographe  est  instructif  pour  les 
celtistes,  il  me  paraît  intéressant  de  la  publier  ici,  comme  complément  à 
l'article  de  M.  Rhys. 

H.  Gaidoz. 
US.  89, 

Hisperica  famina,  cum  glossis  britannicis.  Sœc.  IX-X,  4  fî. 
in-4°. 

Thèse  two  sheets  (four  leaves)  were  discovered  in  the 
binding  of  Ms.  109  in  this  Library,  a  Ms.  of  the  IX-Xth 
century,  which  formerly  belonged  to  the  monastery  founded 
by  St.  Wiltibrord  at  the  close  of  the  VlIth  century,  and 
which  still  bcars  the  following  marks  of  ownership  at  the 
beginning  : 


2  20  Mélanges. 

Codex  sancti  JViUibrordi  cptcrnacensis  ccnobii  and  : 

A.  20  continct  Augustinum  super  primam  quinquagesimam 
psaltcrii. 

The  first  three  leaves  contain  fragments  of  a  set  oi  Hisperica 
famina  (western  utterances)  by  the  same  author  as  those 
•  printed  by  Cardinal  Mai  in  his  «  Classicorum  auctorum  ex 
codicibus  vaticanis  editorum  tomus  V  ». 

The  glossa  collectif  in  the  last  leaf  are  evidentlv  taken  from 
a  third  set  of  Hisperica  famina  by  the  same  author;  but  as 
the  scribe  has  only  copied  those  words  which  had  glosscs, 
and  has  omitted  ail  the  intervening  words  of  the  text,  it  is 
quite  impossible  to  form  mère  than  a  very  vague  idea  of  the 
drift  of  the  complète  work. 

From  the  forms  of  the  British  glosses,  which  are  hère 
copied  by  one  clearly  did  not  understand  what  he  was  copving, 
it  seems  probable  that  the  original  must  hâve  been  glossed  in 
Brittany  or  Cornewall  rather  than  in  Wales.  But,  though  the 
text  is  professedly  of  origin,  thèse  uncouth  Hisperic  words, 
which  abound  hère,  are  (sofar  as  I  knew)  only  found  elsewhere 
in  the  Lorica  of  Gildas  (printed  by  Mone,  Hymni  Latiui, 
I,  367,  as  «  Hymnus  quem  Lathacan  Scotigena  fecit  »)  in 
a  poem  addressed  to  the  redbreast  (rubisca)  in  the  Cambridge 
University  Library,  and  in  several  manuscripts  of  the  Xth 
Century,  mère  or  less  closely  unnected  with  Brittany. 

Henry  Bradshaw. 
Sept.  27,  1876. 


CORRESPONDANCE 


Monsieur, 

Dans  votre  numéro  de  juillet  vous  aviez  bien  raison  de  dire, 
à  propos  de  mes  articles  de  vulgarisation  sur  l'Irlande  dans  le 
Centiiry  Maga~iiie  de  New- York,  qu'il  y  a  toujours  des  Irlan- 
dais qui  persistent  à  envisager  l'histoire  d'Irlande  comme  des 
écrivains  du  moyen  âge.  Mais  je  ne  pensais  pas  mériter  d'être 
classé  parmi  eux. 

Les  Irlandais  d'Amérique  qui  s'adonnent  à  l'étude  des  anti- 
quités de  leur  île  natale  m'ont  môme  reproché  parfois  le  scep- 
ticisme avec  lequel  je  nie  beaucoup  de  choses  qui  ne  sont 
point  d'accord  avec  les  probabilités,  et  même  qui  sont  en  con- 
tradiction avec  la  situation  possible  des  races  en  Europe  dans 
ces  temps  si  éloignés.  De  vives  critiques  me  sont  adressées 
parce  que  je  trouve  sous  la  domination  celtique  une  popu- 
lation qui  a  quelque  analogie  avec  les  Finnois,  les  Hongrois, 
les  Turcs.  Je  trouve  leurs  traces  dans  les  traditions  assez  obs- 
cures recueillies  par  Keating  et  les  Quatre  Maîtres  (et  en  gé- 
néral mal  comprises  par  eux)  —  dans  la  langue  gaélique,  dans 
les  dieux,  fées,  héros  et  sorciers  entrevus  avec  beaucoup  de 
difficulté  à  travers  la  couche  chrétienne  —  dans  les  armes  de 
guerre,  dans  l'architecture  et  les  lois.  Si  vous  avez  la  bonté 
de  parcourir  les  articles  publiés  depuis  dans  le  Century  Maga- 
~ine,  en  mai,  juin  et  juillet  1889,  vous  trouverez,  si  je  ne  me 
fois  pas  illusion,  que  je  ne  suis  ni  de  ceux  qui  déduisent  Bri- 
tain  de  Brutus,  ni  de  ces  patriotes  irlandais  qui  s'eiforcent  de 
trouver  les  Phéniciens  établis  en  Irlande,  parce  que  les  chan- 
sons héroïques  parlent  de  guerriers  dits  Fenians. 


111  Correspondance. 

Mais,  d'autre  part,  il  me  semble  que  les  savants  modernes 
ont  poussé  le  scepticisme  trop  loin  en  refusant  toute  valeur 
aux  légendes  populaires  et  aux  récits  par  lesquels  commencent 
l'histoire  indigène  de  l'Irlande.  J'aurais  lu  vos  ouvrages  bien 
mal.  Monsieur,  et  ceux  de  M.  Henri  Gaidoz,  pour  ne  point 
parler  d'autres,  si  je  ne  comprenais  pas  que  la  saine  critique 
ne  doit  pas  écarter  toute  lumière  sur  le  passé  ténébreux  de 
l'Irlande  et  delà  Gaule,  parce  que  cette  lumière  tombe  à  travers 
des  fenêtres  à  l'antique  —  disons  de  cuir  gratté  ou  de  pierre 
transparente. 

En  Américain  qui  dérive  d'une  ancienne  souche  française, 
je  raconte  l'histoire  antique  de  l'Europe  entière  plutôt  que  celle 
d'Irlande;  ce  sont  mes  compatriotes  que  je  voudrais  intéresser 
aux  études  celtiques  plutôt  que  les  Irlandais,  qui  ont  chez  eux 
des  antiquaires  d'une  bien  plus  profonde  érudition.  La  série 
d'articles  qui  de  temps  en  temps  apparaîtront  dans  le  Century 
Maga::^ine  est  adressé  au  grand  public.  Certes,  je  ne  peux  pas 
entrer  dans  des  explications  trop  longues  et  savantes,  ni  tour- 
menter mes  aimables  lecteurs  par  trop  de  noms  qui  leur  sem- 
bleront barbares.  En  Angleterre  et  en  Amérique,  mon  sujet 
même,  étant  irlandais,  se  heurte  à  beaucoup  de  haines  de  races 
et  beaucoup  de  préjugés  politiques. 

Mais  j'espère  que  le  moment  arrivera  où  les  universités  de 
mon  pays  ouvriront  leurs  cadres  pour  admettre  l'enseignement 
des  vieilles  langues  de  l'Europe,  mettant  à  côté  des  chaires 
de  grec  et  latin  une  chaire  de  langues  celtiques.  Il  n'est  que 
juste  que  les  collégiens  aient  désormais  la  possibilité  d'ap- 
prendre à  connaître  un  peu  leurs  ancêtres  à  eux,  tout  en  ne 
négligeant  pas  le  latin,  le  grec  et  le  sanscrit. 

Charles  de  Kay. 

New-York,  13  août  1889. 


Paris,  le  2  février  1890. 
Monsieur  le  Professeur, 

Vous  connaissez  depuis  longtemps  les  tiers  de  sou  méro- 
vingiens attribués  par  les  numismatistes  à  l'atelier  d'Ambernac, 


Correspondance.  22  J 

dans  la  Charente,  et  qui  portent  en  légende  le  nom  de  lieu 
Antchrcnnaco,  Aniehrinnac,  Antehrinaco.  Permettez-moi  d'attirer 
votre  attention  sur  une  forme  plus  ancienne  du  même  nom. 
Un  tiers  de  sou  qui  est  entré  au  Cabinet  de  'France  en  1852 
donne  la  légende  ANDEBRINNACO  ;  un  autre,  qui  était  au 
nombre  des  1,131  pièces  de  la  collection  d'Amécourt  acquises 
récemment  par  le  même  Cabinet,  porte  ANDEBRENACV. 
Tous  les  noms  de  lieux  terminés  par  le  suffixe  ac,  à  l'origine 
desquels  on  a  pu  remonter,  ont  pour  racine,  comme  vous 
l'avez  démontré,  un  nom  d'homme  latin,  gaulois  ou  franc. 
Ambernac  ne  doit  pas  foire  exception.  Il  semble  qu'il  ait  pour 
origine  un  nom  gaulois.  Le  préfixe  Aude  a  une  physionomie 
gauloise  ;  on  le  retrouve  dans  des  noms  d'hommes  tels  que 
Andchrogirix,  Audcrex,  Anddipa  et  dans  plusieurs  ethniques 
tels  que  Andccavi,  Andematiiniim,  Aiidcritiini.  En  second 
lieu,  la  syllabe  briiin  ou  bniin  est  singulièrement  analogue 
au  mot  qui,  chez  certains  peuples  de  la  Gaule,  désignait  le 
chef  et  que  les  Latins  ont  rendu  par  hrcnnus.  Aussi  n'est-il  pas 
étonnant  que  des  noms  propres  se  soient  formés  sur  ce  thème. 
Sommes-nous  donc  autorisés  à  ajouter  Aiidebrcnnos  à  la  liste 
des  noms  d'hommes  gaulois  révélés  jusqu'ici  par  la  numisma- 
tique, c'est  à  vous,  Monsieur,  de  décider. 

Je  vous  prie  d'agréer,  Monsieur  le  Professeur,  l'expression 
de  mes  sentiments  de  très  profond  respect  et  de  dévouement. 

Maurice  Prou, 

Sous-bibliothêcaire  à  la  Bibliothèque  Nationale. 


Ande-breniios,  nom  d'homme  nécessaire  pour  expliquer  le  nom  de  lieu 
dérivé  Aiidcbriiinaciis  ou  Andcbrmacns,  est  en  effet  un  nom  gaulois  nouveau 
et  ce  nom  est  d'une  formation  régulière,  ainsi  que  le  justifie  la  comparaison 
avec  :  1°  Aiide-cainitlos,  inscription  gauloise  de  Nevers  et  en  même  temps 
nom  d'une  localité  de  Gaule,  probablement  Rançon,  Haute-Vienne 
(Orelli,  no  1804);  2°  Ande-roudiis,  connu  par  une  inscription  de  Padoue 
(C.  I.  L.,  V,  291 1).  Ces  deux  noms  d'hommes  nous  offrent,  comme  A nde- 
brennos,  deux  éléments  dont  le  premier  est  le  préfixe  Ande-  et  dont  le  second 
est  :  1°  Camulus,  bien  connu  comme  nom  divin,  mais  qui  a  été  aussi 
employé  comme  nom  de  personne  (C.  /.  Z,.,  III,  4892,  5479;  XII,  744); 
2°  Roudus,    lu   sur  une  marque  de  potier  (Schuermans,   Siglcs  figiilins, 


224  Correspondance. 

n^  4741)-  Le  nom  antique  de  la  ville  de  Langres  Anâe-maluninis  paraît 
avoir  été  originairement  un  nom  d'homme  formé  de  la  même  manière.  Le 
second  terme  Maliinniis  est  le  masculin  du  surnom  féminin  Matuna  attesté 
en  Espagne  par  une  inscription  de  Séville  (C.  /.  L.,  II,  1209),  ^^  le  mas- 
culin Matumis  se  rencontre  une  fois  avec  valeur  de  nom  divin  (C.  1.  L., 
VII,  995),  comme  Camulus  plus  connu.  —  H.  d'A.  de  J. 


Saint-Germain-en-Laye,  22  février  1890. 
Cher  Maître, 

Permettez-moi  de  contester  la  légitimité  d'une  des  critiques 
que  vous  adressez  à  mon  illustre  maître  Fustel  de  Coulanges 
dans  le  dernier  cahier  de  la  Réunie  Celtique  (1889,  p.  494.) 

«  L'auteur,  dites-vous,  ne  connaît  pas  tous  les  documents 
relatifs  à  son  sujet:  ainsi,  à  la  page  68  du  premier  des  volumes 
que  nous  venons  de  citer,  il  avance  qu'il  n'y  avait  pas  de 
statues  dans  la  Gaule  barbare  avant  la  conquête,  oubliant 
ainsi  le  passage  où  César  parle  des  nombreuses  statues,  plu- 
rinia  shnulacra,  du  dieu  gaulois  assimilé  à  Mercure.  » 

Je  vous  ferai  observer  d'abord  que  simulacrum  n'est  pas 
synonyme  de  statua  :  le  premier  mot  peut  désigner  une  image 
symbolique,  qui  n'a  pas  besoin  d'être  une  statue.  Ainsi  Pline 
écrit  (V,  5,5):  Balhus  in  triumpho  gentium  uvlnuinque  uoniina 
ac  SIMVLACRA  duxit.  Il  s'agit  ici  évidemment  d'inscriptions 
rappelant  les  noms  des  villes  et  des  peuples  et  d'images  (simu- 
lacra)  qui  les  personnifiaient  sans  leur  ressembler  —  en  un  mot 
qui  les  indiquaioit  à  la  manière  de  symboles. 

Or,  la  meilleure  preuve  que  César  (ou  son  autorité)  pour 
ce  passage  n'a  pas  pu  dire  autre  chose,  c'est  qu'il  n'existe  au- 
cune statue  de  Mercure  antérieure  à  la  conquête  romaine  sur 
le  sol  de  la  Gaule.  Il  est  inadmissible  qu'on  n'en  eût  pas  dé- 
couvert à  Bibracte,  à  Alesia  et  ailleurs,  si  le  texte  de  César 
devait  être  compris  comme  il  l'est  en  général.  L'archéologie 
militante  a  suffisamment  exploré  depuis  deux  siècles  le  sous- 
sol  de  la  Gaule  celtique  pour  qu'il  lui  soit  permis  de  conclure 
en  toute  sécurité  qu'il  n'y  avait  pas  de  statues  en  Gaule  antérieu- 
rement à  la  conquête.  Je  l'ai  écrit  à  mon  tour  dans  mon  Cata- 
logue sommaire  du  musée  de  Saint-Germain  (p.  27)  et  j'affirme 
que  ni  M.  Bertrand  ni  aucun  archéologue  ne  nïe  contrediront 


Correspondance.  22  c 

sur  ce  point.  Les  seules  sculptures  que  l'on  ait  crues  antérieures 
à  la  conquête  sont  les  grossiers  bas-reliefs  d'Entremont,  près 
Aix  (Desjardins,  Gaule  romaine,  t.  II,  p.  112 -et  pi.  I);  mais, 
à  supposer  que  cette  opinion  soit  prouvée,  —  et  elle  ne  l'est 
point,  —  il  s'agit  là  d'un  monument  découvert  dans  une  région 
de  la  Gaule  sur  laquelle  les  influences  grecques  et  romaines 
s'exerçaient  depuis  une  époque  fort  ancienne. 

Mais  alors,  que  dire  du  texte  de  César  ?  Il  serait  téméraire, 
je  crois,  de  le  récuser,  mais  il  faut  l'entendre  sans  forcer  le 
sens  du  mot  simnlacnim.  César,  qui  avait  habité  la  Grèce,  qui 
était  versé  dans  les  lettres  grecques,  connaissait  parfliitement 
ces  piliers  rectangulaires  et  ces  accumulations  de  pierres  que 
les  Grecs  appelaient  soit  'Ep;j,aT,  soit  àpiJ.zTa,  ipij.av.îç,  èpiJ.xTs-. 
Xôçoi.  Il  savait  aussi  que  le  bloc  de  pierre  debout,  plus  ou 
moins  façonné  à  l'image  d'un  ox'ù.oc,  passait  chez  les  Grecs 
pour  le  plus  ancien  symbole  d'Hermès.  On  peut  voir  tous  les 
textes  à  ce  sujet  réunis  par  Scherer  dans  le  Lexicon  der  Mytho- 
logie de  Roscher,  s.  v.  Hermès,  t.  I,  p.  2392  et  suiv.  Or, 
sans  parler  des  nombreux  obélisques  dits  menhirs,  encore  épars 
à  la  surface  du  sol  de  la  Gaule,  ni  des  accumulations  de 
pierres  auxquelles  on  donne  le  nom  biblique  de  galgal  (cf. 
Revue  archéologique,  1850,  p.  481),  la  toponymie  seule  suffit 
à  nous  prouver,  par  la  multitude  des  lieux  dits  Pierrefiche, 
Pierrefitte,  Pierrelevée,  etc.,  combien  de  monuments  analogues 
aux  grossiers  'P]p[xai  ou  'EpfxxTa  durent  se  présenter  en  Gaule 
aux  yeux  de  César  ou  de  son  auteur.  Je  ne  discute  pas  ici  la 
question  de  savoir  si  les  'EpiJ.xT  ou  'Ep[j,aTx  des  Grecs  ont 
autre  chose  qu'un  rapport  fortuit  avec  le  nom  du  dieu  Hermès; 
peut-être  n'y  a-t-il  là  qu'un  très  vieux  calembour,  mais  ce  n'est 
pas  la  question.  César  (ou  son  auteur)  voit  en  Gaule  un 
grand  nombre  de  monuments,  entourés  de  pratiques  supersti- 
tieuses, qu'il  identifie  à  ceux  où  les  Grecs  reconnaissaient 
les  symboles  d'Hermès;  il  en  conclut  naturellement  qu'Hermès- 
Mercure  est  le  principal  dieu  gaulois  (ce  qui  est  peut-être  une 
erreur)  et  il  parle  de  nombreux  simulacra  de  ce  dieu  qui  sont 
élevés  en  Gaule.  Nous  sommes  bien  loin  de  statues  ! 

Vous  voyez,  cher  Maître,  que  je  donne  parfaitement  raison 
à  Fustel.  Il  était  trop  peu  au  fait  de  l'archéologie  monumen- 
Revue  Celtique,  XL  1  ;> 


226  Correspondance. 

taie  pour  expliquer  comme  je  le  fais  la  phrase  de  César,  mais 
il  sentait  que  le  mot  sinnihtcni  dans  ce  texte  ne  dit  point  ce 
que  les  commentateurs  et  traducteurs  lui  font  dire. 

Peut-être  l'interprétation  que  je  propose  de  ce  passage  n'est- 
elle  pas  tout  à  foit  sans  importance.  Sous  l'influence  d'une 
école  qui  j  sagement  réagi  contre  les  folies  de  Cambry,  on 
est  allé  jusqu'à  refuser  aux  Celtes  toute  part  dans  l'érection 
des  monuments  mégalithiques.  J'ai  publié  l'été  dernier,  dans 
la  République  française  (24  juillet  1889),  une  note  très  courte 
où  je  me  suis  inscrit  en  faux  contre  cette  opinion.  Dans  leur 
ensemble,  dolmens  et  menhirs  appartiennent  à  une  civilisation 
que  je  crois  antérieure  à  l'époque  où  la  langue  celtique  fut 
parlée  en  Gaule  (je  ne  parle  pas  de  race  celtique,  ne  comprenant 
pas  ce  que  le  mot  de  race  signifie)  ;  mais  les  Celtes  adoptèrent 
les  pratiques  de  la  religion  dolménique,  comme  les  Francs 
adoptèrent  le  christianisme  des  gallo-romains.  César  a  pu  en- 
core voir  de  nombreux  menhirs,  objets  des  ofl"randes  et  des 
pratiques  superstitieuses  des  Gaulois.  Une  preuve  de  mon 
opinion,  que  je  crois  sans  réplique,  est  le  fameux  menhir  de 
Kernuz  (Revue  archéol.,  1879,  I,  pi.  III- V),  où  une  image  de 
Mercure  en  relief  a  été  sculptée  à  l'époque  romaine.  Le  dieu 
avec  son  cortège,  à  la  faveur  de  l'anthropomorphisme  gréco- 
romain,  est  venu  prendre  possession  de  \i  pierre  debout,  où  on 
l'adorait  depuis  longtemps  sans  l'avoir  figuré  sous  des  traits 
humains. 

Crovez,  cher  Maître,  à  mes  sentiments  respectueusement 
dévoués. 

Salomon  Reinach. 


Le  passage  de  César  dont  il  s'agit  ici  se  trouve  au  livre  VI,  c.  17,  §  i  : 
Gain  deiuii    niaxiine  Merciiriiiin    colnnt.    Hitjus  sitnt  plurima   simiilacra. 
M.  S.  Reinach  propose  pour  ce  texte  un  sens  complètement  nouveau. 

M.  S.  Reinach  a  un  grand  avantage  sur  la  plupart  des  archéologues  qui 
s'occupent  en  France  des  monuments  antérieurs  à  la  conquête  romaine, 
c'est  qu'il  connaît  parfaitement  l'archéologie  grecque  ;  et  il  doit  à  cette 
supériorité  d'instruction  des  vues  qui  forcément  ont  manqué  à  ses  prédé- 
cesseurs. On  a  souvent  observé  avec  étonnement  que  César  paraissait 
n'avoir  pas  aperçu  les  monuments  mégalitiques  de  la  Gaule.  Qu'il  n'ait  pas 
aperçu  les  dolmen  et  les  allées  couvertes,  cela  se  comprend  fort  bien  :  ces 


I 


Correspondance.  227 

monuments  devaient  encore,  au  temps  de  César,  être  à  peu  près  sans 
exception  couverts  par  des  éminences  artificielles  que  depuis  cette  époque 
des  cultures  reitérées  à  nombre  incalculable,  les  pluies  et  les  gelées  de  dix- 
neuf  cents  hivers  ont  nivelées  et  abaissées  presque  à  la  hauteur  du  sol 
environnant,  on  voit  tout  nus  les  dolmens  et  les  allées  couvertes  qu'un 
épais  manteau  de  terre  dérobait  au  regard  du  conquérant  de  la  Gaule.  Mais 
les  menhir  s'offraient  sans  voile  aux  yeux,  alors  comme  aujourd'hui  ;  les 
menhir  qui  sont  tombés  et  gisent  étendus  dans  la  campagne  étaient  proba- 
blement encore  la  plupart  debout,  un  grand  nombre  qui  depuis  ont  fourni 
de  la  pierre  à  bâtir,  du  pavé  ou  du  macadam,  étaient  encore  droits  à  la  place 
où  l'art  de  l'ingénieur  préhistorique  les  avait  dressés.  César  n'avait  rien  dit 
de  ces  monuments,  croyait-on.  On  se  trompe,  répond  M.  Reinach,  les 
menhir,  ce  sont  les  sinitdacra  dont  parle  César. 

Nous  remercions  le  savant  et  jeune  archéologue  d'avoir  choisi  la  Revue 
Celtique  pour  porter  à  la  connaissance  du  public  érudit  cette  doctrine  nou- 
velle qui  atteste  une  fois  de  plus  la  science  de  l'auteur  et  l'originalité  de 
son  esprit. 

Ce  que  nous  saisissons  moins,  c'est  le  rapport  qui  existe  entre  cette  doc- 
trine, —  on  pourrait  dire  probablement  cette  découverte  —  et  la  critique 
que  nous  avons  adressée  à  M.  Fustel  de  Coulanges.  Si  le  passage  précité 
de  César  avait  été  présent  à  la  mémoire  de  l'éloquent  professeur,  c'est 
avec  le  sens  de  «  statues  «  que  le  mot  sinnilacra  se  serait  présenté  à  son 
esprit.  M.  Fustel  de  Coulanges  vivra  comme  écrivain,  il  est  peu  probable 
qu'il  compte  jamais  parmi  les  archéologues  dont,  en  notre  siècle,  la  France 
pourra  s'enorgueillir.  —  H.  d'A.  de  J. 


BIBLIOGRAPHIE 


Les  premiers  habitants  de  l'Europe  d'après  les  écrivains 
de  l'antiquité  et  les  travaux  des  linguistes,  par  H.  dAr- 

BOis  DE  JuBAiNViLLE,  seconde  édition,  corrigée  et  considérablement  aug- 
mentée par  l'auteur,  avec  la  collaboration  de  G.  Dottin,  secrétaire  delà 
rédaction  de  la  Revue  Celtique  Tome  premier  :  i°  Peuples  étrangers  à  la 
race  indo-européenne  (habitants  des  cavernes,  Ibères,  Pélasges,  Etrus- 
ques, Phéniciens);  2°  Indo-Européens,  première  partie  (Scythes,  Thraces, 
Illyriens,  Ligures).  Paris,  Thorin,  1889.  gr.  in-8,  400  pages. 

Cette  seconde  édition  se  distingue  de  la  première,  sans 
parler  d'un  certain  nombre  de  corrections  et  d'additions,  par 
deux  innovations  principales.  Dans  l'intérêt  de  la  clarté, 
M.  d'Arbois  de  Jubain ville  a  divisé  les  chapitres  en  para- 
graphes précédés  chacun  d'un  titre  qui- en  annonce  le  sujet. 
Réunis  au  début  de  chacun  des  chapitres,  les  titres  des  para- 
graphes qui  le  composent  forment  un  sommaire  qui  fait  em- 
brasser en  un  coup  d'œil  l'ensemble  du  sujet.  Une  autre  modi- 
fication, plus  importante,  a  consisté  à  imprimer  en  notes  la 
plupart  des  textes  sur  lesquels  s'appuie  l'auteur. 

Les  subdivisions  m'ont  paru  trop  nombreuses.  Très  utile 
dans  un  manuel,  dans  les  livres  destinés  à  l'enseignement,  ce 
système  est  gênant  dans  un  livre  d'érudition,  lorsqu'il  est 
poussé  trop  loin.  Le  lecteur  a  peine  à  saisir  l'ensemble  d'une 
exposition  ainsi  hachée.  Le  sommaire  remédie  en  partie  à  ce 
défaut.  L'auteur  s'est  condamné  aussi  par  sa  méthode,  m'a- 
t-il  semblé,  à  beaucoup  de  redites  ^ 

I .  L'auteur  a  cédé,  en  coupant  ses  chapitres,  à  des  conseils  d'ami.  Si  j'en 
avais  un  à  lui  donner,  je  lui  conseillerais,  dans  la  troisième  édition,  d'en 
faire  à  sa  tête. 


Bibliographie.  229 

L'autre  innovation  ne  mérite  que  des  éloges  et  le  lecteur  ne 
peut  qu'en  savoir  le  plus  grand  gré  à  l'auteur  ^ 

La  seconde  édition,  d'une  lecture  assurément  plus  flicile  que 
la  première,  se  distingue  par  les  mêmes  qualités  :  une  grande 
conscience  dans  les  recherches,  la  sincérité  la  plus  parfaite 
dans  la  discussion,  le  zèle  le  plus  intatigable  pour  profiter  des 
travaux  et  des  progrès  de  la  science  contemporaine,  en  parti- 
culier de  la  linguistique  :  qualités  précieuses  et  rares  qui  ren- 
dront son  œuvre  durable  et  indispensable  à  consulter  pour 
tous  ceux  qui  étudient  les  antiquités  européennes.  Elle  est  ce- 
pendant, si  je  ne  me  trompe,  entachée  de  deux  défauts,  plus 
graves,  peut-être,  en  apparence  qu'en  réalité  : 

1°  M.  d'A.  de  J.  s'est  privé  d'une  source  d'informations  des 
plus  précieuses,  nécessaire  même  pour  contrôler  les  assertions 
Jorcémcnt  contradictoires  des  auteurs  anciens,  en  laissant  de 
côté,  en  grande  partie,  les  découvertes  de  l'archéologie  con- 
temporaine. 

2°  M.  d'A.  de  J.  s'est  exposé  à  voir  contestée  ou  amoindrie 
la  solidité  de  ses  recherches  en  négligeant,  au  moins  en  appa- 
rence, de  nombreux  travaux  parus,  surtout  depuis  une  ving- 
taine d'années,  sur  les  sources  auxquelles  ont  puisé  les  histo- 
riens et  géographes  de  l'antiquité,  sur  la  critique  des  textes 
grejcs  et  latins,  au  point  de  vue  historique. 

L'auteur,  dans  sa  préfoce,  page  xvi,  déclare  bien  qu'il  a 
laissé  de  côté  l'archéologie  préhistorique,  ajoutant  modeste- 
ment que  ce  silence  n'est  pas  l'effet  du  dédain,  qu'il  est  sim- 
plement l'aveu  de  son  incompétence.  Mais  il  ne  tient  pas  ab- 
solument sa  promesse,  par  exemple  au  chapitre  P'  :  c'était 
d'ailleurs  impossible.  Mieux  eût  valu,  en  effet,  ne  rien  dire 
des  habitants  de  l'Europe  avant  les  races  historiques  que  de 
se  contenter,  sur  ce  point,  du  témoignage  des  écrivains  clas- 
siques. Les  textes,  même  d'Homère,  n'ont  aucune  valeur,  en 
ce  qui  concerne  l'Europe,  en  dehors  de  la  Grèce  continentale. 
Les  récits  sur  les  Cyclopes,   les  Sirènes,  les  îles  d'Eole,  les 


I .  Les  textes  grecs  m'ont  paru  reproduits  avec  soin.  J'ai  remarqué  ce- 
pendant çà  et  là  des  fautes  d'esprit  et  d'accent,  par  ex.  p.  5,  ol'y'  pour  oî'y'; 
at  pour  ai';  p.  11,  o-  pour  o'. ;  p.  6,  Oî^'ôtaîv  pour  Oîto''[j.îv. 


230  Bibliographie. 

Lestrygons,  sont  de  véritables  contes,  des  épouvantails  in- 
ventés en  partie  ou  répandus  dans  le  monde  grec,  dans  un 
dessein  facile  à  comprendre,  par  les  navigateurs  phéniciens. 
M.  d'A.  de  J.  renvoie,  en  ce  qui  concerne  l'archéologie  pré- 
historique, au  livre  de  M.  Bertrand,  La  Gaule  avant  les  Gaulois. 
Or,  M.  Bertrand,  entre  l'homme  tertiaire  ou  quaternaire  et 
les  races  historiques,  ne  voit  pas,  comme  M.  d'A.  de  J.,  uni- 
quement des  troglodytes;  il  distingue  bien  d'autres  populations. 
De  plus,  il  ne  fait  pas  des  habitants  des  cavernes  le  portrait 
terrifiant  qu'en  trace  M.  d'Arbois.  Il  va  jusqu'à  leur  attribuer 
un  sentiment  des  arts  développé  !  Quant  aux  néo-lithiques,  je 
ne  vois  pas  qu'ils  soient  très  inférieurs  à  bon  nombre  d'élec- 
teurs français  :  ils  ont,  d'après  M.  Bertrand,  maisons,  chevaux 
attelés,  bœufs,  blé,  fromage;  ils  savent  tisser  le  lin,  naviguer; 
leurs  armes  sont  redoutables  ;  au  point  de  vue  moral,  ils  se 
distinguent  par  une  qualité  qui  en  suppose  beaucoup  d'autres  : 
ils  ont  le  respect  et  le  culte  des  morts  ;  ce  qui  est  très  conso- 
lant pour  nous,  ces  braves  gens  constituant,  toujours  à  ce 
qu'assure  M.  Bertrand,  les  deux  tiers  du  fonds  de  la  nation 
française.  M.  d'A.  de  J.  aurait  dû  aussi  dire  un  mot  des  dol- 
mens, quand  ce  n'eût  été  que  pour  réserver  la  question.  Il  est 
impossible,  en  effet,  de  séparer  complètement  l'époque  des  ca- 
vernes de  celle  des  dolmens,  dans  certaines  régions  :  M.  J.  de 
Baye  n'a-t-il  pas  trouvé  dans  les  cavernes  de  la  Champagne  les 
mêmes  objets,  la  même  civilisation  matérielle  que  sous  les 
dolmens  de  la  Lozère  ?  Enfin  le  livre  de  M.  Bertrand,  quelque 
utile  qu'il  soit  par  les  renseignements  précieux  qu'on  y  trouve 
condensés,  est  un  des  plus  discutables  qu'on  puisse  imaginer, 
sans  sortir  même  du  domaine  de  l'archéologie  préhistorique  ^ 
C'est   surtout  peut-être  à   propos   des  Etrusques   qu'il   est 


I .  M.  de  Closmadeuc,  en  réponse  à  une  lettre  de  M.  de  Caumont,  a  dé- 
montré surabondamment  la  fausseté  du  système  exposé  par  M.  Bertrand 
sur  les  dolmens  dans  la  Revue  archéologique,  et  légèrement  modifié  dans 
son  livre  La  Gaule  avant  les  Gaulois  (Bulletin  de  la  Société  polym.  du  Mor- 
bihan, 1865).  Les  faits  n'ont  pas  été  suffisamment  observés.  L'auteur  bâtit 
des  théories  grosses  de  conséquences  sur  de  véritables  pointes  d'aiguilles  : 
un  de  ses  principaux  arguments  pour  rattacher  les  Venètes  aux  Hénètes  de 
Paphlagonie,  c'est  que  les  paysans  bretons  d'Auray  aujourd'hui  attachent  leurs 
vêtements  avec  des  espèces  de  fibules  à  boudin  (épingles  anglaises). 


Bibliographie.  2  5 1 

facile  de  voir  combien  M.  d'A.  de  J.  a  été  mal  inspiré  en  né- 
gligeant les  indications  de  l'archéologie.  Les  témoignages  des 
anciens  sur  l'identité  des  Pelages  et  des  Etrusques  sont  des  plus 
contradictoires.  A  celui  d'Hérodote,  qui  fliit  sortir  les  Tur- 
sanes  de  Lydie,  on  peut  opposer,  entre  autres  arguments,  le 
silence  de  Xanthos  le  Lydien  dans  ses  Lydiaca  (Denys,  Arch., 
I,  28).  Au  milieu  de  ce  conflit  d'opinions,  le  dernier  mot  est 
à  l'archéologie  proprement  dite,  la  Hnguistique  réservant  jus- 
qu'à ce  moment  son  jugement.  Or,  cette  science  confirme 
l'opinion  de  Niebuhr;  les  Etrusques  ne  sont  pas  arrivés  en 
Italie  par  mer  :  ils  y  sont  venus  par  le  nord.  Leur  civilisation 
primitive  n'a  rien  de  lydien.  Ce  qu'ils  ont  eu  de  commun  à 
une  certaine  époque  avec  la  Lydie,  ils  le  doivent  aux  commer- 
çants de  Tyr  et  de  Sidon.  C'est  la  thèse  que  développe 
M.  Martha  dans  son  ouvrage  récent  sur  l'art  étrusque.  Ce 
sont  aussi  les  idées  de  deux  archéologues  éminents,  MM.  Hel- 
big  et  Undset  (Aniiali  dcW  Instituto  di  corresponden:^a  archceo- 
lûgia,  1884-1885)^ 

L'archéologie  est  un  moyen  de  contrôler  l'exactitude  et  la 
valeur  des  textes  anciens.  Il  y  en  a  un  autre  :  c'est  de  se 
rendre  compte  des  sources  auxquelles  ils  ont  été  puisés,  ce  qui 
est  souvent  possible.  La  critique  des  sources  historiques  est  le 
fondement  de  toute  étude  scientifique  sur  l'antiquité.  Mal- 
heureusement, cette  branche  de  la  philologie  et  de  l'histoire 
est  des  plus  négligées  en  France,  tandis  qu'elle  a  pris  un 
énorme  développement  en  Allemagne.  Les  colonnes  du  Rbci- 
nisches  Miiscenni,  du  Pbilologus,  de  VHennes  sont  remplies 
d'études  de  ce  genre,  sans  parler  d'un  grand  nombre  de 
thèses  et  de  dissertations  qui  ont  le  même  objet.  Beaucoup  de 
ces  travaux  ne  sont  guère  concluants  ;  un  certain  nombre  ont 
donné  de  sérieux  résultats.  M.  d'A.  de  J.  a  puisé  ses  textes 
dans  de  bonnes  éditions  ;  il  connaît  les  idées  courantes  sur  la 
valeur  des  historiens.  Mais  il  ne  semble  pas  toujours  avoir 
suivi  d'assez  près  le  mouvement  de  la  critique  des  textes  histo- 


I .  Pour  les  Pélasges,  il  y  a  une  grande  part  de  vérité  dans  la  boutade 
de  Wilamowitz  :  sie  sind  nur  da,  iim  vcrtricben  ^u  werden.  Ce  sont  les  bou- 
che-trous de  l'histoire  de  la  Grèce  ancienne. 


2  3  2  Bibliographie. 

riques  en  Allemagne,  quoiqu'il  connaisse  les  meilleurs  ouvrages 
d'histoire  parus  dans  ce  pays  jusqu'à  ces  derniers  temps.  En 
voici  quelques  preuves  : 

P.  39,  en  note  :  Scymnus  de  Chio,  dit  l'auteur,  s'appuie 
sur  Timée.  Or,  Scvmnus  n'est  plus  considéré  comme  l'auteur 
du  poème  géographique  qui  porte  son  nom,  mais  il  suit,  il  est 
vrai,  Timée  et  Ephore  (Unger,  Die  Chronik  des  Apollodoros, 
Philologus XLI  (1882),  p.  603).  Il  n'était  pas  inutile  d'ajouter 
que  le  vrai  Scvmnus  vivait  probablement  au  commencement 
du  deuxième  siècle  (Rohde,  Rhein.  Mus.,  XXXIV). 

P.  41.  Le  périple  de  Scylax  serait  contemporain  d'Hécatée. 
Il  est  certain  que  le  vrai  Scylax  de  Karyanda  en  Carie  vivait 
du  temps  de  Darius  et  avait  même,  sur  son  ordre,  visité  les 
côtes  du  golfe  arabique,  mais  le  périple,  qui  est  une  description 
générale  des  côtes,  est  bien  postérieur.  D'après  des  indications 
contenues  dans  l'ouvrage  même,  Unger  le  met  vers  356  (Phi- 
lol.  33,  p.  29). 

Pour  Denys  le  Périégète,  il  eût  fallu  citer  les  travaux 
récents,  notamment  la  découverte  décisive  de  Leue,  établis- 
sant que  l'auteur  écrivait  sous  Hadrien  (PhiloL,  42,  175).  Il 
était  bon  d'ajouter  que  nous  avons  deux  versions  de  l'œuvre 
de  Denys,  une  d'Avienus,  une  autre  plus  courte  de  Priscien 
(Christ,  Griech.  Litt.,  p.  507).  M.  d'A.  de  J.  cite  plusieurs 
fois  Hécatée,  mais  ne  laisse  pas  soupçonner  que  l'authenticité 
de  ses  écrits  a  été  sérieusement  mise  en  doute.  Cobet  (Mné- 
mosyne,  1883)  rejette  tout  en  bloc.  Sittl,  dans  sa  remarquable 
histoire  de  la  littérature  grecque  (Gr.  Litt.,  I,  349)  doute  de 
l'authenticité  des  rt'nx\z^;ix:.  De  bons  critiques  ne  sont  pas  de 
cet  avis,  par  exemple.  Christ  dans  sa  Gr.  Litt.  (cf.  Diels, 
Hermès,  XXII,  411). 

M.  d'A.  de  J.  préfère,  à  propos  de  l'identité  des  Sicanes  et 
des  Ibères,  le  témoignage  de  Thucydide  et  de  Philistus  qui  la 
soutiennent,  à  celui  de  Timée  de  Tauromenium  qui  la  nie, 
parce  que  les  deux  premiers  sont  plus  anciens.  Timée  est  en  etfet 
postérieur  aux  deux  autres,  mais  il  a  mis  à  profit  pour  l'his- 
toire de  la  Sicile  la  principale  autorité  de  Thucydide  et  de  Phi- 
listus pour  l'histoire  ancienne  de  la  Sicile,  c'est-à-dire  Antio- 
chus  de  Syracuse  (sur  Antiochus,   source  de  Thucydide,  v. 


Bibliographie.  23  j 

Wôlfflin,  Ant.  vonSyr.  und  Cœlius  Ant.  Leipzig,  1870).  Il  a 
eu  beaucoup  plus  de  matériaux  à  sa  disposition.  Il  a  étudié  les 
monuments  anciens  de  son  pays,  les  inscriptions  même  des 
temples  et  des  colonnes  (Polybe,  XII,  11).  Les  antiquités  phé- 
niciennes et  carthaginoises  lui  étaient  connues.  Il  est  reconnu 
aujourd'hui  que  l'œuvre  de  Timée  était  la  principale  autorité 
pour  l'histoire  de  la  Sicile  (Classen,  Untersurchungen  ûber 
Timaios  von  Tauromenion,  Kiel,  1883).  M.  d'A.  de  J.,  si  je 
ne  me  trompe,  n'a  pas  non  plus,  à  côté  de  l'opinion  person- 
nelle de  Thucydide,  cité  le  passage  où  ce  même  écrivain  re- 
connaît que  les  Sicanes  eux-mêmes  se  disaient  autochtones 
(Thucyd.,  VI,  2,  2).  Antiochus  de  Syracuse  tenait  aussi  les 
Sicanes  pour  autochtones  (Diod.,  V,  24).  Tout  ceci  d'ailleurs 
ne  suffit  pas  pour  renverser  la  thèse  fort  bien  soutenue  de 
M.  d'A.  de  J.  Pour  corroborer  le  témoignage  de  Phihstus, 
l'auteur  pouvait  encore  faire  remarquer  que  l'écrivain  syra- 
cusain  avait  connu  les  mercenaires  ibcrcs  de  Denys  l'ancien  ^ 

Sur  les  questions  d'histoire  ancienne,  M.  d'A.  de  J.  me 
semble  ajouter  trop  de  foi  au  témoignage  de  Strabon.  Suivant 
la  remarque  de  Christ  (Gr.  Litt.,  481),  Strabon  ne  paraît  avoir 
connu  Pythéas,  Demetrius  de  Skepsis,  Eudoxus  même,  que 
par  les  ouvrages  des  autres.  Sur  la  géographie  de  la  Grèce  an- 
cienne, sa  principale  autorité  est  le  catalogue  des  vaisseaux 
d'Homère  commenté  par  Apollodore. 

A  propos  d'Aristeas  de  Proconnèse,  pourquoi  n'avoir  pas 
cité  le  principal  travail  qui  ait  été  fait  sur  ce  poète,  celui  de 
M.  Tournier  (De  Aristea  Proconnaesio  et  Arimaspeo  poemate, 
Paris,  1863)? 

Il  n'eût  pas  été  inutile  de  faire  remarquer  que  la  partie  de 
l'Odyssée  où  il  est  question  de  la  Sicanie  et  des  Sikeles  est  la 
plus  récente  du  poème. 


I .  Si  l'origine  ibérique  des  Sicanes  est  soutenable,  il  y  a  néanmoins  de 
sérieuses  raisons  de  croire  à  la  parenté  des  Sicanes  et  des  Sicules.  comme 
le  dit  Busolt  en  résumant  la  discussion  (Gr.  Gesch.,  233,  234).  On  aurait 
voulu  voir  M.  d'A.  de  J.  discuter  les  arguments  de  Holm,  Gesch.  Siciliens, 
I,  58;  de  Nissen,  Ital.  Landeskunde,  I,  547.  Pour  les  Sicules,  le  peu  qui 
semble  rester  de  leur  langue  parait  indiquer  une  parenté  avec  les  Latins 
(Weise,  Rhein.  Mus.,  XXXVIII,  538). 


2  34  Bibliographie. 

M.  d'A.  a  aussi  négligé  parfois,  assez  rarement  m'a-t-il 
semblé,  certains  textes  anciens  d'une  réelle  importance.  Cest 
ainsi  que,  contrairement  à  la  thèse  de  l'auteur  qui  fait  des  Si- 
cules  une  branche  des  Ligures,  Hellanicus,  Fr.  53,  présente 
les  Sicules  comme  des  Ausones.  Or,  c'est  le  nom  que  don- 
naient les  Grecs  à  la  branche  osque  des  Auseli  ou  Aurunci  (v. 
Busolt,  Gr.  Gesch.,  p.  238,  note  2)  ^ 

P.  174,  les  Cariens,  de  même  race  que  les  Pélasges,  dit 
l'auteur,  auraient  été  soumis  aux  Lélèges.  Or,  l'écrivain  ca- 
rien,  Philippe  de  Suangela,  affirme  que  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  lui,  les  Lélèges  étaient  esclaves  des  Cariens 
(Fragm.  I,  chez  Athénée,  VI,  271).  A  Tralles,  le  meurtre 
d'un  Lélège  était  racheté  par  un  boisseau  de  pois,  au  témoi- 
gnage de  Plutarque  (Quaest.  Gr.,  46).  Les  Lélèges  ont  été  les 
premiers  habitants  de  la  Carie,  les  Cariens  seront  venus  après 
et  les  auront  soumis  ;  ainsi  s'expliquerait  l'erreur  d'Hérodote 
et  de  ses  autorités  en  ce  qui  concerne  ces  deux  peuples.  Quant 
aux  Cariens,  ils  se  considéraient  comme  les  parents  des  My- 
siens  et  des  Lydiens.  Cariens,  Lydiens,  Mysiens  et  Phrygiens 
sont  regardés  aujourd'hui  avec  raison  par  la  plupaft  des  criti- 
ques comme  appartenant  au  groupe  indo-européen  d'Asie-Mi- 
neure (v.  l'état  de  la  question  chez  Busolt,  Gr.  Gesch.,  p.  33). 

L'identité  des  Cassitérides  avec  les  Iles-Britanniques  a  été 
mise  en  doute  récemment  par  Unger  (Rhein.  Mus.,  XXXVIII, 
p.  157).  L'éminent  critique  a  assurément  tort  de  nier  l'iden- 
tité d'Albion  et  de  la  Bretagne  insulaire,  mais  il  n'en  ressort 
pas  moins  de  son  étude,  à  mon  avis,  qu'il  y  a  eu  confusion 
chez  plusieurs  écrivains  de  l'antiquité  entre  Albion,  Hierne  et 
des  îles  de  la  côte  ouest  de  l'Espagne.  Pour  les  îles  Œstrym- 
nides  la  question  me  paraît  encore  moins  résolue. 

On  ne  voit  pas  non  plus  comment  le  fleuve  Sicanos  serait 
devenu,  linguistiquement,  en  gaulois,  Scquajia. 


I .  L'opinion  de  Philistus  que  les  Sicules  sont  des  Ligures  n'a  peut-être 
pas  autant  de  poids  que  semble  lui  en  attribuer  M.  d'A.  de  J.  Thucydide 
ayant  raconté  que  les  Sicanes  avaient  été  chassés  par  des  Ligures,  et  les  Si- 
canes  ayant  été  effectivement,  en  Sicile,  refoulés  parles  Sicules,  Philistus  en 
a  conclu  que  les  Sicules  étaient  Ligures  (Busolt,  Gr.  Gesch.,  pp.  237-258, 
note  2). 


Bibliographie.  23  s 

Je  m'empresse  d'ajouter  qu'en  supposant  comblées  toutes 
les  lacunes  que  je  me  permets  de  signaler,  l'œuvre  de  M.  d'A. 
de  J.  ne  serait  pas  modifiée  dans  ses  traits  principaux  :  des 
détails  importants  seraient  seulement  remaniés  ;  sur  quelques 
graves  questions,  l'auteur,  cependant  si  prudent,  serait  encore 
moins  affirmatif.  Le  meilleur  et  le  plus  juste  éloge  que  l'on 
puisse  faire  de  cette  nouvelle  édition,  c'est  qu'elle  est  sensi- 
blement supérieure  à  la  première,  qui  avait  été  si  favorablement 
accueillie  par  le  monde  savant. 

J.  LOTH. 

Trion.  Antiquités  découvertes  en  1885,  1886  et  antérieu- 
rement au  quartier  de  Lyon  dit  de  Trion,  décrites  par 
A.Allmer  et  P.  DissARD,  18S7-1888,  deux  vol.  in-8,  CLXViii-641  p.; 
extraits  des  Mémoires  de  l'Académie  de  Lyon. 

Le  premier  volume  débute  par  une  histoire  de  Lyon  romain 
que  M.  Allmer  a  écrite  avec  sa  science  accoutumée.  Vient  en- 
suite une  étude  par  le  même  auteur  sur  les  inscriptions  lapi- 
daires trouvées  à  Trion.  Elles  sont  au  nombre  de  cent  quinze. 
Le  second  volume,  rédigé  par  M.  Dissard,  contient  le  cata- 
logue de  dix-huit  cents  articles  numérotés  116-1915,  tom- 
beaux la  plupart  anépigraphes,  fragments  de  poteries  avec 
marques  portant  des  noms  de  potiers,  quelques-uns  inédits, 
monnaies,  etc.  Il  se  termine  par  des  tables  dans  lesquelles  on 
remarque  l'index  des  noms  et  des  surnoms  contenus  dans  le 
tome  I,  p.  1-253;  '^^^^^  table  renvoie  aux  pages  et  non  aux 
numéros  des  inscriptions.  Quant  aux  noms  et  surtout  aux 
surnoms,  très  nombreux  dans  le  second  volume,  p.  265-595, 
les  auteurs  n'ont  pas  jugé  à  propos  d'en  donner  un  index 
alphabétique.  On  les  trouvera  dans  les  sections  intitulées:  tom- 
beaux, p.  270-288;  conduits  d'hypocaustes,  antéfixes,  terrines, 
p.  317-320;  amphores,  p.  322-333;  urnes,  p.  335;  vases  de 
formes  diverses,  p.  340^  marques  sur  poterie  rouge,  p.  341-468; 
médaillons  relatifs  aux  jeux  de  l'amphithéâtre,  p.  493  ;  marques 
sur  lampes,  p.  508-513. 

Dans  son  histoire  de  Lyon  romain  qui  est  intitulée  Exposé 
préliiiiiiiairc,  M.  Allmer  revient  sur  sa  doctrine  relative  à  l'éty- 
mologie  de  Lyon.  C'est  aux  pages  xx-xxi  ;  le  paragraphe  est 


2j6  Bibliograppie. 

intitulé  :  «  Lu^^u  et  Lukos,  le  nom  du  corbeau  est  le  même  en 
celtique  et  en  grec.  »  Voici  la  conclusion  : 

«  Le  grec  lukos  répond  en  latin  à  monedula,  autrement  dit 
«  corviis  monedula  qui  lui-même  répond  en  allemand  au  mot 
«  dohle  et  en  français  au  mot  choucas.  L'identité  de  lugu  et  de 
«  lukos  est  manifeste  ;  elle  est  manifeste  également  entre  lupi 
«  et  [l'arabe]  loucha  ;  bien  que  moins  apparente  entre  lugu  et 
«  choucas,  elle  se  laisse  cependant  encore  apercevoir.  On  n'est 
«  donc  plus  admis  à  venir  prétendre  que  n'existe  en  aucune 
«  langue,  pour  désigner  un  corbeau,  un  mot  analogue  à  lugu, 
«  et  ce  sera  peut-être  le  dénouement,  cette  fois,  de  la  longue 
«  querelle  au  sujet  de  l'étymologie  du  nom  antique  de  Lyon, 
«  querelle  dans  laquelle  a  été  apporté,  en  ces  temps  derniers, 
«  bien  moins  un  effort  sincère  pour  arriver  à  la  vérité  que  le 
«  malsain  désir  de  sacrifier  à  cette  archéologie  de  faux  aloi,  de 
«  clinquant  et  d'aperçus  à  sensation  qui  paraît  être  au  goût 
«  du  jour.  » 

Il  est  exact  que  le  mot  grec  X'jy.cç,  dont  le  sens  ordinaire  est 
«  loup  »,  mais  qui  a  plusieurs  sens  accessoires,  est  donné 
comme  un  nom  du  choucas  par  Aristote,  Histoire  des  animaux, 
livre  IX,  c.  24  ^  Il  y  a  de  ce  mot  avec  le  sens  de  choucas 
une  variante  Ajy.-.cc  qui  nous  est  connue  par  Hesychius.  Mais 
l'identité  du  thème  luco-  dans  '/.jv.zz  et  du  thème  lugu-  dans 
Lugu-dunum  n'est  pas  si  évidente  que  paraît  le  croire  le  savant 
auteur  ;  il  lui  semble  qu'on  a  les  deux  équations  k  =  g  et 
0  =:  H.  La  conséquence  en  résulterait  qu'en  français  bac  et 
bague  seraient  deux  façons  de  prononcer  le  même  mot  et  qu'il 
n'y  aurait  pas  de  différence  dans  la  même  langue  entre  butte 
et  botte. 

Il  paraît  établi  que  la  colonie  romaine  de  Lyon  avait  un 
corbeau  pour  armoiries.  Etait-ce  des  armes  parlantes?  Telle 
est  la  question.  Déjà  les  Scgusiavi  avaient,  paraît-il,  sur  leurs 
monnaies,  la  représentation  d'un  corbeau  {Trion,  p.  xvii);  en 
conclurons-nous  que  Segusiavus  veuille  dire  «  corbeau  »  ?  La 
maison  de  Bourbon  a  dans  ses  armes  des  fleurs  de  lis;  s'en- 
suit-il que  Bourbon  soit  en  français  un  nom  de  la  fleur  de  lis? 

I.  Édition  Didot,  t.  III,  p.  186,  1.  5. 


Bibliographie.  237 

Et  de  ce  que  les  Plantagenets  portaient  sur  leur  écu  trois  léo- 
pards de  gueules,  il  ne  résulte  pas  qu'en  français  plantagenet 
soit  un  nom  du  léopard.  La  doctrine  empruntée  par  l'auteur 
anonyme  du  traité  de  fluviis  à  l'inconnu  Clitophon  est  sans 
autorité  et  on  ne  peut  fonder  sur  elle  une  étymologie  scienti- 
fique du  nom  de  Lyon.  On  dira  en  vain  qu'à  l'époque  où 
cette  étymologie  a  été  inventée,  on  devait  à  Lyon  savoir  le 
gaulois.  Le  livre  de  M.  Allmer  semble  fait  pour  démontrer  le 
contraire;  il  le  prouve  par  la  rareté  des  noms  gaulois  dans  les 
deux  index  qu'il  a  dressés.  D'ailleurs  rien  au  monde  n'établit 
que  Clitophon  fût  un  Lyonnais.  C'est  un  érudit  grec  quel- 
conque qui,  au  fond  de  son  cabinet,  entouré  de  ses  livres, 
peut-être  un  Aristote  sous  les  yeux,  et  frappé  comme  M.  Allmer 
de  la  consonance  entre  'k'jy.zztlLugu-,  a  tiré  de  son  cerveau  Téty- 
mologie  considérée  comme  évidente  par  le  savant  épigraphiste 
de  Lyon.  Il  n'y  a  pas  trace  d'un  thème  lugu-  a  corbeau  «  dans 
les  dialectes  néo-celtiques. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  I.  Vie  d'Hugues  Roe  O'Donnell  par  Lughaidh  O'Clery.  —  II.  La  Société 
pour  la  conservation  de  la  langue  irlandaise.  —  III.  Leçons  d'archéologie  de  la  fon- 
dation Rhuid  par  M.  J.  Rhys.  —  IV.  Suite  des  travaux  du  P.  Hogan  sur  le  livre 
d'Armagh.  —  V.  M.  C.-A.  Serrure  auteur  d'une  grammaire  gauloise.  —  VI.  Epi- 
graphie  romaine  du  Poitou  et  de  la  Saintonge  par  M.  Esperandieu.  —  VII.  Vies  de 
saints  irlandais  extraites  du  livre  de  Lismore,  par  M.  VVhitley  Stokes.  —  VIII.  Epaves 
delà  tradition  celtique  recueillies  par  le  Rév.  Mac  Innés  annotées  par  M.  Alfred  Nutt, 
—  IX.  Vies  de  saint  Ronan  et  de  saint  Jacu  dans  une  publication  nouvelle  du  P.  De 
Smedt.  —  X.  M.  Salomon  Reinach  et  les  Gaulois  dans  l'art  antique.  —  XI.  Ogmios 
dans  le  Dictionnaire  de  mythologie  grecque  et  romaine  de  M.  W.  Roscher.  — 
XII.  Fusion  de  VArchaeological  Rcview  et  du  Folklore  Journal.  ■ —  XIII.  Cucuimne 
et  Cummian.  —  XIV.  Le  Celtique,  sujet  d'examen   à  l'Université  de  Londres.  — 

XV.  Une  nymphe  de  la  mer  dans  la  mythologie  et  dans  l'histoire;?;  d'Irlande.  — 

XVI.  Gloses  irlandaises  et  bretonnes  publiées  par  M.  Whitley  Stokes. —  XVII.  Ré- 
pertoire général  de  Bio-bibliographie  bretonne.  —  XVIII.  Marques  de  potier  pu- 
bliées par  M.  Habert.  —  XIX.  Mystère  de  saint  Gwénolé  édité  et  traduit  par 
M.  Luzel.  —  XX.  Chrestomathie  bretonne  de  M.  J.  Loth.  —  XXI.  Les  lutins  en  Basse- 
Bretagne.  —  XXII.  Le  monument  mégalithique  de  Newgrange  en  Irlande.  — 
XXIII.  Le  prix  Langlois  décerné  par  l'Académie  française  à  M.  J.  Loth. 

I. 

Le  rcvcrcnd  Denis  Murphy,  S.  J.  meinbrc  de  l'Académie  royale  d'Irlande, 
prépare  une  édition  du  texte  irlandais  de  la  vie  de  Hugh  Roe  O'Donnell 
par  Lughaidh  O'Clery.  Ce  document  sera  accompagné  d'une  traduction 
anglaise  avec  introduction  historique  et  notes.  O'Curry  a  parlé  de  cette  vie 
dans  ses  Lectures  on  the  Maniiscript  Materials  of  ancient  Irish  History,  p.  22. 
L'original  est  conservé  à  la  bibliothèque  de  l'Académie  ro^-'ale  d'Irlande. 
C'est  un  petit  in-quarto  de  quatre-vingt-quatre  folios,  très  bien  écrit;  on  y 
reconnaît  le  beau  talent  de  scribe  qui  était  une  sorte  d'héritage  de  famille 
chez  les  O'Clery.  Il  contient  une  biographie  d'O'Donnell,  chef  de  Tircon- 
nell,  qui  à  l'âge  de  trente  ans  mourut  à  Simancas  en  Espagne,  probable- 
ment d'un  poison  administré  par  un  émissaire  de  Carew,  ^gouverneur 
anglais  de  la  province  de  Munster  en  Irlande.  O'Donnell  était  allé  demander 
aide  au  roi  d'Espagne  après  la  désastreuse  bataille  de  Kinsale  (1601).  Le 
Père  Murphy  s'est  rendu  à  Simancas  dans  le  courant  de  l'été  dernier  et  y  a 
trouvé  plusieurs  lettres  originales  d'O'Donnel,  d'O'Neill  et  d'autres  nobles 
irlandais  de  ce  temps-là.  Le  récit  d'une  grande  partie  des  événements  qui 
à  cette  époque  forment  l'histoire  de  l'Irlande  a  été  inséré  dans  les 
Annales  des  Quatre  Maîtres  ;   mais  il  y  a  dans  la  Fie  de  Hugh  Roe  O'Don- 


Chronique.  239 

nell  beaucoup  de  détails  qui  ne  se  trouvent  point  dans  ces  annales  et  on  y 
verra  la  vie  d'un  homme  illustre  écrite  de  suite,  non  plus  par  fragments 
et  avec  des  interruptions.  Cette  publication  nouvelle  n'aura  pas  seulement 
un  intérêt  historique  ;  ce  sera  un  ouvrage  de  plus  à  inscrire  sur  la  liste  des 
livres  écrits  en  langue  irlandaise  qui  méritent  d'attirer  l'attention  des  lin- 
guistes. 

J.  C.  O'Meagher. 
IL 

Le  4  mars  dernier,  la  Société  pour  la  conservation  de  la  langue  irlan- 
daise a  tenu  au  siège  de  cette  Compagnie,  6,  Molesworth  street,  à  Dublin, 
une  assemblée  où  M.  J.  J.  Mac  Sweeney,  son  sympathique  secrétaire,  a 
présenté  son  douzième  rapport.  II  y  constate  qu'en  1889  la  langue  irlan- 
daise est  enseignée  dans  quarante-cinq  écoles  primaires  dites  nationales  ;  le 
nombre  des  enfants  qui  se  sont  présentés  à  l'examen  pour  l'irlandais  a  été 
de  826,  dont  512  ont  été  reçus.  Le  mouvement  s'étend  à  ce  qu'on  appelle 
«  intermediate  éducation  »,  qui  est  une  sorte  d'enseignement  secondaire. 
Le  nombre  des  élèves  de  cette  catégorie  qui  ont  passé  l'examen  d'irlandais 
en  1889  est  de  273.  Ces  résultats  sont  dus  en  grande  partie  à  l'activité  du 
secrétaire,  et  l'assemblée,  sur  la  proposition  du  professeur  O'Looney,  a  ter- 
miné la  séance  en  votant  à  M.  J.  J.  Mac  Sweeney  de  chaleureux  remercie- 
ments pour  «  son  dévouement  à  la  cause  de  la  littérature  irlandaise  et 
u  pour  le  zèle  avec  lequel  il  a  travaillé  avec  tant  de  succès  à  atteindre  le 
«  but  de  la  Société  depuis  sa  fondation  ». 

III. 

La  ScottisJ]  Reviciu  fera  paraître  à  partir  du  i"''  avril  une  série  d'articles 
qui  contiendront  les  leçons  d'archéologie  de  la  fondation  Rhind  faites 
dernièrement  par  notre  savant  collaborateur,  M.  John  Rhys,  professeur  à 
l'Université  d'Oxford.  Ces  leçons  ont  eu  pour  objet  l'ethnologie  primitive 
des  îles  Britanniques,  et  plus  spécialement  de  l'Irlande  et  de  l'Ecosse,  au 
point  de  vue  du  langage.  M.  Rhys  s'y  préoccupe  surtout  des  traces  lais- 
sées en  Irlande  et  en  Ecosse  par  les  populations  non  aryennes  qui  ont 
précédé  les  Celtes.  Quand  cette  intéressante  publication  aura  paru,  nous 
espérons  en  parler  avec  détails. 

IV. 

On  sait  que  le  Père  Edm.  Hogan,  S.  J.,  a  inséré  dans  les  Anakcta  Bol- 
landiana  (tome  I,  1882,  p.  530-585  ;  tome  II,  1883,  p.  35-68,  213-238)  la 
Vie  de  saint  Patrice  par  Muirchu  Maccumachtheni  et  les  notes  de  Tirechan 
sur  le  même  sujet.  La  base  de  cette  édition  est  le  Livre  d'Armagh,  ix^  siècle, 
manuscrit  qui  appartient  au  collège  de  la  Trinité  de  Dublin  et  dont  le  sa- 
vant jésuite  a  comblé  les  lacunes  à  l'aide  du  manuscrit  no  64  de  la  biblio- 
thèque royale  de  Bruxelles,  xi^  siècle.  De  ce  travail  il  y  a  eu  un  tirage  à 
part.  Le  Père  Hogan  prépare  depuis  sept  ans  un   supplément  à  cette  pre- 


40  Chronique. 

mière  publication;  on  y  trouvera  les  gloses  et  notes  irlandaises  du  livre 
d'Armagh  ;  ces  notes  et  gloses  se  rapportent  pour  la  plus  grande  partie  au 
Nouveau  Testament  et  à  la  vie  de  saint  Martin  qui  sont  placés  dans  ce  ma- 
nuscrit à  la  suite  des  documents  relatifs  à  saint  Patrice.  La  nouvelle  publi- 
cation du  Père  Hogan  se  termine  par  un  grand  travail  dont  le  titre,  Index 
et  glossariiim  bihenncinii,  fait  connaître  suffisamment  l'objet  et  rendra  claire 
l'utilité.  Nous  avons  entre  les  mains  une  épreuve  de  la  dernière  feuille. 

V. 

M.  C.-A.  Serrure,  ancien  avocat  au  barreau  de  Gand,  et  aujourd'hui, 
comme  il  veut  bien  nous  l'apprendre  lui-même,  «  plutôt  archéologue  et 
numismate  que  philologue  et  grammairien  »,  vient  de  publier  un  Essai  de 
graminaire  gauloise  d'après  les  monuments  épigraphiqites,  suivi  d'une  reproduction 
des  principaux  textes,  et  d'un  coup  d'œil  sur  la  langue  des  Gaules  depuis  César 
jusqu'à  Charleinagne  ' .  Le  tout  forme  une  brochure  in-octavo  de  juste 
cent  pages,  et  se  vend  3  fr.  50  chez  Thorin,  7,  rue  Médicis,  à  Paris;  je  dis 
3  fr.  50,  mais  on  peut  même  en  marchandant  un  peu  —  j'en  ai  fait  per- 
sonnellement l'expérience  —  obtenir  cette  brochure  pour  trois  francs.  J'en 
conseille  l'acquisition  à  tous  les  linguistes  qui  voudront,  après  quelques 
heures  d'un  travail  fatigant,  se  procurer  quelques  moments  de  récréation  et 
d'innocente  gaieté  :  aucun  ne  regrettera  ses  3  fr.  50  ou  3  fr.  Je  suis  très 
content  de  mon  achat,  malgré  l'embarras  qu'éprouve  ma  vieille  gravité  en 

voyant  mon  nom  cité,  je  ne  sais  combien  de  fois,  dans  ce documenta 

l'appui  des  doctrines  les  plus  réjouissantes.  Les  érudits  que  M.  Ser- 
rure ne  cite  pas  seront  plus  à  l'aise  que  moi,  leur  amusement  pourra  même 
doubler  quand  ils  penseront  quelle  tête  je  ferais  en  les  voyant  rire  du  bon 
tour  que  me  joue  M.  Serrure  donnant  presque  à  chaque  page  des  extraits 
de  mes  écrits  pour  appuyer  ses  thèses. 

De  ces  citations  je  me  bornerai  à  en  reproduire  une,  elle  est  imprimée 
sur  le  titre  même  de  la  brochure  de  M.  Serrure  :  «  La  Grammatica  celtica 
«  de  Zeuss  n'a  pas  de  lecteurs  ;  presque  personne  ne  sait  s'orienter  dans  ce 
«  labyrinthe  »,  d'Arbois  de  Jubainville,  Revue  Celtique,  t.  II,  p.  278.  —  Ces 
deux  membres  de  phrase  sont  extraits  d'une  période,  un  peu  longue  peut- 
être,  où  j'exprime  le  regret  que  Zeuss  ait  si  peu  de  disciples  ;  je  dis  que  la 
cause  de  la  rareté  des  celtistes  sérieux  est  la  difficulté  que  bien  des  gens 
éprouvent  à  lire  un  livre  dont  l'auteur  a  fait  comme  savant  œuvre  de  génie, 
mais  a  montré  un  très  faible  talent  d'exposition.  Quelle  est  la  conclusion 
de  M.  Serrure  ?  C'est  qu'étudier  la  Grammaire  de  Zeuss  est  peine  perdue  ; 
et  sans  l'avoir  lue,  sans  avoir  aucune  idée  de  la  linguistique  indo-euro- 
péenne, il  prétend  traiter  le  même  sujet  que  Zeuss,  en  affirmant  le  contre- 
pied   de  la  doctrine  ethnographique  du  savant  allemand,  en  prenant  les 


M 


I.  C'est  un  tirage  à  part  du  Muséon.  On  a  déjà  parlé  des  articles  de 
.  Serrure  dans  cette  revue  beige.  Voyez  Revue  Celtique,  t.  X,  p.  263. 


Chronique.  241 

Bretons  pour  des  Cimmériens  et  en  déclarant  que  les  langues  néo-celtiques 
écrites  et  parlées  dans  les  Iles-Britanniques  ne  peuvent  jeter  aucune  lumière 
sur  la  langue  des  Gaulois. 

Oui,  me  dira  M.  Serrure,  je  n'ai  pas  lu  la  Gramiiiatica  Celtica;  j'ai  tenu 
à  confirmer  votre  enseignement  ;  vous  avez  écrit  :  «  la  Grauunatica  celtica  n'a 
pas  de  lecteurs  »;  je  me  suis  bien  gardé  de  contredire,  en  lisant  ce  livre,  une 
assertion  d'un  maître  !  —  Qjue  répondrai-je  à  M.  Serrure  ?  Je  n'ai  qu'à  me 
taire  et  à  passer  tout  penaud  à  un  autre  sujet. 

VI. 

M.  le  lieutenant  Esperandieu  a  consacré  à  VEpigraphie  romaine  du  Poitou  et 
de  la  Saiutoiige  un  volume  in-octavo  de  411  pages  oij  il  a  réuni  une  suite 
d'articles  publiés  par  lui  dans  la  Revue  poitevine  et  saintougeaise.  Ce  livre  est 
l'œuvre  d'un  épigraphiste  compétent,  mais  qui  ne  sait  pas  se  borner.  On  y 
trouvera  un  certain  nombre  de  noms  gaulois  ;  ils  seront  compris  dans  un 
prochain  travail  que  M.  Thédenat  promet  à  la  Revue  Celtique. 

VII. 

M.  Whitley  Stokes  continue  à  être  l'infatigable  et  on  peut  dire  mer- 
veilleux érudit  que  nous  connaissons.  Les  deux  volumes  de  The  tripartite 
life  of  Patrick  qui  ont  paru  en  1887  et  qui  forment  un  total  de  876  pages 
in-8,  viennent  d'être  suivis,  à  trois  ans  d'intervalle,  par  un  volume  petit  in-4 
de  CXX-411  pages,  Anecdota  Oxoniensia:  Lijes  of  saints  froin  the  book  of  Lis- 
more.  Il  y  a  dans  ce  volume  cinq  parties  :  Préface,  texte  des  vies,  traduction 
anglaise,  notes  et  index,  1°  de  matières,  2"  de  personnes,  3°  de  noms  de 
lieux,  4°  des  mots  irlandais  les  plus  intéressants.  Nous  comptons  donner  plus 
tard  un  compte  rendu  détaillé  de  ce  livre.  Je  me  bornerai  à  en  dire  ici 
quelques  mots.  La  préface  commence  par  la  description  du  manuscrit  dit 
Livre  de  Lismore,  qui  date  comme  on  sait  du  xv^  siècle.  M.  Whitley  Stokes 
nous  donne  un  état  du  contenu  feuillet  par  feuillet,  ce  qui  n'avait  pas  été 
fait  jusqu'ici,  et  il  a  soin,  quand  il  s'agit  d'une  pièce  qui  se  trouve  dans 
d'autres  manuscrits,  d'en  donner  l'indication.  Dans  quelques  cas  excep- 
tionnels, je  crois  être  en  mesure  de  compléter  cette  bibliographie. 

Ainsi  l'histoire  de  Guaire  of  Aidne,  livre  de  Lismore,  f°  44  b  i,  se  trouve 
aussi  dans  le  ms.  de  Trinity  Cohege  Dublin  H.  2.  16,  col.  795. 

Le  traité  intitulé  :  Teanga  hithnua  «  la  langue  toujours  nouvelle  »,  Livre 
de  Lismore,  {°  46,  a  été  aussi  transcrite  dans  le  ms.  T.  G.  D.,  H.  2.  16, 
col.  700-707. 

De  la  Vie  romanesque  de  Gharlemagne,  Livre  de  Lismore,  fo  54  a,  1-66 
b,  2,  on  a,  je  crois,  les  copies  suivantes  :  T.  C.  D.,  H.  2.  12,  fragment  ; 
Franciscains  de  Dublin,  n"  IX  du  catalogue  dressé  par  M.  Gilbert  ;  le  même 
traité  paraît  se  trouver  dans  le  Liber  flavus  Fergnsorum  ;  voyez  l'analyse 
de  ce  manuscrit  chez  O'Curry,  Lectures  on  the  Manuscript  Materials  of  an- 
cient  Irish  Htstory,  p.  551. 

Revue  Celtique,  XL  16 


242  Chronique. 

De  l'histoire  de  l'Antéchrist,  Sgdl  Ainnte  Christ,  Livre  de  Lîsmore,  f°68a, 
il  y  a  une  autre  copie  dans  le  ms.  de  la  R.  I.  A.  coté  23  N.  15  ;  ancien 
fonds  Betham,  n»  22,  p.  55. 

L'histoire  de  Loegaire  Liban,  livre  de  Lismore,  f"  125  a,  est  aussi  dans  le 
livre  de  Leinster  où  elle  commence  p.  275,  col.  2,  1.  21. 

Dans  les  notes  sur  la  Vie  de  Senan,  p.  341,  M.  Whitley  Stokes  dit  qu'il 
existe  deux  copies  de  l'Amra  Senain,  l'une  se  trouve  dans  le  Leabar  Breacc, 
p.  241  a  ;  l'autre  est  une  copie  faite  par  Michel  O'Clery  et  a  été  conservée 
dans  le  manuscrit  de  Bruxelles  4190-4200,  fo  269  a.  Il  existe  un  troisième 
manuscrit  plus  ancien  que  celui  de  Bruxelles,  T.  C.  D.,H.  3.  17,  col.  832-83  5. 

Les  Vies  de  saints  publiées  sont  celles  de  Patrice,  Columba,  Brigit,  Senan, 
Finden,  Finchua.  Brenan  (le  fameux  saint  Brendan),  Ciaran  de  Clonmac- 
nois  et  Mochua  de  Balla.  Le  texte  et  la  traduction  de  ces  vies  sont  établies 
avec  l'exactitude  et  la  précision  auxquelles  nous  ont  habitués  les  publi- 
cations précédentes  du  savant  auteur  ;  les  index  abondants  qui  terminent  ce 
volume  en  rendront  l'usage  très  commode. 

Vin. 

La  librairie  David  Nutt  de  Londres  vient  de  mettre  en  vente  un  ouvrage 
très  intéressant  pour  l'histoire  de  la  littérature  épique  irlandaise  dans  les 
montagnes  de  l'Ecosse.  Ce  volume  est  intitulé  :  Ji\iifs  and  strays  of  Celtic 
tradition  (Epaves  de  la  tradition  celtique).  —  Argyllshire  séries  n°  2.  — 
Folk  and  Hero  Taies  (Contes  populaires  et  héroïques  recueillis  dans  le  comté 
d'Argyll).  L'auteur  est  le  Rév.  D.  Mac  Innés.  Après  avoir  recueilli  lui- 
même  le  texte  gaélique,  il  le  publie  avec  traduction  anglaise  en  regard  ; 
suivent  des  notes  abondantes  dues  en  grande  partie  à  notre  savant  collabo- 
rateur M.  Alfred  Nutt.  Nous  signalerons  comme  tout  particulièrement  digne 
de  l'attention  des  érudits  l'étude  sur  la  légende  de  Finn,  ses  traces  les  plus 
anciennes  en  Irlande,  les  développements  relativement  récents  qu'elle  y  a 
reçus  et  sur  son  histoire  en  Ecosse. 

IX. 

Le  Père  de  Smedt  vient  de  faire  paraître  en  un  volume  in-8  le  commen- 
cement du  Catalogue  des  vies  de  Saints  conservées  dans  les  manuscrits  de 
la  Bibliothèque  nationale  de  Paris.  Dans  ce  tomeI<:r  il  publie  le  texte  des  vies 
qui  lui  paraissent  le  plus  intéressantes.  Parmi  ces  vies  deux  concernent  des 
saints  celtiques,  saint  Ronan  (p.  438)  et  saint  Jacu  (p.  578).  Celle  de  saint 
Ronan,  publiée  d'après  un  manuscrit  du  treizième  siècle,  est  beaucoup  plus 
développée  et  beaucoup  plus  intéressante  que  celle  qui  a  été  reproduite 
autrefois  par  les  Bollandistes. 

Une  des  différences  mérite  surtout  l'attention;  elle  porte  sur  un  détail 
curieux,  parce  qu'il  nous  renseigne  sur  une  croyance  populaire  chez  les  Celtes 
du  moyen  âge.  Cette  croyance  était  que  certains  hommes  avaient  la  faculté 
de  se  changer  en  loups.  Saint  Ronan  fut  accusé  d'avoir,  sous  forme  de  loup, 


Chronique.  ^4^ 

mangé  des  moutons  et  une  petite  fille  de  cinq  ans.  Dans  le  manuscrit  de 
Paris,  5275,  quatre  paragraphes  de  la  vie  de  saint  Ronan,  reproduits  par  le 
Père  de  Smedt  (p.  443-450),  racontent  comment  le  vénérable  personnage 
fut  accusé,  comment  il  se  justifia  et  par  quel  acte  de  miraculeuse  charité 
son  innocence  se  vengea  de  cette  calomnie.  Le  texte  publié  autrefois  par  les 
Bollandistes  raconte  bien  que  saint  Ronan  fut  accusé  d'avoir  mangé  un 
enfant,  mais  ne  dit  pas  que  ce  fut  sous  forme  de  loup  qu'il  aurait  commis  ce 
crime.  Ce  texte  est  en  cela  inférieur  à  celui  que  dom  Lobineau  avait  sous 
les  yeux:  «  Keban....  se  plaignit...  que  Ronan  se  transformant  quand  il 
«  voulait  en  bête  et  courant  le  pays  était  le  loup  qui  avait  dévoré  les  bes- 

«  tiaux  qu'on  avait  perdus,  et  qu'elle,  plus  malheureuse  que  les  autres 

«  avait  perdu  sa  fille  unique  que  cet  homme  abominable  avait  dévorée.  » 
(Vies  des  Saints  de  Bretagne,  Rennes,  1725,  p.  42). 

Dans  l'édition  du  Père  de  Smedt,  Keban  s'adressant  au  roi  lui  dit  :  «  II- 

«  lum  quem  aiunt  Ronanum noveris  aliquando  converti  in  lupum  et  non 

«  solum  cxdem  exercere  pecorum,  verum  etiam  filiorum  hominum.  Nam 
«  filiam  meam  cleptim  mihi  surripuit,  insuper  et  devoravit.  »  (p.  444, 
1.  2-6).  Albert  le  Grand,  La  vie,  gestes,  mort  et  nriracles  des  saints  de  la  Bre- 
tagne Armorique  (i''^  édition,  1637,  p.  131),  exprime  la  même  idée  en 
termes  plus  oratoires,  mais  au  fond  peu  diff'érents  :  «  Les  yeux  chassieux  de 
«  quelques  Chrestiens  desbauchez  ne  pouvant  supporter  l'esclat  des  vertus 
«  dont  l'âme  de  S.  Ronan  estoit  ornée,  l'accusèrent  malicieusement  et  à 
«  tort  devant  le  Roy  Grallon  (lequel  estoit  alors  à  Kemper  auec  toute  sa 
«  cour),  le  calomniant  d'estre  sorcier  et  nécromantien,  et  que  comme  les 
«  anciens  lycantrophes  par  magie  et  art  diabolique  il  se  transfcrmoit  en 
«  beste  brutte,  couroit  le  garou,  et  faisoit  mille  maux  par  le  pays,  l'enfant 
«  d'vne  femme  du  voisiné  estant  mort,  ils  persuadèrent  à  la  mère  du  défunct 
«  que  le  S.  par  ses  sorcelleries  avait  tué  son  fils.  »  (Comparez  l'édition 
publiée  par  M.  de  Kerdanet  en  1837,  p.  287,  col.  2). 

La  vie  latine  découverte  par  le  Père  de  Smedt  et  publiée  par  lui  est  pro- 
bablement la  source  où  ont  puisé  Albert  le  Grand  et  Lobineau. 

La  croyance  aux  loups-garous  constatée  dans  la  Bretagne  continentale 
par  la  Vie  de  saint  Ronan,  au  treizième  siècle  se  retrouve  vers  la  même 
époque  en  Irlande,  comme  le  prouve  un  récit  conservé  par  Giraud 
de  Cambrie.  Un  prêtre  irlandais  raconte-t-il,  aurait  donné  les  derniers  sacre- 
ments à  une  louve  qui  avait  été  précédemment  une  femme  et  qui,  avec  son 
mari,  avait  perdu  pour  sept  ans  la  forme  humaine  par  l'effet  d'une  malédic- 
tion prononcée  par  un  certain  abbé.  Giraud  raconte  que,  deux  ans  après 
l'acte  de  charité  accompH  par  le  prêtre,  Giraud,  lui-même,  se  trouvant  en 
Irlande  dans  le  comté  de  Meath,  fut  consulté  par  l'évêque  sur  la  question 
de  savoir  quel  traitement  cet  ecclésiastique  méritait.  Le  fait  était  connu  par 
la  confession  du  coupable.  On  l'envoya  demander  l'absolution  au  pape. 
(Topographia  bibernica,  Disùncho  II,  cap.  19;  Dimock,  Giraldi  Camhrensis 
opéra,  t.  V,  p.  101-104.) 

La  vie  de  saint  Jacob,  ou  Jacu  suivant  une  orthographe  plus  moderne, 
comprend  celle  de  son  frère  Guethnoc.  Ils  étaient  tous  deux  frères  de  saint- 


244  Chronique. 

Gwenolé.  Lobineau,  Les  vies  des  saints  de  Bretagne,  p.  47,  s'exprime  ainsi 
à  leur  sujet  :  «  Les  deux  frères  de  saint  Guignolé  sont  aussi  dans  les  calen- 
«  driers  sacrez  saint  Jacut  ou  Jacques  au  huit  de  février  ou  au  trois  de  mars; 
«  saint  Guethenoc  au  cinq  de  novembre,  et  tous  deux  ensemble  au  cinq  de 
«  juillet.  On  n'en  peut  presque  rien  dire  parce  qu'on  ne  sçait  rien  du 
«  détail  de  leurs  vies.  »  Aujourd'hui  on  pourra  en  parler;  leur  vie  occupe 
les  cinq  pages  578  à  382  du  Catalogus  du  Père  De  Smedt  et  leurs  miracles 
après  leur  mort,  deux  pages  et  demie  582-585.  Mais  le  manuscrit  est 
du  treizième  siècle  et,  si  la  légende  y  gagne,  on  peut  douter  que  Thistoire  y 
ait  beaucoup  acquis. 

Dans  un  récit  inédit  d'un  miracle  de  saint  Hilaire  conservé  par  un 
manuscrit  du  douzième  siècle,  M.  l'abbé  Duchesne  m'a  fait  remarquer 
deux  mots  bretons  de  ce  temps-là  prononcés  par  un  Breton  lunatique  qui 
venait  demander  au  saint  sa  guérison.  Il  criait  Hiat  altro  Hilarius.  Hiat 
est  une  notation  prétendue  savante  du  breton  ia  «  oui  »  et  nJtro  est  le  mot 
breton  moderne  aotroii  «  monsieur  »  ;  il  en  figure  la  prononciation  au 
douzième  siècle  {Catalogiis,  p.  9,  1.  29). 

X. 

Nous  sommes  un  peu  en  retard  pour  annoncer  l'achèvement  du  travail 
de  M.  Salomon  Reinach  sur  les  Gaulois  dans  l'art  antique.  La  fin  a  été 
insérée  en  deux  articles  dans  le  tome  XIII  (1889)  de  la  Revue  archéolo- 
gique, p.  10-22  et  p.  317-352.  C'est  la  première  fois  qu'il  parait  une  œuvre 
d'ensemble  sur  les  monuments  figurés  qui  nous  apprennent  quelle  idée  les 
artistes  de  l'antiquité  se  faisaient  du  type  celtique  et  par  quels  caractères  ils 
distinguaient  les  Gaulois.  Il  est  regrettable  que  cette  publication  si  utile  ne 
soit  pas  accompagnée  de  planches  plus  nombreuses.  Une  de  celles  dont  nous 
regrettons  l'absence  se  trouve  dans  un  livre  du  même  auteur.  Ce  livre, 
appelé  à  rendre  de  grands  services,  est  intitulé  :  Bibliolhèque  des  monuments 
figurés  grecs  et  romains.  —  Voyage  archéologique  eu  Grèce  et  en  Asie  Mineure 
sous  la  direction  de  M.  Philippe  Le  Bas,  membre  de  l'Institut  (1842-1844), 
planches  de  topographie,  de  sculpture  et  d'architecture  gravées  d'après  les  dessins  de 
E.  Lcindron,  publiées  et  commentées  par  Salomon  Reinach.  La  figure  II  de 
la  planche  1 3 1  représente  une  face  d'un  monument  funèbre  ;  elle  est  occupée 
par  un  bas-relief  à  deux  étages;  l'étage  inférieur  rappelle  le  souvenir  d'un 
combat  naval  :  le  vaincu  est  un  barbare  nu  dont  le  bouclier  paraît  gaulois. 

XI. 

M.  W.  H.  Roscher  vient  de  terminer  le  premier  volume  de  son  excellent 
dictionnaire  de  mythologie  grecque  et  romaine  :  Ausfùhrliches  Lexicon  der 
griechischen  iind  rômischen  Mythologie,  in-8  à  deux  colonnes  de  3024  colonnes 
ou  1)12  pages  qui  devra  se  relier  en  deux  parties.  Ce  volume  se  termine 
par  un  grand  et  instructif  travail  sur  Hercule  et  ce  travail  contient  un  para- 
graphe sur  l'Hercule  celtique,  col.  3020-3023,  et  notamment  sur  Ogmios,  un 


Chronique.  24  j 

des  dieux  gaulois  qui  ont  été  assimilés  à  l'Hercule  romain.  L'auteur 
(R.  Peter)  parait  ignorer  que  le  nom  de  ce  dieu  des  Gaulois  appartient  aussi 
à  la  mythologie  irlandaise  ;  il  ne  dit  rien  de  l'Ogma  des  légendes  payennes 
que  les  textes  irlandais  nous  ont  conservées. 

XII. 

Nous  apprenons  avec  regret  que  la  Revue  archéologique,  The  archeological 
Revieiv,  publiée  par  la  librairie  David  Nutt  de  Londres,  a  cessé  de  paraître. 
Elle  sera  désormais  fondue  avec  un  autre  périodique  édité  par  la  même 
maison,  The  folJdore  Journal.  De  là  une  revue  nouvelle  :  Folklore,  a  quaterly 
Review  oj  Myth,  Tradition,  Institution  and  Custoni;  et  le  premier  numéro 
porte  la  date  de  mars  1890.  Nous  y  remarquons  un  savant  mémoire  du 
professeur  W.  Ridgeway,  sur  les  routes  par  lesquelles  dans  l'antiquité  le 
commerce  o;rec  atteignait  la  Grande  Bretas;ne. 


XIII. 

Dans  VAcademy  du  9  novembre  dernier,  p.  305,  le  Rev.  B.  Mac  Carthy 
répond  à  une  question  que  l'anonyme  <1>  lui  avait  adressée  de  Cambridge 
le  20  septembre  précédent  par  une  note  insérée  dans  VAcadeuiy  du  28  du 
même  mois,  p.  206.  M.  «t  demande  s'il  est  bien  certain  que  Cucuimne, 
auteur  du  manuscrit  parisien  12021  de  la  collection  canonique  irlandaise, 
est  différent  du  Cummian  auteur  d'un  pénitenciel.  C'est  une  question  dont 
nous  avons  parlé  dans  le  tome  X  de  la  Revue  Celtique,  p.  139.  La  réponse 
du  Rev.  Mac  Carthy  consiste  en  rapprochements  du  pénitenciel  de  Théodore 
avec  la  collection  canonique  irlandaise  et  en  rapprochements  du  pénitenciel 
de  Théodore  avec  celui  de  Cummian. 

XIV. 

VAcademy  du  2  novembre  1889  nous  apprend  que  le  sénat  de  l'Uni- 
versité de  Londres  a  placé  le  celtique  parmi  les  branches  d'examen.  Il  y  a 
pour  le  candidat  deux  alternatives  :  il  peut  choisir —  soit  le  vieux  et  le  moyen 
irlandais  jusqu'à  la  fin  du  xvi^  siècle,  littérature  et  langue,  en  y  joignant 
les  relations  de  cette  langue  avec  le  gallois,  le  gaélique,  le  dialecte  de  Man 
et  les  autres  langues  aryennes  ;  —  soit  le  gallois  jusqu'à  la  fin  du  xvi^  siècle, 
littérature  et  langue,  en  y  joignant  les  relations  de  cette  langue  avec  l'irlan- 
dais, le  comique,  le  breton  et  les  autres  langues  aryennes.  —  L'Université 
pourra  se  contenter  de  l'irlandais  moderne  et  du  gallois  moderne,  à  défaut 
des  formes  et  de  la  littérature  ancienne  et  moyenne  de  ces  deux  langues. 

XV. 

Dans  r.4o/(/(7»v  du  5  octobre  1889,  p.  222,  M.  William  Axon  avait 
demandé  l'explication  du  passage  du  Cbronicon  Scotoruui  où,  sous  la  date  de 


246  Chronique. 

565,  il  est  raconte  qu'un  pêclieur  prit  dans  son  filet  une  nymphe  de  la  mer, 
Liban,  fille  d'Eochaidh  mac  Muiredha.  Dans  le  n°  du  11  janvier  1890, 
p.  29,  M.  James  Q.uinn  répond  que  ce  passage  de  la  chronique  est  inspiré 
par  la  légende  irlandaise  intitulée  :  Aided  Echach  iiiic  Maireda  et  il  témoigne 
son  regret  de  n'avoir  pas  pu  se  procurer  une  traduction  anglaise  de  ce 
document  ;  il  y  en  a  cependant  une  qui  est  à  portée  de  toutes  les  bourses, 
c'est  celle  qu'a  publiée  Joyce  dans  ses  Old  ccltic  romances,  p.  97. 

XVI. 

M.  Whitley  Stokes  a  publié  dans  VAcadcmy  du  18  janvier,  p.  46-47,  un 
recueil  de  gloses  copiées  par  lui  dans  des  manuscrits  de  Turin  et  du  Vatican. 
Plusieurs  sont  irlandaises  et  viennent  de  quatre  manuscrits,  deux  à  Turin, 
deux  au  Vatican  ;  d'autres  sont  bretonnes  et  empruntées  à  deux  manuscrits 
du  Vatican.  Voyez  ci-dessus  p.  214-215. 

XVII. 

Nous  recevons  le  neuvième  fascicule  du  Répertoire  général  de  Bio-hihliogra- 
phie  bretonne  par  René  Kerviler.  Si  jamais  on  reproche  à  l'auteur  de  n'être 
pas  complet,  on  ne  pourra  pas  dire  qu'il  se  soit  ménagé  la  peine  pour 
arriver  à  ce  résultat.  Il  atteint  déjà  la  page  320  de  son  tome  IV  et  il  est 
encore  fort  loin  d'avoir  terminé  la  lettre  B,  puisque  son  dernier  mot  est 
Bonnemaisoii. 

XVIII. 

Nous  pensons  annoncer  bientôt  l'achèvement  d'un  ouvrage  de  M.  Th.  Ha- 
bert  dont  nous  avons  entre  les  mains  les  bonnes  feuilles  et  les  planches  et 
qui  a  pour  objet  les  marques  de  potiers  gallo-romains  trouvées  dans  les 
cinq  départements  de  l'Aube,  de  la  Côte-d'Or,  de  l'Yonne,  de  la  Marne  et 
de  la  Haute-Marne.  Ces  marques  paraissent  reproduites  très  exactement 
par  les  planches  et  dans  le  texte.  Le  nombre  des  numéros  est  de  1508.  Les 
monographies  comme  celle-ci  ont  une  très  grande  utilité  ;  elles  sont  des- 
tinées à  servir  de  base  au  volume  du  Corpus  inseripiionum  latinaruin  qui 
aura  pour  objet  les  trois  Gaules,  et  jusqu'à  la  publication  de  ce  volume  de- 
puis si  longtemps  attendu,  elles  nous  donnent  des  éléments  d'étude  qui  nous 
faisaient  défaut.  Notons  par  exemple  que  M.  Haberta  relevé  dans  la  région 
dont  il  s'occupe  cinq  exemplaires  de  la  marque  du  potier  Melus  connu  jus- 
qu'ici seulement  par  M.  Dissard,  Trion,  t.  II,  p.  414,  n"  918.  Ce  nom 
d'homme  semble  être  le  premier  terme  du  composé  Mellosedum,  conservé 
par  la  Table  de  Peutinger,  aujourd'hui  Les-Grandes-Sables,  commune  du 
bourg  d'Oisans,  Isère  1.  Nous  ne  parlons  pas  de  Melun  ;  il  est  très  difficile 
de  comprendre  pourquoi  les  leçons  Mellodumwi,  Mellediuiiim  et  Melodununi 

I.  E.  Desjardins,  Géographie  de. la  Gaule  d'après  la  Table  de  Feutinger, 
p.  400;  cf.  Longnon,  Atlas  historique  de  la  France,  p.  29. 


Chronique.  247 

ont  pénétré  dans  certains  manuscrits  de  César  ' .  Cette  leçon  est  inconci- 
liable avec  les  deux  passages  de  Grégoire  de  Tours  où  nous  trouvons  17  de 
ce  mot  précédé  d'une  gutturale,  d'où  le  dérivé  MecJcdonensis'^. 

XIX. 

On  a  vu  dans  notre  tome  X,  p.  377,  que  M.  Luzel,  si  connu  par  ses  sa- 
vantes publications  sur  la  littérature  populaire  de  la  Bretagne,  a  publié  dans 
le  Bulletin  Je  la  Socictc  arcbcoJogique  du  Finislcrc  h  texte  et  la  traduction  d'un 
mystère  de  saint  Gwénolé.  Ce  travail  a  été  tiré  à  part  à  125  exemplaires  et 
forme  un  volume  in-8  de  222  pages.  Toutefois,  M.  Luzel,  qui  a  eu  l'ama- 
bilité de  m'en  adresser  un  exemplaire,  a  négligé  de  faire  mettre  sur  la 
couverture  le  nom  d'un  libraire  chez  lequel  son  livre  se  vendrait.  Ce  livre  a 
été  imprimé  par  Charles  Cotonnec,  place  Saint-Corentin,  54,  à  Quimper. 

XX, 

Nous  annoncions  dans  le  numéro  précédent  la  publication  prochaine  de 
la  Chrestomathie  bretonne  de  notre  savant  collaborateur  M.  Loth.  Ce  bel 
et  instructif  ouvrage  vient  de  paraître  à  la  librairie  Bouillon.  C'est  un  vo- 
lume in-8  de  528  pages  dont  le  prix  est  fixé  à  dix  francs.  Nous  comptions 
en  publier  un  compte  rendu  dans  cette  livraison,  mais  des  circonstances 
indépendantes  de  notre  volonté  nous  l'ont  fait  ajourner,  et  il  paraîtra  dans 
la  livraison  prochaine. 

XXI. 

La.  Revue  des  Traditions  populaires,  t.  V,  n"  2,  p.  101-104,  numéro  du 
15  février  dernier,  contient  une  liste  des  noms  néoceltiques  portés  par  les 
lutins  en  Basse-Bretagne;  ces  noms  forment  une  colonne,  quatre  colonnes 
suivantes  nous  indiquent  pour  chacun  d'eux  :  1°  sa  forme;  2°  son  geste  ou 
plus  exactement  sa  fonction  ;  3°  le  pays  ;  4»  la  source.  Le  premier  article 
est  ankelc'her  ;  —  forme  :  feu-follet  ;  —  geste  (fonction)  :  égare  ;  —  pays  : 
Finistère  ;  —  source  :  communication  de  M.  Sauvé.  —  Cet  exemple 
montrera  l'objet  et  l'intérêt  de  ce  travail  dû  à  M.  Paul  Sebillot.  On  sait 
que  ankelc'her,  plus  anciennement  enqueh\r,  est  identique  au  comique  en- 
chinethel,  qui  veut  dire  géant  et  qui  suppose  un  thème  gaulois  ande-cenetlo-. 

XXII. 

La  Revue  Celtique  n'est  pas  la  seule  en  retard  dans  le  groupe  littéraire 
auquel  elle  appartient.  Nous  recevons  à  l'instant  le  numéro  d'octobre-jan- 

1.  De  bello  gallico,  livre  VII,  c.  58,  60,  61  ;  édition  Holder,  p.  180-182. 

2.  Historia  Francorum,W,  31,  32;  éd.  Arndt,  p.  270,  1.  14;  272,1.  22. 
Cf.  E.  Desjardins,  Géographie  de  la  Gaule  d'après  la  Table  de  Peidinger, 
p.  164,  165;  Longnon,  Géographie  de  la  Gaule  au  sixième  siècle,  p.  322. 


248  Chronique. 

vier  du  Journal  of  thc  royal,  Instorical  and  archroh^ical  Association  oj  Ireland. 
Nous  y  trouvons  la  mcme  abondance  de  renseignements  intéressants 
sur  les  monuments  préhistoriques  d'Irlande  que  dans  les  précédents  numé- 
ros. Parmi  les  nouvelles,  il  y  en  a  une  qui  nous  a  péniblement  affectés. 
C'est  que  le  magnifique  monument  de  Newgrange  paraît  menacer  ruine. 
On  sait  qu'il  consiste  en  une  grande  chambre  construite  en  gros  blocs  de 
pierre  et  surmontée  d'une  vaste  éminence  en  pierrailles  qui  couvre  près 
d'un  hectare  de  terrain.  On  accède  à  la  chambre  par  un  chemin  couvert  où 
on  ne  peut  s'avancer  qu'en  rampant,  mais  le  plaisir  de  voir  s'élever  au 
fond  une  magnifique  salle  compense  bien  l'ennui  de  marcher  quelque 
temps  sur  les  mains  et  les  genoux.  Il  paraît  que  la  voûte  de  cette  salle 
offre  les  signes  précurseurs  d'un  prochain  éboulement. 

XXIII. 

L'Académie  française,  dans  sa  séance  du  28  mars  dernier,  a  décerné  à 
notre  savant  collaborateur  M.  J.  Loth,  pour  son  ouvrage  en  deux  volumes 
dont  le  titre  est  les  Malniiogion,  le  prix  de  traduction  de  la  fondation  Langlois. 
Ce  succès  est  le  troisième  qu'obtient  M.  Loth  aux  concours  de  l'Institut  de 
France. 

Paris,  le  i"'  avril  1S90. 

H.  d'Arbois  &e  Jubain ville. 


Le  Propriétaire-Gérant  :  E.  BOUILLON. 


Chartres.  —  Imprimerie  DURAND. 


VARIÉTÉS 


Sommaire:  I.  L'inscription  prétendue  gauloise  de  Nîmes.  —  W.Camaracus. — ■  III.  Tri- 
dentum.  —  IV.  Callemarcius.  —  V.  Nancy. 

I.  —  L'inscription  prétendue  gauloise  de  Nîmes. 

M.  Hirschfeld,  dans  le  tome  XII  du  Corpus  inscriptionum 
latinarum,  page  383,  a  donné  une  nouvelle  édition  des  ins- 
criptions en  caractères  grecs  de  Nîmes,  La  première  de  ces 
inscriptions  commence  par  deux  mots  en  partie  frustes.  Le 
premier  est  probablement  le  nom  d'un  Gaulois  ;  le  second 
semble  être  un  adjectif  dérivé  du  nom  du  père  de  ce  Gaulois  ;  il 
se  termine  en  -os  ;  suivent  les  quatre  mots  : 

AEAE 
MATPEBO  NAMATSIKABO  BPATOrAE 

J'ai  soutenu  que  les  trois  premiers  sont  latins  ^  Je  n'ai 
convaincu  ni  M.  Hirschfeld,  ni  M.  Whitley  Stokes,  ni,  je  crois, 
M.  Windisch;  c'est  ce  qui  me  décide  à  exposer  ici  les  raisons 
pour  lesquelles  je  crois  devoir  maintenir  encore  aujourd'hui 
ma  première  doctrine. 

Dede  pour  dédit  est  latin  archaïque.  Le  tome  I  du  Corpus 
inscriptionum  latinarum  nous  en  offre  trois  exemples  sous  les 
numéros  62  b,  169,  180.  Il  a  certainemeut  persisté  à  une  date 
postérieure  ;  e  pour  /  dans  la  finale  verbale  it  est  fréquent  dans 
les  inscriptions  de  Pompéi  :  dicet,  leget,  pinxset,  pugnabet, 
scribet,  pour  dicit,  legit,  pinxit,  pugnabit,  scribit  ^  ;  et  quel- 
quefois le  t  final  y  est  supprimé  :  relinque  pour  relinquit  3  offre 
comme  dede  e  final  =  it.  On  a  recueilli  dans  les  mêmes  ins- 

1.  Revue  des  Sociétés  savantes,  série  VI,  t.  4  (1876),  p.  266  et  suiv. 

2.  C.  I.  L.,  t.  IV,  p.  258,  col.  I. 

3.  C. /.  L,1V,  1391. 

Revue  Celtique,  XI.  17 


250  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

criptions  d'autres  exemples  de  la  chute  du  /  final  :  ama  pour 
amat,  nosci  pour  noscit^.  On  trouvera  des  exemples  de  la  finale 
c  pour  it  fournis  par  d'autres  textes,  la  plupart  plus  récents  chez 
Schuchardt,  Der  Vohalismus  des  Vulgàrlateins,  t.  II,  p.  47; 
t.  III,  p.  181. 

La  plupart  des  savants  admettent  que  dede  est  un  parfait 
celtique 2.  Ce  ne  peut  être  le  parfait  de  la  racine  da  «  donner  ». 
L'irlandais  ^orfl?,  dédit,  suppose  un  T^x'imiixl  do-ro-d\ê\dâ  avec  un 
â  et  non  un  e  final  3.  La  racine  indo-européenne  dhê  «  mettre  » 
(d'où  le  verbe  grec  li^-qijx  et  le  sanscrit  dadhâmî)  qui  serait  en 
celtique  dî  ferait  aussi  à  la  troisième  personne  singulier  du 
parfait  dedd.  ô  est  le  résultat  de  l'apophonie  ou  ablaut  d'g; 
latin  sè-men,  irlandais  si-l  «  semence  »  ;  parfait  grec  dorien 
â(p£wxa4.  Or  â  est  la  notation  celtique  de  Vo  long  indo-euro- 
péen 5.  Dede  ne  peut  donc  être  celtique. 

C'est  également  une  erreur  de  considérer  comme  celtiques 
les  mots  Matreho  Namausicabo.  Il  faut  remarquer  que  Vs  final 
de  chacun  de  ces  deux  mots  est  supprimé.  Matrebo  tient  lieu 
de  Matrebos  et  Namausicabo  de  Namausicabos  pour  un  plus  ré- 
gulier Matribus  et  Namausicabus  (comparez  deabus,  on  sait 
que  les  maires  Namausicae  sont  des  divinités).  De  Matrebos 
rapprochez  le  navebos  de  la  colonne  rostrale,  ligne  6  et  8  ^,  et 
omnevos  pour  omnibus  dans  une  inscription  chrétienne  de 
Briord,  Ain 7. 

La  suppression  de  Vs  final  s'est  faite  dans  l'inscription  de 
Nîmes  conformément  à  une  loi  de  la  latinité  archaïque  qui 
était  rejetée  par  les  gens  bien  élevés  à  l'époque  où  Cicéron 
écrivait  son  Orator,  c'est-à-dire  l'an  55  avant  J.-C.  :  «  Sui- 
vant »,  dit-il  «  un  usage  aujourd'hui  un  peu  rustique,  mais  qui 


1.  CI.  L.,  t.  IV,  p.  259,  col.  2. 

2.  Voyez  par  exemple  Whitley  Stokes,  Celtic  declension,  p.  62  du  tirage 
à  part;  Bezzenberger,  Beitrdge  :{ur  Kiinde  der  indogermanischen  Sprachen, 
t.  XI,  p.  124. 

3 .  Windisch,  Irische  Texte,  t.  I,  p.  499  ;  Thurneysen  dans  la  Revue  Cel- 
tique, t.  VI,  p.  147;  Zimmer,  Zeitschrift  de  Kuhii,  t.  XXX,  p.  217-221. 

4.  Brugmann,  Grundriss,  t.  I,  p.  257. 

5.  Brugmann,  ihid.,  p.  85. 

6.  C.  I.L.,  t.  I,  p.  38. 

7.  Le  Blant,  Inscriptions  chrétiennes  de  la  Gaule,  t.  II,  p.  18. 


Variétés.  251 

alors  paraissait  un  signe  de  bonne  éducation,  quand  les  an- 
ciens avaient  à  prononcer  un  mot  dont  les  deux  dernières 
lettres  étaient  celles  qui  terminent  le  mot  optumus,  ils  suppri- 
maient la  dernière  lettre  à  moins  qu'une  voyelle  ne  la  suivît. 
Se  conformer  à  cet  usage  n'était  pas  dans  les  vers  une  faute 
comme  aujourd'hui  où  les  poètes  l'évitent.  On  disait  qui  est 
omnibu  princeps  et  non  omnibus princeps ;  vita  illa  dignu  locoque 
et  non  dignus  »  ^  La  suppression  de  1'^  dans  Matrebo  et  dans 
Namausicabo  est  conforme  à  la  règle  donnée  par  Cicéron, 
puisque  Matrebo  est  suivi  par  Namausicabo  et  Namausicabo  par 
hratoude  et  que  Namausicabo  et  bratoude  commencent  chacun 
par  une  consonne.  Or,  si  la  suppression  de  1'^  final  est  con- 
forme au  génie  de  la  langue  latine,  comme  l'italien  semble  le 
démontrer,  il  est  contraire  à  celui  de  la  langue  celtique.  Si,  à 
l'époque  de  l'empire  romain,  1'^  final  avait  déjà  disparu  en 
celtique,  les  lois  phonétiques  qui  régissent  les  initiales  en  ir- 
landais et  dans  les  dialectes  bretons  seraient  inexplicables.  On 
ne  comprendrait  pas  comment,  dans  les  composés  syntactiques, 
les  initiales  précédées  d'un  mot  qui  finit  étymologiquement 
en  s  sont  traitées  autrement  que  les  initiales  précédées  d'un 
mot  qui  finit  étymologiquement  par  une  voyelle.  Ces  lois  de 
permutation  n'ont  produit  leur  effet  que  postérieurement  à  la 
chute  de  l'empire  romain  ;  il  est  donc  certain  que  pendant  tout 
l'empire  romain  Vs  final  s'est  prononcé  en  celtique.  Du  rçste 
le  nom  patronymique  gaulois  qui  est  le  second  mot  de  l'ins- 
cription de  Nîmes  se  termine  en -05^  conserve  par  conséquent  son 
s  final  bien  que  précédant  un  mot,  dede,  qui  commence  par  une 
consonne;  il  se  distingue  ainsi  des  mots  latins  dont  il  est  suivi. 
Resterait  à  expliquer  le  mot  (Spa-rcjos.  On  croit  généralement 
y  reconnaître  le  thème  celtique  bratu-  «  jugement  »  que  pos- 
sèdent en  commun  l'irlandais  et  le  breton.  Ce  thème  serait 
suivi  d'une  postposition  -oe;  mais  rien  ne  prouve  que  nous 


I .  Quin  etiam,  quod  jam  subrusticum  videtur,  olim  autem  politius, 
eorum  verborum,  quorum  eaedem  erant  postremae  duae  litterae,  quae 
sunt  in  optumus,  postremam  litteram  detrahebant,  nisi  vocalis  insequebatur. 
Ita  non  erat  ea  ofifensio  in  versibus,  quam  nunc  fugiunt  poetae  novi.  Ita 
enim  loquebantur  :  Oui  est  omnihu'  princeps,  non  omnibus  princeps,  et:  Vita 
illa  iignu'  locoque,  non  dignus,  Cicéron,  Orator,  c.  48. 


252  H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

n'ayons  point  là  une  expression  d'origine  italienne.  La  langue 
osque  possédait  l'accusatif  singulier  bratôni  et  une  formule  ^raf 
da  ta  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  ^  En  tout  cas,  que  ^pa- 
Touoe  signifie  «  par  vœu  »  ou  «  par  jugement  »,  la  présence 
d'un  terme  technique  étranger  au  latin  n'a  rien  d'étonnant. 

L'emploi  des  caractères  grecs  dans  les  inscriptions  de 
Nîmes  et  des  environs  n'est  que  très  naturel  ;  il  s'explique  par 
le  voisinage  de  Marseille  qui  a  même  eu  pendant  quelque 
temps  sous  sa  domination  le  territoire  des  Volcae  Arecomici. 
Pompée  le  lui  avait  attribué  au  moins  en  partie-.  D'ailleurs  il 
est  vraisemblable  qu'après  la  prise  d'Alexandrie,  des  soldats 
grecs  d'Egypte,  servant  dans  l'armée  romaine,  furent  établis  à 
Nîmes  comme  colons  5.  Ces  deux  faits  expliquent  ce  qu'offre 
d'un  peu  étrange  l'inscription  dont  nous  venons  de  parler. 

II.  —  Camaracus. 

J'ai  soutenu  que  Camaracus,  Cambrai,  est  le  dérivé  en  -acus 
d'un  cognonien  romain  Cammarus  «  crabe  ».  Cette  doctrine 
est  confirmée  par  deux  bulles  contenues  dans  le  cartulaire  de 
l'abbaye  de  Subiaco.  On  sait  que  Subiaco  est  une  petite  ville 
d'Italie,  près  de  Rome,  dans  la  province  de  ce  nom.  Son  car- 
tulaire a  été  publié  par  MM.  Allodi  et  Levi  dans  le  recueil  in- 
titulé :  Bibliotcca  délia  reale  Società  romana  di  Storia  pairia, 
en  1885.  Une  bulle  de  Jean  XII,  en  993,  et  une  bulle  de 
Grégoire  V,  en  997,  donnent  la  liste  des  biens  qui  appar- 
tenaient à  l'abbaye  de  Subiaco,  et  chacune  de  ces  bulles  com- 
prend dans  cette  liste  un  fonds  de  terre,  fundus,  appelé  au  cas 
indirect  Camarano4.  Camaranus  est  le  dérivé  latin  de  Cam- 
marus dont  Camaracus  est  le  dérivé  gaulois. 

III.  —  Tridentum. 

Des  textes  de  Justin,  de  Pline,  Strabon  et  Ptolémée  résumés 
par  M.  Mommsen,  Corpus  inscriptionum  latmarum,  tome  V, 
page  530,  il  semble  résulter  que  Tridentum,  Trente  en  Tyrol, 

1.  Revue  Celtique,  t.  IX,  p.  295.  Voyez  cependant  Whitley  Stokes,  chez 
Bezzenberger,  Beitrage,  t.  XI,  p.  125. 

2.  De  hello  civili,  livre  I,  c.  35;  cf.  Hirschfeld,  C.  I.  L.,  t.  XII,  p.  381 . 

3.  C.  7.  I.,  t.  XII,  p.  582. 

4.  //  regesto  Sublacense,  p.  29,  36. 


Variétés.  25} 

après  avoir  appartenu  aux  Raeti,  est  devenue  une  possession 
des  Cenomani,  un  des  principaux  peuples  gaulois  d'Italie.  Un 
fait  assez  curieux  est  qu'il  paraît  avoir  existé  une  localité  de 
même  nom  dans  le  territoire  des  Cenomanni  de  la  Gaule  trans- 
alpine. Nous  l'apprenons  par  les  textes  du  moyen  âge.  Les 
Gesta  Aldrici,  monument  du  ix^  siècle  publié  par  Mabillon 
dans  ses  Vetem  Analecta  et  dont  MM.  Charles  et  Froger  vien- 
nent de  donner  une  nouvelle  édition,  mentionnent  parmi  les 
villae  dépendant  de  l'église  du  Mans  une  villa  que  l'évêque 
appelle  au  nominatif  Tredentus^  et  à  l'ablatif  de  Tredento^. 
Deux  diplômes  impériaux,  l'un  de  838,  l'autre  de  840,  mo- 
difient ce  nom  sous  l'influence  d'une  fausse  étymologie  et 
appellent  cette  localité  à  l'accusatif  Tridentem^ 

IV.  —  Callemarcius. 
Parmi  les  noms  de  plantes  conservées  par  Marcellus  de 
Bordeaux  se  trouve  CalUomarcus,  qui  veut  dire  «  sabot  de 
cheval  »  4.  On  paraît  avoir  tiré  de  ce  nom  de  plante  un  gen- 
tilice  qui  a  été  employé  comme  nom  de  lieu  :  in  Calkniarcio 
dans  les  Gesta  Aldrici  (p.  105)  ;  Calleiiiartiuin  avec  une  ortho- 
graphe moins  exacte  (Jhid.,  p.  52). 

V.  —  Nancy. 
Nancy  a  dû  être  primitivement  Nantiacus.  Je  l'ai  expliqué 
ainsi  ^  après  avoir  trouvé  le  nom  d'homme  au  génitif  Nanti, 
dans  les  Inscriptions  de  Bordeaux  de  M.  Jullian.  Une  charte 
de  l'année  823  conservée  par  le  cartulaire  de  l'abbaye  de  Farfa, 
près  de  Rome,  mentionne  une  curtis  appartenant  à  cette 
abbaye  et  située  in  Nanciano^.  Nanciano  =  * Nancianus  ou 
*  Nanti  anus  et  paraît  ne  différer  de  Nancy  que  par  le  suffixe. 

H.  d'Arbois  de  Jubain ville. 

1 .  Gesta  domni  Aldrici,  Cenomannicae  urbis  episcopi,  a  discipulis  suis,  p.  1 74. 

2.  Ibid.,  p.  39. 

3.  Ibid.,  p.  17s,  S3- 

4.  Voyez  Becker,  dans  les  Beitràge  de  Kiihn,  t.  III,  p.  205,  et  Roget  de 
Belloguet,  Glossaire  gaulois,  2"  éd.,  p.  118. 

5.  Revue  Celtique,  t.  X,  p.  229. 

6.  Biblioteca  délia  Società  romana  di  Storia  patria.  Il  regesto  di  Farfa 
da  I.  Giorgi  e  U.  Balzani,  vol.  II,  p.  212. 


ISTOIR  D'EUS  A   CREATION  AR  BET-MAN 

AR  FORMATION  AN  DEN  HAC  HE  VUE 

AR   HENTAN    PHILOSOF   A    VOA   ADAM,    HAC   HE   VARO 
HA  BUE  AR  PROF  ET  HENOC  HAC  ELI 

AN  DILUJ 

HA  BUE  NOE  HAC  HE  VARO 

(Suite). 


Ar  pemvet  proloc  a  comans. 

M'ho  salut  humblamant,  compagnones  cristen, 
Dimeus  a  vouir  galon,  a  bcurs  an  actorien, 
Père  na  oufent  quet  james,  en  nep  feson, 

1890  Reconaisin  a-voalc'h  ho  obligation. 

P'ho  defoa  comancet  ho  daou,  ho  sièges, 
Ar  vam  guentan  Eva  en  eum  gafas  brases; 
Daou  vap  en  eur  hofat  hc  defoa  da  henel, 
Unan  a  voa  Caïn  hac  un  ail  voa  Abel. 

1895   Eva  a  houlenne  ous  Doue  ar  gourach 

Evit  guenel  he  freus,  ma  halje,  eur  veach, 
Donet  da  ventenin  he  freus  evit  he  gloar, 
Da  tremen  ar  poanio  a  soufre  en  douar. 
Ar  Maro  voa  présent  pa  hanas  he  bugale. 


HISTOIRE  DE  LA  CRÉATION  DE  CE  MONDE 

LA  FORMATION  DE  L'HOMME  ET  SA  VIE 

LE   PREMIER   PHILOSOPHE   FUT   ADAM,    SA   MORT 
LA  VIE  DU  PROPHÈTE  HÉNOCH  ET  CELLE  D'ELIE 

LE  DÉLUGE 

LA  VIE  DE  NOÉ  ET  SA  MORT 
(Suite). 


Le  cinquième  prologue  commence. 

Je  vous  offre  mes  humbles  salutations,  chrétiens  qui  nous 
entourez,  je  vous  les  offre  du  fond  du  cœur,  de  la  part  des 
acteurs  :  ils  ne  sauraient  jamais,  en  aucune  manière,  recon- 
naître assez  les  obligations  qu'ils  vous  doivent. 

Lorsque  nos  premiers  parents  eurent  commencé  tous  deux 
à  tenir  ménage,  Eve  se  trouva  enceinte,  et  elle  donna  le  jour 
à  deux  fils  jumeaux  :  l'un  s'appela  Caïn  et  l'autre  Abel.  Eve 
demandait  à  Dieu  la  force  de  les  mettre  au  jour,  afin  de  pou- 
voir les  élever  pour  sa  gloire,  et  surmonter  les  douleurs  qu'elle 
endurait  sur  la  terre.  La  Mort  était  présente  à  la  naissance  des 
enfants.  «  Beaucoup,  dit-elle,  viendront  au  monde  après  toi. 


2^6  L'abbé  Eug.  Bernard. 

1900  «  Cals  a  deui  er  bet-man,  eme-han,  da  houde, 
«  A  renquo  couls  ha  te,  bean  participant, 
«  O  henel  evel  d'out  er  poanio  violant.  »  * 

Pa  voant  arri  en  oat  capabl  da  venajin, 
Ho  sut  ne  vanquent  quet  bcmdes  d'ho  instruin, 

1905   Hac  e  contjont  d'eshe  ho  bue  pen  da  ben, 
Q.uement  ho  defoa  groct,  bete  ur  silabren, 
Hac  he  laras  d'eshe  :  «  Pa  'n  d-oc'h  ma  bugale, 
«  E  renquet  labourât  en  douar  couls  ha  me, 
«  Houesan  an  dour,  ar  goat,  palamour  da  Doue, 

19 10  «  Ha  besan  c'hoas  parfet  bete  fin  ho  pue, 
«  Ha  rentan  sacrifis  da  Doue  éternel. 
«  Abalamour  d'ar  pehet  e  renquomp  holl  mervel  ; 
«  Ma  eus  ur  Barados  d'an  nep  a  raio  erfat, 
«  Mes  an  nep  raio  an  drouc  en  defo  poan  divat.  » 

191 5       Ho  daou  e  prometjont  obeissan  d'ho  sat, 
Quement  a  bropose  a  guefent  a  voa  mat  ; 
Hac  hen,  ous  ho  guelet  quen  fidel  a  vemoar, 
O  tispartian  d'he  pep  a  loden  douar. 
Labourer  e  voe  Caïn,  evit  gonit  he  voet, 

1920  Hac  he  vreur  Abel  voa  mesaour  d'an  denvet. 
Hac  he  lavaras  d'eshe,  d'an  eil  ha  d'eguile, 
Dont  da  vevan  er  bet  bepret  herve  Doue. 

Caïn  a  voa  nehus  ha  laboure  bemde, 
Abel  gant  he  denvet  en  em  divertisse, 

1925   Ma  tastumas  mado  cbars  en  abondans; 

Mes  Caïn  quent  ar  fin  en  dcfoe  ur  guall  chans, 

Fachan  a  res  ous  Abel,  o  tont  da  lavaret 

E  voa  debret  he  ed  casi  gant  he  loënet. 

«  Tec'h  alesse  ractal,  na  deu  quct  em  goarant, 

1930  «  Re  a  res,  eme-han,  ober  d'in  constamant.  » 
Doue  a  lar  da  Caïn  penos  e  voa  re  pront. 
«  Ha  houi  ive,  Abel,  a  dlefe  cafet  spont. 


a.   L'oreille  du  scribe  a  mal  suivi  la  dictée  de  ces  deux  vers,  et  lui  a  fait 
les  embrouiller  ainsi  : 

A  renquo  couls  ha  te  beau  participant, 

0  henel  evel  d'out  beau  participant  er  poanio  violant. 


La  Création  du  monde.  257 

«  qui. devront  partager  ton  sort,  et  comme  toi  enfanter  dans 
«  la  douleur.  » 

Caïn  et  Abel  arrivèrent  à  l'âge  de  conduire  un  ménage,  et 
leurs  parents  s'attachèrent  chaque  jour  à  les  instruire  ;  ils  leur 
racontaient  leur  vie  d'un  bout  à  l'autre,  tout  ce  qu'ils  avaient 
fait  jusqu'à  la  dernière  syllabe.  Adam  leur  dit  :  «  Vous  êtes 
«  mes  enfants,  vous  devez  travailler  la  terre  tout  aussi  bien 
«  que  moi,  suer  le  sang  et  l'eau  pour  l'amour  de  Dieu,  de 
«  plus,  tendre  à  la  perfection  jusqu'à  la  lin  de  votre  vie,  et 
«  offrir  des  sacrifices  à  l'Eternel.  A  cause  du  péché  tous  nous 
«  sommes  condamnés  à  mourir.  Il  y  a  un  Paradis  pour  qui- 
«  conque  fera  le  bien,  mais  celui  qui  commettra  le  mal  subira 
«  un  châtiment  terrible.  » 

Tous  deux  promirent  d'obéir  à  leur  père,  trouvant  bon  tout 
ce  qu'il  leur  proposait,  et  Adam,  les  voyant  si  fidèles  et  si  do- 
ciles, assigna  à  chacun  une  portion  de  terrain.  Caïn  fut  labou- 
reur pour  gagner  sa  nourriture,  et  son  frère  Abel  fut  pasteur 
de  troupeaux.  Adam  leur  recommanda  à  l'un  et  à  l'autre  de 
toujours  vivre  en  ce  monde  selon  Dieu. 


Caïn  était  triste  et  travaillait  tous  les  jours  :  Abel  gardait 
ses  troupeaux  et  se  divertissait  ;  il  ne  tarda  pas  à  amasser  des 
biens  en  abondance.  Caïn  finit  par  avoir  la  malechance,  il  se 
fâcha  contre  Abel,  déclarant  que  son  blé  était  presque  entiè- 
rement mangé  parles  troupeaux  de  son  frère.  «  Retire-toi  de 
«  là  bien  vite,  ne  viens  pas  à  ma  rencontre,  s'écria-t-il,  tu 
«  m'en  fais  faire  de  trop  :  je  n'ai  pas  de  répit.  » 

Dieu  reproche  à  Caïn  sa  vivacité.  «  Et  vous  aussi,  Abel, 
«  vous  devriez  vous  en  effrayer.  Je  vous  préviens,  dit-il,  que 


2j8  L'abbé  Eug.  Bernard. 

«  Me  lar  d'ac'h,  eme-han,  mar  en  em  disoblijet, 
«  Dre  rigueur  ma  justis  e  veet  punisset. 

1935   «  En  em  gueret  ho  taou,  eme  ar  guir  Doue, 
«  Da  un  tat,  da  ur  vam  houi  a  so  bugale. 
«  Deut  da  sacrifian  bepret  evit  gloar  d'in, 
«  Ha  me  produo  d'ec'h  evit  ho  sustantin.  » 
Hac  hint,  en  eum  concluin,  assambles  da  vonet 

1940  Da  rentin  sacrifis  da  Doue  ar  steret. 
Caïn  a  promctas  sacrifian  he  et, 
Hac  Abel  ar  guellan  dimeus  a  he  denvet. 
Ha  pa  voa  prest  Caïn  evit  sacrifian, 
E  teu  an  drouc-speret  cren  d'he  disalian, 

1945  E  voa  eur  sot  mar  deuje  da  lesquin  he  ed  mat. 
Nemert  an  drouc  lousou,  ar  re-se  a  voa  mat. 
Caïn  a  cafas  mat  avis  an  drouc-speret, 
Na  houlenne  pelloc'h  dont  da  lesquin  he  et; 
Nemert  an  drouc  lousou  n'hen  deus  sacrifiet, 

1950  Na  dalfoa  mann  an  tan,  ne  re  nemert  moguet. 
Abel  a  re  tan  caer,  a  save  bete  an  Env, 
Hac  a  voa  agreabl  evit  ar  gouir  Doue. 
«  Me  rent  d'ec'h  sacrifis,  eme-han,  er  mena, 
«  Ar  guellan  am  denvet,  gouir  Roue  an  Elle.  » 

1955       Caïn  dre  eur  valis  hac  un  anvi  ive, 

A  assistas  he  vreur  da  vonet  d'ar  mené, 

Hac  hen  hac  o  cafet  manjouer  un  asen, 

Hac  o  rein  d'ehan  un  toi  gant-han  a  dreus  he  pen. 

Goat  Abel  a  crie  memeus  bete  an  Env, 

i960  Evit  goulen  venjans  dirac  ar  gouir  Doue. 

Dont  a  ra  ar  Maro  d'hen  lemel  d'eus  ar  bet. 
Ha  Caïn  criminel  dirac  Doue  rentet. 

Ine  Abel  a  deu  d'eus  he  corf  da  quitat 
Evit  en  eum  presantin  dirac  Doue  an  Tat. 

1965    a  Ma  lequet,  eme-han,  un  tu  en  sauvete, 

«  En  eur  plas  didanjer,  mar  be  ho  polante.  » 
«  —  El  guen,  eme  Doue,  et  timat,  em  requet, 
«  Da  gas  Abel  d'al  Limo,  en  eur  plas  assuret. 
«  Pa  vo  pignet  ma  map,  eme-han,  er  Calvar, 

1970  «  Me  deui  d'her  recev  en  Env,  ebars  er  gloar.  » 


La  Création  du  monde.  2  5  9 

«  si  vous  vous  portez  préjudice,  vous  serez  punis  selon  la 
«  rigueur  de  ma  justice.  Aimez-vous  l'un  l'autre,  ajouta  le 
«  vrai  Dieu;  vous  êtes  les  enfants  d'un  même  père,  d'une 
«  même  mère.  Ayez  toujours  soin  d'offrir  des  sacrifices  en 
«  mon  honneur,  et  je  vous  fournirai  le  nécessaire  pour  vous 
«  sustenter.  » 

Comme  conclusion  ils  partent  ensemble  offrir  un  sacrifice 
au  Dieu  des  étoiles.  Caïn  promit  d'offrir  du  blé,  et  Abel  la 
meilleure  de  ses  brebis.  Mais  lorsque  Caïn  était  prêt  à  com- 
mencer, le  mauvais  Esprit  vint  l'en  dissuader,  disant  qu'il 
était  un  sot,  s'il  se  laissait  aller  à  brûler  son  grain  :  de  mau- 
vaises herbes,  voilà  ce  qu'il  était  bon  de  mettre  au  feu.  Caïn 
approuva  l'avis  du  démon,  car  son  désir  n'était  certes  pas  de 
brûler  son  blé  :  il  n'offrit  donc  que  de  mauvaises  herbes,  et  le 
feu  qu'il  alluma  ne  valait  rien,  ne  donnait  que  de  la  fumée. 
Abel  obtenait  une  flamme  brillante  qui  montait  jusqu'au  Ciel 
et  qui  était  agréable  à  l'Eternel.  «  Je  vous  offre,  dit-il,  en  sa- 
«  crifice  sur  la  montagne,  la  meilleure  de  mes  brebis,  à  vous 
«  le  véritable  Roi  des  Anges.  » 


Caïn  avait  par  malice  et  aussi  par  envie,  accompagné  Abel 
sur  la  montagne  :  là  il  trouva  une  mâchoire  d'âne,  et  la  sai- 
sissant, il  en  porta  un  coup  sur  la  tête  de  son  frère.  Le  sang 
d'Abel  criait  jusqu'au  ciel,  demandant  vengeance  devant  le 
Tout-Puissant.  La  Mort  vient  retirer  Abel  du  monde,  et  Caïn 
ne  fut  plus  qu'un  criminel  aux  yeux  de  Dieu. 


L'âme  d'Abel  abandonne  alors  son  corps  pour  se  présenter 
devant  le  Très-Haut.  «  Mettez-moi,  dit-elle,  quelque  part  en 
«  sûreté,  dans  un  endroit  à  l'abri  du  danger,  si  vous  le  voulez 
«  bien.  » 

«  Mon  bel  Ange,  dit  Dieu,  allez  vite,  je  vous  l'ordonne, 
«  conduire  Abel  aux  Limbes,  en  un  lieu  sûr.  Lorsque  mon 
«  fils,  ajouta-t-il,  sera  monté  sur  le  Calvaire,  cette  âme,  je  la 
recevrai  au  Ciel,  dans  ma  gloire.  » 


26o 


1975 


1980 


1985 


1990 


1995 


2000 


L'abbé  Eug.  Bernard. 

Doue  a  goulen  ous  Gain  pelec'h  es  e  coachet, 
Dont  timat  dira-s-han,  e  renque  he  cafet. 
«  Respont  d'in-me,  Gain,  prontamant,  pa  goulennan, 
«  Da  vreur  iaouanc,  Abel,  pelec'h  e  ma  breman  ?  » 

Gain  a  respontas  da  Redemptor  ar  bet  : 
Aboe  voa  et  er  mené,  n'en  defoa  han  quet  guelet, 
N'hen  defoa  quet  roet  carg  d'ehan  anehan, 
Evel-se  ne  voa  quet  oblijet  d'hen  rentan. 

Ah  !  Gain  malurus,  te  as  poa  meritet 

SupHso  an  Ifern  balamour  d'as  pehet! 

Te  t'eus  asasinet  da  vreur  voar  ar  mené, 

Dre  anvi  ha  malis  ous  he  brosperite. 

Glevet  am  eus  he  voes  o  tout  bete  an  Env, 

Voa  o  houlen  venjans  ha  justis  diguen-en. 

Abalamour  da  se  te  a'veso  venjet^ 

Seis  gués  assuramant  quent  ma  quitaï  ar  bet.  » 

—  Pardon,  eme  Gain,  guir  Redemptor  ar  bet, 
Evit  ho  servijin  houi  ho  poa  ma  crouet. 
N'am  precipitct  quet  en  creis  puns  an  Ifern  ! 
Hoant  am  eus,  ma  Doue,  da  ober  pinijen,  » 

—  Abalamour  d'as  crim,  an  oreur  as  pehet, 
E  vi,  eme  Doue,  d'eus  ar  provins  exilet 
Da  vale  dre  ar  bet  evel  eur  vacabont, 
O  hortos  ma  teui  un  de  da  rentan  cont.  » 

—  Ma  Doue,  eme  Gain,  p'hoc'h  eus  ma  exilet 
Evel  eur  vacabont  da  vale  dre  ar  bet, 

(  Quentan  den  a  guifin,  a  rancontrin  quentan, 
(  Me  requet  diguen-ec'h,  ma  teuio  d'am  lasan.  » 
(  —  Me  a  lar  d'it,  Gain,  eme  an  autro  Doue, 

(  Ar  hentan  as  touchou  d'as  lemel  a  vue ^ 

(  Ha  quent  ma  quitaï,  te  a  renq  bout  siellet, 
(  Ma  veso  dirac  an  holl  remarcabl  da  voelet.  » 
Gonsolet  voe  alies  a  beurs  an  Eternel, 
Gant  ar  brincet  a  enor  el  lec'h  celestiel, 


3.   Au-dessus  de  l'expression  wn/V/,  on  lit  le   mot  g luanet,  d'une  écriture 
différente. 


La  Création  du  monde.  261 

Dieu  demande  à  Caïn  où  il  était  caché  et  l'appelle  immé- 
diatement en  sa  présence  :  il  fallait  le  trouver.  «  Réponds-moi, 
«  Caïn,  sans  délai,  puisque  je  t'interroge.  Ton  jeune  frère 
«  Abel,  où  est-il  à  cette  heure  ?  » 

Caïn  répondit  au  Rédempteur  du  monde  que  depuis  qu'Abel 
était  allé  sur  la  montagne,  il  ne  l'avait  pas  vu  :  qu'il  n'avait 
pas  été  chargé  de  veiller  sur  lui,  que  par  conséquent  il  n'était 
pas  obligé  d'en  rendre  compte.  «  Ah  !  malheureux  Caïn,  tu  as 
«  mérité  les  suppHces  de  l'Enfer  à  cause  de  ton  crime.  Tu  as 
«  assassiné  ton  frère  sur  la  montagne,  par  malice  et  par  envie 
«  de  sa  prospérité.  J'ai  entendu  sa  voix  qui  montait  jusqu'au 
«  Ciel,  et  elle  me  demandait  vengeance  et  justice.  En  puni- 
ce  tion,  tu  seras  châtié  sept  fois  assurément  avant  que  tu  ne 
«  quittes  la  terre.  » 


«  Pardon,  s'écria  Caïn,  vrai  Rédempteur  du  monde  !  Vous 
«  m'aviez  créé  pour  vous  servir,  ne  me  précipitez  pas  dans  le 
«  puits  de  l'Enfer.  J'ai  le  désir,  mon  Dieu,  de  faire  pénitence.  » 

«  A  cause  de  ton  crime,  pour  l'horreur  de  ton  péché,  tu 
«  seras,  dit  Dieu,  exilé  de  cette  province,  et  tu  promèneras  à 
«  travers  le  monde,  pareil  à  un  vagabond,  en  attendant  le 
«  jour  où  tu  viendras  rendre  tes  comptes.  » 

«  Mon  Dieu,  repartit  Caïn,  si  vous  m'exilez  et  me  con- 
«  damnez  comme  un  vagabond  à  errer  sur  la  terre,  le  premier 
«  homme  que  je  trouverai,  le  premier  que  je  rencontrerai,  je 
«  vous  l'assure,  s'empressera  de  me  tuer.  » 

«  Je  te  le  dis,  reprit  le  Seigneur  Dieu,  malheur  au  premier 

«  qui  portera  la  main  sur  toi  pour  t'ôter  la  vie Et  avant 

«  de  partir,  il  faut  que  tu  sois  marqué  d'un  sceau,  afin  d'être 
«  aux  yeux  de  tous  facile  à  reconnaître.  » 

Il  a  souvent  été  consolé  de  la  part  de  l'Eternel  par  des 
princes  honorés  au  céleste  séjour,  après  tant  de  peines  et  de 


b.  Il  y  a  évidemment  ici  une  lacune,  que  nous  trouvons  remplie  plus 
loin,  au  vers  2534. 


202  L'abbé  Eug.  Bernard. 

2005  Anfin  goude  quement  a  boan  hac  a  tourmant, 
Pa  hen  deus  soufrer  jenerus  ha  constant.  ^ 

Rac-se,  compagnones,  an  humplan  ma  hellomp, 
Dimeus  a  ho  silans  graço  d'ec'h  a  rentomp, 
O  hortos  ar  seson  ma  hellomp,  Autrone, 

2010  Represanti  eun  dra  herve  ho  polante. 


Senne  I. 


Eva  hac  Adam  a  antre. 


Eva  a  coms. 


Adam,  ma  guir  briet,  chanchamant  a  cafan 
Ebars  em  holl  mempro  ;  fatic  oun  ar  voes-man, 
Ha  ma  foan  a  so  bras  :  allas  !  ne  harsan  quet  !  ^ 
Mar  pat  ous-in  tri  de,  me  oar,  mervel  so  ret. 

2015  Reit  d'in  ho  assistans  breman,  Doue  an  Tat  ! 
Arri  eo  an  amser  ma  henin  merc'h  pe  vap  2. 

Houi,  ma  friet  Adam,  chomet  bepret  presant. 
Ho  presans  a  ra  d'in  cals  a  contantamant. 
Pardon,  ma  guir  Doue  !  Ret  vo  quitat  ar  bet, 

2020  O  henel  ar  freus-man.  Ma  Doue  ma  sicouret  5! 
Houi  ho  poa  ma  hrouet  da  vont  exant  a  poan, 
Mes  breman  e  man  'n  amser  ma  soufran  ar  muian. 

Adam  a  coms. 

O  ma  friet  Eva,  courachet  en  ho  poanio. 
Ha  me,  d'eus  ma  hoste,  bepret  ho  sicouro, 


1 .  Ma  guentro  a  so  bras. 

2 .  Ma  hanni  merc'h  pe  vap. 

3 .  O  genel  ar  froes-man,  sur,  ma  n'am  sicouret. 

a,   La  mémoire  de  celui  qui  dictait  nous  paraît  être  encore  ici  en  défaut. 


La  Création  du  monde.  265 

tourments  endurés  avec  constance  et  générosité. 

C'est  pourquoi,  compagnons,  nous  vous  rendons,  le  plus 
humblement  possible,  grâces  pour  votre  silence,  en  attendant 
l'époque  où  nous  pourrons,  Messieurs,  représenter  quelque 
chose  selon  votre  volonté. 


Scène  1. 


Adam  et  Eve  entrent. 


Eve. 


Adam,  mon  cher  époux,  j'éprouve  des  douleurs  dans  tous 
mes  membres  :  je  me  sens  fatiguée  cette  fois,  et  ma  souffrance 
est  extrême  ;  hélas  !  je  n'y  tiens  plus  !  Si  cela  dure  trois  jours, 
je  crois  que  j'en  mourrai.  Donnez-moi  maintenant  votre  assis- 
tance. Dieu  le  Père  !  Le  moment  est  venu  pour  moi  d'enfanter 
une  fille  ou  un  fils. 

Vous,  mon  époux,  restez  toujours  là  :  votre  présence  me 
procure  un  grand  soulagement.  Pardon,  mon  Dieu  !  Il  faudra 
quitter  la  vie  en  mettant  au  monde  cet  enfant  !  Mon  Dieu, 
secourez-moi  !  Vous  m'aviez  créée  pour  être  exempte  de  peine  : 
mais  voici  le  moment  où  je  souffre  davantage. 


Adam. 

Eve,  mon  épouse,  prenez  courage  dans  vos  souffrances,  et 
moi  de  mon  côté,  je  vous  viendrai  toujours  en  aide.  Autrefois, 


1 .  Mes  douleurs  d'enfantement  sont  grandes. 

2.  Que  je  mette  au  monde  une  fille  ou  un  fils. 

î .  En  donnant  le  jour  à  ce  fruit,  assurément,  si  vous  ne  me  venez  en 
aide. 


264  L'abbé  Eug.  Bernard. 

2025   Guesall  ebars  er  jardin,  nin  a  voa  etirus, 
Breman  es  omp  rentet  en  ur  stat  truesus. 
Hogon  ho  pet  courach  breman  voar  an  douar, 
Goude  fin  ho  pues  houi  a  ielo  d'ar  gloar. 

Ar  Maro  a  antre  hac  a  coms. 

Eva,  na  t'eus  micher  da  donet  d'en  em  glem, 
2030  Rac  me  eo  ar  Maro  a  so  deut  d'as  quichen. 
Ha  quement  feumeulen  a  deuio,  a  dra  sur, 
Er  bet-man,  da  houde,  savet  d'eus  da  natur, 
A  vo  participant  couls  ha  te,  er  poanio  ; 
Ha  ma  carjes  e  voas  en  creis  an  dehso. 

Eva  a  coms. 

2035  Penos  ?  Te  eo  ar  Maro  a  so  deut  d'am  sourpren  !. 
O  ma  friet  Adam,  deut  aman,  d'am  hichen, 
Reit  d'in  hoc'h  assistans,  cresquin  ra  ma  foanio. 
Ret  eo  renons  d'ar  bet,  rac  arri  eo  ar  Maro. 

Ar  Maro  a  coms. 

'Mervel  a  renquer,  sur,  an  eil  hac  eguile  '■  ; 
2040  Cals  a  deuio  er  bet,  m'hen  assur,  da  houde, 
A  renquo  couls  ha  te,  beau  participant, 
O  henel  evel  d'out,  en  poaniou  violant. 

Eva  a  coms. 

O  Doue  éternel  !  m'ho  pet,  reit  d'in  courach 
Da  henel  ar  freus-man,  ma  hilUn,  eur  veach, 
2045   Donet  da  veintenin  da  ofr  evit  ho  gloar, 
Da  tremen  ar  poanio  a  soufromp  en  douar. 

Adam  a  coms. 

Eh  bien  !  ma  friet,  fin  a  vo  d'ho  poanio, 

Pa  sonjet  neubeutan,  dre  c'hras  ar  guir  Autro. 

I .  Mervel  a  renquer,  sur,  pe  genel  bugale. 


La  Création  du  monde.  265 

au  jardin,  nous  étions  heureux,  et  à  présent  nous  sommes 
réduits  à  un  état  digne  de  pitié.  Ayez  donc  maintenant  cou- 
rage sur  la  terre,  et  après  la  fin  de  votre  vie,  vous  irez  à  la 
gloire. 

La  Mort  entre. 

Eve,  tu  n'as  que  faire  de  venir  te  plaindre,  car  c'est  moi  la 
Mort  qui  accours  à  tes  côtés.  Et,  c'est  chose  assurée,  toute 
femme  qui  naîtra  sur  la  terre  après  toi,  issue  de  ta  race,  aura 
part  comme  toi  à  ces  souffrances.  Et  si  tu  avais  voulu,  tu 
serais  au  milieu  des  délices  ! 


Eve. 

Comment,  c'est  toi  la  Mort  qui  viens  me  surprendre...  O 
mon  époux  Adam,  tenez-vous  ici,  près  de  moi;  prêtez-moi 
votre  assistance,  mes  douleurs  augmentent.  Il  faut  quitter  la 
vie,  car  voici  la  Mort  arrivée. 

La  Mort. 

Certes,  il  vous  faudra  mourir  l'un  et  l'autre.  Beaucoup 
viendront  en  ce  monde,  je  te  l'assure,  après  toi,  qui  parta- 
geront tes  souffrances,  et  enfanteront  comme  toi  dans  les  dou- 
leurs les  plus  violentes. 

Eve. 

O  Dieu  éternel,  je  vous  en  prie,  donnez-moi  du  courage 
pour  mettre  au  monde  cet  enfant!  Qae  je  puisse  une  fois  con- 
tinuer à  offrir  pour  votre  gloire  et  à  supporter  les  peines  que 
nous  endurons  sur  la  terre. 

Adam. 

Eh  bien,  mon  épouse,  vos  souffrances  auront,  lorsque  vous 
y  penserez  le  moins,  une  fin  par  la  grâce  de  notre  Seigneur. 

I .  Il  faut,  certes,  mourir  ou  supporter  les  douleurs  de  l'enfantement. 
Revue  Celtique,  XI.  "  18 


266  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Comeret  couraj  vat,  ha  me  pedo  Doue 
2050  Da  rei  ar  iehet  d'ec'h  gant  pep  sort  carante. 


Eva  a  coms. 

O  ma  friet  Adam,  houi  a  ra  d'in  couraj. 
Mes  pa  consideran,  ma  foanio  a  so  bras, 
Pa  n'am  eus  nep  sicour,  allas  !  mervel  so  ret, 
Fin  a  vo  d'am  bue,  ret  eo  renons  d'ar  bet 

2055       Aï  !  Aï  !  arri  an  heur,  ret  e  d'in  finissan  ! 
Ma  Doue,  ma  Crouer,  pardon  a  houlennan  ! 
Houi  ho  poa  ma  crouet  er  bet-man  a  netra, 
Breman  es  oun  rentet  en  pep  sort  extrenvoa. 
Me  a  ofr  d'ec'h  ma  freus,  mar  gallan  he  henel. 

2060  M'ho  pet  d'am  exanti  d'eus  ar  poan  éternel. 
Reit  ar  c'hras,  ma  Doue,  ma  vesint-hi  exant, 
Dimeus  am  pehejo,  dre  ma  int  inosant. 

Adam  a  coms. 
Courach,  courach,  Eva  !  arri  eo  an  amser  ! 

Eva  a  coms. 
Allas  !  ma  guir  briet,  poan  vras  so  o  henel  ! 

Adsm  a  coms. 

2065  Mes  tevoet,  ma  friet,  breman  me  ho  sicouro. 


Eva  a  coms. 
Ai  !  Ai  !  ma  guir  briet,  cresquin  ra  ma  foanio  ! 

Adam  a  coms. 
Gant  Doue  éternel  a  vcomp  sicouret. 


La  Création  du  monde.  267 

Prenez  bon  courage,  et  je  prierai  Dieu  de  vous  donner  la  santé 
avec  toute  sorte  de  témoignages  d'affection. 


Eve. 

O  Adam,  mon  époux,  vous  me  réconfortez.  Mais  quand  je 
les  considère,  mes  douleurs  sont  grandes,  et  puisque  je  n'ai 
aucun  secours,  hélas  !  il  flmdra  mourir  !  Ma  vie  touche  à  son 
terme,  il  va  falloir  quitter  la  terre... 

Aï!  Aï!  l'heure  approche,  il  faut  en  finir.  Mon  Dieu,  mon 
Créateur,  je  demande  pardon  !  Vous  m'aviez  créée  en  ce 
monde  de  rien  :  maintenant  je  suis  livrée  à  toute  espèce  de 
calamités. 

Je  vous  offre  le  fruit  de  mes  entrailles,  si  je  puis  le  mettre 
au  jour.  Plaise  à  vous  de  me  préserver  des  peines  éternelles  ! 
Accordez-moi  la  grâce,  ô  mon  Dieu,  de  garantir  mon  enfant 
de  mes  péchés,  par  cela  qu'il  est  innocent. 

Adam. 
Courage,  courage,  Eve,  voici  lé  moment  arrivé. 

Eve. 
Hélas  !  mon  cher  époux,  qu'il  y  a  de  douleur  à  enfanter  ! 

Adam. 

Mais  calmez-vous,  mon  épouse,  à  présent  je  vous  porterai 
secours. 

Eve. 
Aï  !  Aï  !  mon  cher  époux,  mes  souffrances  augmentent. 

Adam. 
Le  Dieu  éternel  vous  viendra  en  aide. 


268  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Eva  a  coms. 

Ma  hallen-me  soufrin  gant  pep  pasiantet  ! . . .  ^ 
Quemeret-han  diguen-in,  dalet-han,  me  ho  pet  2. 

Adam  a  coms. 
2070  Tremenet  eo  ho  poan,  voar  a  voelan,  Eva. 

Eva  a  coms. 
Ah  !  ma  friet  Adam,  hoas  e  santan  un  dra5... 

Adam  a  coms. 

Rentomp  gras  da  Doue,  chetu  aman  daou  vap. 
Me  roï  d'he  ho  hano  dre  gras  Doue  an  Tat, 
Ha  Caïn  hac  Abel  vo  ho  hano  er  bet, 
2075  Pa'n  d-int  an  daou  quentan  a  so  gant  mam  ganet. 

Eva  a  coms. 

ObHjet  omp,  certen,  da  Doue  éternel, 
D'am  bout  lamet  a  poan,  rac  me  sonje  mervel. 
Houi,  ma  friet  Adam,  evel  ma  s-oc'h  den  fur. 
Me  ho  pet  da  soignin  d'eus  an  daou  crouadur. 

Adam  a  coms. 

2080  Pa'n  d-oc'h  dcHvret  a  poan,  et  breman  da  repos 
En  hano  ar  guir  Doue...  Me  gret  eo  hanter-nos. 
Ha  me  pedo  Doue  bepret  a  vouir  galon. 
Evit  n'ho  leso  quet  ebars  en  abandon. 


1 .  Ma  calon  a  soufro  gant  pep  pasiamet. 

2.  Le  vers  suivant  est  passé  sous  silence  : 

Chetu  ase  eur  map  am  eus  breman  ganet. 

3.  Allas!  ma  friet  quer,  c'hoas  e  santan  un  dra. 


La  Création  du  monde.  269 

Eve. 

Si  je  pouvais  souffrir  avec  patience!...  Prenez-le  de  mes 
mains,  tenez-le,  je  vous  en  prie. 

Adam. 
Votre  mal  est  passé,  à  ce  que  je  vois,  Eve. 

Eve. 
Ah  !  Adam,  mon  époux,  je  sens  encore  quelque  chose. 

Adam. 

Remercions  Dieu,  voici  bien  deux  fils.  Je  vais  leur  donner 
des  noms  par  la  grâce  de  Dieu  le  Père.  Ils  s'appelleront  en  ce 
monde  Caïn  et  Abel,  puisqu'ils  sont  les  deux  premiers  nés  de 
leur  mère. 

Eve. 

Nous  devons,  certes,  de  la  reconnaissance  au  Dieu  éternel 
de  m' avoir  tirée  de  peine,  car  je  croyais  mourir.  Vous,  Adam, 
comme  vous  êtes  un  homme  sage,  je  vous  prie  de  prendre 
soin  des  deux  enfants. 

Adam. 

Puisque  vous  êtes  délivrée  du  mal,  allez  maintenant  vous 
reposer  au  nom  du  vrai  Dieu...  Il  est  minuit,  je  crois.  Et  moi, 
je  prierai  toujours  Dieu  de  bon  cœur  afin  qu'il  ne  vous  laisse 
pas  dans  l'abandon. 


1 .  Mon  cœur  souffrira  en  toute  patience. 

2.  Voilà  là  un  fils  que  je  viens  de  mettre  au  monde. 

3 .  Hélas  !  mpn  cher  époux,  je  sens  encore  quelque  chose. 


2/0  L'abbé  Eug.  Bernard. 


Eva  a  coms. 

Allas  !  n'am  beso  quen  nep  mat  a  liberté 
2085   Gant  va  daou  vap  bihan,  ret  vo  poanian  gant-he 
Quen  a  voint  capabl,  pa  blijo  gant  Doue, 
Da  donet  d'hon  sicour  en  bon  nécessite. 


Senne  II. 

Adam,  Caïn  hac  Abel  a  antre. 

Adam  a  declar  he  vue  d'eshe,  neuse  a  coms. 

Clevet,  ma  bugale  :  eur  vue  truesus 

Hon  deus  bet  er  bet-man  ;  mes  ret  eo  bout  joaûs. 

2090  Nin  voa  crouet  er  bet  en  pep  sort  deliso, 

Ha  breman,  sivoas  d'imp  !  es  omp  en  miserio. 
Er  Barados  terestr  e  voamp  quenta  crouet  ^ 
En  pep  contantamant  hac  exant  a  pehet. 
Ho  man  a  voe  eno  tentet  gant  ar  serpant, 

2095   Quement-se  a  so  caus  d'hon  poan  ha  d'hon  tourmant. 
Crouet  voamp  immortel  ha  lequet  gant  Doue, 
Panevert  ma  pec'homp  dre  hon  frajilite, 
O  tibrin  un  aval.  Quement-se  so  quiriec, 
Sivoas  !  antieramant  da  vout  collet  ar  bet. 

2100  Allas  !  ho  mam  Eva  quenta  a  voe  tromplet, 
Ma  teuas  da  dibrin  d'eus  ar  freus  difennet. 
Me  voe  quen  miserabl  da  donet  da  senti, 
Ma  coeïs  er  pehet,  allas  !  quercouls  hac  hi. 

Ma  voemp  tolet  er-meas,  dimeus  ar  plas  santel  : 

2105   Balamour  d'hon  pehet  hoU  e  renquomp  mervel. 


I Ret  vo  pourvesin  anhe. 

2 E  voamp  gant  Doue  crouet. 


La  Création  du  monde.  271 


Eve. 


Hélas  !  je  n'aurai  plus  désormais  un  bon  moment  de  liberté 
avec  mes  deux  petits  enfants  !  Il  faudra  se  donner  du  mal  pour 
eux,  avant  qu'ils  ne  soient  capables,  quand  il  plaira  à  Dieu,  de 
nous  venir  en  aide  dans  nos  nécessités. 


Scène  IL 

Adam,  Caïn  et  Abel  entrent. 

Adam  leur  raconte  sa  vie. 

Ecoutez,  mes  enfants,  le  récit  de  la  vie  lamentable  que 
nous  avons  menée  en  ce  monde  :  cependant  il  ne  faut  pas  se 
laisser  aller  à  la  tristesse.  Nous  avions  été  créés  sur  la  terre,  au 
milieu  de  toute  sorte  de  délices,  et  à  présent,  pauvres  de  nous  ! 
nous  sommes  dans  la  misère.  Nous  avions  été  d'abord  placés 
dans  le  Paradis  terrestre,  comblés  de  toutes  les  joies,  et 
exempts  de  péché.  Votre  mère  se  vit  en  ce  lieu  tentée  par  le 
serpent,  et  ce  fut  là  la  cause  de  notre  peine  et  de  nos  tour- 
ments. Nous  avions  été  créés  immortels,  confirmés  en  cet  état 
par  Dieu,  si  nous  n'avions  point  péché  par  notre  faiblesse  en 
mangeant  une  pomme.  Ce  fut  là,  hélas  !  ce  qui  entraîna  la 
perte  du  monde  entier.  Hélas  !  votre  mère  Eve  a  été  la  première 
trompée,  et  elle  se  laissa  aller  à  manger  du  fruit  défendu.  Je 
fus  assez  misérable  pour  lui  céder  également,  et  je  tombai, 
hélas  !  dans  le  péché  tout  comme  elle. 

Nous'fûmes  chassés  de  ce  séjour  bienheureux,  et  à  cause  de 
notre  faute,  tous  nous  devons  mourir.  Nous  sommes  en  ce 


1 .  Il  faudra  pourvoir  à  leurs  besoins. 

2.  Nous  avions  été  créés  par  Dieu. 


272  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Sujet  omp  d'ar  poanio  er  bet-man,  nos  ha  de, 

Ha  bepret  e  veomp  bete  fin  hor  bue. 

Panevert  gras  Doue  so  bras  en  bon  andret, 

Da  boanio  an  Ifern  e  voamp  holl  condannet. 
21 10  Dre-se  e  laran  d'ec'h,  evel  ma  bugale, 

E  renquet  labourât  an  douar  couls  ha  me, 

Houesan  an  dour,  ar  goat,  balamour  da  Doue, 

Ha  bean  passiant  bete  fin  ho  pue, 

Ha  rentin  sacrifis  da  Crouer  ar  steret, 
21 15  Ha  heuil  he  hourhemen  entre  ma  veet  er  bet. 
Promettet  en  deus  d'imp,  an  Doue  éternel, 

E  veso  fin  d'ar  bet,  hac  e  renquomp  mervel  ; 

Hac  an  nep  a  vevo  herve  he  volante. 

En  defo  recompans  goudc  fin  he  vue  : 
2120  Ma  eus  ur  Barados  d'an  nep  a  raï  erfat  ; 

Mes  an  nep  a  raio  drouc  en  eus  poanio  divat 

Rac-se  ho  suplian,  bevoet  herve  Doue. 

Ha  deut  d'en  em  garet  an  eil  hac  eguile. 

Caïn  a  coms. 

Adam,  houi  eo  an  tat,  hac  a  die  comandin, 
2125   Ha  ni,  'vel  guir  bugale,  a  deuio  da  sentin. 

Discoeset  d'imp  ar  plas  ma  renquomp  labourât, 
Ha  me  raï  gant  reson  dimeus  a  galon  vat. 

Abel  a  coms. 

Ma  sat,  a  bon  droit  me  a  guemero  poan  ^, 
Pa'n  d-omp  sujet  d'eshi  couls  ha  houi  hoc'h-unan. 
2130  Leret  pe  sort  labour  a  renquan  da  ober, 
Ha  me  ia  da  comans  evel  eur  guir  vugel. 

Adam  a  coms. 

Deut  'ta,  ma  bugale,  ha  me  ia  guen-ec'h  ractal  ^ 
Da  dispartian  d'ec'h  pep  a  loden  douar. 


1 .  Ma  sat,  a  het  ma  amser,  me  a  comero  poan. 

2.  Deut  di,  ma  bugale. 


La  Création  du  monde.  275 

monde  condamnés  nuit  et  jour  à  la  peine,  et  nous  y  resterons 
jusqu'à  la  fin  de  notre  vie.  Si  ce  n'était  la  grâce  de  Dieu,  qui 
est  grande  à  notre  égard,  nous  aurions  tous  été  livrés  aux  sup- 
plices de  l'Enfer.  C'est  pourquoi  je  vous  le  dis,  comme  mes 
enfants  il  vous  faut  travailler  la  terre  aussi  bien  que  moi,  suer 
l'eau  et  le  sang  pour  l'amour  de  Dieu,  vous  montrer  patients 
jusqu'au  terme  de  votre  carrière,  offrir  des  sacrifices  au  Créa- 
teur des  étoiles,  et  observer  ses  commandements  tant  que  vous 
serez  au  monde. 

L'Eternel  nous  a  promis  que  l'univers  aurait  une  fin  et 
qu'il  nous  faudra  mourir.  Quiconque  vivra  selon  la  divine 
volonté,  sera  récompensé  à  la  fin  de  sa  vie,  car  il  y  a  un  Pa- 
radis pour  celui  qui  fera  le  bien  :  mais  celui  qui  commettra  le 
mal  sera  livré  à  des  peines  terribles.  Je  vous  en  supplie  donc, 
vivez  selon  Dieu  et  aimez-vous  l'un  l'autre. 


Caïn. 

Adam,  vous  êtes  notre  père,  vous  devez  commander  : 
comme  des  enfants  dociles  nous  vous  obéirons.  Montrez-nous 
la  place  que  nous  devons  labourer,  et  avec  raison,  je  m'y 
mettrai  de  bon  cœur. 

Abel. 

Mon  père,  à  bon  droit  je  prendrai  de  la  peine,  puisque  j'y 
suis  condamné  aussi  bien  que  vous.  Dites-moi  à  quelle  espèce 
de  travail  je  dois  me  livrer,  et  je  vais  commencer  comme  un 
enfant  soumis. 

Adam. 

Venez  donc,  mes  enfants.  Je  vais  à  l'instant  avec  vous,  vous 
assigner  à  chacun  une  part  de  terre.  Il  nous  faut  nous  donner 


1 .  Mon  père,  tout  le  temps  de  ma  vie,  je  prendrai  de  la  peine. 

2.  Venez  là,  mes  enfants. 


274  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Ret  eo  d'imp  soufrin  poan  evit  gonit  hor  boet, 
2n5   Doue  a  comand  se  balamour  a  hon  pehet. 

Ma  vusur  breman  douar  hac  a  coms. 

Caïn,  chetu  aman  ho  lot,  ma  mignon  quer, 
Neuse,  er  hoste  ail,  a  vo  d'ho  preur  Abel  ^ 
Ret  eo  d'imp  soufrin  poan  evit  gonit  hon  boet, 
Rac-se  e  laran  d'ec'h  dont  da  poania  bepret, 
2140       Ret  eo  bevoan  bepret  herve  Doue, 
Hac  en  em  oblijan  an  eil  hac  eguile. 
Caïn,  houi  labouro  evit  gonit  an  ed, 
Ha  houi,  ma  map  Abel,  mesaer  d'an  denved. 

Abel  a  coms. 

Ma  Doue,  ma  Crouer,  pa'n  d-oun  laquet  er  bet, 
2145   Bet  an  hano  a  den,  en  hoc'h  imaj  crouet, 

He  houitat  a  renquomp  pa  sonjomp  neubeutan. 
Me  ofr  evit  ho  gloar  bepret  quement  a  ran. 

Caïn  a  coms  3. 

Autro  Doue,  ma  Crouer,  he-man  eo  ar  viser  ! 
Terubl  omp  fal  guisquet,  ha  rust  eo  an  amser. 
2150  Ha  hoas  hon  nouritur  a  so  rust  ha  calet, 

Nemert  dre  cals  a  boan  dibrin  ne  hallan  quet^. 


1 ,  Les  quatre  vers  suivants  sont  remplacés  dans  notre  vieux  manuscrit 
par  ces  deux-ci  : 

Rac-se  hen  laran  d'ac'h,  an  eil  hac  eguile, 
Ret  eo  bevan  er  bet  bopret  herve  Doue. 

2.  Nemert  dre  cals  a  boan  ne  hallo  den  dibri  boet. 

».  La  mémoire  de  celui  qui  dictait  le  mystère  a  ici  subi  une  nouvelle 
défaillance  :  il  avait  attribué  au  personnage  d'Abel  les  vers  qui  précèdent  et 
ceux  qui  suivent.  Afin  de  réparer  cette  erreur,  le  scribe  a  intercalé  entre 
deux  lignes  les  mots  :  «  Ca'in  a  coms,  »  qui  restituent  à  Caïn  la  part  qu'il 
doit  avoir  dans  le  dialogue,  témoin  notre  manuscrit. 

Les  inadvertances  de  ce  genre  sont  nombreuses  dans  le  manuscrit  de  la 


La  Création  du  monde.  275 

du  mal  pour  gagner  notre  nourriture.  Dieu  le  veut  ainsi  à 
cause  de  notre  péché. 

Adam  mesure  la  terre  et  il  reprend. 

Caïn,  voici  votre  part,  mon  cher  ami,  et  de  ce  côté  sera 
celle  de  votre  frère  Abel.  Il  nous  faut  mettre  notre  peine  pour 
gagner  notre  nourriture.  C'est  pourquoi  je  vous  dis  de  tou- 
jours travailler. 

Vous  devez  vivre  désormais  selon  Dieu,  et  vous  rendre 
service  l'un  à  l'autre.  Caïn,  vous  serez  laboureur  pour  cultiver 
le  blé,  et  vous,  mon  fils  Abel,  vous  garderez  les  troupeaux. 


Abel. 

Mon  Dieu,  mon  Créateur,  je  suis  mis  au  monde,  et  j'ai  reçu 
un  nom  d'homme  après  avoir  été  créé  à  votre  image  :  il  faudra 
quitter  cette  terre  quand  nous  y  songerons  le  moins,  je  vous 
offre  pour  votre  gloire  toujours  toutes  mes  actions. 

Gain. 

Seigneur  Dieu,  mon  Créateur,  quelle  misère  est  la  nôtre  ! 
Je  suis  bien  mal  habillé  et  le  temps  est  rude  :  notre  nourriture 
est  dure  et  grossière,  ce  n'est  qu'à  force  de  peine  que  je 
pourrai  manger. 


I  .   C'est  pourquoi  je  vous  le  dis  à  l'un  et  à  l'autre,  il  faut  vivre  en  ce 
monde  toujours  selon  Dieu. 

2.   Sans  beaucoup  de  peine  personne  ne  pourra  manger  son  pain. 

Bibliothèque  Nationale  :  ainsi,  au  premier  acte.  v.  373,  après  la  chute  des 
anges  rebelles  maudissant  leur  sort,  on  avait  oublié  de  couper  le  dialogue, 
d'indiquer  l'endroit  où  finissent  leurs  lamentations,  et  où  Dieu  le  Père 
prend  la  parole  pour  s'adresser  aux  bons  anges.  C'est  une  main  autre  qui 
a  écrit  à  la  marge  ces  mots  :  «  Doue  an  Tat  a  coms  ous  an  Elle  mat,  »  réta- 
blissant les  choses  dans  l'ordre  indiqué  par  le  texte  lui-même. 


276  L'abbé  Eug.  Bernard. 


Senne  III, 

Pep-hini  a  ia  d'he  labour,  Caïn  da  labourât  douar. 

Abel  gant  he  denvet  a  can  voar  un  ton  berjer. 

Me  ia  breman  gant  ma  denvet, 
En  hano  Doue  hac  an  Drindet. 
Gras  d'eshe  da  vultiplian, 
2155   Ma  sacritiin  ar  guellan 
Evit  enorin  ma  Doue^ 
Da  vo  meulet  he  carante  ! 
Hirie  ha  queit  a  ma  vevoin, 
Me  a  désir  hoc'h  adorin. 

Eva  a  ia  da  voelet  Gain. 

Eva  a  coms. 

2160  Courach,  ma  bugale,  labourât  a  so  ret, 
Ret  eo  comeret  poan  evit  gonit  ho  poet. 
Ma  ne  rafac'h  netra,  ne  hallac'h  quet  bevoan, 
Doue,  an  Eternel,  a  comand  quement-man. 
Me  'm  eus  true  ous-hoc'h  gant  pep  compasion, 

2165   Divisq  eo  ho  corfo  dious  ar  ieneon-. 

Caïn  a  coms. 

Autro  Doue  !  ma  mam,  squis  bras  en  eum  cafan  ! 
Pell  so  d'eus  an  amser  aboe  ma  s-oun  er  plas-man. 
Aflijet  oun  terubl,  drouc  bras  am  eus  em  pen. 
Me  a  ia  da  hourve  aman,  voar  an  dachen. 
2170  Reit  d'in  eur  banac'h  dour,  ma  mam,  en  han  'Doue, 
Neuse  em  bo  guell  courach  da  labourât  arre. 


1 .  Aux  trois  autres  vers  notre  manuscrit  substitue  celui-ci  : 

Da  veso  meulet  hep  fine  ! 

2.  Divisq  en  ho  cafan  dirac  ar  ieneon. 


La  Création  an  monde.  277 


Scène  III. 

Chacun  va  à  son  travail,  Gain  laboure  la  terre. 

Abel  mène  paître  son  troupeau  et  chante  sur  une  air  champêtre. 

Je  vais  maintenant  faire  paître  mon  troupeau  au  nom  de 
Dieu  et  de  la  sainte  Trinité.  Grâce  à  mes  brebis  de  multiplier  ! 
Je  sacrifierai  la  plus  belle  pour  honorer  Dieu.  Que  sa  charité 
soit  louée  !  Aujourd'hui  et  tant  que  je  vivrai,  mon  désir  est  de 
l'adorer. 


Eve  va  voir  Caïn. 


Courage,  mes  enfants,  il  faut  travailler,  il  faut  prendre  de 
la  peine  pour  gagner  votre  nourriture.  Si  vous  ne  faisiez  rien, 
vous  ne  pourriez  pas  vivre.  C'est  Dieu,  c'est  l'Eternel  qui  le 
commande.  J'ai  pitié  de  vous,  je  suis  touchée  de  compassion, 
votre  corps  est  sans  vêtement  contre  la  froidure. 


Caïn . 


Seigneur  Dieu,  ma  mère,  je  me  trouve  bien  fatigué.  Il  y  a 
longtemps  que  je  suis  en  cet  endroit.  Je  me  sens  on  ne  peut 
plus  las,  j'ai  grand  mal  à  la  tête.  Je  vais  m'étendre  ici,  à  cette 
place.  Donnez-moi  un  peu  d'eau,  ma  mère,  au  nom  de  Dieu; 
alors  j'aurai  plus  de  cœur  à  me  mettre  à  l'ouvrage. 


1 .  Qu'il  soit  loué  sans  fin  ! 

2.  Je  vous  vois  sans  vêtements  contre  le  froid. 


278  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Eva  a  coms. 

Hac  ho  peso,  ma  map.  Me  ia  gant  dilijans, 

Da  vit  d'ec'h  eur  banac'h  da  tremen  ho  soufrans. 

Ma  a  da  vit  dour. 
Pa  vo  arri  e  continu. 

Dalet  !  chetu  ase  dour  an  excelantan 
2175  A  quement  ha  oufet  da  cafet  er  vro-man. 

Adieu  eia,  ma  map,  quen  ar  hentan  guelet. 
Doue  d'ho  conservo  en  peuc'h  hac  en  iehet^ 

Eva  a  ia  da  caet  Abel. 

Eva  a  coms. 

Ha  d'ec'h,  ma  map  Abel  !  Me  so  deut  d'ho  caet, 
Pell  so  em  boa  désir  da  donet  d'ho  guelet, 
2180  Plijadur  vras  am  eus  p'ho  guelan  em  presans. 

Doue  an  Tat  da  rei  d'ec'h  moien  d'en  eum  avans  -. 

Abel  a  coms. 

Me  promet  d'ec'h  certen,  me  am  eus  cals  a  joa 
P'ho  guelan  dira-s-oun  breman,  ma  mam  Eva. 
Doue  d'ho  conservo  gant  hoU  prospérité  : 
2185   Ha  gras  da  veintenin  bepret  evit  gloar  Doue. 

Eva  a  quit. 


Senne  IV. 

Gain  hac  Abel  a  antre  asambles. 

Caïn  a  coms. 

En  eum  dennet,  Abel,  breman  divoar  ma  sro, 
Na  houlennan  en  nep  gis  e  teuc'h  em  goarancho  5, 

1 .  Doue  d'ho  conservo  ebars  en  ho  iehet  ! 

2.  Doue  an  Tat  da  rai  d'ac'h  moyen  en  abondans  ! 

3.  Ne  goullan  en  nep  gis  e  teufac'h  er  meto. 


La  Création  du  monde.  279 

Eve. 

Vous  en  aurez,  mon  fils.  Je  vais  en  toute  hâte  vous  chercher 
de  l'eau  pour  passer  votre  souffrance. 

Eve  va  chercher  de  l'eau,  et  à  son  retour  elle  continue. 

Tenez,  voilà  là  de  l'eau,  la  meilleure  que  l'on  puisse  trouver 
en  ce  pays. 

Adieu  donc,  mon  fils,  jusqu'à  la  première  fois.  Que  Dieu 
vous  conserve  en  paix  et  en  santé  ! 

Eve  va  trouver  Abel. 

Salut  à  vous,  mon  fils  Abel.  Je  suis  venue  vers  vous,  car 
depuis  longtemps  j'avais  le  désir  de  vous  visiter.  J'ai  grand 
plaisir  à  vous  voir  en  ma  présence.  Que  Dieu  vous  donne 
moyen  de  faire  votre  chemin  ! 

Abel. 

Certes,  je  vous  assure  que  j'ai  beaucoup  de  joie  à  vous  voir 
à  cette  heure  devant  moi,  ma  mère  Eve.  Que  Dieu  vous  con- 
serve en  toute  prospérité  et  vous  fasse  la  grcâce  de  toujours  tra- 
vailler pour  sa  gloire  ! 

Eve  sort. 


Scène  IV. 

Gain  et  Abel  entrent  ensemble. 

Gain. 

Retirez-vous,  Abel,  ne  restez  pas  auprès  de  moi,  je  ne  de- 
mande en  aucune  manière  que  vous  veniez  à  ma  rencontre... 

1 .  Que  Dieu  vous  conserve  en  bonne  santé  ! 

2 .  Qiie  Dieu  le  Père  vous  accorde  des  biens  en  abondance  ! 

3 .  Je  ne  demande  en  aucune  façon  à  ce  que  vous  veniez  sur  mes  terres. 


28o  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Me  raï  d'it  voar  da  pen  mar  deus  d'am  contestin, 
la,  hac  ur  voesall  divoallet  dious-in. 

Abel  a  coms. 

2190  Penos,  ma  breur  Gain  ?  M'ho  pet,  clevet  ous-in, 
Na  deuan  en  nep  gis  er  bet,  d'ho  contestin. 
Rac-se,  a  beurs  Doue,  ebars  en  pep  amser 
E  tleomp  en  em  garet  evel  ma  s-omp  breuder^ 
Rac-se  me  a  lar  d'ec'h,  ma  breur,  mar  d-oc'h  fachet 

2195   Ous-in  en  nep  feson,  es  eo,  sur,  hep  sujet. 

Gain  a  coms. 

Me  lar  d'it  franchamant,  e  hallan  bout  fachet; 
Chede  debret  ma  greun  aman,  gant  da  denvet, 
Te  hel  ho  evoesat  :  na  eus  mann  da  ober  ^, 
Nemert  bean  bemde  o  iacres  an  amser. 
2200  Tec'h  divoar  ma  salar,  na  deu  quet  d'am  goarant^, 
Re  a  res  ober  d'in,  ma  mignon,  constamant. 

Doue  an  Tat  a  coms. 

Clevet  aman,  Gain,  houi  so  re  prim  ha  pront  : 

Ha  houi  ive,  Abel,  a  dlefe  cafet  spont. 

Me  eo,  sur,  an  Autro  a  die  bout  enoret 
2205   Gant  quement  nation  a  so  o  ren  er  bet. 

N'en  d-oc'h  nemert  daou  den,  bugale  da  Adam 

Ha  d'he  priet  Eva,  couls  hac  hi  hoc'h  eus  blam. 

Me  lar  d'ec'h  franchamant,  ma  en  eum  disoblijet, 

Dre  rigueur  ma  justis  e  viet  punisset. 
2210  Me  eo,  sur,  ho  Toue,  auteur  ar  firmamanf^, 

Hac  a  so  ho  Grouer,  ha  na  vcc'h  quet  contant. 

Ma  torret  en  nep  gis  er  bet  ma  gourhemen, 

Me  raï  ho  punissan  da  james  en  Ifern. 


1 .  E  hellomp  en  em  ober,  en  em  caret  fidel. 

2.  Te  hel  ho  evesat,  ne  eus  quen  da  ober. 
3 Ne  deu  quet  em  presans. 

Re  a  res  ober  d'in,  ma  mignon,  contenans. 
4 Roue  ar  firmamant. 


La  Création  du  monde.  281 

Je  vous  donnerai  sur  la  figure  si  vous  me  cherchiez  affaire  : 
oui,  et  une  autre  fois,  prenez  garde  à  moi. 

Abel. 

Comment,  Caïn,  mon  frère  ?  Je  vous  en  prie,  écoutez-moi. 
Je  ne  viens  en  aucune  façon  au  monde,  vous  chercher  affaire. 
Ainsi  donc,  de  la  part  de  Dieu,  en  tout  temps  nous  devons 
nous  aimer  comme  deux  frères  que  nous  sommes.  C'est  pour- 
quoi je  vous  le  dis,  mon  frère,  si  vous  êtes  en  quelque  sorte 
fâché  contre  moi,  c'est  assurément  sans  sujet. 

Caïn . 

Je  te  le  dis  franchement,  je  puis  être  fâché.  Voici  mon  blé 
mangé  par  ton  troupeau.  Tu  peux  le  surveiller  :  tu  n'as  rien 
à  faire,  si  ce  n'est  chaque  jour,  qu'à  tuer  le  temps.  Va-t-en 
loin  de  mes  talons,  ne  viens  pas  à  ma  rencontre.  Tu  m'en 
fais  faire  de  trop,  mon  ami;  je  n'ai  pas  de  répit. 


Dieu  le  Père. 

Ecoutez  ici,  Caïn.  Vous  êtes  trop  vif  et  trop  prompt.  Et 
vous  aussi,  Abel,  vous  devriez  avoir  peur.  Certes,  je  suis  le 
Seigneur,  et  j'ai  droit  aux  honneurs  de  tous  les  peuples  qui  se 
meuvent  dans  le  monde.  Vous  n'êtes  que  deux  hommes,  en- 
fants d'Adam  et  d'Eve,  son  épouse,  et  aussi  bien  qu'eux,  vous 
méritez  d'être  réprimandés.  Je  vous  le  dis  franchement,  si  vous 
vous  cherchez  affaire,  selon  la  rigueur  de  ma  justice  vous 
serez  punis.  Assurément  je  suis  votre  Dieu,  l'auteur  du  fir- 
mament :  je  suis  votre  Créateur,  quand  même  vous  n'en 
seriez  pas  contents.  Si  vous  transgressez  en  quelque  façon  mon 
commandement,  je  vous  ferai  châtier  à  jamais  en  Enfer. 


1.  Nous  pouvons  nous  entendre,  nous  aimer  fidèlement. 

2.  Tu  peux  les  garder,  tu  n'as  pas  autre  chose  à  faire. 

3 .  Ne  viens  pas  en  ma  présence,  tu  me  fais  faire,  mon  ami,  trop  d'actes 
de  patience. 

4.  Roi  du  firmament. 

Revue  Celiique,  XI.  -  19 


282  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Rac-se  en  eum  gueret  evel  guir  vugale 
2215  Da  un  tat,  da  eur  vam,  hac  a  eur  memeus  ligne. 
Deut  da  sacrifian  bepret  evit  gloar  d'in, 
Ha  me  broduo  d'ec'h  evit  ho  sustantin. 

Caïn  a  coms. 

Demp  da  sacrifian  breman,  ma  breur  Abel, 
Pa  'n  d-e  comandet  d'imp  a  beurs  an  Eternel; 
2220  Me  a  losquo  greun  hac  a  deui  da  voentat, 
Da  ober  sacrifis  en  gloar  Doue  an  Tat. 

Abel  a  coms. 

Me  ia  da  sacrifian  ar  guellan  am  denvet  ^ 
Evit  gloar  d'am  Doue,  pa  'n  deus  d'in  comandet. 
Rac-se,  ma  breur  Caïn,  goût  a  ret  couls  ha  me, 
2225  Eo  ret  en  em  garet  breman,  herve  Doue. 
Me  ho  imolo  holl,  mar  be  he  volante, 
Da  ober  sacrifis  bepret  en  gloar  Doue. 

Caïn  a  coms. 

Quement  tam  ed  am  eus,  ia,  quent  ma  vanquen. 
En  enor  da  Doue  voar  un  dro  a  losquen. 
2230  Birviquen  na  cleman,  daouest  d'am  holl  poanio. 
Goude  fin  ma  bue  recompans  am  bcso. 

Ma  pelleont  an  eil  d'eus  eguile. 

Satan  a  antre  hac  a  coms. 

Me  a  lar  d'it,  Caïn,  ec'h  out  un  aveurtet, 
Hac  e  out  diavis  mont  da  devin  da  et. 
Poan  a-voalc'h  a  t'eus  bet  o  tont  da  labourât. 
2235  Mir  da  ed  da  dibrin,  assur,  e  ri  erfat. 

Ma  den,  hir  eo  ar  bla  da  vesan  o  hortos  2, 
Ha  te  a  so  en  poan,  hac  en  de  hac  en  nos. 


1 .  Me  a  sacrifie  ar  guellan  am  denvet. 

2.  Ma  den,  hir  eo  ar  bla,  pa  vesa  0  hortos. 


La  Création  du  monde.  283 

Aimez-vous  donc  comme  les  vrais  enfants  d'un  même  père, 
d'une  même  mère  et  d'un  même  sang.  Songez  toujours  à 
offrir  des  sacrifices  en  mon  honneur,  et  je  vous  fournirai  ce 
qu'il  faut  pour  vous  sustenter. 

Gain. 

Allons  maintenant,  mon  frère  Abel,  offrir  un  sacrifice, 
puisque  l'ordre  nous  en  vient  de  la  part  de  l'Eternel.  Je  brû- 
lerai du  grain  après  l'avoir  vanné,  et  ce  sera  l'offrande  que  je 
ferai  à  la  gloire  de  Dieu  le  Père. 

Abel. 

Je  vais  immoler  la  meilleure  de  mes  brebis  en  l'honneur  de 
mon  Dieu,  puisqu'il  me  l'a  commandé.  Ainsi,  mon  frère 
Caïn,  vous  le  savez  aussi  bien  que  moi,  nous  devons  nous 
aimer  à  présent  selon  Dieu.  Si  telle  est  sa  volonté,  j'offrirai 
tout  mon  troupeau  en  sacrifice  continu  à  sa  gloire. 


Gain. 

Tout  le  blé  que  je  possède,  oui,  plutôt  que  de  manquer, 
en  l'honneur  de  Dieu  je  le  brûlerai  à  la  fois.  Jamais  je  ne  me 
plaindrai  en  dépit  de  toutes  mes  peines.  A  la  fin  de  ma  vie  je 
serai  récompensé. 

Ils  s'éloignent  l'un  de  l'autre, 

Satan  entre. 

Je  te  le  dis,  Caïn,  tu  es  un  imbécile,  et  de  plus  un  insensé 
d'aller  brûler  ton  grain.  Tu  as  eu  du  mal  assez  à  cultiver  la 
terre.  Garde  ton  blé  pour  le  manger,  assurément  tu  feras 
mieux. 

Mon  ami,  l'année  est  longue  quand  il  faut  attendre,  et  toi, 
tu  es  dans  la  peine  et  le  jour  et  la  nuit. 


1 .  Je  sacrifierai  le  meilleur  de  mes  agneaux. 

2.  Mon  ami,  l'année  est  longue  lorsque  l'on  attend. 


284  L'abbé  Eug.  Bernard. 


Gain  a  cotns. 

Me  a  sento  breman,  certen,  ous  da  squient, 
Hervé  ma  parlantes,  em  laques  voar  ma  hent. 

2240  Rac  ma  losquen  ma  ed  a  so  evit  dibrin ^ 

Pa  'n  em  consideran,  he  viret  so  guel  d'in. 


Eva  hac  Adam  a  antre. 


Eva  a  coms. 


Ma  bugale,  m'ho  pet,  n'en  em  trubuillet  quet 
Sacrifis  da  Doue  bepret  a  so  gleet. 
Rac-se  me  ho  supli  da  ober  guirione, 
2245  Ma  broduo  davantach  gant  ar  gras  a  Doue. 

Gain  a  coms. 

Me  a  lar  d'ac'h,  ma  mam,  ne  sacrifiin  quet, 
Quen  a  veso  ma  lot  d'in  cren  dispartiet. 
Me  voel  ma  breur  Abel  o  comer  ar  muian. 
Groet  d'ehan,  mar  queret,  bemde  sacrifian3. 

Adam  a  coms. 

2250  Caïn,  m'ho  pet,  ha  houi  ive  Abel, 

Franc  eo  ar  vro,  quemeret  guel, 

Ha  pa  'n  d-omp  couet  en  iseldet, 

Douar  a-voalc'h  so  er  vro,  labouret. 

Pa  dispartiomp,  me  a  oar  erfat  ^, 
2255  N'hon  boa  quet  cant  devoes  arat. 

Ma  bugale,  me  parrajo, 

Ha  houi  choaso  al  lodenno. 


I .  Rac  ma  losquen  ma  ed  e  venn  quit  d'he  dibrin. 

2 Na  debattet  quet. 

3.  Gret  d'eshan,  mar  guellet,  bemde  sacrifian. 

a.  Déjà  le  scribe  avait  commencé  à  écrire  :  Ma  bubale,  et  celui  qui  dictait 
allait  passer  sous  silence  le  vers  suivant,  lorsque  la  mémoire  lui  est  revenue; 
les  mots  Ma  hugde  ont  été  effacés  pour  reprendre  place  au  vers  2256. 


La  Création  du  monde.  285 


Caïn. 


Je  veux  maintenant  sans  hésiter  suivre  le  conseil  de  ta  sa- 
gesse. En  parlant  ainsi,  tu  me  mets  sur  mon  chemin.  Car  si 
je  brûlais  mon  blé  qui  doit  être  mangé...  J'y  réfléchis,  le 
garder  vaut  mieux. 

Eve  et  Adam  entrent. 


Eve. 


Mes  enfants,  je  vous  en  prie,  ne  vous  tourmentez  pas.  Les 
sacrifices  sont  toujours  dus  à  Dieu.  Rendez-vous  donc,  je 
vous  en  supplie,  à  la  vérité,  afin  que  la  terre  produise  davan- 
tage avec  la  grâce  de  Dieu. 


Gain. 

Je  vous  le  dis,  ma  mère,  je  n'oflrirai  point  de  sacrifice, 
tant  que  ma  part  de  terre  ne  m'aura  pas  été  nettement  assignée. 
Je  vois  mon  frère  Abel  en  prendre  de  plus  en  plus  :  faites-lui, 
si  vous  le  voulez,  sacrifier  tous  les  jours. 

Adam. 

Caïn,  je  vous  en  prie,  et  vous  aussi,  Abel,  le  pays  est 
vaste,  prenez  au  mieux.  Et  puisque  nous  sommes  tombés  en 
déchéance,  la  terre  ne  vous  manquera  pas,  travaillez.  Lorsque 
nous  avons  partagé,  je  le  sais  bien,  nous  n'avions  pas  cent 
journaux  de  terre  labourable.  Mes  enfants,  je  ferai  les  parts  et 
vous  choisirez. 


I     Car  si  je  brûlais  mon  blé,  je  ne  serais  quitte  de  le  manger. 

2 .  Ne  vous  disputez  pas. 

3,  Faites-lui,  si  vous  le  pouvez,  offrir  tous  les  jours  des  sacrifices. 


286  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Abel,  houi,  sur,  am  eus  guelet, 
Den  abil  voar  dro  ar  millet  ; 
2260  Ha  houi,  Gain,  pa  'n  d-oc'h  ingrat, 
Ho  po  douar  da  labourât, 
Ha  goude-se  nin  a  voelo 
Pehinin  muian  a  prospère. 

Caïn  a  coms. 

Autro  Adam,  d'in  e  leret 
2265   Perac  na  ve  quet  permettet 

Da  Abel,  ma  breur,  dont  da  vale 
Dre  ar  bet-man,  quercouls  ha  me  ? 

Adam  hac  Eva  a  sorti. 


Senne  V.  » 


Caïn  hac  Abel  a  antre. 


Abel  a  coms. 


Caïn,  ma  breur,  tec'h  veus  ma  fas, 
Balamour  da  Doue,  rac  me  a  so  en  noas... 
2270       Demp  breman  da  ober  sacrifis, 
Doue  a  voelo  hon  ofis^ 
Quemeromp  eur  goulmic  evit  ofr  da  Doue, 
Neuse  nin  a  voelo  piou  en  deus  guirione. 


I .  Les  deux  vers  suivants  manquent  au  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
Nationale: 

Presantomp  hon  peden  en  enor  d'hon  Autro, 
Ha  goude  quement-se,  Doue  hon  pardono. 

•^.  La  scène  commence  autrement  dans  notre  vieux  manuscrit.  C'est 
Caïn  qui  dit  à  son  frère  :  «  Abel,  ma  breur,  tec'h  veus  ma  fas,  «  et  Abel  lui 
répond  :  «  Demp  breman  da  ober  sacrifis.  »... 


La  Création  du  monde.  287 

Abel,  vous  êtes  assurément,  je  l'ai  constaté,  un  homme 
habile  à  soigner  les  troupeaux.  Vous,  Gain,  comme  vous  êtes 
rude,  vous  travaillerez  la  terre.  Ensuite  nous  verrons  qui  pros- 
pérera davantage. 


Caïn. 

Seigneur  Adam,  dites-moi  pourquoi  il  ne  serait  pas  donné 
à  Abel,  mon  frère,  de  promener  à  travers  le  monde,  tout  aussi 
bien  que  moi  ? 

Adam  et  Eve  sortent. 


Scène  V. 


Caïn  et  Abel  entrent. 


Abel. 

Gain,  mon  frère,  va-t-en  de  ma  présence,  car  je  suis  tout 
nu 

Allons  à  présent  offrir  un  sacrifice,  Dieu  verra  notre  bonne 
volonté.  Prenons  une  colombe  pour  l'offrir  à  Dieu,  et  alors 
nous  constaterons  lequel  de  nous  est  dans  la  vérité. 


I .  Présentons  notre  prière  en  l'honneur  de  notre  Seigneur,  et  après  cela 
Dieu  nous  pardonnera. 


2  88  L'abbé  Eug.  Berna- d. 

Caïn,  ma  breur,  houi  a  ra  gaou  em  andret, 
2275   Ma  talc'homp  ar  partaj  a  so  entre-omp  groet. 

Caïn  a  coms. 

Ma  breur  Abel,  daou  vil  basât 
A  roen  d'it,  a  galon  vat. 
Houi  glasq  digare  da  bresec, 
Hac  a  deu  da  laëres  ma  éd. 

Abel  a  coms. 

2280  Ma  breur  Caïn,  teulet  evoes 

Na  gouesac'h  en  buanegues. 

Evit  eul  laër  em  quemeres  ? 

Me  so  estonet  na  t'eus  mes. 

Doue  a  voel  petra  a  reomp, 
2285   Hac  a  oar  penos  e  vevomp. 

Caïn  a  coms. 

A-voalc'h  a  leres  d'in,  mes  me  a  goll  bepret. 
Me  n'an  d-oun  quet  en  poan  evit  lesquin  ma  et. 

Abel  voar  he  saoulin  a  coms. 

Me  m'eus  mado  a-voalc'h,  a  drugare  Doue, 
Pa  pli]  gant-han  rein  d'in,  Hervé  hc  volante, 
2290       Me  ho  trugarequa,  Doue,  Roue  ar  bet  ! 

Carguet  es  eo  ma  si  d'eus  a  bep  sort  loenet, 
Me  m'eus  en  abondans,  a  drugare  ma  Autre, 
Pep  tra  ;  en  liberté  me  a  rcnt  d'ec'h  graço^ 

Abel  a  pella  un  neubeut. 

Caïn  a  coms. 

Petra  eo  da  Doue  rein  d'in  ar  baourente  ? 
2295  Aboe  ma  s-oun  er  bet  o  poanian  nos  ha  de, 
Evit  quement  a  ran,  ne  m'eus  nemert  miser, 
O  sonjal  er  mado  en  deus  ma  breur  Abel. 

I  .  A  pep  tro,  em  liberté,  me  a  rem  d'ac'h  graço. 


La  Création  du  monde.  289 

Gain,  mon  frère,  vous  me  faites  tort  si  nous  nous  en  tenons 
au  partage  passé  entre  nous. 


Caïn. 


Mon  frère  Abel,  deux  mille  coups  de  bâton,  voilà  ce  que  je 
vous  donnerais  de  bon  cœur.  Vous  cherchez  prétexte  à  discuter, 
et  vous  venez  me  voler  mon  blé. 


Abel. 

Mon  frère  Gain,  gardez-vous  de  vous  mettre  en  colère.  Me 
prenez-vous  pour  un  voleur  ?  Je  m'étonne  que  vous  n'ayez 
pas  honte.  Dieu  voit  ce  que  nous  faisons,  et  il  sait  comment 
nous  vivons. 


Caïn. 

Vous  m'en  contez  assez,  mais  c'est  moi  qui  perds  toujours. 
Je  ne  me  soucie  nullement  de  brûler  mon  grain. 

Abel  se  met  à  genoux. 

J'ai  assez  de  biens,  grâce  à  Dieu,  puisqu'il  lui  plaît  de  me 
les  accorder  selon  sa  volonté. 

Je  vous  remercie  mon  Dieu,  roi  de  l'univers  !  Ma  maison 
est  pleine  de  bêtes  de  toute  espèce;  je  possède  en  abondance, 
grâce  à  mon  Seigneur,  toutes  les  choses  de  la  vie  :  c'est  bien 
librement  que  je  vous  en  exprime  ma  reconnaissance. 

Abel  s'éloigne  un  peu. 

Caïn, 

Pourquoi  Dieu  m'envoie-t-il  la  pauvreté  ?  Depuis  que  je 
suis  sur  la  terre,  je  travaille  nuit  et  jour  :  pour  tout  le  mal  que 
je  me  donne,  je  n'ai  que  misère,  en  songeant  aux  biens  de 
mon  frère  Abel. 

I .    De  toute  manière,  en  ma  pleine  liberté,  je  vous  rends  grâces. 


290  L'abbé  Eug.  Bernard. 


Abel  a  coms. 

Me  a  gret  er  bet-man  n'eus  nemert  un  Doue, 
Hac  a  sicour  an  holl  herve  he  volante. 
2300  Piou-bennac  hen  pedo  dimeus  a  vouir  galon, 
E  teuio  d'hen  sicour  en  pep  occasion  ^ 

Caïn  a  coms. 

Aman  ec'h  omp  bon  daou,  Abel,  voar  a  voelan, 
Arri  ebars  en  poent  evit  sacrifian. 
Dimeus  ar  presancho  hon  deus  digant  Doue, 
2305  Es  e  ret  rein  d'eshan  he  lot  d'eus  aneshe. 

Abel  a  coms. 

En  enor  da  Doue  hen  deus  bet  ma  c'hrouet, 
Me  a  deui  da  hsquin  ar  guellan  am  denvet, 
Da  ober  sacrifis  dimeus  ma  oanic  guen, 
Evit  rentin  enor  d'am  Roue  souveren, 
2310  Evit  ar  vadeles  hen  deus  en  hon  andret; 
Dre  ar  sacrifiso  ma  veso  enoret  ! 

Rac-se  depech,  Caïn,  dont  d'alumin  an  tan, 
Evit  na  tardomp  quet  mui  da  sacrifian  ^. 

Caïn  a  coms. 

Me  a  ia  da  vit  tan,  ha  te  querc'h  queuneut  timat, 
2315   Ma  reomp  breman  sou'n,  aman  pep  a  tantat 

Voar  lein  ar  mene-man,  balamour  d'an  Drindet. 
Me  rai  ar  haëran  tan  evit  ma  vo  guelet. 

Abel  a  coms. 

Et  eta  da  vit  tan,  ha  me  da  vit  queunet. 
Ha  demp  gant  dilijans,  ma  vo  sacrifiet. 

Ma  eont  da  vit  tan  ha  queuneut. 

i  .   Notre  manuscrit  ajoute  les  deux  vers  suivants  : 

Hen-nes  eo,  sur,  hon  tat,  evel  hon  guir  crouer, 
A  dcuio  d'hon  preservi  bepret  en  he  amser. 

2 .   Evit  ne  tardomp  mui  quen  hep  sacrifian. 


La  Création  du  monde.  291 

Abel. 

Je  crois  qu'il  n'y  a  en  ce  monde  qu'un  Dieu,  qui  vient  en 
aide  à  chacun,  selon  sa  volonté.  Quiconque  le  priera  du  fond 
du  cœur,  sera  par  lui  secouru  en  toute  occasion. 


Caïn, 

Nous  sommes  ici,  Abel,  tous  deux,  à  ce  que  je  vois,  arrivés 
à  point  pour  offrir  un  sacrifice.  Des  présents  que  nous  avons 
reçus  de  Dieu,  il  est  nécessaire  de  lui  en  réserver  sa  part. 


Abel. 

En  l'honneur  de  Dieu  qui  m'a  créé,  je  veux  offrir  en  holo- 
causte la  meilleure  de  mes  brebis,  et  sacrifier  un  petit  agneau 
blanc  afin  de  rendre  gloire  à  mon  Maître  souverain,  pour  ses 
bontés  à  mon  égard.  Qu'il  soit  honoré  par  les  sacrifices! 


Aussi,  dépêchez-vous,  Caïn,  de  venir  allumer  le  feu,  afin 
que  nous  ne  tardions  pas  davantage  à  remplir  ce  devoir. 

Caïn. 

Je  vais  prendre  du  feu,  et  vous,  cherchez  vite  du  bois,  que 
nous  fassions  à  l'instant  même,  chacun  un  feu  ici,  sur  le  som- 
met de  la  montagne,  en  l'honneur  de  la  Sainte  Trinité.  J'ob- 
tiendrai la  plus  belle  flamme  afin  qu'elle  soit  bien  visible. 

Abel. 

Allez  donc  quérir  du  feu,  et  moi,  je  vais  ramasser  du  bois. 
Mettons-y  de  la  diligence  pour  pouvoir  offrir  notre  sacrifice. 

Ils  vont  chercher  du  feu  et  du  bois. 


1.  Celui-là  est,  assurément,  notre  père,  et  aussi  notre  véritable  Créateur, 
qui  nous  préservera  toujours  en  son  temps. 

2 .  Afin  de  ne  point  tarder  davantage  à  offrir  notre  sacrifice. 


292  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Pa  vint  arri,  Caïn  a  coms. 

2320  Me  rai  an  tan  quentan,  n'ho  peset  nep  anvi, 
Me  alumo  certen,  da  quentan,  ma  hini, 
Ha  mar  d-a  ma  moguet  entrese  an  envo, 
Credet  en  assurans,  agreabl  bras  veso. 

Ma  ra  tan,  ma  continu  da  coms. 

M'am  bije  eur  souflet,  em  bije  groet  un  dra. 
2325  Quen  sempl  eo  ma  moguet,  'm  eus  aon,  ne  dal  netra. 
Da  alumin  tan  cre  evit  Doue  an  Tat, 
Quer  fal  eo  ma  moguet,  na  goure  quet  nep  mat. 

Abel  a  ra  tan  ive. 

Gain  a  continu. 

Abel  a  ra  tan  gant  hueldet  : 
Evid-oun  na  lesquin  quet  ma  et. 
2330  Ma  raen,  Abel,  evel  d'out, 
Certenamant  e  venn  eur  sot. 

Abel  a  coms. 

Me  a  ra  a  greis  ma  halon, 
Sacrifis  d'am  Doue  guirion; 
Gant  Garante  me  ofr  d'eshan 
2335   Ma  holl  vat  da  sacrifian. 

Ma  laqua  ar  maout  en  tan.  Ma  continu  da  coms. 

Chetu  ar  flamm  caer  alumet 
Voar  ma  oanic  ques  biniguet. 

Ma  a  voar  he  saoulin.  Ma  continu  arre. 

Ma  Doue,  ma  Hrouer,  a  galon  ho  pedan 
Da  cafet  agreabl  ar  sacrifis  a  ran, 
2340  Pehinin  a  reomp  hirie,  voar  ar  mené. 

Mar  greomp  dilijans,  ho  pet  ous-imp  true  ^  ! 

I  .  Mar  greomp  neglijans,  ho  pet  ous-imp  true. 


La  Création  du  monde.  29  j 

Quand  ils  sont  de  retour,  Gain  prend  la  parole. 

Je  ferai  mon  feu  le  premier,  n'en  soyez  point  jaloux;  assu- 
rément, je  l'allumerai  le  premier,  et  si  la  flamme  monte  vers 
le  ciel,  croyez-le  bien,  elle  sera  agréable  à  Dieu. 


Il  fait  du  feu  et  continue. 

Si  j'avais  un  soufflet,  je  ferais  une  chose.  Ma  fumée  est  si 
légère  !  j'en  ai  peur,  mon  feu  ne  vaut  rien.  Pour  allumer  un 
bon  feu  en  l'honneur  de  Dieu  le  Père,  ma  flamme  est  si  faible 
qu'elle  ne  monte  pas  du  tout. 

Abelfait  aussi  du  feu. 

Gain  reprend. 

Abel  fait  du  feu  qui  s'élève  dans  les  airs.  Pour  moi,  je  ne 
brûlerai  pas  mon  blé.  Si  je  suivais  ton  exemple,  Abel,  je  serais 
certes  un  sot. 


Abel. 

J'offre  du  fond  de  mon  cœur  mon  holocauste  au  Dieu  véri- 
table. Avec  amour  je  lui  fais  le  sacrifice  de  tous  mes  biens. 


Il  place  le  mouton  sur  le  feu  et  continue. 
Voilà  une  belle  flamme  allumée  sur  mon  petit  agneau  béni. 


Il  se  met  à  genoux  et  ajoute. 

Mon  Dieu,  mon  Créateur,  de  cœur  je  vous  prie  d'avoir  pour 
agréable  le  sacrifice  que  nous  vous  préparons  et  que  nous 
vous  ofi'rons  aujourd'hui  sur  la  montagne.  Si  nous  le  faisons 
avec  soin,  ayez  pitié  de  nous  !  Mon  Dieu,  je  vous  prie  de  venir 

I .  Si  nous  y  mettons  de  la  négligence,  ayez  pitié  de  nous. 


294  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Ma  Doue,  me  ho  pet  da  dont  d'hon  instruin; 
A  voellan  ma  hillin,  me  deui  d'ho  servijin. 
Eur  voes  ar  bla,  hep  manquan,  me  a  sacrifio 
2345  Ar  guellan  am  denvet  da  veulin  ho  hano. 

Autro  Doue,  Roue  ar  bet, 

Ma  sacrifis  da  vo  biniguet  ! 

Ma  aï  brao,  hep  si,  ma  moguet 

D'an  env  huel,  ma  hen  guelet  ^ 

Doue  an  Tat  a  coms. 

2350  Me  a  voel  a  hueldet, 

Da  sacrifis  so  biniguet. 
Sacrifiso  gant  lealdet, 
Certen,  hac  a  plij  d'am  speret. 
Da  sacrifis  so  meulodius 

2355  Gant  eur  galon  carantesus  : 

Er  gis-se  eo,  sur,  biniguet 
Guen-im-me  ha  gant  ma  Elet. 

Gain  a  coms. 

Ma  ed,  certen,  pa  'n  em  sonjan, 
N'oufen  quet  da  sacrifian. 
2360  N'am  be  quet  tredern  anehan, 

Ma  renquen  he  sacrifian. 

Abel  a  coms. 

Me  ho  trugarequa.  Doue,  Crouer  ar  bet, 
D'eus  ar  madeleso  hoc'h  eus  groet  em  andret. 
Quement  poan  a  soufi-in  entre  vin  en  douar, 
2365  En  durant  d'am  bue,  m'hen  ofr  evit  ho  cloar. 


I .  Ces  quatre  vers  sont  ainsi  présentés  dans  notre  manuscrit 
Ma  sacrifis  benefiset, 
Ma  aï  hep  si  ma  moguet, 
Autro  Doue,  guir  roue  ar  bet, 
D'an  ent,  ha  huel,  ma  hen  guelet  ! 


La  Création  du  monde.  295 

nous  instruire  :  du  mieux  que  je  pourrai  je  veux  vous  servir. 
Une  fois  l'an,  sans  faute,  j'immolerai  la  meilleure  de  mes 
brebis  pour  louer  votre  nom. 

Seigneur  Dieu,  roi  de  l'univers,  que  mon  sacrifice  soit  béni  ! 
Que  ma  fumée  monte  droit,  sans  se  tordre,  jusqu'au  plus 
haut  des  cieux,  afin  que  vous  la  puissiez  voir. 


Dieu  le  Père. 

Des  sommets  que  j'habite,  je  regarde  ton  sacrifice  et  je  le 
bénis.  Les  sacrifices  offerts  avec  loyauté  plaisent  assurément  à 
mon  esprit.  Ton  sacrifice  est  à  ma  louange,  il  vient  d'un  cœur 
aimant,  c'est  pour  cela  qu'il  est,  certes,  béni  par  moi  et  par 
mes  anses. 


Gain. 

Mon  blé,  sans  aucun  doute,  lorsque  j'y  songe,  je  ne  saurais 
le  brûler.  Il  ne  m'en  resterait  pas  un  tiers,  s'il  me  fallait 
l'ofirir  en  sacrifice. 


Abel. 

Je  vous  remercie  Dieu,  Créateur  du  monde,  des  bienfaits 
dont  vous  m'avez  comblé.  Toute  la  peine  que  j'aurai  à  sup- 
porter, tant  que  je  serai  sur  la  terre,  pendant  ma  vie,  je  l'offre 
pour  votre  gloire. 


I .  Veuillez  bénir  mon  sacrifice,  afin  que  la  fumée  monte,  Seigneur  Dieu, 
véritable  roi  de  l'univers,  droit  vers  le  ciel  et  haut,  que  vous  puissiez  la  voir. 


296  L'abbé  Eug.  Bernard. 


Senne  VI. 

Caïn  a  antre  dre  eur  coste,  Satan  dre  eur  coste  ail. 

Satan  a  coms. 

Caïn,  te  a  so  dicriet 
Gant  da  vreur  Abel  bep  momet% 
En  defot  na  t'eus  bet  losquet 
En  un  tantat  tan  da  holl  et. 
2370  Mes  na  t'eus-te  quet  a  galon 

Evit  heuil  da  intantion  ? 
Te  a  hell  hen  precipitan, 
Ha  besan  héritier  d'eshan. 

Abel  a  ia  da  caet  Gain. 

Goude  voar  he  saoulin  Abel  a  coms. 

Me  a  rent  d'ac'h  graço,  Auteur  ar  bet*», 
2375  Dre  ma  hoc'h  eus  ahanon  en  hoc'h  imaj  crouet, 
Evit  hoc'h  adorin  er  bet-man,  nos  ha  de, 
Ha  meuhn  ho  hano  en  durant  ma  bue. 

Gain  a  coms. 

Penos  ?  lar  d'in,  Abel,  na  squis  quet  da  heno 
O  houlen  pep  momet  digant  Doue,  mado  ? 
2380  N'en  d-out  quet  hoas  contant  a  quement  a  t'eus  bet? 
Ha  carguet  da  creier  d'eus  a  bep  sort  loenet. 

».  Le  scribe  a  réuni  ces  deux  vers  en  un  seul  ainsi  construit  : 
Caïn,  te  a  so  dicriet  gant  da  vreur  Abel,  bep  momet. 
Il  continuait  de  la  même  manière  à  écrire  : 
En  defot  na  t'eus  bet  losquet  en  un, 

quand  il  s'est  aperçu  de  son  erreur,  ou  quand  on  la  lui  a  fait  remarquer, 
les  deux  mots  :  «  en  un  »  sont  effacés  et  transcrits  à  la  ligne  pour  former 
le  vers  suivant  : 

En  un  tantat  tan  da  holl  éd. 


La  Création  du  monde.  297 


Scène  VI. 

Caïn  entre  par  un  côté,  Satan  par  un  autre. 

Satan. 

Caïn,  tu  es  à  tout  instant  décrié  par  ton  frère  Abel  pour  ce 
que  tu  n'as  pas  brûlé  en  une  flambée  tout  ton  grain.  Tu  n'as 
donc  pas  de  cœur  pour  accomplir  ton  dessein  ?  Tu  peux  le 
faire  disparaître  et  devenir  son  héritier. 


Abel  va  trouver  Caïn,  puis  se  met  à  genoux. 

Je  vous  rends  grâces,  Dieu,  auteur  de  l'univers,  de  ce  que 
vous  m'avez  créé  à  votre  image,  pour  vous  adorer  en  ce 
monde,  nuit  et  jour,  et  pour  louer  votre  nom  pendant  toute 
ma  vie. 

Gain. 

Comment  ?  Dis-moi,  Abel,  tes  lèvres  ne  se  lassent  pas  à 
demander  sans  cesse  à  Dieu  des  biens  ?  Tu  n'es  pas  encore 
content  de  ce  que  tu  as  reçu  ?  et  tes  étables  sont  pleines  de 
bêtes  de  toute  espèce. 


Cest,  à  notre  avis,   là,  une  preuve    irrécusable   établissant  bien  que  notre 
mystère  breton  a  été  dicté  de  mémoire. 

b.  Le  scribe  avait  d'abord  écrit  auteur  ar  gloar;  il  a  effacé  gloar  pour  y 
substituer  bet,  rimant  avec  crouet. 

Revue  Celtique,  XI.  20 


298  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Abel  a  coms. 

Allas  !  ma  breur  Caïn,  houi  dlefe  couls  ha  me, 
Suplian  a  vouir  galon  bemde  ar  guir  Doue, 
Da  digas  he  graço  voar  quement  mat  a  ret, 
2385  Voar  ho  holl  labourou,  ma  prospero  hoc'h  et. 

Clevet  dousamant,  ma  breur  quer, 

Ar  pes  a  rin  d'ac'h  da  compren, 

Ho  coler  hac  ho  facheri. 

Gant  ar  voien  d'he  surmonti. 
2390  Ar  valis  so  contrel  d'an  dousder, 

A  so,  evel  m'ho  quelenner, 

Un  désir  da  tennan  venjans 

Voar  ar  re  a  ra  d'ac'h  ofans. 

An  discord  dimeus  ar  goler 
2395  A  so,  da  guentan,  oc'h  ober 

Cas  voar  an  nep  na  verit  quet, 

Ma  n'hen  defe  hoc'h  ofanset  ; 

D'an  eil,  pa  fel  d'ac'h  hoc'h-unan. 

En  em  venjin,  ha  punissan 
2400  Dre  hoc'h  autorite  privet, 

Nep  n'hen  deus  quet  hoc'h  ofanset  ^ 

A  viscoas  es  eo  bet,  guir  se  ^, 

Difennet  ous-imp  gant  Doue. 

Caïn  a  coms. 

Deus  guen-en  d'ar  mené,  demp  d'en  em  pourmeni. 
2405  Parlant  a  res  erfat,  un  den  savant  a  ri. 

Domach  eo  ne  voa  hoas  cals  a  dut  voar  ar  bet. 
O  clevet  da  comso  e  vijent  ravisset. 

Ma  avansont  d'ar  mené. 


1 .  Notre  manuscrit  intercale  ici  les  deux  vers  suivants  : 

Hac  n'hen  deus  den  autorite 
D'en  em  venjin  d'he  volante. 

2.  A  viscoas  he  man  ar  gis-se 


La  Création  du  monde.  299 


Abel. 

Hélas  !  mon  frère  Caïn,  vous  devriez  aussi  bien  que  moi 
supplier  du  fond  du  cœur,  chaque  jour,  le  vrai  Dieu,  de  ré- 
pandre ses  grâces  sur  tout  ce  que  vous  faites,  et  sur  chacun 
de  vos  travaux,  afin  de  vous  assurer  une  moisson  prospère. 

Ecoutez  avec  calme,  mon  cher  frère,  ce  que  je  vous  ferai 
comprendre  touchant  votre  colère  et  votre  ressentiment,  avec 
les  moyens  de  les  surmonter. 

La  malice,  contraire  à  la  douceur,  est,  ainsi  qu'on  vous  l'ex- 
plique, le  désir  de  tirer  vengeance  de  quiconque  vous  a  offensé. 
Le  désordre  de  la  colère  consiste  d'abord,  à  prendre  en  haine 
qui  ne  le  mérite  pas,  au  cas  où  il  ne  vous  aurait  causé  aucun 
préjudice  :  ensuite,  à  vouloir  vous  venger  vous-même,  et 
punir,  de  votre  autorité  privée,  quelqu'un  qui  ne  vous  a  nul- 
lement blessé.  De  tout  temps,  ces  choses,  rien  n'est  plus  cer- 
tain, nous  ont  été  défendues  par  Dieu. 


Caïn. 

Viens  avec  moi  sur  la  montagne,  allons  nous  promener.  Tu 
parles  très  bien,  tu  feras  un  savant.  C'est  dommage  qu'il  n'y 
ait  pas  encore  beaucoup  de  monde  sur  la  terre,  à  entendre  tes 
discours  ils  seraient  ravis. 

Ils  avancent  sur  la  montagne. 


1 .  Car  personne  n'a  le  droit  de  se  venger  au  gré  de  ses  désirs. 

2.  De  tout  temps  pareille  manière  d'agir 


joo  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Caïn  a  coms. 

Caet  am  eus  aman  manchouer  un  asen  ^  ; 
Me  a  raï  d'it  gant-han  breman,  voar  da  clopen. 
2410  Sacrifi  da  ine  breman  da  Doue  an  Tat, 

Rac  evit  er  bet-man  ne  ri  pelloc'h  nep  mat. 

Caïn  a  ra  un  toi  voar  pen  he  vreur:  ma  sorti. 

Abel,  pa  voa  couet,  a  coms  o  hervel  Doue. 

Ma  Doue,  ma  Crouer,  pardon  a  houlennan 
Dimeus  ar  pehejo  am  eus  groet  er  bet-man  ! 
Chetu  me  discaret  d'an  douar,  aman,  a  blat, 
2415   Gant  an  tirant  Gain  ;  hou-man  so  eur  galonat  ! 
Ma  goat  a  cri  venjans  memeus  bete  an  Env, 
Enep  ma  breur  Gain,  da  justis  bon  Doue. 
Me  a  houlen  pardon  ous-hoc'h,  ma  guir  Doue, 
Ho  pet  misericord  breman  ous  ma  ine. 

Ar  Maro  a  antre,  hac  a  coms. 

2420  Me  eo  ar  Maro  cri,  a  so  determinet 

Da  lahan  quement  den  a  deuio  voar  ar  bet. 
Abel  vo  an  hinin  a  touchin  da  guentan, 
Pa'n  d-e  discaret  d'in  gant  he  vreur,  er  plas-man... 
Ghede  ase  un  toi  evit  da  diboanian, 
2425  D'as  lemel  a  vue,  ha  trubuil  ar  bet-man. 

Da  vreur  Gain  so  caus  ma  s-oun  deut  quer  buan, 
Ma  quites  da  vue,  o  quitat  ar  bet-man. 

He-man  eo  ar  hentan  am  eus  breman  touchet. 
Es  e'r  bederved  den  a  guement  so  er  bet  ; 
2430  Ne'n  deus  nemert  tri  den  pelloch  o  ren  er  bet, 
Adam-hont  hac  Eva,  ha  Gaïn  aheurtet. 

Breman  em  eus  amser  un  neubeut  da  hortos, 
Un  de  a  arrio  n'am  beso  tam  repos. 
Es  inn  en  un  instant  dre  bevar  horn  ar.bet, 
2435  Pa  vo  d'in  comandet,  es  inn  en  eur  momet. 

Ar  Maro  a  sorti. 

I .  Josquen  a  un  asen. 


La  Création  du  monde.  joi 


Caïn. 


Je  trouve  ici  la  mâchoire  d'un  âne,  je  vais  t'en  donner  un 
coup  sur  la  tête.  Offre  maintenant  ton  âme  en  sacrifice  à 
Dieu  le  Père,  car  en  ce  monde  tu  ne  feras  plus  rien. 

Gain  frappe  son  frère  à  la  tête.  Il  sort. 

Abel  tombe  à  terre  et  parle  en  invoquant  Dieu. 

Mon  Dieu,  mon  Créateur,  je  demande  pardon  des  péchés 
que  j'ai  commis  en  ce  monde.  Me  voici  abattu  à  terre,  ici 
couché  à  plat  parle  méchant  Caïn.  Quelle  douleur  je  ressens! 
Mon  sang  crie  vers  le  Ciel  vengeance  contre  mon  frère  Caïn, 
et  en  appelle  à  la  justice  de  Dieu.  Je  vous  demande  pardon, 
mon  Dieu  !  Ayez  maintenant  pitié  de  mon  âme. 


La  Mort  entre. 

Je  suis  la  Mort  cruelle,  décidée  à  tuer  tout  homme  qui 
viendra  sur  la  terre.  Abel  sera  le  premier  que  je  frapperai, 
puisqu'il  s'offre  à  moi  terrassé  en  ce  lieu  par  son  frère. 

Tiens,  voilà  un  coup  pour  te  tirer  de  peine,  pour  te  sortir 
de  la  vie  et  des  tribulations  de  cette  terre.  Ton  frère  Caïn  est 
cause  si  je  suis  venue  si  vite  te  faire  quitter  la  vie  en  aban- 
donnant ce  monde. 

Celui-ci  est  le  premier  que  j'ai  frappé,  et  il  est  le  quatrième 
habitant  de  la  terre  ;  il  n'en  reste  plus  que  trois,  chargés  de 
gouverner  l'univers,  Adam,  Eve  et  Caïn  le  criminel. 

A  présent  )'ai  le  loisir  d'attendre  un  peu.  Le  temps  viendra 
où  je  n'aurai  aucun  repos,  où  j'irai  en  un  instant  aux  quatre 
coins  du  monde;  lorsque  j'en  recevrai  l'ordre,  j'accourrai  en 
un  moment. 

La  Mort  se  retire. 

6.   La  mâchoire  d'un  âne. 


302  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Ine  Abel  en  tal  he  corf  a  coms. 

Adieu  eta,  ma  horf,  me  a  ia  d'ho  quitat, 
Evit  en  em  presanti  dirac  Doue  an  Tat. 
Me  ho  trugarequa  d'eus  ar  boan  hoc'h  eus  bet^ 
O  clasq  ma  preservin  aboe  ma  oun  er  bet. 

2440       Crenan  ran  gant  ar  spont  e  vont  dirac  Doue, 
Evit  renti  ma  hont  dirac  he  Vajeste. 
AHas  !  ne  oun'n  doare  pelec'h  ec'h  inn  breman, 
O  hortos  ma  veso  redimet  ar  bet-man  ! 

Adieu  hoas  eur  veach,  me  ia  d'hoc'h  abandonin  ^  : 

2445   Houi  a  chom  en  douar,  me  ne  oun'n  pelec'h  inn...  • 
El  lec'h  ma  ordreno  Rouear  firmamant. 
Ret  eo  obeissan  d'he  holl  comandamant. 

Ma  a  da  caet  Doue  an  Tat. 

Pa  voa  arri  dira-s-han,  e  coms  voar  he  daoulin  neuse. 

Me  en  em  presant  d'ec'h,  dirac  ho  Majesté, 
Doue,  Auteur  ar  gloar,  ho  pet  ous-in  true  1 

2450  Me  eo  ar  paour  Abel,  map  Adam  hac  Eva, 

Père  ho  poa  crouet  er  bet-man,  d'eus  netra.      * 
Caïn,  ma  breur  henan,  en  deus  bet  ma  lahet, 
Ma  corf  so  er  mené  voar  an  douar  manet. 
Ma  lequet,  ma  Doue,  eun  tu  en  sauvete, 

2455  En  eur  plas  didanjer,  mar  be  ho  polante. 

M'ho  pet,  n'am  quesit  quet  da  soufrin  ar  poanio 
So  breman  en  Ifern,  en  mesq  an  diaoullo. 

Doue  an  Tat  a  coms. 

Abel,  ma  mignon  quer,  pa  'n  d-out  dispartiet  5 
Breman  dious  da  corf,  ha  d'in  n'eum  presantet, 
2460  M'es  laquai'  en  eur  plas,  ebars  en  esperans 
Da  jouissan  ar  gloar  evit  da  recompans. 


I Me  ia  d'hoc'h  ambrassin. 

2.   C'hui  a  iel  d'an  douar. 

3 Pa'n  d-e  dispartiet 

Da  ine  dious  da  corf. 


La  Création  du  monde.  303 

L'âme  d'Abel  auprès  de  son  corps. 

Adieu  donc,  mon  corps,  je  vais  me  séparer  de  vous  pour 
me  présenter  devant  Dieu  le  Père.  Je  vous  remercie  de  la 
peine  que  vous  avez  prise  en  cherchant  à  me  sauvegarder,  depuis 
que  je  suis  sur  la  terre. 

Je  tremble  d'effroi  en  allant  devant  Dieu  rendre  mes 
comptes  à  sa  Majesté.  Hélas  !  je  ne  sais  où  j'irai  à  cette  heure 
attendre  le  moment  où  sera  racheté  le  monde  ! 

Adieu  encore  une  fois,  je  vais  vous  laisser  là.  Vous,  vous 
restez  dans-la  terre,  moi,  je  ne  sais  où  je  me  rendrai...  Au 
lieu  que  désignera  le  Roi  des  Cieux.  Il  faut  obéir  à  tous  ses 
commandements. 

Elle  va  trouver  Dieu  le  Père. 

Arrivée  devant  lui,  elle  se  met  à  genoux. 

Je  me  présente  à  vous,  devant  votre  Majesté,  Dieu,  auteur 
de  la  gloire,  ayez  pitié  de  moi  !  Je  suis  le  pauvre  Abel,  fils 
d'Adam  et  d'Eve,  que  vous  avez  au  monde  créés  de  rien. 
Caïn,  mon  frère  aîné,  m'a  tué;  mon  corps  est  demeuré  à 
terre,  sur  la  montagne. 

Mettez-moi,  mon  Dieu,  en  un  lieu  de  sûreté,  en  un  endroit 
à  l'abri  du  danger,  si  telle  est  votre  volonté.  Je  vous  en  prie, 
ne  m'envoyez  pas  souffrir  les  peines  que  l'on  endure  mainte- 
nant en  Enfer,  au  milieu  des  démons. 

Dieu  le  Père. 

Abel,  mon  cher  ami,  puisque  tu  es  à  cette  heure  séparé  de 
ton  corps  et  que  tu  t'es  présenté  devant  moi,  je  te  placerai  en 
bon  lieu  avec  l'espoir  de  jouir  de  ma  gloire  pour  ta  récom- 


1 .  Je  vais  vous  embrasser. 

2.  Vous,  vous  allez  en  terre. 

3 .  Puisque  ton  âme  est  séparée  de  ton  corps. 


304  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Goude  ma  teui  ma  map  da  rediman  ar  bet, 
Er  joaio  éternel  te  a  vo  elevet. 

Tri  flas  as  po  bepret  er  joaïo  éternel  ^, 

2465  Balamour  ma  s-out  bet  fidcl  en  pep  amser; 
Unan  d'eus  aneshe  ous  da  vean  virjin, 
Un  ail  dre  ma  s-out  bet  fidel  d'am  servijin, 
Hac  un  ail  as  peso  en  renq  ar  vartiret, 
Père  a  deuio  hoas  da  goude,  voar  ar  bet. 

2470       Deus  aman,  Rafaël,  que  timat,  em  requet, 
Da  gas  Abel  d'al  Lim,  en  eur  plas  assuret  ; 
Eno  e  renquo  chom  quen  a  vo  redimet 
Ar  bet  antieramant.  Da  purjin  ar  pehet^ 
Pa  vo  pignet  ma  map  voar  lein  mené  Calvar, 

2475   Me  deuio  d'hen  recev  en  Env,  ebars  er  gloar. 

Rafaël  a  coms. 

Doue,  Auteur  ar  gloar,  reson  eo  d'in  sentin  :    . 
Me  hen  rento  ractal  el  lec'h  ma  leret  d'in  ; 
Hac  hen,  ha  quement  den  a  varvo  he  boude, 
Dimeus  ho  mignonet,  a  ielo  d'ar  plas-se. 

Ma  avansont  ha  daou:  Satan  a  red  dira-he. 

An  El  Rafaël  a  coms. 

2480  Deut  eta,  guir  ine,  breman  me  ho  rento 
En  neubeut  a  amser,  da  antren  el  Limo. 
Me  eo  ho  cardien  evit  ho  conservin 
Dious  an  aërouant,  mar  deu  d'hoc'h  ataquin. 

Pa  vint  arri  el  Lim,  Rafaël  a  coms. 

Chetu  ase  ar  plas,  antreet  en-han  pront, 
2485  N'ho  peet  nep  morhet,  na  guemeret  quet  spont. 
Ase  houi  a  chomo  quen  a  deuin  arre 
D'ho  cas  d'ar  Barados  da  veulin  ho  Toue. 


I .  Te  as  peso  tri  plas  er  joaio  éternel. 
2 Da  prenan  ar  pec'het. 


La  Création  du  monde.  305 

pense.  Lorsque  mon  fils  viendra  racheter  le  monde,  tu  seras 
appelé  aux  joies  éternelles. 

Dans  cette  félicité  tu  auras  toujours  droit  à  trois  places, 
parce  que  tu  as  été  fidèle  en  tout  temps  :  l'une  te  sera  réservée 
parce  que  tu  es  vierge  ;  l'autre,  en  récompense  de  ta  fidélité  à 
mon  service  :  tu  tiendras  la  troisième  dans  les  rangs  des  mar- 
tyrs qui  se  succéderont  après  toi  sur  la  terre. 

Viens  ici,  Raphaël,  va  vite  sur  mon  commandement  conduire 
Abel  aux  Limbes,  dans  un  endroit  assuré.  Il  devra  demeurer 
là  jusqu'à  ce  que  le  monde  ne  soit  entièrement  racheté. 
Lorsque  pour  expier  le  péché,  mon  Fils  sera  monté  sur  le 
sommet  de  la  montagne  du  Calvaire,  je  viendrai  recevoir  Abel 
au  Ciel,  dans  ma  gloire. 

Raphaël. 

Dieu,  créateur  de  la  gloire,  il  est  raisonnable  de  vous  obéir. 
Je  vais  le  conduire  immédiatement  au  lieu  que  vous  m'in- 
diquez: lui  et  tous  ceux  qui  mourront  dans  la  suite,  du  nombre 
de  vos  amis,  iront  à  cet  endroit. 

Ils  avancent  tous  deux.  Satan  court  devant. 

Raphaël. 

Venez  donc,  âme  fidèle,  maintenant  je  vous  conduirai  en 
peu  de  temps  pour  vous  faire  entrer  dans  les  Limbes.  Je  suis 
votre  gardien,  et  je  vous  protégerai  contre  le  démon,  s'il  vient 
vous  attaquer. 

Quand  ils  sont  arrivés  aux  Limbes,  Raphaël  reprend. 

Voici  la  place,  entrez-y  promptement  ;  n'ayez  aucune  in- 
quiétude, ne  prenez  pas  peur.  Vous  resterez  là  tant  que  je  ne 
revienne  vous  conduire  au  Paradis  pour  louer  votre  Dieu. 


1 .  Tu  auras  trois  places  au  séjour  des  joies  éternelles. 

2.  Pour  racheter  les  péchés. 


506  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Ine  Abel  voar  he  daoulin  a  coms. 

Ha  houi,  ma  El  gardien,  me  ho  trugarequa, 
En  ho  compagnunes  me  am  eus  cals  a  joa. 
2490  N'am  ancoeet  quet,  en  hano  ma  Doue  ! 

Me  a  renq  chom  aman,  er  plas-man,  nos  ha  de^ 


Senne  VII. 


Doue  an  Tat  a  disquen  voar  an  douar  :  ma  galvo  Gain. 

Doue  an  Tat  a  coras. 

Pelec'h  oud-de.  Gain  ?  Me  gret  es  out  coachet^  : 
Deus  timat  dira-s-oun,  me  requet  da  cafet3. 

Gain  a  coms. 

Chetu  me  deut  aman,  Créateur  an  Envo, 
2495   Crouer  ha  Rédempteur  da  guement  mat  a  so, 
Clevet  am  eus  ho  moes,  reson  eo  d'in  donet 
Ebars  en  ho  presans,  p'hoc'h  eus  ma  goulennet. 

Doue  an  Tat  a  coms, 

Respont  d'in-me,  Caïn,  aman,  pa  houlennan  : 
Ho  preur  iaouanc  Abel,  pelec'h  e  ma  breman  ? 
2500  Respontet  ac'hanon  gant  pep  humilité, 
Ha  na  nahet  netra  en  presans  ho  Toue. 

Gain  a  coms. 

Aboe  ma  voamp  er  mené  ne  m'eus-han  quet  guelet 
Dre-se  ne  oun'n  doare  pelec'h  ec'h  e-han  et 4. 

1 .  Me  renq  chom  ma-unan  er  plas-man. 

2.  Ma  oud-de  et,  Gain? 

3 Me  a  renq  da  cafet. 

4.  Dre  se  ne  oun'n  doare  pelec'h  he  hel  bout  et. 


La  Création  du  monde.  joy 

L'âme  d'Abel  à  genoux. 

Et  vous,  je  vous  remercie,  mon  ange  gardien  :  en  votre 
compagnie,  je  me  sens  plein  de  joie.  Ne  m'oubliez  pas,  au 
nom  de  mon  Dieu  !  Je  dois  demeurer  ici,  à  cette  place,  désor- 
mais nuit  et  jour. 


Scène  VII. 


Dieu  le  Père  descend  sur  la  terre  :  il  appelle  Caïn. 

Où  es-tu,  Caïn  ?  Je  crois  que  tu  te  caches.  Viens  vite 
devant  moi,  je  demande  à  te  trouver. 

Caïn. 

Me  voici,  j'arrive,  Créateur  des  Cieux,  auteur  et  rédempteur 
de  toutes  choses  créées.  J'ai  entendu  votre  voix,  il  est  juste 
que  j'accoure  en  votre  présence,  dès  que  vous  me  demandez. 


Dieu  le  Père. 

Réponds-moi,  Caïn,  ici,  puisque  je  t'interroge.  Ton  frère 
Abel,  où  est-il  à  cette  heure  ?  Réponds-moi  en  toute  humi- 
lité, et  ne  déguise  rien  devant  la  face  de  ton  Dieu. 


Caïn. 

Depuis  que  nous  étions  sur  la  montagne,  je  ne  l'ai  point 
vu.  Je  ne  saurais  donc  vous  dire  où  il  est  allé.  Vous  ne  m'aviez 

1 .  Il  me  faut  demeurer  tout  seul,  en  ce  lieu. 

2.  Où  es-tu  allé,  Caïn? 

3 .  Il  faut  que  je  te  trouve. 

4.  C'est  pourquoi  je  n'ai  pas  connaissance  du  lieu  où  il  peut  être  allé. 


3o8  L'abbé  Eug.  Bernard. 

N'ho  poa  quet  roet  d'in  ar  garg  eus  anehan, 
2505   Evel-se  n'en  d-oun  quet  oblijet  d'hen  rentan. 

Doue  an  Tat  a  coms. 

Ah  !  Gain  malurus  !  Te  a  t'eus  meritet 
Supliso  an  Ifern,  balamour  d'as  pehet. 
Te  t'eus  asasinet  da  vreur  voar  ar  mené  ^, 
Dre  anvi  ha  maHs  ous  he  prospérité. 
2510  Clevet  am  eus  he  voes  memeus  ebars  en  Env, 
He  voat  o  houlen  venjans  ha  justis  diguen-en. 
Abalamour  d'ehan  te  a  veso  venjet  ^ 
Seis  gués  assuramant  quent  ma  quitaï  ar  bet. 

Caïn  a  coms  voar  he  saoulin. 

Ma  Doue,  ma  Crouer,  pardon  a  houlennan  ! 

2515   Dre  ho  misericord  humblamant  ho  pedan, 

Na  uset  quet  dre  rigueur  ho  justis  em  andret, 
Ha  deut  d'am  pardonin,  a  galon  me  ho  pet. 
Evit  hoc'h  adorin  houi  hoc'h  eus  ma  crouet, 
Mes  er  hontrel  da-se,  sivoas  d'in  !  am  eus  groet. 

2520  N'am  precipitet  quet  en  creis  puns  an  Ifern, 
Contant  oun,  ma  Doue,  da  ober  pinijen. 

Doue  ail  Tat  a  coms. 

Abalamour  d'as  crim,  an  oreur  as  pehet, 
Dimeus  ar  provins-man  te  a  vo  exilet 
Da  vale  dre  ar  bet,  evel  eur  vacabont, 
2525   Quen  a  deui  dira-s-oun,  eur  voes,  da  rentan  cont 
Dimeus  a  guement  mat  ha  drouc  as  peso  groet, 
A  renq  bout  dira-s-oun  eur  voes  represantet. 

Caïn  a  coms. 

Ma  Doue  éternel  !  p'hoc'h  eus  ma  exilet 
Evel  eur  vacabont  da  vale  dre  ar  bet. 


1 .  Te  a  t'eus  assommât  da  vreur  voar  ar  mené. 

2.  Abalamour  da  se  te  a  veso  blamet. 


'    La  Création  du  monde.  309 

pas  chargé  du  soin  de  le  garder,  aussi  ne  suis-je  pas  obligé 
d'en  rendre  compte. 

Dieu  le  Père, 

Ah  !  malheureux  Gain,  tu  as  mérité  les  supplices  de  l'Enfer, 
en  punition  de  ton  péché.  Tu  as  assassiné  ton  frère  sur  la 
montagne,  par  malice  et  par  envie  de  sa  prospérité.  J'ai  en- 
tendu sa  voix  qui  montait  jusqu'au  Ciel  :  son  sang  me  de- 
mandait vengeance  et  justice.  A  cause  de  lui  tu  seras  châtié 
sept  fois,  bien  sûr,  avant  que  tu  ne  quittes  la  terre. 


Caïn  à  genoux. 

Mon  Dieu,  mon  Créateur,  je  demande  pardon.  Au  nom 
de  votre  miséricorde,  humblement  je  vous  prie  de  ne  pas  user 
des  rigueurs  de  votre  justice  à  mon  égard.  Pardonnez-moi, 
de  cœur  je  vous  en  prie.  Vous  m'avez  créé  pour  vous  adorer, 
mais  hélas  !  j'ai  fait  tout  le  contraire.  Ne  me  précipitez  pas 
au  milieu  du  puits  de  l'Enfer  :  je  suis  content,  mon  Dieu,  de 
faire  pénitence. 


Dieu  le  Père. 

A  cause  de  ton  crime,  pour  l'horreur  de  ton  péché,  tu  seras 
exilé  de  cette  province,  pour  errer  à  travers  le  monde  comme 
un  vagabond,  jusqu'au  moment  où  tu  viendras  en  ma  présence 
rendre  compte  du  bien  et  du  mal  que  tu  auras  fait.  Tout 
cela  une  fois  devra  être  représenté  devant  moi. 


Caïn. 

Mon  Dieu  éternel,  puisque  vous  m'exilez  et  me  condamnez 
à  errer  comme  un  vagabond  sur  la  terre,  le  premier  que  je 

I .  Tu  as  assommé  ton  frère  sur  la  montagne. 
I .  A  cause  de  cela  tu  seras  réprimandé. 


j  1 0  L'abbé  Eug.  Bernard. 

2530  Quentan  den  a  guifin,  a  rancontrin  quentan, 
Me  requet  diguen-ec'h,  ma  teuio  d'am  lasan. 

Doue  an  Tat  a  coms. 

Me  a  lar  d'it,  Crïn,  ne  hoarveo  quet  se  : 

Ar  hentan  as  toucho  d'as  lemel  a  vue, 

A  veso  sur,  venjet  seitec  gués  da  houde  ^. 
2535  Abalamour  d'as  crim  ha  d'as  méchanceté, 

Evit  memor  a-se  me  a  ia  d'as  merquan, 

Ha  quent  ma  quitaï,  me  renq  d'as  siellan, 

Ma  vesi  remercabl  da  pep  den  da  voelet, 

En  quement  ha  ma  i  da  vale  dre  ar  bet. 
2540  An  douar  pehinin  memeus  a  labouri. 

Ne  broduo  netra  evit  d'as  sustanti. 

Doue  an  Tat  siel  Caïn  hac  a  ia  d'he  tron. 

Gain  a  coms. 

O  maleur  detestabl  !  petra  eo  quement-man  ? 
Ne  oun'n  pelec'h  monet,  na  petra  a  son] an. 
Chetu  me  ar  voes-man,  gant  Doue  exilet 

2545  Evel  eur  vacabant  da  bourmen  dre  ar  bet 

Me  ia  da  partian,  daouest  pelec'h  es  inn  : 
Entrese  an  Oriant,  mar  gallan,  n'em  tennin. 
Tri  hent  a  so  aman  :  gant-he  es  oun  doaniet. 
Ma  Doue,  ma  C'hrouer,  reit  d'in  pasiantet  ! 

Gain  a  sorti. 

Adam  hac  Eva  a  antre. 

Adam  a  coms. 

2550  Leret  d'in,  ma  friet,  ha  houi  hoc'h-eus  guelet 
Peliso,  hon  bugale  ?  Ne  oun'n  pelec'h  int  et. 
Hoant  am  eus  d'ho  guelet  evit  ho  instruin 
Da  caret  hon  Doue,  fidel  d'hen  servijin. 

a.  L'ordre  des  mots  dans  ce  vers  a  été  interverti  par  le  scribe  de  la  ma- 
nière suivante  : 

A  veso  sur  venjet  da  houde  seitec  gués. 


La  Création  du  monde.  ^  1 1 

trouverai,  le  premier  que  je  rencontrerai,  je  vous  en  avertis, 
me  mettra  à  mort. 

Dieu  le  Père. 

Je  te  le  dis,  Caïn,  cela  n'arrivera  pas.  Le  premier  qui  por- 
tera la  main  sur  toi  pour  t'ôter  la  vie,  sera  assurément  puni 
dix-sept  fois  après  toi.  A  cause  de  ton  crime  et  de  ta  perversité, 
en  mémoire  de  cela,  je  vais  te  marquer,  et  avant  que  tu  ne 
partes,  il  faut  que  tu  portes  un  signe  qui  te  fera  reconnaître 
aux  yeux  de  tout  homme,  tant  que  tu  t'en  iras  errant  à  tra- 
vers le  monde.  Même  la  terre  que  tu  cultiveras  ne  produira 
rien  pour  te  sustenter. 


Dieu  le  Père  marque  Gain  et  retourne  à  son  trône. 

Gain. 

O  malheur  déplorable  !  Qu'est-ce  que  ceci  signifie  ?  Je  ne 
sais  où  aller,  je  ne  sais  que  penser.  Me  voilà  cette  fois  exilé 
par  Dieu,  et  comme  un  vagabond,  condamné  à  errer  sur  la 
terre... 

Je  va'is  partir  sans  savoir  où  j'irai.  Si  je  puis,  je  me  diri- 
gerai vers  l'Orient.  Je  vois  ici  trois  chemins  :  ils  me  jettent 
dans  l'embarras.  Mon  Dieu,  mon  Créateur,  donnez-moi  la 
patience. 

Gain  sort. 

Adam  et  Eve  entrent. 

Adam. 

Dites-moi,  mon  épouse,  y  a-t-il  longtemps  que  vous  n'avez 
vu  nos  enfants  ?  Je  ne  sais  où  ils  sont  allés.  Je  voudrais  les 
rencontrer  pour  leur  apprendre  à  aimer  Dieu,  à  être  fidèles  à 
le  servir. 

Cette  forme  est  défectueuse,  car  elle  empêche  le  vers  de  rimer  avec  celui 
qui  suit. 


512  L'abbé  Eug.  Bernard. 


Eva  a  coms. 

Demp  etrese  ar  mené,  martese  ho  guelomp  ; 
2555  En'  da'n  em  bourmenin  a-voecho  ec'heont^ 

Abel  a  die  bean  eno  gant  he  denvet, 
Pa  arrifomp  eno  e  hallemp  ho  cafet. 

FIN  d'eus  an  DEVOES  Q.UENTAN. 


Ar  quentam  Impiloc  d'eus  a  lavaret  bue,  a  antre  hac  a  coms. 

Compagnones  santel,  me  a  eneo  erfat, 
Ha  dirac  pep-hinin  an  dra-se  so  anvat, 

2560  Penos  es  oc'h  carguet,  certen  eo  an  dra-se, 
Dimeus  a  vodesti  hac  a  humiHte, 
P'hoc'h  eus  ar  vadeles,  gant  quement  a  silans, 
Da  chom  d'hon  enorin  dimeus  a  ho  presans, 
Ar  pes  so  detestabl,  hac  a  deu  d'hon  surpren, 

2565  Eo  dre  n'hon  deus  gallet  donet  en  nep  moien,    • 
Dimeus  a  hon  coste  ive  da  contantin, 
Evel  ma  sonjemp  hoU,  sperejo  pep-hinin. 
Néanmoins,  coulscoude,  quement-se  n'ampech  quet 
Na  raï  an  actoret  guel  evit  ho  deus  groet. 

2570  Néanmoins  hoas  hon  deus  eur  consolation. 

Ne  oun'n  quet  hac  hi  so  d'imp  re  a  présomption, 
O  tont  da  esperin  e  veomp  iscuset 
Gant  an  dut  vertuus  a  so  fur  ha  parfet. 
An  treo  infinit  crouet  bars  er  bet-man, 

2575  Roet  da  pep-hinin  natur  evit  bevoan. 

An  objet  cant  ha  cant,  anfin,  gant  un  tremen 
Aboe  ar  création,  e  ma  int,  sur,  o  tremen  ; 


I .  Cette  version  est  d'une  main  différente  de  celle  du  scribe,  qui  avait 
écrit  : 

Het  deu  ntum  pourmenin. 


La  Création  du  monde.  3 1  j 

*Eve. 

Allons  du  côté  de  la  montagne,  peut-être  les  verrons-nous. 
Ils  y  vont  quelquefois  se  promener.  Abel  doit  être  là  avec  ses 
troupeaux.  Quand  nous  y  arriverons,  nous  pourrons  les 
trouver. 

FIN  DE  I,A  PREMIÈRE  JOURNÉE. 


L'acteur  chargé  du  premier  épilogue  de  ladite  vie  entre  et  parle. 

Saintes  gens  réunis  ici,  je  sais  parfaitement,  et  aux  yeux  de 
chacun  c'est  chose  évidente,  que  vous  êtes,  cela  est  certain, 
remplis  de  modestie  et  d'humilité,  puisque  vous  avez  la  bonté 
de  garder  si  bien  le  silence,  en  restant  nous  honorer  de  votre 
présence.  Ce  qui  est  déplorable,  et  qui  vient  nous  surprendre, 
c'est  que  nous  n'avons  pu  arriver  par  aucun  moyen  à  contenter 
également  de  notre  côté,  comme  nous  en  avions  tous  la 
pensée,  vos  esprits  à  chacun.  Néanmoins,  cela  n'empêchera 
pas  les  acteurs  de  faire  mieux  qu'ils  n'ont  fait;  néanmoins, 
nous  avons  encore  une  consolation  :  je  ne  sais  si  c'est  à  nous 
trop  de  présomption  d'espérer  que  nous  trouverons  notre 
excuse  auprès  des  gens  vertueux  qui  sont  sages  et  parfaits. 


Les  choses  sans  nombre  créées  dans  ce  monde  et  données  à 
chacun  comme  moyens  de  subsistance,  les  objets  par  centaines, 
ayant  chacun  son  terme  depuis  la  création,  ne  font  que  passer. 


I .  Il  est  allé  se  promener. 

Revue  Celtique^  XI.  21 


JI4  Vàbbé  Eug.  Bernard. 

An  den  so  lequet  prins  voar  crouans  an  natur; 
An  holl  elemancho  evit  reh  nouritur, 
2580  Ar  pesquet  bars  er  mor,  hac  en  ear  an  evnet, 
Ha  da  pep  jenitur  an  douar  da  qucrset, 
Influanço  an  oahl  cr  planedenno  ; 
Pep-hinin  en  deus  bet  tennet  consequenso 
Digant  mestr  ar  gloar  ha  divin  ha  saluter, 
2585   Da  cusan  ar  vertu  pep-hinin  en  he  quefer. 
Ar  mor  so  conduet  en  he  sans  naturel, 
Gant  ar  flu,  ar  reflu  diant  an  Eternel, 
Hep  quemeret  o  tont,  pe  ive  o  vonet, 
Cresquin  pe  dimunuin.  Evel-se  e  conduet 
2590  Pep-hini  ar  re-man,  a  heller  lavaret, 

So  conduet  gant  reson  bep  heur  ha  bep  momet, 
Pep-hini  ar  re-man  a  so  en  fonction, 
Hervé  prospérité  hac  ho  intantion  ; 
Ma  teuont  a-voecho  da  dremen  ho  courijo, 
2595  Da  eclipsan  memeus,  d'andurin  defoto, 
Allas!  compagnones  meulabl,  dirac  Doue 
Pep  tra  holl  so  crouet  herve  prospérité, 
Hac  evit  ma  teuomp  da  enorin  bepret, 
Goude  fin  hor  bue  en  pales  an  Drindet. 
2600       Hac  anfin  davantaj  es  oun  hoas  quen  hardi, 
A  beurs  an  actoret,  da  dont  hoas  d'ho  pedi. 
Ma  teuet  holl  disul  adarre  d'hon  guelet, 
Humblamant,  a  galon,  da  se  hoc'h  supliet, 
Neuse  ho  supHan  hoas  holl  hep  ancoec'h'', 
2605  Pep  a  pes  houec'h  real  a  digasset  guen-ec'h, 
Pecho  daousec  guennec,  roUado  dineret, 
Pecho  daou  voenneien  na  vint  quet  refuset, 
Evit  dont  d'hon  sicour  da  donet  da  goanian  ; 
Ha  houi,  compagnones,  mar  queret  assistan, 
2610  Da  efan  pep  a  vanec'h  quent  evit  hon  quitat, 
Nin  a  rai  se,  certen,  dimeus  a  galon  vat. 


Le  scribe  a  interverti  l'ordre  des  mots  dans  ce  vers,  en  écrivant 
Neuse  hep  ancoec'h,  holl  0  suplian  hoas. 


La  Création  du  monde.  î  1 5 

L'homme  est  établi  roi  sur  les  productions  de  la  nature,  tous 
les  éléments  ont  pour  fin  de  fournir  sa  nourriture,  les  pois- 
sons dans  la  mer,  les  oiseaux  dans  l'air,  et  à  tout  être  créé  la 
terre  sert  de  plancher,  les  influences  des  cieux  s'exercent  sur 
les  planètes  ;  chacun  de  ces  éléments,  comme  conséquence,  a 
reçu  du  Maître  de  la  gloire,  Dieu  et  Sauveur,  le  pouvoir  de 
renfermer  en  soi  sa  vertu  particulière. 

La  mer  est  conduite  dans  son  sens  naturel  par  le  flux  et  par 
le  reflux  que  le  Moteur  éternel  a  disposés,  sans  acquérir,  en 
allant  et  en  venant,  ni  augmentation,  ni  diminution.  Ainsi 
est  dirigé  chacun  des  éléments  ;  on  peut  le  dire,  chacun  est 
régi  avec  sagesse  à  toute  heure  et  à  tout  moment,  chacun 
remplit  sa  fonction  avec  succès  et  selon  sa  fin.  S'il  leur  arrive 
quelquefois  de  dépasser  le  but,  de  s'échpser  même,  de  subir 
des  défectuosités,  hélas  !  Assistants  dignes  d'éloges,  devant  Dieu 
tout  ici-bas  est  créé  pour  le  bonheur,  et  pour  nous  amener  à 
honorer  toujours  Dieu,  au  terme  de  notre  existence,  dans  le 
palais  de  la  Sainte  Trinité. 


Enfin,  je  suis  même  assez  hardi  pour  vous  prier  encore,  de 
la  part  des  acteurs,  de  revenir  tous  dimanche,  nous  voir  jouer. 
Vous  y  êtes  invités  humblement  et  de  cœur.  Puis,  je  vous 
supplie  tous  de  ne  point  l'oublier,  d'apporter  chacun  une  pièce 
de  trente  sous  :  les  pièces  de  douze  sous,  les  rolets  de  deniers, 
les  pièces  de  deux  sous  ne  seront  pas  refusés,  afin  de  nous  aider 
à  payer  notre  souper  :  et  vous.  Assistants,  si  vous  voulez  nous 
tenir  compagnie,  pour  boire  chacun  un  coup,  avant  de  nous 
quitter,  nous  vous  l'offrons,  certes,  de  bon  cœur. 


Dans  cette  forme,  le  vers  ne  rime  pas  avec  le  suivant.  C'est  la  seconde  dis- 
traction de  ce  genre  que  nous  relevons  dans  notre  manuscrit;  toutes  deux 
doivem  être  considérées  comme  des  conséquences  de  la  dictée.  V.  v.  2534. 


ji6  L'abbé  Eug.  Bernard. 

Rac-se  nep  a  vanquo,  so  pedet  da  digas 
Un  tri  pe  pevoar  ail,  da  ramplissan  he  blas, 
Car  hoas  nemert  comans  n'hon  deus  groet  hon  istoir, 

2615  An  devoes  ail  so  caëroc'h  ebars  en  pep  manier. 
Rac-se,  compagnones,  a  voellan  ma  hellomp, 
Dimeus  a  ho  silans,  graço  d'ac'h  a  rentomp, 
O  hortos  an  de-se,  mar  guellomp,  assuret 
E  represantomp  guel  hoas  evit  hon  deus  groet. 

2620  Anfin,  adieu  a  lavaran,  sans  adieu,  coulscoude, 
Quen  a  veso  disul,  mar  groet  d'in  ar  gras-se: 
Rac  an  nos  so  arri,  hac  an  amser  a  près, 
Poent  eo  da  pep-hinin  comeret  he  conjes. 
Voar-se,  compagnones,  me  a  ia  da  sortian, 

2625  Dimeus  a  guir  calon  iscus  a  houlennan. 


FIN  D  EUS  AN  DEVOES  Q.UENTAN . 


La  Création  du  monde.  317 

Ainsi  donc,  quiconque  manquera  à  l'appel,  est  prié  d'en- 
voyer trois  ou  quatre  autres  pour  occuper  sa  place,  car  nous 
n'avons  encore  fait  que  commencer  notre  histoire.  L'autre 
journée  sera  bien  plus  belle,  de  toute  façon.  C'est  pourquoi. 
Assistants,  du  mieux  qu'il  nous  est  possible,  nous  vous  remer- 
cions de  votre  silence,  en  attendant  ce  jour,  avec  l'assurance 
que  si  nous  pouvons,  nous  donnerons  une  représentation 
meilleure  que  nous  ne  l'avons  fait.  Enfin,  je  vous  dis  adieu, 
sans  adieu  cependant;  au  revoir  dimanche,  si  vous  nous 
accordez  cette  faveur.  La  nuit  arrive,  le  temps  presse,  il  est 
l'heure  à  chacun  de  prendre  congé.  Sur  ce.  Assistants,  je  vais 
me  retirer,  et  du  fond  du  cœur  je  vous  demande  de  m' excuser. 


FIN  DE  LA  PREMIÈRE  JOURNÉE. 


THE   FER  DIAD   EPISODE 

OF  THE  TAIN   BO  CUAILNGE. 
(II.  82  3  21—88  b  52.) 

(suite) 


[62].  H.  2,  12.  ISannsi;?  atLvrt  C.  c.  baead  ar  gaire  gomor 
dui«dne  oific  ele  adr^ind.  uair  dotairniiair  airmbuiwe  çaiso;id 
dui«d  gomad  le  n(e)c/;  againd  dot{uï)tïcdh  an(e)c/;  élc.  leig  as 
aie  ar  ¥cr  D.  oir  isfearr  Iiu?;zsa  docardib  Oilill  7  M.  nat/vja  7 
Sgath(ach)  Et  sgiath(a)  corcrad  doriwde  anafaistine  s'in.  eg- 
coir  duitsi  sïii  dor(a)d  ar  C.  c.  oir  is  ca^mdalta  tusa.  do  Sgath- 
(ach)  tu  air  isai  edh  dobidmis  narndis  nartrom  coll(adh)  afo- 
chair  aceile.  Eî  roteigmis  arfi;zdoru//d  fis  7  forceduil  farîen  re- 
Sgath(aigh)  aCugai/z  airFi'rD.  na  agu;;;  cained  oir  ni  bah«.yuide 
duit  no  gotaisbenarsa  docen//  do  M.  7  dOilill  am(ail)  dogeall- 
us.  henàacht  ort  ad«f/;laich  nab/'/s  cairdes  na  caradrag  na 
comand  oru/;zsa  uair  soch;rid  darsnaide  ani;/gen  ut  islemsa  do 
torcradar  uile  Et  natarsa  cugamsa  taraneis  uair  fuair  1.  Isech  bas 
lemsa  darsnaidmed  ani/zgen  ut. 

[63].  LL.  85  a  47-85  b  3.  — H.  2,  12.  rugsad  as  anaidci 
s'in  7  roeirigh  ¥cr  D.  gomoch  i;/lasi;z  uair  baleis  eirgi  andail 
i;zco/;/raig  7  nireirig.  C.  c.  i;/lasi//  nogor  duisid  agilla  Et  roeir- 
(igh)  C.  c.  andail  i»co;;zraig  Et  adub(air)t  F(er)  D.  is  meir- 
t(e)c/;  imnimhach  an(a);w  an;/  at  ath-  an/z  adrasta  aCugaizz  air 
¥cr  D.  nihi;zgnadh  [f.  2  b.]  damsa  sin  air  C.  c.  searg  anuilc. 
Et  nafingala  doden  ar  moco77?alta  ase  ata  airmots/rig.  Et  dar 
liuwsa  nitici  duitsi  ïs'vi  comrae;  so  aniuçh  nihwrz/sa  dazzzsa  »an- 


The  Fer  Diad  Episode.  3 1 9 

techt  ann  muna  tmgind  soladh  baidh  Ulud  7  iad  feiw  isin  ces 
naidhin, 

Eg.  106  and  20<)  =LL,  (46)  Tadhbhaisdo  C.  c.  midheilbh 
môr...  seoch  gach  là  oile). 

[64].  LL.  85  b  3-22.  —  Eg.  106.  trwagh  sin  a  Fhfr  D.  ar 
C.  c-,  as  dwrsan  dhuit  techt  anagh(aidh)  do  chomhdhalta.  Et  dfir 
comhtha  et  caradr(aidh)  ar  chomhairle  mnd  san  dom(ai)«. 
tr«agh  sin  a  C.  c.  ar  Ver  D.  da  ndechuinn  si  gan  deab(aidh) 
uaitsidobheinnfumhiochlù  gobmth  ag  Meidhbh.  7  agmaithibh 
ceithre  noll  choig(idh)  nEir(enn).  trwagh  siw  a  Fh/>D.  ar  C. 
c.  air  chomhairle  flier  et  bhan  an  domhainni  threigfinnsi  tusa. 
Et  ni  dhenfuinn  urchoid  dhuit.  7  asbeg  n(ach)  d^fn(adh)  caob 
chrô  doma  chroidhe  tre  bheith  agcomhr(a)c  friot. 

Eg.  209  =  LL.  (6  lon;z  chru  —  10  do  fhromhadh  —  12  ni 
bfliuaras  —  13  toighecht  —  14  daom  chluidhthe  —  15  cia 
tu  mochomhdlialta  a  Chu  —  17  Nocha  ttaird  briathar  no  bladh 
—  19  tolaibh  cleas  —  ro  mairneas  —  20  air  niombladh  — 
21  IS  gaoi  cro  —  beag  nar  sgarais  re  manmain//  —  22  lin;î  gai. 
a  Fhir  Dia  gâcha  tanadh. 

[65].  LL.  85  b  23.  —  Eg.  io6  =  (AhaithIeanchomhr(ai)dh 
(209  na  laoigiie)  sin  adub(air)t  Fer  D.  An  mheid  ataoisi  ag 
cesacht  ormsa  an/w  am  mhidheilbh.  7  amidhenamh  biaidh  se 
dobharr  ar  m6gaisg(idh)  7  adhcrt). 

[66].  LL.  85  b.  24-26.  H.  2,  12.  Cagaisg/W/;  arar(i)cam  air 
Fer  D. 

Eg.  106  and  209  =  LL. 

[67].  H.  2.  12.  ar  arnoirightibh  g.  7  g.  ar  C.  c.  Cid  tracht 
tiagaid  onaetc.  r=  60;  —  uatha  7  acu.  anfuil  arsgur  etc.  — 
alamhaib  angilla. 

[68].  LL.  85  b,  26  —  36.  H.  2,  12  :  Et  docuadar  ara- 
claidiwîib  troma  tortbuillecha  (3  i)  7  cengailtcr  naheich  7  cui- 
rit^r  nacarb(ait)  Et  afert  bacana  iaraind  arnacairbth(e)c/;aibh 
n(a)c/;  sga'ûedb.  ISanwsi»  dogabad^r  adasgiath  (30)  corcm  cli- 
thir  mora  orro  inhs'in  Et  acl(aidhm)i  g^ra  caindlecha  com- 
soillsi  co7;?arth(a)c/;  analamhaibh  leo  ïnhsin  7  dorindedar 
comrag  fr/tir  fc;-g(a)c/;  forran(a)c/;  amnas  adhm^^r  allata  ind- 
saight(e)c/;  7  robagmaid  nahairsigha  7  dogab  g(a)c/7  ïer  dib 
atuargaint  aceile. 


320 


Nettlau. 


Eg.  106  and  209  =zLL.  (26-37);  (28  on  chomhthuarguin 
(209  combuaLidh)  —  coimhdiubhrag(adh)  (209  tiomrubadh) 
—  32  ag  sloidhe  et  ag  slear/;/adh,  ag  oirl(ech)  Et  ag  ath- 
chuma  acheilé  —  34  g(ach)  cnoc.  7  g(ach)  caobchrô  (209 
gach  tocht  et  gach  ti;zeadha)  —  35  slin/zeûnuibh  (209  shlin?/- 
eanaibh)). 

[69].  H.  2,  12.  Odoconncadar  \ucht  nafia;zaisi  si«  tainig 
emeltMJ  mor  menwean  7  m^rtigi  mor  aiwcta  doibh  sïn  refaicsin. 
truagh  angni;;/  doniter  aniugh  arsiad  .i.  xnco'vidle  glanad  Gx- 
del  7  lucht  a^nfogluma  7  nafir  aille  andile  7  amean77;a  7  atai- 
ris(ma)  daceile  go  [  ]  7  amhctb  nambidbad  bunaid  da 

ceile  oniiigh  amach  gobrath  trc  br/atrrtib  buidbré'g  ti;77gealtacha 
mna  cai;//e  ceiz/dfinde  coi/zzithi  7  tre  co;;/adhaib  n(em)tso- 
wain(e)c/;  donn(e)cb  dargcall(adh)  iad. 

[70].  LL.  85  b  37-45.  H.  2,  12.  7  dobaisi;z  cowrug  sin 
reïedb  [ii[  ]laithi  sin  gotainig  dercdh  Ix  doib.  ISan?zsi7Z  adu- 
b(air)t  Fer  D.  is  sgiath[ech]  arneich  7  ismt^rtnech  arngillaidi 
7  is(edh)  mairis  aga  diar[  ]  na  bo  roime  arneich  7  cidh 
dui»d  antan  ba  torrs(e)c/;  s'vid  gansgur.  Et  do  c«zredar  anairm 
uatha  alamhaib  angill(a)  Et  dosgaradar  ga«  poig  ga»  hennacht 
gan  caradrad  oceile  Et  taimc  sceghal  aco7;7aiMd  resgaradh  na- 
nech  7  nagill(aidh)i  7  nac/^radhoceile  7  nit(u)cadh  losa  ici  na 
slainti  o  C.  c.  dFi^r  D.  anaidhchi  si;/  7  nit(u)cad  biadh  na 
deoch  o  ¥er  D.  dosu?z. 

Eg.  106  and  Eg.  209  =  LL. 

[71].  LL.  84  b,  45-49.  H.  2,  12.  Et  dobu  'widalucht  bia- 
tha  F/r  D.  .i.  4  holl  coicidh  Er(enn)  7  niraibhi  agbiatha  C.  c. 
a.cht  tuathad  Br^^ag  amai;^  7  niticidis  sin  cuigi  acht  atos(a)c/;  no 
1^  no  tseac/;/mui;7e. 

[72].  H.  2,  12.  ISanu  tainig  ¥er  D.  anucbt  atsluaigh  asoi- 
ch(reidh)i  taranath  bud  des  7  tai/zig  M.  conamnaïhh.  mar 
aroibh  ¥er  D.  7  t(u)csi  aithchi  ciuil  cuigi  d[toirmesg]  amen- 
man  7  aai;zcta  7  t(u)cad  fidcilla  anafia/misi  domesgadh  7  do- 
miciali(adh)  e  do[  ]tibh  scrha.  suasboga  7  dorinde  do  dimbn'g 
7  darcaisne  do  gaisg/W/;  C.  c.  atia//aisi  F/r  D.  Et  n/r  toirw^^g 
FtT  D.  sin  ctir  cem(a)d  coir  do  adt'na[m].  Et  nir  codail  ab(e)c 
anaidhchi  sin  7  dam[ad]ail  leis  nïrlcighcdb  do  air  comairead 
aigi  airci/id  vicomruig  vi  miciall  mor  7  biûch  fergi  t(u)c  leis 


The  Fer  Diad  Episode.  pi 

asin  cowrug  gom(a)d  he  dob(er)ad  aigi  airciwd  [in  comjraig 
ïnhx  arnamairech. 

[73I.  H.  2,  12.  C.  c.  .u°.  taiwic  roiwe  taranath  budh  tuaighi 
7  t(u)c  auill(enn)  refot  coi;;Mi(er)t  7  doleig  osnadh  egcomXzmà. 
osaird.  Cadsi»  a  C.  c.  ar  Lœg.  fuil  amor  adb^^r  ar  C.  c.  mo- 
g^the  cro  7  mo  gona  agtecht  riuw  7  ismor  intaàhar  damh  in 
L-ech  bmthmi^r  mor  borrfad(a)c/;  ut  àotecbt  nuni  amarach. 
uair  niseit/rach  s/rcalma  me  inaaîgi  Et  imigsi  ro;;mt  le  robad 
7  le  ho'ircisecht  dUll(taibh)  conach  rabaid  airmuighibh  na  armor 
reiti  tech  na  armor  coitci;/dib  nacr/chi  conach  airgtcr  toruwsa 
iad  oirni  tualaiy/d  me  aingabail  feasda.  ISann  si;z  docrom  L^egh 
acenn  7  rocaidh  frasa  dich;ï7  der  7  torrsi  tr^agh  n(em)elaigh 
7  mnoirmesg  C.  c.  sin  dodena/n  uair  do  ïder  fatha  innmor  im- 
nini  fod^ra.  ISan/i  si?/  do  measg  Lasgh  amera  seada  sith  geala 
acnedaibh  7  acrclin;;tib  C.  c.  7  docuir  losa  ici  7  le(gis)  inwta 
asahaithle  7  docoirid  acxm  leab(aidh)  cain  ndeirighthi  C.  c. 
7  fa  leir  dosuw  cach  aisti  7  tr/thi  7  tairrsi  7  nlileir  don(e)c/; 
dfd'raibh  Er(enn)  esi// innti  7  dobisu»  godubhach  acai«th(e)c/; 
intisiw  gotai/zig  an  c(et)  tr/an  daithi  7  dobadar  anwsiw  beoil 
nacned  7  nacrecht  aglaigi  araceile  7  naluibhe  ici  7  le(gis)  agab- 
(ail)  nicrecht  nua  nurda  nanabaid.  Et  docodail  C.  c.  inaidhchi 
sin  iarsifz. 

[74].  H.  2,  12.  Imtz/ja  F/r  D.  u°  do  eirigh  se  seal  b(e)c 
re  la  Et  tue  atr^alam  g.  7  g.  leis  gohoirearinatha  Et  dobid  aga- 
fiarf(aighe)  anfuil  an(e)c/;  ane  aranath  so  aniugh.  Et  ni  fuair 
n(e)c^  naen  dafr^agmd  an«  on(a)cZ;  fuair  (end  0/ the  H  2,  12 
fragment,  /.  2  b). 

[75].  LL.  85  b  46-86  a  25.  Eg.  ro6  and  209  =  LL.  {Eg. 
126  :  48  7  bâ  dana  dibhfeirgech  deigh  neirt  an  fer  thainig  anw 
sin  .i.  Fer  Dia  m(a)c  Damhain  ;  6  Rô  ghabh^fidair  afhuaith- 
roig  niomdhaingin  niarnaighe  Et  ro  ghabha^dair  anmbûadh 
chl(oich)  moir  iar  sin  go  mèid  chloiche  muilinw  tarrsa  sin 
amuigh  aner/;far  ar  eg\i  an  ghaoi  bulga  an  la  sin;  Eg.  209: 
5  ro  ghabhastar  seacht  bpilte  licheat  do  dhamh  sheaithe  nart- 
mhaire  tairissin  amuigh.  ro  gh° s°  bp""  f°  do  luirtheach  eagnaidhe 
diaranu  aithleidhte  tairis  sin  a  muigh.  rogh°  an  bhuaidh  liog 
mhor  bhudh  comhor  fria  ccloich  muiling  .i.  an  liag  aidhne 
daideimint  tug   on  Aifric  tairis    sin  amaigh  an   iotar,    nach 


32  2  Nettlau. 

tteasgfadh  reanwa  no  faobhair.  diongbhala  an  ghœi  bulga  fair. 
rogh°  (lo);  13  do  chriostal  et  do  liogaibh  soilseacha  oirthear 
an  bheatha;  16  do  tteasgfadh  fionna  a  nagaidh  srotha  air  redhe 
et  air  imgheire  (16);  mhor  mhileata  for  stuaigh  ieirg;  19  tai- 
sealbha. 

[76].  LL.  86  a  15-36.  Lee.  Asb^'rt  Cucul(ainn)  iar(u)m  fm 
araid  aragr^ad  antan  barnsn  fair.  Et  aramolad  intan  barœn 
riamh  ogcomracc  fr/a  Fer  [Diad]. 

Eg.  106  and  209  =  LL.  (£>.  209,  /.  33-36  before  1.  31-33). 

[77].  Lee.  IS  iar(u)w  aspfrt  aaraid  (ris.  Tet  anfer  tarât 
am(ail)  teti  bott  tarcatt.  Nodnig  anfer  amail  neghar  coiffill- 
andai.  Not  cwra  anfer  amail  cuiress  ben  boidh  am(a)c.  Cf.  LL. 
86  b  20,  and  18-20). 

[78].  LL.  86  a  37-86  b  8.  Lee.  ISiarom  lot(ar)  docluithi 
anatha. 

Connigsetindromuin  Scath(ach)  doib  diblinaibli.  Cloisid  F. 
D.  7  Cuc[u]l[ainn]  clesa  ingantai. 

Eg.  106  and  209  =  LL.  {Eg.  106,  51  marasiiil  iarthair 
Eorpa  fer  choisgthe  deabhtha.  7  dibheirge  do  Chonnacbtâihh. 
fer  coimhcYa  cnndh.  7  cethra  dUlltaibh  do  chuir  do  chomhraic 
récheile...). 

[79].  LL.  86  b  8-87  a  18.  —  Lee.  Luid  C.  c.  iar(u)/7;  co- 
roleblaing  inasciath  F.  D.  Focerde  F.  D.  luath  isindath  cofo- 
thri.  Conangresed  intara  arithisi  (/.  18-27)  l'i-^tiad  7  infisi 
amail  anail  illess.  Forbrid  a  medh  combamoam  oltas  F.  D. 
(1.  34-38). 

Eg.  106  =  LL.  (13  amh(àil)  mac  bheag  tar  ûr  andtha;  17 
amhail  en  beg...;  20  V  (also  in  Eg.  209);  21  am(ail)  mheill- 
îir  hra'nh  rôcr«aidh  amuilion//;  23  rô  chuibhrighesdair  thû 
amh(ail)  chuibhrighes  fcithle  fiodh  (209)  feithleann  fiodh). 
Roch(uaidh)  thriod  amh(ail)  theid  séabhac  famhionéunaibh 
go  n(ach)  bfhuil  do  dhlùth  na  dodhùal  régoil  (25)  —  34  cûar 
cera  (r/.  cûach  cera  L[7.  79  b  36)  (209  ciathastradh)  — ;  39- 
42  V;  87  a  4-10  V;  15-16  V  (aiso  in  Eg.  209). 

Eg.  209  =  LL.  (20  V;  28  an  dreaghain  a  neullaibh  ead- 
naibhseach  an  o^ioir  (29);  33  V;  42  gor  sgoilteadar  et  gor 
bhriseadar  a  sgiatha  ;  5 1  gor  chuireadar  an  abhann  as  a  hait 
et  as  hionadh  et  as  a  corpadaibh  coibhsidhe  coimh  chinte  gor 


The  Fer  Diad  Episode.  323 

bhudh  hionadh  ionluice  do  rinneadh  dhi  for  lar  an  Ath.  co- 
7zach  raibhe  bainne  (i);  4  budh  he  a  nimeasargain  fos.  gor 
chreathnaidhtheadar  et  gor  uamhnaidhtheadar  diosgar  shluagh 
fhear  nEireanw  re  fuaim  a  ndeacracht  et  a  ndasacht  gor  bhris- 
eadar  fos  a  ngreadhaibh  et  a  nidheaibh  et  a  leithreannaibh. 
do  mhaoigheadar  et  do  dhiansgaoileadar  fos.  mna  (8)  ; 
16  for  a  bhrath  bheidhmean«aibh  et  for  a  bhuaidh  bheidh- 
meannaibh  mora  mear  chalma  for  Chuchulainu). 

[80].  Eg.  106  and  209.  Eg.  106  :  rô  smuain  C.  c.  ar  achar- 
uid  siothbrogha  (209  a  shiothchairdibh  cumhachtacha  et  a 
dheisciobail)  do  ih^cht  dia  fhoirighthin  ualr  ba  gnath  lais  at- 
iQcht  an72gach  eigen  ambiodh  (209  an  tan  budh  hairc  dho  isan 
ccanrhlann)  (uair  ni  mô  eigen  ar[raibhe]  ariamh  ina  an  teigen 
sin).  Asann  sin  dorrac/;^  Dolbh  et  londolbh  àinr,mcht  7  dfoiri- 
ghinn  C.  c.  (Et  doch(uaidh)  ïer  diobh  arg(ach)  taoibh  dlié, 
Et  do  bhad^r  ag  comhthûarguin  Fhir  D.  na  ttriuir.  Et  ni 
fhac(aidii)  Yer  D.  na  iiodli(  )the).  Et  gidh(edh)  do  mhoth- 
(aigh)  toruin/;chles  (209  tinneasain)  an  triair  anaointhef/;^ 
aga  tuarguin;?(uma  sgéith).  Et  do  radh  dia  uidh.  7  dia  aire 
é  (Et  adub(air)t)  (209  et  is  as  a  ro  eadair)  an  t(a)M  do  bhddar 
ag  Sgath(aigli)  (209  et  ag  Uatha.  et  ag  Aoife),  (aga  bfiiogh- 
luim  ar  aôn  do  thig(edhi)  Dolbii  7  londolbh  dfurtac/;/  C.  c.  as 
g(ach)  eigin  ambiodh).  Adub(air)t  Ver  D.  ni  cudrom  ar 
ccovnhûtns  no  ar  ccompantî/^  an6s[a]  C.  c.  ar  se.  crét  sin  ar 
Ce.  (niwse)  ar  Fer  D.  docharad  shiothbhrogha  (209  :  shio- 
tharsa  ga  do  thathaidhe)  (7  tù  f(e)n  domthuarguinsi  anaoin 
îhecht)  7  nir  thaisbhéunais  dhomhsa  ariamh  iad  ar  ¥er  D.  ni 
hur«j-a  darahsa  sin  do  dhenaw/;  ar  C.  c.  uair  da  ttaisbentar  an 
fé  fia  daoinn(e)ch  (209  da  ttaispeanainn  iad)  dom(a)cuibh 
Mil(edh)  dorach(aidh)  andiamhair.  7  andraoigher/?/  do  T.  D. 
D.  (209  :  ni  bhiagh  gabhailre  d°nored°  ag  neoch  do  Tuatha 
De  Dain)  7  a  Fhir  D.  ar  Ce.  nir  thaisbenaisi  coingin  chnes 
(209  :  an  conan  cneas)  dhamhsa  Et  ata  se  diomwrc(adh)  goile 
Et  gaisgidh  agadsa  thorumsa.  7  nior  thaisbenais  aiadh(adh) 
naafhoslag(udh)  damh.  gorab  ann  do  thaisbens(a)d  anuile  ghlioc- 
as  (7  draoighec/?^)  dacheile.  go  n(ach)  r(aibh)e  diomarc(adh) 
(209  diamhair)  agaroile  acht  an  gd  bulga  ag  C.  c.  ciodh  ira 
acht  ôfuaradar  na  siodh(chair)the.  C.  c.  arna  àirtchtn(yigK)- 


324  Neîtlaa. 

adh.  thugadar  tri  tromghona  gâcha  fir  ar  an  (airs  .i.)  ar  ¥er 
D.  Asansin  do  rddh  ¥er  D.  mcur  dà  dheis  gur  mhairbh  Dolbh 
don  deghurchar  siw.  Rôbhadflfr  an  da  ghuin.  7  an  da  fhor- 
ghoin  anaoinfhec/;/  dd  thoir(e)ch  na  dhiaigh  sin  (209  ag  a 
chlàoidhe).  Asan/i  sin  do  radh  ¥er  D.  urchwr  archle  C.  c.  gor 
thrasguir.  7  gorthrenmliarbh  andara  siod(chair)  ar  lar  anatiia 
donurcw;'sin.  gorah  dhesi;î  adubbhr(adh)  ann  ran«  (209  do  ro 
chan  an  seanchuidhe  an  ran»)  : 

Créud  fd  ndubhradh  (209  nabarthar)  Ath  Fhir  Dhia  :  ris 
andth  mar  (209  fair)  thuit  an  triar.  ni  (209  madli)  lugha  ro 
sliuidhe  (209  suidiithe)  abliuidhbh  (209  i  fu[i]dhbh).  ath 
Duilbh.  7  dth  londhuilbh. 

Ciàhedh  od  chonnaradar  (209  do  thuitedar)  na  haf//;r(ech)a 
caomha  cong(  )a  (209  comhora).  Et  na  beithré  cn/adha 
chathbhuadhacha  bhad^r  ag  C.  c.  do  thuitim.  do  nert(aigli) 
sin  go  môr  mhenma  Fhir  D.  7  do  hheredh  dhd  bheim  fris  g(ach) 
beim  do  C.  c, 

[81].  Eg.  136  and  109.  idcuas  an  ni  sin  do  Laogh  m(a)c 
Rian  gabhra  (209  :  O  do  chonairc  Laoi  mhac  Righ  an  ghabh- 
ra)  .i.  athigherna  dathraoth(adli)  (209  ag  a  throithiugha)  do 
bheimion//uibh  toin/zseamhla  toirbhiort(a)cha  Fhir  D.  Asann 
sin  rô  imdliéTg  L.  um  Ce.  an  tan  sin  (209  rattus  na  thim- 
cheall.  et  rogaibh  aige  gréosugha  et  aige  glamadh  Chuchul- 
ain«)  :  (Roeir(igh)  hragh.  7  brigh.  7  borrfadh  a  Ccoin.  c.) 
gor  lion  at  7  onfuisi  é  (o  mhuill(ech)  go  Idr)  am(hail)  lionus 
gaôthonchûôbhelfhosluighthe  go  nd^rn(adh)  sdùaigh  duaibh- 
sioch  adhuathmar  dhô.  7  (209  amh(ai)l  stuaigh  neimhe  ria 
fms  fearthan;/a).  7  rô  ionns(aigh)  C.  c.  Ver  D.  mar  dramne 
dregan.  no  mar  nert  narchon  (209  neart  ndamh  ndighleann 
nomar  fhioch  narchoin). 

[82].  LL.  87  a  18-22.  =  Eg.  106  and  209  :  As  an;/  sin  rô 
iarr  C.  c.  angd  bulga  ar  Laoigh  mh(a)c  Rian  gabhra  (209  et 
ro  thochlaidhe  an  gaei  buadha  bulga  air  Laoi.  (19)  —  20  Et 
as  Idghair  achoisi  rotheilg(edh)  se  é.  (209  ro  theilgfidhe  e). 
bhaoi  triocha  nnn  (209  :  cuig  —  LL.  .-30  —  Lee.  24,  see 
belouî)  —  22  ni  bhentaoi  — ). 

[83].  Eg.  106  and  209.  Asanw  sin  rainic  Laôigh  roimhe  go 
heochair  iml(ech)  anatha  (209  na  habhanna).  7  go  hion(adh) 


The  Fer  Diad Episode.  ]2(; 

naforghalà  (200  na  forghabhla  foran  uisge).  7  rolion  anlinn. 
7  rô  thosd  an  srwth.  7  rô  thoisg  œïgeddX  anatha  (209  et  ro 
thocht  an  sruth.  et  ro  chosg  eargla  an  ath)  7  roinwill  an  ga 
bulga.  rô  fhech  ara  ¥ir  D.  (.i.  aghioUa)  ansaoth^r  sin.  uair 
adub(air)t  F^t  D.  much  vath  namaidne  iris,  maith  aghioUa 
arse.  diong(aibh)  si  L.  dhomsa  aniu.  7  dingheubhadsa  C.  c. 
(209  diotsa  et  dfearaibh  go  brath).  trwagh  siw  aran  gioUa. 
ni  ier  diongmhala  dô  misi.  uair  as  fer  comhlain»  c(et)  eision 
(amesg  blifer  nEir(enn))  7  ni  hedh  misi  gidhedh  on  nocha  ria 
abh(e)c  da  congnamli,  da  thigerna  (209  gus  a  thighearna) 
thorumsa. 

(As  amhl(aidii)  robhddar  na  gioll(aidli)e.  ba  dias  derhhra- 
thar  iadsein  .i.  Aodh  m(a)c  Rian  gahbra.  7  Laoch  m(a)c  Rian 
.g.),  dald  Aodii  m(a)c  Riangabhm.  ôd  chonzuc  L.  agdenamii 
na  fwrghabhla  (209  :  blii  seisean  an  trath  sin  ag  feitheam/;  a 
bhratara.  nogorolion  an  linn  et  go  ndeachaidhe  sios  dinweall 
an  ghiEi  bulga).  docii(uaidh)  f(e);z  (209  :  tainic  Idhe)  sios  san 
sruxh.  7  ro  fhosgail  forsaw  fhurgliab(ail).  7  ro  leig  ainwioll 
onga  bulga.  doruithnig(edh)  (209  Do  ruamnaidhe)  7  do  àer- 
g(adh)  um  C.  c.  ôd  coridÀïc  ainnioU  ag  dol  ongha  bulga.  7  ro- 
lingestair  do  mhaol  talmhain  go  r(aibh)e  ar  bile  sgeith  Fir  D. 
da  thuarguin  go  hetïàm.  enamh(ail)  (209  athlaimh).  7  do 
radh  Ver  D.  croth(adh)  anbhail  for  san  sgeith  gor  theilg  Ce. 
ar  (adh  .9.  cceimion?^  tar  dth  siar  (209  sair)  sec/?/air.  sgairtes 
(209  gaireas)  Et  sgréacha^  (209  greuchas).  Ce.  ar.  L.  fa 
abheith  aggabhail  alaimh  uman  gha  bulga  dinwioll  do.  reatha^ 
Laôgh  gusann  linw.  7  rôghabh  uirre  (go  praip).  7  rethai'  Aodh 
(209  Idhe  chuige).  7  fosgk^  forsansrwth.  Sgeimhnios  (209 
linges)  L.  go  abhrathair.  7  do  chomhruicsiod  f(or)  san  lathair 
sin.  heires  L.  ar  Aodh.  7  esonoir(igh)es  (209  easonoras)  go 
môr  é.  7  nior  bhûail  airm  fair  (209  nior  bhaill  leis  airm  dim- 
irt  fair).  hnas  Fer  D.  C.  c.  tarath  siar  (209  soir)  linges  C. 
c.  tarbhile  nasgeithe.  croth^j-  Fer  D.  an  sgiath  gor  chuir  Ce. 
ïadh  .9.  eeeimenn  tar  anâth  siar  (209  siar).  scredùs  (209  gair- 
eas) 7  sgreachfli  C.  e.  ar  L.  7  rô  fhogair  do  an  srwth  do- 
chosg).  7  anga  dionnioU.  7  nior  leig  giolla  ¥ir  D.  sïn  do. 
iompuigheas  L.  aris.  7  léages  e  ar  lâr  anatha  (209  fo  thalmhuin). 
7  toirbherei'  (209  toirbhreas)  maôl  dhurna  môra  mionca  dhô. 


3  26  Nettlau. 

tara  ghnui's.  7  tar  a  agh(aidh)  gor  bhris  abhéal.  7  ashrôn.  7 
gor  faobh  (209  shaobh)  arosg.  Et  a  radhairc.  7  gor  shaodh 
uadha  (209  tiaghaid  —  uadha)  asa  haithle.  (7  rô  thag(aibh) 
na  luidhe  linin.  7  lan  haogh(idh)  é)  7  roch(uaidh)  f(e);ï  gus 
an  lin;z.  7  rôlion.  7  ro  fhosd  an  srwth.  7  rô  choisg  gloir 
chn'oth  (209  glor  ghrith)  na  habhann.  7  ro  innioU  an  ga 
bulga.  eirghes  gioUa  F/r  D.  asa  shamh  (209  thaimh  neall) 
iarsin.  7  tug  a  Idmh  taraghnuis.  7  tara  agh(aidh).  rô  thech 
uadha  tar  âth  an  chomhruic.  Et  zdchonâirc  Laôgh  agin?noll  an- 
gha  bulga.  7  reaihas  gus  an;z  lin;z  7  rô  leigestair  ancl(£edh)i 
(209  cladh)  go  trie.  7  go  tin;zesnach.  7  rômheab(aidh)  an 
abhan«  ina  buin«t'^(ibh)  borbghloracha  bhedghartha  bann- 
dluithe  brùaich  bhristé  aramw^  abhaoithreime  (209  bothraidh- 
ibh).  do  ruithen(igh)edh  (209  ruamnaidhe).  7  do  roidh<3/'g- 
adh  um  Chonn.  ce.  odr/;o;zairc  ainnioll  ag  dol  ongha  bulga. 
Ro  lingestair  do  chomhthrom  talmhan  go  mbaoi  ar  bhile 
sgeithe  Fhir  D.  aga  thuarguin  (209  tair  an  sgeith  anuas).  do 
rddh  Ver  D.  buille  da  ghluin  chleith  (cf.  Z-L.  86  b  16)  for  san 
sgeith  go  mbaoi  f(or)  ocht  linntibh  andtha  (209  go  ttarla  C° 
fo  chleithibh  talmhain).  dorâdh  Ver  D.  teora  tromghona  for 
Ce.  glioïàhes  (209  gaireas  et  greaehas).  C.  c.  (go  hanbhail) 
ar  .L.  um  alamhd  do  orhabhail  uman2;ha  bulga  dimzioll  do. 
fhobair  .L.  anabhann  f(  )  dions(aighe)  (209  fuabras  Laoi 
gus  an  lin?î).  7  giàhedh  nior  leig  giolla  Fhir  D.  sin  do.  ferg- 
(aigh)tht'  Laôgh  (dariribh  ria  bhrathair)  an;z  sin.  7  hères 
sidhe  (209  et  tug  sithiugha)  dia  ionns(aigh)e.  7  iiàas  alamha 
laid/re  lanchalma  (209  leubhra  lan  ghasda)  tairis.  7  trasgraj 
go  hathlamh.  7  rô  ehrapuill  fac(et)  oir  7  (rôthaoth  uadha  asa- 
haithlé)  (209  et  tug  sithiugha  go  solaimh  sarchalma).  Rô 
lion  an  lin;z.  7  rô  innioU  an  ga  bulga.  7  rô  fhogair  do  Choin 
.ce.  anga  bulga  do  friotheolamh.  7  adbert(209  Laoi  so  sios): 

[84].  Lee.  Fowna  angai  mbulga  olintara  doUeein  do  lasan- 
sr(uth). 

Eg.  106  Fomna  fomna  an  ga  bulga  a  .Ce.  chathbhuadh(aigh) 
chleas5amhn(aigh) . 

Eg.  209.  Fomna  fomna  angaei  bulga  a  Cuchulainn  chath- 
bhuadhaighe  chloidhimh  dheairg  bhudhdhein  7  c-. 

[85].  Eg,  209  Gabhas  an  Fear  Dia  ag  cosnamh  an  Ath  for 


The  Fer  Diad  Episode.  327 

Choncculainw  gor  eirghe  an  Cucain  a  nath  leim  na  fainle.  et 
a  ccaoidh  an  tsiain  chleas  a  bhfraoithibh  na  fiormam(in)t  gor 
ghaibh  leathad  a  dha  bhonu  durlaran  ath.  daimhdeoin  an  chu- 
raidhe.  Fritheolas  Cuchulain;^  an  ban  ghaei  bulga  tre  laghair 
a  choise  dioghraise  deise.  fritheoW  an  Fear  Dia  an  ban  gœi 
do  reir  a  théiste,  do  rad  an  sgiath  lios  gottainic  tair  a  bile  isan 
sruth  Vmn  fliuaire.  et  sileus  air  Cuchulainn.  Et  adchonairc  a 
clileasaibli  nimhe  uile  air  inweall  aige.  et  ni  raibhe  a  fiiios  aige 
cia  dhiobii  do  flireigeoradh  air  ttus.  a  ne  an  cliabh  giisei  bulga. 
no  an  glaic  gheith.  no  an  leathan  ghœi  lomzsgeith.  no  an 
ceart  gh^ei  do  lar  a  bhaise.  no  an  ban  ghaei  bulga  treasan 
sruth. 

[86].  LL.  87  a  23-24.  =  Eg.  loé  Od  chona'irc  ¥cr.  D. 
aghiolla  ar  na  thraoth(adh)  7  an  ga  iarna  in;ùoll.  dorad  beim 
donsgeith  sios  danacail  ior/;/air  achuirp. 

[87].  LL.  87  a  19-46).  —  Lcc.  Gaibti  Cu  fo»aladair  7  imam- 
b(eir)  do  Fir  Diadd  àùmnrecht  achuirp  (35).  Tochomlai  amail 
oenga  comb  cetheora  randa  .xx.  (21).  Tairindi  F.  D.  sis  in- 
sciath  sis  arsodin  (23-24).  Atniiara  Ce.  cuscLungâi  osiwsciath 
corrobris  acleith  nasnai  conla  tnanaai'de  F/r  D.  (25-28). 
Tren  uindes  asdodes  (38).  Maididasnae  foidb  mochride  iscru 
(45).  Madroferaw  baig  dorochair  a  Chua  (46). 

[88].  LL.  87  a  25-46;  Eg.  io6(-42)  =  LL.  (27  gor  bhô 
leir  an  leth  thall  dé  iar  tt;'eagd(adh)  achuirp  —  30  air  néis. 
Rô  chaith  C.  c.  an  ga  bulga  alagaira  achoisi  dionws(aigh)e  F/r 
D.  (32)  —  36  dd  thoirnimh  —  38  V-42  alamh  ganlock  um 
len:  — );  (43-46):  Nicoir  taobh  retroigh  :  teid  go  moch  ar 
dth  —  rémo  dhaltân  saor  seng:  do  chlaôn  Meadhbh  molamh 
—  Tiocfaigh  brain  is  baidhbh  :  dthegh(adh)  mairm  ub  (  )- 
da  —  iosf(adh)  infuil  is  in  feoil  :  mana  sgeoil  dhuit  ahu. 
ahu. 

Eg.  209  =:  LL.  (25  fuabras  Cuchulainn  an  ceart  gh^ei  do 
lar  a  dhearnoinwe.  tair  bhile  na  sgeithe  et  tair  bhrollach  na 
luiridheet  anchonan  chneas  gear  bhudh  reail  don  leith  allurdha 
(27)  —  30  iar  ndeais.  et  iar  ttogbhail  a  sgeithe  suas  dFear 
Dia.  do  ro  dhiridhe  Cuchulain»  an  gœi  bulga  air  niotar  dion- 
saidhe  Fhir  Dia  go  ndeachaidh  (32)  —  38  is  trean  uinse  as 
do  dheis  —  41a  lamh  gan  locht  —  43  Nicloiseat  — ). 


328  Nettlau. 

[89].  LL.  87  a  47-87  b  9.  £V.  106  and  209  =  Z,Z,  (Eg. 
106,  50  ^OM?u  agh(aidh)  réhdth  andes  ag  feraibh  Eir(enn). 
leiges  (i)  —  3-4  (Et  —  ddshaigid)  V  in  Eg.  106  and  209). 

[90].  LL.  87  b,  9-25.  Eg.  209  =  LL.  (il  cora  dhuit  a 
mhor  mheanma  —  14  dom  rimirt  —  daithle  —  16  a  mhor 
mhaoidheamhtha  —  17  rosfhagaibh  —  ruir(e)c/;  —  18  go 
wbeainfeadh  molamh  —  21  ni  bheith). 

[91].  LL.  87  b,  26-36.  Eg.  106  and  209  =  LL.  (35  uair 
asiad  rôfhidir  moghniomhr(adha)  goile.  7  gaisgidhsi;  Eg.  209 
IS  anw  sin  adubhairt  Cuchulainn.  Maith  (27)). 

[92].  LL.  87  b,  36-49.  Eg.  209  =  LL.  l^j  daig  —  40 
Connacht  V  —  41  et^r  —  42  fhidchell  V  —  42  et  a  dubhairt 
na  teas  bhriartha  sa  aige  moladh  a  nFir  Dia  go  truagh  tuir- 
seach.  Ni  badh  (42)  —  42  laoch  leattrastar  —  43  ndeilinn 
datha  —  44  buibhreabh  baidhbh  beuil  dearga  —  45  ni  budh 
cruaidh  gheabhas  gach  — ). 

[93].  LL.  87  b  49  -88  a  2.  =  Eg.  106  and  209  (50  doradh- 
sad  Connachtmgh  — ). 

[94].  Eg.  106  and  20^.  Gidhedh  ni  ihiiairw^  aria/;?/;  comhrac 
as  mo  do  chuir  oram  na  dochomhr(a)c  sa.  7  chomhrac  aoin- 
fhir  ek  .1.  maôn  m(i)c  fein  (209  aon  mhic  Aoife). 

[95].  LL.  88  a  2-18;  Eg.  209  =.  (3  ardot  chla^datli  —  5 
budlî  dursan  air  sior  sgaradh  —  6  ag  Sgathaidhe  saig  Ma- 
nan7mn.  iondair  —  7  g  us  an  »îbas  «ibrass  —  eascairdeas  — 
9  nglanda  —  10  taladlia  wrlabhra  —  11-13  V  —  14  o  do 
char  gai  angliadh  —  15  aria/;//;). 

[96].  LL.  88  a  19-25.  Eg.  106  and  209  ^^  LL. 

[97].  LL.  88  a  26-33.  —  Lee.  Dursan  aeo  oir  a  F.  D.  aain. 
a  bailcbemnig  chain.  babuadach  dolam  (26,  27).  arcomaitw^ 
coem.  aairer  nasul.  dosciath  combil  oir  (30).  docloidem  ba 
coem.  Tornasc  arcait  bain.  i/»mo  dolaim  soir.  Dfliithchell 
bafiu  moir  (31).  DogrMadli  corcm  choin.  Do  barr  buidechas 
babras  (28).  ba  cai/îsetdo  cris  duill(ech)  mœth.  nobith  imod- 
thoeb  (29).  dothoitim  fn'aCu.  (32)badirsan  aLoeg.  niranacht 
dosciath.  no  bid  lat  f/'/afeidm,  arcomracc  incor-  armaircc  asar- 
ndeilm.  bacai/x  inscal  mor.  nobristi  arcach  sluag.  nocw/rthea 
fotrmg.  dwfsan  aeo  oir.  a  Fir  D.  (33). 

Eg.  106  and  209  =  LL.  (27  a  bhailc  beimn(igh)  b(adh) 


The  Fer  Diad  Episode.  526 

caoimh  ;  209  a  bhailc  bheidhmean«ach  chaoimh  (=  Lee.')  — 
28  Dobharr  buidhecas  :  ba  bras  bâ  caoin  séad  —  30  Ar  ccom- 
altus  ba  caoimh  (so  m  Lee.};  badh  cain,  Eg.  209;  cain  L. 
Z,.),  —  32  nir  bô  cumhac/;fa  caoin  ;  209  nior  bhudh  comhaidh- 
is  caoimh.). 

[98].  LL.  88  a  34-37.  Eg.  106  =  LL.  —  7  rô  bheanw  an 
ga  bulga  as.  gon(adh)  i  sin  Oigidh  Fhir  Dia  go  nuige  sin. 
finit,  (endof  Eg.  106). 

Eg.  209  ^=  LL. 

[99].  LL.  83  a  37-88  b  29.  Eg.  209  ==  LL.  (i  Rainweall 

—  et  Ruadha  mhacForniuil  —  7  daimhneanw  is  daimhuileanw 

—  9  leathan  lantirc  —  12  beithdis  easarga.  idir  fein«eadha 
finwealga —  18  ata  dhe,  do  dhaltanaibh  Çalso  22)  —  19  gan 
aon  ni  diomluath  —  20,  21  V  —  23  on  ghleo  fhrithir  thurach- 
ras;  —  25  a  Chuagain). 

[100].  LL.  88  b  29-52.  —  Lee.  7  idem  :  Cluithe  cach  caine 
cach.  co  Fer  Diad  isindath  (31).  d«rsan  uaitne  oir  f(or)  fuir- 
medh  f(or)  ath  (38).  Cl(uich)i  cach.  caiwe  cach.  co  Fer  D. 
isindath  (42).  indar  iimsa  Ft'r  dil  Dia(d).  isamdiaid  nobiad  co- 
brath  (43). 

Eg.  209  ^=  LL.  (29  go  ndubhairt  an  laoi  —  32  ro  dhrui- 
nms  rath  —  35  ionan?î  astar  uathadh  —  after  35  :  37  —  san 
Ath.  Sgathach  tug  da  sgiath.  dhamhsa  is  dFear  Dia  trath.  + 
40  etc.  —  41  baoth  iomar  bhrat/;;  before  l.  44  :  Cluidhthe  gach 
gaine  caich.  go  roiche  Fear  Dia  san  Ath  —  52  fear  no  thu. 
Con  e  sin  comhrac  Fir  Dia  agas  Choncculain. 


A  lyth  cent,  paper  Manuscript,  marked  Nr.  16  in  the  Fran- 
ciscan  Convent,  Dublin  contains  besides  Breislech  Mhuige  Muir- 
themhne  (pp.  5-18),  a  story  about  king  loruaith,  his  sons  Cod, 
Cead,  Michead,  about  lollann  etc.  (pp.  23-83),  a  collection  of 
poems  (pp.  103-216),  and  the  story  of  the  death  of  Cerbali  and 
Farbhluidh  (pp.  217-230;  end  of  the  Mss.)  the  death  of  Fir 
Diad  (pp.  83-102).  This  text  begins  thus  (p.  83)  : 

Comrag  Fir  Diath  et  C^07KCul(ainn)  andso. 

Revue  Celtique,  XI.  22 


J30  Nettlau. 

ASandsin  dohiomraideadh  ag&roibh  Eirionw  cia  budh  coir 
dochathughadh  et  dochr(uadh)chomhrag  re  Coin  ccathbhuagh- 
(ach)  Ccul(ainn)  amocha  na  maidne  arnamarach.  Adubradar 
cach  uile  gurabe  an  feidhm  n(a)c/;  (ulomgiher  Et  anborbfrea- 
gartach  biodhb(adh)  7  an  tren  mhil(idli)  trasgartha  trow- 
chomMoin»  Et  an  caghain  chneasach  ahiorrwj  Domhn(an)  .i. 
dile  7  dearbhchomhalta  C6inchul(ainn)  b(udh)dhein  Et  acheile 
comhghaiscidh.  7  comflioghlama  .i.  Ver  D.  m(a)c  Domh(ain) 
mie  Daire  Domnnandoigh  .i.  an  mil(idhi)  ar  morchalmac/?/  os 
feroibh  Domnù.nn  uile,  ôr  ni  raibhe  clcas  goile  no  gaiscidh  ag 
Coin  .ce.  nachraibhe  ag  Fior  Dh.  acht  cleas  anghaoi  bhulga 
nama.  gidheadh  darleosan.  dobi  iongabliail  anchleasa  sin  fein 
ag.  Fior.  Dh.  doigh  aschneas  coghna.  7  cnamha  baoi  uime 
g(on)  nach  gondaois  airm  naidiolfhaebhoir  anam  catha  no 
comhl(ainn)  é. 

Arsin  faoigheas  Meadhbh  feasa  Et  teachda  archeand  Fir  Dh. 
ro  ér  Et  ro  aiter  Feir  D.  natec/;/a  sin  or  daithin  antadhbhur 
fa  raibhe  .M.  dia  tochuir  7  etc. 

and  ends  (p.  102)  :  Asa  haithle  sin  adap(air)t.  Ce.  ni  denad 
fir  h£'r(enn)  fir  fear  a  ccomhl(aun)  na  feineachus  flatha  dui»e 
tareis  Fhir  Diagh  do  thuiti//i  lin??  amhl(aidh  sud)  (cf.  LL. 
87  b  6-7).  oir  dofheadadar  nach  bfhuil  aca  aoinfhfr  dar  thea- 
cht^i  docomhrac  riomsa  tar  eis  Fhir  Dhiagh.  oir  ni  dingne 
Connacht(a)ch.  re  cath  Mumhan  g(an)  iomr(adh)  re  Fear  D. 
oir  ni  dinglamh  laoich  ledeoraj  curna  crt'ac  7  ni  huaidredb 
baidhbhe  beild^rge  fa  sgoruiph  sgathuighe  comhr(a)c  Fir  D. 
gurthuit  donlathairsin  (cj.  LL.  87  b  42-45). 

Asa  haithle  sin  cosguir^j-  Laogh  e  7  heanas  angaoi  bulga  as 
(cf.  LL.  88  a,  36,  37)  7  teid  andeaghaidh.  Ce.  7. 

iompôighiscrwthdo  Coin  .ce.  aga  cloïsieacbt  nadeagh(aidh). 

Cidh  imandenas  in  elogh  erotha  sin  aCûagain  bar  Laogh.  dar 
liom  ol  .Ce.  ase  Fer  D.  ata  agumthsaighe  gaeh  leth  diattei- 
ghim  7 

as  cluithe  dhamh  g(a)c^  comhrae  da  ndeirnus  riamh  gusan 
ccomracsa  Fir  Dhiag.  (cf.  LL.  88  b,  27-29). 

cconade  comhrae  Fhir  Dhiagh  agas  Chonecoll(uinn)  go 
nuigesin.  7r.  finis. 


i 


The  Fer  Diad  Episode.  ^ji 


Notes  to  i-ioo. 

a.  Eg.  io6  :  on  lûan  samhuin  ;  cf.  Zimmer  pp.  545-6(^1,. 
version). 

b.  Conall  Cernach  is  «  accriochaibh  anaithnidh  allmhurdhd 
agtabhach  ciosa  7  cdna  Ul(adh)  »  ;  this  is  not  mentioned  in  the 
other  versions  of  the  T.  B.  C,  but  corresponds  to  Cath  Ross 
na  Rïg  (LL.  iji  b;  Zhnmcr,  pp.  491-2).  He  is  mentioned 
in  LL.  87  b  33  together  with  Loeg  and  Fergus,  no  allusion 
being  made  as  to  his  absence,  but  that  passage  is  to  gênerai 
to  allow  to  décide,  whether  Conall  was  really  absent  accor- 
ding  to  LL.,  or  whether  this  be  the  last  trace  of  his  présence 
in  LL.  too,  the  others  having  been  eliminated  by  the  immé- 
diate compiler,  to  make  his  text  square  with  the  later  Cath 
Rossna  Rîg  story.  He  occurs  in  Lee.  in  the  list  of  the  Ulstermen 
(LL.  94  b),  coL  837  after  the  enumeration  of  the  hosts  of  the 
Ulstermen  by  Mac  Roth  :  «  Ni  thanic  di  Conûl  Cernach  cond. 
mor  buidi?z,  or  M(a)c  Roth,  nithangadar  iri  meic  Concobar 
ccnatri  coectaib  cet.  Ni  thanic  ira  C(u)c(hulainn)  and  iarna- 
crechtnug(a)d  mn  ecowlund  »  ;  col.  640  (after  the  list,  LL. 
102  a)  «  Imth//ja  Concul(ain)  im(orro)  is(edh)  iwdister  sund 
coleic.  feg  dui?zd  amopoppa  a  Loig,  cmàus  fechta  Ulaid  in- 
cath  i«dosa.  is  ferda  olintara  cia  conualaindse  mocharp(at)  7 
oen  ara  Conaill  Cernaich  dï  inacharp(at)  cotiasmais  onoiti  (1- 
e,  written  over  o)  diaraile  di;z  diumregad  crua  na  fonnad  tr/t  »  ; 
col.  642  after  Cormac  Conloinges  had  saved  the  life  of  Con- 
chobar  in  the  way  told  in  LL.  102  b  Conall  Cernach  gives 
the  same  advise  again  to  Fergus  («  Clig  natulcha  tairrsiu  7  na- 
dusu  iwpu,  ol  Conall  C.  ;  Cormac  had  said  :  «  Ben  a  iri  tel- 
cha  iarsiu  di  dolaiw  slig  i;?imud  do  cach  leith  »  etc.');  Fergus 
acts  accordingly  and  Cuchulinn  heard  this  (LU.  version),  «  no  » 
he  struck  thèse  bloms  «  forsciath  Concob(air)  fodeisin  »  (LL.  ver- 
sion). So  we  see  for  the  second  time  (the  first  case  was  the  tel- 
ling  of  the  Macgnimrada)  Cormac  taking  the  place  of  Conall 
in  the  LL.  version  and  in  that  LL.  version  which  is  used  in 
LU.  and  Lee.  too  (this  version  I  shall  henceforward  design 


332  Neîtlau. 

by  :  11  version).  That  originally  the  LU  and  LL  versions 
only  differed  with  regard  to  this  point  in  Conall  being  with 
the  Ulstermen  (LL.)  or  with  Medb  (LU.)  and  that  his 
absence  as  told  in  Catb  Ross  na  Rïg  is  a  much  later  story,  in- 
vented,  may  be,  to  give  a  basis  to  that  later  taie,  is,  I  think, 
shown  bythe  following  from  Lee.  (col.  625):  «  7  am(ac)  Co- 
nall Chernach  anais  lais  ocathimthirecht  diclochaib  7  gaib  », 
se.  Amairgin,  his  father,  who  had  come  to  fight  the  Con- 
naughtmen  (LL.  92  b  39-93  a  30).  This  I  hold  to  be  taken 
from  the  XX  version  and  to  be  a  rest  of  what  was  told  about 
Conall  until  his  name  was  used  for  Catb  Ross  na  Rïg. 

c.  Fraoich  mac  Fiodhaigh  :  ef.  Zimmer  p.  495  ;  he  is  not 
mentioned  in  the  LL.  version;  so  Eg.  106  coïncides  in  a)  ria 
samhuin  andb)  Conall  Cernach  with  the  LL-,  but  in  c)  Fraoich 
w^ith  the  LU  version. 

2.  Eg.  106.  tuairgain  darach  do  dornaibh,  cf.  H.  2,  12,  // 
«  tesargain  darach  do  dornaibh  »  where  other  such  proverbial 
expressions  occur. 

Lee.  a)  in  feidm  nach  fuilingther  :  also  in  the  Franciscan 
Couvent  Ms.,  but  not  in  Eg.  106  and  209. 

b")  in  bairi?zd  leccbratha;  cf.  Eg.  106,  i)  «  as  brogh  leomh- 
ain.  Et  as  maidhm  dibfheirgé.  Et  as  barrann  brdtha.  Et  is 
tonw  bhaidhthe  biodhb(adh)  é  »  and  Zimmer  pp.  516-7;  (in 
Lee.  this  word  occurs  not  in  the  passage  corresponding  to  LL. 
93 'a,  8,  9  «  comma  frecraidis  naclocha  ïsm  naer  »). 

12.  Lee.  Diatoichle  etc.  cf.  Z.  pp.  481-2.  To  LU.  67  a 
23  etc.  corresponds  in  Lee.  :  23  rod  bia  cadan  coleith;  24  dia 
tonda  dî  iasc  annesaib  no  anindbi^raib  rodbia  eo  .i.  bratan  etc. 
(LU.  version,  Z)  ;  to  LU.  68  b  17  etc.  corresponds  :  dia  tonda 
iasc  isnahaibnib  no  isnahi;/dbt'raib  robia  bé  coUeith  araile.  diati 
iall  imasf  rotbia  ca::uth  colleith  araile.  dorun  biroir  no  fémur, 
dorun  fochluchta  deog[a]  degani/n.  Teacht  innath  ardochend 
tis  mathecr[a]  tim[f]aire  coco?;/thola  rotbia  (LL.  version,  Z.). 
Ms.  Eg.  1782  has  (LU.  67  a):  caud  —  diatonda  dan-  iasc 
aninbera  rowbia  iech colleth  alailiu.  Rowbia  natngaiss  .i.  (27); 
27  fochlochta;  (LU.  68  b):  18  Dia  tonna  iasc  isnahinbfruib 
rotbia  eu  coleth  arale.  Diati  iall —  19  cad  colleith  —  20  dornn 
fothluchto.  Ifwe  compare  the  words  of  Lee.    12  (col.  612) 


The  Fer  Diad  Episode.  3JÎ 

Diatoichle  etc.  with  LL.  71  b  17  etc.  and  with  the  two  texts 
in  LU.  we  find  them  agreeing  with  the  LL.  text  and,  since 
they  are  not  found  in  LL.  we  seem  bound  to  ascribe  them  to 
the  AÀ  version.  Certainly  their  existence  inthree  différent  places 
is  better  explained  if  we  look  at  them  as  an  indiffèrent  often 
repeated  formula,  than  by  using  them  as  a  means  to  establish 
the  identity  of  différent  épisodes  in  différent  texts  as  Zimmer 
does  (pp.  481-482).  If  this  passage  did  occur  in  LU.  where  it 
is  lost,  Z,  must  needs  be  to  assume  that  it  was  first  taken 
by  Fland  Mainistrech  from  the  x  version  (Lt7.  .67  a),  then 
from  the  LL.  version  {LU.  68  b)  and  for  the  third  time  from 
the  aX  version  (^Lec.  col.  612);  besides  this,  as  LU.  68  b  (LL. 
version)  does  not  agrée  with  LL.  71b  nor  with  Lee.  612 
(aX  version)  it  must  hâve  been  taken  from  a  LL.  version  which 
was  neither  LL.  nor  XX,  the  LL.  version  known  elsewhere  to 
the  compiler  ofLt/.  (Lee.,  Eg.  1781).  So  if  the  end  of  theLf/. 
version  had  not  been  kept  in  Lee.,  Zimmer,  pp.  481-2  might 
hâve  met  with  no  opposition.  A  few  lines  afterwards  (LL. 
82  a  13-15)  we  find  :  on  luan  iar  sawfaiw  (14),  in  Lee.  If  we 
may  conclude  from  the  différence  of  the  passage  quoted  (Dia- 
toichle ete.')  in  LU.  67  a  and  68  b  and  LL.  71  b  and  the  iden- 
tity oî  Lee.  612  and  LL.  'ji  b,  that  LU.  67  a  and  68  b  are 
taken  fiom  the  x  version  and  LL  71b  and  Lee.  612  from  the 
XX  version  (of  which  LL.  seems  to  be  a  Ms.  a  little  more  uni- 
fied  and  simplified  than  the  original)  we  must  ascribe  iar  of 
the  LU.  version  (LL.  n')  to  the  compiler  of  the  LU.  and  Lee. 
texts,  who  seems  to  hâve  introduced  it  hère  into  a  XX-  passage. 
This  fact  would  enable  us  to  warn  to  ascribe  passages  with  iar 
samain  in  ail  cases  to  the  x  version;  the  compiler  simply  had 
the  idea  that  iar  samain  was  right  and  introduced  it  in  what- 
soever  passage  it  would  be  necessary. 

50.  With  this  poem  the  fuU  text  in  the  B.  of  Lecan  ends 
(col.  618);  the  following  short  account  of  Fer  Diad's  final 
struggle  with  Cuchulinn  is  written  in  a  hand,  similar  to  that 
of  the  scribe  of  the  other  parts  but  with  more  récent  ink. 
It  comprises  eols.  618  and  a  part  of  619,  then  follows  an  al- 
most  illegible  note  by  one  Cathal,  mentioning  the  year  1770; 
the  rest  of  col.  619,  col.  620  and  the  two  following  cols,  (on 


334 


Nettldu. 


the  back  of  this  fol.)  are  blank.  The  full  text  recommences 
on  col.  619  (=  LL.  89  a  i)  and  is  complète  until  the  end. 

51.  H.  2,  12  owluan  REsamai?^.  Cf.  the  notes  to  1  and  12. 

80.  Dolbh  and  Indolbh  ;  on  Dolbh  see  Zimmer,  p.  605- 
606. 

83.  On  Aodh  or  Idhe  see  Windisch,  Irische  Texte,  II, 
p.  199,  n.  4. 

84.  Fomna  —  this  word  occurs  in  Cuchulinn's  fight  with 
Cùr  in  LU.,  written  foghna  in  the  corresponding  passage  of 
Ms.  Eg.  93  (which  differs  in  this  part  bothfromLt/.  and  LL.}. 


The  results  of  the  preceding  comparison   of  our  Mss.  are 
comprehended  in  the  following  synopsis. 


LL. 


81  a  21-45 
81  a  45-81  b  3 


81  b  i-./i 


81  b  45-46 
81 b  46-50 


Ms.  Eg. 
209 

Eg.  106 

l 

Y.  B. 
OF  Lecan 

H.  2,  12 

-2,  3 

-2,  3 

«^'2,3 

-  4 
[after 

—  4 
9:    (5) 

>4 

—  5 

6 

(=28) 

7 

—  7 
(8) 
(10)] 

—  7 

-  9 
S 
6 

7 

-  9 

—  5 

(=28) 

7 
8 
10 

-  9 
(5) 

(7) 

—  II  a 

-  iib 

-  iib 

(introduction) 


(Fer  Diad  and  Medb,  on  the 

gifts) 
(poem  :  Feaidhm  ismo,  etc. 
(Fer  DiadgoadedbyMedb's 

lies  about  Cuchulinn). 
(Fer  Diad  made  drunk  by 

Medb) 
(Fer  Diad  pledged  to  fight 

with  CuchuHnn) 
(poem) 
(see  above) 
(  - 
(  - 
(  - 
(       - 


i.  Parts,  marked  c-^  agrée  more  or  less  with  LL.  ;  parts  marked  ^  dif- 
fer  alltogether  from  it. 


The  Fer  Diad  Episode. 


ÎÎ5 


LL. 

îi  b  '50-82  a  9 


82  a  11-17 
82  a  17-18 
82  a  1^-43 


82  a  44 


82a  45-51 

82  a  52-82  b  6 

82  b  7-1 1 

82  b  11-12 

82  b  13 


82  b  1^-2$ 
82  b  26-28 


Ms.  Eg. 

Y.  B. 

209 

Eg.  106 

OF  Lecan 

H.    2,    12 

—    12 

—    12 

>I2 

13 

-    13 

-    13 

—    15 

14 

—    14 

16 

16 

16 

-    17 

—    17 
19 

-    17 
18 

—   20 

—    20 

—    20 

(34) 

—    21 

—    22 

—  22 

<rvû   22 

-    23 

-  23 

c^   23 

—    24 

-  24 

>24 

-    25 

-  25 

26 

—  26 

-    26 

-    27 

-  27 
28 

29 

-    30 

—  50 

C^2     30 
31 

(dialogue  between  Fergus 
and  Cuchulinn  ;  on  cnes 
congna) 

(dialogue  continued) 

(poem) 

(end  of  the  dialogue). 

(Fergus  went  home  that  he 
might  not  be  suspected 
to  be  a  traitor  if  he  sta- 
yed  longer  with  Cuchu- 
linn) 

(Cuchulinn  on  Loeg's  ad- 
vise  went  this  night  to 
Emer,  his  wife). 


(ni  lia  molas  duinn,  etc.) 

(refers  to  10,  8,  and  the 

poem     Feidhm    as    mô 
etc.  (6)). 
(poem) 

(Fer  Diad's  celebrad  do  fhe- 
raibh  Erenn  (thrice); 
dialogue  between  Aihll 
and  Medb  ;  Fergus  went 
to  the  Ath  before  Cuchu- 
linn whom  he  believes  to 
hâve  left  from  fear  of  him; 
his  charioteer  reminds 
himofCuchulinn's  deeds 
of  valour  in  the  fights 
with  German  Garbglas 
(c/.LL.  88346,  etc.)  and 


?36 


Nettlau. 


82  b  28-34 


82b  35-3 


82  b  38-40  —  35 
82  b  40-44  —  36 
82  b  44-50  —  37 
82  b  51-83  a  7  —  38 
83  a  8-10  I—  39 
8^  a  11-21 


Ms.  Eg.  y.  b 

209        Eg.  loé    OF  Lecan  H.  2,  12 


—    32     —    32 

33(-) 


34 


83  a  22-39 
83a  40-83b  3) 


53  a  22-^c) 

83  a  40-83  b  3 

83  b  3-4 

83b  4-23 


8^  h  2^-84  a  4 


41 


34(-) 

-  35 

-  36 

-  37 

-  38 

-  39 

-  41 


(— )  42  —  42 


(—42 

-  47 


42) 
47 


<32 
(cf.  32) 


(=21) 


<r«o>37 

>38 
^>39 
40 


(46) 

>42  — 

43  - 


45 

46 

-47- 
49 

50 


c^i  42 

[43?] 
44 


c^  45 
c-o  47 

-  49 


51 


the  rechtaireof  Scathach. 
Fer  Diad  blâmes  him). 

(Fer  Diads  charioter  ag  for- 
aire  etc.  as  he  was  told 
to  do  (in  32,  Lee). 

(see  above  ;  Cuchulinn 
went  to  Emer). 


(Lee,  cf.  32  and  33.) 

(poem) 

(Fer  Diad  rises  and  takes 
his  arms). 


(description  of  Cuchulinn 

and  his  charioteer). 
(Fer  Diads  charioteer  ex- 

tols  Cuchulinn's  strengt  h 

and  valour). 
(He  is  seriously  reproved 

for  this  by  Fer  Diad). 
(poem) 


(Fer  Diad  calls  Cuchulinn  : 
Cua  ;  glossarial  expia- 
nation  ofcwa). 

(poem)  (End  of  the  fuller 
text  in  Lcc). 

(dialogue  between  Cuchul- 
inn and  Fer  Diad  ;  on 
luan  re  samain;  comrac 
re  seisir  laech  etc.). 


The  Fer  Diad  Episode. 


n? 


LL. 

84  a  5-8 
84a  9-31:  53 

84  a  31-34 
84a  43-84  b  50 


Ms.  Eg. 

209 

-52 


—  54    -   54 


Eg.  106 
-    52 


55 


84  b  5 1-85  a  3 


85  a  3-47 


85  a  47-85  b  3 

85  b23 
85  b  24-26 


85  b  26-36 


85  b  37-45 
[84  b  45-49] 


—  55 


-  59 


61 


63 

64 

65 
66 


Y.  B. 
OF  Lecan 


59 


—  61 


-63 
64 

(prose) 
-6s 
—  66 


70 


-  70 


H.  2,  12 


<^  5S 
56 


57 


58 

c-o  59 
60 


c>o   61 

62 

c-o   63 


c-o  66 

67 


69 


(Fer  Diad  sends  the  advise 
to  Ailill,  to  send  the 
host  with  the  steer  and 
the  other  spoil  away  ; 
Fergus  warns  them  against 
doing  so  as  nothing 
would  keep  back  Cu- 
chulinn  in  case  he  heard 
that  the  steer  etc.  were 
driven  away). 

(CuchuHnn  rises  and  speaks 
with  Loeg  whilst  wait- 
ing  for  Fer  Diad). 

(dialogue  between  Cuchul- 
inn  and  Fer  Diad). 

(Fer  Diad  and  Cuchul- 
inn  first  display  their 
cless's  as  on  the  day  be- 
fore). 

(dialogue  between  Cuchul- 
inn  and  Fer  Diad). 


c^o  70 
)-7i 


(^z  60,  as  on  both  days 
before). 

(the  spectators  apprehend 
that  the  fight  now  takes 
a  serious  turn). 

(the  Brega  are  not  men- 


3î8 


Netîlau. 


LL. 


85  b 46-86 a  25 
86  a  25-36 


(8)-i8 


Ms.  Eg. 

209 

Eg.  106 

Y.  B. 
OF  Lecan 

H.  2,  12 

72 

73 
74 

(The 
shorte- 
ned  text 

(End  of 
the   frag- 
ment in 

in  the- 

Ms.  H  2. 

Y.  B.of 

12). 

Lecan 

begins) . 

-  75 

—  75 

-  76 

-  76 

oo<76 

77 

78,79 

—  78,79 

c^< 

80 

-  80 

78,79 

81 

-  81 

tioned  in  Mss.  Eg.  106 
and  209). 

(Fer  Diad  comforted  by 
Medb;  he  cannot  sleep 
this  night). 

(Cuchulinn  wants  to  send 
Loeg  to  rise  the  Ulster- 
man;  Loeg  cures  his 
wounds  and  he  sleeps). 

(Fer  Diad  went  to  the  Jth 
before  Cuchulinn  ;  [hère 
the  Ms.  breaks  offj). 


(Loeg  abuses  CuchuHnn, 
as  he  was  told  to  do  un- 
der  certain  conditions, 
evidently  before  the  fight 
commenced). 


(Dolbh  and  Inâolhh,  two  si- 
dhe,  went  to  the  right 
and  left  of  Cuchulinn,  to 
support  him  as  they  al- 
ways  did  when  he  was 
in  danger.  Fer  Diad 
when  objecting  to  Cu- 
chulinn, that  this  was 
not  fair  play,  is  reminded 
of  his  cnes  congna.  Fi- 
nally  Fer  Diad  kills  the 
two  sidhe). 
i  (When  Loeg  sees  Cuchu- 


The  Fer  Diad  Episode. 


3Î9 


LL. 

Ms.  Eg. 
209 

Eg.  loé 

87  a  18-22 

-   82 

-    82 

83 

-   83 

84 

-84 

85 

87  a  23-24 
87a  25-46(42) 

86 

-  88 

KJ\J 

—88 

87  a  47  b  9 

87  b  Ç-2S 

87  b  26-36 

87  b  36-49 

87  b  49-88  a  2 

-  89 
90 

-  91 

-  92 

-  93 

89 

-  91 

—  95 

94 

—  94 

88  a  2-18 

-  95 

88  a  19-25 

-  96 

-  96 

88  a  26- S3 
88  a  34-37 

-  97 
(poem) 

-  98 

-  97 

(poem) 
-  98 

(End  of 

Ms.  Eg. 

106). 

Y.  B 
OF  Lecan 


57 

(85+86+88) 


97' 


H.  2,  12 


linn  fiercely  attacked  by 
Fer  Diad,  he  abuses 
him  ;  Cuchulinn  gets 
angry  and  is  described 
in  terms  somewhat  si- 
milar  to  thèse  of  LL. 
86  b  [his  distortion]. 

(Loeg  sets  the  gae  bulga 
upon  tlie  stream;  he  is 
several  times  hindered 
from  doing  so  by  his 
brother  Aedh,  thechario- 
teer  of  Fer  Diad,  whom 
he  kills  at  last). 

(Fomnafomnaangai  mbul- 
ga,  e/c). 

(Fer  Diad  and  Cuchulinn 
with  the  gae  bulga). 


(poem) 


(Cuchulinn  remarks,  that 
only  his  fight  with  his 
and  Aoife's  son  was  as 
difficult  for  him  than 
that  with  Fer  Diad). 


340 


Nettlau. 


LL. 

a  î7-b  29 
8  b  29-52 


Ms.  Eg. 

209 

Eg.  106 

Y.  B. 

OF  Lecan 

H.  : 

,   12 

-  99 

—  100 

100<r>o 

The  uncontested  fact  that  the  LU  text  contains  the  mate- 
rials  of  LL.  and  a  number  of  différent  versions  of  épisodes  and 
some  new  épisodes  can  be  tested  again  by  the  conclusions  which 
it  is  easy  to  draw  from  the  preceding  synopsis  and  the  extracts 
from  the  Mss.  The  manner  in  which  Fer  Diad  is  finally  in- 
duced  by  Medb  to  pledge  himself  to  fight  CuchuHnn,  parts  of 
the  dialogue  between  Fergus  and  CuchuHnn,  Cuchulinn's 
nightly  visittoEmeron  Loeg's  advise,  Fer  Diad's  taking  leave 
from  the  Connaughtmen  and  Medb's  comments  on  it  to  AiHll, 
Fer  Diad's  conversation  with  his  charioteer  on  Cuchulinn 
and  the  réminiscences  of  their  former  comradeship  told  by  the 
charioteer  (31),  Fer  Diad's  waiting  for  CuchuHnn  on  the  first 
morning,  the  description  of  Cuchulinn  and  his  charioteer, 
thèse  and  a  number  of  smaller  détails  of  the  Y.  B.  of  Lecan 
text  (which  is  a  Ms.  of  the  LU.  version,  independent  from 
Lt/.)  represent  other  versions  of  or  additicms  to  the  parts 
of  LL.  —  Mss.  Eg.  209  and  106  cannot  be  separated  from 
each  other;  in  a  great  number  of  points  they  agrée  only 
amongst  themselves  and  differ  from  LL.  and  Lee.  In  what  they 
differ  amongst  themselves  must  be  partly  attributed  to  the  late 
corruption  of  Ms.  Eg.  209  which  I  hâve  found  to  exist  by 
comparing  parts  of  it  with  Mss.  of  the  same  rédaction,  like 
Stûwe  Ms.  984  and  Add.  Ms.  18748;  whether  the  same  is  the 
case  with  Ms.  Eg.  106  a  comparison  with  the  numerous  other 
Mss,  of  the  Fer  Diad  épisode  will  show;  f  .i.  the  Franciscan 
copy,  the  only  other  one  which  I  hâve  as  yet  seen,  differs 
considerably  at  the  end  and  contains  even  things  not  told  in 
LL.  and  Eg.  209  and  106.  Eg.  106  and  209  contain  on  the 
whole  the  modernised  LL.  text  (as  in  the  rest  of  Eg.  209, 
Add.  Ms.  18748,  Stowe  Ms.  984)  with  interpolations  from  the 
LU.  (Lee.)  text.  Thèse  interpolations  are  for  the  greater  part 
common  to  both,  but  it  can  be  plainly  seen  from  e.  g.  the  va- 
riants of  the  poem  (ly)  or  the  account  of  Cuchulinn's  visit  to 


The  Fer  Diad  Episode.  341 

Emer  etc.  that  Eg.  106  agrées  often  with  Lee.  where  Eg.  209 
agrées  with  LL.  To  form  a  right  judgment  on  Eg.  209  it  is  im- 
portant to  know  that  the  whole  remaining  text  of  the  Tain  con- 
tains  but  a  small  number  oi LU.  {Lee.)  influences,  but  some 
undoubtedly  exist.  If  only  the  Fer  Diad  épisode  oîEg.  209  had 
been  kept,  what  wrong  conclusions  might  hâve  been  drawn 
from  it,  as  to  the  interpolations  from  the  L  U.  version  in  the 
late  LL.  texts  !  So  we  know  that  only  just  this  part  has  been 
interpolated  from  Lee.  and  no  other  in  any  larger  degree.  — 
Things  become  not  clearer  by  the  existence  of  Ms.  H.  2,  12. 
A  few  words  of  it  (in  42  and  the  gloss  on  cua  49)  agrée 
with  Lee.  but  otherwise  it  contains  a  great  number  of  new 
materials  not  met  with  in  the  other  Mss,  So  the  words  of  Fer 
Diad  to  his  charioteer  in  45,  the  advise  of  Fer  Diad  to  Ailill 
to  send  the  steer  and  the  other  spoil  away  etc.  (56),  Fer 
Diad's  and  Cuchulinn's  conversations  (55  where  a  number 
of  persons  with  whom  they  had  fought  before  are  named,  and 
58,  62),  the  cless's  displayed  every  day  before  the  other 
manners  of  fighting  are  resorted  to  (éo,  67),  the  spectators 
(69,  cf.  56),  Fer  Diad  and  Medb,  the  last  night  (72),  Cuchu- 
hnn  and  Loeg,  the  last  night  (73),  Fer  Diad  on  the  mbr- 
ning  of  the  last  day  (74),  where  the  fragment  ends.  It  is  re- 
grettable that  the  Lee.  text  is  déficient  on  most  of  thèse  places, 
but  the  few  corresponding  passages  kept  (42-50)  and  the 
fact  that  ?ione  of  the  H  2,  12  additions  are  interpolated  in  Eg. 
209  and  106  as  many  of  the  Lee.  text  are,  tend  to  show  that 
H  2,  12  contains  an  independent  text.  The  gloss  on  eua  in 
59  (==:  Lee.)  on  one  side,  and  re  samain  and  the  eventual 
fight  of  Fer  Diad  with  six  Connaughtmen  in  5 1  (t=  LL.) 
show  influences  oiboth  texts  on  if .  2,  12.  I  am  not  surprised 
at  the  existence  of  such  a  text  as  I  know  the  fragment  of  the 
Tain  in  Ms.  Eg.  93  which  contains  numerous  independent 
parts  together  with  some  agreeing  close  with  in  one  case  LU., 
in  the  other  case  LL.,  but  on  the  whole  showing  a  marked  LL. 
influence.  I  know  that  Ms.  H  2,  17  contains  two  large  frag- 
ments of  the  Eg.  93  version,  of  which  I  hâve  no  copies; 
perhaps  they  contain  the  Fer  Diad  épisode.  At  any  rate  I  can 
assert  —  and  from  my  article  on  Eg.  93  it  shall  be  seen  —  that 


342  Nettlau. 

H.  2,  12  is  not  of  the  Eg.  93  character  in  so  far,  asinthis  Ms. 
épisodes  of  LU.  or  LL.  occur  more  or  less  Verbatim.  One 
explanation  would  be  that  H.  2,  12  (being  an  £"0-.  93  version) 
followed  tlie  missing  parts  of  Lee,  but  this  cannot  be  proved 
and  the  non  existence  of  interpolations  from  tlie  missing  Lee. 
parts  in  Eg.  209  and  106  is  an  argument  against  it.  Or  are  we  to 
assume  that  the  deficiency  in  the  Lee.  text  is  old  and  the  non- 
existence  of  Lee.  interpolations  in  Eg.  209  and  106  is  a  con- 
séquence of  it  ?  In  that  case  we  might  hold  H  2,  12  for  the 
Lee.  or  the  Eg.  93  version  text  which  would  be  practically 
the  same  as  the  Eg.  93  text  too  would  be  the  Lee.  text,  per- 
haps  with  independent  additions.  Another  crucial  point  is  the 
short  account  of  Fer  Diad's  death  in  Lee.  Extracts  from  larger 
texts  hâve  been  sometimes  made  on  account  of  the  glossed 
words  occurring  in  them,  so  trom  the  Tripart.  Life  of  Patrick 
(see  Stokes,  I,  pp.  xlvii-lvii)  or  from  the  Cath  Catharda  in 
Ms.  //  3,  18,  but  the  small  text  in  Lee.  is  not  of  that  cha- 
racter. We  cannot  hold  it  for  an  extiact  from  the  LL.  text, 
nor  consider  it  to  be  independent  trom  the  Lee.  text  which 
Eg.  209  and  loé  seem  to  hâve  known  in  this  place  again, 
cf.  84,  nor  hold  it  to  be  the  real  Lee.  text.  So  I  think  it  is 
an  extract  from  a  fuller  Ms.  probably  of  the  Lee.  or  even  the 
aX  type  ;  the  language  shows  that  it  is  rather  old. 

The  preceding  remarks  permit  thèse  conclusions  with  regard 
to  the  text  of  the  Fer  Diad  épisode  : 

1.  Lee.  (up  to  50)  =  LL.  -\-  other  versions  of  épisodes 
and  additions,  hke  LU. 

2.  Eg.  209  and  ro6  are  based  on  the  LL.  text  with  Lee. 
interpolations  (up  to  50). 

3.  Eg.  209  and  106  are  on  the  whole  inséparable  from 
each  other. 

4.  Eg.  loé  contains  Lee.  influences,  where  Eg.  209  agrées 
w  LL.  ;  the  contrary  does  not  occur. 

5.  i^  2,  12  agrées  partly  with  Lee.  (42-50),  contains 
many  new  materials,  and  is  not  used  in  Eg.  106  and  209. 

6.  The  interpolations  in  Eg.  106  and  209  cease  where  the 
full  text  in  Lee.  ceases,  except  those  at  the  end  (Dolb  and  In- 
dolb,  Loeg  and  Idhe  (Aodh)  ete.,  which  are  not  taken  ÎTOmLee. 


The  Fer  Diad  Episode.  ^43 

7.  The  shortened  text  in  Lee.  ïs  taken  from  an  old  (^Lec.  ?, 
not  LL.)  Ms.,  but  being  entirely  individual  work  ofiers  no 
means  to  décide  whether  the  two  accounts  of  the  gae  bulga 
struggle  and  what  preceded  it,  amalgamated  in  Eg.  209  and 
106,  did  exist  in  Lee.  (which  is  probable,  but  if  point  6  is  taken 
into  account,  an  argument  against  the  conclusions  one  might 
draw  from  6)  or  not. 

The  most  probable  genesis  oï  Eg.  209  and  106  then  seems 
to  be  :  from  Mss.  like  Stowe  984  or  Eg.  209  of  the  moder- 
nized  LL.  text  (with  small  older  altérations  oftheZ,i7.  type) 
the  Fer  Diad  épisode  was  taken  and  interpolated  as  in  Eg. 
106  and  probably  the  other  Mss.  of  this  épisode.  Later  on 
this  text  was  intruduced  in  the  Mss.  of  the  whole  LL.  Tain, 
which  was  easy  enough,  as  the  LL.  text  remained  as  the 
basis  of  the  new  text;  some  parts  which  openly  disagreed  with 
LL.,  were  omitted  (f.  i.  the  visit  to  Emer)  ;  hence  the  LL.  in- 
fluences in  Eg.  209  and  theLee.  influences  in  £"^.  106.  Anexa- 
mination  of  the  other  Mss.  of  the  LL.  Tain  and  ofthis  épisode 
will  probably  clearup  many  small  divergences  etc.  between  the 
Mss.  Eg.  209  and  loé  which  are  as  it  seems  only  inferior  re- 
présentants of  the  class  which  they  represent.  A  comparison  ot 
parts  of  Stowe  Ms.  984  with  Eg.  93  and  209  shows  concor- 
dances oî  Stowe  Ms.  984  with  so  independent  a  Ms.  as  Eg.  93 
which  are  derfectly  obscured  by  modem  corruptions  in  Eg.  209. 

As  to  Ms.  H  2,  12  it  is  useless  to  make  further  remarks  be- 
fore  the  existence  or  not  existence  of  this  part  of  the  Tain  Bo 
Cuailnge  in  Ms.  H  2,  17,  our  last  refuge  for  this  and  many 
other  questions,  is  known. 

Max  Nettlau. 
March  18,  1889. 


MÉLANGES 


EPITAPHE  BRITANNIQUE  CHRÉTIENNE. 

Une  inscription  celto-britannique  a  été  découverte  l'au- 
tomne dernier  par  des  excursionistes  de  la  British  Archaolo- 
gical  Association  h.  Chesterholm,  l'ancienne  Vindolana,  l'une 
des  stations  du  fameux  mur  d'Hadrien.  Elle  est  gravée  en  ca- 
ractères grossiers  sur  un  fragment  de  pierre  dont  nous  emprun- 
tons le  croquis  aux  Proceedings  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  New-Castle-upon-Tyne,  vol.  IV,  1889,  p.  172. 


Le  signe  W  est,  à  n'en  pas  douter,  un  M  tourné  sens  dessus 
dessous,  en  sorte  qu'il  faut  lire  Brigomaglos  iacit  ...  eus.  Bri- 
gomaglos  est  un  nom  d'homme  appartenant  au  groupe  des  Bro- 
homagli,  Senemagli,  Senomagli,  Vinnemagli,  Vendutitagli  ;  toutes 
ces  formes,  au  génitif,  ont  été  recueillies  sur  d'antiques  tom- 


Mélanges.  345 

beaux  chrétiens  de  la  Grande-Bretagne  ^  Quant  au  texte  de 
l'inscription  de  Chesterholm,  on  y  reconnaît  aisément  la  ré- 
daction chrétienne  usitée  aux  iv*^,  W^  et  vi'-'  siècles.  Les  monu- 
ments de  ce  genre  sont  très  rares  et  doublement  intéressants 
tant  au  point  de  vue  de  la  celticité  que  de  la  christianité. 

Robert  Mowat. 

n.  • 

RAPPROCHEMENT    ENTRE    L'ÉPOPÉE    IRLANDAISE 
ET  LES  TRADITIONS  GALLOISES. 

A  la  liste  déjà  importante  des  rapprochements  qui  ont  été 
faits  entre  les  traditions  irlandaises  et  galloises,  je  crois  pouvoir 
ajouter  les  deux  suivants,  encore  inédits,  si  je  ne  me  trompe. 

Le  premier  m'est  fourni  par  le  Mcsca  Ulad  or  The  intoxi- 
cation of  thc  Ultonians,  with  translation  and  introductory  notes 
by  W.-H.  Hennessy,  Esq.  (Todd  Lecture  séries,  vol.  I, 
part.  I),  Dublin,  1889.  Les  guerriers  d'Ulster,  ayant  à  leur 
tête  Cuchulainn,  reçoivent  l'hospitalité  chez  Ailill  et  Medb.  On 
les  introduit  dans  une  maison  de  fer  où  ils  trouvent  bon  ser- 
vice, bon  feu,  nourriture  et  boisson  en  abondance.  La  nuit 
venue,  les  nombreux  serviteurs  qui  sont  mis  à  la  disposition 
des  Ultoniens  s'esquivent  un  à  un.  Le  dernier  ferme  la  porte; 
sept  chaînes  de  fer  sont  fixées  sur  la  maison  et  attachées  aux 
sept  piliers  de  pierre  de  la  pelouse  à  l'extérieur.  Trois  fois 
cinquante  forgerons,  avec  leurs  soufflets,  commencent  à  attiser 
le  feu.  Trois  cercles  sont  établis  autour  de  la  maison.  Le  feu 
s'allume  dessus,  dessous,  dans  la  maison,  etc.  Bricriu  rompt 
le  premier  le  silence  des  Ultoniens.  Triscatal  essaie  d'enfoncer 
la  porte  de  fer  d'un  coup  de  pied,  mais  sa  tentative  ne  produit 
aucun  effet.  Cuchulain,  lui,  plonge  son  épée  à  travers  la 
maison  de  fer  et  les  deux  maisons  de  bois  qui  l'entouraient.  Le 
récit  présente  ici  une  lacune  fort  regrettable,   mais  il  ressort 


I.    Hùbner,  Inscr.  britann.  Christ.,  n°^  158,  157,  92,  157,  64. 
Revue  Celtique,  XI.  25 


346  Mélanges. 

de  la  suite  tirée  du  Lchor  na  h-Uidre  que  les  Ultoniens  s'échap- 
pent grâce  à  Cuchulainn  (Mcsca  Ulad,  pp.  43-47). 

Je  mets  en  regard  de  ce  curieux  épisode  le  fragment  sui- 
vant du  Mahinogi  de  Branwen  d'après  ma  traduction  (Mahi- 
nogion,  I,  p.  76).  Bran  vient  de  fliire  cadeau  à  Matholwch  du 
chaudron  de  résurrection  :  «  Seigneur,  dit  Matholwch  à  Ben- 
digeit,  d'où  t'est  venu  le  chaudron  que  tu  m'as  donné  ?»  — 
«  Il  m'est  venu,  répondit-il,  d'un  homme  qui  a  été  dans  ton 
pays  (en  Irlande),  mais  je  ne  sais  si  c'est  là  qu'il  l'a  trouvé.  » 
—  Qui  était-ce  ?  —  Llasar  Llaesgyvnewit.  Il  est  venu  ici 
d'Iwerddon,  axecKyviideu  Kymcinvoll  ?,  sa  femme.  Ils  s'étaient 
échappés  de  la  maison  de  fer,  en  Iwerddon,  lorsqu'on  l'avait 
chauffée  à  blanc  sur  eux.  Je  serais  bien  étonné  si  tu  ne  savais 
rien  à  ce  sujet.  —  En  effet,  seigneur,  et  je  vais  te  dire  tout  ce 
que  je  sais.  Un  jour  que  j'étais  à  la  chasse  en  Iwerddon,  sur 
le  haut  d'un  tertre  qui  dominait  un  lac  appelé  Llyiin  y  Peir 
(le  lac  du  chaudron),  j'en  vis  sortir  un  grand  homme  aux 
cheveux  roux,  portant  un  chaudron  sur  le  dos.  Il  était  d'une 
taille  démesurée  et  avait  l'air  d'un  malfaiteur.  Sa  femme  était 
encore  deux  fois  plus  grande  que  lui.  Ils  se  dirigèrent  vers  moi 
et  me  saluèrent.  «  Quel  voyage  est  le  vôtre  ?  »  leur  dis-je.  — 
Voici,  seigneur,  répondit-il.  Cette  femme  sera  enceinte  dans 
un  mois  et  quinze  jours.  Celui  qui  naîtra  d'elle  au  bout  d'un 
mois  et  demi  sera  un  guerrier  armé  de  toutes  pièces.  »  Je  me 
chargeai  de  pourvoir  à  leur  entretien,  et  ils  restèrent  une  année 
avec  moi  sans  qu'on  m'en  fit  des  reproches.  Mais,  à  partir  de 
là,  on  me  fit  des  difficultés  à  leur  sujet.  Avant  la  fin  du  qua- 
trième mois,  ils  se  firent  eux-mêmes  haïr  en  commettant  sans 
retenue  des  excès  dans  le  pays  ;  en  gênant  et  en  causant  des 
ennuis  aux  hommes  et  aux  femmes  nobles.  A  la  suite  de  cela, 
mes  vassaux  se  rassemblèrent  et  vinrent  me  sommer  de  me 
séparer  d'eux  en  me  donnant  à  choisir  entre  ces  gens  et  eux- 
mêmes.  Je  laissai  au  pays  le  soin  de  décider  de  leur  sort.  Ils 
ne  s'en  seraient  pas  allés  certainement  de  bon  gré,  et  ce  n'était 
pas  non  plus  en  combattant  qu'ils  auraient  été  forcés  de  partir. 
Dans  cet  embarras,  mes  vassaux  décidèrent  de  construire  une 
maison  tout  en  fer.  Quand  elle  fut  prête,  ils  firent  venir  tout 
ce  qu'il  y  avait  en  Irlande  de  forgerons  possédant  tenailles  et 


Mélanges.  347 

marteaux  et  firent  accumuler  tout  autour  du  charbon  jusqu'au 
sommet  de  la  maison.  Ils  passèrent  en  abondance  nourriture 
et  boisson  à  la  femme,  à  l'homme  et  à  ses  enfants.  Quand  ils 
les  surent  ivres,  ils  commencèrent  à  mettre  le  feu  au  charbon 
autour  de  la  maison  et  à  faire  jouer  les  soufflets  jusqu'à  ce  que 
tout  fut  chauffé  à  blanc.  Les  étrangers  tinrent  conseil  au  milieu 
de  la  maison.  L'homme,  lui,  y  resta  jusqu'à  ce  que  la  paroi 
de  fer  fût  blanche.  La  chaleur  devenant  intolérable,  il  donna 
un  coup  d'épaule  à  la  paroi,  et  sortit  en  la  jetant  dehors,  suivi 
de  sa  femme.  Personne  autre  qu'eux  n'échappa.  » 

Je  ne  sais  si  je  me  trompe,  mais  il  me  semble  que  la  tra- 
dition galloise,  tout  arrangée  qu'elle  est,  est  plus  près  de  la 
source  que  la  tradition  irlandaise.  Il  semble  en  résulter  en 
tout  cas  que  l'histoire  de  la  maison  de  fer  est  fort  ancienne  et 
que  c'est  un  des  nombreux  exemples  de  Vannexion  ou  de  l'ap- 
propriation d'une  antique  tradition  à  un  cycle  plus  ou  moins 
historique,  ou  tout  au  moins  à  prétentions  historiques  comme 
celui  de  Cuchulainn. 

Le  second  rapprochement  s'appuie  également  sur  un  pas- 
sage du  mabinogi  de  Branwen,  mahinogi  formé  de  pièces  de 
rapport,  d'origine  et  d'époque  diverses.  Les  porchers  de  Ma- 
tholwch  viennent  rendre  compte  à  leur  maître  de  ce  qu'ils  ont 
vu  :  «  Nous  avons  aperçu  un  bois  sur  les  eaux,  à  un  endroit 
où  auparavant  nous  n'en  avons  jamais  vu  trace.  »  —  Voilà 
une  chose  surprenante  ;  c'est  tout  ce  que  vous  avez  vu  ?  — 
Nous  avons  vu  encore,  Seigneur,  une  grande  montagne  à  côté 
du  bois,  et  cette  montagne  marchait;  sur  la  montagne,  un  pic, 
et  de  chaque  côté  du  pic,  un  lac.  —  Il  n'y  a  personne  ici  à 
rien  connaître  à  cela,  si  ce  n'est  Branwen  ;  interrogez-la.  » 
Les  messagers  se  rendirent  auprès  de  Branwen.  «  Princesse, 
dirent-ils,  qu'est-ce  que  tout  cela,  à  ton  avis  ?  —  Ce  sont, 
répondit-elle,  les  hommes  de  l'île  des  Forts  (île  de  Bretagne) 
qui  traversent  l'eau  pour  venir  ici  après  avoir  appris  mes  souf- 
frances et  mon  déshonneur.  »  —  Qu'est-ce  que  ce  bois  qu'on 
a  vu  sur  les  flots  ?  —  Ce  sont  des  vergues  et  des  mâts  de  na- 
vire. —  Oh,  dirent-ils,  et  la  montagne  que  l'on  voyait  à  côté 
des  navires  ?  —  C'est  Bendigeit  Vran,  mon  frère,  marchant  à 
gué.  Il  n'y  avait  pas  de  navire  dans  lequel  il  pût  tenir.  —  Et  le 


54^  Mélanges. 

pic  élevé,  et  les  lacs  des  deux  côtés  du  pic  ?  —  C'est  lui  jetant 
sur  cette  île  des  regards  irrités  ;  les  deux  lacs  des  deux  côtés 
du  pic  sont  ses  yeux  de  chaque  côté  de  son  nez.  »)  Mab.,  I, 
p.  84-85). 

Le  récit  épique  Togail  hruidne  Dà  Derga  présente  quelque 
chose  de  semblable.  Ingcel  décrit  le  champion  de  Conaire  Môr, 
Mac  Cecht  le  géant,  et  remarque  :  deux  lacs  autour  d'une 
montagne,  deux  peaux  autour  d'un  chêne,  etc.  Ferroga  donne 
de  cette  apparition  l'explication  suivante  :  Les  deux  lacs  que  tu 
as  vus  autour  de  la  montagne  sont  ses  deux  yeux  autour  de  son 
ne:^;  les  deux  peaux  autour  du  chêne  sont  ses  deux  oreilles 
autour  de  sa  tête  (Lebor  na  h-Uidre,  89  a,  10  ff.  Cf.  Zimmer, 
Keltische  Studien  ap.  Kuhn's  Zeitschrift,  1888,  pp.  81-82). 

J.  LOTH. 

m. 

SAINT  AMPHIBALUS. 

On  lit  dans  le  De  Excidio  Brit.  de  Gildas,  c.  viii,  qu'Alban 
de  Verulam,  avant  donné  l'hospitalité  dans  sa  maison  à  un 
confesseur  du  Christ  poursuivi  par  des  soldats,  tut,  pour  sa 
récompense,  touché  de  la  grâce  de  Dieu,  et  poussa  son  dévoue- 
ment à  la  foi  du  Christ  jusqu'à  se  présenter  aux  persécuteurs 
avec  le  vêtement  sacerdotal  du  confesseur  et  subir  le  martyre 
à  sa  place.  Le  récit  de  Bède  (Hist.  EccL,  I,  c.  vu),  n'est 
guère  qu'une  amplification  du  récit  de  Gildas  ^  Le  vêtement  du 
confesseur  est  appelé  chez  lui  caracalla.  Jusqu'à  Gaufrey  de 
Monmouth,  personne  n'a  su  le  nom  du  confesseur,  mis  lui 
aussi  au  nombre  des  martyrs  (il  aurait  subi  le  martyre  plus 
tard  que  saint  Alban,  après  une  carrière  d'apostolat).  Guil- 
laume de  Saint-Alban,  dans  sa  vie  de  saint  Alban  et  de  saint 
Amphibalus,  écrite  entre   11 66  et   1188,  prétend  bien   s'être 


I.  On  peut  le  recommander  comme  modèle  de  développement.  Il  me 
paraît  de  nature  à  jeter  un  certain  jour  sur  la  façon  dont  ce  saint  personnage 
a  composé  une  partie  de  son  histoire. 


Mélanges.  349 

servi  d'une  version  saxonne  de  la  vie  des  deux  saints,  mais  il 
reconnaît  avoir  trouvé  le  nom  du  confesseur,  Amphibalus, 
chez  Gaufrei  (sur  toute  la  bibliographie  concernant  Amphi- 
balus,\.  Thomas  Duffus  Hardy,  Descriptive  catalogue  oj  manus- 
cripts  relating  to  the  early  history  of  Great-Britain  and  Ireland,  I, 
p.  3  etsuiv.).  C'est  donc  Gaufrei  qui,  le  premier,  a  appelé  le 
saint  confesseur  sauvé  par  Alban,  Amphibalus.  Depuis  lui  le 
nom  a  été  accepté.  Ce  nom  a  paru  suspect  à  bien  des  écri- 
vains (v.  Galfrid.  Monum.  éd.  San-Marte,  note  22,  au  liv.  V, 
c.  5).  C'est  en  effet  le  nom  sous  lequel  on  désignait  une  sorte 
de  chasuble,  un  vêtement  sacerdotal  (v.  Ducange,  Gloss.^.  On 
ne  peut  cependant  supposer,  malgré  l'aplomb  dont  Gaufrei  a 
donné  tant  de  preuves,  qu'il  se  soit  livré  à  cette  plaisanterie 
d'un  goût  plus  que  douteux  de  désigner  le  confesseur  par  le 
nom  du  vêtement  qu'il  portait.  Il  devait  ignorer  le  sens  du 
mot  amphibalus  :  a  priori  c'est  à  une  méprise  de  lecture  qu'il  a 
dû  sa  trouvaille.  Il  me  paraît  aujourd'hui  certain  que  le  pas- 
sage qui  l'a  si  plaisamment  induit  en  erreur  se  trouve  dans 
VEpistola  Gildae.  On  lit,  au  début  à  peu  près  de  ÏEpistola, 
dans  ï iiiiprecatio contrele  roi  deDomnoniaConstanx.'m,  qu'entre 
autres  forfaits,  Constantin  aurait  commis  le  suivant  :  in  dua- 
rum  venerandis  matrum  sinibus,  ecclesiœ  carnalisque,  sub 
sancti  abbatis  Amphibalo,  latera  regiorum  tenerrima  puerorum 
vel  praecordia  crudeliter  duoruiu...  inter  ipsa  sacrosancta  alta- 
ria  nefando  ense  hastaque,  pro  dentibus,  laceravit.  Gaufrei 
aura  lu  :  sub  sancto  abbafe  Amphibalo  ;  la  terminaison,  dans  le 
manuscrit  qu'il  avait  sous  les  yeux,  pouvait  être  en  abrégé.  La 
conjecture  se  change  en  certitude,  si  on  se  reporte  au  cha- 
pitre IV,  liv.  XI  de  son  Hist.  :  Et  (Constantinus)  praedictos 
filios  Modredi  cepit  :  et  alterum  juvenem  Guintonia;  in  eccle- 
siam  sancti  Aniphibali  fugientem  ante  altare  trucidavit  ;  alterum 
vero  Londoniis  in  quarumdam  fratrum  cœnobio  absconditum, 
atque  tandem ///.v/a  altare  inventum,  crudeli  morte  affecit. 

J.    LOTH. 

IV. 

AGUETOU,  CYNNEU. 
Dans  le  fascicule  d'octobre  1889  (X  4,  p.  482)  de  la  Revue 


5  50  Mélanges. 

Celtique,  j'ai  montré  que  h  forme  du  moyen-armoricain  ague- 
iou,  eguelou  était  pour  a-gentou;  j'en  ai  rapproché  le  comique 
agynsow  qui  a  le  même  sens.  Ageniou  est  pour  a-kentou.  On 
trouve  la  forme  correspondante  à  *  heuiou  en  gallois  :  c'est  le 
mot  cynneii,  traduit  par  Lhwyd  inexactement  par  long  since 
(^Archaeol.  hrit.,  p.  215).  Ce  mot  ne  se  trouve  dans  les  dic- 
tionnaires actuels  que  sous  la  forme  gynncu  et  on  lui  donne  le 
sens  qu'il  a  couramment  dans  le  langage  parlé  de  a  liltle  ivhile 
since,  just  noiu,  a  little  lubile  ago.  Cynneu  est  venu  de  cynteu 
en  passant  par  cyubeu  :  ec...  Minawc  ap  Lieu  a  weleis  i  yma 
gynheii.  (Taliessin,  ap.  Skene,  Four  anc.  books  of  Wales,  II, 
p.  158,  vers  5,  6). 

J.    LOTH. 


BIBLIOGRAPHIE 


Chrestomathie  bretonne  (armoricain,  gallois,  comique). 
Première  partie  :  breton  armoricain,  parj.  Loth,  professeur 
à  la  Faculté  des  lettres  de  Rennes.  Paris,  chez  Bouillon,  1890,  gr.  in-8, 
VI- 5 28  p. 

Cet  ouvrage  a  paru  par  fragments,  d'avril  1886  à  no- 
vembre 1889,  dans  les  Annales  de  Bretagne,  comme  l'auteur 
nous  en  avertit  tout  d'abord.  La  Revue  Celtique  ne  pouvait 
manquer  de  les  signaler  successivement  à  ses  lecteurs  ;  voir 
t.  VII,  p.  449;  IX,  139,  140;  289,  290;  412,  413;  X,  13e. 
Maintenant  que  le  tout  se  présente  sous  une  forme  plus  com- 
mode, avec  pagination  unique,  il  nous  reste  à  jeter  un  coup 
d'œil  sur  ce  vaste  ensemble, 

M.  Loth  s'est  proposé  d'initier  les  Bretons  à  la  méthode  et 
aux  principaux  résultats  de  la  grammaire  comparée,  en  ce  qui 
concerne  l'idiome  néo-celtique  qu'ils  parlent  encore.  Historien 
exact  et  consciencieux,  il  a  raconté  à  ses  compatriotes  les  va- 
riations de  leur  langue,  depuis  les  origines  gauloises,  en  leur 
mettant  sous  les  yeux  un  abondant  assortiment  de  pièces  jus- 
tificatives, dont  beaucoup  jusque-là  inconnues  ou  peu  acces- 
sibles. Avec  autant  de  zèle  que  de  talent,  il  a  ainsi  enrichi  lui- 
même  de  façon  notable  le  trésor  des  faits  désormais  acquis. 
Deux  glossaires  qui  terminent  le  volume  facilitent  les  recher- 
ches dans  cette  multitude  d'extraits  de  nature  et  d'époque 
diverses. 

Il  était  bien  difficile  que,  malgré  ses  mérites,  un  travail  si 
étendu  ne  prêtât  pas  à  la  contradiction  sur  différents  points 
d'importance  plus  ou  moins  secondaire.  J'ai  déjà  présenté  plu- 
sieurs observations  critiques  dans  un  article  delà  Revue  Celtique 


J52  Bibliographie. 

(XI,  i8o,  etc.)  sur  V Enfant  prodigue,  et  dans  mon  Glossaire 
moyen-breton  (^Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique,  VII, 
122,  etc.).  En  voici  quelques  autres. 

P.  20.  Un  mot  armoricain  moderne  hrigen  est  cité,  sans 
indication  de  dialecte,  comme  répondant  au  gallois  brig 
«  branches  les  plus  élevées  d'un  arbre,  pointes  des  cheveux  ». 
Malgré  la  confirmation  implicite  contenue  p.  523,  je  me  de- 
mande s'il  n'y  a  pas  eu  erreur,  ou  réminiscence  de  quelque 
variante  du  mot  tout  différent  brinchin,  brincin,  blinchen,  blen- 
chen  «  cime  et  pointe  d'une  montagne,  d'un  arbre,  d'une 
branche,  etc.  »  D.  Le  Pelletier,  cf.  Rcv.  Celt.,  VII,  147. 

P.  33.  Amboglanna,  nom  de  lieu  en  Grande-Bretagne,  est 
expliqué  par  ambo  (grec  a;j.ç;(o)  et  glanna  =  bret.  moyen  glann, 
rive  d'un  fleuve.  Nous  aurions  donc  là  un  exemple  de  termi- 
naison -0  pour  le  duel  en  vieux  celtique.  Il  semble  plus  na- 
turel de  rapprocher  le  premier  terme  de  ce  composé  de  a7?ibe, 
gl.  rivo  du  glossaire  d'Endlicher;  pour  le  changement  de 
thème,  cf.  Condato-magus  «  la  plaine  du  confluent  »,  de  Con- 
date. 

P.  3^j  c)^,  143.  Est-il  bien  sûr  que  dans  la  vie  de  saint 
Samson  la  phrase  «  Juniavus,  qui  et  ipse  britannica  lingua  cum 
iUis  lux  vocitabatur  »  veuille  dire  que  le  nom  de  Juniau  signi- 
fiait en  breton  «  lumière  »  ?  J'entendrais  plutôt  que  Juniau 
avait  un  autre  nom  ayant  ce  sens  ;  cf.  la  citation  de  la  p.  97  : 
«  Budocum  cognomine  Arduum  »,  où  arduum  est  la  traduction 
latine  d'un  mot  breton  qui  n'est  pas  donné.  La  signification 
de  iun  a  été,  je  crois  «  désir  ».  En  effet,  il  est  difficile  de  ne 
pas  traduire  Ediunet,  latinisé  en  Ediunetc  (vocatif),  x^  siècle, 
Rev.  Celt.,  IX,  91,  XI,  136,  141,  par  «  désiré  »,  d'après  la 
glose  edeiimctic,  desideratrix.  Il  est  vrai  que  cette  lecture  de 
Bradshaw  et  de  M.  Stokes  est  contestée  par  M.  Loth,  qui 
préfère  cdemnetic,  p.  91,  474,  à  quoi  il  compare  le  bret,  moy. 
et  moderne  c:^om,  besoin,  p.  479.  Mais  cette  comparaison  ne 
peut  pas  appuyer  beaucoup  la  forme  edemn(dic),  dont  le  corres- 
pondant en  moyen  breton  aurait  -jjn  et  non  -/;/.  D'ailleurs,  rien 
ne  s'oppose  à  l'explication  de  Ediunet  par  le  gall.  eidduned,  vœu, 
=  ed-iunet,  cf.  bret.  moy .  goyune:^,  vœu,  ^=-* guo-iuned.  Ediu- 
net s'accorde  également  avec  Adiune...  que  porte  une  inscrip- 


Bibliographie.  3  5  ^ 

tion  chrétienne  de  Grande-Bretagne  (M.  Rhys  compare  à  cette 
dernière  forme  le  gall.  mod.  Eiddyn,  nom  masc,  que  M.  Loth 
écrit  Eiddin,  p.  42).  Aux  dérivés  et  composés  de  iu7i  étudiés 
p,  119,  143,  215,  407,  on  peut  ajouter  :  sanctc  Iunanaue,Rev. 
Celt.y  IX,  91,  XI,  145;  lunobrus,  scribe  du  ms.  193  d'Or- 
léans; vieux  comique  lunitor,  Stokes,  Rcv.  Celt.,  I,  342. 
M.  Loth  fait  remarquer  qu'il  y  a  eu  confusion  entre  les  noms 
des  deux  saints  Iniaw  (=  luniavus),  et  Ignace;  j'ai  eu  tort 
d'admettre,  dans  mon  Dictionnaire  étymologique,  cette  identi- 
fication qu'on  lit  dans  le  Catholicon  :  «  Ingneau  cest  propre 
nom,  1.  Ignacius  »  ^ 

P.  48.  La  seconde  partie  de  Vedo-mavi  est  comparée  au  gall. 
maw,  serviteur.  Mais  ce  mot  vient  de  *magus,  v.  irl.  mtig,  et 
la  chute  de  g  dans  ces  conditions  est  difficile  à  admettre  à 
l'époque  des  inscriptions  chrétiennes.  Aussi  M.  Rhys  a-t-il 
rapproché  Vedomaui,  et  Mauoh...  que  porte  une  autre  ins- 
cription, des  noms  gallois  Mei,  Meic,  Gwalchmai.  Le  substantif 
breton  niau,  dont  M.  Loth  parle,  p.  loi,  220,  se  montre  en- 
core dans  (Ran-)  Mauvcdat,  en  1245,  Rev.  Celt.,  VII,  64,  = 
«  serviteur  de  son  père  »,  cf.  Presel  Guennedat,  xi^  siècle, 
=  «  qui  tient  de  son  père,  »  littéralement  «  race  de  son 
père  »  (expliqué  autrement,  Chrestomatbie,  176;  voir  Rev. 
Celt.,  VIII,  504);  Mapcdaî,  xv^  s.,  Mahetat,  xviii^  s.  «  fils  de 
son  père  »,  Rev.  Celt.,  II,  76. 

P.  194,  n.  4.  Contre  le  rapprochement  de  kallouc'h  et  calch, 
on  peut  voiri?^'.  Celt.,  VIII,  36. 

P.  241.  «  (En  moyen  armoricain)  ce  final  ou  c:{  a  le  son  de 
s,  ainsi  que  c  devant  e  ou  /  ».  Les  rimes  prouvent,  au  contraire, 
qu'on  distinguait  les  deux  sons  s  tl  c  doux  ;  .voir  Dict.  étyui., 
s.  V.  ace.  Aussi  hcgas,  odieux  (gall.  hygas)  ne  peut-il  se  con- 
fondre facilement  avec  hcgacç,  agacer,  P.  Maunoir,  comme  le 
suppose  M.  Loth,  p.  488.  Les  Vannetais  écrivent,  avec  un  ç, 
haç'hani,  le  tien,  p.  445,  hou  ç'  anhue,  votre  nom,  342  (Jjou 
shanhue,  330)  par  suite  d'une  tradition  qui  remonte  à  un  fait 
de  prononciation  (comme  Ve  final  «  muet  »  auquel  M.  Loth 


I.  Il  serait  naturel  de  comparer  de  même  au  nom  propre  Eleuc,  Chrestom., 
128,  le  V.  bret.  eleuc,  gl.  uitule. 


3  54  Bibliographie. 

refuse  toute  valeur,  p.  343  ;  cf.  Rev.  Celt.,  IX,  378,  379).  Le 
son  ç  est  ordinairement  d'origine  française;  cependant  il  peut 
venir  en  breton,  i °  de  ;^  -|-  .r  ;  moy .  br.  dac:;pn,  écho,  cf.  da:(sonaff 
«  resoner  »;  dac~orch,  ressusciter,  :=i  da^-  et  lat.  surgo;  2°  de 
:^  dur  final  :  moy.  br.  diouç,  de,  de  diou:^;  br.  mod.  baraç:^, 
baquet,  goaç'i,  pire,  Grég.,  =;  moy.  bara:{,goa^;  van.  houç,  votre 
=  moy.  br.  ho:{.  Le  van.  haç^  ton,  a  peut-être  subi  l'analogie  de 
houç:  cf.  da  dhordeèw,  tes  ordres,  à  Locmaria,  Chrcstoin.,  380, 
àQord  (mot  omis  au  vocabulaire).  Le  rapport  inverse  se  montre 
dans  moy.  br.  tnoe:{,  van.  hoch,  voix,  àe*voeth  pour  *voeç. 

Ce  son  fait  beaucoup  plus  souvent  que  1'^  nasaliser  la 
voyelle  précédente  ;  exemples  : 

Moy.  hr.pencel,  pièce;  charronce,  vesse  Ciiis.  (charroucc,  Ca), 
charrounçc  dans  le  Komenclaior  de  1633  ^,  p.  j6,  jaronçç,  Pel., 
du  v.  fr.  jarroce;  tronc:^ajf,  trousser;  brunccji  an  caulenn 
«  broisson  de  choul  »  ;  puncc,  puits  ;  mod.  danson  «  bruit,  tel 
que  fait  une  porte  fermée  durement  »,  Pel.,  inanç^omier,  maçon, 
difcençxon  (van.)  défiguré,  bénçx_,  vesce,  bJehç:;^  (cap  Sizun), 
plaie,  blessure,  penç:;^,  fesse,  dinçx^  (tréc),  dihs  (van.),  dé, 
linç:{^,  lice,  carrière,  pihcin,  bénitier,  bihs,  vis,  escalier  tour- 
nant, buncellat,  beugler,  Grég.,  pet.  Trég.  skiinsen,  éclis,  = 
moy.  br.  dac:;pn,  mac:^on,  dîffaec~on,  becc,  bkcc,  faec:(en7i,  dicc, 
licenn,  picin,  vice,  scli:;cenn,  bucellat  ;  mod.  droulans,  drouk-lans, 
drouk-rahs,  m.  discorde,  dissension  et  disgrâce,  Gon.,  drou- 
laiiç::^,  adversité,  d rouera nç~,  aliénation,  des  affections,  Grég., 
de  droulaç:^,  drouc'hraç::^,  id.,  de  drouc-c'braç:^  disgrâce,  ibid.  ; 
blonça,  meurtrir,  van.  lonce,  cuiller  à  pot,  L'A.,  =  haut  bret. 
blosscr,  lousse  (Pel.);  nionçç,  manchot,  estropié,  émoussé,  trom- 
peur, monçça  et  moussa,  émousser  un  couteau,  Pel.,  pet. 
Trég.  klan  mous,  très  malade  =  fr.  mousse  ;  carrone::^,  Grég. 
■=  fr.  carrosse^ ;  buùç',  muid,  Gr.,  de  *  mue,  cf.  ital.  moggio ; 

1.  Cet  important  ouvrage,  que  M.  Loth  n'a  pas  cité,  a  été  signalé  en  1882 
par  M.  Audran  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  Finistère,  cf. 
Revue  de  Bretagneet  de  Vendée,  LU,  240,  et  Mém.  de  la  Soc.  deLing..  VI,  416. 
Le  P.  Grégoire  le  mentionne  dans  la  liste  des  auteurs  dont  il  s'est  servi 
pour  son  dictionnaire. 

2.  Gronc:^,  gronç,  absolu,  absolument,  Grég.,  se  rattache  à  un  dérivé  de 
grossus;  le  moy.  hrei.  fonce,  fonts  baptismaux,  peut  venir  d'une  confusion 
avec  fcnç:^,  le  londemtnt,  Gr..  cl.  pet.  Trt'g.  vers,  fond,  et  ir.  Jovccr.  L"h  du 


Bibliographie.  3  5  5 

gue::^  en  (Vis.  gue^etî)  pnmçc,  sapin,  Nomencl.  104,  prunç,  prunss, 
id.,  Pel.,  prunsenn,  pi.  -ou,  -ed,  et  pruhs,  «  prussier,  arbre 
semblable  et  inférieur  au  pin  »,  Gr.,  du  nom  de  la  Prusse, 
comme  l'angl.  spriice,  sapin.  Cf.  Littré,  v.  pruce,  prussier'^  ; 
Skeat,  EiymoJogical  dict.,  v.  spruce,  sprucc-beer.  D.  Le  Pelletier 
cite  une  prononciation  vulgaire  plusche  en  français;  cf.  pruchc 
en  1612,  Godefroy. 

L'affinité  de  ç  et  cJ]  s'observe  encore  dans  le  fr.  cucre  (xii*^ 
siècle,  Littré),  sucre  =  moy.  br.  c:(ucr,  et  chucre  (xiv^  s.,  Lit.) 
=  van.  chucre,  l'A.,  sup.,  v.  bouchet;  ital.  ^ucchero,  etc.  C'est 
probablement  à  cause  de  cette  origine  qu'en  petit  Tréguier  on 
prononce  suk  et  non  *yuk.  De  même  le  moy.  br.  a  scouc  (i.  e. 
çouk)  et  chouc,  cou,  nuque  ;  cf.  ital.  ■^iiccolo  le  haut  de  la  tête. 

Le  son  ç  n'est  jamais  suivi  d'une  consonne  dans  le  même 
mot.  Il  vient  de  st  dans  moy.  br.  bacc,  un  bât,  ce  qui  permet 
de  rapprocher  an  druill  dracc,  la  course  rapide,  B  477,  de  a 
drast  hastaff,  se  hâter  vivement;  on  trouve  d'ailleurs  drouill- 
drast,  à  la  hâte,  en  1807  (Gloss.  moy.  br.;  cf.  Mélusine,  IV, 
495).  Cf.  encore  Dict.  étyni.,  s.  v.  bacc  2  et  lapoucc.  Exemple 
de  c  =  cl)  =  st  :  moy.  bret.,  c:^uteU,  sifflet,  pet.  Trég. 
chute!  (donner)  le  sein  ;  bout  de  linge  qu'on  donne  à  sucer 
aux  enfints  ;  chuielat,  téter,  sucer,  cf.  Rcv.  celt.,  IV,  150; 
stuntel,  le  dernier  sou  qui  reste  à  jouer;  stunteJet,  décavé,  qui  a 
tout  perdu  au  jeu.  Ces  mots  semblent  venir  d'une  sorte  d'ono- 
matopée, comme  en  français  r/;/// .' ital.  :{iîto  ;  ci.  chôtai,  siffler, 
dim.  chôterlai,  à  Montbéliard  (Contejean,  Gloss.  du  patois  de  M.'). 

Le  même  son  alterne  avec  ;^r  dans  van.  caliç^,  calice, 
Grèg.,  ailleurs  caJi:^r,  Maunoir;  cloç^en,  écosse  de  fèves,  etc., 
Grég.,  moy.  br.  cIo::^renii  ;  j'ai  eu  tort  d'admettre  pour  IV  une 
semblable  alternance,  en  comparant  le  fr.  mules  (d'où  van.  et 
haut  cornouaillais  muled,  mules,  engelure  aux  talons,  Grég.) 
au  bret.  moy.   niiUkxr,  maladie  des  pieds,   lat.    porrum.  Ce 

moy.  bret.  roncet,  chevaux  (rosses),  roncin,  roussin,  existait  dans  le  v.  fr. 
roncin  (gz\[.  rhivnsi). 

I.  «  Nom  vulgaire,  dans  le..  Finistère,  du  pin  maritime  ».  Ce  mot  a  été 
usité  ailleurs  :  le  dict.  vannetais  de  l'A.  donne  en  français  «  prussier,  espèce 
de  pin  ».  —  Boiirlanç:^,  cartilage,  Gr.  ^boiirlas,  bonras,  m.,  Gon.,  hourass, 
Pel.,  cf.  fr.  bourras,  grosse  toile,  b.  1.  bouratiiiin  (et,  pour  17,  v.  fr.  boiirlc, 
dim.  de  bourre). 


356  Bibliographie. 

nom  répond  au  gall.  maleithr,  makrth,  m,  tumeur,  mules,  cf. 
malaith,  m.  engelure.  Maleithr  paraît  composé  de  mal,  tendre, 
cf.  [j.o))vuç  et  eithr  (en  outre)  =  v.  irl.  {imni)-echta7-  extrémité; 
c'est  ainsi  que  le  gall.  malldorch  mules,  vient  de  torch  repli^  et 
mail  mollesse. 

Le  ç,  avant  de  périr,  avait  fait  quelques  progrès  sur  Vs  en 
bret.  mod.  :  muç'^ât  flairer,  Gr.,  van.  mtmsat,  L.  el  Lab.,  154, 
172  ==  moy.  br,  mussat,  id.,  musiat  (r.  -al)  mendier  ;  Grég. 
écrit  par  ç  les  verbes  comme  finiç:{a  finir,  qui  ont  ordinaire- 
ment s  en  moy.  br.  (finissaff)  ;  on  lit  pourtant,  dès  cette 
époque,  polissaff  et  polic^ajf  polir. 

P.  250,  251.  Le  baptême  de  saint  Devy  contient  ici  plu- 
sieurs méprises  (cf.  Rcv.  Celt.,  VIII,  410-414)  :  un  vers  est 
passé  après  hannech,  p.  250;  à  la  note  i,  lisez  Kernch  pour 
Kernech;  au  lieu  de  dt\  mat,  golou  «  bonjour,  lumière  »,  lisez 
de:(_  mat  golou  «  bien  le  bonjour  »,  «  qu'un  bon  jour  luise  sur 
vous  »,  cf.  N  1725,  B  53,  on  dit  encore  aujourd'hui  hcnide:^ 
choulou  «  tous  les  jours  que  Dieu  fait  (luire)  »  ;  au  lieu  de 
eur  yen  «  heure  froide  »,  p.  251,  lisez  ciiryen,  bord,  cf.  Rev. 
Celt.,  VIII,  508;  le  reste  n'a  trait  qu'à  l'orthographe,  sauf  une 
erreur  rectifiée  p.  500  et  525  (anam,  le  ms.  porte  anani). 

P.  263.  Le  mot  breig  est  suivi  d'un  signe  de  doute,  et  il 
manque  au  vocabulaire.  Il  est  pourtant  assuré  par  la  rime  dans 
les  trois  passages  en  moy.  bret.  qui  nous  l'ont  conservé;  les 
contextes  sont  d'accord  pour  indiquer  le  sens  de  «  faute,  man- 
quement entraînant  une  punition  »  (cf.  Dict.  ctyjii.,  s.  v.,  et 
p.  402). 

P.  272.  La  correction  proposée  de  :{a  donc,  en  ta,  n'est 
pas  convaincante  :  il  y  a  en  moy.  bret.  trois  autres  exemples 
de  ^a  pour  e:(a  (Dict.  étym.,  v.  e::a),  et  pas  un  seul  de  ta  pour 
enta.  J'ai  vu  dans  enta  et  e:{a  une  paire  de  doublets  pouvant 
expliquer  le  rapport  de  ent  et  ^;(,  particules  qui  font  d'un  ad- 
jectif un  adverbe;  Rev.  Celt.,  IX,  382.  M.  Loth  maintient, 
p.  479,  son  identification  de  e:{  avec  le  gall.  ys,  il  est.  Mais  la 
phonétique  armoricaine  exigerait  *  es  ;  el  je  ne  comprends  pas 
ce  qui  peut  faire  attribuer  ci  q  «  une  sorte  de  valeur  affirma- 
tive »  :  je  n'y  vois  qu'un  indice  de  la  fonction  adverbiale, 
ayant  un  emploi  absoknnent  identique  à  celui  de  ent. 


Bibliographie.  357 

P.  263  et  249.  Deus,  il  vint,  lisez  deux_  (J  4). 

P.  276.  Oarez^,  signe,  est  corrigé  en  aroe^.  Rien  de  plus 
admissible,  pourtant,  que  l'existence  d'une  telle  variante, 
choisie  ici  parce  que  sa  première  syllabe  rime  mieux  avec 
hoar.  A  la  métathèse  de  aroe:^^  en  oarex^,  compare;^  :  moy.  br. 
nadoe:^,  tréc.  noade,  aiguille  ;  tréc.  kadoer,  dialecte  de  Batz 
gouader,  chaise  ;  cornïquQ  baloin,  léon.  c'hoalenn,  sel,  etc.,  Rev. 
Celt.,  VIII,  34,  35,  508,  509;  gall.  adwy,  f.,  brèche,  passage, 
cornouaillais  oade,  f.  brèche  dans  une  haie,  Troude  (irl.  ath, 
gué,  Rev.  Celt.,  II,  321).  De  oade  est  venu  ode,  pi.  ou,  brèche, 
Maun.  ;  ode  «  passage,  entrée,  particuhèrement  d'un  champ 
clos,  brèche  »;  ode  garr  «  brèche  à  une  clôture  de  champ 
pour  y  faire  entrer  les  charrettes  »,  Pel.  ;  ode,  ^\.odëou  «  brèche, 
ouverture  dans  un  fossé  pour  le  passage  d'une  seule  bête  à  la 
fois  »,  Grég.  De  même  le  moy.  bret.  holen  vient  de  hoalen, 
qu'on  ne  trouve  que  plus  tard  dans  les  textes.  Le  passage  du 
V.  bret.  inacoer,  mur  (van.  mangoer^  au  bret.  moy.  moguer, 
léon.  inoger,  semble  avoir  eu  lieu  de  même  par  l'intermédiaire 
de  *moaguer.  M.  Loth  cite,  p.  219,  une  forme  mogaer,  du 
xiii^  siècle,  qui  indiquerait  une  autre  fihère,  si  l'on  regardait  Va 
comme  ayant  sauté  de  la  première  syllabe  à  la  seconde  ;  mais 
l'auteur  fait  observer  avec  raison,  p.  183,  que  «  souvent  ae 
n'exprime  qu'un  son  simple,  généralement  è  français  »  ;  cf. 
le  pi.  magoaerou,  xv^s.,  ibid.  A  la  p.  148,  il  faut  lire  maguae- 
rou  et  non  moguaerou  (xm^  s.,  Cartulaire  de  Landévennec,  18  ; 
prononcé  probablement  magweroia).  Pour  ces  contractions, 
de  oa,  oe  en  0,  cf.  Rev.  Celt.,  VII,  315  ;  Et.  sur  ledial...  de 
Bat:î^,  8,  9  ;  van.  gol,  terrible,  de  goal;  tréc.  oled,  foyer,  de 
oalet;  goro,  traire,  de  goero,  moy.  br.  go:(ro,  v.  br.  guotro-; 
haut  cornouaillais  et  bas  vannetais  pore,  m.,  pi.  aou,  maladie 
subite  et  forte,  maladie  contagieuse,  Grég.,  de*poere,  *poxre^ 
=  comique  podreth,  plaie,  gall.  pydredd,  pourriture,  m.,  du 
lat.  putreo,  putridus.  Il  est  probable,  enfin,  que  loaghen,  lac, 
marais,  forme  citée  par  Pel.  et  qu'on  retrouve  jusqu'à  nos 
jours  Qoaguen,  lac.  An  Aviel,  1819,  II,  3,  5,  11;  Conferançou, 
éd.  anc.  23,  éd.  nouvelle  19)  vient  de  *  lagoen  ;  la  pronon- 
ciation la  plus  fréquente,  lagen,  répondrait  à  celle  du  haut  cor- 
nouaillais halenn,  sel. 


358  Bibliographie. 

P.  287  et  497,  au  lieu  de  marbr,  marbre,  lisez  mabr  (B  28)  ; 
pour  la  chute  de  Vr,  cf.  Rcv.  Celt.,  IV,  466;  Et.  sur  ledial... 
de  B.,  16  ;  achited  =  architecte,  Gr.  ;  mechosi,  cité  plus  bas,  etc. 

P.  292,  vn  emparlet,  lisez  vn  guerhes  emparlet  ÇCatheW  11). 

P.  ^05.  Merchaussy,  écurie,  est  corrigé  en  marchaussy. 
Pourtant  les  quatre  éditions  de  Quiquer  dont  il  est  question 
ont  merchaussy;  il  en  est  de  même  de  celle  de  1690,  p.  98; 
trois  passages  des  Nouelou  ont  également  cet  e  (Dict.  étym.,  v. 
marchaucy)  ;  le  P.  Grégoire  donne  merchauç:^y  avant  mar- 
chauçiy ;  on  lit  merchossi,  Vocab.  nonv.,  6^  éd.,  Quimper, 
1778,  p.  45  ;  et  j'ai  entendu  en  dialecte  de  Léon  mechosi  et 
mechochi,  cf.  Mélusine,  III,  572,  571. 

P.  318.  Diou:(^  Leonis  Brei:(is  Isell  «  des  Léonais,  bas  Bre- 
tons »,  est  corrigé  en  Diou^ Leonis  Brei:(  Isell  «  des  Léonais  de 
basse  Bretagne  »  sans  raison  suffisante,  à  mon  avis.  Diou:;^ 
était  à  volonté  d'une  ou  de  deux  syllabes  ;  la  leçon  du  texte 
donnant  une  rime  intérieure  de  plus,  devait  paraître  au  poète 
avoir  des  droits  fort  sérieux  à  sa  préférence. 

P.  333.  M.  Loth  suppose  que  l'abbé  Cillart  est  l'auteur  du 
dict.  bret.-fr.  publié  à  Vannes  en  1723  sous  le  nom  de  «  Mon- 
sieur de  Châlons  »,  cf.  Rev.  cclt.,  VII,  318.  Ses  raisons  sont 
les  suivantes  :  Pierre  de  Châlons  n'était  pas  breton  ;  il  a  parlé, 
dans  une  approbation  de  cantiques  vannetais,  de  son  peu  de 
connaissance  de  cette  langue  ;  Cillart  évitait  le  bruit  autour 
de  son  nom,  et  a  pris  une  part  active  à  la  pubhcation  du  dict, 
en  question.  Ces  arguments  ne  sont  pas  sans  réplique. 

1°  Le  P.  Maunoir,  à  qui  l'on  doit  la  première  grammaire 
armoricaine,  le  premier  dict.  franc. -bret.,  et  un  dict.  br.-fr., 
n'avait  pas  lui-même  toujours  bretonne,  cf.  Grég.,  Gram., 
p.  vu;  non  plus  que  D.  Le  Pelletier,  qui  a  composé  un  autre 
dict.  bret.;  à  ces  illustres  devanciers, 

Those  other  two  cqual'd  luith  me  in  fate, 

on  peut  ajouter  l'auteur  dont  M.  Loth  a  dit  trop  de  bien,  i?a'. 
celt.,  VI,  512,  et  qui  n'a  pas,  comme  Châlons,  résidé  39  ans 
dans  un  diocèse  breton. 

2°  «  Le  peu  de  connaissance  »  est  une  expression  modeste, 
mais  qu'on  doit  prendre  ici  au  sens  positif,  «  la  petite  connais- 


Bibliographie.  359 

sance  »  et  non  «  le  manque  de  connaissance  »  (double  accep- 
tion prévue  dans  la  règle  des  participes)  ;  sans  quoi  l'appro- 
bation donnée  n'aurait  eu  aucune  valeur,  et  sans  doute  on  ne 
l'eût  pas  sollicitée.  Faut-il  contester  son  dict.  au  P.  Grégoire, 
qui  était  breton,  parce  que  dans  la  préface  il  reconnaît  ignorer 
«  une  infinité  de  mots  bretons  »  ? 

3°  Cillart  a  signé  son  dict.  franc. -bret.  du  nom  d'un  pré- 
tendu «  Monsieur  L'A***  ».  Mais  autre  chose  est  de  s'abriter 
derrière  l'initiale  d'un  pseudonyme  %  autre  chose  d'attribuer 
ses  propres  œuvres  à  une  personne  ayant  réellement  existé. 
D'ailleurs  il  n'est  pas  seul  en  cause.  Une  attestation  signée  de 
six  recteurs  et  d'un  curé  «  de  l'évêché  de  Vannes  dans  les 
Paroisses  Bretonnes  »,  parmi  lesquels  son  nom  ne  figure  qu'en 
cinquième  lieu,  certifie  qu'ils  ont  «  lu  et  examiné  le  Diction- 
naire Breton-François,  composé  par  Feu  Monsieur  de  Chalons 
Recteur  de  Sarzeau  »  (approbation  imprimée  du  dict.  «  de 
Châlons  »).  L'avertissement  qui  précède  cet  ouvrage  dit  que 
«  comme  Monsieur  de  Châlons  l'a  composé  étant  recteur...  de 
Sarzeau,  il  ne  faut  pas  s'étonner  que  son  langage  s'en  res- 
sente; le  Recteur  qui  l'a  examiné  avant  de  le  confier  à  l'im- 
pression n'a  pu  ni  n'a  dû  le  changer,  il  a  donc  fait  peu  de 
corrections  et  y  a  ajouté  peu  de  choses  ».  Pourquoi  révoquer 
en  doute  ces  assertions  précises  ?  Cillart  connaissait  le  ms.  du 
dict.  «  de  Châlons  »,  et  il  le  cite  dans  le  sien  au  mot  mariage, 
à  propos  d'une  erreur  du  P.  Grégoire  ;  mais  ce  ms.  n'est  point 
de  lui,  d'après  ce  que  nous  pouvons  savoir  d'ailleurs,  tant  sur 
lui-même  que  sur  Châlons. 

I.  Ce  voile  devait  être  assez  transparent  pour  des  contemporains.  Cillart 
avait  communiqué  ses  travaux  manuscrits  au  P.  Grégoire,  qui  les  cite,  en 
louant  l'auteur  sous  son  vrai  nom,  Grauim.,  p.  vu.  Celui-ci  n'a  même  pu 
s'empêcher  de  se  trahir  secrètement  dans  son  ouvrage  anonyme,  comme 
Phidias  sculptant  ses  propres  traits  sur  le  bouclier  de  la  Pallas  qu'il  ne  doit 
pas  signer.  On  lit,  en  effet,  dans  le  Dict.  de  l'A.,  s.  v.  obliquement  : 
«  Pierre  posée  obliquement  ou  debout  sur  son  tranchant  et  non  sur  son 
assiette,  Cillartt...  ardctt.  m.  Commun  à  Tréguer,  peu  connu  à  Vannes  ». 
Si  l'auteur  a  admis  ainsi  un  mot  surtout  trécorois,  sans  même  penser  à  en 
donner  un  équivalent  plus  usuel  dans  son  dialecte,  c'est  sans  doute  que  ce 
mot  lui  tenait  à  cœur  :  il  y  trouvait  une  explication  de  son  nom.  La  racine 
seule  de  cillartt  se  montre  en  vannetais  dans  guet  sciW  er  glean  «  (un  coup) 
de  tranchant  d'épée  »,  Châl.  ms.,  v.  espcc  ;  c'est,  je  crois,  la  même  que  dans 
l'ital.  ciglioiie  bord,  et  le  fr.  sillon,  sillage. 


360  Bibliographie. 

C'est  qu'en  effet  P.  deChâlonsest  donné  aussi  pour  l'auteur 
d'un  dict.  fr.-bret.  ms.,  qui  se  trouve  Bibl.  Nat.,  f.  celt.,  n°' 67- 
70.  Le  titre  en  est  semblable  à  celui  de  sa  contre-partie  im- 
primée: «  Dictionnaire françois-breton du  Diocezede  Vannes... 
composé  par  feu  Monsieur  de  Châlons  Recteur...  de  Sarzeau... 
Revu  et  corrigé  depuis  la  mort  de  l'auteur.  Avec  approba- 
tions ».  Et  ces  approbations  ne  sont  autre  chose  que  l'attesta- 
tion collective  imprimée  à  la  suite  du  dict.  br.-fr.,  dont  la 
feuille  a  été  jointe  au  ms.  ;  ce  texte  présente,  toutefois,  une 
addition  significative  :  après  «  le  dictionnaire  breton-françois  » 
on  lit  «  et  le  dictionnaire  françois-breton  » .  Quelles  raisons 
graves  y  a-t-il  de  tenir  pour  suspecte  une  attribution  ainsi  ga- 
rantie par  sept  autorités  respectables  et  compétentes  ? 

Dira-t-on  que  Cillart  est  aussi  l'auteur  du  ms.  ?  Il  nous 
apprend,  p.  vi,  qu'il  travaille  «  au  Dictionnaire  Breton-Fran- 
çois »  et  à  une  grammaire  ;  ce  dict.  commencé  ne  peut  être 
celui  «  de  Châlons  »,  qui  avait  paru  depuis  plus  de  vingt  ans. 
Quelle  apparence  que,  n'ayant  pu  terminer  ces  ouvrages 
annoncés  dans  la  préface  de  son  dict.  fr.-bret.,  il  se  soit  avisé 
de  recommencer  ce  dernier  livre  et  ait  eu  le  temps  d'achever 
ce  second  dict.,  d'ailleurs  tout  différent  du  premier  ? 

Le  ms.  «  de  Châlons  »  cite  comme  autorités  M.  le  Moing, 
M.  d'Inguiniel  et  M.  de  Queruignac,  noms  souvent  écrits  en 
abrégé.  Les  abréviations  Ing.  et  Oueru.  peuvent  aussi  désigner 
les  localités  du  même  nom,  car  on  trouve  encore  à  Ing.,  à 
Queru.  Je  crois  qu'au  fond  cela  revient  au  même,  ces  désigna- 
tions :  M.  d'Ing.,  M.  de  Queru.,  s'appliquant  aux  recteurs  de 
ces  paroisses,  qui  ont  dû  renseigner  Châlons  spécialement  sur 
le  langage  de  leurs  ouailles  ;  témoin  ce  passage  :  «  Epargner, 
arboïdlein,  amerhein  pour  le  ménagement  a  Ing.  Il  m'a  épargné 
beaucoup  de  peine,  ean  en  des  espergnet  lo  uat  a  boen  din.  Je 
voulais  dire  ar  bouilet,  mais  M''.  d'Ing.  dit  que  ce  mot,  aussi 
bien  qu'amerrein,  n'est  bon  que  pour  le  ménagement.  »  M.  d'In- 
guiniel se  trouve  ainsi  être  Pierre  Barisy,  recteur  de  cette 
paroisse  de  1689  à  1719^  et  auteur  des  Cantiqucu  spirituel 
manuscrits  approuvés  par  P.   de  Châlons.  De  même  que  les 

I.  AbbéLuco,  Bull,  de  la  Soc.  Polymathiquc  du  Morbihan,  1877. 


Bibliographie.  ^6i 

deux  autres,  il  semole  cité  comme  un  personnage  vivant; 
P.  Barisy  étant  mort  en  171 9,  un  an  après  Châlons,  il  n'est 
guère  croyable  que  ce  qui  le  concerne  ait  pu  être  interpolé 
longtemps  plus  tard  ^  Le  ms.  cite  encore  le  P.  Maunoir. 

L'auteur  du  ms.  écrivait  à  Sarzeau,  comme  celui  du  dict. 
imprimé  «  de  Châlons  »  :  car  il  parle  souvent,  en  son  propre 
nom,  du  langage  de  cette  localité,  et  il  dit,  par  exemple  : 
«  gounidec...  ici  à  Sarzeau...  signifie  communément  journa- 
lier ». 

Il  est  vrai  qu'il  exprime  par  une  apostrophe  Ve  mi-muet  que 
le  dict.  imprimé  note  e  ;  changement  d'orthographe  qu'on  peut 
d'ailleurs  attribuer  à  l'éditeur.  Il  reste  assez  de  contrastes  entre 
cet  auteur  et  Cillart  pour  empêcher  de  les  confondre.  Ainsi  il 
n'indique  les  genres  dans  aucun  des  deux  dict.,  tandis  que 
Cillart  l'a  fait  avec  soin  et  a  même  reproché  durement  au 
P.  Grégoire  «  cette  cruelle  omission  »,  p.  x. 

Nous  avons  vu  que  Châlons  cite  des  autorités  ;  il  n'a  pas, 
sur  l'orthodoxie  grammaticale,  des  idées  arrêtées,  et,  au  mot 
faillir,  après  avoir  constaté  que  «  M''.  d'Inguiniel  et  M*".  Le 
Moing  prétendent...  qu'on  ne  peut  point  dire  mar  a  lebeu  » 
(plusieurs  endroits,  avec  le  nom  au  pluriel),  tandis  que 
«  M',  de  Q_ueruignac  prétend  que  si  »,  il  ajoute  simplement  : 
Magno  se  judice  quisque  tuetur.  Il  lui  arrive  aussi  de  chercher 
en  vain  à  se  rappeler  où  et  quand  il  a  entendu  un  mot  breton 
qu'il  emploie  à  diverses  reprises  (Voir  Gloss.  moy.  hrct.,  v. 
dameuli).  Tout  ceci  est  bien  loin  de  la  tournure  d'esprit  de 
Cillart.  Puriste  intolérant,  ce  dernier  n'en  croit  jamais  qu'à  lui- 
même  :  il  ne  parle  que  de  l'œuvre  du  P.  Grégoire  (p.  v)  et 
c'est  pour  la  juger  avec  une  sévérité  qui  frise  l'injustice.  Il 
n'avait  pas  la  largeur  de  vues  du  zélé  capucin,  qui  tenait  à 
«  n'être  barbare  nulle  part  ».  Non  content  d'écarter  et  de  con- 
damner trois  dialectes  bretons  sur  quatre  (Dict.,  p.  v),  il 
s'attache  à  proscrire,  dans  son  exposé,  les  «  usages  locaux  », 

I.  M.  de  Quervignac  est  probablement  Jacques  Davy,  recteur  de  cette 
paroisse  de  1695  à  1739  (Soc.  Polyin.,  1877,  p.  138).  D'après  les  recherches 
de  M.  l'abbé  Luco,  ibid.,  1876,  1877,  1885,  il  y  avait  en  pays  vannetais, 
du  temps  de  Châlons,  quatre  recteurs  du  nom  de  Le  Moing  (Pierre,  deux 
François  et  Marc). 

Revue  Celtique,  XL  24 


j62  Bibliographie. 

et  même  les  «  mauvais  usages,  quoiqu'universellement  reçus  » 
(p.  vi)  ;  la  même  délicatesse  outrée  lui  fait  omettre  en  prin- 
cipe «  les  noms  dès  Poissons,  des  Pierres,  des  Arbres,  des 
Plantes,  etc.  »  (p.  xix).  Son  dogmatisme  imperturbable  aime 
à  s'exercer  sur  les  questions  d'orthographe  française  et  de 
disciphne  ecclésiastique.  Toutes  ces  marques  bien  reconnais- 
sablés  de  sa  griffe,  empreintes  dans  son  ouvrage,  on  en  cher- 
cherait vainement  des  traces  dans  le  dict.  ms.  «  de  Châlons». 

J'en  conclus  que  ce  ms.  n'est  pas  de  Cillart,  mais  de  Châ- 
lons, sauf  les  remaniements  mentionnés  par  le  titre  même.  Et 
comme  qui  peut  le  plus  peut  le  moins,  je  ne  m'étonne  point 
que  l'auteur  de  ce  ms.  étendu  et  d'une  haute  valeur  scienti- 
fique ait  écrit,  sans  doute  pour  son  coup  d'essai,  le  petit  dic- 
tionnaire vannetais-français  publié  sous  le  même  nom  et  dont 
le  principal  mérite  est  d'être  le  premier  en  date  pour  ce  dialecte. 

P.  347.  Pa  na  guery  (variante  garé)  Doue,  puisque  Dieu  ne 
voulait  pas.  Le  vocabulaire  ne  mentionnant  pas  cette  forme 
guery,  p.  455,  on  doit  en  conclure  que  l'auteur  la  considère 
comme  une  faute  dans  ce  texte  (de  1741).  C'est  au  contraire 
un  exemple  précieux  d'une  terminaison  verbale  rare  en  moyen 
breton,  mais  assurée  par  une  rime  nécessaire  dans  ne  guyly, 
il  ne  voyait  pas,  P  109,  gall.  ni  lueli  et  dans  diguery,  il  ouvrait, 
J  209  b  ;  par  une  rime  intérieure  facultative,  dans  a  gulchy, 
qui  lavait,  H  45  et  mar guilly,  s'il  pouvait,  B  336;  d. goassa 
ma  il  lin  (je  vous  ai  fait)  le  plus  de  mal  que  je  pouvais  (rime 
diii  à  moi),  GuilL,  181 5,  p.  98.  Na  guery  répond  au  gallois 
ni  ceri,  il  n'aimait  pas;  cf.  Rev.  Celt.,  VIII,  510. 

P.  380  (v.  28).  'n  em  droèl  d'er  joè,  se  livrer  à  la  joie.  Cet 
infinitif,  qui  manque  au  vocabulaire,  est  une  variante  de  turel 
jeter,  B.  er.  s.,  184,  cf.  en  un  drul  en  jetant,  L.  et  Lab.,  124. 
La  forme  ordinaire  en  vannetais  est  turul,  ib.,  142,  Grég., 
l'A.,  etc.  =  moy.  br.  teureul,  de  teurell  ;  sur  u  pour  eu,  cf. 
Gloss.  vioy.  br.,  v.  dibunaff. 

P.  445.  Aïeule,  adore,  lisez  «  adore-le  »  ;  p.  483,  glorifie, 
glorifie,  lisez  «  glorifie-le  ». 

P.  465.  Chinouri  «  réjouissance,  bombance»  (île  de  Croix). 
Ce  mot  exprime  proprement  le  tumulte  de  la  fête  ;  il  vient  de 
chilouri  «  coacement  des   grenouilles   »,  chilori  «  gazouille- 


Bibliographie.  36? 

ment  »,   Châl.  ms.,  du  fr.  charivari,  comme  gilivary,  jolory 
«  charivari  »,  Grég.,  pet.  Trég.  chalvari,  jalvari. 

P.  469.  Diablasder  «  diablerie  ».  Cette  traduction  suggère 
une  étymoiogie  que  je  crois  fausse  :  il  n'y  a  pas  en  breton  de 
suffixe  -asder.  Diablasder,  peine,  infamie,  =  dyufflaster,  NI 
217;  de  difflas,  dyulas,  dihlas,  odieux,  cruel,  écrit  diablas, 
J.  78  b,  mais  la  première  syllabe  rime  en  iv  :  astir  (var. 
astirv)  ha  diablas,  lisez  astriv  ha  divlas.  Cf.  Rcv.  Celt.,  IX,  383. 

P.  472.  Dius  de^aff  «  libre  à  lui  »,  de  dius,  choix  (B  381). 
Je  tiens  encore  à  la  traduction  «  malgré  lui  »,  qui  se  prête 
mieux  au  contexte  et  qui  s'appuie  sur  une  locution  encore 
très  usitée  ;  voir  Glossaire  moy.  br.,  v.  daoust,  cf.  dioust  pep  pi- 
rillou,  malgré  tous  les  périls,  Maun.,  Te)npL  cons.,  31.  D.  Le 
Pelletier  donne  bien  divis  d'oc'h,  deïis  d'oc'h  «  vous  avez  le 
choix  »  ;  mais  dans  tous  les  exemples  à  moi  connus  de  cette 
expression,  elle  est  suivie  de  l'énumération  des  partis  entre 
lesquels  on  peut  choisir. 

P.  478.  Zo,  de,  dans  le  vannetais  de  Croix  et  dans  celui  de 
Belle-Ile,  est  comparé  à  eus,  qui  a  le  même  sens  en  Léon,  etc. 
Je  crois  que  ce  sont  des  mots  complètement  distincts,  et  que 
70  vient  de  \oh,  a^ph,  a-:(ioux_,  ci  diurth.  La  chute  de  Va  initial 
ne  souffre  aucune  difficulté  :  cf.  van.  nehou,  de  lui  =  anehou, 
barh,  dans,  de  abarh,  etc.  Quant  à  la  chute  de  Vh,  elle  se 
montre  dès  le  xvii^  siècle,  selon  la  remarque  de  M.  Loth, 
p.  504,  dans  le  signe  du  participe  présent  0  (van.  e),  =^  o:(, 
ou^,  (g)urth,  par  conséquent  dans  le  dernier  des  trois  mots 
que  je  tire  de  l'analyse  de  :(o.  Il  n'est  pas  plus  étonnant  de  voir 
-rth  final  réduit  ainsi  à  rien,  dans  :(o  =a  diurth,  que  dans  ba, 
dans,  =  ebarx_,  Chrestomathie,  p.  374  (bas  vannetais),  p.  370 
(haut  cornouaillais),  etc.  Cf.  dans  le  dialecte  de  Batz  les  locu- 
tions a/^urh  mitin  de^urh  enn  nos,  du  matin  au  soir;  uech  her 
du  e'  nos,  six  heures  du  soir  (du  =  diuh,  comme  ;(o  ==  \oh). 
Etude  sur  le  dialecte...  de  Bat:^,  32.  En  Tréguier  on  dit  très 
souvent  du^^  =  diou^,  dans  tous  les  sens  du  français  «  de  ». 

P.  480.  «  Finesaff,  action  de  ruser,  ancien  infinitif,  229  » 
(lisez  292).  Finesaff,  Cathell,  10,  ne  me  paraît  pas  plus  un 
infinitif  que  Indaff,  l'Inde,  Assiriaff,  l'Assyrie,  assemblaff,  as- 
samblaf,  ensemble,  etc.,  voir  Rev.  Celt.,  VIII,  526;  IX,  379. 


364  Bibliographie. 

P.  486.  Gîielet  n'est  pas  à  l'infinitif  dans  les  deux  passages 
où  il  se  trouve,  p.  292  et  dont  le  premier  devrait  avoir  guellet  : 
j'ai  eu  tort  de  traduire  «  en  voyant  que  »  (Cathell,  9,  10), 
il  faut  «  vu  que  »,  locution  calquée  sur  le  français. 

P.  489.  Hoent,  joie,  bonheur?  (cf.  gall.  hoen).  J'ai  vu  ici, 
après  M.  de  la  Villemarqué  (P  6),  une  variante  du  mot  hoant, 
choisie  pour  multiplier  les  rimes,  et  je  crois  encore  que  c'est 
le  parti  le  plus  sûr.  (Jésus  s'est  incarné)  o-^n/  hoent,  avec  désir, 
c'est-à-dire  volontairement,  inverse  de  heb  e  hoant,  contre  sa 
volonté;  cf.  (Jésus  est  venu  nous  racheter)  c  youll  mat,  de  son 
plein  gré,  B  127.  Les  diphtongues  oa  cioe  alternent  de  même, 
en  moyen  breton,  dans  coant  et  coent,  joli  ;  char  et  clouer, 
clercs  (=  clêrus,  le  clergé,  collectif  servant  de  pluriel  à  cloa- 
rec  =  cléricus) ;  loar  et  locr,  lune  ;  poan  et  pocn,  peine,  etc. 

P.  498.  «  Mese,  respect?  pudeur?  »  Dre  cals  mese,  N  695 
=  ga7it  meste,  15 19,  gant  maieste,  461,  avec  respect,  d'une 
façon  digne;  cf.  Dict.  étym.,  v.  majcsîat. 

P.  505  et  506.  Dons  ban,  depuis  que,  et  peban,  d'où,  sont 
rapprochés,  bien  qu'ils  contiennent  deux  éléments  très  dis- 
tincts :  pan,  quand,  cf.  lat.  quando,  et  pan,  lieu,  endroit,  pays, 
Pel.,  usité  seulement  dans  cette  locution,  a  be  ban,  pc  a  ban, 
d'où,  de  quel  lieu,  Grég.  Le  van.  paner,  village,  comparé  à  ce 
dernier  par  M.  Loth,  Vocabulaire  vieux  breton,  55,  vient  de 
panner,  L.  cl  lab.,  74,  r=  penhem  hameau  »,  Châl.  ms.,penhêr 
«  hameau,  bout  du  village  »,  Châl.,  Dict.  br.-fr.,pennharr,  m. 
«  issue  »,  l'A,,  penhér  «  issue,  sortie  d'un  village,  espace  atte- 
nant au  village  »,  Grég.,  «  le  haut  de  l'aire  d'une  ville  »,  id., 
V.  aire;  de  pcnn,  bout,  et  ker,  village,  cf.  Penher-Losquet,  dans 
le  Morbihan,  en  1429  Penkaer-Lesquoet,  Chrest.,  224. 

P.  506.  Pan  petes,  si  tu  le  priais,  et  non  «  lorsque  tu  le 
pries  »,  p.  505,  n'est  pas  à  l'indicatif  présent  (pour  pede^^) 
mais  au  conditionnel  (de  *pethes). 

P.  507.  Note  sur  eun  di  henac  arlerh,  quelques  jours  après: 
«  le  sens  de  henac  est  ici  assez  singulier  :  ailleurs  qu'à  Houat 
cela  signifierait  un  certain  jour,  un  jour,  sans  préciser  »,  Ceci 
n'est  pas  exact.  On  dit  dans  le  même  sens  qu'à  Houat  :  à  Sar- 
zeau,  ûndi  bmakarlarh,  Rev.  Celt.,  III,  48;  en  petit  Tréguier, 
cun  dé  benak  goude;  cf.  un  dé  benec  goudé,    Histoer...  J.-C, 


Bibliographie.  365 

Lorient,  1818,  p.  230.  On  lit  de  même  eun  derve:{  bennar goude 
dans  une  trad.  léonaise  de  VEiif.  prodigue  qu'une  obligeante 
communication  de  M.  Alfred  Bourgeois  me  permet  d'ajouter 
aux  autres  citées,  Rev.  Celt.,  XI,  189,  et  qui  se  trouve  p.  207 
de  la  2^  éd.  de  VHistor  an  icstanmnt  co:{  hag  an  t.  neve:{,  de 
M.  Morvan,  Brest,  1871  (la  i'"  éd.  est  de  1869). 

P.  512.  Gant  gouir  res  est  expliqué  avec  doute  par  reu:{, 
malheur;  je  crois  qu'il  fltut  lire  gant  guir  res  (elle  dit)  avec  une 
parole  nette,  i.  e.  (elle  déclara)  nettement,  expressément. 

P.  513.  Il  n'y  a  guère  lieu  d'hésiter  entre  les  deux  mots 
roue-:^^  «  don  »  et  «  rare  »  :  l'un  est  un  nom,  qui  a  deux  syl- 
labes, l'autre  un  adjectif,  qui  n'en  a  qu'une. 

P.  518.  Strocat  «  traîné  ».  Je  traduirais,  avec  M.  Stokes, 
«  il  fut  traîné  ».  (gl.  tractus  est).  Ce  mot  pourrait  venir  du 
lat.  extorqncre  :  cf.  stronça  ébranler,  Pel.,  tréc.  strohsah  caho- 
ter, moy.  br.  stroncer  on  grincera  (des  dents)  =  *  extrociare, 
comme  trohsah  trousser  =  *trociare.  Il  rappelle  l'espagnol 
estrujar  presser  =  *  extrociare.  Cf.  aussi  distroncqiiet  défait, 
livide,  distroncqa  devenir  livide,  Grég.,  distrounha  décolorer, 
exténuer.  Le  Gon.,  pet.  Trég.  distrohhah  essanger,  laver  à 
moitié,  dégraisser  le  linge  avant  de  le  mettre  à  bouillir,  de 
dis tor guère  ? 

P.  524.  «  Il  y  a  une  exception  apparente  à  la  règle  qui  veut 
que  après  un  nom  masculin,  l'initiale  de  l'adjectif  suivant  soit 
intacte.  On  dit  parfaitement,  par  exemple,  lann  vras,  le  grand 
Jean,  pour  lann  bras.  Mais  il  faut  remarquer  que  ce  fait  ne  se 
produit  qu'autant  que  bras  devient  l'épithète  habituelle  Aq  Jean, 
et  forme  ainsi  avec  le  nom  un  véritable  composé,  dans  le  genre 
des  composés  anciens  Britto-maros,  Teuto-matos,  etc.  Le  même 
phénomène  se  produit  en  gallois  ».  J'ai  étudié  ce  fait.  Glos- 
saire moy.  bret.,  v.  ab,  mais  sans  en  chercher  l'origine.  Celle 
qu'indique  M.  Loth  (cf.  Rev.  Celt.,  XI,  207,  208)  n'est  pas  sans 
difficulté.  Elle  revient  à  dire  que  dans  lann  bras  il  y  a  une 
épithète  de  circonstance,  et  dans  lann  vras  une  épithète  de 
nature.  Mais  alors  pourquoi  ne  distingue-t-on  pas  ainsi  entre 
breur  kaer  «  beau  frère  »,  et  *  breur  gaer,  beau-frère  ?  Je  pen- 
serais plutôt  à  une  influence  analogique  de  la  forme  du  vo- 
catif dans  les  thèmes  en  0  :  lann  Vras  viendrait  d'une  imi- 


^66  Bibliographie. 

tation  de  Pcr  Vras,  le  grand  Pierre,  qui  lui-même  serait  pro- 
prement «  grand  Pierre!  »  =  *Petre  brase.  Dans  la  déroute 
des  déclinaisons,  il  était  assez  naturel  que  l'onomastique  con- 
servât une  trace  phonétique  du  vocatif.  Cf.  même  en  latin  le 
nommanï  Juppitcr  provenant  du  vocatif  =  ZsO  r^x-zp,  à  cause 
de  la  fréquence  de  cette  forme  dans  les  invocations. 

Ces  dissidences  ne  n'empêchent  pas  de  reconnaître  l'intérêt 
scientifique  de  premier  ordre  que  présente  la  pubHcation  de 
M.  Loth.  Elle  est  appelée  à  faciliter  grandement  l'étude  appro- 
fondie de  l'armoricain  aux  Bretons  bretonnants  et  aux  autres. 
C'est  surtout  pour  la  période  si  peu  connue  du  ix^  au  xv^  siècle 
que  ses  recherches  laborieuses  ont  été  fécondes  en  résultats 
nouveaux  :  par  sa  revision  du  manuscrit  du  Cartulaire  de 
Redon  et  son  étude  sur  les  textes  des  chartes  et  des  vies  de 
saints  (p.  95-236),  il  a  rendu  à  la  science  historique  du  breton 
un  service  éminent,  dont  tous  les  celtistes  doivent  lui  savoir 
gré. 

E.  Ernault. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  I.  Mort  de  William  Kirby  Sullivan.  —  II.  Traduction  de  la  Bible  en 
breton  par  M.  Le  Coat.  —  III.  Le  slavon  balwan  et  le  breton  p'ulvaii.  —  IV.  L'ir- 
landais Muirchu,  vue  siècle,  avait-il  lu  Flavius  Josèphe  ?  — ■  V.  Critique  par  M.  Stan- 
dish  O'Grady  des  Lives  of  saints  from  the  Book  of  Lismore  par  M.  Whitley  Stokes. 

—  VI.  Un  manuscrit  inconnu  jusqu'ici  de  la  grammaire  irlandaise  dite  Uraicept  na 
n-eigeas.  —  VII.  Autres  découvertes  de  M.  Kuno  Meyer  dans  les  mss.  Phillips.  — 
VIll.  La  particule  didu.  —  IX.  Liste  des  vies  de  saints  comprises  dans  le  ms.  dit 
de  Salamanque.  —  X.  Nouvelle  édition  du  Manuel  de  numismatique  ancienne  de 
M.  A.  de  Barthélémy.  —  XI.  Edition  par  M.  R.  Atkinson  des  Tri  bior-ghaoithe  an 
bhâis  de  Geoffroy  Keating.  —  XII.  L'ethnologie  des  Iles-Britanniques  par  M.  J. 
Rhys  dans  la  Scottish  Review. —  XIII.  Larançoa  au  poids  suivant  M.  Gaidoz  dans 
le  Cymmrodor.  —  XIV.  Le  latin  de  Grégoire  de  Tours  d'après  M.  Max  Bonnet.  — 
XV.  L'art  irlandais  dans  la  Grande-Bretagne  anglo-saxonne,  les  habitations  lacus- 
tres en  Ecosse.  —  XVI.  Une  excursion  d'archéologues  gallois  dans  la  Bretagne 
continentale.  —  XVII.  Etudes  grammaticales  de  MM.  Zimmer  et  Thurneysen  dans 
la  Zeitschrijt  de  Kuhn.  —  XVIII.  Achèvement  de  l'ouvrage  de  M.  JuUian  sur  les 
inscriptions  romaines  de  Bordeaux.  —  XIX.  Résumé  d'un  cours  de  droit  irlandais. 

—  XX.  Recherches  sur  la  propriété  foncière  et  les  noms  de  lieu  en  France.  —  XXI. 
Le  celtique  dans  les  langues  germaniques  suivant  M.  Kluge.  —  XXII.  Le  catalogue 
des  monnaies  gauloises  de  la  Bibliothèque  nationale.  —  XXIII.  Mémoire  de  M.  A. 
Nutt  sur  la  mythologie  et  les  légendes  celtiques.  —  XXIV.  Le  celtique  dans  le  tome  V 
des  Recherches  morphologiques  de  MM.  Brugmann  et  Osthoff.  —  XXV.  Achèvement 
des  Documents  sur  saint  Patrice  recueillis  par  le  Père  Hogan.  —  XXVI.  Irish  fairy 
taies,  par  Edmund  Leamy.  —  XX VII.  Trésor  du  vieux-celtique  de  M.  Holder.  — 
XXVllI.  Inscription  grecque  d'Agde.  —  XXIX.  Mémoire  de  MM.  Lièvre  et  Ernault 
sur  l'inscription  gauloise  du  Vieux-Poitiers.  —  XXX.  Critique,  par  M.  Whitley 
Stokes,  de  M.  Atkinson,  The  passions  and  homilles.  —  XXXI.  Les  anciens  catalo- 
gues épiscopaux  de  la  province  de  Tours,  par  l'abbé  Duchesne.  —  XXXII.  Le  duel 
conventionnel.  —  XXXIII.  Vente  de  la  bibliothèque  de  W    M.  Hennessy. 

I. 

Le  mardi  12  mai  dernier  est  mort  à  l'âge  de  68  ans  William  Kirby  Sul- 
livan, président  du  Collège  de  la  Reine  à  Cork,  mais  plus  connu  dans  le 
monde  des  études  celtiques  par  la  publication  du  livre  intitulé  On  the  Man- 
iters  and  Ciistoms  of  the  ancicnt  Irish,  trois  volumes  in-8,  1873.  Les  deux  der- 
niers volumes  contiennent  une  série  de  leçons  faites  à  lUniversité  catho- 
lique d  Irlande  par  Eugène  O'Curry  de  mai  1857  ^  juillet  1862  et  qui 
pendant  onze  ans  avaient  attendu  un  éditeur.  Le  tome  premier  renferme 
une  introduction  composée  par  Sullivan  et  dont  la  valeur  est  beaucoup  su- 
périeure à  ce  que  pouvait  faire  espérer  la  spécialité  de  l'auteur.  En  effet, 
Sullivan  était  professeur  de  chimie  à  l'Université  catholique  d'Irlande 
et  au  Royal  Collège  of  Science,  de  Dublin.  C'était  surtout  comme  chimiste  qu'il 
avait  de  la  réputation.  Après  avoir,  dit-on,  commencé  ses  études  à  l'école 


568  Chronicjuc. 

des  «  Christian  Brothers  »  de  Cork,  il  les  avait  continuées  en  Allemagne  sous 
la  direction  de  Liebig.  Ce  n'était  pas  tout  à  fait  la  préparation  nécessaire  à 
un  continuateur  d'O'Curry,  mais  on  doit  convenir  que  pour  un  chimiste  de 
profession,  l'introduction  au  livre  d'O'Curry  est  une  œuvre  fort  remar- 
quable, et  on  devra  toujours  beaucoup  de  reconnaissance  à  Sullivan  pour 
la  peine  qu'il  a  prise  de  publier  les  savantes  leçons  d'O'Curry. 

II. 

II  nous  arrive  entre  les  mains  un  volume  in-8  de  1068  pages,  imprimé 
sur  papier  assez  fin  pour  ne  pas  dépasser  l'épaisseur  d'un  in-8  de  500  pages 
ordinaire.  En  voici  le  titre  :  An  Bibl  satitel,  en  pehini  ema  ar  gonvenans  ko^ 
hag  an  hini  neve':^,  troet  en  Breiounek  (ie^  Treger)  herve^  ar  mammoii-skrid 
hebre  ha  grek  ha  kemmet,  gant  ar  brasa  eve^,  eii^  an  droedigeiiou  groet  eu^  al 
levr  :(e  er  ie^ou  ail,  gant  1°  talvoudegei  ar  giriou  dishenvel  er  pevar  hrank  eux_ 
ar  ie:^  Bre^ounek  ;  2°  diskoue^ou  an  unvanieia  ^o  entre  ar  gonvenans  ko:^  hag  an 
hini  neve:;^;  3°  diskleriadure^  an  hanoiou  hag  al  lec'hiou  hanvet  er  Bibl.  «  La 
sainte  Bible  où  sont  l'ancien  testament  et  le  nouveau,  traduite  en  breton  (dia- 
lecte de  Tréguier)  d'après  l'original  hébreu  et  grec  et  comparée,  avec  la 
plus  grande  attention,  aux  traductions  de  ce  livre  en  d'autres  langues.  On  y 
trouvera:  1°  les  mots  synonymes  dans  les  quatre  dialectes  du  breton; 
2"  la  concordance  entre  l'ancien  testament  et  le  nouveau;  3"  l'explication 
des  noms  et  des  lieux  mentionnés  dans  la  Bible  ».  Le  texte  est  imprimé  à 
deux  colonnes,  entre  lesquelles  a  été  réservée  une  colonne  moindre  affectée 
aux  notes.  Le  haut  de  cette  colonne  médiale  est  consacré  aux  notes  de  la 
colonne  de  gauche,  le  bas  aux  notes  de  la  colonne  de  droite.  C'est  là  que 
se  trouvent  les  synonymes  bretons  et  les  renvois  d'un  livre  à  l'autre 

Le  nouveau  testament  est  la  reproduction  de  la  traduction  de  M.  Le  Coat 
imprimée  à  Londres  en  1883  par  la  Trinitarian  Bible  Society,  et  dont 
M.  Emile  Ernauh  a  rendu  compte  dans  la  Revue  Celtiqne,  t.  VI,  p.  582-583. 
Aucune  des  fautes  de  traduction  signalées  par  notre  savant  collaborateur 
n'a  été  corrigée.  Ainsi  chez  saint  Mathieu,  IX,  13,  on  lit  :  !MâOc-£  -:'  sa-riv 
"EXco;  OeÀo)  /.a't  où  Ouaiav.  «  Apprenez  ce  que  veut  dire  :  je  veux  la  miséri- 
corde et  non  le  sacrifice.  »  Le  Gonidec  avait  traduit  :  Deskit  petra  eo  da  la- 
varout  :  giiell  eo  ganen  trugare::^  eget  a:ieulidioe~  ■ .  M.  Le  Coat  a  remplacé  les 
mois  pctraeo  da  lavard,  littéralement  «  qu'est  à  dire,  »  par  ceux-ci:  ar pe:{  a 
c'hoanta  laret  ar  c'l)o»iiou-ina,  littéralement  «  ce  que  ces  paroles  désirent 
dire  ».  Ar  pe~  a  c'hoanta  laret  s'emploie  avec  une  personne  et  non  une  chose 
pour  sujet,  La  traduction  de  Le  Gonidec  est  donc  dans  ce  passage  supé- 
rieure à  celle  de  M.  Le  Coat. 

Celle  de  M.  Le  Coat  l'emporte  sur  certains  points.  Elle  est  maniable. 
Celle  de  Le  Gonidec  imprimée  sur  papier  vergé  forme  deux  volumes,  dont 
un  surtout,  trop  épais,  ne  l'est  pas.  Enfin  M.  Le  Coat,  que  nous  supposons 

I .  Littéralement  :  »  apprenez  ce  qu'est  à  dire  :  mieux  est  pour  moi  mi- 
séricorde qu'adoration.  » 


Chronique.  369 

être  l'auteur  de  la  traduction  de  l'ancien  Testament  comme  du  nouveau, 
s'est  attaché  à  reproduire  plutôt  comme  il  le  dit  dans  son  titre  les  originaux 
hébreu  et  grec  que  la  Vulgate  latine.  On  le  voit  dès  le  premier  verset  de  la 
Genèse.  Dans  la  Vulgate  :  in  principio  creavit  Deus  caelum  et  terrant.  C'est  à 
peu  près  exactement  la  version  des  Septante  :  èv  àp/fî  zT.olr^rsz^i  ô  Oso;  tÔv 
oûpavôv  v.ol:  tv;  y^v.  Le  Gonidec  avait  traduit  littéralement  sans  remonter  à 
l'hébreu  :  er  penn  kenta  Doue  a  groiiai  ann  env  hag  ann  douar.  C'est  aussi  la 
traduction  irlandaise:  s' ann  tosach  do chrûtaidh Dia neamh agus talamh ;  «  Au- 
commencement  Dieu  créa  le  ciel  et  la  terre.  »  Malheureusement  dans  ces 
quatre  traductions,  grecque,  latine,  bretonne  et  irlandaise,  il  y  a  une  grosse 
faute  ;  en  effet  le  mot  hébreu  rendu  par  les  mots  oj;avov,  caelum,  env, 
neamh,  tous  au  singulier,  est  au  pluriel.  Le  rédacteur  de  la  traduction  gal- 
loise s'en  était  aperçu  ;  aussi  a-t-il  écrit  y  nefoedd  «  les  cieux  ».  M.  Le  Coat 
Fa  également  bien  vu  et  de  là  sa  traduction;  elle  reproduit  exactement  celle 
de  Le  Gonidec,  mais  avec  la  correction  envou  pour  env:  «  Dieu  créa/t'5  cieux 
et  la  terre.  »  Les  philologues  regretteront  dans  cette  version  une  inconsé- 
quence. Il  est  en  effet  plus  exact  de  rendre  par  le  pluriel  envou  «  les  cieux  » 
que  par  env  «  le  ciel  »  le  mot  hébreu  hashamàim,  mais  pour  être  logique  il 
faudrait  aussi  rendre  par  un  pluriel  le  mot  Elohiin,  littéralement  «  les 
dieux  ».  Quand  on  est  en  train  de  corriger  les  Septanie  et  la  Vulgate, 
pourquoi  s'arrêter  ainsi  à  mi-chemin  ?  Mais  malgré  sa  prétention  de  se  con- 
former à  l'original  hébreu,  je  doute  que  M.  Le  Coat  fasse  droit  à  cette  cri- 
tique plus  qu'à  celles  que  lui  adressait  il  y  a  cinq  ans  M.  Emile  Ernault. 

in. 

t 

Dans  ï  Academy  du  15  mars,  p.  189,  M.  H.  Krebs  se  préoccupe  de  la 
question  de  savoir  s'il  n'existe  pas  dans  les  langues  slaves  quelques  mots 
d'origine  celtique  et  il  signale  à  l'attention  des  celtistes  qui  lisent  VAcadsmy 
le  sLavon  bahvan  ou  bohvan  dont  la  transcription  anglaise  serait  balvdn.  Ce 
mot  se  rencontre  en  russe  et  dans  la  plupart  des  dialectes  slavoniques,  aussi 
bien  qu'en  lituanien.  Sa  signification  est  «  bloc  de  bois  ou  de  pierre,  pilier, 
statue,  idole  »  et  ce  mot  viendrait  d'un  original  celtique  pcidwan. 

On  peut  répondre  que  petdvan  n'est  pas  un  mot  celtique  primitif;  c'est 
un  composé  breton  de  date  récente  ;  de  ses  deux  éléments,  peuî,  le  premier, 
est  identique  au  hùn  palus  «  poteau  »  dont  l'a  long  est  réguHèrement  repré- 
senté par  eu  en  breton.  Le  second  terme  est  le  breton  maen,  main  n  pierre  ». 
Peiilvan,  comme  écrit  le  dictionnaire  de  Le  Gonidec,  veut  dire  «  poteau 
de  pierre  ».  Le  mot  peul  «  poteau  »,  au  p\urïe\  peuliou,  existe  à  l'état  isolé 
en  breton.  Le  gMois  paivl,  poli  on  est  le  môme  mot.  La  conclusion,  c'est 
que  tout  rapprochement  entre  le  breton  peulvan  et  le  mot  slave  dont  il 
s'agit  est  caduc. 

IV. 

Dans  le  fragment  de  la  vie  de  saint  Patrice  par  M'uirchu  découvert  à 
Bruxelles  par  le  Père  Hogan,  on  lit  que  Moneisen,  fille  d'un  roi  saxon,  était 


Î70  Chronicjue. 

arrivée  à  la  connaissance  du  vrai  Dieu  par  les  seules  lumières  de  la  raison  : 
«  quaerebat  namque  per  naturam  totius  creaturae  factorem,  in  hoc  patriarchae 
Abraham  secuta  exemplum  »  '.  M.  Whitley  Stokes  2  croit  trouver  Forigine 
de  cette  comparaison  avec  Abraham  dans  un  passage  des  Antiquités  judaï- 
ques de  Flavius  Josèphe.  On  y  voit  qu'Abraham  osa  le  premier  déclarer  qu'un 
dieu  unique  était  le  créateur  de  toutes  choses  ;  il  concluait  l'existence  de 
Dieu  des  faits  qui  montrent  son  action  sur  la  terre,  sur  la  mer,  sur  le  soleil 
et  sur  la  lune,  et  de  tous  les  pliénomcnes  qui  se  produisent  dans  le  ciel  3. 
M.  Whitley  Stokes  conclut  que  Muirchu  avait  lu  Flavius  Josèphe,  soit  dans 
une  traduction,  soit  dans  le  texte  grec  original  comme  aurait  pu  le  faire 
deux  siècles  plus  tard  son  compatriote  Scot  Erigène,  le  célèbre  auteur  du 
ïii'A  o-ja;w;  [jL£>'.a;i.oj  4.  L'hypothèse  de  M.  Whitley  Stokes  peut  être  con- 
forme à  la  réalité.  Toutefois  il  serait  bon  de  vérifier  si  quelque  Père  de 
l'Eglise,  connu  par  Muirchu,  n'aurait  pas  reproduit  la  doctrine  de  Flavius 
Josèphe  et  si  par  conséquent  l'écrivain  irlandais  n'aurait  pas  connu  par  l'en- 
tremise d'un  tiers  le  texte  précité  de  l'auteur  juif. 

V. 

M.  Standish  O'Grady,  dont  tout  le  monde  s'accorde  à  reconnaître  la  com- 
pétence lorsqu'il  s'agit  d'irlandais  moderne  et  d'irlandais  moyen,  a  publié 
dans  VAcademy  du  26  avril,  p.  286,  sous  le  titre  de  Irish  Items,  un  recueil  de 
notes  critiques  sur  les  Vies  de  saints  irlandais  du  Livre  de  Lismore  annoncées 
dans  notre  précédente  livraison,  p.  241.  Certaines  de  ces  critiques  paraissent 
quelque  peu  minutieuses. 

Ainsi,  dans  la  vie  de  saint  Senan,  1.  2226-2228,  il  est  question  d'un  monstre 
tellement  chaud  qu'il  mettait  la  mer  en  ébuUition  quand  il  y  entrait  :  in  tan 
no  cingedh  innte,  littéralement:  «dans  [le]  temps  [où]  il  allait  en  elle  ». 
M.  Whitley  Stokes  a  traduit  comme  nous  :  «  Quand  il  y  entrait  »,  «  when  it 
entered  it  ».  Cette  traduction  ne  vaut  rien,  dit  M.  Standish  O'Grady:  il  faut 
dire  :  «  quand  il  s'avançait  dans  elle,  therein,  c'est-à-dire  se  précipitait  à 
travers  elle  ». 

«  Il  ne  lui  avait  échappé  depuis  lors  personne  qui  eût  raconté  de  lui  des 
nouvelles  »  :  nech  atfessed  asccla,  «  who  could  tell  tidings  ofit  »,  «  qui  pût  dire 
des  nouvelles  de  lui  »,  traduit  M.  Whitley  Stokes.  Mauvais  !  s'écrie  M.  Stan- 
dish O'Grady  :  le  mot  irlandais  atfessed  ne  signifie  pas  ivho  could  tell  «  qui 

1.  Analecta  Bollandiana,  t.  L  p.  576,  1.  8-9.  Whitley  Stokes,  Tlie  tripar- 
tite  life  of  Patrick,  p.  497,  1.  2-5. 

2.  Academy  du  22  mars  1890,  p.  207,  col.  3. 

3.  npoiTo;  oùv  ToXuà  ©côv  à~03rîvaaOa'.  orjaiOUpyôvTwv  ô'Xtovâ'va.. .  E'tV.ai^E  os 
xaijTa  tôt;  "t^;  yrj;  za''.  OaAocTTrj;  TîxOr'aaa'.,  loî;  x:  r.ioi  tôv  fjXtov  xa'i  xfjV  iî)>r]'vr]v, 
•/.a;  ::aat  xoî;  zax'oùpavov  '^'j^^a.ivo-ji'..  Josbphs,  Antiquités  judaïques,  I,  7  ;  éd. 
Didot,  p.  18,  1.  13-14,  16-19. 

4.  Ce  traité  a  été  composé  en  latin  malgré  son  titre.  Mais  Scot  Erigène 
a  fait  des  vers  grecs  qu'on  peut  voir  chez  Migne,  Patrologia  latina,  t.  CXXII, 
col.  1225,  1251,   1238-1240. 


Chronicjue.  jyi 

pût  dire  »,  son  sens  est  en  anglais  to  tell  «  pour  dire  »,  littéralement  en 
latin  qui  narraret. 

Je  ne  comprends  pas  bien  l'intérêt  de  cette  critique,  et  M.  Whitley  Stokes 
{Acadeniy  du  3  mai,  p.  305),  fait  observer  que  dans  la  traduction  proposée 
par  M.  Standish  O  Grady  pour  le  premier  membre,  l'emploi  de  l'anglais 
therein  «  dans  elle  »,  littéralement  «  là-dedans  »  ne  rend  pas  exactement 
l'irlandais  innte.  Therein  correspond  au  latin  in  ea,  in  eo,  avec  le  pronom  à 
l'ablatif,  tandis  que  innte  veut  dire  in  eam,  avec  le  pronom  à  l'accusatif  (e, 
dans  z«n/-e  représente  un  primitif  *  «an,  accusatif  singulier  féminin). 

Parmi  les  critiques  de  M.  Standish  O'Grady,  il  y  en  a  certainement  de 
plus  intéressantes  :  telles  sont  par  exemple  celles  qui  concernent  le  membre 
de  phrase  ni-sn-etfaitis  ethra.  Il  s'agit  toujours  de  ce  monstre.  M.  Whitley 
Stokes  rend  ainsi  :  no  bouts  could  catch  it  :  «  aucuns  bateaux  ne  pouvaient  le 
prendre  ».  Puis  dans  ses  corrections  il  ajoute  qu'il  doit  cette  traduction  à 
M.  Standish  O'Grady  et  qu'il  la  rejette  parce  que  le  pluriel  d'e//;flr  est  (;//;aîV, 
non  ethra,  et  qu'il  doit  s'agir  ici  d'un  mot  irlandais  d'ailleurs  inconnu, 
identique  au  collectif  gallois  adar  «  oiseau  »,  au  singulier  aderyn. 

M.  St.  O'Grady  conteste  l'exactitude  de  la  traduction  etfaitis  par  «  could 
catch  it  »,  «  pourraient  le  prendre  »  ;  au  lieu  de  catch  it  «  le  prendre  »  il 
faudrait  get  at  it  «  l'atteindre  ».  C'est  en  effet  plus  exact.  Mais  M.  St. 
O'Grady  ne  se  contente  pas  de  cette  rectification  et  maintient  sa  traduction 
de  ethra  par  «  boats  »  «  bateaux  ».  La  grammaire,  dit-il,  ne  peut  pas  l'em- 
porter sur  le  bon  sens.  Comment  voyageaient,  se  demande-t-il,  les  pauvres 
gens  qui  donnèrent  la  chasse  au  monstre  et  qui  jamais  ne  sont  venus  en 
donner  des  nouvelles  ;  était-ce  en  bateau,  pensez-vous,  ou  à  bord  d'un 
oiseau  ?  Mais  à  cette  question  spirituelle  il  y  a  une  réponse.  Les  deux  mem- 
bres de  phrase:  «  aucun  oiseau  n'aurait  pu  l'atteindre  et  «  jusqu'à  ce  jour 
il  ne  lui  a  échappé  personne  qui  pût  donner  de  lui  des  nouvelles  »,  expri- 
ment deux  idées  indépendantes.  Au  moyen  âge,  ethra,  dans  ce  texte,  était 
compris  avec  le  sens  de  «  oiseau  ».  En  effet,  le  manuscrit  delà  bibliothèque 
Bodléienne  qui  est  coté  Laud  610,  qui  paraît  être  du  xve  siècle  ',  contient 
une  copie  de  la  vie  de  saint  Senan  à  laquelle  appartient  ce  membre  de 
phrase,  et  le  mot  ethra  du  manuscrit  de  Lismore  est  remplacé  dans  le  ma- 
nuscrit Laud  par  êna  qui  signifie  incontestablement  «  oiseaux  »  -. 

Je  me  borne  à  cet  échantillon  de  la  discussion  érudite  entre  M.  Standish 
O'Grady  dans  VAcademy  du  26  avril  et  M.  Whitley  Stokes  dans  VAcademy 
du  3  mai.  Rien  n'est  plus  instructif  que  cette  lutte  courtoise  entre  deux  sa- 
vants si  compétents,  mais  dont  le  point  de  vue  et  les  procédés  scientifiques 
ne  sont  pas  toujours  exactement  les  mêmes.  M.  Whitley  Stokes  reconnaît 
du  reste  le  fondement  d'une  partie  des  critiques  de  M.  Standish  O'Grady  et 
il  profite  de  l'occasion  pour  donner  une  liste  de  corrections  à  son  édition 

1 .  Gilbert,  Facsimiles  of  national  mss.  of  Ireland,  partie  III,  pi.  XLVii  ; 
éd.  in-8,  p.  122. 

2.  Dans  le  ms.  de  Paris,  f»  36  ro,  col.  2,  1.  41,  le  verbe,  écrit  ni-sn-eit- 
gidis,  n'a  pas  de  sujet. 


372  chronique. 

des  Vies  de  saints  du  livre  de  Lismore.  Un  supplément  à  cette  liste  de  cor- 
rections a  été  publié  par  M.  Whitley  Stokesdans  ÏAcademy  du  lo  mai,  p.  321. 

VI. 

M.  Kuno  Meyer  a  découvert  dans  le  ms.  de  Thomas  Phillipps  no  10279 
un  exemplaire  inconnu  jusqu'ici  de  la  Grammaire  irlandaise  composée  au 
moyen  âge.  Il  a  publié  à  ce  sujet  dans  VAcademv  du  10  mai,  p.  321,  une 
notice  dent  je  vais  combiner  le  résultai  avec  des  notes  bien  insuffisantes  que 
j'ai  recueillies  autrefois,  mais  qu'un  érudit  plus  jeune  que  moi  pourra  utiliser 
en  les  complétant. 

La  grammaire  irlandaise  composée  au  moyen  âge  se  divise  en  quatre 
livres,  précédés  d'une  sorte  d'introduction. 

Dans  le  Livre  de  Ballymote  l'introduction  commence,  p.  514,  col.  i,aux 
mots  :  «  Incipit  do-na-huraceptaib  »  et  le  premier  livre  se  termine  p.  321, 
col.  I,  1.  46,  aux  mots:  «  Finit  primus  liber  «.  Dans  le  Livre  de  Lecan 
(Royal  Irish  Academy,  23  .P.  2)  l'introduction  et  le  premier  livre  com- 
mencent au  fo  151  t",  où  on  lit  :  «  Incipit  auraicept  nan-eigeas  ».  —  «  Lea- 
bar  Cinndfaelad  mac  Ailella  ».  Dans  le  ms.  H.  2.  16  du  Collège  de  la 
Trinité  de  Dublin,  l'introduction  commence  col.  304  aux  mots  :  «  Incipit 
eraicept  nan-eiges  «  :  le  premier  livre  â  la  colonne  510;  l'auteur  et  la  date 
auxquels  ce  livre  est  attribué  sont  donnés  col.  510  :  «  Cait  log  acus  aimser 
«  acus  persa  acus  tucait  isgribind  ind-uraicept  ?.  .  .  Aimser  di  aimsir  Dom- 
«  naill  meic  Aodha,  meic  Ainm^rec,  persa  do  Cendfaola^i  mac  A'ûelh.  .  .  » 
L'auteur  serait  donc  Cendfaelad,  fils  d'Ailill  qui  vivait  sous  Domnall,  fils 
d'Aedh,  fils  d'Ainmire,  624-639,  suivant  la  chronologie  des  Quatre  Maîtres. 
Au  British  Muséum,  ms.  Egerton,  88,  l'introduction  commence  au  f»  62, 
aujourd'hui  65  :  «  Incipit  eraicept  nan-eces  »,  et  le  premier' livre  au  £■  64, 
aujourd'hui  63,  on  y  Ht  :  «  Caithe  \oc  ocus  aimser  ocus  ptrsa.  ociis  tucait  scri- 
«  binn  in  libair  sin  ?  Loc  do  cedus  Doire  Luruain,  ocus  aimsir  di  aimsir 
«  Domttaill,  meic  Aoda,  meic  .-Vinmereac;  ocw5  pearsa  do  Cendfaoladh,  mac 
«  Aik/la  ;  a  tucait  scribind,  a  inqint  dermait  do  bein  a  cund  Cennfaoladh  a 
«  cath  Moige  Rath.  »  Les  termes  sont  à  peu  près  les  mêmes  que  dans  le 
Livre  d'Aicill  (Anctent  lazvs  of  Ireland,  t.  III,  p.  86),  où  la  collaboration  de 
Cennfaelad  au  livre  d'Aicill  est  expliquée  par  une  blessure  reçue  à  la  tête 
pendant  la  bataille  de  Mag  Rath  (Moira)  1636,  et  par  une  lésion  au  cer- 
veau, effet  de  cette  blessure.  Le  livre  de  Cennfaelad  a  été  évidemment  in- 
séré dans  le  ms.  de  Thomas  Phillips  n"  10279;  ^^  passage  emprunté  par 
M.  Kuno  Meyer  au  f"  19  a  de  ce  ms.,  et  qui  traite  des  trois  genres,  est 
exactement  transcrit  dans  leiivre  de  Ballymote,  p.  319  ^,  1  1-5 •  L'intro- 
duction doit  se  trouver  aussi  dans  le  ms.  Phillips  10279;  elle  commence 
certainement  là  où  finit  le  traité  de  l'Ogam  dont  le  début  est  signalé  par 
M.  Kuno  Meyer  dans  le  ms.  Phillips  10279,  au  f"  i,  et  se  peuthre  dans  le 
livre  de  Ballymote,  p.  308  b,  1.  44. 

Le  livre  II  attribué  à  Fercertne  est  annoncé  dans  le  Livre  de  Ballymote, 
p.  321  a,\.  46-49;  suivant  ce  texte  le  livre  de  Fercertne  aurait  été  composé 


Chronique.  J7j 

à  Emain  Mâcha  au  temps  du  roi  épique  Conchobar  Mac  Nessa,  par  consé- 
quent vers  le  temps  de  la  naissance  de  J.-C.  Il  commence  dans  le  même 
ms-,  p.  321  ^,  1.  I  ;  dans  le  Livre  de  Lecan,  au  f°  155  v";  dans  le  ms. 
Egerton  88,  au  fo  68  h,  aujourd'hui  69  h;  dans  le  ms.  de  T.  C.  D.  coté  H. 
2.  16,  à  la  col.  524  ;  dans  le  ms.  Phillips  10279,  ^^  ^°  ^7  ^• 

Le  livre  III  ou  livre  d'Amergin  commence  dans  le  Livre  de  Lecan  au 
fo  157  r".  Il  est  attribué  à  Amergin  Glungeal,  personnage  imaginaire; 
Amergin  aurait  été  du  nombre  des  premiers  Irlandais  qui  débarquèrent, 
dit-on,  dans  l'île  d'Irlande,  environ  1700  ans  avant  J.-C.  suivant  la  chrono- 
logie des  Quatre  Maîtres. 

Le  livre  IV,  ou  livre  de  Fenius  Farsaid,  commenceau  fo  70,  aujourd'hui 
71,  col.  2,  1.  4  du  ms.  Egerton  88.  Ce  livre  aurait  été  composé  en  Asie 
dans  la  plaine  de  Senar,  au  temps  où  les  fils  d'Israël  sortirent  d'Egypte,  et 
où  les  ancêtres  des  Irlandais  habitaient  encore  l'Asie. 

L'e.xcellent  O'Curry,  Onthe  Manners,  t.  II,  p.  53-54,  prend  ces  dates  au 
sérieux,  et  croit  en  conséquence  qu'il  faut  ranger  les  quatre  livres  dans 
l'ordre  inverse  de  celui  qui  est  traditionnel.  Le  premier  est  le  seul  qu'on 
puisse  croire  l'œuvre  de  l'auteur  auquel  il  est  attribué,  et  encore  ! 

L'érudit  qui  prendrait  note  des  premiers  mots  de  chacun  de  ces  livres  et 
qui  enverrait  ce  renseignement  à  la  rédaction  de  la  Revue  Celtique  ferait 
œuvre  utile.  Je  regrette  de  n'avoir  pas  pris  ces  indications  dans  mon  voyage 
aux  Iles-Britanniques  il  y  a  neuf  ans.  En  connaissant  les  premiers  mots  de 
chaque  livre,  on  établirait  avec  plus  de  précision  la  concordance  entre  les 
mss.  où  ce  traité  de  grammaire  est  conservé. 

VII. 

Le  ms.  9194  de  Thomas  Phillips  contient,  nous  apprend  M.  Kuno  Meyer, 
une  vie  de  saint  Fechin  traduite  du  latin  en  irlandais  et  une  homélie  irlan- 
daise sur  le  même  personnage.  On  sait  que  la  fête  de  saint  Fechin  se  cé- 
lèbre le  20  janvier,  et  que  sa  vie  latine  a  été  publiée  par  Colgan,  Acta  sanc- 
toruin,  t.  I,  p.  130,  et  par  les  Bollandistes,  janvier,  t.  II,  p.  330. 

Dans  le  ms.  9195,  M.  Kuno  Meyer  a  trouvé  un  fragment  d'Annales 
d'Irlande  et  un  exemplaire  du  Livre  des  droits,  Leabhar  na  g-ceart  dont  on 
sait  qu'une  édition  a  été  donnée  par  John  O'Donovan  pour  la  Celtic  Society 
en  1847. 

Le  ms.  n°  10297,  xv«  siècle,  contient  des  traités  de  médecine. 

Le  n°  8125  renferme  une  copie  du  poème  qui  commence  par  le  vers  Etre 
aird,  inis  na  riogh  !  «  Noble  Irlande  !  Ile  des  rois  !  »  qui  se  trouve  aussi  dans 
le  Livre  de  Leinster,  p.  127,  dans  le  Livre  de  Lecan,  fo  303,  et  dans  le 
Livre  de  Ballymote,  p.  45  b.  L'auteur  en  est  Gilla  Coemain  mort  en  1072. 

Vin. 

Dans  le  même  numéro  de  VAcademy,  M.  Kuno  Meyer  annonce  une  inté- 
ressante découverte  qu'il  a  faite  à  Oxford  dans  le  ms.  Rawlinson  B.  512  de 


374  Chroniijue. 

la  Bibliothèque  Bodléicnne,  xive-xv  siècles.  M.  Whitley  Stokes  a  donné 
dans  The  tripartite  Life  of  Patrick,  p.  xiv-xlv,  une  table  détaillée  de  ce 
ms.,  et  il  y  mentionne  (p.  xxi)  un  traité  sur  le  psautier,  fos4')-47.  M.  Kuno 
Meyer  y  a  remarqué,  f"  47  a  i  et  /'  i ,  deux  exemples  de  la  particule  didu 
«  donc  »  écrite  en  toutes  lettres.  On  sait  qu'elle  est  ordinairement  notée  di 
plus  un  signe  abréviatif,  lu  par  les  uns  n,  par  d'autres  m,  et  enfin  no.  Cette 
particule  est  identique  à  celle  qui,  au  ix'  siècle,  était  écrite  cinq  fois  didiii 
et  une  fois  didu  dans  le  ms.  de  Wurzbourg  (Grammatica  celtica,  2"  édition, 
p.  713-714)  comme  l'a  fait  observer  M.  Thurneysen.  Il  est  intéressant  de 
trouver  la  leçon  didu  cinq  ou  six  siècles  plus  tard. 

IX. 

J'ai  raconté  dans  le  t.  IX  de  la  Revue  Celtique,  p.  290-291,  la  publication 
du  ms.  de  Bruxelles  dit  de  Salamanque,  qui  contient  un  recueil  de  vies  de 
saints  d'Irlande.  Dans  ce  passage  de  la  Revue  Celtique,  on  a  vu  le  titre  du 
volume,  annoncé  au  prix  de  90  francs.  Grâce  à  l'obligeance  du  père  De 
Smedt,  l'un  des  éditeurs,  j'ai  pu  m'en  procurer  un  exemplaire  pour  un  prix 
très  modéré,  et  je  suis  en  mesure  de  donner  la  liste  des  saints  dont  la  vie  s'y 
trouve  contenue.  Je  marque  d'une  astérisque  les  vies  inédites  jusque-là. 

Abbanus,  voye:{  Albanus  col.  505 

Aidanus,  alias  Moedoc,  episcopus  Fernensis  (3 1  janvier),  465 

Aldus,  episcopus  Killarensis  (10  nov.),  333 

*Ailbeus,  episcopus  Imlacensis  (12  sept.),  235 

Albanus  seu  Abbanus,  abbas  Maghurnuidensis  (16  mars),  505 

Baithenus,  abbas  Hiensis  C9  juin),  871 

*  Brandanus,  abbas  Clonfertensis  (16  mai),  deux  vies  et  un  fragment, 

113,  7S9.  945 

Brigida,  abbatissa  Kildarensis  (l  février),  manque  le  commencement,       i 

*Cainecus,  abbas  Aghaboensis  (i  i  oct.)  361 

Carthacus,  alias  Mochuda,  episcopus  Lismorensis  (14  mai),  779 

Catharina  Ale.xandritia,  681 

*Cieranus,  abbas  Cluanensis  (9  sept.),  155 

Cieranus,  episcopus  Saigirensis  (5  mars),  805 

*Coemgenus,  abbas  Glendalochensis  (3  juin),  83$ 

*Colmanus  Eala,  vulgo  Colrnanellus,  abbas  Lann-Ealensis  (26  sept.),  415 

Colmanus,  alias  Mocholmog,  episcopus  Drumorensis  (7  juin),  827 

Columba  Cille,  abbas  Hiensis  (9  juin),  fragment,  221 

*Columba  de  Tirdaglas  (13  décembre),  445 

*Comgallus,  abbas  Benchorensis  (10  mai),  773 

Cronanus,  abbas  Roscreensis  (28  avril),  541 

Cuannatheus,  abbas  Lismorensis  (4  février),  931 

Dagaeus,  abbas  Iniskinensis  (18  août),  891 

Dairchellus,  voye:;^  Moling,  819 

Darerca  seu  Moninna,  abbatissa  (6  juillet),  165 


Chronicjue.  375 

Eugenius,  episcopus  Ardstratensis  (23  août),  915 

*  Finanus,  abbas  Kinnitiensis  (7  avril),  305 

Finnianus,  abbas  et  episcopus  Clonardensis  (12  déc),             '  189 

Fintîtius,  abbas  Clonenaghensis  (17  février),  289 

Fintanus,  abbas  Dunlucensis  (3  janvier),  225 

Fintanus,  alias  Munna,  abbas  Achadliacensis  (21  oct.),  393 

*Flannanus,  episcopus  Killaloensis  ("18  décembre),  643 

Furseus,  abbas  (16  janvier),  77 

*Laisrianus,  alias  Molassius,  abbas  et  episcopus  Lethglinnensis  (18  av.),  791 

*Laurentius,  episcopus  Dublinensis  (14  novembre),  641 

*Lugidus,  alias  Molua,  abbas  Clonfertmoluensis  (4  août),  deux  vies,  la 

seconde  inédite,  261,  879 

Maccarthinus,  episcopus  Clochorensis  (15  août),  sans  commencement,  799 

Macnissus,  episcopus  Connerensis  (3  sept.),  925 

Malachias,  episcopus  Ardmachanus  (3  nov.),  551 

Mocholmog,  voyez  Colmanus,  827 

Mochuda,  voyei  Carthacus,  779 

*Mochulleus,  episcopus  (12  juin)  fragment,  939 

Moedoc,  voye^  Aidanus,  463 

Molassius,  voye^  Lasrianus,  791 

Moling,  alias  Dairchellus,  episcopus  ("17  juin),  819 

Molua,  voyei  Lugidus,  261,  879 

Moninna,  voyez  Darerca,  165 

Munna,  voye^  Fintanus,  393 

Rodanus,  abbas  Lothrensis  (1$  avril),  319 

Senanus,  abbas  Iniscathensis  (8  mars)  735 

Tigernacus,  episcopus  Clonesensis  (4  avril),  211 

Enfin  le  ms.  de  Salamanque  contient  la  curieuse  pièce  que  MM.  Arthur 
West  Haddan  et  William  Stubbs  ont  publié  dans  leurs  Coiincils  and  ecdesias- 
tical  docunienls  relating  io  Great  Brilain  and  Ireland,  vol.  II,  part.  11,  p.  292- 
294,  sous  le  titre  de  [Catalogue  of  irish  Saints]  et  qu'ils  datent  du  milieu  du 
viir  siècle.  On  la  trouve  ici,  aux  col.  161 -164,  sous  ce  titre  :  De  tribus 
ordinibus  sandorum  Hiberniae. 


X. 

M.  A.  de  Barthélémy,  dont  la  collaboration  à  la  Revue  Celtique  est  si 
justement  appréciée  de  nos  lecteurs,  vient  de  publier  à  la  librairie  Roretune 
nouvelle  édition  de  son  Manuel  de  numismatique  ancienne.  Cette  édition, 
mise  au  courant,  a  comme  la  première  le  mérite  de  réunir,  dans  l'espace  le 
plus  resserré  possible,  les  notions  fondamentales  d'une  science  dont  la  bi- 
bliographie complète  est  aujourd'hui  si  considérable.  C'estun  volume  in- 16 
qui  n'a  pas  500  pages.  L'atlas  qui  y  est  joint  ne  comprend  que  douze  plan- 
ches et  ne  dépasse  guère  les  dimensions  ordinaires  d'un  in-8.  On  trouve, 
p.  103-129  du  Manuel,  une  étude  sur  les  monnaies  celtiques  de  Gaule,  de 


^76  Chronique. 

Bretagne  et  de  Germanie.  La  liste  des  noms  inscrits  sur  ces  monnaies 
occupe  les  pages  11 6- 129.  Ce  livre  est  appelé  à  rendre  de  grands  services, 
soit  aux  débutants,  soit  aux  savants  et  aux  amateurs  qui  ne  font  pas  de  la 
numismatique  leur  occupation  spéciale. 

XI. 

M.  Robert  Atkinson,  dont  nous  annoncions  il  y  a  deux  ans  (t.  IX,  p.  127) 
une  volumineuse  et  instructive  publication  des  homélies  en  irlandais  moyen 
d'après  un  manuscrit  du  xiv^  siècle,  vient  de  publier  un  texte  irlandais  du 
xviie  siècle  :  «  Les  trois  aiguillons  de  la  mort  »,  Tri  bior-gaoithe  an  bhiis, 
de  Geoffroy  Keating,  plus  connu  comme  auteur  d'une  histoire  d'Ir- 
lande. M.  A.  donne:  le  texte  irlandais,  p.  1-298,  un  —  très  utile  —  voca- 
bulaire, p.  299-455;  une  table  des  auteurs  cités,  p.  454-455  ;  un  index  des 
passages  de  la  Bible,  p.  456-462;  le  volume  se  termine  par  un  appendice 
qui  traite  du  verbe  dans  la  langue  de  Keating,  p.  i-xxxii.  Cette  publication 
est  précédée  d'une  préface  dont  voici  la  traduction  :  «  En  présentant  cet  ou- 
«  vrage  au  public,  je  cherche  à  mettre  à  exécution  le  projet  annoncé  dans 
«  mon  mémoire  sur  la  lexicographie  irlandaise,  p.  34,  qui  a  été  une  de 
«  mes  leçons  de  la  fondation  Todd.  On  doit  commencer  l'étude  de  l'irlan- 
«  dais  par  les  portions  les  plus  faciles,  et  ce  sont  indubitablement  les  por- 
«  tions  ecclésiastiques.  C'est  une  grande  erreur,  suivant  moi,  que  font 
«  souvent  ceux  qui  étudient  l'irlandais,  quand  ils  négligent  cette  base  indis- 
«  pensable,  ce  moyen  d'acquérir  avec  les  idiotismes  celtiques  la  familiarité 
«  nécessaire,  et  quand  ils  se  hâtent  de  chercher  la  solution  difficile  et  peut- 
«  être  impossible  des  problèmes  que  nous  offrent  les  débris  de  la  littérature 
«  celtique.  Les  textes  que  j'ai  publiés  d'après  le  Leabhar  Breac  et  le  texte  édité 
«  dans  le  présent  volume  contiennent  certainement  une  très  grande  partie 
«  de  ceux  des  mots  irlandais  dont  on  connaît  le  sens  avec  certitude.  Mais, 
«  outre  le  vocabulaire,  ces  textes  montrent  avec  une  grande  variété  la  réelle 
«  structure  du  langage.  Une  connaissance  complète  de  ces  pages  pré- 
«  servera  l'étudiant  de  beaucoup  de  bévues  dans  l'analyse  de  textes  plus 
«  difficiles. 

«  Il  y  a  dans  ce  livre  à  peine  une  ligne  dont  un  Irlandais  parlant  sa 
«  langue  nationale  ne  saisira  pas  du  premier  coup  la  signification.  Il  est 
«  écrit  en  véritable  irlandais,  sans  contamination  de  phrases  anglaises. 
«  L'auteur  est  un  maître  dans  la  langue  irlandaise  quand  cette  langue  était 
«  encore  une  puissance.  Je  recommande  vivement  l'étude  de  Keating  au 
«  jeune  étudiant  qui  cherche  à  pénétrer  les  secrets  de  la  parole  irlandaise. 
«  La  langue  irlandaise  n'a  pas  de  formes  dont  l'étudiant  ne  trouvera  pas  un 
«  modèle  dans  cet  ouvrage  » . 

Les  observations  du  savant  auteur  sont  fort  justes.  La  route  qu'il  conseille 
de  suivre  est  certainement  la  plus  sûre.  Seulement  elle  a  le  grand  défaut 
d'off'rir  peu  d'attraits  ;  les  textes  épiques  irlandais  ont  une  originalité  qui 
manque  aux  textes  ecclésiastiques,  ceux-ci  expriment  des  idées  empruntées 
à  la  littérature  latine,  ou  qui  y  ont  depuis  longtemps  pénétré. 


Chronique.  ;^j 


XII. 

Nous  avons  annoncé  dans  notre  précédente  chronique,  p.  239,  la  publi- 
cation dans  la  Scottish  Reviezv  de  leçons  de  M.  John  Rhys  sur  l'ethnologie 
primitive  des  Iles-Britanniques.  La  première  de  ces  leçons  a  paru  dans  le 
numéro  d'avril,  p.  235-232.  Le  savant  auteur  montre  dans  ces  quelques 
pages  le  remarquable  talent  d'exposition  qui  distingue  tous  ses  écrits.  Il  se- 
rait difficile  de  faire  mieux  comprendre  à  un  lecteur  l'histoire  du  p  gallois 
et  breton.  Il  y  a  toutefois  un  point  sur  lequel  il  m'est  impossible  de  partager 
sa  doctrine.  D'après  lui  les  Celtae,  qui  suivant  César  habitaient  entre  la 
Seine  et  la  Garonne,  et  les  Celtes  d'Espagne  appartenaient  au  même  groupe 
que  les  Irlandais  et  n'avaient  pas  transformé  le  ^  en  ^  comme  les  Belges  et 
les  Bretons.  Cette  thèse  s'appuie  sur  deux  faits  :  1°  l'existence  en  Espagne 
sous  l'empire  romain  d'une  ville  appelée  Equahona,  2°  le  nom  de  la 
Seine,  Sequana;  mais  Equabona  est  un  composé  dont  le  premier  terme  est 
latin  comme  Julio-bona,  Augiisto-bona  ;  Sequana  est  un  terme  préceltique 
comme  la  plupart  des  noms  de  rivière  de  la  Gaule.  Les  Celtes  de  Gaule 
comme  ceux  d'Espagne  connaissaient  le  p^zq.  Des  noms  de  peuples  comme 
Pelendones,  Parisii,  Petriicorii,  Picli,  et  des  noms  d'hommes  dont  il  serait 
facile  de  dresser  la  liste,  l'établissent  péremptoirement. 

XIII. 

La  revue  Y  Cymmrodor,  the  magazine  of  the  honourable  society  oi  Cym- 
mrodorion  for  1889,  contient  des  articles  intéressants.  Le  premier  est  de 
M.  Gaidoz.  Il  a  pour  objet  l'usage  antique  de  rançons  consistant  en  métal 
précieux  dont  le  poids  est  égal  à  celui  de  la  personne  rachetée.  Cet  usage  a 
existé  en  Allemagne  suivant  Grimm  '.  Dans  l'Inde,  suivant  une  communi- 
cation de  M.  Barth  à  M.  Gaidoz,  ofTrir  aux  dieux  son  poids  était  un  acte  de 
piété  dont  la  pratique  est  constatée  par  plusieurs  textes.  Le  roi  Cairpre  Cend- 
caitt  offrit  de  racheter  son  fils  qu'il  avait  fait  jeter  à  la  mer  et  qui  avait  été 
sauvé  ;  il  aurait  donné  le  poids  de  l'enfant  en  argent,  plus  le  tiers  du  même 
poids  en  or  2. 

On  trouve  en  Bretagne  des  traces  d'une  idée  analogue.  Ainsi,  le  duc  Sa- 
lomon,  ayant  fait  vœu  d'aller  en  pèlerinage  à  Rome,  envoya  à  sa  place  une 
statue  d'or  aussi  haute  et  aussi  grosse  que  lui.  Mais  il  n'est  pas  dit  qu'elle 
eût  son  poids  3.   On   peut   rapprocher  de  l'idée  qui  a  inspiré  ce  procédé 


1 .  Rechts  AUerthûmer ,  2^  éd.,  p.  675.  Grimm  prétend  retrouver  cet  usage 
dans  l'Iliade,  XXII,  351;  mais  il  n'est  pas  démontré  que  ce  vers  ait  le  sens 
spécial  que  le  savant  allemand  lui  attribue-,  il  se  rétè:e  à  une  rançon  quel- 
conque. 

2.  Ro-beraind  a-chomthrom  de  argut  dar-a-chend,  ocusro-pad  trian  de 
or.  Livre  de  Leinsier,  p.  126,  1.  40-41. 

3.  Dom  Morice,  Preuves  de  l'histoire  de  Bretagne,  t.  I,  col.  302-305. 

Revue  Celtique,  XI.  2  5 


37^  Chronique. 

celle  à  laquelle  recourent  deux  couples  bretons  pour  avoir  des  enfants.  Dans 
la  vie  de  saint  Samson  un  mari  donne  à  Dieu  un  bâton  d'argent  aussi  haut 
que  sa  femme  '.  Dans  la  Vie  de  saint  Brieuc,  une  mère  fait  faire  trois  ba- 
guettes, deux  d'argent  pour  elle  et  pour  son  mari,  la  troisième  d'or  pour 
son  fils;  elle  donne  tout  de  suite  les  deux  premières  ;  elle  donnera  la  troi- 
sième après  la  naissance  de  Fenfant  2.  A  côté  de  ces  faits,  M.  Gaidoz,  avec 
raison,  place  un  passage  du  Mahinogi  de  Branwen,  fille  de  Lyr  (traduction 
Guest,  t.  III,  p.  109  ;  traduction  de  Loth,  t.  I,  p.  75-74.  Le  texte 
gallois  a  été  imprimé  dans  l'édition  de  Lady  Guest,  t.  III,  p.  86,  1.  14-16, 
et  dans  l'édition  de  John  Rhys  et  Gwenogfryn  Evans,  p.  30,  1.  11-14).  Les 
chevaux  de  Matholwch  avaient  été  mutilés.  On  lui  proposa  de  lui  rendre 
l'équivalent,  plus,  comme  réparation  de  l'insulte  qu'il  avait  subie,  des  verbes 
d'argent  aussi  épaisses  et  aussi  longues  que  lui  et  un  plat  d'or  aussi  large 
que  son  visage.  Mais  de  poids  il  n'est  pas  question. 

On  remarquera  aussi  dans  ce  numéro  du  Cymmrodor  une  étude  de 
M.  Sayce  sur  la  légende  du  roiBIadud,  fondateur  de  Bath  (p.  207-221).  Ce 
personnage  a  été  connu  de  Geoffroy  de  Monmouth. 

XIV. 

M.  Max  Bonnet,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Montpellier, 
vient  de  faire  paraître  à  la  librairie  Hachette  une  thèse  de  doctorat  intitulée  : 
Le  latin  de  Grégoire  de  Tours.  C'est  un  volume  gr.  in-8  de  787  pages.  L'au- 
teur paraît  avoir  traité  son  sujet  avec  soin  et  d'une  façon  aussi  approfondie 
que  détaillée.  Quelques-unes  des  questions  dont  il  s'occupe  peuvent  avoir 
un  intérêt  au  point  de  vue  celtique.  C'est  ainsi  qu'il  donne  (p.  226)  une  no- 
menclature des  mots  celtiques  contenus  dans  Grégoire.  Ailleurs  M.  Bonnet 
revient  sur  une  question  traitée  dans  le  tome  I  de  la  Revue  Celtique,  p.  320 
et  suiv.,  sous  ce  titre:  «  Influence  de  la  déclinaison  gauloise  sur  la  décli- 
naison latine  dans  les  documents  latins  de  l'époque  mérovingienne  «  ?. 

Certaines  différences  entre  la  déclinaison  latine  classique  et  la  déclinaison 
celtique  tiennent  à  une  loi  phonétique  qui  voulait  que  dans  le  celtique  pri- 
mitif, l'ô  indoeuropéen,  à  la  syllabe  finale,  fût  prononcé  ;/.  C'est  en  vertu 
de  cette  loi  que  nous  trouvons  en  irlandais:  biur  «  je  porte  »,  pour  *beru, 
indoeuropéen  bherô;  cà  «  chien  »,  pour  un  indo-européen  *cvô ;  toimtiu 
«  pensée  »,  rr:  *do-rnntiô  dont  le  second  terme  est  identique  au  latin  mentiû; 
fiur  =:  *t7rî/ identique  au  datif  latm  virU  ■\.   Voilà  pourquoi   les  inscrip- 


1.  Analecta  Bollandiana,  t.  VI,  p.  84. 

2.  Ibid.,  t.  II,  p.  164. 

5 .  La  doctrine  soutenue  dans  cet  article  a  été  exposée  d'une  façon  plus 
détaillée  dans  une  brochure  intitulée  :  La  déclinaison  latine  en  Gaule  à  l'épo- 
que mérovingienne  dont  on  trouvera  une  critique  par  M.  Schuchardt  dans  la 
Zeitschrift  de  Kuhn,  t.  XXII,  p.  153-167. 

4.  Bered  «  qu'il  porte  »  =  W;cre/ô[i]  =:  t^rêffl  qui  n'avait  pas  changé  son 
d  en  M  parce  que  cet  ô  n'était  pas  primitivement  final;  comparez  Vd  de  dedâ 


Chronique.  379 

tions  gauloises  nous  fournissent  le  nominatif  Frontu  =:  FrontU  et  le  datif 
Alisanu  =1  Alisanô.  Cette  loi  des  finales  celtiques  concorde  avec  une  loi  pho- 
nétique du  latin  vulgaire  que  M.  Horning  dans  sa  Grammaire  de  V ancien  jran- 
çais,  §  70,  formule  ainsi  :  «  0  fermé  du  latin  vulgaire  répond  au  latin  clas- 
sique ô  et  u  ».  Seulement  cette  loi  de  la  latinité  vulgaire  est  générale  et  ne 
s'applique  pas  seulement  aux  syllabes  finales.  De  là  chez  M.  Max  Bonnet, 
p.  126,  l'observation  que  chez  Grégoire  de  Tours  ô  est  rendu  par  u  très 
souvent  dans  les  syllabes  ouvertes  de  toute  position  et  dans  les  finales  fer- 
mées. 


XV. 

Le  journal  de  la  Société  royale  des  antiquaires  d'Irlande,  5«  série,  vol.  I, 
p.  31-35,  contient  sous  le  titre  de  CeJ tic  remains  in  England  un  intéressant 
article  de  M.  John  L.  Robinson  sur  l'influence  exercée  par  l'art  irlandais  sur 
la  sculpture  en  Grande-Bretagne  pendant  la  période  anglo  saxonne  ;  on  y 
trouve  jointes  des  planches  représentant  des  croix  sculptées,  les  unes  d'Ir- 
lande, les  autres  de  Grande-Bretagne.  Aux  pages  83-85,  on  lit  une  note 
sur  une  habitation  lacustre  récemment  découverte  en  Ecosse  à  Locha- 
vullin  près  Oban,  comté  d'Argyll  ;  M.  Cochran-Patrick  se  pose  à  ce  sujet 
la  question  de  savoir  quelle  est  la  population  qui  a  occupé  les  habitations 
lacustres  de  l'Ecosse,  et  il  cite  à  ce  propos  un  passage  du  livre  de  Monro, 
Scottish  laJce-dwelUngs  (p.  287),  où  il  est  constaté  que  dans  les  habitations 
lacustres  du  sud-ouest  de  l'Ecosse  on  a  trouvé  des  objets  romains;  de  là  il 
résulte  que  ces  habitations  ont  été  occupées  postérieurement  à  la  conquête 
romaine. 

XVI. 

Les  numéros  25  et  26  de  V Archaeologia  cainhrensis,  5^  série,  rendent 
compte  d'une  excursion  archéologique  faite  dans  la  Bretagne  continentale  au 
mois  d'août  dernier.  Cette  excursion  a  duré  dix  jours  et  s'est  terminée  le 
vendredi  23  août.  Le  22,  les  membres  du  congrès  ont  fait  visite  à  M.  Renan, 
à  Ros-Mapamon,  près  de  Perros-Guirec  (Côtes-du-Nord).  M.  Rhys  a  pré- 
senté ses  confrères  à  M.  Renan.  Celui-ci  leur  a  adressé  un  discours  qui 
occupe  un  peu  plus  de  deux  pages  de  ce  journal  et,  après  un  thé,  quelques 
mots  d'adieu  ont  été  adressés  à  M.  Renan  par  M.  l'archidiacre  Thomas. 

XVII. 

Dans  le  tome  XXXI  de  la  Zeitschrift  fur  vcrglcichcndcn  Spracbforschnng, 
premier  cahier,  p.  62-102,  notre  savant  collaborateur  M.  R.  Thurnevsen 
revient  sur  l'étude  des  formes  verbales  sigmatiques  en  irlandais.  Il  s'en  était 
occupé  déjà  dans  la  même  revue,  t.  XXVII,  p.   174,  où  il  dit  que  le  grec 

(ci-dessus  p.  50)  =r  dedôe.  L't  final  du  datif  était  tombé  quand  Vo  précédent, 
devenu  final,  s'est  changé  en  m. 


380  Chroiquc. 

axcî?£(v)  vient  de  l'injonctif  *steigh-s-t  identique  à  té  dans  l'irlandais  for- 
don-te;  et,  tome  XXVIII,  p.  151-153,  oîi  il  cherche  à  expliquer  les  prétérits 
irlandais  ro-Jctar,  «  je  sais  »  ;  ni-arlasair,  «  il  n'adressa  pas  la  parole  >>  ; 
siassair,  «  il  s'assit  ».  Ce  sujet  a  été  de  nouveau  traité  par  M.  Zimmerdans 
la  même  revue,  t.  XXX,  p.  112  et  suiv.,  où  le  savant  auteur  tire  un  parti 
considérable  de  l'injonctif  sanscrit  (Whitney,  Indische  Grammatik,  trad. 
Zimmer,  p.  508,5  892)  ;  on  trouve  dans  ce  travail  de  M.  Zimmer,  à  côté  de 
vues  qui  font  honneur  à  sa  perspicacité,  un  certain  nombre  de  doctrines 
aventurées.  M.  Thurneysen,  critiqué  par  lui,  le  critique  à  son  tour  dans  l'ar- 
ticle que  nous  signalons;  il  conteste,  par  exemple,  avec  raison,  pourra-t-il 
sembler,  la  doctrine  suivant  laquelle  les  verbes  henim  et  gonim  seraient  des 
représentants  d'une  seule  et  unique  racine  GHVEN.  Je  me  bornerai  à  cet 
exemple  :  résumer  les  doctrines  exposées  par  M.  Zimmer  dans  l'article  précité 
et  celles  que  lui  oppose  M.  Thurneysen  demanderait  un  espace  dont  je  ne 
puis  disposer  ici. 

XVIII. 

Le  premier  volume  des  Inscriptions  romaines  de  Bordeaux,  de  M.  Jullian, 
aparueni887;  on  en  a  rendu  compte  dans  le  tome  VIII,  p.  180-185,  de  la 
Revue  celtiqice.  Le  second  volume  qui  termine  ce  bel  ouvrage  vient  de 
paraître,  in-quarto  comme  le  précédent  et  plus  gros.  Le  premier  avait 
627  pages,  le  second  en  a  714.  Il  comprend  :  i"  les  inscriptions  chré- 
tiennes ;  2°  une  étude  sur  la  géographie  ancienne  du  département  de  la 
Gironde,  et  les  inscriptions  qui  y  ont  été  trouvées  hors  de  Bordeaux  ;  3°  la 
critique  des  inscriptions  fausses  et  un  recueil  des  inscriptions  qui  existent 
dans  le  département  de  la  Gironde,  mais  n'en  proviennent  point;  ce  sont 
les  quatrième,  cinquième  et  sixième  parties  de  l'ouvrage  ;  la  septième  partie, 
intitulée  :  Histoire  et  examen  des  inscriptions  romaines  de  Bordeaux,  nous 
fait  connaître  comment  ont  été  découvertes  et  conservées  ces  inscriptions, leur 
paléographie,  leur  langue,  leur  rédaction,  ce  qu'elles  nous  apprennent  sur 
l'histoire  de  Bordeaux.  Suivent  un  supplément  et  des  index. 

Ce  volume  est  destiné,  comme  le  précédent,  à  rendre  de  grands  services. 
Toutefois  on  ne  s'étonnera  pas  si  un  nombre  de  pages  aussi  considérable 
contient  quelques  assertions  qui  prêtent  à  la  critique.  Suivant  l'auteur, 
le  nom  de  Burdigala  est  ibérique  (p.  524);  soit,  mais  que  dire  de  Bitu- 
riges  ?  Bituriges  est  celtique  ;  son  premier  terme,  Intu-,  se  trouve  dans  le  nom 
du  chef  gaulois  5//i»7«5  et,  ajoute  M.  Jullian  (p.  528),  «  Zeuss  compare  ce 
«  radical  à  l'irlandais  /'///;,  à  l'ancien  gallois  /'//,  qu'il  traduit  par  mundus 
«  propre  ».  Tous  les  celtistes  savent  que  mundus  est  ici  un  substantif  dont 
la  traduction  est  «  monde  »  en  français.  M.  Jullian  donne,  aux  pages  489- 
495,  un  recueil  de  noms  gaulois  qu'il  aurait  dû  classer  par  ordre  alphabé- 
tique au  lieu  de  vouloir  les  ranger  systématiquement  d'après  des  théories 
nouvelles  et  imprévues.  Ainsi,  Biturix  serait  dérivé  d'une  racine  bit  au 
moyen  du  suffixe  iirix  (p.  492-494).  Deux  noms  fort  intéressants,  Atioxtus, 
Atioxta,  composés  du  préfixe  (///  ou  at''.  et  du  thème  octo-  qui  se  retrouve 


Chronique.  j8l 

dans  Octo-durus  ' ,  Martigny-en-Valais,  sont  classés  dans  les  dérivés  en 
itus  et  ita  et  dans  les  dérivés  en  -oxitus.  M.  Jullian  n'a  pas  su  reconnaître  le 
préfixe  ate-  dans  Ate-vritus  ni  dans  Ate-vrita,  dont  il  donrie  une  mauvaise 
lecture  :  Atturita  (t.  I,  p.  286,  t.  II,  p.  493,  672);  cf.  l'inscription  céra- 
mique de  Bavai:  Vritu  Escingos  (Bulletin  épigraphique,  t.  I,  p.  85).  Je  persiste 
à  croire  avec  Fôrsteniann,  Personennamen,  col.  196-199,  que  le  nom  du 
monétaire  Betto  est  d'origine  germanique,  et  à  considérer  comme  sans 
valeur  les  arguments  que  m'oppose  M.  Jullian  (p.  79).  Pour  le  nom  du 
monétaire  Seggelenus,  la  même  origine  est  aussi  la  plus  vraisemblable 
(Fôrstemann,  ihid.,  col.  1085-1102).  En  général,  M.  Jullian  est  plutôt 
épigraphiste  et  historien  que  linguiste  ;  ses  idées  en  fait  de  phonétique  et  de 
dérivation  manquent  de  précision  et,  en  cette  matière,  la  rigueur  fait  défaut 
à  ses  raisonnements. 

XIX. 

La  Revue  générale  du  droit,  de  la  législation  et  de  la  jurisprudence  en  France 
t  à  l'étranger,  qui  paraît  chez  Ernest  Thorin,  7,  rue  Médicis,  à  Paris,  a 
publié  dans  sa  quatorzième  année,  deuxième  livraison,  mars-avril  1890,  un 
article  intitulé  :  Résumé  du  cours  de  droit  irlandais,  professé  au  collège  de 
France  pendant  le  second  semestre  de  l'année  1887- 1888  et  pendant  le 
premier  semestre  de  l'année  1888- 1889. 

XX. 

Le  même  libraire  vient  d'éditer  un  volume  in-8,  intitulé  :  Recherches 
sur  l'origine  de  la  propriété  foncière  et  des  noms  de  lieux  habités  en  France, 
XXXii-703  pages.  Les  lecteurs  de  la  Revue  celtique  reconnaîtront  dans  ce 
volume  un  certain  nombre  de  doctrines  qu'ils  connaissent  déjà  et  même 
certains  lapsus  calami  qu'ils  ont  pu  remarquer.  Ainsi,  à  la  page  135,  comme 
dans  la  Revue  celtique,  t.  VIII,  p.  m,  Virgile  est  dit  originaire  de  Padoue, 
malgré  la  correction  Mantoue  au  même  tome  de  la  Revue  celtique,  p.  404. 

Pendant  le  cours  de  l'impression  de  ce  long  travail,  les  idées  de  l'auteur 
se  sont  modifiées  sur  plusieurs  points.  Le  nombre  des  noms  de  lieux  qui 
doivent  être  exphqués  par  des  noms  d'homme  est,  dans  son  opinion  actuelle, 
beaucoup  plus  considérable  qu'il  ne  le  croyait  d'abord.  Ainsi,  ce  serait  à 
tort  que  dans  la  Revue  celtique,  t.  VIII,  p.  124,  on  aurait  traduit  Ahallo 
«  Avallon  »  par  «  La  Pommeraie  »,  Derventio  par  «  La  Chesnaie  » ,  Gohanniuni 
par  «  La  Forge  »,  et  qu'on  aurait  admis  avec  Pline  qu' Eporedia,  Ivrée,  serait 
«  la  ville  des  bons  dompteurs  de  chevaux  ».  Aballo  est  beaucoup  plutôt  la 
villa  d'Aballus;  comparez  le  nom  de  potier  Abalus  (Trion,  p.  341).  Derventio 
est  la  villa  de  Derventius,  Derventio  a  été  formé  comme  Paternio,  nom 
d'un  fundus  de  l'abbaye  de  Farfa,  près  de  Rome,  dans  un  diplôme  de  l'em- 
pereur Lothaire  en  840  (Giorgi  e  Balzani,  //  regesto  di  Farfa,  t.  II,  p.  234); 
Paternio  dérive  du  gentilice  Paternius  et  Derventio  du  gentilice  *  Derventius. 

I.  De  bello  gallico,  livre  III,  c.  i. 

Revue  Celtique,  XI.  2$. 


382  Chronique. 

Gohanniuvi  est  un  nom  d'homme  employé  comme  nom  de  lieu  ;  c'est  une 
manière  abrégée  de  dire  Gohannio-magus  ou  Gobannio-diinum.  Eporedia 
signifie  «  château  ou  propriété  d'Eporedios  »  et  tient  lieu  d'un  plus  long 
Eporedio-briga,  ou  Eporedio-hoiia. 

Cependant  les  doctrines  énoncées  aux  passages  précités  de  la  Revue  celtique 
se  retrouvent  dans  les  Recherches,  p.  193  ;  c'est  seulement  à  la  page  681 
qu'elles  ont  été  rectifiées.  Dans  un  ouvrage  qui  contient  autant  de  détails, 
il  y  en  aura  certainement  beaucoup  à  corriger.  C'est  ainsi  que  mon  savant 
ami,  M.  Gaston  Paris,  m'a  déjà  fait  observer  que  le  nom  de  lieu  écrit  Ceped 
ou  Cepido,  dans  les  documents  du  moyen  âge  (p.  620)  et  qui,  dans  les 
notations  modernes,  conserve  son  p,  a  eu  un  />  double  à  l'origine  et  vient 
donc  non  de  cepa,  «  oignon  »,  mais  de  cippus,  «  pieu  ». 

XXI. 

Le  premier  volume  non  encore  terminé  du  Grundriss  der  gervmnhchen 
Philologie,  publié  par  M.  Hermann  Paul,  professeur  de  langue  et  de  littéra- 
ture allemande  à  l'université  de  Fribourg  en  Brisgau,  contient,  pages  300 
et  suivantes,  un  très  intéressant  mémoire  sur  l'histoire  la  plus  ancienne  des 
dialectes  germaniques.  Il  a  été  écrit  par  M.  Friedrich  Kluge,  auteur  d'un 
excellent  dictionnaire  étymologique  de  la  langue  allemande  qui  est  arrivé, 
l'année  dernière,  à  sa  quatrième  édition.  On  y  trouve,  p.  302-305,  un 
résumé  substantiel,  mais  peut-être  un  peu  concis,  des  doctrines  reçues 
quant  à  la  parenté  du  vocabulaire  germanique  et  du  vocabulaire  celtique. 
M.  Kluge  s'est  beaucoup  servi,  et  avec  raison,  du  savant  mémoire  que 
M.  Thurneysen  a  intitulé  :  Keltoromanisches . 

J'ai  trop  étudié  ces  matières  pour  ne  pas  me  trouver,  sur  quelques  points, 
en  désaccord  avec  le  savant  auteur. 

Comme  exemple  d'emprunt  préhistorique  fait  par  le  germanique  au  cel- 
tique, M.  Kluge  cite  le  nom  cimbre  Mallorix  (p.  303).  Il  faut,  je  crois,  lire 
Boiorix  ' .  Mallorix  ou  Malorix  est  un  roi  des  Frisons  nommé  deux  fois  par 
Tacite  2,  en  parlant  des  événements  de  l'année  59  après  notre  ère,  et  il  est 
difficile  d'appeler  cette  date  préhistorique;  tandis  que,  lorsqu'il  s'agit  des 
Germains,  la  bataille  des  Caiiipi  Raudii,  où  périt  le  brave  roi  Boiorix  ), 
ICI  av.  J.-C,  peut  être  considérée  comme  remontant  à  la  préhistoire. 

Il  serait  peut-être  possible  d'ajouter  quelques  mots  à  la  liste  que  donne- 
M.  Kluge.  Ainsi  le  gothique  vairths  «  valeur,  prix  »,  est  identique  au 
vieux-breton  w^r/  «  valeur,  prix  »,  dans  le  composé  enep-wert  «  prix  de 
l'honneur  »,  aujourd'hui  en  gallois  gwerth  «  valeur  »  et  «  vente  »,  en  breton 
gwer'^  «  vente  », 

Le  verbe  irlandais  air-liciin  «  je  prête  »   zz:  *  are-lenqucuii,  donne  à  la 

1.  Florus,  III,  3,  18  (I,  37);  Plutarque,  Marins,  25. 

2.  Annales,  XIII,  54,  éd.  Teubner-Halm,  t.  I,  p.  280,  1.  5,  10  et 
variantes  en  note. 

3.  Mommsen,  Rômische  Geschichte,  6^  éd.,  t.  II,  p.  185. 


■  Chronique.  585 

racine  LiNau,  leiclu,  une  valeur  juridiq.ue  qu'on  retrouve  dans  l'allemand 
leihen  et  dans  l'anglais  loan  (Cf.  Kluge,  Etymologisches  Worterlntch,  40  éd., 
p.  207,  208). 

Le  vieil  irlandais  fiach  «  dette  »  zz:  vêco-s  paraît  identique  à  l'allemand 
weih  -zz  *  v%as  «  sacré  »  (Kluge,  ibid.,  p.  379).  Les  deux  remontent  à  un 
primitif  *  veihos.  La  confusion  des  deux  idées  est  la  conséquence  des  céré- 
monies religieuses  qui  accompagnaient  originairement  les  contrats. 

L'allemand  Erhe  est  identique  au  vieil-irlandais  orpe  «  hereditas  »  zzi 
*arbio-n,  comparez  no-m-erpbinii  «  confido  «  et  coni-arpi  «  coheredes  ». 
Erle,  orpe  expriment  l'idée  d'acquisition  de  propriété.  Leur  sens  est  le 
contraire  de  celui  du  latin  orbus  et  du  grec  opaavo;  qui  expriment  l'idée  de 
privation.  Du  rapprochement  d'orpe  «  héritage  »  avec  no-m-erpimm  «  je 
me  confie  »  on  est  fondé  à  conclure  que  le  droit  celtique  le  plus  ancien  con- 
naissait, comme  le  droit  romain,  l'hérédité  testamentaire  ;  cette  doctrine 
s'accorde  avec  ce  qu'on  sait  de  la  puissance  paternelle  dans  le  droit  irlandais 
du  moyen  âge  comme  chez  les  Celtes  continentaux  dans  l'antiquité. 

Je  me  borne  à  ces  quelques  exemples,  comptant  traiter  ailleurs  la  ques- 
tion plus  à  fond. 

XXIL 

Le  Catalogue  des  monnaies  gauloises  de  la  Bibliothèque  nationale,  rédigé  par 
Ernest  Muret  et  publié  parles  soins  de  M.  A.  Chabouillet,  conservateur  du 
département  des  médailles  et  antiques,  vient  de  paraître  à  la  librairie  Pion. 
Il  est  daté  de  1889  ;  mais  cette  année  était  finie  quand  il  m'est  arrivé  entre 
les  mains.  C'est  un  volume  in-4  de  xxvii-327  pages:  d'abord  la  préface 
aussi  savante  que  sceptique  et  aussi  sceptique  que  savante  de  M.  Cha- 
bouillet; ensuite  le  catalogue  qui  contient  10,413  numéros.  Le  volume  se 
termine  par  deux  tables,  l'une  des  matières,  l'autre  des  légendes  ;  elles  ont 
été  rédigées  après  la  mort  de  M.  Muret  par  M.  Henri  Delatour,  sous- 
bibliothécaire  au  département  des  médailles.  On  regrettera  que  M.  Muret 
soit  mort  sans  avoir  rédigé  la  préface  qui  nous  aurait  donné  son  plan  et  la 
justification  du  système  de  classement  qu'il  a  adopté. 

XXIIL 

Nous  recevons  le  numéro  II  du  Folklore,  publié  par  la  librairie  David 
Nutt.  L'article  le  plus  important  pour  nous  est  celui  que  M.  Alfred  Nutt  a 
publié  sous  ce  titre  :  Celtic  Myth  and  Saga.  M.  Nutt  résume  en  26  pages 
(234-260),  avec  sa  compétence  accoutumée,  le  résultat  des  études  faites 
depuis  dix-huit  mois  sur  ce  sujet  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en 
Francce.  Signalons  aussi,  p.  197,  un  mémoire  de  M.  G.  L.  Gomme  sur  un 
conte  populaire  irlandais  recueilli  par  feu  J.-F.  Campbell. 

XXIV. 

La  cinquième  et  dernière  partie  du  recueil  intitulé  :  Morphologische  Unter- 


j84  Chronique. 

stichungen  auf  dem  Gebiete  der  indogermanischen  Sprachen  «  Recherches  mor- 
phologiques dans  le  domaine  des  langues  indo-européennes  )),parMM.  H.  Os- 
thoff  et  Karl  Brugmann,  vient  de  paraître  à  la  librairie  Hirzel,  à  Leipzig.  On 
y  trouve  des  index  des  mots,  l'index  celtique  occupe  trois  pages  (233-236). 
Il  facilitera  les  recherches  des  gens  pressés.  Le  premier  et  le  dernier  article 
sont  de  M.  Brugmann  ;  ils  ont  pour  sujet  les  noms  de  nombre  qui  expri- 
ment les  dizaines  et  les  centaines  dans  les  langues  indo-européennes,  les 
noms  de  nombre  néo-celtiques  y  sont  souvent  cités  et  on  y  rencontre  plu- 
sieurs fois,  accompagné  d'éloges  mérités,  le  nom  de  notre  savant  collabo- 
rateur M.  Thurneysen  '.  Le  second  et  le  troisième  article  sont  dus  à  M.  Os- 
thoff;  ils  concernent  les  groupes  5/-  et  mr  ;  des  questions  celtiques  y  sont 
fréquemment  traitées.  Le  gaulois /f/rw-  «  quatre  »,  en  composition  devant 
une  consonne,  paraît  être  une  notation  de  *  qetur  avec  u  consonne  et  r 
voyelle  longue  (p.  77),  comparez  le  latin  quadru-  (p.  29-30)  2. 

La  préface  est  de  M.  Osthoff.  Elle  jette  un  jour  nouveau  sur  un  certain 
nombre  de  mots,  en  établissant  qu'à  côté  des  notations  déjà  connues  d'?«, 
n,  r,  1,  voyelles,  en  latin  et  en  celtique,  il  y  a  des  notations  ina,  na,  ra,  la, 
d'où  cette  conséquence  pour  le  latin  que  magnus  «  grand  »  =z  mg-nô-s 
avec  l'accent  sur  no,  de  la  même  racine  que  [i-s'y-a-;  avec  accent  sur  la  racine; 
qu'en  irlandais  :  fraig  «  mur  »  =  vrg-é[t]s,  vient  d'une  racine  verg,  qu'on 
retrouve  dans  àepyvufxi  «  j'enferme  «  ;  frass,  pluie  =  vrs-ta  d'une  racine 
VERS,  attestée  par  le  grec  iip'^ri;  fiaith  «  puissance  »  ::=.vl-ti-s  de  la  racine 
VEL  «  vouloir  ».  On  pourrait  ajouter  traig  «  pied  »  rz  trg-e\t]-s,  d'une 
racine  tergh  «  courir  »  avec  métathèse  tregh  dans  xpe/w. 

XXV. 

Le  travail  du  Père  E.  Hogan,  annoncé  dans  la  précédente  livraison,  vient 
enfin  de  paraître  5.  Il  contient  le  Liber  angueli,  dont  une  première  édition 
a  déjà  été  publiée  par  le  même  auteur,  en  1886,  dans  la  Revue  intitulée  : 
The  Eccksiastical  Record,  3e  série,  volume  Vil,  p.  846-853.  Viennent  ensuite 
des  extraits  de  la  «  confession  »  de  saint  Patrice  et  de  la  lettre  à  Coroticus  ;  ce 


1.  Il  s'agit  de  deux  mémoires  de  M.  Thurneysen  dans  la  Zeltschrift  de 
Kuhn,  l'un  sur  tn,  du,  en  en  latin  (t.  XXVI,  p.  301-314),  M.  Thurneysen 
y  étudie  les  noms  de  nombre  20-90  ;  l'autre  est  sur  le  i  vocalique  en  indo- 
germanique (t.  XXX,  p.  351-353),  M.  Thurneysen  y  étudie  le  grec  yilioi. 

2.  Petru-eorii,  nom  antique  de  Périgueux  attesté  par  deux  inscriptions, 
paraît  signifier  «  les  quatre  troupes  »  ;  coril  est  le  pluriel  d'un  substantif  gau- 
lois qui  est  en  irlandais  cuire,  mot  connu  d'O'Davoren,  d'0'Cléry,d'0'Brien 
et  d'O'Reilly,  et  dont  M.  Whitley  Stokes  a  signalé  deux  exemples  dans  le 
Saltair  na  rann.  Le  nom  des  Tri-corii,  dans  la  vallée  du  Drac,  au  sud  de 
Grenoble  (Isère),  semble  vouloir  dire  «  les  trois  troupes  ».  On  sait  que 
les  Helvetii,  au  temps  de  César,  étaient  divisés  en  quatre  pagi  {De  hellogal- 
lico,  I,  12,  4). 

3.  Il  est  intitulé  :  Documenta  de  S.  Patricia  Hibernorum  apostolo  ex  libro 
Armachano,  pars  secunda.  Dublin,  chez  Hodges,  Figgis  and  Co. 


Chronique.  585 

sont  les  passages  qui  présentent  un  intérêt  historique.  Suit  un  index  chrono- 
logicus  conforme  aux  données  légendaires:  cent  vingt  ans  de  vie,  voyage  à 
Rome.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  important  dans  cette  brochure  au  point  de  vue 
des  études  linguistiques  vient  après  ;  ce  sont  les  Glossae  et  notae  hihernicae 
codicis  Arniachani  et  ['index  et  glossarium  hihernicuni.  Ce  glossaire  comprend 
tous  les  mots  contenus  non  seulement  dans  la  seconde  partie  de  l'ouvrage, 
mais  dans  la  première,  c'est-à-dire  dans  la  Vk  que  nous  devons  à  Muirchu 
et  dans  les  notes  de  Tirechan.  On  y  trouve  des  mots  et  des  formes  qui 
n'ont  pas  été  signalés  jusqu'ici.  Tels  sont  dalire  «  curialis  »,  dérivé  de  dâl 
«  assemblée  »,  delhich  «  -formis  »,  dérivé  de  deW  «  forme  »,  taidb-derce 
«  spectacle  »  (comparez  taid-henim  «  je  montre  »  et  derc  «  œil)  »  ;  Uosc 
«  écaille  »,  etc. 

On  y  peutsignaler  d'heureux  rapprochements  étymologiques;  tel  est  celui 
à'c'inach  «  assemblée,  foire  »,  avec  la  troisième  personne  du  singulier  indi- 
catif présent  passif  cinachthir  «  il  est  uni  ».  Oinachtir  vient  d'un  verbe 
dénominatif,  ôinagim,  dérivé  d'ôinach,  et  ôinach  est,  à  proprement  parler, 
un  adjectif  dérivé  du  nom  de  nombre  6in  ;  comparez  i  ôinach  le  français 
«  réunion  ». 

Dans  quelques  circonstances,  le  lecteur  pourrait  désirer  que  la  biblio- 
graphie fût  plus  complète.  C'est  ainsi  qu'au  mot  oUann,  génitif  d'oble,  il 
n'y  a  pas  de  renvoi  à  l'article  consacré  à  ce  mot  par  M.  Ascoli  dans  son 
glossaire,  page  cxxxii.  Mais  il  est  possible  que  les  deux  articles,  l'article 
ohlanii  du  Père  Hogan  et  l'article  obla  de  M.  AscoU,  aient  été  imprimés  en 
même  temps  et  sans  que  l'un  des  deux  érudits  eût  pu  lire  l'article  de  l'au- 
tre. La  glose  du  Livre  d'Armagh,  qui  a  motivé  l'article  du  Père  Hogan, 
était  connue  de  M.  AscoH  grâce  au  choix  de  gloses  du  Livre  d'Armagh,  que 
M.  Whitley  Stokes  a  publié,  en  1860,  dans  le  volume  intitulé  :  IrishGlosses, 
p.  166. 

Au  mot  dibcrca,  il  n'y  a  pas  de  renvoi  au  dictionnaire  irlandais  de  M.  Win- 
disch,  p.  478,  diberg,  que  ce  savant  traduit  en  allemand  par  Zorn,  Anfruhr 
«  colère,  révolte  »,  et  dont  il  cite  la  traduction  anglaise  revenge  due  à  O'Do- 
novan.  Voir  aussi,  dans  les  Acta  sanclorum  Hiberniae,  publiés  par  les  Pères 
De  Smedtet  De  Backer  en  1888,  col.  251,  Vie  de  saint  Albeiis,  §  36,  les  mots 
«  qui  votum  pessimum  vovit,  scilicet  dibherc  ».  Ce  vœu  avait  pour  objet 
plusieurs  homicides. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  glossaire  du  Père  Hogan  est  une  des  plus  impor- 
tantes contributions  à  la  lexicographie  du  vieil  irlandais  qui  se  soit  pro- 
duite depuis  plusieurs  années. 

XX  VL 

La  librairie  H.  Gill  and  son  de  Dublin  vient  d'éditer  :  Irish  fairy  Talcs, 
«  Contes  de  fées  irlandais  »,  par  Edmund  Leamy.  Pour  quelques  détails, 
l'auteur  paraît  s'être  inspiré  des  textes  publiés  et  traduits  par  O'Curry  et  par 
M.  Joyce.  Du  reste,  il  échappe  à  la  compétence  delà  Revue  celtique.  Cepen- 
dant la  Revue  Celtique  peut  faire  observer  que,  pour  Dinn-seauclms ,  Dinnoean 
Chus,  p.  164,  est  une  singulière  transcription. 


386  Chroniciue. 


XXVII. 

Une  épreuve  de  la  première  feuille  de  V Alt-celtischer  Sprach-schal:^  (Tré- 
sor du  vieux  celtique),  de  M.  Holder,  vient  de  me  passer  sous  les  yeux.  Je 
puis  donc  annoncer  que  l'impression  de  ce  grand  travail  est  commencée. 
Puisse  l'auteur  n'être  arrêté  par  aucun  obstacle  et  nous  mettre  son  œuvre 
savante  entre  les  mains  aussi  tôt  que  son  prospectus  nous  l'a  fait 
espérer. 

XXVIII. 

Le  19  mars  dernier,  M.  Mowat  a  donné  à  la  Société  des  Antiquaires  de 
France  communication  d'une  découverte  qu'il  vient  de  faire  à  la  Bibliothèque 
nationale  dans  le  ms.  Dupuy,  667,  f"  24.  Il  s'agit  d'une  inscription  gravée 
en  caractères  grecs  et  provenant  d'Agde  (Hérault). 

AAPHMH 

TPACIKAI 

AIOCKOPOI 

c'est-à-dire  "AÔsr]  Mr^'pxa:  za;  A'.ocîy.opo'.[;],  «  Dédié  par  Arda  aux  déesses 
Mères  et  aux  Dioscures  ».  Le  nom  d'homme  Arda  est  connu  grâce  à 
une  inscription  trouvée  à  Marclopt  (Loire)  et  publiée  par  Boissieu  {Inscrip- 
tions de  Lyon,  p.  118).  C'est  du  nom  d'homme  Arda  que  vient  le  nom  de 
potier  Ardacus,  au  génitif  Ardaci  dans  des  marques  recueillies  aux  musées 
de  Bâle,  de  Zurich  (Mommsen,  Inscriptioncs  hclvcticae,  552,  17)  et  de  Tar- 
ragone  (C  /.  L.,  II,  4970,  43).  Il  y  a  d'Ardaci  des  variantes  abrégées 
Ardac,  Ard. 

XXIX. 

Dans  le  Bulletin  de  la  Fuailte  des  Lettres  de  Poitiers  pour  mars  1890, 
M.  A. -F.  Lièvre,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Poitiers,  propose  une  inter- 
prétation nouvelle  pour  l'inscription  gauloise  du  menhir  du  Vieux-Poitiers  : 
Ratin  hrivatiom  frontu  tarhelsonios  ieiiru.  i?û//«  suivant  lui  serait,  à  l'ac- 
cusatif singulier,  le  nom  gaulois  de  la  pierre  levée  ou  menhir,  et  hrivatiom 
serait  le  génitif  pluriel  d'un  nom  de  peuple,  les  Brivates.  On  devrait  donc 
traduire  :  «  Fronto,  fîls  de  Tarbelsonos,  a  fait  cette  pierre  sacrée  ou  a  con- 
sacré cette  pierre  des  Brivates  ». 

Le  mémoire  de  M.  Lièvre  est  suivi  d'une  note  philologique  par  M.  Er- 
nault.  M.  Ernault  commence  par  établir  que  Frontu  est  un  nominatif  et 
représente  la  prononciation  gauloise  du  latin  Fronto.  Il  fait  observer  oue 
le  nominatif  singulier  de  Pictones  devait  être  Pictû  (on  peut  ajouter  que  ce 
nominatif  explique  la  variante  Pictavi  de  Pictones;  Pictû  a  dû  avoir  une 
variante  Pictiis,  nominatif  pluriel  Pictoves,  que  les  Romains  ont  transformé 
en  Pictavi,  mettant  au  à  la  place  de  ou  conformément  à  l'observation  qu'on 
trouve  dans  la  Graminatica  celtica,  2<^  éd.,  p.  32,  54). 

Suivant  M.  Ernault,  Tarbelsonos  (et  non    Taj-beisonos),  nom  du  père  de 


Chroniûjue.  587 

Frontu,  est  un  dérivé  en  -on  d'un  thème  Tarbelso-  où  l'on  trouve  deux  élé- 
ments :  la  préposition  tar  et  hdso-,  thème  d'un  substantif.  Tar  est  une  pré- 
position qu'on  trouve  en  irlandais,  où  elle  a  le  sens  du  latin  trans  (Gram- 
malica  cellica,  2^  éd.,  p.  653).  On  la  retrouve  en  gallois,  où  elle  se  prononce 
tra  {ibid.,  p.  680).  Dans  les  composés  irlandais,  la  forme  tairm  est  préférée 
(ibid.,  p.  879).  Dans  certains  composés  gallois,  tra  nz  tar  a  valeur  inten- 
sive (ibid.,  p.  905).  M.  Ernault  croit  reconnaître  la  préposition  tar  dans  le 
nom  d'homme  Tar-coiidarius,  dont  le  second  terme  serait  formé  de  la  prépo- 
sition com  et  d'un  thème i/ar/o-  identique  au  g&Wo'is  daredd  «  tumulte  ».  Ce 
second  terme  se  trouve  dans  le  nom  d'homme  Ver-condari-diibniis .  Belso- 
est  le  thème  du  nom  de  potier  Bclsits,  Bclsa  qui,  employé  avec  un  sens 
géographique,  est  le  nom  primitif  de  la  région  de  la  France  qu'on  appelle 
Beauce  aujourd'hui.  Ces  explications  du  mot  Tarbelsonios  sont  intéressantes 
mais  ne  changent  rien  au  sens  universellement  admis  :  «  fils  de  Tarbel- 
sonos  )).  La  seule  nouveauté  est  un  changement  de  lecture  :  Tarbelsonios 
pour  Tarbcisonios  avec  un  /  au  lieu  d'un  /. 

Le  mot  ratin  présentait  plus  de  difficulté.  On  le  traduisait  généralement 
par  «  forteresse  ».  M.  Ernault  propose  l'équation  :  ratls-zz  k'oaai;  «amour» 
et,  dans  VAcademy  du  7  juin  dernier  (p.  392),  M.  Whitley  Stokes  complète 
cette  hypothèse  en  citant  le  sanscrit  rdti-  «  pudenda  »  et  en  renvoyant  à  une 
note  de  M.  Salomon  Reinach,  dans  le  dernier  numéro  de  la  Revue  celtique, 
p.  22^5.  Seulement  ce  rapprochement  se  heurte  à  une  difficulté  phonétique 
qui  paraît  insurmontable.  Le  sanscrit  rdti  se  rattache  à  une  racine  sanscrite 
RAM  «  être  ou  rendre  content  ».  (Whitney,  Die  Wurieln,  Verbalformen  und 
primàren  Stà))ime  der  sanskrit  Sprache,  trad.  Zimmer,  p.  137),  en  indo-euro- 
péen REM,  en  sorte  que  rdti-  =  rniti-  (Brugmann,  dans  la  Zcitschrift  de 
Kuhn,  t.  XXIII,  p.  589).  L'équivalent  gaulois  serait  évidemment  ranti-, 
comparez  *  caiito-ii  «  cent  »  établi  par  le  dérivé  candetum  et  qui  vient  de 
kmtô-n. 

Brivatioin  serait  le  génitif  pluriel  d'un  thème  Brivati-  employé  comme 
nom  de  peuple  et  dérivé  de  briva  «  pont  » . 

Les  mémoires  de  MM.  Lièvre  et  Ernault  sont  ingénieux,  instructifs,  le 
second  surtout;  mais  la  signification  du  mot  ratin  restant  douteuse,  le  sens 
de  l'inscription  n'est  point  encore  définitivement  établi, 

XXX. 

On  a  vu  dans  le  volume  précédent  de  la  Revue  Celtique,  p.  381-582,  que 
M.  Whitley  Stokes  a  fait  paraître  dans  le  recueil  des  Transactions  of  the  Phi- 
lological  Society  for  iSSç  une  critique  érudite  de  l'utile  publication  que 
M.  Atkinson  a  intitulée  :  The  passions  and  homilies  front  Leabhar  Breac.  Une 
nouvelle  édition  de  cette  critique  corrigée  et  augmentée  a  paru  dans  le 
tome  XVI  des  Bezzenberger's  Beitràge,  p.  29-64. 

XXXI. 

La  librairie  Thorin  met  en  vente  un  volume  intitulé  :  Les  anciens  cata- 


^88 


Chroni{jue. 


logues  cpiscopaux  de  la  province  de  Tours,  in-8  de  102  pages.  Les  quatre-vingt- 
deux  premières  pages  de  ce  volume  sont  consacrées  aux  évêchés  pour  les- 
lesquels  des  manuscrits  du  moyen  âge  nous  ont  conservé  des  catalogues 
épiscopaux  :  Vannes  et  Quimper  sont  de  ce  nombre.  Un  chapitre,  p.  81-99, 
a  pour  sujet  les  «  évêchés  de  la  Bretagne  du  Nord  »,  ce  sont  les  évêchés 
de  la  Bretagne  continentale  qui  manquent  de  catalogues  épiscopaux  : 
Rennes,  Léon  (civitas  Ossismoruiii),  Saint-Malo  (Aletitm),  Dol,  Saint-Brieuc, 
Tréguier.  Ces  trois  derniers  sont  d'anciens  monastères  érigés  en  évêchés 
par  Nomenoé.  M.  Duchesne  suppose  que  l'évêché  à'Aletum  fut  fondé  par 
Charlemagne.  On  sait  que  celui  de  Rennes  est  plus  ancien. 

XXXIL 

La  Nouz'eUe  Revue  historique  de  droit  français  et  étranger,  t.  XIII,  p.  729- 
732,  contient  un  article  intitulé  Le  duel  conventionnel  en  droit  irlandais  et  che^ 
les  Celtibériens. 

XXXIII. 

La  précieuse  bibliothèque  du  très  regretté  William  M.  Hennessv  «  the 
eminent  Irish  scholar  and  archaeologist  »,  dit  avec  raison  le  catalogue, 
sera  vendue  à  Dublin  les  26  et  27  juin.  Signalons  71  numéros  de  manus- 
crits irlandais  en  grande  partie  de  la  main  du  sympathique  érudit. 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


Paris,  le  12  juin  1890. 


ERRATA,  tome  XI,  p.  219-220. 

Par  une  circonstance  indépendante  de  ma  volonté,  l'imprimeur  n'a  pas 
reçu  l'épreuve  que  j'avais  corrigée  de  la  note  de  M.  Bradshaw.  On  me 
pardonnera  de  donner  ici  ces  corrections  par  voie  d'errata  : 


219, 
220, 


avant  la  fin,  lire  :  Willibrord 
I ,  and  devrait  être  à  la  ligne 
12  et  24,  au  lieu  de  :  mère  —  lire  :  more 
15,  lire  :  by  one  who  clearly 

17,  lire  :  cornwall 

18,  lire  :  professedly  of  Irish  origin, 

19,  lire  :  I  know 


H.  G. 


Le  Propriétaire-Gérant:  E.  BOUILLON. 


Chartres.  —  Imprimerie  DURAND. 


CATALOGUE 


MSS.    CELTIQUES 

ET  BASQUES 


DE   LA 


BIBLIOTHEQUE    NATIONALE 


Le  fonds  des  manuscrits  celtiques  et  basques  de  la  Biblio- 
thèque nationale  comprend  105  volumes.  Dans  ce  nombre  on 
compte  29  manuscrits  irlandais  ^  ou  relatifs  à  cette  langue, 
73  manuscrits  en  langue  bretonne,  dont  la  plupart  renferment 
des  textes  de  mystères'ou  de  chants  populaires  de  la  Bretagne. 
La  langue  basque  est  représentée  seulement  par  trois  volumes. 

Le  plus  ancien  des  manuscrits  irlandais  de  la  Bibliothèque 
nationale  est  depuis  longtemps  connu,  c'est  un  recueil  d'opus- 

I.  On  trouvera  des  détails  sur  quatre  manuscrits  latins  (n^s  10400, 
11411,  12021  et  7960)  de  la  Bibliothèque  nationale,  qui  contiennent  d'an- 
ciennes gloses  irlandaises,  dans  l'ouvrage  de  M.  H.  d'Arbois  de  Jubain- 
ville.  Essai  d'un  catalogue  de  la  littérature  épique  de  l'Irlande  (Paris,  1883, 
in-8°),  p.  cxvi-cxviii.  Depuis  la  publication  du  livre  de  M.  d  Arbois  de 
Jubainville,  la  Bibliothèque  s'est  enrichie,  grâce  aux  heureuses  négociations 
de  M.  L.  Delisle,  d'un  cinquième  volume  contenant  d'anciennes  gloses  ir- 
landaises (ms.  nouv.  acq.  lat.  1616),  qui  provient  de  Libri  (L.  Delisle,  Ca- 
talogue des  mss.  des  fonds  Libri  et  Barrais,  1888,  in-80,  p.  76,  no  45).  Rappe- 
lons enfin  que  le  ms.  297  du  Supplément  grec  contient,  aux  feuillets  229- 
241,  une  courte  grammaire  irlandaise  en  irlandais,  dont  l'écriture  paraît 
dater  du  xyiii^  siècle.  (Cf.  d'Arbois,  loc.  cit.) 

Revue  Celtique,  XL  26 


J90  H.  Omont. 

cules  religieux  copiés  aux  xiv,  xv^  et  xvi^  siècles  (n°  i)^;  les 
manuscrits  6,  71  et  loi  sont  également  relatifs  à  la  théologie. 
On  peut  placer  à  côté  une  copie  autographiée  des  textes  des 
anciennes  lois  irlandaises,  ou  Brehon  Laws  (n°'  72-88),  œuvre 
de  John  O'Donovan  et  d'Eugène  O'Curry  (1853-185 5),  en- 
treprise sous  les  auspices  de  la  Commission  des  anciennes  lois 
d'Irlande.  C'est  à  la  libéralité  de  cette  Commission  que  la 
Bibliothèque  nationale  doit  de  posséder  ce  recueil,  dont  il  n'a 
été  tiré  que  quelques  exemplaires  ^.  L'ancienne  poésie  épique 
ainsi  que  l'histoire  irlandaises  ne  sont  représentées  chacune 
que  par  deux  volumes  (n°^  3  et  4;  —  n°^  2  et  (>(>)  3.  En  dernier 
lieu  il  faut  signaler  une  copie  du  catalogue,  non  encore  publié, 
des  manuscrits  du  Collège  de  la  Trinité  de  Dublin,  dont  l'au- 
teur est  John  O'Donovan  (n°^  102-105). 

La  série  des  manuscrits  bretons  est  presque  entièrement 
formée  de  deux  collections  généreusement  offertes  par 
M.  F. -M.  Luzel  et  par  le  D""  Halléguen.  La  collection  de 
mystères  bretons  réuni-e  par  M.  Luzel  ne  comprend  pas  moins 
de  53  volumes  (n°^  12-41  et  43-65)  ;  elle  est  entrée  à  la  Biblio- 
thèque nationale  en  1864  et  1865.  Un  inventaire  en  a  déjà 
été  publié  dans  la  Revue  Celtique'^.  Il  en  est  de  même  de  la 
collection  de  chants  populaires  (n°'  89-100)  formée  par  M.  de 
Penguern  à  l'aide  de  ses  propres  recherches  et  de  celles  de 

1.  Voyez  une  notice  de  ce  ms.  par  le  D""  Todd  dans  les  Proceedings  of 
the  Royal  Irish  Academy,  1846,  no  53,  vol.  III,  p.  223-229. 

2.  C'est  en  1852  que  furent  décidées,  sur  la  proposition  de  Todd  et  de 
l'évêque  de  Limerick,  la  copie  et  la  publication  des  anciennes  lois  d'Irlande. 
Les  copies  de  O'Donovan,  formant  neuf  volumes  de  2491  pages,  et  de 
O'Curry,  formant  huit  volumes  de  2906  pages,  furent  reproduites  par  le 
procédé,  dit  aiiastatiqiie.  (Voy.  l'avertissement  en  tête  des  trois  premiers 
volumes  des  Ancient  Laws  of  Ireland,  publiés  dans  la  Collection  du  Maître 
des  Rôles.) 

3.  Le  ms.  66,  qui  a  jadis  appartenu  au  célèbre  orientaliste  Melchisédech 
Thévenot,  est  une  des  plus  anciennes  copies  de  l'histoire  d'Irlande  de  Kea- 
ting  ;  il  est  daté  de  1644. 

4.  Tome  V  (1882),  p.  317-320,  dans  Iol  Bibliographie  des  traditions  et  de 
la  littérature  populaire  de  la  Bretagne  de  MM.  H.  Gaidoz  et  Paul  Sébillot. 
Cf.  aussi  tome  III  (1876),  p.  387-389. 

Ces  manuscrits  sont  le  fruit  d'une  mission  coiifiée  à  M.  Luzel  par  le  Mi- 
nistre de  l'Instruction  publique  {Archives  des  Missions,  deuxième  série,  I, 
513).  Nous  devons  à  l'obligeante  érudition  de  M.  l'abbé  E.  Bernard 
la  revision  des  notices  des  mss.  des  mystères  bretons. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n°  \ .  ^91 

M.  Kerambrun  et  de  M""^  de  Saint-Prix ^  Cette  collection  a  été 
donnée  en  1878  àlaBibliothèquenationalepar  leD'Halléguen. 
Les  trois  volumes  en  langue  basque  proviennent  de  l'an- 
cienne bibliothèque  de  Colbert  ;  ce  sont  les  papiers  d'un  prêtre 
du  diocèse  de  Bourges,  Silvain  Pouvreau,  auteur  d'un  dic- 
tionnaire basque-français,  avec  des  additions  dues  à  Arnauld 
Oihénart  (n°^  7  et  8)  et  une  traduction  en  basque  de  l'Imi- 
tation de  Jésus-Christ  (n°  9)  ^. 

H.  Omont. 


1 .  Recueil  d'opuscules  religieux  formé  de  fragments  de  plu- 
sieurs manuscrits?. 

PREMIÈRE  SECTION,  fol.  1-8.  On  en  trouvera  la  suite  dans 
la  quatrième  section. 

1°  Fol.  I  :  Staîr  chindi  Isra.d  ou  niâc  n-Israhel  «  Histoire 
des  enfants  d'Israël.  »  Commence  :  Is-e  seo  cmàtàh.  ocus  comh- 
airem  ocus  tos3.ch  aisneisi  na-haisi  tanaisti  m  domain.  «  Voici 
la  détermination,  le  récit  et  le  commencement  de  l'histoire  du 
second  âge  du  monde.  »  Une  note  à  la  fin  (fol.  7  r°)  apprend 
que  cette  pièce  a  été  écrite  en  1473  par  William  mac  an 
Legha  (fils  du  médecin)  en  deux  jours  d'été  :  Tri  bliadnn  décc 
ocus  tri  XX  ocus  ceitri  C.  ocus  mi  H  ^/fadan  dis  mzic  Dé  ocus 
is-mi-si  Uilliam  ma.c  an-Legha  dosgribh  in-sdair-so  re  dha  là 
shamn'iid.  Le  même  morceau  se  trouve  dans  le  Livre  de  Bal- 
lymote,  p.  236-245  ;  cf.  T.  C.  D.,  H.  2.  16  (Lebar  Buide  Lc- 
cain),  col.  249-280;  Leabhar  Breac,  p.  1 13-132. 

2°  Fol.  7  v°,  col.  I  :  Tegusg  righ  Solaimh  «  Enseignement 
du  roi  Salomon.  »  Est  interrompu  au  fol.  8  v°.  La  fin  se 
trouve  au  foHo  22  r°,  col.  i.  Un  texte  semblable  a  été  publié 
par  M.  R.  Atkinson  sous  le  titre  de  Sermo  ad  reges,  dans  l'ou- 

1.  Revue  Celtique,  tome  V  (1882),  p.  309-311. 

2.  M.  J.  Vinson  a  bien  voulu  revoir  et  compléter  les  notices  des  ma- 
nuscrits basques. 

3 .  La  notice  de  cet  article  a  été  rédigée  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville, 
et  M.  Whitley  St'okes  a  bien  voulu  en  revoir  une  épreuve. 


^c)2  H.  Omont. 

vrage  intitulé  The  Passions  and  homilies  from  Leabhar  Breac, 
p.  151-162,  avec  traduction  anglaise,  p.  408.  Voyez  aussi 
T.  C.  D.,  H.  2.  16,  col.  863-869.  Ici  le  texte  commence  par 
les  mots  :  [B]ôi  righ  amra  aire\_g]dha  for  mzcaih  Israhél  «  Il  y 
eut  un  roi  merveilleux,  excellent,  sur  les  enfants  d'Israël.  » 

Les  deux  articles  qui  précèdent  paraissent  écrits  de  la  même 
main.  Les  suivants  sont  de  mains  différentes  jusqu'au  fol. 
21  r°  inclus. 


DEUXIÈME  SECTION,   fol.   9-I5. 

3°  Fol.  9  r°,  col.  i  :  Speclair  an  pecaid,  en  latin:  Specnlum 
pQCcatoris.  Commence  :  Bith  a-fis  agad  «  Soit  sa  science  chez 
toi  ».  Ce  traité  semble  être  une  imitation  du  Spéculum  pec- 
catoris,  écrit  anonyme  attribué  à  tort  à  saint  Augustin,  Migne, 
Patrologia  latina,  t.  XL,  col.  983-992. 

4°  Fol.  10  v°,  col.  I  :  Bruidd  (ou  brot)  gradha  Dé.  «  Ai- 
guillon de  l'amour  de  Dieu.  »  Commence  :  Liber  isde  [leg.  iste] 
stimlius  [kg.  stimulus]  amoris  in  delectissimum  et pium  Jesum... 
Is-ann  so  tinnsgainter  m  lebar  «  C'est  ainsi  que  commence  le 
livre  ».  Se  termine  inachevé,  fol.  11  v°,  col.  2. 

5°  Fol.  12 r°,  col.  I  :  Coii-  denmadevciet  re/iqua.  «  Juste  de 
pratiquer  amour,  etc.  »  Fin  d'une  homélie.  Commence  :  Is 
ar-deirc  didiu  do-loigter  doib-sim  a-peccaid  o-Crist  «  C'est  donc 
par  amour  que  le  Christ  leur  pardonne  leurs  péchés.  »  Finit  : 
Ailim  twcaire  n-Dé,  ro-airiltnigim  uili  in-aentaidh-sin,  roisam, 
ro-aitrebam  m  secuk  sec[u]lorum.  Amen.  «  Je  prie  la  miséricorde 
de  Dieu  que  nous  méritions  tous  cette  unité,  que  nous  y  parve- 
nions, que  nous  y  habitions  dans  les  siècles  des  siècles.  Amen  ». 

6°  Fol.  14  r°,  col.  2  :  Agaldaim  m  cuirp  ocus  in  anma. 
«  Dialogue  du  corps  et  de  l'âme.  »  Texte  partie  irlandais, 
partie  latin.  La  portion  irlandaise  a  été  publiée  par  M.  Atkin- 
son,  d'après  le  Leabhar  Breac  :  The  Passions,  p.  266-273  >  ^"^^^ 
traduction,  p.  507;  la  partie  latine,  par  M.  Dottin,  Revue 
Celtique,  t.  X,  p.  466-470.  On  trouve  aussi  ce  traité  dans  le 
ms.  loi  de  la  Bibhothèque  nationale  et  dans  le  ms.  H.  2,  16, 
col.  852-857,  du  Collège  de  la  Trinité  de  Dublin.  A  la  fin 
de  ce  traité,  fol.  14  v°,  col.   i,  est  ici  une  note  du  scribe  qui 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n"  i.  39} 

nous  apprend  qu'il  s'appelait  Flathri  et  qu'il  l'a  écrit  pour  son 
chef  et  son  puissant  compagnon  Donough,  fils  de  Brian, 
petit-fils  de  Conor  et  arrière-petit-fils  de  Brian.  Me  F/athn 
do-sgrib-so  da-hiath  ocus  da-îren-companach  A.  Z)onnc^ad  mac- 
Briain  mie  Con^o^air  wic  Briain. 

7°  Fol.  14  v°,  col.  2.  Légende  de  la  vierge  Marie  qui  com- 
mence ainsi  :  [A]raili  aimsir,  diamboi  wathair  Crist  ac-radh  a- 
harnaigbthi  «  Une  autre  fois  quand  la  mère  du  Christ  était  à 
faire  sa  prière  »;  s'arrête  inachevée  à  la  fin  de  la  colonne. 

TROISIÈME  SECTION,   fol.    I5-2I. 

8°  Fol.  15  r°,  col.  I  :  Incipit  do  shéis  procepta  «  Traité  de  la 
science  de  l'enseignement  »  ;  commence  :  Slanicid  in-chi[n]âil 
dôenna  hu  mac  dé  athzr,  «  Le  Sauveur  du  genre  humain, 
Jésus,  fils  de  Dieu  le  Père.  »  M.  Atkinson  l'a  pubhé  d'après 
le  Leabbar  Brcac  dans  l'ouvrage  déjà  cité,  p.  274. 

9°  Fol.  15  v°,  col.  2  :  Court  traité  sur  «  l'établissement  de  la 
fête  de  la  Toussaint  »,  FagaW  na  samna,  commence:  FrcLtres 
caris\i\mi,  crescente  relcgione  Xpistiaiia,  dccreduuim  est.  —  Cf. 
Whitley  Stokes,  Lives  of  saints  from  tbe  Book  of  Lismore, 
p.  XIX  qui  renvoie  à  une  pièce  analogue  dans  le  Livre  de  Lis- 
more, fol.  67  a  I. 

10°  Fol.  lé  r°,  col.  2  :  MirbuH  gheni  in  t-slainiceds.  «  Mi- 
racles qui  accompagnèrent  la  naissance  du  Sauveur  »  ;  com- 
mence :  Dies  ergo  solkmpnis. 

11°  Fol.  16  v°,  col.  2  :  Sermon  sur  le  texte:  Intrade  per 
angustam  portum  (sic,  lisez  portani)  «  Inoitcid  tria-san-dorus 
cnmang  »  (Evangile  de  S.  Mathieu,  chap.  VII,  v.  13). 

12°  Fol.  19  r°,  col.  2:  Forwj' ocus  dliged  anm-cbairdesa  Fer 
n-Erenn.  Traité  de  la  direction  spirituelle  en  Irlande  ;  com- 
mence :  Is-é  seo  forus  ocus  dliged  anmchcirdesa  :  «  Voici  la 
science  et  le  droit  de  direction  spirituelle  ». 

13°  £o\.  21  r°,  col.  I  :  Sermon  sur  trois  versets  de  l'évan- 
gile de  saint  Jean,  25-27  du  chap.  XX.  Le  premier  débute  par 
les  mots  Et  post  dies  octo  que  le  scribe  a  oublié  de  transcrire 
en  sorte  que  le  sermon  commence  par  une  phrase  irlandaise 
dont  voici  la  traduction  :  «  Les  huit  jours  dont  il  est  ques'ion 


394  W-  Omont. 

signifient  les  huit  vertus  principales  par  lesquelles  tout  juste 
arrive  au  ciel,  ce  sont  :  La  foi,  la  chasteté,  l'humilité,  la  cha- 
rité, la  prudence,  la  tempérance,  la  force,  la  justice.  »  [Nja 
ocht  laithi  atbemr  sunn,  iseà  dofornet  sin  na  hocht  suàilche  aereg- 
da  txiasa  roich  cech.  firén  docum  nime,  etc. 

14°  Fol.  21  v°  laissé  blanc  sur  lequel  on  a  transcrit  di- 
verses notes  :  la  première  est  un  contrat  fait  par  Domnall 
mac  Seaain. 


QUATRIÈME  SECTION,  fol.  22-29-  Suitc  de  la  première  section. 

Ici  reprend  la  première  main. 

15°  Fol.  22  r°  :  Fin  de  1'  «  enseignement  de  Salomon  » 
(n°  2). 

ié°  Fol.  22  r°,  col.  I  :  «  Défense  de  détruire  et  polluer 
l'église  sainte  »  Urghaire  malurta  ocus  eillnithe  na  hechisi 
noimhe.  Homélie  sur  le  texte  :  Zelus  dommus  tuae  comedit  me  «  ^0- 
m-gabh  et  immo-do-theghdais ,  a-Dhé  »  (Psaume  68,  v,  10). 

17°  Fol.  24  r°,  col.  I  :  «  La  Langue  toujours  nouvelle  »  In 
Tenga  hithnua;  commence:  Airdng  m  domain  «  Grand  roi 
du  monde  ».  Traité  signalé  par  M.  Whitley  Stokes  dans  The 
Lives  of  saints from  the  Book  of  Lismore,  p.  xvii  (Livre  de  Lismore, 
f°^  46-52;  Egerton,  171,  p.  44-65,  etc.).  Voir  ci-dessus, 
Revue  Celtique,  t.  XI,  p.  241.  M.  Whitley  Stokes  nous  ap- 
prend qu'il  a  trouvé  aussi  ce  traité  dans  le  ms.  PhiUips  9754, 
fol.  7  r°-9  r°  et  dans  le  manuscrit  irlandais  de  Rennes,  fol. 
69^-74^.  La  langue  toujours  nouvelle  était  celle  de  l'apôtre 
Philippe;  elle  avait  été  coupée  neuf  fois,  disait-on. 

18°  Fol.  27  v°,  col.  2:  «  Deux  chagrins  du  royaume  des 
cieux  »  Da  brôn  flatha  nimhe;  commence:  Cid  aran-abuïter 
brôn  m  nim  «  Pourquoi  parle-t-on  de  chagrin  au  ciel  ?  »  Il 
s'agit  du  chagrin  d'Enoch  et  Elie.  On  trouve  un  fragment  de 
ce  texte  dans  le  Lebar  na  h-Uidre,  p.  17-18  ;  il  est  complet 
dans  le  Livre  de  Leinster,  p.  280-281,  et  dans  le  manuscrit  du 
Collège  de  la  Trinité  de  Dublin  coté  H.  2,  16,  col.  770-772; 
enfin  Todd  l'a  signalé  dans  le  Livre  de  Fermoy,  fol.  72  v° 
{Proceedings  of  the  Royal  Irish  Academy,  vol.  I,  part,  i,  p.  31). 
A  la  fin  de  ce  morceau,  fol.  28  r°,  col.  2,  on  trouve  la  note 


Pibliothèi^ue  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques',  rf  \.         ^95 

suivante  :  Is  mi-si  Uildiam  mac  an  Lega  dosgribh  so,  tit  hona 
nioirte  perihit,  ailim  thu  a  Dhia,  «  C'est  moi  William  mac  an 
Lega  qui  ai  écrit  ceci  afin  de  mourir  d'une  bonne  mort,  je  t'en 
prie,  ô  Dieu  !   » 

19°  Fol.  28  v",  col.  I  :  Fosc\ér\  ar  bannsgail  «  Historiette 
concernant  une  femme.  »  Il  s'agit  d'une  femme  qui  se  con- 
fessa à  un  saint  moine  ;  commence  :  Araile  hannscâl  dodeachaidh 
do-thabairt  a-choibhsen  di-araile  nianach  nôebdhiadha  :  «  Une  cer- 
taine femme  alla  donner  sa  confession  à  un  autre  moine  sain- 
tement pieux.  » 

20°  Fol.  28  v°,  col.  2  :  Scel  inna  lenamh  «  Histoire  des  en- 
fants. »  Légende  de  l'enfant  juif;  commence  :  Fcditus  n-aen 
dia-rahhadzx  da-lenab  a-comchluiche  «  Une  fois  deux  enfants 
jouaient  ensemble.  »  Publié  par  H.  Gaidoz,  Mélusim,  t.  IV, 
col.  39-41,  avec  traduction  et  bibliographie;  cf.  Whitley 
Stokes,  Lives  of  Saints  from  the  Book  of  Lismore,  p.  xx-xxii. 

21°  Fol.  29  r°,  col.  1  :  Histoire  d'un  enfant  qui,  tombé  dans 
un  trou  d'eau  profond  de  trois  brasses,  ne  se  noya  pas  grâce  à 
la  vierge  Marie.  Début:  Fechxus  aili  dono  i-sna-iiribh  thâir 
robôi  ben  ocus  a-niic  m  a-farrad  «  Une  autre  fois  donc  dans  les 
pays  d'orient  était  une  femme  et  son  fils  avec  elle.  »  Le  titre 
commence  par  les  mots  Fosc[él]  annso. 

22°  Fol.  29  v°,  col.  I  :  Récit  légendaire  sur  saint  Brendan, 
intitulé  :  Fosc[él]  ar  Brenainn,  «  Historiette  sur  Brendan  »  ; 
commence  :  Luid  Brenainn  do-thabûrt  antna  â^-mathar  a-hifern 
«  Brendan  alla  tirer  d'enfer  l'âme  de  sa  mère.  » 

23°  Fol.  29  v°,  col.  2  :  Conirad  ar-in  aine  «  Discours  sur  le 
jeûne  ».  Commence  :  Is-si  seo  in  chus  im-an-dénait  na  daine  in- 
âiiie  «  Voici  la  cause  pour  laquelle  les  hommes  pratiquent  le 
jeûne  [du  vendredi].  »  Publié  avec  traduction  et  bibliographie 
par  H.  Gaidoz,  Mélusine,  t.  IV,  col.  133-135. 

Au  bas  on  lit  la  note  suivante  :  Uilliam  imc  an-Legha,  qui 
sgribbsit,  ut  bona  morte  peribit. 


^96  '  H.  Omont. 


CINQUIÈME  SECTION,  Rccucil  de  vies  de  saints.  On  en  trouve 

un  complément  dans  la  septième  section. 

Elle  comprend  les  fol.   30-57;  elle  paraît  tout  entière  de  la 

même  main,  sauf  le  fol.  30  r°-v°. 

24°  Fol.  30  r°,  col.  I  :  Betha  Maignenn  «  Vie  de  saint  Ma- 
gniu  »  fondateur  d'une  abbaye  qui  porta  son  nom,  Cill-Mai- 
gneann,  aujourd'hui  Kilmainham,  prison,  près  Dublin.  Le  Mar- 
tyrologe d'Oengus,  publié  par  M..Whitley  Stokes,  met  sa  fête 
au  18  décembre.  Commence:  Maighneand ,  et  Toa,  et  Cob- 
thach,  et  Librean  cciîri  nieic  Tuathail,  etc.  Magniu  serait  mort 
à  la  fin  du  vi^  siècle  suivant  O'Donovan,  Annals  ofthe  Four 
Mastcrs,  note  sous  l'année  782.  On  trouve  une  vie  du  même 
saint  en  irlandais  au  British  Muséum,  Egerton,  91,  fol.  49. 

25°  Fol.  32  r°  :  Btûia  Mochua  «  Vie  de  Mochua  »,  com- 
mence :  [M]uchûa,  mac  Bécain,  maie  Bairr,  maie  Nathi,  maïc 
Luigdech.,ma\cDalanndi-Ulltaib.  C'est  Mochua,  abbé  de  Balla, 
mort  en  637  suivant  les  Annales  des  Quatre  Maîtres  et  celles 
de  Tigernach,  en  638  suivant  le  Chronicon  Scotorum.  Le  Mar- 
tyrologe d'Oengus  met  sa  fête  au  30  mars.  Cf.  Colgan,  Acta 
Sanctorum,  p.  789.  Une  homéhe  irlandaise  sur  la  vie  de  ce  saint 
a  été  publiée  par  M.  Whitley  Stokes,  Lives  of  saints  from  the 
Book  of  Lismore,  p.  137-146,  avec  une  traduction,  p.  281-289. 
•Pour  la  bibliographie,  woir  ibid.,  p.  360. 

26°  Fol.  33  r°,  col.  2  :  Betha  Senàin  maie  Geirgind  «  Vie 
de  Senan,  fils  de  Gerrgend  »  ;  commence  :  [M]irabilis  Deus  in 
sannis  (Psaume  LXVII,  v.  36),  «  In  spirat  nocm  doroisce  cech. 
spirat  »  a  L'esprit  saint  qui  l'emporte  sur  tout  esprit.  »  Publié 
par  M.  Whitley  Stokes,  Lives  of  saints  from  the  Book  of  Lis- 
more, p.  54-74,  avec  traduction,  p.  201-221,  et  biblio- 
graphie, ibid.,  p.  337.  La  fête  se  célébrait  le  8  mars.  Voyez  les 
Bollandistes,  t.  I  de  mars,  p.  761. 

27°  Fol.  38  r°,  col.  2  :  ^eth^  sancii  Seoirsi  «  Vie  de  saint 
Georges  »  ;  commence  :  [Z)]é'Mi'  querit  eum  qui  persécutionem  pâ- 
tit ur  ;  en  irlandais  :  larradid  [sic,  lisez  iarraid]  Dia  in  neach 
fodaim  ingreim  ocus  treàblait  ar-Dhia.  M.  Atkinson  a  publié 
d'après  le  Leahhar  Brcacc  une  homélie  sur  la  passion  de  saint 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celti(jues  et  basques,  n°  i.         ^97 

Georges;  il  en  a  donné  le  texte  irlandais  dans  The  Passions, 
p.  71-81,  et  la  traduction,  p.  314-324.  Un  texte  semblable  au 
nôtre  se  trouve  au  British  Muséum,  dans  le  manuscrit  Eger- 
ton  91,  fol.  II.  Todd  en  a  également  signalé  un  dans  le  ma- 
nuscrit irlandais  connu  sous  le  nom  de  Book  of  Fermoy.  Voyez 
Atkinson,  The  Passions,  p.  313-314.  La  fête  de  saint  Georges 
se  célébrait  le  24  avril  comme  nous  l'apprennent  le  Martyrologe 
d'Oengus  et  la  passion  qu'a  publiée  M.  Atkinson. 

28°  Fol.  41,  col.  I  :  Betha  Grighora  «  Vie  de  saint  Gré- 
goire le  Grand  »  ;  commence  :  [  T]unc  dicet  rex  his  qui  a  dextris 
^jus  sunt,  en  irlandais;  Atbera  Hisu  Crïst,  ri  na  n-uili  dul,  inn- 
aithcsc-su  risina-fircnachaib  il-lô  bràtha  «  Jésus-Christ,  roi  de 
toutes  les  créatures,  adressera  cet  ordre  aux  justes  le  jour  du 
jugement.  »  (Evangile  de  S.  Mathieu,  chap.  XXV,  v.  34.)  La 
fête  du  pape  Grégoire  le  Grand  est  inscrite  au  Martyrologe 
d'Oengus  à  la  date  du  12  mars.  Cf.  H.  2.  16,  col.  860-863. 

29°  Fol.  42  v°,  col.  2  :  Btûia  Longinus  «  Vie  de  saint 
Longin  »,  commence  :  \p\ia  ni-bûi  Crist  i-croich  la-hludaidib 
«  Quand  Jésus-Christ  était  en  croix  chez  les  Juifs  ».  Publié 
d'après  le  Leabhar  Breac,  par  Atkinson,  The  Passions,  p.  60-64, 
avec  traduction,  p.  300-304. 

30°  Fol.  43  v°,  col.  I  :  5etha  Iuliana  «  Vie  de  sainte  Ju- 
Henne  de  Nicomédie  »,  commence  :  \K\o-bôi  aroiU  urraigi  dar 
ba  coînainm  Eîeseus  a  cathair  Nicomedia  «  Il  y  eut  un  certain 
personnage  surnommé  Elisée,  de  la  ville  de  Nicomédie.  »  La 
fête  de  sainte  Julienne  est  dans  le  Martyrologe  d'Oengus  sous 
la  date  du  16  février. 

31°  Fol.  44  v°,  col.  I  :  .Betha  na  IIII  Domnall  «  Vie  des 
quatre  Donnell  »,  commence:  [T]riar  ma.c  fogluma  tangatur  0 
Choindire  «  Trois  étudiants  vinrent  de  Cuinnire  »  ;  petit  traité 
publié  d'après  le  Liber  flavus  Fergusorum  par  O'Curry,  Lectures 
on  the  Manuscript  Materials,  p.  529-531. 

32°  Fol.  45  :  Stair  Nicomed  no  Joseph  de  Armatia  «  Histoire 
de  Nicomède  ou  Joseph  d'Arimathie  »,  commence  :  In 
domad  bliadham  do-flaithus  Tibir  Ceszir  :  «  La  neuvième  année 
du  règne  de  Tibère  Caesar  ».  M.  Gaidoz,  Mélusine,  t.  IV, 
col.  24,  a  fait  observer  que  c'est  une  traduction  complète 
de    l'évangile  de  Nicodème  dont  il  n'y  a   que  la  seconde 


398  H.  Omont. 

partie  chez  Atkinson,   The  Passions,  p.  143-150,  avec  la  tra- 
duction, p.  392-400. 

Dans  un  blanc  à  la  suite  de  ce  morceau,  fol.  52  v°,  on  a 
inséré  deux  pièces  de  vers,  la  première  commence  :  Ni  glic 
nach  gabuim  fam  glor,  col.  i  :  la  seconde:  Dia  dho  choinidhe, 
«  Dieu  ton  Seigneur  »,  col.  2;  celle-ci  attribuée  à  Murcher- 
tach  ua  hlfernain,  nous  apprend  M.  Whitley  Stokes. 

33°  Fol.  53  r°,  col.  I  :  Beatha  Coluim  chilli  «  Vie  de  saint 
Columba  »,  commence:  Exi  de  terra  tua...;  en  irlandais: 
Façaib  do-thîr...  {Genèse,  XII,  i).  M.  Whitley  Stokes  a  publié 
deux  éditions  de  ce  document  ;  l'une  d'après  le  Leabhar  Breac 
avec  traduction  anglaise  en  regard  dans  Tbree  Middle  Irish 
Homilies,  Calcutta,  1877,  p.  90-125;  l'autre  d'après  le  ma- 
nuscrit dit  Livre  de  Lismore  dans  Lives  of  Saints  from  the  Book 
of  Lismore,  p.  20-33,  avec  traduction,  p.  168-181. 

A  cette  vie  on  a  ajouté  fol.  56  v°,  col.  2,  une  courte  lé- 
gende concernant  saint  Columba;  commence:  Laa  n-ann 
tainic  Coluim  Cille  a-tiniceald  Aime  «  Un  jour  Columba  venait 
de  faire  une  tournée  en  Aran.  » 

34°  Fol.  56  v°,  col.  2  :  5ethfl  fn  môirsheisir  «  Vie  des  sept 
dormants  »,  commence  :  Rogabri  croda  aindsercach  for-sin  do- 
mann  feacht  n-aill  ./'.  Déic  esidein  «  Un  roi  cruel  et  désagréable 
prit  autrefois  l'empire  du  monde,  c'était  Decius.  »  Publié 
d'après  le  Leabhar.  Breac,  par  Atkinson,  The  Passions,  le  texte 
pp.  68-71;  la  traduction,  p.  309-313.  Manque  ici  la  lin. 

SIXIÈME  SECTION.  Elle  Comprend  les  fol.  58-73  ;  elle  paraît 
tout  entière  de  la  même  main. 

35°  Fol.  58  r°,  col.  I  :  Opuscule  commençant  :  Fox^g[a]/  in 
pnncipio  viigo  water  meo  .i.  Go  fortachtaighi  Muiri,  bhainn- 
tigema  dam,  a-tosâch.  mh'oibrigthi,  mar  adeïr  Agustin  naeiii  ; 
«  Que  Marie,  ma  dame,  m'aide  au  commencement  de  mon 
œuvre,  comme  dit  saint  Augustin  ».  M.  Whitley  Stokes  nous 
apprend  qu'il  a  trouvé  une  autre  copie  de  ce  document  dans 
le  ms.  irlandais  de  Rennes,  fol.  23-24. 

36°  Fol.  60  r°,  col.  i:  Traité  sans  titre  qui  commence: 
Deo  pa.tri  carissimo  Petro  Dei  gratia  Portasenci  .1.  an-anoir  Dia 


Bibliothèijue  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n°  \.  ^99 

athar  carthanaig  ocus  Phetair  dartinnsgnudh  in-leahzr-so  in-an- 
anôir  ocus  Innocens  dobhi  iw-a-dheocham  ocus  in-a-charthanâil 
«  En  l'honneur  de  Dieu  le  père  qui  nous  aime  et  de  Pierre  ce 
livre  a  été  commencé  en  leur  honneur  et  Innocent  qui  fut  un 
diacre  et  un  cardinal.  »  Finit  fol.  72  v°.  Suit  une  note  ainsi 
conçue  :  Uilliam  Mhagûibhne  docuir  in-leab^x-so  an-gaeidheilg 
ocus  Domnall  O'Conaill  do-gheabh.  Oràit  Dia  ocus  duine  /or- 
an-anmannaih.  Dobiad  blhdna  in-tigerna  a-sgribhadh  an-leab^r- 
so  faderedh  annso  Anno  Dom'mi  M°  CCCC"  XL°  3°.  C'est- 
à-dire  «  William  Magawney  a  traduit  ce  livre  en  irlandais 
pour  Domnall  O'Connell.  Priez  Dieu  et  homme  pour  leurs 
âmes;  ce  livre  a  été  écrit  en  fin  l'an  du  Seigneur  1443  ».  C'est 
le  traité  De  contemptu  mundi,  sive  de  miseriis  humanae  condi- 
tionis  composé  par  Innocent  III  antérieurement  à  son  élévation 
au  souverain  pontificat  qui  eut  Heu  le  8  janvier  1 198.  Ce  traité 
a  été  publié  par  Migne,  Patroîogia  latina,  t.  217,  col.  701-746. 
Il  existe  du  texte  irlandais  une  copie  complète  dans  le  ma- 
nuscrit Egerton  1781,  p.  113,  fol.  57  r°;  elle  finit  p.  150  et 
fol.  75  v°;  à  la  fin  comme  ici  on  trouve  le  nom  du  traducteur; 
mais  dans  le  manuscrit  Egerton  1781  il  paraît  écrit  plus  exac- 
tement Uilliam  Magduibne  et  non  Magidbne.  M.  Whitley 
Stokes  a  signalé  un  fragment  de  la  même  traduction  dans  le 
manuscrit  Egerton  93,  fol.  147  a,  et  dans  le  manuscrit  Eger- 
ton 91,  fol.  I  (The  Tripartite  Life  of  Patrick,  t.  I,  p.  45). 

37°  Fol.  72  v°,  col.  I  :  Agalhmh.  an  cuir/)  ocus  an  anma 
«  Dialogue  du  corps  et  de  l'âme  ».  Se  termine  inachevé 
fol.  73  v°,  col.  2.  Voir  ci-dessus  6°,  p.  392. 

SEPTIÈME  SECTION,  de  plusieurs  mains,  fol.  74-117;  suite  de  la 
cinquième  section;  commence  par  trois  vies  de  saints. 

38°  Fol.  74  r°,  col.  I  :  Betha  Patraicc  «  Homélie  sur  saint 
Patrice.  »  Le  commencement  manque.  Une  analyse  de  ce  do- 
cument a  été  publiée  par  M.  Whitley  Stokes,  The  Tripartite  Life 
of  Patrick,  t.  I,  p.  lvii-lxi.  Le  fragment  débute  ainsi  :  di~ 
araile  i-sin  dail,  co-torchzk  did'm  L  fer  dib  «  de  l'autre  dans 
l'assemblée,  en  sorte  qu'il  en  mourut  cinquante  hommes  »  ; 
cf.  The  Tripartite  Life,  t.  II,  p.  456,  1.  18. 


400  H.  Omont. 

39°  Fol.  76  v°,  col.  2  :  Betha  Brigdi  «  Homélie  sur  la  vie  de 
sainte  Brigite  »,  commence  :  [H]i  sunt  qui  secuntur  agnum  quo- 
cumque  ieret.  «  It-iat-so  lucht  lenait  an  t-uan  neimeilnide  cipe  co- 
nair  deach  »  (Apocalypse,  XIV,  4).  Deux  éditions  de  ce  docu- 
ment ont  été  données  par  M.  Whitley  Stokes,  l'une  d'après 
le  Leabhar  Breac  (Three  Middle-Irish  homilies,  p.  50-87); 
l'autre  d'après  le  Livre  de  Lismore  {Lives  of  Saints  from  the 
Book  of  Lismore,  p.  34-53).  Ces  deux  éditions  sont  accom- 
pagnées d'une  traduction  anglaise,  la  première  en  regard  du 
texte,  la  seconde,  p.  182-200.  La  source  paraît  être  la  Vie  latine 
publiée  par  les  Pères  De  Smedt  et  De  Backer,  Acta  Sanctorum 
Hiberniae  ex  codice  Salmanticensi,  col.  1-76,  et  déjà  donnée  par 
les  Bollandistes  sous  la  date  du  i"  février,  p.  172,  etparColgân 
dans  sa  Trias  Thaumaturga,  p.  597.  Cette  Vie  latine  paraît 
avoir  pour  auteur  Laurentius  Dunelmensis  mort  en  11 54. 

40°  Fol.  81  v°,  col.  I  :  Bttha  Brénaind  «  Vie  de  saint  Bren- 
dan  »;  commence  :  Beatus  qui  ti?net  Dominxim,  in  ma[n]datis 
ej us  volet  nimis.  «  Is  fechtnach  ocus  is  firén  finnbeihadach  ocus 
is  forbthi  in  Jirén  foT~sam-bi  ecîai  ocusimuaman  m  Choimded  cu- 
ma.chtaig  »  «  Est  heureux,  jouit  d'un  vrai  bonheur,  est  parfait  le 
juste  qui  craint  et  redoute  le  Seigneur  puissant.  »  (Psaume  CXI, 
V.  i).  Une  édition  d'un  texte  légèrement  différent  a  été  donnée 
par  M.  Whitley  Stokes,  Lives  of  Saints  from  the  Book  of  Lis- 
more, p.  99-116,  avec  une  traduction  anglaise,  p.  247-261. 

41°  Fol.  87  v°,  col.  I  :  Cumdach  na  Paitri  «  Commentaire 
sur  le  Pater  »  (littéralement  «  édifice  du  Pater  »)  ;  commence  : 
Sic  ergo  vos  oràbitis,  «  Bid  amhid-so  didïu  dognéthi  ernaigtbe  » 
(Evangile  de  saint  Mathieu,  chap.  VI,  v.  9).  M.  Atkinson  a 
publié  ce  texte  d'après  le  Leabhar  Breac,  dans  son  livre  intitulé 
The  Passions,  p.  259-266,  et  il  en  a  donné  la  traduction  en  an- 
glais, ihid.,  p.  495-503. 

42°  Fol.  90  r°,  col.  I  :  Dighail  fola  Cnst  «  Vengeance  du 
sang  du  Christ  »  ;  commence  :  [Z)]a  bliadain  .xl.  bâtir  na- 
hludâidi  ar-foxbzxt  chruidh  ocus  chlainne  «  Quarante-deux  ans 
furent  les  Juifs  en  croissance  de  fortune  et  de  postérité.  »  Un 
autre  texte  de  ce  traité  se  trouve  dans  le  Leabhar  Breac,  fol. 
150-154,  il  a  été  signalé  dans  le  Livre  de  Fermoy,  fol.  44  a, 
par  Todd,  Proceedings  of  the  Royal  Irish  Academy,  Irish  Mss. 


Bibliothè(]ue  nationale,  Mss.  celtii^ues  et  basiques,  n°  i .         40 1 

séries,  vol.  I,  part  I,  p.  22,  et  dans  d'autres  mss.  aussi  par 
M.  Whitley  Stokes,  Lives  of  Saints  front  the  Book  of  Lismore, 
p.  VI,  VII.  Il  a  pour  objet  la  destruction  de  Jérusalem  par 
Titus.  A  la  fin,  fol.  95  r°,  col.  i,  on  lit  la  souscription  sui- 
vante :  Mesiu  Mailechîaiîin  mac  Ilîainn  mec  an-Lega  do  seul  an- 
lebar-so  doDonnchad  mac  Briain  Duibi-Briain  A.  cend  enich  ocus 
engnuma  Ghàll  ocus  Ghaidhel  n-Erend  an-bliadain  do-marbzà. 
Mac  larla  Unnuman  a-foill  k-Buitilerachaib  «  C'est  moi  Mela- 
«  ghlin,  fils  de  William  Mac  an  Legha,  qui  ai  écrit  ce  livre-ci 
«  pour  Donough,  fils  de  Brian  Duv  O'Brien,  le  plus  hono- 
«  rable  et  le  plus  brave  des  Anglais  et  des  Irlandais  d'Irlande, 
«  l'année  où  le  fils  du  comte  d'Ormond  fut  tué  frauduleu- 
«  sèment  par  les  Butler  »  Nous  savons  par  les  Annales  des 
Quatre  Maîtres,  t.  V,  p.  1836,  qu'en  1585  vivait  le  petit-fils 
de  Donough,  fils  de  Brian  Duv  O'Brien;  il  s'appelait  Brian 
Duv,  fils  de  Mahon,  fils  de  Donough,  fils  de  Brian  Duv 
O'Brien.  Le  scribe  William  Mac  an  Legha,  père  de  Melaghlin, 
est  mentionné  ci-dessus  n°'  i,  18  et  23,  il  écrivait  en  1473. 
Melaghlin  tenait  probablement  la  plume  pour  Donough  vers  le 
commencement  du  xvi^  siècle.  Suivant  Todd,  le  meurtre  dont 
il  s'agit  eut  lieu  en  15 18. 

43"  Fol.  95  r°,  col.  I  :  Aislingthi  Adamnain  «  Songe 
d'Adamnan  »,  commence  :  [R]ofaillsiged  tm  do-shochaidib  runi 
ocus  derridusa  flaiha  nime  ocus  to[d\erna  ifîrnn  «  Les  secrets  et 
«  les  mystères  du  royaume  du  ciel  et  les  supplices  de  l'enfer 
«  ont  été  révélés  à  beaucoup  de  monde.  »  Cette  pièce  a  été 
publiée  1°  d'après  le  Lebor  na  h-Uidre,  avec  une  traduction 
anglaise,  par  M.  Whitley  Stokes  à  Simla  en  1870,  2°  d'après 
le  même  manuscrit  et  d'après  le  Leabhar  Breac  par  M.  Win- 
disch,  Irische  Texte,  t.  I,  p.  169  et  suivantes;  ici  manque  le 
commencement,  il  faut  se  reporter  à  la  page  171  de  l'édition 
de  M.  Windisch  pour  trouver  le  passage  correspondant  au 
début  qui  vient  d'être  reproduit. 

44°  Fol.  98  v°,  col.  2  :  Exaltation  de  la  Croix;  commence  : 
[Is^oé  sgél  innister  sunn  anosa  amû  rue  ri  na-Med  ocus  na-Pers 
a-slait  les  an  t-irrandus  ro-flmcaib  Elina  don  croich  an  larusalem 
ocus  doratsat  na  Crïstade  hi  forculu  doridhise  «  Voici  une  his- 
«  toire  où  est  raconté  maintenant  comment  un  roi  des  Mèdes 


402  H.  Omont. 

«  et  des  Perses  emporta  par  vol  le  morceau  de  la  croix  qu'Hé- 
«  lène  avait  laissé  à  Jérusalem  et  les  chrétiens  le  rapportèrem.  » 
Comparez  le  texte  publié  par  M.  Schirmer,  Die  Kreu^kgenden 
ini  Leabhar  breac,  p.  22-26,  avec  traduction,  p.  47-51. 

45°  Fol.  loi  r°,  col,  i:  [In]cipït  liber  centenillarum  senten- 
siarum,  livre  écrit  en  irlandais  et  divisé  en  vingt-deux  chapitres 
dont  les  titres  sont  latins  :  1°  De-câritate;  —  2°  De-pasiencia  ; 
—  3°  De-dilecûone  Dei  ;  —  4°  De-humilitate ;  —  5°  Dé  indul- 
gencia;  —  6°  De-compuncùone;  —  j°  De  oraàone;  —  8°  De- 
confec'ione;  —  9°  De-penetencia;  —  10°  De  apstenencia;  — 
11°  De:  Relingquisti  secnlnm;  —  12°  De-timore;  —  1^°  De- 
virginitate; —  14°  De-justicia;  —  15°  De-invidia;  —  16°  Dé 
insipiencia;  —  17°  De-superbia;  —  iS°  De-sapiencia; —  i^°  De- 
iracundia;  —  20°  De-vana  gloria  ;  —  21°  De-fornicacione  ;  — 
22°  De  persevera[n]cia.  C'est  un  recueil  d'extraits  d'un  ouvrage 
un  peu  plus  développé,  le  Scintillarum  liber  attribué  à  De- 
fensor,  moine  de  Ligugé,  au  viii^  siècle.  Le  Scintillarum  liber 
a  été  pubUé  parMigne,  Patrologia  latina,  t.  88,  col.  597-718. 

46°  Fol.  104  v°,  col.  I  :  Don  aitnde  «  De  la  pénitence  », 
commence:  Cia  cetna  ro-forcongair  aithrighe  do  denam  ar-tus? 
«  Qui  a  le  premier  prescrit  de  faire  pénitence?  ».  Publié 
d'après  le  Leabhar  Breac  par  Atkinson,  The  Passions,  p.  220, 
avec  traduction  p.  457. 

47°  Fol.  105  v°,  col.  2°  :  Gleo  Michil  re-sin  beist  «  Combat 
de  Michel  contre  le  monstre  »  ;  commence  :  [D]auith,  mac 
lèse,  ardrig  clzinni  hisrahel  ocus  in  pùmfaidh  amra.  rofjjoills'ig 
in-a-shaltair  noim  conidh-aingil  as-timthiridh  don  Chomdidh 
«  David,  fils  de  Jessé,  grand  roi  des  enfants  d'Israël,  le  prin- 
ce cipal  et  le  merveilleux  prophète,  a  montré  dans  son  psautier 
«  saint  que  ce  sont  les  anges  qui  servent  le  Seigneur.  »  Dans 
le  Leabhar  Breac,  p.  201,  on  trouve  le  même  document  pré- 
cédé du  texte  latin  :  Angelis  suis  mandavit  de  te  Deus,  ut  cus- 
todiant  te  in  omnibus  viis  tuis  (Psaume  XC,  v.  11);  publié  par 
Atkinson,  The  Passions,  p.  240,  avec  une  traduction,  p.  477. 

Une  autre  rédaction  est  dans  le  Leabhar  Breac,  p.  72;  elle 
commence  :  Milia  milium  ministrabant  ei  et  decies  milles  et  cen- 
tena  milia  astabant  ei  (Daniel,  VII,  10)  ;  elle  a  été  publiée  par 
Atkinson,  The  Passions,  p.  213,  avec  une  traduction  p.  451. 


Bibliothèijue  nationale,  Mss.  celdcjues  et  basques,  n°  i .  405 

48°  Fol.  107  v°,  col.  I  :  Imarhus  Aidhaimh  «  Péché 
d'Adam  »  ;  commence  :  [D]orône  Dîa,  resiu  docruthaiged  an 
duine,  ocus  rothimain  ix  n-uird  ainglide  ocus  ollamnacht  do 
Lucifer  «  Avant  de  créer  l'homme,  Dieu  fit  et  régla  les  neuf 
ordres  angéliques  et  la  principauté  de  Lucifer.  »  Se  termine 
par  un  court  chapitre,  fol,  108  v°,  col.  2,  qui  commence  : 
[Djorone  Dia  talum  do  Adimi  ocus  do  Eua  «  Dieu  fit  la  terre 
pour  Adam  et  Eve  »;  cf.  Leahhnr  Breac,  p.  m,  col.  2, 
ligne  52.  Notre  morceau  paraît  correspondre  à  celui  qui  com- 
mence page  109,  col.  I,  du  Lcahhar  Breac. 

49°  Fol.  109  r°,  col.  I  :  Bn2d\\ra  ar-an  sacrabhuic  «  Paroles 
sur  le  sacrifice  [de  la  messe]  » .  Commence  :  Prima  autem  die 
a:(emorm'n  accesserunt  disipuli  ad  Ibesnm  dicentes  :  ube  visparemus 
tihi  comedere  Pasca  (Saint  Mathieu,  XXVI,  17).  Publié  d'après 
le  Lcabbar  Breac,  par  Atkinson,  The  Passions,  p.  181,  avec 
traduction,  p.  430.  A  la  fin,  fol.  112  v°,  col.  i,  souscription 
de  Sean  mac  indiarrla,  «  Jean,  fils  du  comte  »  à  Carraaig  o 
Coinnell  (Carrigogunnell,  comté  de  Limerick  en  Irlande). 

50°  Fol.  1 12  v°,  col.  I  :  Stair  manâch  nd-Eibhit  «  Histoire  des 
moines  d'Egypte  »,  commence:  [Di]arale  la  dorala  for  men- 
main  Pasinutius,  ab,  dol  do-chuartugud  ditreb  na-hEgipti  «  Un 
autre  jour  il  vint  à  l'esprit  de  Pasinutius,  abbé,  d'aller  faire  une 
tournée  dans  les  déserts  d'Egypte.  »  M.  Atkinson  a  publié 
d'après  le  Leabhar  Breac  deux  fragments  de  ce  morceau,  The 
Passions,  p.  55,  et  56-59;  les  passages  correspondants  se  trou- 
vent ici  :  1°,  fol.  115  r°,  col.  2,  1.  8  et  suiv.  jusqu'à  115  v°, 
col.  I,  1.  22;  2°,  fol.  116  r°,  col.  I,  1.  II  jusqu'à  fol.  iiév°, 
col.  2,  1.  12,  où  notre  pièce  finit. 

51°  Fol.  116  v°,  col.  2  :  Pièce  de  vers  commençant  par  les 

mots  Easbpuc  do-bhi  ^acht  ele  «  Il  y  eut  autrefois  un  évêque.  » 

52°  Fol.  117  r°:  Une  main  plus  récente  a  écrit  une  pièce 

qui  commence  par  les  mots  Gnathach  maith  a-menma  fairsing 

«  ordinairement  bon  son  esprit  vaste.  » 

53°  Fol.  117  v°  Trois  morceaux  écrits  par  trois  mains.  La 
première  main  paraît  être  celle  qui  a  écrit  la  pièce  précé- 
dente ;  le  morceau  (col.  i)  commence  :  ^reas  er  gSLch  ceol  «  Ba- 
taille noble  chaque  musique  » .  Le  second  morceau  (col .  2)  com- 
mence :    C«[i]^  roid  ac  rochtain  ninie  «  11  y  a  cinq  routes 


404  H'  Omont. 

qui  arrivent  au  ciel.  »  Le  troisième  morceau  occupe  le  bas  des 
deux  colonnes  et  commence  :  Is-iad-so  an-da-aeine  decc  «  Voici 
les  douze  jeûnes.  » 

Trois  fragments  de  ce  manuscrit,  réunis  sur  une  même 
planche,  ont  été  reproduits  en  fac-similé  par  Silvestre,  dans  sa 
Paléographie  universelle  (IV,  130);  ce  sont  les  feuillets  58, 
72  v°  et  104  v°.  Cf.  l'édition  anglaise  donnée  par  sir  Francis 
Madden,   Universal paleography,  n°  233. 

Une  description  détaillée  de  ce  ms.  a  été  publiée  par  le 
D""  Todd  dans  les  Proceedings  ofthe  Royal  Irish  Academy,  1846, 
n°  53,  vol.  III,  p.  223-229.  Voir  aussi  sur  ce  ms.  une  notice 
intéressante  de  M.  Gaidoz  dans  Mélusine,  t.  IV,  p.  23-24. 

On  a  ajouté  en  tète  du  volume  la  note  suivante  relative  à 
sa  provenance  :  «  Manuscrit  irlandois  que  les  commissaires  de 
la  section  Beaurepaire^  ont  trouvé  dans  une  de  leurs  visites. 
C'est  un  ouvrage  de  piété  contenant  des  homélies  sur  plusieurs 
passages  de  l'Ecriture  sainte,  la  vie  de  saint  Patrick,  de  sainte 
Brigite.  Les  manuscrits  irlandais  deviennent  d'autant  plus  pré- 
cieux que  cette  langue  tend  à  se  perdre  totalement  par  la  pré- 
dominance de  la  langue  anglaise  ;  aussi  les  savans  de  l'Irlande 
et  de  l'Angleterre  recueillent  tout  ce  qu'ils  trouvent  de  mss. 
irlandais,  il  n'y  en  a  guère  que  de  piété  et  sur  l'histoire.  Cette 
langue  qui  a  la  plus  directe  analogie  avec  celle  des  Kalmoucs 
et  Mongols  a  un  caractère  original  qui  la  distingue  de  toutes 
celles  de  l'Europe.  Ses  formes  sont  simples,  très  régulières  et 
l'idiome  en  est  très  énergique;  elle  s'écrivoit  jadis  de  droite  à 
gauche  comme  l'arabe,  l'hébreu,  etc.,  et  paroît  aussi  présenter 
nombre  de  mots  radicaux  de  ces  langues,  mais  les  formes 
d'abbréviations  inventées  par  les  copistes  la  rendent  très  diffi- 
cile à  lire,  même  aux  savans  qui  l'entendent.  Voyez  les 
grammaires  de  Curtin  et  de  Wallencey,  écrites   en  anglais. 

ViLLEBRUNE  2.    » 

En  tête  du  premier  feuillet  se  trouve  le  cachet  de  cire  de  la 

1.  Du  nom  du  générai  français  Nic.-Jos.  Beaurepaire,  mort  au  siège  de 
Verdun, en  1792. 

2.  Lefebvre  de  Villebrune,  bibliothécaire  national  (1793-1795),  éditeur 
et  traducteur  d'Athénée  et  de  Silius  Italiens. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  nos  i_^        ^^q^ 

section  Beaurepaire  ;  le  volume  est  coté  «  n°  44  »  et  porte 
à  la  fin  les  signatures  de  quatre  membres  de  la  même  section 
révolutionnaire. 

xv^  siècle.  Parchemin,  ity  feuillets  à  deux  colonnes.  288 
sur  200  millim.  Rel.  veau  rac,  au  chiffre  de  Charles  X.  (An- 
cien fonds  n°  8175'.) 

2.  Annales  d'Irlande. 

Fol.  I.  Récit  de  la  bataille  de  Mocruimé  entre  Art  Mac 
Cuinn  et  Lugaid  Mac  Conn  (195  ou  218  après  J.-C).  Voyez 
H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Essai  d'un  catalogue  de  la  littéra- 
ture épique  de  l'Irlande,  p.  cxx  et  75-77. 

Fol.  lé.  Courtes  annales  d'Irlande  (1025-143 5),  incom- 
plètes du  commencement  et  de  la  fin. 

xix^  siècle.  Papier.  44  feuillets.  198  sur  152  miUim.  Demi- 
rel.  (Ancien  Supplément  français  966.) 

3.  Triallam  tiompchul  na  Fodla.  «  Faisons  le  tour  de  l'Ir- 
lande. »  Poème  attribué  à  John  O'Dubhaghain  (-J-  1372). 

Publié  par  O'Donovan,  The  topographical  poenis  of  John 
O'Duhhagain...  (DuWin,  1862,  in-8°.) 

On  a  ajouté  à  la  fin  une  lettre  d'envoi  de  ce  manuscrit  à 
l'abbé  SaUier,  bibliothécaire  du  Roi,  datée  de  Dijon,  26  dé- 
cembre 1739. 

xviii^  siècle.  Papier.  59  pages  et  2  feuillets.  192  sur  150  mil- 
lim. Demi-rel.  (Ancien  Supplément  français  967.) 

4.  Recueil  de  pièces  ossianiques. 

Page  I.  An  bhruighinn  chaorthuinn.  «  Palais  enchanté  du 
sorbier.  »  —  A  la  fin,  la  date,  1824. 

Page  31.  Tuarusgabhail  catha  Gabhra.  «  Récit  de  la  bataille 
de  Gabra.  » 

Page  39.  Caithreim  an  Deirg  mhoir.  «  Triomphe  de  Derg  le 
Grand.  » 

Page  43.  Trâchta  air  eaglamh  na  seanôireadha  «  Traité  sur 
la  frayeur  des  vieillards.  »  —  A  la  fin,  la  date,  1824. 
Revui  Cdtiqut,  XI.  27 


406  H    Omont. 

Page  56.  Notes  diverses  en  irlandais  et  anglais.  —  A  la 
page  63,  la  date,  181 7. 

Page  65.  Seilg  sleibbe  Guilinn.  «  Chasse  de  la  montagne  de 
Guilenn.  » 

Page  118.  Seilg  sleibhe  Fuaid.  «  Chasse  de  la  montagne  de 
Fuad.  »  (Le  début  seulement.) 

Voy.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  Essai  d'un  catalogue  de  la 
littérature  épique  de  l'Irlande,  p.  cxx-cxxi;  cf.  p.  203-204  du 
même  ouvrage  l'indication  d'autres  manuscrits. 

xix^  siècle.  Papier.  120  pages.  185  sur  145  mill.  Demi-rel. 
(Ancien  Supplément  français  19 19.) 

5.  Vie  de  sainte  Nonne  et  de  son  fils  saint  Devy  (David),  ar- 
chevêque de  Menevie,  en  519. 

Publié  d'après  ce  manuscrit  par  l'abbé  Sionnet  et  M.  Lego- 
nidec.  (Paris,  1837,  in-8°.)  Une  nouvelle  édition  de  cette  vie 
a  été  donnée  par  M.  E.  Ernault  dans  h  Revue  Celtique,  1887, 
t.  VIII,  p.  230-301  et  405-491. 

A  la  fin,  on  lit  l'ex-libris  plusieurs  fois  répété  :  «  Buhez 
santés  Nonn.  Ce  presant  livre  appartient  à  moy  M"  Ollivier 
Cloaret  demeurant  au  lieu  de  la  Villeneufve  Treflaouvenan(?), 
en  la  paroisse  de  Dirinon,  le  15*  aoust  1697.  » 

xvi^  siècle.  Papier.  66  feuillets.  190  sur  130  millim.  Rel. 
veau  rac.  (Ancien  Supplément  français  3127.) 

6.  Tri    brioghaithe   an  bhais.    «    Les  trois  aiguillons  de    la 
mort  »  ;  traité  religieux  de  Geofroi  Keating. 

Copié  en  1730  par  John  Mac  Cosgair  pour  le  Père  Richard 
Walhs  (Breathnach). 

Une  édition  du  texte  de  ce  traité  a  été  publiée  pour  l'Aca- 
démie d'Irlande  par  M.  Robert  Atkinson,  Dublin,  1890,  in-8°. 
La  traduction  est  annoncée  comme  devant  paraître  prochai- 
nement. 

xviii^  siècle.  Papier.  286  pages.  235  sur  180  milHm,.  Rel. 
veau  brun.  (Ancien  Supplément  français  4260.) 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n°^  5-9.        407 

7.  Dictionnaire  basque-français,  par  Silvain  Pouvreau,  prêtre 
du  diocèse  de  Bourges. 

xvii^  siècle.  Papier.  213  feuillets.  265  sur  190  millim. 
Demi-rel.  (Ane.  Colbert  3104.  — Regius  7700,  3.) 

8.  Le  même  dictionnaire- 
Incomplet  du  commencement   et  de  dix  feuillets  environ 

aux  lettres  I-K;  le  dictionnaire  débute  au  mot  Cafarda  (fol.  33). 
—  Il  est  daté,  à  la  fin,  du  16  octobre  1663. 

Une  copie  des  vocabulaires  basques  de  S.  Pouvreau  est  con- 
servée à  la  bibliothèque  de  Rouen,  sous  le  n°  336  du  fonds 
Montbret. 

En  tête  du  volume  se  trouvent  un  fragment  de  grammaire 
(fol.  1-3),  une  liste  de  noms  de  lieux  basques,  et  plusieurs 
listes  de  mots,  avec  leur  traduction  française,  accompagnées 
d'observations,  envoyées  à  S.  Pouvreau  par  Arnauld  Oihé- 
nart  et  datées  «  du  30  may  1665  »  (fol.  4-32). 

Fol.  201.  Fragment  de  glossaire  basque-français,  Arrayoa- 
Axtorea. 

Fol.  207.  «  Les  Privilèges  de  la  v[enerable]  Mère  de  D[ieu].  » 
(En  français  et  en  basque.)  M.  J.  Vinson  a  reconnu  que  c'était 
le  commencement  du  livre  de  Daniel  de  Priezac  (Paris,  1648, 
in-8°). 

Fol.  237.  «  I.  Gauça  familier  eta  communa  da  elkar  maite 
dutenac  elkarrequin  vron  direnean...  »  (Sermon  en  30  para- 
graphes.) 

A  la  fin  du  volume,  la  date  du  «  27  9'"'^  1659.  » 

xvii=  siècle.  Papier.  244  feuillets.  285  sur  180  millim.  Rel, 
maroquin  rouge,  aux  armes.  (Ane.  Colbert.  3105.  —  Regius 
7700,  4.) 

9.  Imitation  de  Jésus-Christ,  en  quatre  livres,  traduite  en 
langue  basque  par  Silvain  Pouvreau,  prêtre  du  diocèse  de 
Bourges. 

Les  feuillets  de  garde  (A-H),  en  tête  du  volume,  sont  for- 
més par  des  thèses  de  logique  de  Guillaume  Benard  de  Rezay, 
soutenues  au  collège  de  Clermont,  à  Paris,  le  10  janvier  1663. 


4o8  H.  Omont. 

xvii^  siècle.  Papier.  178  feuillets.  190  sur  125  millim.  Rel. 
maroquin  rouge,  aux  armes.  (Ane.  Colbert,  6295.  — Regius 
8087,  3.) 

10.  Dictionnaire  français-breton  (1745). 

A  la  fin  (fol.  146  v°),  la  date  1745,  et  l'ex-libris  :  «  A 
^1"^=  Jaouha  Gabriel  Joseph  Diverrés,  prêtre  de  la  Congréga- 
tion de  la  Mission.  »  —  Au  verso  du  premier  feuillet  de 
garde,  cette  autre  note  :  «  A  Marseille,  1722,  après  la  peste. 
—  A  M""  Diverrés,  un  travail  de  6  mois  dans  ses  quart  d'heu- 
res indifférentz.  » 

On  a  ajouté  à  la  suite  :  «  Lettre  d'un  théologien  au  R.  P. 
de  Grazac,  où  on  examine  si  les  hérétiques  sont  excommuniez 
de  droit  divin.  »  (5  lettres  imprimées;  s.  1.  n.  d.,  1737-1738, 
in-4°.) 

xviii^  siècle.  Papier.  146  feuillets;  30,  32,  32,  31  et 
23  pages.  190  sur  150  millim.  Couvert,  parchemin.  (Ane. 
Supplément  français,  2643.) 

1 1 .  Histoire  de  Napoléon  P*",  par  M.  Poher,  ancien  instituteur 
de  la  commune  de  Ploudaniel  (Finistère).  1858. 

xix^  siècle.  Papier.  126  feuillets.  230  sur  185  millim.  Car- 
tonné. (Ancien  Supplément  français,  5848.  —  Don  de 
M.  Poher,  1862.) 

12.  Mystère  de  la  Création^. 

Copié  en  1825  par  Jean  Le  MouUec  de  Loguivy-lès-Lannion. 

Publié  par  M.  l'abbé  Eug.  Bernard  dans  la  Revue  Celtique 
(1888),  t.  IX,  p.  149  et  suiv. 

xix^  siècle.  Papier.  176  pages.  320  sur  210  miUim.  Demi- 
rei. 

I.  Les  mss.  12-42  et  44-65  ont  été  donnés  en  1864  et  1865  à  la  Biblio- 
thèque nationale.  A  ces  volumes  il  faut  joindre  les  deux  suivants  insérés 
dans  le  fonds  français  : 

Nouv.  acq.  franc.  351.  «  Louis  Ennius,  ou  le  Purgatoire  de  saint  Pa- 
trice. Mystère  breton  en  deux  journées.  (Traduction)  »,  par  M.  F. -M.  Luzel. 

XIX^  siècle.  Papier,  105  feuillets.  305  sur  195  millim.  Demi-rel. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiijues  et  basques,  n""  io-t6.     409 

13.  Mystères  de  la  Passion  et  de  la  Résurrection. 

Fol.  I.  «  Tragédien  Passion,  or  Salver  Biniguet,  en  bre- 
sonec,  coriget  François  Derrien...  18 12.  » 

Fol.  III.  «  Tragédien  ar  Resurection  Deus  an  ottro  Jésus 
Christ,  en  bresonnec...,  1812.  »  —  A  la  fin  :  «  Finis  par  moi 
François  Derrien,  le  huit  novambre  mil  huit  cent  douze,  de  la 
ville  et  paroisse  de  Guerlesquin,  canton  du  Pontou,  arrondis- 
sement de  Morlaix,  départemant  de  Finistaire.  » 

xix^  siècle.  Papier.  170  feuillets.  280  sur  190  miUim.  Demi- 
rel. 

14.  Mystère  de  saint  Jean-Baptiste. 

Fol.  I.  «  Commancamant  an  aviel  santel,  erves  sant  Jan 
Badezour.  —  Copiet  erbla  1847.  » 

xix^  siècle.  Papier.  58  feuillets.  218  sur  150  millim.  Demi- 
rel. 

15.  Mystère  de  saint  Jean-Baptiste. 

Incomplet  du  commencement  et  de  la  fin. 
xviii^  siècle.  Papier.  80 feuillets.  290  sur  150  millim.  Demi- 
rel. 

16.  «  La  vie  de  Jacob  et  l'histoire  de  Joseph,  suivy  de  la  vie 
de  Moyse.  » 

A  la  fin  du  mystère  de  Jacob,  fol.  80  v°,  on  lit  :  «  Ce  pre- 
sant  papier  apartient  à  moy  Claude  Le  Bihan,  de  la  parroisse 
de  Pluzunet...  le  22  janvier  l'année  1765.  »  En  1835,  il  appar- 
tenait à  «  Jean  Le  Ménager,  fournier  de  Pluzunet.  » 

Fol.  81  v°.  «  L'histoire  de  Moïse.  »  Mystère. 

Le  texte  breton  de  ce  mystère  a  été  publié  à  Morlaix,  chez 
Lédan,  en  1850  (in-12,  312  pages),  sous  ce  titre  :  Trajedi  Jacob, 
les  hanvet  Israël,  patriarch Hebrean,  rei^et  gant  A.  L.  M.  Lédan. 


Nouv.  acq.  franc.  352.  «  Analyse  de  saint  Guennolé,  mystère  breton  en 
six  actes.  »  Par  M.  Luzel  (25  juin  1865). 

Xixe  siècle.  Papier.  32  feuillets.  350  sur  215  millim.  Demi-rel. 


410  H.  Omont. 

Le  mystère  de  Jacob  finit  à  la  page  139  et  celui  de  Moïse 
commence  à  la  page  141. 

xviii^  siècle.  Papier.  158  feuillets.  310  sur  200  millim. 
Demi-rel. 

17.  «  La  vie  de  sainte  Anne  et  de  sainte  Emeransianne,  sa 
mère.  » 

Copié  en  1862  par  Dupré,  Jean-Marie,  de  Loguivy-lez- 
Lannion. 

xix^  siècle.  Papier.  237  pages.  310  sur  190  millim.  Demi- 
rel. 

18.  Mystère  de  la  naissance  de  l'enfant  Jésus. 

A  la  fin,  la  mention  :  «  Cette  cayes  apartien  a  moi  François 
Derrien,  de  la  ville  et  commune  de  Guerlesquin,  canton  du 
Pontou,  arrondissement  de  Morlaix,  département  du  Finis- 
taire.  Finis  ce  jour  le  sept  novembre  mil  huit  cent  vingt  trois.  » 
Fol.  63.  «  Janvier  1812.  —  Nouel  neve,  da  henevelez  on 
Salver  Jesus-Christ  ;  voar  an  cer  gallec.  Or  dites  nous, 
Marie,  etc. 

Nouel  ar  henevelez 
Nostris  Salvatoris,  ...» 

xix"^  siècle.  Papier.  63  feuillets.  235  sur  170  milhm.  Demi- 
rel. 

19.  Mystère  de  l'Enfant  prodigue.  181 5. 

A  la  fin,  la  note  ordinaire  de  François  Derrien,  181 5,  et  une 
autre  note  de  possession  de  Jean-Francois-Marie  Troussel, 
1836. 

xix^  siècle.  Papier.  34  feuillets.  205  sur  165  milhm.  Demi- 
rel. 

20.  Mystère  de  saint  Crépin  et  saint  Crépinien. 

xviii^  siècle.  Papier.  37  feuillets.  305  sur  195  milhm. 
Demi-rel. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basi]ues,  n"^  17-24.      411 

21.  Mystère  de  saint  Laurent. 

Incomplet  du  commencement.  —  A  la  fin,  mention  de  la 
copie  de  ce  ms.  par  Yves  David,  en  1772;  puis,  fol.  86: 
«  Cestte  cahier  de  la  vie  de  saint  Lorant  apartien  à  moy  Yves 
David  de  Langoat,  ce  jour  le  13  S*""^  I773-  » 

xviii^  siècle.  Papier.  86  feuillets.  290  sur  175  millim. 
Demi-rel. 

22.  Mystère  de  sainte  Tryphine. 

Le  prologue  dans  le  ms.  est  différent  de  celui  de  l'édition. 

^e  mystère  a  été  publié  à  Qiiimperlé,  chez  Clairet,  en  1863 
(in-8,  XLiv-454  pages).  Le  texte  de  cette  édition  a  été  établi 
par  l'abbé  Henry;  la  traduction  mise  en  regard  du  texte  et 
l'introduction  qui  précèdent  sont  dues  à  M.  Luzel. 

xix^  siècle.  Papier.  180  pages.  288  sur  180  miUim.  Demi- 
rel. 

23.  Mystère  de  sainte  Tryphine. 

Même  prologue  que  le  précédent. 

Sur  le  premier  feuillet,  on  lit  :  «  Ce  cahier  d'histoire  appar- 
tient à  Guillaume  Lehoanen,  demeurant  dans  la  commune  de 
Pluzunet.  —  Ecrit  par  Çoëlou,  Jean,  dans  l'année...  185 1.  » 

On  a  joint  à  la  fin  une  brochure  imprimée  de  huit  pages, 
in-8°  (Morlaix,  J.  Haslé,  s.  d.^  :  Kloarek  koat  ar  Rannou  ha  penn- 
herez^Ker:{anton,  et  Ann  hini  a  garan  luar  euii  ton  nevc,  par  L- 
P.-R.  Ar  Skour,  Barz  L-V.  Remengol. 

xix^  siècle.  Papier.  236  pages.  275  sur  205  millim.  Demi- 
rel. 

24.  Mystère  de  sainte  Geneviève  de  Brabant. 

Le  titre  porte  :  «  La  inosans  reconu  a  santés  Jenovefa,  tra- 
duised  a  hallec  en  bresonec  rimed  vid  hoary  voar  dead,  cori- 
ged  a  neve  gand  J.  Conan,  er  blaves  mil  eis  cand  pemb  voar 
nugend,  en  parous  Tredres,  canton  Plistin,  arondisemand  La- 
nion,  er  huesec  a  vis  querdu,  sined  Jean  Conan.  »  —  Copie 
de  1825. 


41 2  H.  Omonî. 

Le  texte  breton  de  ce  mystère  a  été  publié,  sans  traduction, 
chez  Le  Goffic,  àLannion,  en  1864  (in-12,  de  298  pages),  sous 
ce  titre  :  Bue::;^  sante:^  Genovefa,  Tragcdienn  en  try  Act  gant  eur 
Proloc  en  pep  act. 

xix^  siècle.  Papier,  287  pages.  280  sur  170  millim.  Demi- 
rel. 

25.  Mystère  de  sainte  Geneviève  de  Brabant. 

Rédaction  abrégée,  qui  débute  :  «  Canomp  gant  meulo- 
diou  à  joa...  » 

xix^  siècle.  Papier.  35  feuillets.  280  sur  190  millim.  Demi- 
rel. 


26.  Mystère  de  sainte  Geneviève  de  Brabant. 

Rédaction  en  prose,  intitulée  «  Vie  de  Geneviève,  praincesse 
de  Brabant  »,  et  qui  débute  :  «  Orsus  ta  ma  friet...  » 
A  la  fin,  on  lit:  «  Fait  par  Jacques  LeMoal.  181 9.  » 
xix^  siècle.   Papier.   200  feuillets.    350    sur  220    millim. 
Demi-rel. 


27.  Mystères  de  saint  Martin  de  Tours  et  de  saint  Louis. 

Fol.  I.  «  Bue  a  tragédie  deus  a  Sant  Martin  cavallier  en  co- 
mancamant  e  amser  ac  er  fine  eo  bet  archescop  en  Tour, 
composset  gane  me  Job  Coat,  er  blaves  mil  eis  cant  pemp  var 
nugent  (1825),  ...  en  Montroulles...  » 

Fol.  43.  «  Cahier  tragédie  S'  Louis.  » 

Fol.  67.  Dialogue  entre  la  joie  et  le  chagrin.  «  Bonjour,  ma 
hamarad...  » 

xix^  siècle.  Papier.  68  feuillets.  295  sur  190  millim.  Demi- 
rel. 


28.  Mystère  d'Eulogius,  patron  des  maçons. 

xix"^  siècle.  Papier.  84  feuillets.  222  sur  200  milHm.  Demi- 
rel. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n""  25-32.     41  j 

29.  Louis  Ennius,  ou  le  Purgatoire  de  saint  Patrice. 

Texte  abrégé  et  différent  de  l'édition  de  ce  mystère,  qui  a 
été  publiée,  sans  traduction,  à  LannionJ  chez  Le  Goffic,  en 
1871  (in-i2,  léé  pages),  sous  ce  titre:  Bue^  Louis  Eunius 
dijentil  ha  pécher  bras,  Trajedien  en  daou  Act,  gant  eur  Proloc 
vit  peh  Act. 

xix^  siècle.  Papier.  41  feuillets.  300  sur  195  millim.  Demi- 
rel. 

30.  Buez  santés  Hélèna.  Vie  ou  mystère  de  sainte  Hélène. 

A  la  fin,  la  date  du  9  décembre  1840,  et  la  mention  :  «  Ap- 
partient à  Joseph  Prigent,  perruquier  à  Lannion.  » 

Le  texte  breton  de  ce  mystère,  un  peu  différent  de  celui  du 
présent  ms.,  a  été  publié  à  Lannion,  chez  Le  Gofïic,  en  1862 
(in-i2,  107  pages),  sous  ce  titre:  Buhe^sante'^Helena. 

xix^  siècle.  Papier.  47  feuillets.  275  sur  175  millim.  Demi- 
rel. 

31.  Mystère  de  saint  Antoine. 

Au  fol.  55,  on  lit:  «  Ce  présent  livre  apartient  à  Jan  Le 
Flem,  ...  demeurant  en  la  parroisse  de  Pleudaniel,  le  jour 
22^  de  février,  l'an  1709.  »  —  Au  fol.  52  v°,55  v°  et  59  v°, 
autres  ex-libris  de  Maurice  Le  Flem,  datés  de  1689,  1699  et 
1700, 

xvii^  siècle.  Papier.  59  feuillets.  180  sur  140  millim.  Demi- 
rel. 

32.  Mystère  de  Charlemagne  et  des  douze  Pairs. 

Texte  abrégé. 

Fol.  70.  «  Belek  Guegan.  »  Le  prêtre  Guégan,  chanson. 

«  Mar  plich  guenach  a  chilaoufet. . .  » 

A  la  fin,  on  lit  :  «  Dicté  par  Fanch  ar  Roue,  à  Keram- 
borgne.  »  —  Copie  de  M.  Luzel. 

xviir  siècle.  Papier.  71  feuillets.  175  sur  140  miUim.  Demi- 
rel. 


414  W-  Omont. 

33.  Mystère  de  Charlemagne  et  des  douze  Pairs. 

A  la  fin  (fol.  58),  on  lit  :  «  Ce  livre  apartien  à  ...  François 
Le  Hoeroii,  ...  le  16  avril  1774.  » 

Fol.  éo.  Vie  de  Malarjé. 

Fol.  93.  «  Fabien  ar  butun,  digasset  deus  a  Portugal  en 
Frans  er  bloa  1562  dre  mest,  Jan  Nicol,  ambassadour  da 
Rouannes  a  Frans  mam  da  Louis  pevoarsec.  —  Disput  entre 
Paoul  ar  butuner  a  Simon  na  vutun  quet.  »  Fable  du  tabac, 
apporté  de  Portugal  en  France  en  l'année  1562,  par  M'^  Jean 
Nicot,  ambassadeur  de  la  reine  de  France,  mère  de  Louis  XIV. 
—  Dispute  entre  Paul  qui  use  de  tabac  et  Simon  qui  n'en  use 
pas. 

xviii^  siècle.  Papier.  97  feuillets.  315  sur  190  millim.  Demi- 
rel. 

34.  Orson  et  Valentin,  tragédie. 

Fol.  214  v",  on  lit  :  «  Fait  par  moi  Lesquélen,  Jean-Marie, 
matelots  à  Pleudaniel,  le  21  juin  1856,  après  beaucoup  d'am- 
barras.  Ce  livre  m'appartient,  mais  en  mon  absence  Yves 
André  pourra  s'en  servir  et  le  pretter  à  celui  qu'il  voudra...  » 

Fol.  217.  «  Ourson  a  Valentin,  tragédien.  »  —  A  la  fin,  la 
date:  «  Guerlesquin,  le  27  septembre  1850.  » 

xix^  siècle.  Papier.  239  pages.  375  sur  230  millim.  Demi- 
rel. 

35.  Mystère  des  quatre  fils  Ay mon. 

Incomplet  du  commencement  et  de  la  fin.  —  Texte  diffé- 
rent de  l'imprimé. 

Le  texte  breton  de  ce  mystère  a  eu  plusieurs  éditions  ;  la 
dernière  a  paru  à  Morlaix,  chez  Lédan,  en  1866  (in-12, 
420  pages),  sous  ce  titre  :  Bue:^  ar  pevar  niab  Emon,  duc 
d'Ordon,  laqet  eform  eun  dragcdi,  ha  rei^et  en  ur^gant  A.  L.  M. 
Llédaii].  —  Cette  édition  donne  l'acte  VII  en  vers,  tandis 
que  cet  acte  est  en  prose  dans  les  éditions  publiées  par  le 
même  libraire  en  18 18  et  en  1833. 

xix^  siècle.  Papier.  Pages  5-3 11.  330  sur  205  millim. 
Demi-rel. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n"'  33-40.     415 

36.  Mystère  de  Pierre  de  Provence  et  de  la  belle  Mague- 
lonne. 

Incomplet  du  commencement. 

xix^  siècle.  Papier.  33  feuillets.  320  sur  200  millim.  Demi- 
rel. 

37.  Mystère  de  Jérusalem  délivrée,  ou  Godefroi  de  Bouillon. 

Incomplet  de  la  fin. 

xix^  siècle.  Papier.  274  pages.  325  sur  205  millim.  Demi- 
rel. 

38.  «  Bue  ar  brinces  Athanaïse,  merch  ar  roue  Lombardi, 
suivet  a  vue  ar  princ  Yan,  cont  a  Boëttou  a  roue  a  Vre- 
tagne...,  composset  ganeme  Job  Coat.  En  Montroulles, 
1836.  »  —  Vie  de  la  princesse  Athenaïsse,  fille  du  roi  de 
Lombardie,  suivie  de  la  vie  du  prince  Jean,  comte  de  Poitou  . 
et  roi  de  Bretagne. 

Incomplet  de  la  fin. 

Fol.  38.  Fragment  d'un  dialogue  d'Arlequin.  —  Cf.  le 
n°  52. 

xix^  siècle.  Papier.  40  feuillets.  300  sur  225  millim.  Demi- 
rel. 

39.  Mystère  de  Cognomerus,  ou  Comorre  et  sainte  Try- 
phine. 

Le  prologue,  ajouté,  est  daté  de  1839. 

Au  fol.  75  et  ailleurs,  on  lit  le  nom  de  «  Jacques  Le  Picard 
de  Plouha.  » 

Fol.  79  v°  «  Pour  fer  l'abrégé  des  sept  péché  mortels.  » 

xix^  siècle.  Papier.  91  feuillets  oblongs.  180  sur  220  millim. 
Demi-rel. 

40.  Mystère  de  Chedoni  et  Helena  Rosalba. 

Copié  à  Lannion,  en  1839,  par  Joseph  Prigent. 
xix^  siècle.  Papier.   92  pages.  280  sur  180  millim.  Demi- 
rel. 


41 6  H.  Omont. 

41.  Mystère  du  prince  Fadlala. 

Fol.  1-2.  «  Joseph  et  ses  frères,  »  (En  français.) 

Fol.  90  v°.  Règles  de  comput.   —    «    Proposition    pour 

trouver  l'heures  delà  plainne  mer...  » 

xix^  siècle.  Papier.  95  feuillets.  305  sur  200  millim.  Demi- 

rel. 

42.  Abrégé  du  «  Dictionnaire  de  la  l[angu]e  Bretonne,  par  D. 
[Le]  Pelletier,  R[eligieux]  B[enedictin]. 

Cet  abrégé  ne  contient  que  les  mots  :  «  A-Bale.  »  —  Le 
dictionnaire  de  Le  Pelletier  a  été  publié  à  Paris,  chez  Dela- 
guette,  en  1752,  in-folio,  vu- 14  pages,  928  colonnes. 

Fol.  9.  «  Index  onomasticus  vocum  barbararum  et  exoti- 
carum  qu^  in  legendis  Benedictinis  actibus  occurrunt.  »  — 
«  Abbadia-Claxendix.  » 

Fol.  17.  «  Gloss.  ex  ms.  cod.  St.  Germ.  a  Pratibus.  — 
Abessem,  adsensissem...  — Antracitis...  » 

Fol.  24.  Glossaire  ancien  français.  «  Ahaniers, ...  —  ...  Voi- 
sent,  voient...  » 

xvii*-xviii^ siècle.  Papier.  55  feuillets.  350  sur  220  millim. 
Demi-rel.  (Résidu  St.  Germain.) 

43.  Huon  de  Bordeaux.  «  Tragédie  a  bue  Huon  a  Vourdel, 
composset  gane  me  Job  Coat,  ...  1824,  ...  en  Montroulés.  » 

xix^  siècle.  Papier.  37  feuillets.  300  sur  220  miUim.  Demi- 
rel. 

44.  Mystère  des  Quatre  fils  Aymon. 

Incomplet  du  commencement  et  de  la  fin.  —  Cf.  le  n°  35. 
XIX'  siècle.  Papier.    191    feuillets.    300  sur    190   millim. 
Demi-rel. 

45.  Louis  Ennius,  ou  le  Purgatoire  de  saint  Patrice. 

Copie  de  Jean  Connan,  à  Ploumilliau  (Côtes-du-Nord).  — 
Le  commencement  a  été  suppléé  aux  fol.  71-78.  —  Cf.  le 
n°  29. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n°'  41-50.      417 

xix^  siècle.  Papier.  78  feuillets.  330  sur  200  millim.  Demi- 
rel. 

46.  «  La  vie  du  patriarche  Jacob  et  de  ses  douze  fils.  » 

Le  prologue  (fol.  1-2)  et  la  fin  (fol.  29-45)  ont  été  copiés 
par  M.  F, -M.  Luzel,  à  Keramborgne,  1844.  —  Cf.  le  n°  16. 

xix^  siècle.  Papier,  45  feuillets.  320  sur  190  millim.  Demi- 
rel. 

47.  Mystère  de  Jacob  et  de  ses  fils;  suivi  de  Moïse  (fol.  62); 
voy.  le  ms.  éo. 

Incomplet.  —  Copie  de  1758.  «  Fait  par  moy  Ollivier  Le 
Buzulier.  »  —  Cf.  le  n°  16. 

xviii*  siècle.  Papier.  131  feuillets.  310  sur  180  millim. 
Demi-rel. 

48.  Mystère  de  sainte  Anne. 

Incomplet  du  commencement.  —  A  la  fin,  ont  été  ajoutés 
divers  cantiques  et  prières  en  breton. 

xix^  siècle.  Papier.  188  pages.  310  sur  185  millim.  Demi- 
rel. 

49.  Mystère  de  saint  Jean-Baptiste. 

Au  fol.  93  v°,  on  lit  l'ex-libris  de  «  Claude  Le  Bihan,  de- 
meurant en  la  parroisse  de  Pluzunet,  ...  1763.  » 

xviii^  siècle.  Papier.  99  feuillets.  310  sur  195  millim. 
Demi-rel. 

50.  Mystère  de  la  conquête  de  Charlemagne. 

Copie  de  Jobik  Le  Coat,  de  Morlaix.  1825. 

Fol.  30.  Boileau,  satire  sur  les  Femmes.  Traduction  en 
breton. 

xix^  siècle.  Papier.  37  feuillets.  295  sur  220  millim. 
Demi-rel. 


41 8  H.  Omont. 

51.  Mystère  de  Robert  le  Diable. 

A  la  fin,  on  lit  :  «  Fait  à  Lannion,  cejour  25^  octobre  1741. 
A  moy  Henry  Le  Guilcher...  » 

xviii^  siècle.  Papier.  145  feuillets.  280  sur  165  millim. 
Demi-rel. 

52.  La  Fille  aux  cinq  amoureux  (Clémentine  et  Arlequin.) 

Copie  de  Jobik  Le  Coat,  de  Morlaix. 
xix^    siècle.    Papier.     17    feuillets.    295    sur  220  millim. 
Demi-rel. 

53.  Vie  de  saint  Guillaume,  comte  de  Poitou. 

Abrégé  et  arrangé  pour  la  représentation  par  Jobik  Le  Coat, 
de  Morlaix.  1840. 

Le  texte  breton  de  ce  mystère  a  été  publié,  en  1815,  à 
Morlaix,  chez  Guilmer  (in-8,  128  pages),  sous  ce  titre  : 
Tragédien  sant  Guillarm,  condt  deus  a  Poetou.  Une  nouvelle 
édition  (même  format  et  même  nombre  de  pages)  a  paru  à 
Morlaix,  chez  Haslé,  en  1872. 

Fol.  28.  Résurrection  d'Arlequin,  ou  le  squelette  ambulant, 
pantomime. 

Fol.  31.  Arlequin  magicien,  pantomime. 

Fol.  A  et  34.  Fragments  d'un  dialogue  d'Arlequin;  cf.  le 
n°  38. 

Fol.  39.  Fragment  de  la  «  Jérusalem  delivret;  »  copie  de 
«  Job  Coat,  ...  en  Montroulles.  » 

xix^  siècle.  Papier.  42  feuillets.  290  sur  180  miUim. 
Demi-rel. 

54.  Mystère  de  saint  Pierre  et  saint  Paul. 

Copie  de  M.  Luzel.  —  Voy.  le  n°  65  dont  ce  ms.  forme 
le  complément. 

xix^  siècle.  Papier.  32  feuillets.  203  sur  175  milHm. 
Demi-rel. 


Bibliothè(]ue  nationale,  Mss.  celticjiies  et  bascjues,  n°^  51-60.     419 

55.  Mystère  de  sainte  Hélène.  «  Bue  santés  Helena  ;  tragé- 
dien brezonnek.  » 

Copie  de  M.  Luzel;  Dinan,  1849.  Cf.  le  n°  30. 
xix^    siècle.    Papier.     93    pages.     205    sur   160     millim. 
Demi-rel. 

56.  Mystère  de  Charlemagne. 

Incomplet  du  commencement. 
A  la  fin,  le  nom  de  «  Joseph  Coat  ». 
xix^  siècle.    Papier.    40    feuillets.    280    sur    170    millim. 
Demi-rel. 

57.  Mystère  du  Jugement  dernier. 

Copie  de  M.  Luzel. 

xix^  siècle.  Papier.  61  feuillets.  205  sur  155  millim. 
Demi-rel. 

58.  Mystère  de  saint  Guillaume.  «  Tragédien  sant  Guillerme, 
en  bresonec...  Année  181 1.  —  A  François  Derrien,  de 
Guerlesquin.  » 

Texte  abrégé.  —  Cf.  le  n°  53. 

xix^  siècle.  Papier.  65  feuillets.  220  sur  175  millim. 
Demi-rel. 

59.* Mystère  de  Jacob.  «  Tragédien  Jacob  en  bresonec... 
181 I.  » 

Texte  abrégé.  —  Cf.  le  n°  16. 

Avec  l'ex-libris  de  «  François  Derrien,  de  Guerlesquin  ». 
xix^    siècle.    Papier.    63    feuillets.    220    sur    175   millim. 
Demi-rel. 

60.  «  Moïse,  tragédie  bretonne.  » 

«  Dans  ce  cahier  se  trouve  la  fin  de  la  tragédie  de  Moïsa», 
du  ms.  47.  —  Copie  de  M.  Luzel.  Keramborgne,  1844.  — 
Cf.  le  n°  lé. 


420  H.  Omont. 

xix^  siècle.  Papier.  9  feuillets.  220  sur  175  millim. 
Demi-rel. 

61.  Mystère  de  la  Destruction  de  Jérusalem  par  Titus. 

Incomplet  du  commencement  et  de  la  fin. 

xix^  siècle.  Papier.  91  fol.  200  sur  155  millim.  Demi-rel. 

62.  Mystère  de  saint  Guennolè. 

Texte  abrégé.  — A  la  fin,  la  date  du  27  janvier  1839. 

Le  mystère  de  saint  Guennolè  a  été  publié  avec  une  tra- 
duction en  regard  par  M.  Luzel,  Quimper,  Charles  Cotonnec, 
1889  (in-8,  222 pages),  sous  ce  titre  :  Buhe^sant  Gwennole  abad. 
La  vie  de  saint  Gwennole,  abbé;  mystère  breton  en  une  journée  et  six 
actes. 

XIX*  siècle.  Papier.  50  feuillets.  200  sur  148  millim, 
Demi-rel. 

63.  Mystère  de  saint  Guiner.  «  Buez  sant  Guigner.  » 

Copié  par  Auguste  Lecorre,  deLannion.  1839. 
Fol.  65.  «  La  pauvre  Bohémienne,  romance.  »  En  français, 
xix^    siècle.    Papier.    65    feuillets.    200   sur    145    miUim. 
Demi-rel. 

64.  Mystère  de  sainte  Tryphine. 

Incomplet  du  commencement.  —  Texte  différent  de  l'im- 
primé. —  Cf.  le  n°  22. 

XIX*  siècle.  Papier.  100  feuillets.  270  sur  175  millim. 
Demi-rel. 

65.  «  Saint  Pierre  et  saint  Paul  ;  mystère  breton.  » 

Copie  de  M.  Luzel.  Keramborgne,  1844.  —  Il  faut  joindre 
à  ce  ms.  le  n°  54,  qui  le  complète. 

XIX*  siècle.  Papier.  68  feuillets.  225  sur  175  millim. 
Demi-rel. 


Bibliothè<^ue  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n"'  61-72.     421 

66.  Forus  Feasa  air  Eirinn.  Histoire  d'Irlande,  par  GeofFroi 
Keating  (1644). 

Ce  ms.  a  jadis  appartenu  à  Melchisedech  Thévenot,  garde 
de  la  Bibliothèque  du  roi  (cf.  Bibliotheca  Thevenotiana,  1694, 
in-i2,  p.  240).  —  Voir,  sur  les  autres  mss.  et  les  éditions  de 
V Histoire  d'Irlande  de  Keating,  YEssai  d'un  catalogue  de  la  lit- 
térature épique  de  l'Irlande  de  M.  d'Arbois  de  Jubainville, 
p.  144-146. 

xvii^  siècle.  Papier.  Feuillets  prélim.  A-F,  xix  et  194  feuil- 
lets. 270  sur  180  millim.  Rel.  veau  brun  («  Codex  Melch. 
Thévenot.  »  — Regius  10505  b.') 

67-70.  «  Dictionnaire  françois-breton  du  dioceze  de  Vannes, 
...composé  par  feu  M.  de  Chalons,  recteur  de  la  paroisse 
de  Sarzeau,  grand  vicaire  de...  Vannes.  Revu  et  corrigé 
depuis  la  mort  de  l'auteur.  »  (1723.) 

Tome  I,  A-E  ;  tome  II,  F-M  ;  tome  III,  N-R  ;  tome  IV,  S-Z. 

Au  bas  du  titre  :  «  Ex  libris  Touzée  de  Grand'Isle,  socii 
Sorbonici.  1774.  »  Ce  ms.  a  depuis  appartenu  à  Eloi  Johan- 
neau,  n°  320  du  catalogue  de  vente  (1852). 

xviii^  siècle.  Papier.  552,  422,  426  et  345  pages.  230  sur 
170  millim.  Demi-rel.  (Vente  Burgaud  des  Marets,  mai  1873, 
n«  1968.) 

71.  Défense  de  la  Messe,  par  GeofFroi  Keating, 

Le  manuscrit  est  intitulé  :  «  Clef  à  bouclier  de  la  Messe 
{Eochair  sciath  an  Aifrinn).  »  Voy.  O'Reilly,  dans  Transac- 
tions of  the  Hiberno-Celtic  Society,  t.  I,  p.  cxciv,  et  Harris, 
The  Writers  of  Ireland,  p.  106,  qui  le  mentionne  sous  le  titre 
de  A  Defence  of  the  Mass. 

xviii^  siècle.  Papier.  14  feuillets  et  194  pages.  235  sur 
180  milHm.  Rel.  veau  brun. 

72-88.  Copies  autographiées  des  Lois  Brehon,  etc.,  par  John 
O'Donovan  et  Eugène  O'Curry  (185 3-185  5). 

I.  72.  «  Commentary  on  Senchus  Mor,  Septiads.  —  H.  3. 
17,  Trinity  Collège,  Dublin.  [O'Donovan],  1-399. 

Revue  Cclitque,  XI.  28 


42  2  H.  Omont. 

73.  «Fragments  of  Brehon  Laws.  —  H.  3.  17,  Trinity 
Collège,  Dublin.  O'Donovan,  400-688.  » 

74.  «  Fragments  of  Brehon  Laws.  —  H.  3.  17,  Trinity 
Collège,  Dublin.  O'Donovan,  689-992.  » 

75.  «  Fragments  of  Senchus  Mor,  Septiads,  etc.  —  Ms. 
H.  2.  15,  Trinity  Collège,  Dublin.  O'Donovan,  993-1224.  0 

76.  «  Breatha  comhaithehesa,  Triads,  etc.  —  E.  3.  5,  ms. 
Trinity  Collège,  Dublin.  O'Donovan,  1226-1348.  » 

77.  «  Book  of  Aicill.  —  E.  3.  5,  ms.  Trinity  Collège, 
Dublin.  [O'Donovan,  1349-15 51,]  » 

78.  «  Fragments  of  Brehon  Laws.  — H.  5.  15,  H.  2.  12, 
H.  2.  16.  Trinity  Collège,  Dublin.  O'Donovan,  1552-175 1.  » 

79.  «  Miscellaneous  Brehon  Laws  Tracts.  —  Clarend.  15  ; 
Egerton,  Plut.  90;  Rawlinson,  487;  [Cotton,]  Nero,  A.  7. 
O'Donovan,  1752-2236.  » 

80.  «  Miscellaneous  Brehon  Laws  Tracts.  —  Rawlinson, 
506,  502,  505,  Bodleian  Library.  O'Donovan,  2237-2491.  » 

IL  81.  «  Miscellaneous  Brehon  Law  Tracts.  —  H.  3.  18, 
Trinity  Collège,  Dublin.  Curry,  1-239.  ^^ 

82.  «  Miscellaneous  Brehon  Law  Tracts.  —  H.  3.  r8, 
Trinity  Collège,  Dublin.  Curry,  240-755.  » 

83.  «  Miscellaneous  Brehon  Law  Tracts.  —  H.  3.  18, 
Trinity  Collège,  Dublin.  Curry,  756-1149.  » 

84.  «  Miscellaneous  Brehon  Law  Tracts.  —  H.  3.  18, 
Trinity  Collège,  Dubhn  ;  and  Book  of  Ballymote,  Royal  Irish 
Academy.  Curry,  11 50-1 5 84.  » 

85.  «  Fragments  of  Brehon  Laws.  —  Mss.  Royal  Irish 
Academy,  35-5,  43-6;  and  Liber  Lec[ani],  fol.  176  a.  Curry, 
1585-1944.  » 

86.  «  Miscellaneous  Brehon  Law  Tracts.  —  H.  4.  22, 
Trinity  Collège,  DubHn.  Curry,  1945-2 13 6.  » 

87.  «  Miscellaneous  Brehon  Laws  Tracts.  —  British  Mu- 
séum, Egerton,  88.  Curry,  2137-2603.  » 

88.  «  Miscellaneous  Brehon  Law  Tracts.  —  British  Mu- 
séum, Egerton,  88.  Curry,  2604-2906.  » 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques,  n"^  7^94-     42^ 

Voyez  les  Ancient  Laws  of  Ireland,  publiées  dans  la  Collec- 
tion du  Maître  des  Rôles  (1865-1879,  4  volumes  in-8), 
notamment  l'avertissement  en  tête  des  trois  premiers  volumes. 

xix^  siècle.  (Copies  autographiées  de  John  O'Donovan  et  de 
Eugène  O'Curry,  1853-1855.)  Papier.  290  sur  220  millim. 
Demi-reliure. 

89-90.  Chants  populaires  de  Léon  (Bretagne),  recueillis  par 
M.  de  Penguern. 

226  pièces.  —  Une  table  détaillée  renvoyant  aux  pages  est 
en  tête  de  chaque  volume. 

xix^  siècle.  Papier.  261  et  292  pages.  325  sur  250  millim. 
Demi-rel. 

91.  Chants  populaires  bretons  du  Trecorrois,  du  Goello  et  de 
la  Cornouaille  (Bretagne),  recueillis  par  M.  de  Penguern. 

xix^  siècle.  Papier.  211  feuillets.  375  sur  250  millim. 
Demi-rel. 

92.  Chants  populaires  Bretons,  recueillis  par  M""^  de  Saint- 
Prix,  de  Morlaix,  partie  dans  les  Côtes-du-Nord,  à  Callac 
et  aux  environs,  partie  à  Morlaix. 

xix^  siècle.  Papier.  122  feuillets.  325  sur  255  millim. 
Demi-rel. 

93.  Chansons  bretonnes.  Fragments  divers,  papiers  et  notes 
de  MM.  de  Penguern  et  Kerambrun. 

xix^  siècle.  Papier.  119  feuillets.  330  sur  220  millim. 
Demi-rel. 

94.  Chansons  bretonnes,  recueillies  par  MM.  de  Penguern  et 

Kerambrun. 

Plusieurs  de  ces  chansons  sont  accompagnées  d'une  tra- 
duction française. 

xix^  siècle.  Papier.  245  feuillets.  320  sur  220  millim. 
Demi-rel. 


424  H.  Omont. 

95.  Chansons  et  dictons  bretons,  recueillis  par  MM.  de  Pen- 
guern  et  Kerambrun. 

xix^  siècle.  Papier.  426  feuillets.  260  sur  200  millim, 
Demi-rel. 

96.  Mystère  de  sainte  Geneviève  de  Brabant. 

Copie  faisant  partie  de  la  collection  de  M.  de  Penguern.  — 
Texte  différent  de  l'imprimé.  —  Cf.  le  n°  24. 

xix^  siècle.  Papier.  314  pages.  290  sur  185  millim. 
Demi-rel. 

97.  Mystère  de  saint  Guennolé. 

Copie  faisant  partie  de  la  collection  de  M.  de  Penguern. 
—  Texte  différent  de  l'imprimé.  —  Cf.  le  n°  62. 

Au  fol.  79  v°,  mention  de  la  copie  du  ms.  en  1767;  au 
fol.  80,  on  lit  :  «  Ce  livre  apartien  à  moy  Yves  Balcouf  de 
Camlez...  1770.  » 

Fol.  81.  Fragment  du  Mystère  de  saint  Symphorien. 

xviii^  siècle.  Papier.  84  feuillets.  205  sur  170  millim.  Demi- 
rel. 

98.  Mystère  de  Charlemagne  et  des  douze  Pairs. 

Copie  faisant  partie  de  la  collection  de  M.  de  Penguern. 
xix^   siècle.    Papier.    95    feuillets.    202    sur  170   millim. 
Demi-rel. 

99.  «  Allonzor  ha  Tilmogina.  »  Comédie  en  un  acte. 

Fol.  21.  «  An  Inconstanç  doubl.  Comedy  en  eun  act.  » 
(Arlequin  et  Flavia.)  —  Cf.  les  mss.  38  et  53. 

Copie  faisant  partie  de  la  collection  de  M.  de  Penguern. 

xix^  siècle.  Papier.  38  feuillets.  190  sur  150  milHm. 
Demi-rel. 

100.  Mystère  de  saint  Garand,  saint  Denis  et  saint  Clément. 

Copie  faisant  partie  de  la  collection  de  M.  de  Penguern. 
xix^  siècle.   Papier.    176   feuillets.    470   sur  330  miUim. 
Demi-rel. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  bascjues,  n"'  95-105     425 
101.  Recueil  de  prières,  en  irlandais. 

Page  76.  Agallamh  an  chuirp  agus  an  anma.  Dialogue  du 
corps  et  de  l'âme.  —  Cf.  le  n°  i,  art.  6  et  37. 

Page  113.  Traité  de  prononciation  irlandaise,  suivi  d'une 
liste  des  principales  abréviations  usitées  dans  l'écriture  irlan- 
daise (p.  130-132). 

xviii^  siècle.  Papier.  132  pages.  150  sur  95  millim.  Rel. 
parchemin.  (Transmission  du  Département  des  Imprimés, 
B.  756  A.). 

102-105.  «  A  descriptive  Catalogue  oftheirish  Manuscripts 
in  the  Library  of  Trinity  Collège,  compiled  by  the  late 
John  O'Donovan  LLD.  (Unpublished.)  —  Dublin,  185 1.  » 
—  (Copie  de  1880.) 

En  tête  du  premier  volume  est  un  portrait  au  crayon  de 
«  James  Henthorn  Todd,  DD.  »  (f  28  juin  1869.) 

A  la  fin  du  quatrième  volume  se  trouve  un  appendice,  qui 
contient  une  bibliographie  des  publications  de  O'Donovan  et 
des  extraits  des  Reports  to  R.  Irish  Academy  (1878- 1879). 

xix^  siècle.  Papier.  980  et  clxxj  pages.  200  sur  160  millim. 
Cartonné. 


426  H.  Omonl. 


APPENDICE. 


Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal. 

Parmi  les  quelques  manuscrits  anglais  que  possède  la  biblio- 
thèque de  l'Arsenal,  on  trouve  sous  le  n°  8103  un  in-folio  de 
129  feuillets  tous  écrits  sur  les  deux  faces,  à  l'exception  de  six 
folios  et  deux  pages  restés  blancs.  Il  contient  une  analyse  du 
Livre  de  Lecan,  depuis  le  folio  9  inclus  «  the  eight  first  folios 
being  lost  »,  jusques  et  y  compris  le  folio  311  où  le  manus- 
crit original  se  termine  par  le  poème  de  Gilla  Moduda  :  Eire  ôg 
inis  na  nàem  «  Irlande  vierge,  île  des  saints  »,  composé  en  11 43, 
dont  on  trouve  un  texte  dans  le  Livre  de  Ballymote,  p.  49-5 1 
et  qui  a  été  publié  d'après  le  manuscrit  16  de  la  collection 
Stowe  et  avec  une  traduction  latine  par  O'Conor,  Rerum  hiber- 
nicarum  scriptores  veteres,  Prolegomena,  première  partie, 
pages  cxLVii-CLXxxiii,  Le  manuscrit  de  l'Arsenal  contient  une 
partie  de  ce  poème.  On  peut  se  demander  si  l'analyse  du 
Livre  de  Lecan  contenue  dans  le  manuscrit  de  l'Arsenal  n'aura 
pas  été  écrite  au  collège  des  Irlandais,  à  l'époque  où  le  Livre 
de  Lecan  se  trouvait  dans  cet  établissement.  On  sait  que  l'ad- 
ministration du  collège  des  Irlandais  à  Paris  a  donné  le  Livre 
de  Lecan  à  l'Académie  d'Irlande  en  1787.  L'écriture  du  ma- 
nuscrit de  l'Arsenal  paraît  dater  du  xviii^  siècle.  Mais  c'est  une 
copie  faite  par  plusieurs  mains  d'un  original  dont  l'auteur 
nous  reste  inconnu.  Cet  auteur  a  eu  en  quelques  circons- 
tances la  prétention  de  rectifier  l'ordre  un  peu  confus  suivi  par 
l'auteur  du  Livre  de  Lecan,  en  sorte  que  l'ordre  des  feuillets 
est  quelquefois  interverti  ^ 

1    Cette  notice  a  été  rédigée  par  M,  d'Arbois  de  Jubainville, 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques. 


427 


IL 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  Ma:{arine. 

La  bibliothèque  Mazarine  possède  un  manuscrit  irlandais 
(n°  3075),  composé  en  grande  partie  d'une  copie,  parDomh- 
nal  O'Crobhminn,  datée  de  1760,  de  l'Histoire  d'Irlande  de 
Keating  (fol.  32-118).  L'ouvrage  de  Keating  est  suivi 
(fol.  118  v°)  de:  Agallaiiih  na  Seanoraide  «  Dialogue  des 
vieillards  ».  (Voy.  d'Arbois  de  Jubainville,  Essai  d'un  cata- 
logue de  la  littérature  épique  de  l'Irlande,  p.  3-4.)  En  tête  et  à 
la  fin  du  volume  ont  été  copiées  différentes  poésies  pieuses  en 
irlandais  moderne  (fol.  20-29  et  124-139).  —  xviii^  siècle. 
Papier.  170  feuillets.  320  sur  195  millim.  Rel.  veau,  Ex-libris 
gravé  de  «  T.  Cooke,  S.  F.  B.  L.  I.  » 


LISTE   DES   COPISTES   ET   POSSESSEURS 

DE  MANUSCRITS  DE  MYSTÈRES  BRETONS 


André  (Yves),  34. 

Ar  Roué  (Fanch),  32. 

Balcouf  (Yves),  97. 

Cloaret  (Olivier),  5. 

Coat  (Job),  27,  38,  43,  50,  52,  53. 

Coat  (Joseph),  56. 

Conan  (Jean),  24,  45. 

David  (Yves),  21. 

Derrien (François),  13,  18, 19, 58, 39. 

Dupré  (Jean-Marie),  17. 

Goelou  (Jean),  23. 

Le  Bihan  (Claude),  16,  49. 

Le  Buzulier  (Olivier),  47. 


Le  Coat.  Foy.  Coat. 
Lecorre  (Auguste),  63. 
Le  Flem  (Jean  et  Maurice),  3 1 
Le  Guilcher  (Henry),  5 1 . 
Lehoanen  (Guillaume),  23. 
Le  Hoerou  (François),  33. 
Le  Ménager  (Jean),  16. 
Le  Moal  (Jacques),  26. 
Le  Moullec  (Jean),  12. 
Le  Picard  (Jacques),  39. 
Lesquélen  (Jean-Marie),  34. 
Prigent  (Joseph),  30,  40. 
Trousscl  (Jean-Fr. -Marie),  19. 


428 


H.  Omont. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Abréviations  irlandaises   (Liste  des 

principales),  loi. 
Adam  (Péché  d'),  i  (48). 
Adamnain  (Songe  d'),  i  (43). 
Aicill  (Book  of),  77- 
Aiguillon  de  l'amour  de  Dieu,  i  (4). 
AUonzor  ha  Tilmogina,    comédie, 

99. 
Ame.    Dialogue    du    corps    et    de 

l'âme,  I  (6  et  37),  loi. 
Anne  (La  vie  de  sainte),  17,  48,  49. 
Antoine  (Mystère  de  S.),  31. 
Arlequin  (Clémentine  et),  52. 
Arlequin  et  Flavia,  99. 
Arlequin  (Fragments  d'un  dialogue 

d'),  38,  53- 

Arlequin  (Résurrection  d')  et  Arle- 
quin magicien,  pantomine,  55. 

Ar  Skour,  Poésies,  25. 

Athénaïse,  fille  du  roi  de  Lombardie 
(Vie  d'),  58. 

Aymon  (Mystère  des  quatre  fils), 
35,  44- 

Ballymote  (Book  of),  84. 
Basques  (Manuscrits),  7,  8,  9. 
Bède.  Scintillarum  liber,  i  (45). 
Bohémienne  (La  pauvre)  ;  romance, 

en  français,  63. 
Boileau.   Satire  sur  les  femmes,  en 

breton,  50. 
Breatha  Cpmhajthehesa,  76. 


Brehon  (Copies  autographiées  des 

mss.  des  Lois),  72-88. 
Brendan  (Légende  de  S.),  i  (22), 

(40). 
Brigitte  (Homélie  sur  sainte)  i  (39). 

Cantiques,  en  breton,  48. 

Carnaval  (Le);  farce,  33. 

Chagrin  (Dialogue  entre  la  joie  et 
le),  27. 

Chagrins  du  royaume  des  cieux 
(Les  deux),  i  (18). 

Chalons  (De).  Dictionnaire  français- 
breton  du  diocèse  de  Vannes, 
67-70. 

Chansons  bretonnes,  recueillies  par 
MM.  de  Penguernet  Kerambrun, 

93-95- 

Chants  populaires  de  Léon  (Breta- 
gne), recueillis  par  M.  de  Pen- 
guern,  89-90. 

Chants  populaires  bretons  du  Tre- 
corrois,  du  Goello  et  de  la  Cor- 
nouaille  (Bretagne),  recueillis  par 
M.  de  Penguern,  91. 

Chants  populaires  bretons,  recueillis 
par  Madame  de  Saint-Prix,  de 
Morlaix,  92. 

Charlemagne  et  des  douze  Pairs 
(Mystère  de),  32,  3},  56,  98. 

Charlemagne  (Mystère  de  la  con- 
quête de),  50. 


Bibliothèt^ue  nationale,  Mss.  celtiques  et  bascjues. 


429 


Chedoni  (Mystère  de),  40. 

Chrétien.  Voy,  Juif. 

Christ  (Vengeance  du  sang  du),   i 

(42). 

Ciel  (Routes  du),  i  (53). 

Clément  (Mystère  de  S.),  100. 

Clémentine  et  Arlequin,  52. 

Cognomerus  (Mystère  de),  39. 

Columba  (Vie  de  S.)  i  (33). 

Comorre  (Mystère  de),  39. 

Comput  (Règles  de),  41. 

Confession.  Voy.  Moine. 

Cooke  (T.),  possesseur  du  ms.  ap- 
pendice II. 

Corps.  Dialogue  du  corps  et  de 
l'âme,  I  (6),  (37),  loi. 

Création  (Mystère  de  la),  12. 

Crépin  et  Crépinien  (Mystère  des 
SS.),  20. 

Croix  (Exaltation  de  la),  i  (44). 

David  (Vie  de  S.),  5. 

Defensor  de  Ligugé(?).  Liber  scin- 
tillarum,  i  (45). 

Denys  (Mystère  de  S.),  100. 

Derg  le  grand  (Triomphe  de),  4. 

Devy  (Vie  de  S.),  5. 

Direction  spirituelle  en  Irlande,  i 
(12). 

Diverrés  (Gabriel-Joseph).  Diction- 
naire français-breton,  10. 

Domnall  mac  Seaain .  Contrat,  1(14). 

Donnell  (Vie  des  quatre),  i  (31). 

Donough,  copiste  du  ms.  i. 

Dormants  (Vie  des  sept),  i  (34). 

Dublin.  Catalogue  des  mss.  irlan- 
dais de  Trinity  Collège,  par  John 
O'Donovan,  102-105. 

Eglises   (Défense    de  polluer   les), 

I  (16). 
Egypte  (Moines  d'),  i  (50), 


Elie  (Récit  de  l'état  d')  au  ciel,  1(18). 
Emerentienne  (Vie  de  sainte),  17. 
Enfant  (Histoire  d'un)  sauvé  par  la 

vierge    Marie,    i   (21).  —  Voyez 

aussi  :  Juif. 
Enfant  prodigue  (Mystère  de  1'),  19. 
Enfer  (Description  del'),  i. 
Ennius  (Mystère  de  Louis),  29,  45. 
Enoch  (Récit  de  l'état  d')  au  ciel,  i 

(18). 
Enseignement  (Science  de  1'),  i  (8). 
Eulogius  (Mystère  d'),  28. 

Fadlala  (Mystère  du  prince),  41. 

Femme.  Voy.  Moine. 

Fille  aux  cinq  amoureux  (La),  52. 

Flathri,  copiste  du  ms.  i. 

Flavia  (Arlequin  et),  99. 

Fuad  (Chasse  delà  montagne  de),  4. 

Cabra  (Récit  de  la  bataille  de),  4. 
Garand  (Mystère  de  S.),  100. 
Geneviève  de  Brabant   (Mystère  de 

sainte),  24,  25,  26,  96. 
Georges  (Vie  de  S.),  i  (27). 
Godefroid  de  Bouillon  (Mystère  de), 

37- 
Grazac  (Lettres  d'un  théologien  au 

R.  P.  de),  impr.,  10. 
Grégoire  le  grand  (Vie  de  S.),  i  (28). 
Guégan  (Le  prêtre),  chanson,  33. 
Guennolé  (Mystère  de  S.),  62,  97. 
Guilenn  (Chasse   de   la  montagne 

de),  4- 
Guillaume,  comte  de  Poitou  (Vie  de 

S.),  53,  58. 
Guiner  (Mystère  de  S.),  63. 

HelenaRosalba  (Mystère  de  Chedoni 

et),  40. 
Hélène  (Mystère  de  sainte),  30,  sS- 
Huon  de  Bordeaux  (Mystère  de),  43 . 


4?o 


H.  Omont. 


Imitation  de  J.-C,  en  basque,  9. 
Inconstanç  doubl  (An),  comédie,  99. 
Innocent  III.  Traité  de  la  misère  de 

la  condition  humaine,  i  (36). 
Irlande  (Annales  d'),  2. 


Langue  toujours  nouvelle,  i  (17). 
Laurent  (Mystère  de  S.),  21. 
Lecain  (Book  of),  85  etappendice  1*. 
Lefebvre  de  Villebrune.  Note  sur  le 
ms.  I. 


Irlande  (Direction  spirituelle  en),  1(12).  Legha  (William  mac  an),  copiste  du 


Israël  (Histoire  des  enfants  d'),  1(1). 

Jacob  (La  vie  de),  16,  46,  47,  59. 

Jean,  fils  du  comte,  copiste  du  ms.  i . 

Jean-Baptiste  (Mystère  de  S.),  14,  15. 

Jean,  comte  de  Poitou  et  roi  de 
Bretagne  (Vie  de),  38. 

Jérusalem  (Histoire  de  la  destruc- 
tion de),  I  (42).  —  (Mystère  de 
la  destruction  de  Jérusalem),  61. 

Jérusalem  délivrée  (Mystère  de),  37,  53. 

Jésus  (Mystère  de  la  naissance  de 
l'enfant),  18. 

Jésus-Christ  (Imitation  de),  en  bas- 
que, 9. 

Jésus-Christ  (Vengeance  du  sang 
de),  I  (42).  —  Voyez  :  Sauveur. 

Jeûne  (Discours  sur  le),  i  (23).  — 
Jeûnes  (Les  douze),  i  (53). 

Joie  (Dialogue  entre  la)  et  le  cha- 
grin, 27. 

Joseph  (L'histoire  de),   16. 

Joseph  et  ses  frères  (en  français),  41. 

Joseph  d'Arimathie  (Histoire  de),  i 

(32). 
Jugement  dernier  (Mystère  du),  57. 
Juif.  Légende    de  deux  enfants,   un 

juif  et  un  chrétien,  i  (20). 
Julienne    de    Nicomédie    (Vie    de 

sainte),  i  (30). 

Keating  (Geoffroi).  Les  aiguillons 
de  la  mort,  6.  —  Histoire  d'Ir- 
lande, 66  et  appendice  II. 

Kerambrun  (R.-G.).  Chansons  bre- 
tonnes, 93-95. 


ms.  I. 

Le  Pelletier  (Dom).  Dictionnaire  de 
la  langue  bretonne,  42. 

Loch  Ce  (Annales  de),  2. 

Lois  Brehon  (Copies  autographiées 
de  mss.  des),  72-88. 

Longin  (Vie  de  S.),  i  (29). 

Louis  (Mystère  de  S.),  27. 

Louis  Ennius  (Mystère  de),  29,  45. 

Luzel  (F. -M.).  Collection  de  mys- 
tères bretons,  12-41  et  43-65. 

Mac  Cosgair  (John),  copiste  du  ms. 
6. 

Magawney,  ou  Magduibne,  (Wil- 
liam), traducteur,  i  (36). 

Magniu  (Vie  de  S.),  i  24. 

Maguelonne  (Mystère  de  Pierre  de 
Provence  et  de  la  belle),  36. 

Malarjé  (Vie  de),  33. 

Marie  (Légende  de  la  vierge),  i  (7). 
—  Voy.  aussi  :  Enfant.  —  Privi- 
lèges de  la  mère  de  Dieu  (français- 
basque),  8. 

Martin  de  Tours  (Mystère  de  S.), 
27. 

Messe  (Paroles  sur  la),  i  (49). 

Michel  (Combat  de  S.)  et  du  dra- 
gon, I  (47). 

Miroir  du  pécheur,  i  (5). 

Mochua  (Vie  de  S.),  i  (25). 

Moine  (Histoire  d'une  femme  qui 
se  confesse  à  un  moine),   i  (19). 

Moines  d'Égv'pte  (Histoire  des),  i 
(50). 

Moïse  (L'histoire  de),  16,  47,  60. 


Bibliothèque  nationale,  Mss.  celtiques  et  basques 


43" 


Murchertach  ua  hlfernain.  Vers,  i 
(32). 

Napoléon  I  (Histoire  de),  en  bre- 
ton, II. 

Nicodème  (Evangile  de)  ou  Nico- 
mède  (Histoire  de),  l  (32). 

Noëls  bretons,  18. 

Nonne  (Vie  de  sainte),  5. 

O'Connell  (Domnall).  Ms.  copié 
pour  lui,  I  (36). 

O'Crobliminn  (Domnal),  copiste  du 
ms.  appendice  II. 

O'Curry  (Eugène).  Copies  autogra- 
phiéesdesLoisBrehon,  etc.,  81-88. 

O'Donovan  (John).  Copies  autogra- 
phiées  des  Lois  Brehon,  etc.,  72- 
80.  —  Catalogue  des  mss.  irlan- 
dais de  Trinity  Collège,  Dublin, 
102-105. —  Liste  des  publications 
de  O'Donovan.  105. 

O  '  Dubhagain  (John).  Triallam 
tiompchul  na  Fodla,  3. 

Oihénart  (Arnaud).  Observations 
sur  le  Dictionnaire  basque-fran- 
çais de  S.  Pouvreau,  8. 

Orson  et  Valentin  (Mystère  d'),  34. 

Ossianiques  (Recueil  de  pièces),  4. 

Passion  et  de  la  Résurrection  (Mys- 
tère de  la),  13. 

Pater  (Commentaire  sur  le),  i  (41). 

Patrice  (Mystère  du  purgatoire  de  S .) , 
29,  45.  —  Homélie  sur  S.  Patrice, 
i  (38). 

Paul  (Mystère  de  S.  Pierre  et  S.), 
54,  65. 

Péchés  mortels   (Abrégé  des  sept), 

39- 
Penguern  (J.-M.  de).  Chants  popu- 
laires bretons,  89-91,  93-95. 


Pénitence  (De  la"),  i  (46). 

Perses  (Sur  les  rois  des),  i. 

Philippe  (S.).  La  langue  toujours 
nouvelle,  i  (17). 

Pierre  de  Provence  (Mystère  de),  36. 

Pierre  et  S.  Paul  (Mystère  de  S.), 
54,65. 

Poésies  pieuses,  en  irlandais,  ap- 
pendice IL 

Poher.  Histoire  de  Napoléon  1er,  n. 

Pouvreau  (Silvain).  Dictionnaire 
basque-français,  7,  8.  —  Traduc- 
tion de  l'Imitation  de  J.-C.  en 
basque,  9. 

Prières,  en  breton,  48. 

Priezac  (Daniel  de).  Privilèges  de  la 
mère  de  Dieu,  8. 

Prononciation  irlandaise  (Traité  de 
la),  ICI. 

Rezay  (Thèses  de  logique  de  Guil- 
laume Bernard  de),  9. 

Robert  le  Diable  (Mystère de),  51. 

Rosalba  (Mystère  de  Chedoni  et 
Helena),  40. 

Saint-Prix  (Madame  de).  Chants 
populaires  bretons  de  Morlaix,  92. 

Salomon  (Enseignement  du  roi)  i 
(2)  et  (15). 

Sauveur  (Miracles  qui  accompagnè- 
rent la  naissance  du),  i  (10). 

Scintillarum  liber,  i  (45). 

Senan  (Vie  de  S.),  i  (26). 

Senchus  Mor  (Commentaires  sur 
le),  72.  —  Fragments,  75. 

Sermons  bretons,  i  (5),  (11),  (13), 

(35),  (49)- 
Sermon,  en  basque,  8. 
Sorbier  (Palais  enchanté  du),  4. 
Spéculum  peccatoris,  i  (3). 
Stimulus  amoris  Dei,  i  (4). 


42? 


H.  Omont,  Mss.  cellicjues  et  basques. 


Symphorien  (Fragments  du  Mystère 
de  S.),  97- 

Tabac  (Fable  du),  33. 

Todd  (J.-H.).  Son  portrait,  102. 

Toussaint   (Sur    l'institution   de  la 

fête  de  la),  i  (9). 
Tryphine  (Mystère  de   sainte),  22, 

23,  39,  64. 
Valentin  (Mystère  d'Orson  et),  34. 


Vers  (Pièce  de),  i  (51).  —  Voy. 
Poésies. 

Vieillards  (Traité  sur  la  frayeur 
des),  4.  —  Dialogue  des  vieil- 
lards, appendice  II. 

Villebrune  (Lefebvre  de).  Note  sur 
le  ms.  I. 

William  mac  an  Legha,  et  William 
Magawney,  ou  Magduibne,  co- 
pistes du  ms,  I. 


NOTA 


Il  y  a  des  gloses  bretonnes  dans  les  mss.  de  la  Bibliothèque 
nationale  Lat.  3182,  12021,  et  Nouvelles  acquisitions  426. 
Celles  des  deux  premiers  ont  été  publiées  par  M.  Whitley 
Stokes,  Old  Breton  glosses,  Calcutta,  1879,  p.  2;  celles  du 
dernier  par  M.  Léopold  Delisle,  Histoire  littéraire  de  la  France, 
t.  XXXI,  et  Mémoires  de  la  Société  arcJjéoIogique  et  historique  de 
l'Orléanais,  t.  XXIII;  voir  aussi  Revue  Celtique,  t.  X,  p.  147- 
148. 


THE   OLDEST    VERSION 


TÔCHMARC    EMIRE 


INTRODUCTION. 


Tochmarc  Ernire,  the  Wooing  of  Emer,  is  the  name  of  one 
of  those  Old  Irish  sagas,  which  hâve  gathered  around  the  Ul- 
ster  king  Conchobur  and  the  chief  heroes  of  his  court.  It  was 
considered  and  classified  ^,  as  one  of  the  remscéla  or  introduc- 
tory  taies  of  the  greatest  epic  of  this  cycle,  the  Tàin  Bô 
Cûailnge,  because  its  purport  is  the  love  of  the  principal  hero 
of  the  Tdin,  Cùchulind.  To  judge  from  the  considérable  num- 
ber  of  manuscripts  —  eight  in  ail  —  in  which  the  text  has 
corne  down  to  us,  as  well  as  from  références  to  it  in  Irish  lite- 
rature  ^,  Tochmarc  Emire  was  a  favourite  saga  with  the  Irish, 

1 .  It  is  mentioned  as  such  in  LL.  245  b,  33  :  ^e  thochmurc  [Emirel,  though 
not  in  the  list  of  remscéla  in  D.  4,  2,  Rev.  Celt.,  VI,  p.  191. 

2.  It  is  mentioned  in  the  list  of  taies  published  by  Jubainville,  Catalogue 
p.  262,  under  the  title  Tochmarc  Emire  la  Coinctdainn,  and  in  the  Intro- 
duction to  the  Senchus  Môr,  Ancient  Laws  I,  p.  46,  u.  In  that  part  of 
the  Tain  B6  Cûalgne  which  is  called  hina  Forinolta  and  in  which  Fergus 
speaks  of  Cuchulind's  âge,  LU.  58  b,  24  (and  Eg.  1782,  fo.  92  a,  2,  which 
seems  to  be  a  copy  of  LU.),  thèse  words  occur  :  issint  sesicd  bliadain  luid 
do  Joglahn  gaiscid  7  chless  la  Scdthaig  «  in  the  sixth  year  he  went  to  learn 
valour  and  feats  with  Scathach  ».  Hère  both  MSS  hâve  the  foUowing  note 
in  the  margin  :  Ohicihir  Tochmarc  Emire  deso  (doso  Eg.),  which  I  take  to 
meîn  «  T.  E.  contradicts  this  ».  T.  E.  was  used  by  Cormac  in  the  com- 
pilation of  his  glossary,  as  appears  from  the  articles  belltaine  and  ôi  ;  and  it 
was  one  of  the  seinscreaptra  meamruin,  from  which  O'Clery  took  his  glos- 


4  34  f^^^o  Meyer. 

until,  like  the  rest  of  the  heroic  taies,  it  was  superseded  by 
those  of  the  Ossianic  cycle. 

T.  E.  has  not  hitherto  been  edited.  Extracts  from  it  wcre 
printed  and  translated  by  O'Curry  Manners  and  Customs  pass., 
who  also  gave  some  account  of  the  contents,  ib.  III,  p,  315. 
A  tentative  and  often  erroneous  ^  translation  of  the  whole  taie 
was  published  by  me  two  years  ago  in  the  first  volume  ot  the 
ArchcwÏGgical  Review,  n°  1-4. 

Résides,  T.  E,  has  recently  been  treated  by  Professer  Rhys 
in  hisHibbert  Lectures  pp.  448  seqq.  He  sees  in  Cûchulind's 
quest  of  a  wife  and  his  expédition  to  Alba  and  Scdthach  a  ver- 
sion of  the  sunhero's  visit  to  the  other  world.  I  know  Httle 
of  the  methods  of  mythological  investigation  ;  but  I  would 
point  out  the  fallacy  of  two  arguments,  which  Professor  Rhj^s 
uses  for  his  interprétation.  It  is  true,  that  Cûchulind  travels, 
but  it  should  be  pointed  out  that  he  does  so  in  the  opposite  di- 
rection to  the  sun,  from  west  to  east.  Secondly,  there  is  nothing 
about  Emer  or  her  father  to  suggest  the  realms  of  darkness. 
Professor  Rhys  in  bestowing  the  epithet  «  coal-faced  king  » 


ses,  as  may  be  seen  by  such  entries  as  easomain  j.  faille,  gart  .t.  eineach, 
gcnide grainne,  misimirl  J.  droichirnirt,  etc.,  which  occur  in  the  text  of  T. 
E.  Lastly,  I  would  quote  an  amusing  passage  from  the  H.  5.  17  version  of 
Aislinge  Mcic  Conglinne,  in  which  the  appearance  of  thefuthhaig,  who  cures 
Mac  CongUnne  from  hisvoracity,  is  thus  described  (p.  7^9):  cona  triiihhus 
do  hiiid  saibail  fo  cossaibh,  cona  assaibh  iershsai  hiraihe  Tain  Bù  Cùailgne 
ocus  Pruigen  Dd  Derg  isin  usa  robôi  fo  cois  deis,  Tochiiiarc  Etaine  ocus  Toch- 
marc  Emere  isin  asa  robùifoa  cois  cli.  «  With  his  trousers  of  pancake  around 
his  legs,  with  his  shoes  made  of  a  hind-quarter,  the  Tàin  Bô  Cùailgne  and 
Bruiden  Dâ  Derg  in  the  shoe,  which  was  on  his  right  foot,  Tochmarc 
Etaine  and  Tochmarc  Emere  in  the  shoe,  which  was  on  his  left  foot.  » 

I .  e.  g.-^.  69,  3  :  class  is  translated  by  «  fatness  »  instead  of  «  chase  «  ; 
cf.  adclaidim  «  I  chase  »,  StokesTrip.  Life  Ind.  —  p.  70,  18  :  rengarodaim 
«  reins  of  agréât  ox  »  is  wrongly  rendered  by  «  moustache  «  — •  p.  72,  10: 
diibithiy  leth  dubfolach  should  hâve  been  rendered  by  «  as  black  as  the  side 
of  a  black  ruin  »./o/ac^  is  the  gen.  of/o/ which  occurs  Rev.  Celt.  IX,  p.  90. 
—  p.  74,  29  :  «  I  earn  thanks  from  no  one  ».  Cf.  ni  taille  buidhe  jri  nach 
rig  inti Domnall  Breacc,  Fled  Dùin  na  n-Géd,  p.  54.  —  p.  i)3,  5  :  niuir 
druidecl'la  rusha  fuir  co  muirseilchc  and  co  n-aicniud  suigech  leis  cosuiged  in  fer 
cona  armgaisciiid  Jor  LU-  a  istadbuilc  «  a  magie  sea  was  on  it,  with  a  sea- 
turtle  in  it  of  a  sucking  nature,  so  that  it  would  suck  a  man  with  his  ar- 
mour  on  to  the  ground  of  its.  .  .  »  —  P-  154,  7  :  is  ed  dolodnmr-ni  «  this  is 
the  way  we  went  ».  —  p.  155,  35  :  amhor  «  wail,  lament»,  not  «  music». 
Cf.  Rev.  Celt.  X,  p.  367. 


Tochmarc  Ernire.  4^  5 

on  Forgall,  lias  fallen  into  a  serious  error.  The  Irish  words 
are  iiigcn  rîg,  richis  garta  and  are  applied  by  Emei  to  herself  : 
«  (I  am)  the  daughter  of  a  king,  aruddy  flame  of  hospitality.  » 
richis  never  means  «  black  coal  »,  but  «  live,  burning  coal  or 
embers  »  ^  ;  and  garta  is  the  genitive  oi gart,  often  glossed  by 
enech  or  féile  «  HberaHty,  bounty,  hospitaUty  ». 

But  by  far  the  most  important  treatment  T.  E.  has  received 
at  the  hands  of  Professor  Zimmer  in  his  paper  on  Teutonic 
influences  uponthe  Irish  heroic  sagas,  Zeitschrift  fiïr  Deutsches 
Altcrihum  XXXII .  Uunfortunately,  in  this  as  in  other  papers  of 
the  same  author,  the  gold  is  so  mixed  up  with  the  dross  that  it 
is  difticultto  purge  the  one  from  the  other.  But  in  spite  of  the 
wrong  statements,  hasty  conclusions,  and  idle  conjectures 
with  which  this  paper  abounds,  and  some  of  which  I  hâve 
pointed  out  elsewhere,  I  hold  that  Zimmer  has  proved  one  of 
his  main  points  which  concerns  us  hère,  viz.  that  in  several 
of  the  Irish  heroic  sagas  we  can  distinguish  between  a  pre- 
Norse  and  a  post-Norse  rédaction.  As  will  be  shown  later  on, 
T.  E.  is  one  ot  thèse. 

The  following  isa  list  of  theMSS.  in  which  T.  E.  has  corne 
down  to  us.  Only  the  two  first  MSS.  contain  a  complète  text. 

(i)  H,  contained  in  the  Harleian  MS.  5280,  fromfo.  27  a- 
35  b.  The  MS.  was  written  by  Gilla  Riabhach  O'Clery,  as 
appears  from  the  following  entry  on  fo  76  a  :  «  Oraid  ar  an- 
main  an  truaghain  scribas  an  cmlmen  so  dô  fen  .i.  Gilla  Ria- 
hach  mac  Tuaihail  maie  Taide  Caim  i  Clerich  7  tahrad  cech 
oen  dia  foigena  in  oraid  don  scribn/W.  »  Tuathal  O'Clery  died 
in  15 12  according  to  the  Four  Masters. 

(2)  S,  contained  in  the  Stowe  MS.  992,  nowintheR.I.  A, 
and  classed  D.  4.  2,  fo.  80  a  1-85  b  i.  This  MS.  was  written 
at  Frankford,  King's  Co,,  in  1300.  See  my  édition  of  the 
Merugud  Uilix,  p.  V-. 

1.  See  Windisch  s.  v.  richiss. 

2.  I  take  this  opportunity  of  supplementing  the  list  of  contents  which  I 
gave  of  this  MS.  in  the  Revue  Celtique  Yl,  p.  190. 

fo  25  b,  2  :  Crichairecht  naMidhe  incipit  .i.  mar  teit  abann  Lifiosin  siar 
co  hAth  Giath  7  o  hAth  Cliath  cusan  Righidh  [the  Rye  water]  7  on  Righidh 
siar  co  Cluain  Conaire  0  Faolain  [Cloncurry]  7  o  Chluain  Conairi  o  Faolain 
siar  co  hAth  in  MuiUnn  in  Frangcflî>. 


4j6  Kuno  Meyer. 

(3)  U,  contained  in  the  Lebar  na  hUidre,  from  p.  121  a- 
127  b.  Part  of  it  is  now  illegible,  and  between  pp.  124/25 
and  126/27  leaves  are  lost. 

(4)  E,  a  fragment  contained  in  the  Egerton  MS.  92,  fo. 
24  a,  1-25  b.  This  MS.  was  written  in  1453,  as  appears  from 
the  foUowing  entry  on  fo.  12  b:  finitt  anno  domini  m°  cccc° 
1°  3°. 

(5)  F,  a  fragment  contained  in  the  Book  of  Fermoy, 
pp.  207  a — 212  b.  The  beginning  is  illegible,  there  is  a  gap 
between  pp.  210/11,  and  the  end  is  wanting. 

fo.  50  b,  2  :  Don  scuaib  a  Fânuid  7  don  roth  rimach  7  dont  saighnen 
teintighi  inso.  The  same  text  LBr.  p.  242  b.  Cf.  Stokes,  Trip.  Life, 
p.  xxxvii. 

fo.  51  a,  I  :  Senadh  Saighri.  fo.  51  b,  i  :  Inni  di'atâ  Cusli- Brighde  7  Ai- 
dhed  mie  Dhi'choime.  Ends  fo.  53  b,  2. 

fo.  51  b,  2:  Feachtus  diatarrla  Flann  mac  Lonain.  A  taie,  of  which 
O'Curry.  Lectures  II,  p.  100  gives  an  abstract. 

fo.  52  b,  2  :  (B)ai  ri  amra  for  hib  Failgi  fecht  naill  .i.  Eoch«  a  ainm.  Bui 
ainim  mor  forsin  righ  .i.  da  n-ôô  eich  (no  pill)  fair. 

fo.  55  a,  2  :  Espucc  Etchean  cecinit  dona  tri  Colmanaibh  an  tanccatar  o 
Roim. 

fo.  53  b,  2  :  Doraidetar  do«o  na  hubduir  corub  do  secht  rannaib  doronad 
Adam.  An  cetrand  dib  do  thalmhuin.  Ends  fo.  54  a,  i. 

10.  S5  b,  I  :  A  poem  beginning  :  Dlegaidh  righ  a  nzrugud  Doreir  na  le- 
genn  lebrach,  Dlighit  filidh  fiadhugui,  Ferr  estecht  inda  hengach.  «  A  king 
must  be  obeyed,  According  to  bookish  lore,  Poets  must  behonoured,  Better 
to  listen  than  to  prate.  » 

fo.  55  b,  2  :  The  Dinnsenchus  of  Lusmag.  The  same  Leb.  Lee.  p.  258  b,  i. 

fo.  56  a,  I  :  The  Dinnsenchus  of  Mag  Lenai.  The  same  Leb.  Lee. 
p.  259  a,  1. 

fo.  56  a,  2  :  The  Dinnsenchus  of  Loch  n-Deirgdeirc.The  same  Leb.  Lee. 
p.  242  a,  2. 

fo.  56  b,  2:  The  Dinnsenchus  of  Slîab  Mairge.  The  same  Leb.  Lee, 
p.  a34  a,  2. 

ib.  The  Dinnsenchus  of  Creehmœl.  The  same  Leb.  Lee.  p.  249  a,  i. 

fo.  61  b,  2  :  (R)oboi  ri  amra  for  Geist«i/;aib  .i.  Cainnill  a  ainm  7  doriacht 
teidm  n-adhuathmar  a  n-aimsir  in  righ  sin  gusna  Geistei^aib.  Ends  fo. 
62  b,  2. 

fo.  64  b,  I  :  A  quatrain  :  Mairce  chuindgus  ni  for  carait,  Minab  lainn  lis 
a  tabairt.  Is  e  déde  nostâ  de,  Miscais  oeus  oirbire.  «  Woe  to  him  that  seeks 
anything  from  a  friend,  unless  he  is  ready  to  give  it.  Thèse  are  the  two 
things  will  fjllow  therefrom,  hatred  and  reproach  ». 

fo.  64  b,  2  :  Boui  rechtaire  diumsach  oe  rig  Alban  7  dorala  gnim  n-ing- 
nad  n-indiigthech  do  .i.  mad  [leg.  mag]  boui  oeci  7  ar  da  sesrach  .x.  esi- 
den,  conid  ed  rob  ail  don  rechtaire,  ar  in  muidhe  [leg.  muighe]  sin  i  n-œnlo 
7  a  buain  a  n-oenlo.  Roharad  in  mad  [leg.  magj  7  rolaad  sil  eruithneehta 
ann  iarsin,  etc. 


Toclimarc  Emire.  457 

(é)  B,  a  fragment  contained  in  the  vellum  quarto  classed 
Betham  145  (R.  I.  A.),  pp.  21-26.  There  is  a  gap  between 
pp.  24/25. 

(7)  b.  This  is  a  paper  MS.  bound  up  with  the  preceding 
vellum  MS.  p.  68  :  Incipiunt  u^rba  Scathaige  etc.  foUowed  by 
the  épisode  beginning  Cid  diatd  Emain  Machœ,  —  p.  70. 
pp.  1 13-128  a  fragment  of  T.  E.  There  is  a  gap  between 
pp.  124/25. 

(8)  R.  TheBodleian  MS.  Rawlinson  B.  512  contains  from 
fo.  117  a,  I  — 118  a,  2  a  version  of  the  second  halfof  the  taie, 
followed  by  Scdthach's  parting  words  to  Cùchulind.  That  por- 
tion of  the  MS.  to  which  thèse  texts  belong  was  copied  in  the 
I5th  century  from  the  lost  Book  of  Dubdaleithe.  This  is  évi- 
dent from  the  foUowing  heading  to  the  first  taie  of  the  layer  : 
INcipit  di  Baili  in  Scail  inso  ar  slicht  hsenlihair  Duibdaleithi 
•  i.  comarpa  Patm/c.  As  O'Curry,  MS.  Materials  p.  19,  has 
shown,  this  Dubdaleithe  is  almost  certainly  identical  with  the 
bishop  of  Armagh  of  that  name,  who  filled  the  see  from 
1049- 1064.  It  is  to  be  assumed  that  he  was  the  compiler  of 
the  book  named  after  him.  Thus  we  hâve  strong  évidence 
that  R  represents  a  version  existing  about  the  middle  of  the 
iith  century.  But  there  are  valid  reasons  for  dating  the  ori- 
ginal rédaction  of  this  version  at  least  three  centuries  further 
back. 

An  examination  of  the  eight  versions  enumerated  above  at 
once  reveals  the  fact  that,  with  one  exception,  ail  contain  an 
identical  text,  and  throughout  agrée  so  closely  that  they  must 
hâve  sprung  from  one  archetypus.  The  one  MS  that  stands 
apart  and  varies  from  ail  the  others  in  such  a  manner  that  it 
cannot  hâve  sprung  from  the  same  source,  is  R.  The  most 
important  points  in  which  it  differs  are  the  following. 

1.  The  text  is  not  glossed. 

2.  The  style  is  much  simpler.  Only  the  main  features  of 
the  narrative  are  given,  and  thèse  shortly,  and  without  any 
adornment  or  répétition. 

3.  A  large  number  of  incidents  and  épisodes  are  not  found, 
of  which  the  following  are  the  more  important  : 

(a)  The  incident  of  the  drochet  ind  alla  or  Cliff  Bridge, 

Revut  Celtique,  XI.  29 


4^8  Kuno  Meyer. 

which  leads  to  Scdthach's  abode.  Scathach  docs  not  dwell  on 
an  island  (Archacological  Review,  p.  299.) 

(/^)  Scdthach's  pupils  are  not  enumerated  (ib.) 

(c)  The  name  ot  CùchuhnJ's  and  Aifte's  son  (Connhi  in 
ihe  other  versions)  is  not  given  ;  nor  does  the  incident  with 
the  finger-ring  occur,  nor  does  Cûchulind  put  any  gessa  on 
his  son  (Arch.  Rcv.,  p.  302.) 

(d)  Cùchulind's  feats  are  not  enumerated  (Jb.^ 

(e)  There  is  no  visit  to  Rûad,  the  king  of  the  Isles  ;  the 
épisode  of  Derbforgaill  and  the  three  Fomori  does  not  occur 
{Arch.  Rcv.,  p.  304.) 

(/)  Lastly,  the  end  is  eut  very  short.  The  varions  combats 
at  the  fords,  Bricriu's  taunt,  and  the  other  proceedings  at 
Emain  are  not  told  (Arch.  Rcv.,  p.  306.) 

To  those  vv^ho  hâve  read  Zimmer's  arguments  for  the  as- 
sumption  of  a  twofold  rédaction  of  Old  Irish  sagas,  a  pre- 
Norse  and  a  post-Norse  one,  the  absence  in  R  of  the  incidents 
mentioned  under  {e),  and  possibly  under  Ça),  will  be  a  strong 
argument  for  regarding  B.  as  the  only  extant  représentative  of 
a  pre-Norse,  and  the  other  versions  as  representing  a  post- 
Norse  rédaction  of  Tochmarc  Emire.  This  is  rendered  certain 
by  a  considération  of  the  following  fact. 

The  incident  of  Forgali  Manach's  visit  at  Emain  is  thus  told 
in  R.  Is  de  iarom  doUuid  Forgali  Manach  dochoin  n-Emnai  Mâ- 
cha isnahib  Gallccuscaib,  aniail  bitis  tcchta  rig  Gall  do  accallaim 
Conchabair ,  co  n-immchomarc  dô  di  ôrdulsib  y  fin  Gall.  «  There- 
fore  F.  M.  went  to  E.  M.  in  a  Gaulish  garb,  as  if  it  were 
an  embassy  from  the  king  of  the  Gauls,  to  confer  with  Con- 
chabur,  with  an  oftering  to  him  of  golden  treasures  and  wine 
of  Gaul.  »  Hère  we  hâve  clearly  a  voice  from  that  oldest  peri- 
od  of  Irish  history,  when  Gall  was  used  in  its  original  sensé 
oï  Gallus  «  a  Gaul  ».  Now,  ail  the  other  versions  give  the 
end  ofthis  passage  thus:  co  n-inimchoinarc  dô  diôrdi'iisib  Finn- 
gall  7  cccha  maithiusa  archena  «  with  an  offering  to  him  of 
golden  treasures  of  the  Norwegians,  and  ail  sorts  of  good 
things  besides.  »  In  the  interval  between  the  lïrst  and  second 
rédaction  of  T.  E.  the  term  Gall  had  changed  its  meaning  to 
that  of  «  Norseman  ».  The  new  redactor,  having  before  him 


Tochmarc  Emire.  459 

a  copy  of  the  old  version  —  as  will  be  shown  elsewhere  — 
found  there  an  absurdity,  viz.  «  Norse  wine  »  or  «  wine  of 
Norway  ».  By  one  stroke  of  the  pen  he  changed  Jîn  gall  to 
finngall,  and  altered  the  sentence  accordingly. 

There  can  be  no  doubt,  then,  that  in  the  case  of  T.  E.  we 
may  distinguish  between 

I.  a  pre-Norse  version  of,  say,  the  8th  century,  represented 
by  R, and 

II.  a  post-Norse  version  of,  say,  the  iith  century,  repre- 
sented more  or  less  faithfuUy  by  ail  the  other  MSS. 

It  will  now  be  necessary  to  show  that  the  language  of  R 
bears  out  the  resuit  arrived  at.  It  must,  of  course,  be  borne  in 
mind  that  R  was  copied  in  the  I5th  century,  i.  e.  at  the 
threshold  of  modem  Irish,  from  an  iith  century  MS.  But  even 
thus  there  are  but  few  Middle-Irish  forms^,  and  the  Old-Irish 
character  of  the  language  stands  out  so  clearly  that  we  can 
safely  claim  the  text  of  R  as  a  pièce  of  Irish  the  8th  century. 
A  comparison  with  the  language  of  the  Old-Irish  glosses  will 
show  this. 

First,  as  to  sounds  and  their  représentation,  notice  the  fol- 
lowing  archaic  forms  and  spellings  : 

eu  for  later  eô  (Z.  35)  in  ciilas  51. 

oi  for  later  oc  (Z.  3  i)  mLoigaire  36,  38,  doine  52,  oinar  103 . 

/  for  infected  fl  (Z.  4)  in  trogin  2,  the  gen.  of  trogan. 

i  for  later  ai  (Z.  6)  in  sodin  38. 

i  for  infected  e  (Z.  10)  in  slig  27,  slige6i,  the  dat.  and  gen, 
of  sleg,  later  sleig,  sleige. 

du  (Z.  638)  90,  140,  146,  71U  74  (Z.  415),  ru  65  (Z  441), 
fu  3  (SP.  V.  3)  for  do,  no,  etc. 

//;  for  ^  in  auslaut  (Z.  71)  in  henaith  137,  noherath  130,  co- 
rath  136,  daunaith  126,  milith  io^,fedeth  106. 


1 .  Such  as  the  spelling  limh  for  Umm  67,  an  for  in,  ana  or  'na  for  inna, 
donaioï  donaib,  for  ind  ior  forsind  64;  the  masc.  dd  for  the  fem.  di  87,  89; 
transportée!  «  after  mao-  and  tech  46,  51  :  the  datives  carpat,  tochmarc,  Forgall 
for  carpiit,  tochmarc,  Forgull  ;  in  cho-nlaid  60  (nom.  pro  accus.)  the  ace.  pi. 
Mumain  for  Mumna,  beimmentmi  for  béimmenn  85,  148;  the  construction 
latair  erdrach  a  ciimachtai  na  hingine;  do  for  di  in  brônach  do  dith  a  coiceli  ; 
lastly,  perhaps,  the  dative  sing  talam  for  talmain. 


44^  Kuno  Meyer. 

d  for  //;  in  inlaut  (Z,  73)  in  madair  64,  iaidslaniai  141. 

ch  ioT  g  in  auslaut  (Z.  71)  in  o/?;îV/;  92,  Lugdaich  91,  J^i^- 
«ûf/V/;  138,  d'adaich  66. 

g  for  c/;  in  auslaut  (Z,  74)  in  huadag  36. 

auiox  û  in  t/aww  60,  daunaith  126,  maiati  49,  and  //  for  /  in 
allaili  43,  alJaill  52  are  curious.  Also  notice  J/g  «  day  » 
(Z.  270)  for  dia,  45. 


The  forms  of  the  article  are,  as  a  ruie,  well  preserved  : 

ind  riS^,  93  ,  ind  ncich  8î,  innahingine  150. 

dur  sa  inag  51,  56,  etc. 

In  the  nouns  notice  the  ace.  sing.  of  a  féminine  i-stem  in 
beasti  43,  of  a  c-stem  in  Lugdaich  91;  the  gen.  sing.  of  a 
neuter  stem  in  -men  in  hc'unme  148,  of  an  i-stem  in  nioro  134 
(mora  Sg.  94  a,  3.  112);  the  dat.  sing.  ofo-stems  in  hiud  68, 
eu  61,  feur  53,  nciich  100,  of  io-stems  in  uisciu  68,  suidiw^i; 
the  ace.  dual  masc.  in  la  a  mac-si  «  with  her  two  sons  » 
108,  without  dà,  a  very  rare  thing;  fem.  in  dà  ingin  89;  the 
gen.  masc.  in  in  dà  hrugaid  89,  the  dat.  in  cûiia  n-dib  n-erib 
152,  cona  dib  n-ijigcnaib  153. 


Prépositions. 

di  and  do  are  carefully  kept  apart,  except  in  one  case  (41)  : 
den  dig  «  from  the  draught  »  100,  dint  set  «  from  the  path  » 
135,  di  ôrdâisib  «  of  golden  treasures  »  14,  dia  daim  «  of  his 
own  will  »  38  etc.  dua  crichaib  «  to  their  lands  »  140. 

dochom  \s  always  found  with  transported  n  :  docboni  n-Emnai 
12,  dochum  n-hErend  130,  144.  Cf.  Wb.  10  a,  22;  11  b,  27, 
and  see  Windisch  s.  v. 

frie  «  towards  her  »,  73.  Z.  65 1.  The  later  form  is  fria. 

trea  «  through  her  »,  61.  tree,  tréeZ.  652.  The  later  form 
is  trethi,  LU.  41  b,  6. 

hûaise  «  above  her  »  136.  The  later  form  is ûaste,  LL.  188  c. 


Tochmarc  Emire.  441 


Pronouns. 


Notice  the  gen.    sing.  neut.  ind  neich,  81.  For  isnahib  13 
instead  oiisnaibhi  cf.  Windisch,  s.  v.  fib. 
The  following  examples  of  infixation  occur  : 
sg.  2.  rii-t-tolnastair  65,  ro-t-biat  124. 
sg.  3.  masc.  and  neut.: 
a  :  faruim  88. 
d  :  du-d-fich  44. 
id  :  cech-id-epirt  7,  ar-id-m-bui  81,  con-id-tibset  45,  co?z- 

id-furmud  78. 
n  ;  ni-n-derba  39,  da-n-écachae  62,  ni-n-acaldastar  63,  to- 
n-iiiithirend  68,  to-l-leic  135,  ato-n-intoi  132. 
sg.  3.  fem. 
^iï:  a/oci/)  31  for  ad-da-op. 
s  :  fo-s-dichet  119,  ni-s-lamair  <)i . 
sn  :  do-sm-bert  120. 
pi.  3.  an-  :  ar-a-selid  71,  conam-an-airceba  10. 

û?a  .•  dodanaicc  6  for  do-da-anaicc,  cotaocbad  53  for  con-da- 

ocbad. 
us  :  ar-tis-ainic  103. 
Infixation  of  the  relative  is  seen  in  the  following  forms  :  ho 
a-r-raill  19,  nad  di-n-giie  44,  nad-m-bai  33,  do-ni-beft  6^,  ar- 
id-m-bui  81,  nu-n-geabad  74,  //i/a/z  ni-bretJm  90. 

Suffixation  of  pronouns:  ///f/j-f  64,  gabtb-as  119,  perhaps 
luidea  119,  craitsiusa  69. 


Dépendent  and  indépendant  forms  are  distinguished.  Exam- 
ples of  the  former  are  :  contiilid  120,  iarmifoacht  no,  tiiarnic 
144,  rt^ww/-  128,  of  the  latter  :  dufochtrastar  98  {dîuchtraim 
Wind.),  d'iadbas  37  (tadbadim  Wind.),  doasselbthea  i  {taisscl- 
baim  Wind.),  addaniair  93. 

Reduplicated  Preterites  :  daiiccacbae  62,  conbobig  (for  row- 
^g/'o/V,  from  bongini)  6<),faraith  70,  o^fw//  135,  iorfer  138,  etc. 


442  Kuno  Meyer. 

S-aorists  :  (Zimmer,  KZ.  30,  pp.  129  seqq.)  :  bi  60  (V  beti), 
àochumbai  1 1 5  (conibon^aim  Wind.). 

T-preterites  :  inchoisccht  51,  birt  53,  etc. 

Secondary  S-futures  :  araressed  53,  dochoissed  134. 

Deponential  Perfects  :  addamair  93,  nislamair  93. 

T-preterites  Passive  :  sing.  :  conrecht  96,  anacht  148,  daad- 
bas  37,  etc. 

^\uï.  forcéta  25,  molta  i6,ferthai  15,  flf^//;û[  118. 

In  the  substantive  verb  we  may  notice  the  absolute  form 
bâtir  30,  48,  b^tair  39,  the  secondary  présent  nombiîh  107, 
the  injunctiveform  arnabeith  134,  and  theinfinitive  boith  118. 

Lastly,  the  following  Old  Irish  particle  occur  : 

cammce  «  however  »  21  ■=cammai^h.  3  d,  8.  LU.  23  b,  6. 
121  a,  9. 


TOCHMARC  EMIRE 


Do]  [fo.  117  a,  i]  asselb/;thea  dine  ctchz  cethn-e  ior  se[i]lb 
Be[i]l.  Bel-dine  iarom  .i.  belltine.  Co  Bron  Trogin  .i.  taitifog- 
muir  .i.  is  and  dobroni  trogan  fua  tort[h]ib.  Tr^gan  diu  ainw 
do  thalam. 

5  Adfiadatar  iarom  an(a)  ingena  dona  brugadaib  int  odxch 
dodanaicc  issin  carpat  sainemail.  Adfiadatar  side  do  Forgall 
Monac/;  cechidepirt  i;zd  ingen  friss. 

«  Fir  »,  or  Forgall.  «  INd  riastardai  o  Emai;/  Machiï;.  Do 
tanaicc  do  accalk/;»  Eimere  7  'rochar  ind  ingen.  Is  aire  cot- 
^^  nacalt.  Ni  ba  cobair  dô.  Doroirbiur-sa  fo?7amanairceba  »,  ol 
se. 

IS  de  iarom  dolluid  Forgall  Manac/;  dochom  n-Emnai  Mâchas 
isnahib  Gallecwj'caib  amail  bitis  tec/;ta  rig  Gall  do  accalk/w 
Concdhuh  co  n-i;/zcho;«arc  do  di  orduisib  7  fin  Gall. 

I)       Ferthai  failti  fi-is.  Triar  al-lin.  Ho  rolaa  a  muintir  as  dia 


Tochmarc  Etnire.  443 

cammaib  «  however  »  63.  Z.  701. 

'diui'i  then  »  3,  98,  104,  ro6,  ioï  didiu,  Z.  712. 

c?ona  «  then  »  16,  dono  55.  Z.  699. 

noc/;  «  yet  »  58,  in  the  formula  noch  ba,  so  fréquent  in 

the  glosses.  Z.  700. 
sech  ba  «  namely  »  18,  Z.  717. 
Tlie  relations  ofthe  second  version  of  T.  E.  to  the  first  I 
hope  to  deal  with  in   an   introduction  to   an   édition  of  the 
complète  text,  on  which  I  hâve  been  engaged  for  some  time. 


Kuno  Meyer. 

Liverpool,  July  1890. 


THE  WOOING  OF  EMER 


The  young  of  every  kind  of  cattle  used  to  be  assigned  to 
the  possession  of  Bel.  Bel-dine,  then,  i.  e.  Beltine.  To  Bron 
Trogin,  i.  e.  the  beginning  of  autumn,  viz.  it  is  then  the 
earth  sorrows  under  its  fruit.  Trogan,  then,  is  a  name  for 
«  earth  » . 

The  maidens  afterwards  told  the  lords  èntertainers  the  vv^ar- 
rior  had  come  to  them  in  the  splendid  chariot.  Thèse  told 
Forgall  theWily  everything  that  the  maiden  had  said  to  him. 

«  True,  »  said  Forgall.  «  The  madman  from  Emain  Mâcha. 
He  has  come  to  converse  with  Emer,  and  the  girl  has  fallen  in 
love.  That  is  why  she  conversed  with  him.  It  5hall  not  avail 
him.  I  shall  prevent  their  meeting,  »  he  said. 

Therefore  Forgall  the  Wily  went  to  Emain  Mâcha  in  a 
Gaulish  garb,  as  if  it  were  an  embassy  from  the  king  of 
the  Gauls,  to  cpnverse  with  Conchobur,  with  an  offering  to 
him  of  golden  treasures  and  wine  of  Gaul. 

Welcome    was  made   to  him.    Their  number  was  three. 


444  ^"''o  Me-jer. 

1res  la,  molta  CvLCu\aind  7  eirrfi  hUki  fiadai.  Asb^/V-som  dona 
ba  fir  7  ba  hawzrai,  acht  nzmma  dana  da  ris[scd]  Cuculaind 
Domnall  Mildemail  ar  Alpi,  ro^ad  amrade.  Sech  badofachairt- 
sam  son,  ar  nifowtissed  aridisse.  Cotsela  Forgall,  ho  arraill 
20  ior  Co'mculaind  ani  ba  haccobor  leiss. 


Luid  camm^  Cuculaind  iarom  7  Loegfl/re  Buadach  7  Con- 
chabur.  IS  hed  luide  Cuculahid  dar  Bregai  ar  adall  na  hingine. 
Adgladasdar  Emir  ^  oc  techt  inna  noi.  Tingell  cac/;  di  alaili  a 
genass  co  comristais. 

25  Ho  roancatar  Downall,  ft;rcéta  leiss  aill  (or  lice  dercain, 
foseted  cet/;arboIcc.  Noclistis  fuiriiarom,  napdar  dvba  na  glassa 
a  fond  [fo.  117  a,  2].  Aill  for  slig  frisndringtiss,  co;iclistiss  for 
a  rind,  na  ferad  ïor  a  fon;nb. 


Caraiss    Co[\]jichulaind    iarom    ingen     Do;;maill.     Dornoll 
30  OUdornai   a  hainm.  Bâtir   morai   a  gluine.  A   sala  reme,    a 
traigt[h]i  ina  diaid.  Ba  hetig  a  delb.  Atoop  Cuculaind.  Tind- 
gellaid  si  a  degdigail  fair. 

Asmbert  Domnall   iarom   nadmbai  foisitiv   forcoitil  Concu- 
laind  conrissed  Scath^/V  boi  fri  hAlpai  anair.  NaloMr  da«a  a 
35   triur  .i.  Cuculaind  7  Conchabur  rii  Emna  7  Loigairi  Bvadag 
tar  Alpi. 

IS  and  daadbas  dôib  Emain  Mâchas  ar  a  suil.  Ni  rucait 
Conchahur  7  Loigflm  sech  sodin.  Luid  Cuculaijid  dia  daim 
huadaib.  Ninderba,  ni  gat  ni  de,  air  batair  erdrach  a  cv/;/- 
40  achtai  na  hingine.  Fofer  erchoad^do-samj^oscar  amuinterfriss. 
O  dochoid  tar  Alpi,  ba  bronach  do  dith  a  coiceli.  Anais 
da?za  desuidiu  o  roairigestar. 


1.  emer  MS. 

2,  çrchoat  MS, 


Tochmarc  Emire.  445 

When  he  had  sent  away  his  men  on  the  third  day,  Cuchu- 
lind  and  the  chariot-chiefs  of  the  men  of  Ulster  were  praised 
before  him.  Then  he  said  that  it  was  true,  and  it  was  won- 
derful,  butthenif  Cuchuhnd  were  to  go  to  Domnall  the  War- 
like  in  Alba,  it  would  be  the  more  wonderful.  Now,  it  was 
for  this  that  he  proposed  that,  in  order  that  he  might  not 
come  back  again.  Forgall  wen-  away,  when  he  had  imposed 
on  Cuchuhnd  what  he  wished. 

However,  Cuchuhnd  went  then,  and  Loegaire  the  Victorious, 
and  Conchobur.  This  is  where  Cuchuhnd  went,  across  Brega 
to  visit  the  maiden.  He  spoke  with  Emer  when  he  went  in 
his  ship.  Each  of  them  promised  chastity  to  the  other  until 
they  should  meet  again. 

When  they  had  come  to  Domnall,  they  were  taught  by  him 
one  thing  on  a  flagstone  with  a  small  hole,  to  blow  bellows. 
Then  they  would  perform  on  it  till  their  soles  were  ail  but 
black  or  livid.  Another  thing  on  a  spear,  on  which  they  would 
climb.  They  would  perform  on  its  point  ;  or  dropping  down 
on  their  soles. 

Then  the  daughter  of  Domnall  fell  in  love  with  Cuchulind. 
Bigfist  was  her  name.  Large  were  her  knees.  Her  heels  (tur- 
ned)  before  her,  her  feet  behind  her.  Her  shape  was  loath- 
some.  Cuchulind  refused  her.  She  vows  to  hâve  a  good  re- 
venge on  him. 

Then  Domnall  said  that  Cuchulind  would  not  hâve  pro- 
fession of  instruction  until  he  came  to  Scathach,  who  was 
in  the  east  ot  Alba.  So  the  three  of  them  went  across  Alba, 
viz.  Cuchulind,  and  Conchobur,  the  king  of  Emain,  and 
Loegaire  the  Victorious. 

There  Emain  Mâcha  appeared  to  them  before  their  eyes. 
Conchobur  and  Loegaire  do  not  go  beyond  that.  Cuchulind 
went  of  his  (own)  will  fromthem.  He  did  not  stop,  he...,  for 
the  powers  of  the  maiden  were  supernatural.  She  wrought 
harm  against  him,  so  that  his  friends  were  severed  from  him. 
When  he  had  gone  across  Alba,  he  was  sorrowful  through  the 
loss  of  his  comrades.  Therefore  he  waited  when  he  had  not- 
iced  it. 


446  Kuno  Meyer. 

Fochairt  iarom  nllaili  m-beasti  n-vathmair^  amail  leoman, 
dudfic/;  7  nad  dingne  erchoad  do.  7  missimbert  na  maccrada 
45   comdiihset.  Die  cctharmad  lai  scarais  an  beist  fris. 

Focairt  iarom  ïor  tech  n-and  i  n-glind.  IS  and  fovanicc  ingin. 
Adatngladastar.  Ferais  failti  friss.  Ashert-soni  can  bai  dia 
aithgne.  Asb^rt  si  bâtir  comaltai  dib  linaib  la  hUlbecan  Saxa, 
«  dia  m-bamar  matav  lais  oc  foglai;;î  bindiz^sa  »,  ol  si. 

50  Imarnic  dono  fri  oclaich  n-aile.  Ferais  ind  falti  fris  cetna. 
Is  eside  inchoisecht  eulas  do  darsa  mag  n-dobvil  ^  bai  ar  a 
chind.  Leth  in  moige  noseccdis  doine  de.  Al-leth  allaill  co- 
taocbad  ïur  ind  feur.  Birt  roth  leiss  ond  oclaich,  araressed 
amail  an  roth  sin  tar  leth  in  maigi,  arna  rosecce(a)th.  Dobert 

55  dono  uball  do,  araliad  di  lar  amail  noliad  ind  uball  sin.  Cotela 
samln/W  tarsa  mag  fortanaic  ar  a  chind  iarsuidiu. 


Asbert  fris  bui  glend  mar  ar  a  chind.  Oent[s]et  coel  tairiss, 
noch  ba  si  a  chonair  do  thig  Scat/jchai.  Tar  ard  lecde  n-uath- 
mar  son  dana. 
60       Luid  dono  in  set  sinnisin.  Luidea  don  daun.  Bi  in  chomlaid 
co  n-ev  a  slige  a^luid  trea. 

Luid  hVathach  ingen  Scathchai  ar  a  chend.  Danecachae. 
Ninacaldastar  ar  me[i]t  dombert  to[i]l  di  an  delb.  Tafaisig 
cam/;/aibh  7  moisi  fria  madair. 

65        ((  Ruttolnastair  in  fer  »,  ol  a  mathair.  «Tafeid  im'  tolc-sai  7 
foid  leiss  d'adaich  ». 

«  Ni  scith  limb-sai  indni  sin  ». 

Toni//?thirend  ind  ingen  co  n-uiscm  7  biud.  Ferais  esomni 

fris  fo  deilb  cobari.    Craitsiwj-a  co?îbobig  am-mer.   Eigis  ind 

70  ingen.  Faraith  son  ïn  dunchare  huli  coteracht  an  trenter  do 


2.  hvathmar  MS. 

3.  ndobail  MS.,  with  v  for  a  correction  over  a. 


Tochmarc  Etnire.  447 

Then  he  encountered  some  dreadful  beastlikea  lion,  which 
fought  with  him,  but  did  him  no  harm.  And  the  foui  play 
of  the  youths,  who  laughed  at  him.  On  the  fourth  day  the 
beast  parted  from  him. 

Then  he  came  upon  a  house  there  in  a  glen.  In  it  he  found 
a  maiden.  She  addressed  him.  She  bade  him  welcome.  He 
asked  whence  she  knew  him.  She  said  they  had  been  foster- 
children  both  with  Wulfkin  the  Saxon,  «  when  I  waswith  him 
and  thou  learning  sweet  speech,  »  said  she. 

Then  açain  he  met  a  warrior.  He  made  the  same  welcome 
to  him.  It  is  he  who  taught  him  the  way  across  the  plain  of 
Ili-luck  which  was  before  him.  On  the  hither  half  of  the  plain 
men  would  freeze  fast.  On  the  other  half  they  M-ould  be 
raised  on  the  o;rass.  He  took  a  wheel  with  him  from  the  war- 
rior,  that  he  might  reach  Hke  that  wheel  across  one  half  of 
the  plain,  so  that  he  would  not  freeze  fast.  He  also  gave  him 
an  apple  that  he  might  follow  the  ground  as  that  apple  would 
follow  it.  Thus  he  escaped  across  the  plain,  which  he  found 
before  him  afterwards. 

He  told  him  there  was  a  large  glen  before  him.  One  narrow 
path  across  it,  yet  that  was  his  way  to  the  house  of  Scathach. 
Across  a  terrible  stony  height  besides. 

He  then  went  that  way.  He  went  to  the  dun.  He  struck 
the  door  with  the  shaftof  his  spear,  so  that  itwent  through  it. 

Uathach,  the  daughter  of  Scathach,  wentto  meet  him.  She 
looked  at  him.  She  did  not  speak  td  him,  so  much  did  his 
shape  move  her  désire.  However,  she  went,  and  praised  him 
to  her  mother. 

«  The  man  has  pleased  thee  »,  said  her  mother.  «  He  shall 
corne  into  my  bed,  and  I  will  sleep  with  him  to-night.  » 

«  That  (were)  not  wearisome  to  me.  » 

The  maiden  served  him  with  water  and  food.  She  made 
him  welcome  in  the  guise  of  a  servant.  He  hurt  her,  and  broke 
her  finger.  The  maiden  shrieked.   This  ran  through  ail  the 


44^  Kano  Meyer. 

À.  ^  Cochor  Crufe.    Araselid-side   7    Cuchulaind   7   fichi    in 
trenfer. 

Ba  brônach  in  ben  Saxthach  desuidiv  co  n-ep^rt-seom  frie 
nangeahad    mamv  ind  fir  dvscer-.   Dobcrt  iarom  ind  ingcn 

75  comarli  do  Co[î]nchu\aind  dia  tress  lau,  ma  bu  dcnaw  Ix-ch- 
thachtai  dolluid,  arateiss^J  dochom  Scathchai  magen  a  m-bui 
oc  forcerai  a  da  mac  À.  Cuar  7  Cet  ar  in  corad  ich  n-errcd 
isind  ibardoss  mor  i  m-boi  si,  7  si  foen  and,  conidfurmud 
eter  a  da  cicli  cona  cMaideb  contardaud  a  tri  indrosc  do  .i.  a 

80  forcetal  cin  dichell  7  a  hernaidw-si  co  n-icc  a  ûndscrae  7  epcn 
ind  neich  aritmbui,  ar  ba  faith  si  dana. 


Dognith  samlafrf  huile. 

Is  hi  ind  inhaid  si  tra  boi-som  la  Scathaig  7  a  municrus 
hUathch^e  a  hingine,  is  and  dolluid  alaili  ôclaich  awrai  bai  la 
85  Muwain,  Lugaid  Noes  mac  Alamaicc,  ind  ri,  doluid  aniar  7 
da  airrig  deacc  leiss  di  airrigaib  Muman  do  thochmarc  da 
ingm  deacc  Corpn  Niodfer.  Amassa  side  remib  huile.  Init- 
chuala-som  Forgall  Monach,  farui/;z  do  Themair.  Arnaiss  a 
ingin^  dond  rig  7  da  ingin  deacc  in  da  hrugaid  deac  olchenas. 


90  Dutheitt  ind  ri  do)i  banfeiss  a  dochumb.  Intan  m-bretha 
Emer  co  Lugdaich  dochum  in  chetaich  i  m-boi  do  suidiu  for 
a  laim,  gahaid  si  a  da  n-gruaid  7  dosmbeir  for  fir  a  einich+  7 
addamair  do  bad  Cuculaiiid  charais.  Nisla;;/air  ind  ri  iarom  7 
scart/;a  de. 

95  Boi  cath  for  Scathaig  isind  aimsir  sin  doao  fri  tuathv  elle 
form-ba  banflaith  Aiffc.  7  fo;/recht  la  Scathaig  Cuculaind  7 
dobreth  deog  suain  do  riam,  arna  teisscJ  isin  cath,  ar  nach 
rïssed   ni   and.  Ar  choimainchi   do^rnit/;.  Dufochtrastar  d'idiu 


1.  doi.  MS,  3.  ingen  MS. 

2.  duscar  MS.  4.  oinich  MS. 


Tochmarc  Emire.  449 

host  of  the  dun,  so  that  a  champion  rose  up  against  him,  viz. 
Cochor  Crufe.  He  and  Cuchulind  fought,  and  the  champion 
fell. 

Sorrowful  was  the  woman  Scathach  at  this,  so  that  he  said 
to  her,  he  would  take  (upon  himself)  the  services  of  the 
man  that  had  fallen.  Then  on  the  third  day  the  maiden  advi- 
sed  CuchuHnd,  that  if  it  was  to  achieve  valour  that  he  had 
gone  forth,  he  should  go  through  the  chariot-chief 's  salmon- 
leap  at  Scathach  in  the  place  where  she  was  teaching  her  two 
sons,  Cuar  and  Cet,  in  the  great  yew  tree,  when  she  was 
recHning  there  ;  that  he  should  set  his  sword  between  her  two 
breasts,  until  she  gave  him  his  three  wishes,  viz.  to  teach 
him  without  neglect,  and  that  she  should  wed  him  with  pay- 
ment  of  her  dowry,  and  say  everything  that  would  befal 
him  ;  for  she  was  also  a  prophetess. 

It  was  ail  done  thus. 

Now  this  was  the  time  when  he  was  with  Scathach  and 
was  the  mate  of  Uathach  her  daughter,  when  a  certain  fa- 
mous  warnor  who  hved  in  Munster,  Lugaid  Noes,  the  son  of 
Alamacc,  the  king,  went  from  the  west,  and  twelve  under- 
kings  of  the  underkings  of  Munster  with  him,  to  woo  the 
twelve  daughters  of  Corpre  Niafer,  Ail  thèse  were  betrothed 
(to  men)  before  (they  came).  When  Forgall  the  Wily  heard 
this,  he  came  to  Tara.  He  betrothed  his  daughter  to  the  king, 
and  the  twelve  daughters  of  the  twelve  lords  entertainers  be- 
sides. 

The  king  went  to  the  wedding  feast  to  him.  When  Emer 
was  brought  to  Lugaid  to  the  seat  where  he  was,  to  sit  by  his 
side,  she  takes  his  two  cheeks  and  lays  it  on  the  truth  of  his 
honour,  and  confessed  tohim  that  it  was  Cuchuhnd  she  loved. 
Then  the  king  dared  her  not,  and  they  parted  hence. 

At  that  time  also  Scathach  had  a  feud  against  other  tribes, 
over  whom  was  the  princess  Aife.  And  Cuchulind  was  put  in 
bonds  by  Scathach,  and  a  sleeping  potion  had  been  given 
him  before,  that  he  might  not  go  to  the  battle,  lest  anything 


450  Kuno  Meyer. 

ellam  inte  C\cu\aind.  A  m-ba  mitMssi  cet/;eora  n-var  [fo.   ii8 
100  a,  rj  fiche/  do  neuch  aili  den  dig  suain  hi  coûud,  ba  hoenvair 
do-som. 

Luid  iarom  la  da  mac  Scat[h]chai  ar  cend  tri  mac  Ilsuanach 
.i.  Cuar,  Cet,  Cruffe,  tri  milith  Aiffe.  Arw^ainic-side  a  oinar 
a  triur. 

105  Luid  àidiu  arabarach  a  thriur  chetna  ar  ohend  hri  mac 
Eissii;  Enchende  .i.  Ciri  7  Biri  7  Bailcne,  tri  milit/;  aili  Aiffe. 
Focherded  à\dhi  Scathach  osnaid  CQch  Idi  7  ni  fedeth  cid  nom- 
bith,  co  w-bo  hiaram  notheged-som  forsan  t[s]ét.  Aili  on,  ba 
boith  cin  tris  fer  la  a  mac-si  frisna  tn'ru  ;  aili,  ba  howan  Aiffe 

iio  odev  banfendith  ba  handsow  bai  isin  bit/;. 


Luid  CnciAaind  iarom  ar  chtnn  Aiffe  7  iarmifoacht  cid  ba 
moam  sercc  lea  riam. 

Asbé?rt  Sczûiach:  «  Is  ed  is  moo  serc  la  HAiffe  .i.  a  hara  7 
a  da  hech  carpaf/. 
115       Fersat  iarom  cuiwleng  forsan  t[s]ét,  Cuculaind  7  Aiffe. 

Dochvmbai  iarom  a  arm  ar  Chomcnlaind  conna  ba  sia 
dorn  a  chlaideb. 

IS  an/2  asbert  Cnculaind  :  «  Aili  am^Ts  !  »  ol  se.  «  Dorochair 

ara;  Aiffe  7  a  da  ec/;  c^irpait  fon  n-glend,  conïd  apt/xi  huile  ». 

120       Decid  Aiffi  lasodain.  Fosdic/;et  Cuculaind.  Lasodain  gabthas 

foa  cich,   dosmbert  tarsna  amail  aires,  contulid  co  a  sluagv 

fadeisin.  Aconrodasta(i)r  a  beim  fria  talmain. 

«  Anmain  a  n-anmain  !  »  ol  si. 

«  Mo  t[h]ri  indrosc  dam-sa  !  »  ol  se. 
125       «  Rotbiat.  » 

«  It  he  mo  thri  indroscc.  Giallaai do ScathaiV  cin  nachfr/th- 
orcai??,  muintf?rM^  dana  frim-sa  d'adaich  ar  belaib  do  dau- 
naith  tein,  foruice  mac  dam.  » 

Atmur  simlaid,  7  dognith  huile. 
130       [fo.   118  a,   2]  Asbert  si  iarom  ba  torrach.   Asbert  dana  is 
mac  noberath  7  arataised  dochvm  n-hErend  in  mac  dia  secht 
m.-hlicid an.  7  fuacaib  ainm  do. 

Atonintoi  iarom.  Teit  aitherrach.  Tofornic  sentainde  caich 


Tochmarc  Emlre.  451 

should  happen  (to  him)  there.  As  a  précaution  thiswas  donc. 
However,  Cuchulind  awoke  promptly.  While  anybody  else 
would  hâve  slept  twenty-four  hours  from  the  sleeping  potion, 
it  was  but  one  hour  for  iiim. 

Tlien  he  went  witti  ttie  two  sons  of  Scathach  against  the 
three  sons  of  Ilsuanu,  viz.  Cuar,  Cet,  Crufîe,  three  warriors 
of  Aiffe's.  Alone  he  met  them  (ail)  three. 

On  the  morrow  the  same  three  went  against  the  three 
sons  of  Eiss  Enchend,  viz.  Ciri  and  Biri  and  Bailcne,  three 
other  warriors  of  Aiffe's.  Now,  Scathach  would  utter  a  sigh 
every  day  and  knew  not  what  would  corne  (of  it).  Then  he 
would  go  on  the  path.  One  thing  was  that  there  was  no 
third  man  with  her  two  sons  against  three  ;  and  then  she  was 
afraid  of  Aiffe,  because  she  was  the  hardest  woman-warrior 
in  the  world. 

Then  Cuchulind  went  to  meet  Aiffe,  and  asked  what  it  was 
she  had  ever  loved  most.  Scathach  said  :  «  This  is  what  Aiffe 
loves  most,  her  charioteer  and  her  two  chariot-horses.  »  Then 
they  fought  upon  the  path,  Cuchulind  and  Aiffe.  Then  she 
broke  Cuchulind's  weapon  so  that  his  sword  was  no  longer 
than  its  hilt.  Then  Cuchulind  said  :  «  Woe  is  me  !  »  said 
he,  «  Aiffe's  charioteer  and  her  two  chariot-horses  hâve  fallen 
dovN'n  the  glen,  and  ail  hâve  perished.  »  At  that  Aiffe  looked 
up.  At  that  Cuchulind  approached  her,  seized  her  under  her 
breast,  threw  her  across  (his  shoulder)  like  a  burden,  and 
went  to  his  own  host.  He...  to  throw  her  on  the  ground. 

«  Life  for  life  !  »  she  said. 

«  My  three  wishes  to  me  !  »  said  he. 

«  Thou  shalt  hâve  them.  » 

«  Thèse  are  my  three  wishes  :  thou  to  give  hostages  to  Sca- 
thach without  ever  again  opposing  her,  to  be  with  me  this 
night  before  thy  own  dun,  and  to  bear  me  a  son.  » 

It  is  granted  thus  and  was  ail  donc.  Then  she  said  she  was 
pregnant.  She  also  said  that  it  was  a  son  she  would  bear,  and 
that  the  boy  would  come  to  Erin  that  day  seven  year.  And  he 
left  a  name  for  him. 

He  then  returned.  He  went  back  again.  On  the  path  before 


4<2  Kuno  Meyer. 

tuathchaic/;  ar  a  chind  forsint  [s]et.  Kshen  fris  ar  ferchaire 
135  arna  beith  ar  a  chind.  Nacha  boi  dochoissed  isind  ail  moro. 
Tolleicc  sis  dint  [s]et  7  giuil  a  ladair  aire  nawma.  A  n-doluid 
si  hvaise,  fornessa  a  orddai?z  arancorath  foan  alld.  Foc/7erd 
iarom  ich  n-erreth  de  suas  afmhissi  7  benaith  a  cend  dissi. 
Ba  si  indsin  mat/;air  ind  emd  dedenaich  docher  leis-seom  ,i. 
140  Eiss  Encliend. 

Lotar  iarom  int  sluaicr  la  Sca.xh.aîg  dua  cnchaib  7  anaiss 
denass  taidslantai  hi  foss.  7  asmbert  si  friss  indni  aridmbui 
iar  tichtain  hErend  co  n-epert  si  indni  Sciûiach  : 

Aritossa  ollgaba^  7  ri.  atd  isind  libar. 

145  Tanic-som  hroni  dochomb  n-hErend  7  tuarnic  tain  bo  Cu- 
ailngi. 

Luid  iarom  amail  dorairngert  dv  Luglochtaib  Loga  do  dun 
Vorgaill  Manaig^  Focherd  bedg  dar  na  tri  lisv  7  bi  tri 
beimm<?nnai  isinn  lis,  cotovchair  ochtar  cach  hebnme  7  anacht 

150  fer  h(i)medon  nonhair,  Scibor  7  Ibor  7  Catt,  tri  derbrathri 
iwna  hingine.  7  dob^rt  ind  ingin^  .i.  Emer  cona.  comaltai  comx 
n-dib  n-erib  di  ôr.  7  ïuscerd  bedg  tarsan  treduai  ait/;errach 
€0113.  dib  n-ingenaib.  7  rochomallw^tar  na  gnima  sin  hule  do- 
rairngert dii,  7  dolluidh  co  m-boi  ind-Emain  Machœ. 


1.  manach  MS. 

2.  ingen  MS. 


Tochmarc  Einire.  4J} 

him  he  met  an  old  blind  woman,  blind  of  her  left  eye.  She 
said  to  him  to  beware  and  not  be  in  her  way.  There  was  no 
footing  on  the  cliff  of  the  sea.  He  let  himself  down  from  the 
path,  and  only  his  toesclung  to  it.  When  she  passed  over  them 
she  hit  his  great  toe  to  throw  him  down  the  chff.  Then  he 
leapt  the  chariot-chief  s  salmon-Ieap  up  again,  and  strikes  her 
head  off.  She  was  the  mother  of  the  last  chariot-chief  that  had 
fallen  by  him,  vi:^.  Eiss  Enchend. 

Thereafter  the  hosts  went  with  Scathach  to  her  land,  and 
he  stayed  there  for  the  day  of  his  recovery. 

And  she  told  him  what  befel  him  after  he  came  to  Brin,  and 
Scathach  said  this  :  «  Great  péril  awaits  thee  »  (and  the  rest, 
which  is  in  the  book). 

Then  he  came,  to  Erin,  and  chanced  upon  the  cattle-spoil 
of  Cualnge. 

He  went  then,  as  he  had  promised,  to  Luglochta  Loga 
to  the  dun  of  Forgall  the  Wily.  He  leapt  across  the  three 
ramparts  and  dealt  three  blows  in  the  close,  so  that  eight  fell 
from  each  blow,  and  one  man  in  the  midst  of  ninewas  saved, 
Scibor,  and  Ibor,  and  Catt,  the  three  brothers  of  the  maiden. 
And  he  took  the  maiden  Emer  with  her  fostersister,  with 
their  two  loads  of  gold,  and  leapt  once  more  across  the  three 
ramparts  with  the  two  maidens.  And  he  fulfiUed  ail  those 
deeds  which  he  had  promised  to  her,  and  went  until  he  was 
in  Emain  Mâcha. 


Revue  Celtique,  XI.  30 


454  ^uf^o  Meyer. 


NOTES 

1  doasselhthea.  We   may   supply   the  beginning  of  the    sentence    from 

Harl.  fo.  32a  :  No  co  Beldine.  Bel  diu  ainm  de  idail.  Is  ann  doa- 
selbti  dine  gâcha  ceatra  for  seilb  Beil.  «  Or  to  Beldine.  Bel,  then, 
the  name  of  an  idol  god.  It  was  on  it  [viz.  on  that  day]  that  the 
young  of  ever)-  kind  of  cattle  used  to  be  assigned  to  the  possession 
of  Bel  ».  —  For  âoaissdbaim  «  I  assign  »  cf.  donaisilbub  gl.  cum 
adsignavero,  \Vb.  7  a,  and  Atkinson  HoMn7ù'5,  Ind.  s.  v.  taisselbaim. 
—  for. seilb  =  W.  ar  helw. 

2  co  Bran  Trogin.  Cf.  laithe  mis  Troghain  risi  raitir  in  Lughnasad,  Rawl. 

487.  ni  fada  uaim  aimser  Throghain,  LL.  168  marg.  inf.  Says  Finn, 
LL.  205a: 

Dualderg  ingen  Mairge  Moir 

ben  sein  Smucailli  meic  Smoil, 

cacha  bliadna  doni  fleid 

dam-sa  lathi  Brôn  Trogain. 
Ib.  fogmnr  «  autumn  ».  Cf.  dia  domnaig  isin  mis  medonaig  ind  fogomair, 
LU.  39b,  18. 

3  dobrénim  «  I  sorrow  ».    Cf.   fer   dobbronach,   LL.    289b,    5.    Hence 

dobronaigim  «  I  sorrow  »  ;  toirsig  7  cnedaig  7  dobrônaig  don  anfi- 
rinde  do  denam  ina  fiadnaise  «  she  (viz.  charity)  grievcs  and  sighs 
and  sorrows  when  iniquity  is  wrought  in her  présence  »,  a  paraphrase 
of  «  inter  iniquitates  gemescens  »,  Atkinson  Honi.  pp.  206  and  445. 

6  In  Scél  Mucci  Mie  Dâtho,  Rawl.  512,  fo.  105  b,  2  the  hruiden  of  For- 

gall  Monach  is  said  to  hâve  been  near  Lusk  (a  taehh  Luscai). 

7  Monach    «  tricky,  wily  ».    monach    .i.    clesamnuch,    ut    est    Forgall 

Monuch,  Eg.  1782,  fo.  15  b,  2. 

Cach  clessach  na  chanad  cheilg 
manach  sein  [i]sin  Gœdilg,  LL.  144  b,  26. 
From  mon  .i.  clés,  LL.  168  b,  39.  Corm.  p.  28. 
Ib.  cecb  idcpirt,  misread  by  the  compiler  of  the  later  version  into  conid 
epert. 
9  rochar  ind  ingen.  Harl.  has  :  ruscarustar  and  ingen  esseom  7  iss  air  sin 

donacolt  cach  alali  dib. 
10  doroirlnur-sa,  glossed  tainniuscfed-sa  in  the  later  versions.  Cf.  nadat- 
torbad  (.i.  nachattairmescad)  dit  '  gaisciud,  LL.  262  a,  21.  dostor- 
baitis  (scil.  lénti)  a  cossa,  LL,  55  b,  8.  Wind.  s.  v.  torba  2. 
14  orduisib.  Cf.  dûis  f.  wealth,  riches,  jewel,  O'R.  is  tre  firinne  flatha 
tocbait  dûsi  ili  orda  airgdide  «  through  the  justice  of  a  prince  many 
gold  and  silver  treasures  are  lifted  »,  LL.  346  b,  3.  tucait  dana 
cucu...  a  n-ôrdùse  7  a  n-étguda.  LL.  54  a,  35. 


Tochmarc  Einire. 


455 


i8  vtildemail  ^zz  militaris,  misread  fiiildeinon  by  the  later  compiler. 
Ib.  ropad  ainra  de.  The  later  version  bas  :  robad  amraide  a  cliss. 
Ib.  Instead  of  sech  the  later  version  lias  acht  chma. 
19  cotsela.  Cf.  dochum  feda  conselai  .i.  rô-elai  no  rosir,  Broccan's  Hymn, 

62.  selaim  r::  W.  chwylo  «  to  turn  ». 
Ib.  ho  arraill.  Harl,  has  ho  araill.  Lit.   «  when  he  had  come  upon  C.    ». 

Cf.  Wind.  s.  V.  taraill. 
26  foscted  ziz  sufflare. 
Ib.  cetharholcc,  gen.  plur.  Biiilc  is  used  of  a  smith's  bellows  LL.    117  b, 

48.    rabulgsetar   a  n-61i   7    a  srôna  mar  bulgu   goband  i  certchai 

«  their  cheeks  and  noses   puffed  out  like  a  smith's  bellows  in  a 

forge  »,  LL.  104  a,  2. 

38  dia  daim  is  glossed  dia  dcoin   in   the  later  version.   Cf.  damim  «  I 

grant  ». 

39  ninderha.  Cf.  ninderbai  di  forimim  inna  n-én  «  he  did  not  cease  from 

chasing  the  birds  »,  LU.  69  b,  44.  The  word  was  not  understood 
by  the  compiler  of  the  later  version,  wlio  altered  thus  :  luid  ûaidib 
iarom  dia  daim  i  conair  n-indeurb  (Harl.). 

Ib.  ni  gat  ni  de  «  he  took  nothing  away  from  it  »  ?  Harl.  omits  the 
phrase. 

Ib.  erdrach,  wrongly  glossed  maith  in  the  copies  of  the  later  version.  As 
a  noun  it  means  «  a  supernatural  being,  spirit,  spectre  »,  and  with 
its  cognâtes  O.  N.  draiigr,  A.  S.  gidrog,  Germ.  trug  etc.  is  to  be 
referred  to  an  Indo-Eur.  root  dhrugh.  See  Kluge,  Wôrterbuch,  s.  v. 
Trug.  Cf.  nidom  scâl-sa  ém  7  nidom  urtrach  «  I  am  not  an  appari- 
tion nor  am  I  a  spirit  »,  Biile  in  Scail,  Harl.  5280,  fo.  71  a.  Plur. 
Nom.  an  tan  isit  urtraig  not  malartaigend  «  when  it  is  spirits  that 
harass  thee  »,  FB.  67  (Eg.).  Ace.  na  hurtracha,  ib.  Gen.  aurJdrag, 
LU.  60  a,  6. 

44  dudfich.  The  later  version  has  hère  :  conacai  biastœ  ûathmair  mâir  ina 
dochum  amail  leoman  bôi  oc  a  feithem  «  which  was  attending 
him  ».  Perhaps  we  ought  to  read  dudfcch  «  which  regarded  him  ». 

48  Ulhecan  Saxa.  This  passage  throws  unexpected  light  on  the  early 
relations  of  Saxon  and  Celt  in  thèse  islands.  There  can  beno  doubt 
that  Ulhecân  is  an  Irish  rendering  of  an  Anglo-Saxon  hypocoristic 
form  of  Wulf.  For  Ir.  Ulb,  Olb  z=  A.  S.  Wulf,  O.  N.  Ulfr  cf. 
Ulbh  (Three  Fragm.  p.  222)  =1  O.  N.  Ulfr;  Fredolb,  Ir.  Nennius, 
p.  76  =  A.  S.  Fridhulf  ;  Rodolbh,  Three  Fragm.  p.  128  —  O.  N. 
Hrôdhûlfr  ;  Odolbh,  ib.  p.  176  1=  O.  N.  Audhôlfr,  etc.  For  the  suffix 
cf.  datincan  «  daddie,  dear  father  »,  LL.  279  a,  13.  For  Saxa  the 
original  MS.  seenis  to  hâve  had  Seaxs.  or  Saxa  zz  A.  S.  Seaxa  ;  for 
the  reading  of  Harl.  is  Saxn,  and  of  Eg.  Sexai,  Stowe  Sexae. 
Does  Cuchuhnd  learning  «  bindius  »  from  a  Saxon  master  point  to  an 
influence  of  Teutonic  on  Celtic  poetic  expression  ?  Bindius,  which 
glosses  «  sonoritas,  euphonia  »  in  the  Sg.  codex,  seems  hère  to 
refer  to  singing  and  recitation  of  poetry. 


4j6  Kuno  Meyer. 

52  seccaim  «  I  parch,  dry,  freeze  »  O'R.    Cf.   sicc  «  frost  ».  Sicc  m6r, 

Chron.  Scot.  A.  D.  696.  is  fada  lium  atâ  Emunn  amuich  sa  sic  7 
me  fein  ac  fuirech  ris  gan  mo  diner  do  caithim,  a  scribe's  entry  in 
Laudôio,  fo.  58  b.  Harl.  has  :  noseichtis  doine  ndei  .i.  nolendacis 
a  cossai. 

53  araressed.  ressed  :z=  roiessed,  3,  59.  fut.  sec.  of  sagim  «  I  reach  ».  See 

Wind.  s.  V.  rosagim.  Cf.  riasiu  sessed  dochum  talman,  LL.  67  a. 
rasessad,  Tog.  Tr.  64.  rosaissed,  LL.  250  a,  46.  2.  pL  fut.  rosesaid- 
si  uli  do  for  tir,  LU.  25  b,  10.  rosessid-si,  LL.  301  b,  rosessidh, 
Rev.  Celt.  IX.  p.  24. 

57  oe)!t[s]ét.  Rhys,  Hibbert  Lectures  pp.  450,  451  translates  tét  in  this  pas- 
sage as  well  in  11.  107,  114  by  «  cord  ».  But  tét  is  féminine  (Ace. 
in  téit,  LU.  8  b,  42);  and  would  hardly  suit  the  context  in  1.  133. 

60  in  setsinnisin.  The  later  version  has  in  set  sin. 

63  tafaisig  (tôscaigim  Wind.)  is  glossed  by  docrig  in  the  later  version. 

66  tolc  À.  lebaid,  H.  3,  18,  p.  651.  W.  twlc  «  cot   ».  samaigis  i  tûlg  i 

taeb  n-ursainde,  LBr.  216  b,  40.  Plur.  nom.  tuile,  Alex.  887.  tolg 
creduma  im  a  leapaidh  7  seisium  innti  dogres,  Fled  Dùin  na  n-Géd, 
p.  42.  —  The  passage  was   misread  by  the   later  compiler,  who 
wrote  :  tofeit  am'  toil-se  dono. 
Ib.  foiiL  The  later  version  has  :  foi  less  d'adaig,  massed  condaigthi. 

67  Harl.  has  :  ni  scith  leum-sa  emh,  ol  si  Scathach,  massed  dotaed  a  toil 

fen.  Stowe  :  maised  dotoet  a  toil  duit  fen. 

68  esomni.  Harl.  has  :  feraiss  eussoman  (.i.  failti)  friss  fo  delph  cofarig  (.i. 

la  gabail  grema  de).  I  take  this  to  mean  :  she  made  him  welcome 
in  the  guise  of  a  servant,  viz.  to  move  his  désire.  Cp.  asimilar  pas- 
sage in  Stokes,  Lives,  1.  53.  Uathach  seems  to  hâve  hit  upon  the 
same  stratagem  of  love  as  Miss  Hardcastle  in  «  She  stoops  to  con- 
quer.  »  The  gen.  cohari,  cofarig  may  contain  a  derivative  from  cobair 
«  help  »,  and  mean  «  assistant,  attendant  ». 

70  faraith  glossed  by  rosiacht  in  the  later  version. 

78  foen  «  prostrate  ».  com-bôi  fâen  fotarsnu  isind  âth  inaligu,  LU.  76  b, 
16.  beit  fir  ina  fajnligi,  LL.  48  a,  26.  «  outstretched  »  :  dâ  slechtain 
déc  7  al-lâma  foena  fri  Dia,  Rawl.  512,  fo.  43  a,  i.  dothsegat  ind 
aingil  ar  a  cind  7  al-lâma  foena,  LU.  17  a,  37.  «  open  »  :  bûirg  f^n- 
béla  «  open-mouthed  castles  »,  i.  e.  with  open  gâtes,  FB.  53,  14. 

81  Instead  oi aridiiihii  the  later  version  has:  bai  dô-som  ar  cinn. 

84  vmntcrus  «  state  of  being  a  busband.  »  Cf.  1.  126,  where  it  clearly 
means  «  cohabitation  ».  Cf.  betit  mnaa  can  a  muntera  «  wives  shall 
be  without  their  husbands  »,  LL.  48  a,  11. 

91  cetaicb.  Cf.  ceadaidh  .i.  suidhe,  O'Cl.  probably  trom  this  passage.  The 
later  version  has:  dochum  ind  inaid. 

98  coimainche  for  com-imm-ainche.  Cf.  iomaineach  «  coercive  »,  O'R. 

99  ellam  «  ready,  prompt  »,  see  Tog.  Tr.  Ind.  s.  v. 

109  odev  for  fodéug  ?  Harl.  has  :  7  dono  ba  homon  le  Aiffe  in  bainfendig 
fodeug  isside  ba  hannsom,  etc. 


Tochmurc  Emue.  457 

109  fosdichet  is  glossed  by  rosoich  in  the  later  version.  Cf.  the  following 

kenning  of  Cûchulind  in  Tochm.  Emire  : 

«  Am  nia  fir  dichet  i  n-aile  hi  Ross  Bodbae  »  «  I  am  the  nephew 

of  him  who  passes  into  another  in  Ross  Bodba  »,  thus  explained  fur- 

ther  on:  Teit  diu  Conchobur  [the  river]  i  n-DofoIt.  Fandichet  .i. 

cotmesca;  fris  conid  oensruth  fat.  «  The  C.   passes  into  the  Dofolt. 

It  mixes  with  it,  so  that  they  are  one  river.  » 
120  aires,  a   mistake  for  aire,  ère  «  load  «?  The  later  version  has  amail 

asclaing. 
128  atnmr.  This  was  misunderstood  as  the  first  person  deponential  by  the 

later  compiler,  who  wrote  :  atmur-sa  amlaid,  ol  si. 

135  jerchaire  =  ergaire.  Cf.  ni  ram-irgaire,  ar  Cûchulaind,  LL.  110  z,  47. 
134  isiiid  ail  vioro.  Harl.  has:  fon  ald  mor  roboifoi. 

Ib.  dochoissed.  Cf.  connach  rabi  dôib  conar  dochoistis  acht  for  sligi  Mid- 
lûachra,  LU.  83  a,  32. 

136  Jornessa  for  fo-ro-snessa.   Cf.    fornessa  sleig  culind  isin  glind  hi  coiss 

Conculaind,  LU.  73  b,  15.  fosnessa  sleig  culind  ina  bond  traiged, 
LL.  74  b,  40. 
143  atd  isind  lihar.  The  «  Verba  Scâthaige  fri  Coinculaind  »  foUow  imma- 
diately  upon  Tochmarc  Emire  on  fo.  118  b,  i,  beginning  : 

Imbe  eir  hcengaile, 

arutossa  ollgabad, 

huathad  fri  héit  n-imlibir. 

Cotvt  chaurith  ceillfetar, 

fortat  bragait  bibsatar. 

Bied  do  chalcc  culbeimwen 

cruo[ch]  fri  sruth  Setantce. 

a  Thou  vv^ilt  be  a  chariot-chief  of  single  combat. 

Great  péril  awaits  thee, 

Alone  against  a  vast  herd. 


Thy  sword  of  back-strokes  shall  be 
Gory  at  the  river  Setanta.  » 
The  end  is  : 

Atchiu  firfeith  Finnbennach  hOéi 

fria  Dond  Cuailnge  ardbaurach. 

«  I  see  Findbennach  of  Ai  will  fight 

Against  the  loud-bellowlng  Donn  of  Cùalnçe. 


ETUDES   BRETONNES 


VII. 

SUR  l'analogie  dans  la  conjugaison. 

^.  Composés  du  verbe  être. 

52.  Le  verbe  être  forme  en  breton  des  composés  dont  le 
premier  terme  peut  être  un  nom,  une  ou  plusieurs  prépo- 
sitions, ou  un  radical  verbal. 

C'est  un  nom  dans  le  substantif  moy.  br.  gueleuout,  couche, 
gésine,  van.  guJevouît,  verbe  «  faire  ses  couches  »,  et  subst. 
«  couches  »,  l'A.  ;  gulvoud,  léon.  giïilyoud,  guëkoud,  subst., 
Grég.,  gall.  gwelyfod,  subst.,  de  giuely  et  bod ;  littéralement 
«  être  en  couche  ».  Comme  verbe,  ce  mot  se  conjuge  en  van- 
netais  d'après  le  dérivé  ^ulevoudein,  l'A.  ;  =  gall.  gwelyfodi, 
léon.  guÏÏyoïidi  (accoucher,  v.  neutre  et  actif,  Gr.). 

53.  C'est  une  préposition,  dans  les  mots  suivants  : 

moy.  br.  hanbout,  hainbout,  auihoiit,  état,  manière  d'être, 
pouvoir,  gall.  hanfod,  exister,  existence,  cf.  br.  moy.  a-han-ouf, 
de  moi,  Stokes,  The  nco-celtic  vcrb  siibstantivc,  5  i  ; 

moy.  br.  divout,  sujet,  dans  a:{  divout,  à  ton  sujet,  van.  a 
:(ivout,  au  sujet  de,  cf.  v.  irl.  foblth,  à  cause  de,  dont  la  der- 
nière syllabe  a  dû  signifier  être,  selon  M.  Stokes,  ibid.,  35  '^  ; 

moy  br.  mar  d-eu,  s'il  est,  etc.,  cf.  v.  irl.  dian-d-id,  à  qui 
il  est,  ibid.,  49,  48  ; 

moy.  br.  en  de-ve^^,  il  a  habituellement,  infinitif  en  devout, 

I .  L'auteur  avait  comparé  fohîth  au  comique  govys^  dont  le  sens  n'est  pas 
certain  (The  Calendar  of  Oengus,  1880). 


Etudes  bretonnes.  459 

en  devexput,  èndeffout,  Grég.,  van.  en  dont,  avoir,  =z  «  UU 
(masc.)  ad-esse  »,  gall.  dyfod,  venir  (pour  le  sens,  cf.  osOpo  ... 
TzxpiixTiq,  hue  advenisti,  littéralement  adstitisti,  Iliade,  III,  405). 
Cf.  Loth,  Rev.  Celt.,  VII,  320. 

Il  semble  que  le  bret.  moy.  donet,  venir,  soit  pour  *devonet, 
comique  devones,  composé  de  bones,  être,  qui  selon  M.  Stokes 
appartient  à  une  autre  racine  que  br.  be^a  (ibid.,  32). 

Un  autre  inf.  deu  s'est  formé  du  radical  courant  ::=  do-ag 
—  ou  do-b  —  Rev.  Celt.,  IX,  247,  73  ;  VI,  30.  L'impér. 
moy.  et  mod.  deu:;^  (corniq.^Mj^  gall.  iio.;)  devient  aussi  deu  par 
analogie:  pet.  Trég.  ne  deu  ket  !  cf.  Peng.,  VI,  196;  Far  ar 
pcoc'h,  chez  Lédan,  2.  Deu:^  contient  peut-être  la  racine  es,  cf. 
lat.  adesio.  On  ne  peut  l'expliquer  par  la  terminaison  -es,  Rev. 
Celt.,  IX,  260,  qui  est  purement  armoricaine,  bien  que  très 
répandue  dans  nos  dialectes  :  gi'oe::^,  fais,  Rev.  de  Bret.  et  de  F), 
LVIII,  207,  na  re~,  l'abbé  Henry,  Gènes,  Quimperlé,  1849, 
p.  95  ;  na  ré:{,  Le  Gonidec,  Bibl,  I,  23  ;  n'en  hum  jocntes,  ne 
t'associe.  Chai,  ms.,  v.  anneau,ne  glasqués  quet,  ne  cherche  pas, 
Voy.  20;  né  iesquet,  ne  va  pas,  Ahn.  1877,  p.  37;  saves-te, 
lève-toi,  G.  B.  L,  I,  356,  lares-te,  dis,  138,  188,  190,  cf.  28e, 
336;  pignas-te,  monte,  Peng.,  VII,  261;  à  Sarzeau  ne  duie- 
chet,  ne  jure  pas,  pet.  Trég.  groes,  fais,  kes,  va^,  bes,  sois  = 
van.  bes,  Ch.  nis,  v.  suis  ;  na  vaiss,  Rev.  Celt.,  VII,  344.  Ce 
dernier  mot,  qui  est  proprement  le  conditionnel  bes,  tu  serais, 
(que)  tu  sois,  peut  être  le  point  de  départ  de  ces  impératifs. 

Sauf  dans  ce  mot  «  venir  »,  la  préposition  de,  d-  n'ajoute  en 
breton  aucun  sens  au  verbe  être,  et  elle  ne  se  met  qu'après 
certains  mots  :  mar  deu,  mais  pan  eu,  quand  il  est  ;  en  deue^, 
mais  0^  be-:;^,  vous  avez  habituellement.  Il  y  a  quelquefois, 
par  suite  d'influences  analogiques,  emploi  facultatif  des  deux 
formes  :  Ijon  bemp  et  hon  defem-ni,  que  nous  ayons,  ho  be::énd 
et  0  deue^ent,  qu'ils  aient,  Rev.  Celt.,  IX,  262-264;  ^^'^-^  ^"-^  ^^ 
ho  teveus,  ho  teus,  vous  avez,  hor  boa  et  hon  devoa,  nous  avions, 
Grég.,  Grani.,  90;  tréc.  ec'h  eus  et  e  teus,  tu  as,  etc.  J'ai  eu 
tort  d'écrire  '/  ou,  tu  auras,  Rev.  Celt.,  IX,  253,  pour  'tou. 


I.  M.  Luzel  blâme  M.  Quellien,  Mélus.,  IV,  467,  d'avoir  écrit  kes  d'he 
saludi  (lis.  -difi),  va  la  saluer;  j'ai  entendu  comme  M.  Quellien. 


460  E.  Ernault. 

M.  Stokes  explique,  ibid.,  45,  le  bret.  moy.  eux,  il  y  a  (d'où 
mar  d-eux,  s'il  y  a),  gall.  oes,  par  une  préposition  a  et  iss  = 
*  esti  ;  et  dans  en  d-ev-eux,  il  a,  d-ev-  par  v.  gall.  -û?fl!m,  à  lui, 
dans  racdam,  devant  lui.  Je  suppose  plutôt  que  eux,  oes,  il  y  a, 
dérive  de  eu,  il  est,  d'où  aussi  bret.  eur,  oar,  on  est  ;  cf.  br. 
moy.  goux,  gous,  on  sait,  van.  goui,  il  sait,  br.  goar,  il  sait; 
gall.  lias,  il  fut  tué,  etc.  {Dict.  ciym.,  v.  ameur,  eux)  ;  le  gall. 
oes,  on  est,  serait  à  ocâdid,  on  était,  comme  gwys,  on  sait,  à 
giuyddid,  on  savait.  Quant  à  en  deveus,  j'y  verrais  un  mélange 
de  en  d-eus  et  de  en  de-ve:(_,  ce  -veus  étant  formé,  comme  le 
comique  ani  bus,  j'ai,  de  la  racine  de  be^a  et  de  celle  de  eus. 

Cf.  br.  moy.  et  mod.  boa,  voa  pour  oa,  il  était,  à  cause  de 
boe,  voe,  il  fut,  et  oc  à  cause  de  oa.  On  a  refait  les  autres  per- 
sonnes du  prétérit  voiién,  -es,  -cnip,  -éc'b,  -ént,  Gr.  Gram.  81, 
d'après  le  rapport  de  voa  à  voan,  etc.,  ce  qui  a  fait  ressembler 
ce  temps  aux  imparfaits  réguliers.  D'un  autre  côté,  l'analogie 
des  autres  prétérits  a  amené  les  formes  du  plur.  voejomp,  Jac. 
Il 6,  oéjocl],  oéjont,  Hingant,  63  ;  cette  à.Qxmhre,oejont,  est  très 
usitée  en  Tréguier.  Cf.  eurejont,  ils  firent,  Ahn.  83,  du  sing. 
eure.  De  même  viis,  vis,  je  fus,  Maun.  Gram.  20.  Visont,  vi- 
Xpnt,  ils  .étaient  habituellement,  Chans.  ...  ar  chi^pu  neve^^, 
1863,  p.  I,  doit  être  le  cond.  virent,  influencé  par  la  termi- 
naison ordinaire  du  prétérit,  cf.  kque^ont,  ils  mettaient,  refont, 
faisaient,  choulen^^ont ,  demandaient,  ibid.  ;  e  voejent  (ils 
croyaient)  qu'ils  seraient,  Récit  ...  eur  c'hrim  ....  1840,  par  Y. 
ar  Guen,  chez  Haslé,  p.  3,  nous  montre,  au  contraire,  le  suf- 
fixe du  conditionnel  greffé  sur  le  prétérit  voc. 

La  y  pers.  du  v.  avoir,  en  (f.  hi,  pi.  6)  deve^,  fut.  deve::^o, 
cond.  divije,  a  été  imitée  ainsi  par  les  autres,  à  Saint-Pol  de 
Léon  :  i"  am  (pi.  hor)  bcvc^,  beve::p,  bivije ;  2"  a^  (pi.  ho)  pe- 
ve:^,  etc.,  A.  Bourgeois,  Bull,  de  la  Soc.  Acad.  de  Brest,  1888- 
1889;  cf.  am  beveu:^,  Rev.  Celt.,  VI,  79.  Inversement,  les 
formes  non  composées  (am)  be~p,  cond.  be,  bi~e,  ont  au  moins 
beaucoup  aidé  aux  contractions  apparentes  telles  que  e  te:^o, 
ete'^,  e  /f:(f,  DumouUn;,  Gram.  1800,  p.  85,  84. 


I.  Es  te,  tu  aurais,  B.  573,  semble  une  faute  d'impression  pour  «/"f,  que 
porte  la  2^  éd.  ;  cf.  ostanso,  ofTensera,  Trag.  sacr,  8,  etc. 


Etudes  bretonnes.  461 

On  peut  ajouter  à  ces  composés  :  le  moy.  br.  esue^fiff,  être 
absent,  cf.  exyeiand,  pi.  ed,  absent,  exvezançi,  absence,  Grég.  ; 
le  trécorois  pervcan,  être  tout  à  fait  ;  hadvéan,  hadhéah,  être  de 
nouveau,  redevenir,  gall.  adfod'^,  et  le  v.  br.  compot,  terri- 
toire, commune,  gall.  cwmvnut,  cf.  cyminod,  être  d'accord  ; 
accord;  bret.  mod.  hmhût,  homhot,  étage?  Rev.  Celt.,  VII, 
146.  Le  V.  br.  indicomit,  dicombit,  latinisé  en  in  dicombito,  sans 
partage,  peut  avoir  un  vocalisme  semblable  à  celui  du  gall. 
cymmydu,  associer,  ou  bien  -bit  est  ici  le  participe  passé,  bret. 
moy.  et  mod.  bet. 

54.  Le  premier  élément  est  formé  de  plusieurs  prépositions, 
dans  les  composés  qui  suivent  : 

darvout,  darvé~out,  Le  Gon.,  darvexput,  Grég.,  advenir, 
darvout,  darvoiid,  accident,  d'où  darvoudus,  accidentel,  Grég.; 
gall.  darfod,  cesser;  br,  darbout,  faillir,  être  sur  le  point  de, 
Le  Gon.,  gall.  darbod,  préparer.  Dans  darfod,  darvout,  l'ini- 
tiale du  dernier  mot  composant  a  été  adoucie,  cf.  gall.  dar- 
blygu,  de  lat.  plicare,  darlith,  de  1.  lectio  ;  dans  darbod,  darbout, 
elle  reste  intacte,  cf.  gall.  darparu,  de  lat.  parare,  darllen,  de 
lat.  Icgendum  ;  de  même  dannerthu,  préparer,  pourvoir, 
comme  anmrthu  =■  van.  artnerhein  ménager,  Rev.  Celt., 
IX,  375.  Il  est  possible  que  le  bret.  moy.  arue:(,  il  considère; 
air,  aspect  (mod.  arve^,  inf.  et  nom  fém.  par  :{  doux)  soit 
formé  des  deux  derniers  éléments  de  d-ar-vout,  cf.  gall.  arfod, 
temps  opportun  ; 

V.  br.  ercentbidife,  tu  reconnaîtras,  gall.  arganfod,  percevoir, 
perception.  M.  Loth,  Vocabulaire  vieux  breton,  122,  a  proposé 
de  rattacher  ces  mots,  comme  le  gall.  canfod,  comprendre,  irl. 
cétbuith,  cétbuid,  sentir,  à  la  racine  du  grec  t^zj%o\).v.,  parce  que 
l'emploi  du  verbe  être  serait  ici  «  bien  étrange  »  ;  mais  il  ne 
l'est  pas  plus  que  celui  de  la  racine  de  j'étais  dans  l'allemand 
verstehen,  comprendre.  Lorsqu'un  chercheur  français  aperçoit 
une  solution,  une  exphcation  de  faits  obscurs,  son  £'jpY)xa 
n'est-il  pas  :  «  J'y  suis  !  »  Sur  de  nouvelles  phases  de  ce 
«  grand  débat  »,  voir  Rev.  Celt.,  VIII,  199; 

I .  Cf.  «  Oui,  vous  parlez  comme  ça  ...  en  attendant  que  vous  resoye^ 
amoureux!  »  Labiche,  Frisette,  se.  4  {Théâtre,  III,  224). 


4^2  E.  Ernault. 

moy.  br.  dtseuout,  penser;  disiiiout,  opiner,  dissîuout,  cuy- 
dance,  lat.  secta,  Cb,  v.  opinion;  anciennement  diç::^ivoud,  hé- 
résie, secte,  diç~ivouder,  novateur,  selon  le  P.  Grég.  ;  v.  irl. 
tcsbuith,  manquer,  tcscha,  qu'il  manque.  La  suite  des  idées  a 
été  en  breton  :  «  manquer,  désirer,  demander,  penser  »,  cf. 
moy.  br.  mcnnat,  souhaiter,  demander,  penser.  Le  comique 
desef,  désirer,  et  le  gall.  deisyf,  demander,  demande,  n'ont  pas 
franchi  toutes  ces  étapes. 

Le  gall.  dcisyj,  demande,  correspond  au  bret.  moy.  deseu, 
pensée  ;  il  vient  de  *  deisyfod  =  deseuout,  et  a  donné  lieu  à  un 
nouvel  infinitif  deisyfu.  De  même  le  gall.  eisiwo,  devenir  in- 
digent, vient  de  eisiiu,  eisieu,  eissev,  besoin  (cf.  Rev.  Celt.,  IX, 
73),  d'un  yerhe  * cisyjod  =  irl.  eshaith,  défaut,  et.  eseba,  qu'il 
manque'^.  Un  autre  dérivé  du  gall.  cisiiu  est  eisiwed,  m.,  indi- 
gence, dont  le  correspondant  vannetais  est  e^euêtt,  m.,  disette, 
é^euatt,  regret  de  n'avoir  plus  une  chose,  é^ehucett,  manque, 
besoin,  disette,  l'A. 

55.  Au  bret.  dcseu,  léon.  Jq),  résolution,  gall.  deisyf,  de- 
mande, de  deseuout,  et  au  gall.  eissev,  besoin,  de  *eissevot,  irl. 
eshaith,  on  peut  ajouter  le  gall.  gwelyf,  couche,  de  gzvely-fod, 
accoucher,  et  le  bret.  moy.  dareu,  prêt,  qui  a  fini.  Celui-ci  a 
rapport  à  la  fois  aux  sens  de  dnrvout  (ce  qui  est  arrivé)  et  de 
dwbout  (ce  qui  est  près  d'arriver)  :  dare  voa  de:^an.  be~a  la:^et,  il 
failHt  d'être  tué,  Grég.,  cf.  darbet  eo  d'in  koué:(a,  j'ai  été  sur  le 
point  de  tomber,  Gon.  De  là  darevi,  préparer,  cf.  gall.  deisyfu, 
eisiwo.  Comparez  aussi  br.  dianaff,  inconnu,  Grég.,  de  ana- 
vout,  connaître. 

56.  A  darbout  se  rattachent  encore  les  dérivés  cornouaillais 
darbodi,  faire  des  mariages,  darboder,  entrenielteur  de  vnzrhgQS, 
Grég.,  darbôder,  Gon.,  cf.  gall.  darbodiad,  préparation,  darbo- 
dwr,  homme  prévoyant;  pour  l'o,  cf.  v.  br.  conipot. 

57.  Le  premier  élément  est  un  radical  verbal,  dans  les  mots 
suivants  du  moyen  breton,  et  leurs  composés  : 

a:^nauout,  connaître,  auj.  anavout,  anave^out,  anaout,  tréc. 
anaveQut,  anveout  ;  anaveah,  Troude  ;  van.  hanaouein,  hanau, 
l'A.  ;  d'où  moy.  bret.  a:^nauoudec,  connaisseur,  a:{nauoudegue~^, 

I .   Sur  l'origine  du  second  e  de  eseba,  voir  Stokes,  ibid.,  21. 


Etudes  bretonnes.  463 

connaissance  (pet.  Trég.  hânneges).  De  *at-gna-,  d'où  le  par- 
ticipe ha:inat,  connu,  gaul.  Ategnatos  ; 

gou:{uout,  gou::put,  goë:^a,  goûe^fi,  savoir,  auj.  gou^put,  tréc. 
gouvéout ,  gouvé  (^gou':iVi\,  Grég.,  v.  entendre),  goût;  van.  goutt, 
et  sans  composition  ^cz^jymz_,  l'A.  ;  racine  vid  ; 

hoaruout,  advenir,  auj.  choarvout,  choarvexput,  comique 
wharjos,  cf.  sans  composition  comique  whyrys,  il  arriva  (à 
côté  de  whyrfys)  ; 

taluoiit,  valoir,  auj.  talvout,  talve~out,  talout  (jallout,  talve:(a, 
van.  talvein,  talcifi,  Gr.)  d'où  moy.  br.  taluoudcc,  utile,  taluou- 
degae:(,  valeur  (pet.  Trég.  tàhgcs)  ;  sans  composition  :  tal,  il 
vaut  ; 

deuruout,  deruout,  vouloir  ;  teurve:^out,  eutcurvc:^out,  daigner, 
Grég.  ;  sans  composition  :  nem  dcur,  je  ne  veux  pas  ;  gall. 
nymdawr,  nymtaïur,  où  -taiv-  =^  taiu,  que,  proprement  «  il 
est  »,  cf.  Stokes,  Nco-cclt.  v.  suhst.,  56,  etRcv.  Celt.,  IX,  26e. 

Dans  les  composés  où  le  premier  terme  est  d'origine  ver- 
bale, le  mot  «  être  »  n'a  pas  de  sens,  son  rôle  se  borne  à 
celui  d'un  suffixe  auxiliaire  de  conjugaison.  Il  s'est  ajouté  à 
des  formes  déjà  fléchies,  mais  isolées  dans  la  conjugaison, 
comme  deu-r,  §  62. 

58.  La  conjugaison  des  composés  du  verbe  être  en  moy, 
bret.  présente,  comme  celle  des  thèmes  verbaux  en  ^  (§  19), 
des  formes  normales,  des  formes  communes  et  des  formes 
spéciales. 

Exemples  de  formes  normales,  en  considérant  -ont  comme 
une  terminaison  d'infinitif,  dans  la  conjugaison  de  axjtauout, 
deseuout,  goii^nout,  hoaruout,  en  moyen  breton  : 

Indicatif  présent  :  a~nauaff,  deseuajf  ;  2"  pers.  c:(]ieue::^, 
3^  e^^ncu,  deseu,  pi.  dcscvoiit. 

Imparfait  :  3^  p.  dcscve. 

Impératif:  2"  p.  dcscu,  pi.  i'''  p.  cî^ncvomp,  2"  t\neuct. 

Conditionnel  :  i'''=p.  gouffenn  (■=*gou~uhe?in);  2^  p.  gouffes; 
y  a~imffe;  deurjfe,  deurfe;  gouffe;  hoarfhe,  hoarjfc,  hoarfe ;  ^\. 
V^  p.  goufhemp,  gouffemp,  2^  gou^feclj. 

On  peut  ajouter  les  temps  suivants  de  goûe:;a  (tréc,  gou- 
véout)  : 

Participe:  gouc^^et,   3    syll.  ;   présent:  goue~aff;   impératif: 


464  E.  Ernault. 

2^  p.  gou^ue^,  pi.  2=  p.  gouiueict,  gouezçt,  gouxui:{it ;  Futur: 
V^ip.gotu\iff,  2''  gou-ucx,y,  y  gouxue^p ;  gou::uezher,  on  saura; 

Dérivés  :  gouy^yec,  savant,  3  syll.  dont  la  seconde  rime  en 
ii;  digou-ue:^,  ignorant;  guy~uy:jgue[~]  et  gui:^uidiguei,  con- 
naissance, probablement  par  abréviation  pour  * gui:{ui~-idi 
gue^,  cf.  pet.  Trég.  toi  'vedégc:^,  fais  attention,  de  *eveiedigei, 
van.  brasedigiteh,  Ch.  ms.,  hraxédiguiah,  l'A.,  grossesse,  de 
*  brascscdigei,  et  Ghss.  moy.  br.  au  mot  binidigue:^^  (état  béni, 
béatitude)  pour  *  biniguidigue^. 

Cette  conjugaison  normale  ne  tient  pas  compte  de  la  com- 
position avec  le  verbe  être  :  ainsi  de  gouiue:J}er,  il  ne  faudrait 
pas  conclure  qu'on  ait  dit  *hc~hcr,  on  sera;  cf.  c'hoarvesfe,  il 
arriverait, /flc.  27;  anavejomp,  nous  reconnûmes,  116,  etc. 

59.  Exemples  de  formes  spéciales,  en  moyen  breton  : 

Part.  :  a:(naueiet,  hoarue:iet. 

Ind.  prés.  :  y  pers.  hoarvc^. 

Imparfait  :  i""^  pers.  gou^yenn,  y  gou^ye,  deurie,  y  pi.  gou-^- 
yent  ; —  (m)doa,  deuoa,  deffoa,  (il)  avait. 

Conditionnel:  3^  pers.  deuruihe;  dmrye,  Cathell  3;  pi.  2^ 
goux_yech;  —  gousyet,  gouyhet,  qu'on  sût  (j'ai  eu  tort  de  mettre 
ces  formes  avec  le  futur  dans  mon  Dict.  étyin.')  ;  —  (en)  divihe, 
(il)  aurait,  diuise,  aurait  eu. 

Prétérit:  3^  p.  a^navoe ;  hoarvoe;  deuruoe,  dcurfoe ;  —  (en) 
deuoe,  deffoe,  (il)  eut. 

Impératif:  sing.  3^  p.  hoaruc^et. 

Futur:  3''  p.  a:{nauezp,  hoarue^p,  talue^o,  pi.  2^  a:^navihet  ; 
gou:(^iubet,  gouviet,  gouibef  (3  syl.). 

Dérivés  :  ditaJne~,  sans  valeur,  ditaluc-hat,  non  valoir,  C^. 

Les  deux  premiers  temps  cités  du  verbe  avoir  ont  des  formes 
uniques,  mais  dont  nous  verrons  des  analogues  en  bret.  mod. 

Le  participe,  l'impératif  et  le  futur  (sauf  la  2*^  pers.  pi.)  s'ex- 
pliquent tout  seuls  :  leur  irrégularité  consiste  simplement  à 
supposer  des  infinitifs  en  -ve::^a,  comme  goûe:{a,  ou  en  -ve::^out, 
qu'on  ne  trouve  qu'en  breton  moderne. 

Le  prétérit  et  la  2^  pers.  pi.  du  futur  ont  des  terminaisons 
propres  au  verbe  être  :  voe,  il  fut,  viljet,  vous  serez  ;  cf.  anave:iîn, 
je  connaîtrai,  2'^  pi.  anavibot,  oue^in,  je  saurai,  ouiot,  Maun,, 
Gram.,  40,  41. 


Eludes  bretonnes.  465 

Nous  devons  nous  attendre  à  une  semblable  origine  pour 
l'imparfait-conditionnel  ;  et  en  eïïeigousyct  —  gouyhct  s'explique 
par  *gOM::^-viet,  *gou:^-vibet,  cf.  biheiit,  vient,  ils  seraient.  Pour  la 
chute  du  V  dans  gousyct,  cf.  l'infinitif  goii:{Out  =  gou:^uout,  et 
choare,  il  arrive,  Grég.,  Rcfl.  400,  etc.,  =  c'boarvc~  (pet. 
Trég.  c'hoar,  sans  composition). 

60.  Nous  sommes  en  mesure  maintenant  d'ajouter  à  la  liste 
des  composés  moy.  bret.  du  verbe  être  les  trois  suivants  : 

eme,  dit-(il),  à  cause  de  emei  voe  an  Eal,  dit  l'ange; 

dkoiit,  devoir,  malgré  ses  formes  communes  :  part,  dket, 
ind.  pr.  dkaff,  dlee:(,  etc.  ;  imp.  dlec,  cond.  dkhcnn,  -hes,  etc., 
cond.  passé  2^  p.  dièses  ;  à  cause  du  cond.  dlcjfen,  Cathell  9 
(différent  de  dlees,  tu  devrais,  5,  =  dlcbes); 

Jell,  il  faut,  il  manque,  à  cause  de  niar  falve:^  d'à  tat,  si  le 
père  veut. 

Ceci  est  confirmé  par  le  témoignage  du  breton  moderne  : 

eme  voa-ê  «  dit-il,  aoriste  »,  eme  voa-hy,  dit-elle,  eme  voant-y, 
dirent-ils,  dirent-elles,  Gr.  Dict.,  v.  dire; 

eme  ve:(o-èn,  dira-t-il,  Introd.  d'ar  v.  d.  140-141  ;  eme  ve^p 
c'hui,  direz- vous,  408;  eme  viot-hu,  id.,  Refl.  393  ;  eme  vi:^:^int- 
ii,  diront-ils,  Introd.  360;  voir  §  73,  fin; 

dieyen,  je  devrais,  Traj.  Jac.  29,  me  a  dleye,  je  devrais^  j'au- 
rais dû,  Moys.  280,  dleien,  me  ^  dleïe,  je  devais,  Maun., 
Gratn.,  48,  e  tleyé,  il  devait,  Grég.;  dlienn,  je  devais,  etc., 
Gon.,  dlient,  ils  devaient  habituellement,  Introd.,  144,  dliet, 
on  devait  habituellement,  143  (  dliac'h,  vous  deviez,  Bue:{  Jo- 
seph, chez  Lédan,  anc.  éd.,  p.  19,  est  devenu  dleac'h  dans  une 
édition  plus  récente); 

dJejfe,  il  devrait.  Le  Bris,  Refl.  prof.  204; 

dleoa,  il  devait,  Aviel,  18 19,  I,  43,  69,  72,  etc.;  dlefoa,  il 
aurait  dû,  Bue:is.  Genovcfa,  Lannion,  1864,  p.  5  ;  il  devait, 
Histoariou,  25,  202,  214,  215,  Instr.  voar  ar  hlasphem,  Saint- 
Brieuc,  1828,  p.  72,  Me~elloiir,  183 1,  p.  162,  etc.,  pet.  Trég. 
glefoa  ;  e  tlefoat,  on  devrait,  Histoar.,  202; 

a  clefoemp,  que  nous  devions,  Tcstamant  neve,  Guingamp, 
p.  335,  col.  2,  V.  15,  sans  doute  de  dkfoamp,  avec  accommo- 
dation aux  imparfaits  en  emp  ;  car  le  bret.  mod.  n'a  gardé  voe 
que  dans  les  verbes  être  et  avoir; 


466  E.  Ernault. 

dkvisen,  me  a  dlevise  «  je  dusse,  j'eusse  dû  »,  Maun., 
Gram.,  48;  dlevisach,  vous  auriez  dû,  Quiquer,  1690,  p.  123 
(cf.  la  forme  non  composée  dlejac'h,  vous  devriez,  G.  B.  L,  I, 
3  14)  ;  petra  dlivisc  crruoul,  ce  qui  devait  arriver,  Refl.prof.,  3  5  9  ; 

falve:^out,  vouloir,  part.  falvc~ct,  Grég.,  Gram.  113;  Doue 
nefeUie  qet  deàn,  Dieu  ne  voulait  pas,  Cantic  Judas,  5  ;  Disput 
être  ur  vam  hac  he  merc'h  pchinl  a  falie  de:^i  deme:^i  da  eur  :(ou- 
dard  pe  da  eur  martolod,  Dispute  entre  une  mère  et  sa  fille  qui 
voulait  se  marier  à  un  soldat  ou  à  un  matelot  (chez  Lédan)  ; 
pa  f allie  de:^i,  puisqu'elle  le  voulait,  Sarm.  12,  =-  pa  fellie  d. 
Serm.  14;  a  falie  din,  je  voulais,  Pev.  m.  Em.  anc.  281,  a 
faille  deoch,  328,  a  falie  de:{àn  Hist.  ar  h.  Mi~er,  8,  a  faille 
de^o,  4;  petit  tréc.  felfoa  :  cf.  afellfoa  dean  (il  dit)  qu'il  voulait, 
Histoariou,  2^6  ;  a  fellfoa  d'ar  plac'h,  (ce)  que  la  fille  voulait, 
221;  petra  à  falfé  dec'h-hu,  que  vous  faudrait-il,  Quiq.,  50; 
e  falfe  de:^o,  ils  voudraient,  Introd.,  143  ;  dans  ces  ouvrages  le 
conditionnel  n'est  terminé  tnfe  que  dans  les  verbes  dont  le  ra- 
dical finit  par  v  ou/;  cf.  ma  falfe  da...  ha  ma  teue,  s('il)  vou- 
lait et  s'il  venait,  11  ;  ne  falve:ias  de~a,  il  ne  voulut  pas,  299  ; 
e  falve~p  ...  da,  (il)  voudra,  143  ;  pafelvo  ...  d'ar  Roue,  quand 
le  roi  voudra,  Moys.,  150,  pa  falfo  deoc'h,  quand  vous  voudrez, 
Quiquer,  1690,  p.  128;  a  falvise  din,  j'eusse  voulu,  Maun., 
Gram.,  43  ;  ne  falvi:^e  quel  de^p,  ils  n'auraient  pas  voulu,  Bue~^ 
ar  sant  (de  Marigo),  1841,  p.  147. 

Outre  eme  voa,  dlefoa  et  fellfoa,  il  y  a  au  moins  trois  im- 
parfaits-conditionnels du  même  genre  : 

a  dal  foa,  il  valait,  il  eût  valu.  Tragédien  sacr  (165 1),  p.  6; 
sans  doute  un  trécorisme  comme  les  plur.  en  0,  pechedo,  3,5, 
desiro,  3,  gourchemcnno,  4,  dleo,  6,  et  le  futur  en  oint  cité  Rev. 
Celt.,  IX,  264; 

n'en  anefoahn  ket,  ils  (ses  parents)  ne  le  connaissaient  pas; 
c'est  ainsi  qu'Anne  Gaillard,  fileuse,  iigée  de  80  ans  et  illet- 
trée, m'a  chanté  à  Trévérec  un  passage  du  cantique  de  l'En- 
flint  prodigue  =  (c  dad)  n'en  anavee  qet,  texte   chez  Ledan, 

P-4' 

e  c'halfoas,  tu  pourrais,  tu  pouvais.  Chanson  eus  an  amitié,  7; 

sur  ce  verbe,  voir  §  Gè,  75,  76. 

La  terminaison  -visen  se  montre  encore  dans  anavisen,  -es, 


Etudes  bretonnes.  467 

-e  «  j'eusse  connu  ou  je  connusse  »,  Maun.,  Gram.,  40;  a 
dalvisen,  me  dalvise,  j'eusse  valu,  47  ;  a  oaruisen,  me  hoarvise 
«  j'arrivasse  ou  je  fusse  arrivé  »,  48. 

61.  Voici  l'histoire  du  verhe  falvc:(out . 

Il  y  a  en  moyen  breton  un  mot  fellell,  faillir,  manquer,  par- 
ticipe/^//e^,  dont  la  conjugaison  est  normale,  et  nous  est  par- 
venue d'une  façon  presque  complète.  A  la  3^  pers.  sing.,  fcll 
répond  au  fr.  il  faut,  et  donne  lieu  à  des  expressions  comme 
petra  fell  deoch,  que  vous  f.iut-il,  que  voulez-vous,  mar  feîl 
deoch,  si  vous  voulez.  C'est  dans  ce  sens  seulement  que  le 
verbe  a  pris  d'abord  comme  sufBxe  auxiliaire  le  mot  être  :  fel- 
veout  a  m  de,  ils  veulent,  Jac.  74,  fcllout  de~d,  vouloir,  Introd. 
33  e,  fellout  dean,  Histoariou  215,  e:(^e  fûlve:^et  dc~d,  il  a  voulu, 
Introd,  337,  etc.  ;  n'en  devige  quet  fallet  d'ar  penn  (autant  vau- 
drait) que  la  tête  n'eût  pas  voulu,  Tad  Gérard,  19;  ne  felle 
quet  gant 0,  ils  ne  voulaient  pas,  65^;  ce  suffixe  a,  comme  on 
l'a  vu,  pénétré  dès  le  moyen  breton,  même  au  présent,  où 
il  est  inutile.  Les  formes  plus  simples  qui  ne  l'ont  pas  sont 
aussi  restées  usitées  :  a  f aile  dean,  il  voulait,  Bre^l  ar  Russi, 
chez  Ledan,  i  ;  ne  fallas  de~à)i,  il  ne  voulut  pas,  Reflexionou 
profitahl,  par  Le  Bris,  p.  109,  etc.  Il  n'y  a  que  l'infinitif  qui, 
dans  ces  expressions,  garde  toujours  au  moins  la  terminaison 
-out.  Il  l'a  même  prise  dans  le  sens  de  manquer  :  falve^out, 
Conf.  anc.  35,  fallout,  Bar^.  Br.,  117.  On  trouve  jell  sans 
complément  exprimé,  pour  «  on  veut  »  :  pafell  en  em  diuisquaff, 
quand  on  veut  se  déshabiller,  Nomenclator,  Quimper,  1633, 
p.  135  (sous-entendu  d'unden^;  cf.  n'eus  quet  fallet,  on  n'a  pas 
voulu,  T.  Ger.,  41  ;  mar  vigefellet,  si  on  avait  voulu  (ou  s'il 
eût  fallu),  65  ;  e  falfe,  on  voudrait  (ou  il  faudrait),  Rimou, 
anc.  55. 

62.  A  l'infinitif  comme  aux  autres  temps,  il  s'est  produit 
un  fait  fréquent  en  breton,  et  dont  il  est  question,  Rev.  Celt., 
IX,  259  et  suiv.,  266  :  le  passage  de  l'impersonnel  au  per- 
sonnel. Ceci  était  d'autant  plus  facile  que  les  expressions  où 


1 .  Dans  afalveiet  din,  efah'e:(et  din,  je  voulais,  Prep.  d'ar  maro,  68,  /ai 
ve:^et  est  au  passif  ou  à  l'indéfini,  pour  l'impersonnel /a/w;(c;  on  peut  com- 
parer nemdeur  en  regard  du  v.  irl.  tiTmthà. 


468  E.  Ernault. 

ce  verbe  a  le  sens  de  vouloir  différaient  le  plus  souvent  de  celles 
qui  gardaient  le  sens  primitif  de  manquer,  faillir.  Exemples: 

0  fallout  de:;â,  voulant,  Intvod.,  336,  mais  fallout,  abso- 
lument, vouloir,  387,  442;  RcjJ.  327;  Juif-Errant,  3,  Bax. 
Br.,  $o},fdloi{l,  Mo.,  200,  231;  T.  Ger.,  jo;  falvc^^out,  Gr. 
V.  cogner,  falvcout,  Pev.  m.  Em.,  anc.  267;  fellout  a  res-té, 
veux-tu,  Alm.  1877,  p.  26;  n'en  deus  qet  falve^^et,  il  n'a  pas 
voulu,  Mis  Mari,  Brest,  1836,  p.  99;  c'boui  fell  dcc'h  se,  vous 
le  voulez,  Jac.  85,  mais  Doue  a  fell  ■^,  Dieu  le  veut,  84,  Doue 
a  fell  se,  Moy.  156,  an  nep  a  fell  carout,  celui  qui  veut  aimer, 
263,  Moyscs  fell  bea  Mestr,  Moïse  veut  être  maître,  238;  à  fel 
coms  (un  homme)  qui  veut  parler,  Quiq.,  1690,  p.  39;  efel, 
il  veut,  Guill.  1815,  p.  8;  pa  fel,  quand  il  veut,  Instr.  christ., 
297;  Moy  ses  ne  fel  le,  M.  ne  voulait  pas,  Mo.  163;  mar  falfe 
tànva  ar  Roue,  si  le  roi  voulait  goûter,  T.  Ger.,  63,  ne  falfac'h 
quet,  vous  ne  voudriez  pas,  46,  fallct,  on  voulait,  56.  Les  deux 
constructions  sont  réunies  dans  la  phrase  pa  felvas  din  en  em 
oppos  da  :^e,  e  felvcnt  va  laxa,  quand  je  voulus  m'y  opposer,  ils 
voulaient  me  tuer,  Mo.  262.  Cf.  Rev.  Celt.,  XI,  192,  193. 

Nous  trouvons,  dans  d'autres  verbes,  des  faits  analogues. 

d^.  Pour  les  terminaisons  d'infinitif  -vout,  -vc:^out,  -out, 
données  à  un  verbe  impersonnel  au  sens  français  du  mot  {fell, 
il  faut,  fellout,  falloir,  vouloir),  on  peut  comparer  : 

moy.  br.  deren,  amener;  d'où  dere,  il  (cela)  convient  (cf. 
lat.  conducit),  dereout,  convenir,  Grég.  ;  cf.  van.  jaugein, 
haut-corn,  jaugeout,  Gr.,  id.,  du  ir.  jauger; 

moy.  br.  pligaff,  plaire,  plig  da,  il  (cela)  plaît  à,  pligeout, 
plaire  ;  pligeout  a  ra,  il  semble  bon  et  à  propos  que,  Grég.  ;  cf. 
heta,  van.  hetout,  Gr.  ; 

moy.  br.  cridiff,  croire,  cret,  il  croit;  a  gred  din,  il  me 
semble,  je  crois,  Jac.  113,  credi  ara  din-me,  id.,  Moys.,  213; 
moy.  br.  credout,  croire  (crcdout,  oser,  Pev.  m.  Em.,  anc. 
334); cf.  moy.  br.  saniaffetsantout,  sentir;  istimout  «cuider», 
Quiq.,   138; 

moy.  br.  am  haval,  ce  me  semble,  haualout,  ressembler 
(Glossaire  moy.  br.;  evclhout,  Quiq.,  163),  cf.  van.  havalein- 
guetou,  imaginer,  havale-guenein,  je  m'imagine,  haval  g.,  il 
m'est  avis,  haval  vehai,  ce  semble,  l'A.  ; 


Etudes  bretonnes.  469 

moy.  br.  nem  deur,  je  ne  veux  pas,  deuruout,  vouloir; 
faut,  =  il  faut,  il  manque,  van.  fautout,  falloir,  Grég.,  cf.  e 
fauté  dehou,  il  voulait,  B.  er  S.,  1839,  p.  28,  411  ;  cf.  dcfotout, 
manquer,  Pev.  m.  Em.,  anc.  287  ;  mancqa,  tnancqout,  Gr.  ; 

pet.  Trég.  :^e  sî,  =^  cela  sied,  sioud  e  ra,  id.  ;  cf.  le  dérivé 
siab,  convenable,  séant,  Quellien,  Chansons,  88  (dereah,  id., 
coll.  Peng.,  I,  50);  bernout,  la^^out,  importer,  Gr.  ; 

ne  huyt  quet,  il  est  assez  bien,  huytout  a  ra,  il  n'est  pas  bien, 
huytout,  part  huytet,  n'être  pas  bien,  ne  se  point  porter  bien, 
n'être  point  à  son  aise,  van.  dihuytein,  dihuytout  «  décheoir  », 
Grég,;  cf.  Rev.  Celt.,  IV,  150,  et  gall.  chwitho  «  to  feel  awk- 
ward  »,  verbe  impersonnel  :  chwithodd  arnaf,  Davies,  Gram., 
III,  de  chwith,  gauche  ; 

moy.  br.  aseblantdijf,  il  me  semble,  auj.  seblantout  'ra  d'eign. 

moy.  br.  me  biou,  cela  m'appartient,  piaoiïout,  avoir,  pos- 
séder, Grég.  Le  verbe  gallois  correspondant,  pieu,  se  compose 
avec  l'auxiliaire  être  :  mi  a  bieufydd,  je  posséderai.  Cf.  §  74. 

64.  La  terminaison  d'infinitif -owf  n'apparaît  guère  en  moy. 
bret.  que  dans  les  verbes  qui  étaient  ainsi  disposés  par  leur 
caractère  impersonnel,  ou  par  leur  sens,  à  suivre  les  composés 
du  verbe  être,  comme  arriuout,  arriver,  qui  a  pu  subir  l'in- 
fluence de  choarvout,  darvout ;  cf.  digoiie^out,  Gr.,  de  digoe^aff. 
Le  premier  pas  de  l'analogie,  dans  cette  voie,  a  été  le  mélange 
de  bou-t  et  de  be^-ajf,  être,  en  be:iout  (hïQt.  moy.).  Cette  syllabe 
-ou-t  est  devenue  un  sufExe  d'infinitif  assez  commun  en  bret. 
moderne. 

Je  ne  sais  s'il  faut  se  fier  au  v  de  nôaxyout,  nuire,  variante 
de  nôa^out  donnée  par  Le  Pelletier  :  l'auteur  a  pu  l'ajouter  de 
son  chef  d'après  gou^vout,  gou^put. 

65.  Rencout,  devoir,  peut  s'être  modelé  sur  dleout;  il  est 
possible  aussi  qu'il  vienne  de  formes  impersonnelles.  Ce  verbe 
est  à  ajouter  à  ceux  qui  peuvent  prendre  la  6^  conjugaison, 
Rev.  Celt.,  IX,  247-248,  comme  le  montre  ce  passage  de 
D.  Le  Pelletier  :  «  Q.uand  on  demande  le  payement  d'une 
«  dette,  on  dit  au  débiteur  Rencout  a  rân,  je  fais  droit,  j'use 
«  de  mon  droit;  et  si  le  débiteur  ne  consent  pas  de  payer, 
«  l'autre  hausse  le  ton,  et  dit  :  Rencout  a  rencan,  je  dois,  ou  il 
«  m'appartient  d'user  de  mon  droit  ». 

Rtviu  Celtique,  XL  31 


470  E.  Ernault. 

L'auteur  entend  ici  rencout  a  rcncan  par  «  je  suis  obligé  de 
(vous)  obliger  (à  payer)  »,  «  je  dois  exiger  »  ;  mais  rencout 
n'a  jamais  ce  sens  actif.  Il  signifie  «  devoir,  être  obligé  de  », 
anglais  /  miist,  et  quelquefois  par  extension  «  devoir,  être  re- 
devable de  »,  /  owe,  et  «  avoir  besoin  de  »,  Iwant  ;en  le  tra- 
duisant par  «  être  en  droit,  user  de  son  droit  »,  D.  Le  Pelle- 
tier était  influencé  par  son  étymologie  d'après  une  formation 
imaginaire  renc-caout  «  avoir  rang,  être  en  droit  ».  En  réalité, 
rencout  a  rencufi,  littéralement  «  devoir  je  dois  »  est  un  syno- 
nyme plus  énergique  de  rencout  a  ran,  litt.  «  devoir  je  fais  », 
il  me  (le)  faut,  j'(en)  ai  besoin,  expression  qui  elle-même 
renchérit  sur  le  simple  rencan. 

Dleout,  lui  aussi,  présente  quelquefois  la  même  construction  : 
tleout  mad  a  dleàn  o  c'harout,  je  dois  bien  les  aimer,  Hist.  ar 
bon.  Mi:ier,  6. 

Cf.  gallout  e  hell,  il  peut,  T.  Gérard  (1791),  p.  76,  gallout  a 
helleur,  on  peut,  39,  etc.  Le  français  familier  «  voyons  voir  », 
cf.  «  a  dit  qu'a  verra  voir  »,  Petit  Journal  pour  rire,  27  oc- 
tobre 1889,  p.  I,  qu'on  serait  tenté  de  comparer,  est  histori- 
quement tout  différent  :  voir,  qui  s'ajoute  aussi  bien  à  d'autres 
verbes  («  montrez  voir  un  peu  !  »  Moinaux,  Les  Tribunaux 
comiques,  4"  série,  1889,  p.  46)  =  voire,  du  lat.  vere  (cf. 
Bréal,  Mcm.  de  la  Soc.  de  Ling.,  VI,  408). 

GG.  Caffout,  trouver,  avoir,  et  gallout,  pouvoir,  viennent 
des  variantes  en  -oet,  restées  en  vannetais  et  confirmées  par  le 
comique  (galloys,  gallos).  Le  verbe  être  présente  aussi,  du 
reste,  des  formes  semblables  :  comique  boys(Pascon,  122,  i); 
van.  bouet.  Chai,  ms.,  v.  prévenir  {de  vet,  à  être,  v.  prés  ;  bet, 
être,  Science  er  salvedigueah.  Vannes,  1821,  p.  259,  etc.). 
M.  Loth  regarde  bout  comme  venant  de  bouet,  Rev.  Celt., 
VII,  320;  mais  il  peut  y  avoir  là  influence  analogique  de  caf- 
foet,  galloct. 

6j.  Il  y  a  en  cornouaillais  beaucoup  d'autres  verbes  en-out 
comme  guelout  voir,  tec'hout  fuir,  kcrnerout  prendre,  lavarout 
dire,  mirout  garder,  sellout  regarder.  Les  autres  dialectes  ont 
ici  la  terminaison  -et,  que  Le  Gonidec  regardait  comme  abu- 
sive, sans  doute  parce  que  l'infinitif  a  alors  la  même  forme 
que  le  participe  ;  mais  la  majorité  des  dialectes  est  d'accord 


Etudes  bretonnes.  47 1 

aussi  avec  le  moy.  bret.  :  guelet,  cf.  le  gall.^w/^/fi  et  le  comique 
gweles;  d'ailleurs,  le  cornouaillais  lui-même  ait  gueled-ige:(^,  vi- 
sion, ce  qui  montre  que  la  terminaison  -out  n'est  pas  aussi 
solide  que  dans  talvoud,  valoir,  d'où  talvoud-ege::^. 

Le  changement  analogique  de  -et  en  -out  a  pu,  à  la  rigueur, 
être  facilité  par  la  présence  d'un  ancien  *  chvout,  entendre  = 
gall.  clybod,  à  côté  de  chvet  =  gall.  clywcd.  Carout,  aimer, 
peut  être  ancien  aussi,  d'après  l'exemple  du  comique  et  un 
autre  indice  tiré  de  son  impf.,  §  75.  Il  est  remarquable  que, 
parmi  les  verbes  en  question,  Grég.  ne  donne  de  variantes  en 
-out  que  pour  ceux-ci  :  cUvet,  clcvout,  cUout  ;  caret,  carout. 

68.  Le  passage  de  falvexput,  etc.,  du  sens  impersonnel  au 
sens  personnel  (§  62)  se  montre  dans  un  autre  composé  du 
verbe  être,  c'boarve:iout,  si  nous  comparons  ces  deux  rédactions 
de  la  même  phrase  :  C'hoarve  a  ra  gante  evel  al  lou^ctou-ont, 
Seulvuia  0  c'hocnner,  sculvui  e  tivoanont,  littéralement  «  il  leur 
arrive  comme  [à]  ces  herbes  qui  plus  on  les  sarcle,  plus  elles 
poussent  »,  Moy  s.  159,  et  Evcl  al  lou:^ou  fall  en  oll  e  c'hoar- 
veont,  Sculvui  efi  0  c'hocnner,  sculvui  e  tivoanont,  il  leur  arrive 
(litt.  «  ils  arrivent  »)  tout  à  fait  comme  aux  (litt.  «  les  ») 
mauvaises  herbes,  etc.,  ibid.,  145.  C'hoarve  a  ra  gante  =  an- 
glais it  happcns  to  tlmn  ;  e  c'hoarvcont  =  angl.  then  happcn  \to  be\. 

69.  De  même  e  plijot  exoci  (je  crois)  que  vous  daignerez 
exaucer  (mes  prières),  Moys.  245,  pour  e  plijo  d'ac'h,  il  vous 
plaira,  est  semblable  à  l'anglais  luill  you  phase,  ci.  evcl  a  hetot, 
comme  il  vous  plaira,  Gr.,  et  Rev.  Celt.,  IX,  266. 

Un  verbe  personnel  peut  au  contraire  simpersonaliser  sous 
l'influence  d'un  synonyme,  cf.  Rev.  Celt.,  XI,  192. 

Diins  plichit  gueneoc'h,  Maun.,  Templ  cons.,  140,  pi ijit  ga- 
neoch,  Aviel,  18 19,  I,  149,  qu'il  vous  plaise,  plijit  gant-och, 
G.  B.  I.,  124,  il  y  a  un  mélange  des  deux  locutions  (=  angl. 
*  luill  you  phase  you  pour  luill  it  phase  you')  ;  cf.  be^it  gwell 
ganec'h,  aimez  mieux,  300,  ==  *  sitis  satins  vobis. 

En  français  «  il  m'en  souvient  »  et  «  je  me  le  rappelle  » 
ont  donné  lieu  de  même  à  «  je  m'en  souviens  »  et  «  je  m'en 
rappelle  ».  Génin  remarque,  Des  variations  du  langage  français, 
1845,  p.  429,  que  je  me  souviens  est  de  la  même  force  que/e 
m'importe,  dans  cette  phrase  qu'une  caricature  attribuait  à  un 


472  E.  Ernault. 

garde  municipal  voulant  faire  descendre  un  gamin  grimpé  sur 
le  poteau  d'un  réverbère  :  Je  m'importe  peu  que  tu  tombes  !  Cette 
manière  de  dire  peut  s'autoriser  d'un  grand  nom  ;  Las  Ca'Ses, 
Mémorial  de  Sainte-Hélène,  1823,  IV,  238,  donne  comme  de 
Napoléon  cette  phrase  :  «  Je  voulus  agir  comme  la  Providence, 
qui  remédie  aux  maux  des  mortels  par  des  moyens  à  son  gré, 
parfois  violens,  et  sans  s'importer  d'aucun  jugement  ». 

70.  Sur  les  locutions  personnalisées,  dans  le  verbe  avoir, 
on  peut  voir  le  chapitre  précédent  de  ces  Etudes;  j'ajouterai 
quelques  exemples  nouveaux. 

Lec'h  m'ho  poahi  laket,  où  vous  l'aviez  mise,  G.  B.  I,  I,  116, 
impersonnel,  =  *vobis  esset  ha?ic  positum  ;  lec'h  poa  ho  laket, 
où  vous  les  aviez  mises,  100,  poa  pour  ho  poa  est  relativement 
personnel;  lec'h  m'hen  po  laket,  où  vous  l'aurez  mise,  98,  ici 
po  pour  ho  po  est  traité  comme  personnel,  et  précédé  de  hen, 
complément  direct;  =  *hanc  (vobis)  erit  positum.  De  même 
endann  hi  ^reid  ho  deu^^  mac'het,  elle  les  a  foulés  aux  pieds,  28, 
pour  e  deu^^  ho  mac'het  ;  eur  peskik gzuenn  hi  deu^  lonket,  un  petit 
poisson  blanc  l'a  avalée,  Quellien,  ici  ;  ar  revolucion  0  dew^^-y 
oll  ancounac'heet,  la  révolution  les  a  toutes  oubliées,  T.  Ger., 
69.  Les  deux  pronoms  sont  exprimés  à  la  fois  dans  nho'm  eu:{ 
ht  pedet,  je  ne  vous  ai  pas  priée,  G.  B.  /.,  I,  184,  =  *  non 
vos  mihi  est  invitatum  (la  tournure  régulière  est  :  n'am  bije  ket 
ho  pedet,  je  ne  vous  aurais  pas  priée,  ibid.').  Cf.  c'houi  ho  pije'n 
din  merqet,  vous  me  l'auriez  marqué,  fait  connaître,  Son  ar 
garante,  chez  Lédan,  p.  2;  van.  de  1693  eit  a  vout-y,  pour  les 
avoir  (toi),  Chrestom.,  331;  en  dout-hi,  l'avoir  (elle,  à  lui), 
B.  er  s.,  p.  v.  ;  Rev.  Celt.,  IX,  260. 

N'em  boan  me  bet,  n'avais-je  pas  eu,  Riniou  anc.  53;  (he 
moam-me,  que  j'avais.  Coll.  Peng.,  IV,  117,  peut  n'être  qu'une 
graphie  fantaisiste  de  em  oa  me). 

N'as  bijes  ket,  tu  n'aurais  pas^  G.  B.  L,  I,  298,  et  deux  fois, 
p.  302,  pour  n'as  bije  ket,  298;  7nar  pije^  bed,  si  tu  avais  eu, 
Peng.,  II,  261. 

En  evai,  il  eut,  Quellien,  Chans.,  140,  pour  enevoe,  par  accom- 
modation de  l'imparfait  en  eva  au  prétérit  des  verbes  réguliers 
comme  kara:(_,  il  aima  ?  Cette  forme  en  eva:{  ne  se  trouve  pas 
dans  l'édition  sur  feuille  volante  de  la  chanson  (Ar  filouter  fin). 


Etudes  bretonnes.  473 

M'hor  bijemp,  si  nous  avions,  Moys.  257,  mar  bijemp,  Ar 
feix_hag  ar  vro,  337,  cf.  les  formes  impersonnelles  m'hon  dije, 
id.,  et  n'hor  bije,  nous  n'aurions  pas,  ibid.  ;  hor  boamp,  nous 
avions,  Avanturiou,  32  et  36,  Rimou,  53;  bcxpmp,  ayons, 
Aviel,  1819,  I,  103,  27e;  nih  a  nioamp,  nous  avions,  Peng. 
VII,  201  (cf.  ni  a  ielomp,  nous  irons,  I,  36,  voir  §  12).  Cf. 
Rev.  Celt.,  IX,  262,  263. 

Ho  pezit,  ayez,  p.  3  d'une  Imitation  J.-C.  que  je  possède  et 
dont  la  première  page  manque,  mais  sur  laquelle  deux  pro- 
priétaires successifs  ont  inscrit  les  dates  1733  et  1747  ;  ho  peit, 
Moys.  226  (3  syl.),  beit  (2  s.),  182,  Jac.  85  ;  mar  peuc'h 
c'hoant,  si  vous  avez  envie,  Kimiad  eur  soudard ,  par  J.-M.  Le 
Borgne  (du  Fou),  p.  7  ;  choui  he  peuc'h  enn  laeret,  vous  l'avez 
volé,  he  poc'h,  vous  aurez  (deux  fois),  neu^e  pe  ch  enn  cavet, 
vous  l'auriez  donc  trouvé,  Ar  vam  Michel,  trad.  par  Visant 
Coat,  Morlaix,  chez  Lanoé  (après  3  autres  chansons),  p.  8, 
cf.  Rev.  Celt.,  IX,  263.  La  forme  he  peuc'h,  peuc'h  est  venue, 
comme  le  tréc.  meump,  nous  avons,  et  le  cornouaillais  en'eunt, 
neun,  ils  ont,  non  par  addition  de  la  désinence  ordinaire  à  la 
forme  impersonnelle  (cf.  meux^om,  nous  avons,  pe-c'h,  vous 
auriez,  he  po-c'h,  vous  aurez,  aneu:^-ont,  ils  ont,  etc.),  mais 
d'une  transformation  analogique  du  thème  eus-,  réduit  ainsi  à 
eu-.  Il  est  possible  que  ceux  qui  disent  he  peuc'h,  vous  avez,  et 
he  peu::^,  tu  as  (deux  fois  dans  Telenn  Guenldan,  par  Visant 
Coat,  chez  Lanoé  après  deux  autres  chansons,  p.  9)  croient 
sentir  dans  le  :(  de  cette  dernière  forme  le  signe  de  la  seconde 
personne  du  singulier. 

No  neun,  ils  n'ont,  Peng.  IV,  1 1  (cornouaill.)  ;  nen  devoant, 
ils  n'avaient,  Peng.  II,  178,  271,  ho  devoan,  ils  avaient  (rime 
à  an  nox_  man),  I,  78  ;  pa  defaint,  quand  ils  eurent.  Quel.  1 10, 
pa  défont,  quand  ils  auront,  100;  vit  m'o  defjont,  pour  qu'ils 
aient  ou  qu'ils  eussent,  Chanson...  an  hostis  liper  (par  René  ar 
Barz,  de  Tréguier),  chez  J.  Haslé,  p.  3  ;  cf.  Rev.  Celt., 
IX,  265. 

Nous  avons  vu,  Rev.  Celt.,  IX,  263,  que  même  à  la  5 ^con- 
jugaison le  verbe  avoir  se  conjugue  à  l'infinitif:  hur  bout  e 
ramb,  nous  avons,  =  *nobis  esse  facimus.  On  trouve  aussi  en 
pareil  cas  l'auxiliaire  faire  à  l'impersonnel  :  hou  poud  ra,  vous 


474  ^-  Ernault. 

avez,  Chai.  ms.  v.  distraction,  =  *vobis  esse  facit.  —  On  lit 
dans  le  Doclrinal,  Nantes,  1626,  p.  19,  an  daon:^ec  Apostol, 
père  en  deux  by  composct,  les  douze  apôtres  qui  l'ont  composée; 
d.Rev.  Celt.,  VIII,  43. 

70  bis.  Il  se  passe  des  faits  du  même  genre,  dans  les  formes 
verbales  de  sens  indéfini,  qui  parfois  s'emploient  comme  per- 
sonnelles passives  : 

moy.  br.  mirer  et  mircur  (J.  194  b)  on  garde  ;  gueîer  etgui- 
lir  (B  544)  on  voit,  ranquer  et  ranquir  (B  610)  on  doit,  gallei 
et  guillir  (R  53)  on  peut  (comique  geller  et  gylîyr)  ;  mod. 
a  garer,  a  guereur,  on  veut,  Grég.,  v.  accroire,  a  gareur,  G. 
B.  L,  I,  362,  dlcor,  on  doit,  hellor,  on  ^e\it,pechor,  on  pèche, 
Instr.  chr.,  18,  etc.;  mais  avec  complément  c'a;?/  ...  anquenem 
bencr,  N  894,  cf.  l'actif  estlam  am  ben,  la  douleur  me  point, 
J  127  b.  Les  Bretons  se  servent  assez  souvent  en  français  de 
phrases  comme  «  on  m'a  dit  avec  un  tel  »  pour  «  un  tel 
m'a  dit  »,  mais  dans  leur  langue  actuelle  cela  répond  à  des 
passifs  composés  :  lared  ^^ou  d'eign  gand  hen  ha  hen. 

Autre  exemple  de  synonymie  des  deux  passifs  :  bet  laret  er 
peh  a  gareher,  er  peh  a  uou  caret,  qu'on  dise  ce  qu'on  voudra. 
Chai,  ms.,  III,  230. 

On  trouve  aussi  c:(  conduer,  il  est  conduit,  J  124  b,  e^  la- 
quacr,  elle  est  mise,  B  49 1-492  («  on  la  met  »  sevâït  elaquaer'), 
et  même  au  pluriel  f:^  laquaaer,  elles  sont  mises,  H  10,  v.  5 
(lisez  (?~,  pour  0.?). 

Ces  deux  emplois  personnels  des  formes  en  -r  étaient  favo- 
risés par  des  locutions  semblables  dans  les  formes  verbales  en 
t,  qui  sont  proprement  des  participes  passifs  :  t'~  barnat  dre  dcn-, 
J  106  =  judicatus  [est]  ab  homine  ;  a  pan  ganat,  N  1945  = 
ex  quo  natus  [est]. 

Mais  l'assimilation  des  deux  séries  en  r  et  en  t  étant  devenue 
à  peu  près  complète,  on  a  dit  inversement  c:(_  carset,  tu  aurais 
été  aimé,  en  cannât,  il  fut  battu,  en  aslennat,  il  fut  étendu,  o~ 
ganat,  vous  êtes  né,  0  Ia:{ct,  ils  étaient  tués,  d'après  q  laquaher, 
on  te  mettra,  ho:^  treter,  on  vous  traite,  J  126,  etc.;  de  même 
en  irlandais  dombreth,  je  fus  donné,  d'après  doniberr,  on  me 
donne,  cf.  Zimmer,  Zeitschrift  de  Kuhn,  1888,  p.  251.  On 
lit  q  stlegatj  avec  variante  en  stlegat,  il  fut  étendu,  J  76. 


Etudes  bretonnes.  475 

Sans  cette  extension  analogique  si  naturelle,  les  formes  en  t 
n'auraient  pu  servir  qu'à  la  3''  pers.  sing.,  sauf  àla  conjugaison 
impersonnelle  comme  me  a  furmat,  j'ai  été  formée,  B  691 
(:r=  c'est  moi  qui  a  été  formée). 

On  pourrait  croire  que  dans  ma  mab  hihan  ma  en  ganer, 
pour  que  mon  petit  enfant  naisse,  N  893,  le  pronom  en  est 
une  conséquence  des  locutions  pronominales  comme  en  can- 
nât, etc.  Mais  la  présence  d'un  pronom  représentant  un  nom 
régime  déjà  exprimé  a  lieu  aussi  bien  dans  les  verbes  actifs  : 
me  goar  an  re  se  ho  quelenn,  N  1403,  litt.  «  je  sais  ceux-là  les 
instruire  »  ;  eguidot  Jesu  inen  suppli,  pour  toi  Jésus  je  le  prie, 
183  I,  ha  de:(  ma  martyr  en  mira,  et  le  jour  de  mon  martyre  il 
/'honorera,  B  657,  cf.  N  121,  602-603. 

Sur  le  passage  me  en  heny  ameur  cruciffiat,  c'est  moi  qui  ai 
été  crucifié,  J  178  (la  variante  am  cruciffiat  rendrait  le  vers  trop 
court),  passage  qui  contraste  avec  i?og  ...a  crucffiat,  ô  roi  qui 
as  été  crucifié,  173  b,  on  peut  voir  Dict.  étym.,  v.  ameur. 

71.  La  composition  de  deuruout  a  eu  évidemment  pour  but 
de  donner  une  conjugaison  complète  à  une  forme  imperson- 
nelle isolée,  nem  deur,  je  ne  veux  pas,  litt.  non  nieum  est,  gall. 
nymdaïur,  nymtawr,  cf.  v.  irl.  nimthâ  ;  le  gall.  a  gardé  dans 
taiu,  que  (conjonction)  un  ancien  correspondant  de  l'irl.  ta,  il 
est. 

Nem  deur  a  fait  bande  à  part,  parce  qu'il  était  resté  presque 
unique  parla  forme  et  par  le  sens;  cette  dernière  raison  seule 
a  suffi  a  créer  à  ne  fcll  dm,  je  ne  veux  pas,  une  nouvelle 
famille. 

De  là  deurve:(it,  daignez,  Moys.  187,  etc.  Il  est  arrivé  à  ce 
verbe  une  singulière  aventure  :  c'houi  euteur,  Pev.  m.  Em., 
anc.  211,  c'houi  eteur,  91,  clmi  euter,  voulez-vous,  Sermon 
Michel  Morin,  chez  Lanoé,  p.  30,  1.  9,  qui  vient  de  c'hui  eu 
teur,  c'hui  0  leur,  a  donné  lieu  à  te  euteur,  veux-tu,  Pev.  ni. 
Em.,  anc.  206,  me  euteur,  je  veux.  Gènes  191,  me  euter  Serm. 
M.  M.,  chez  Lédan,  p.  43,  etc.,  Httéralement  mihi  vohis-est ; 
Rev.  Cclt.,  IX,  266. 

On  lit  c'houi  veuteur,  voulez-vous.  Coll.  Peng.,  I,  47,  c'hwi 
veutur,  VI,  17,  VII,  333,  et  même  vutur,  je  veux. 

72.  En  gallois  on  a  ajouté  directement  à  towr  certaines  ter- 


47^  E.  Ernault. 

minaisons  personnelles  :  impf.  ni  ddorwn.  Cela  arrive  quel- 
quefois aussi  au  breton  leur  :  Sant  Cado  na  euteure  quet,  saint 
Cado  ne  voulait  pas,  Guer^  en  hénor  da  :(ant  Cado,  chez  Lédan, 
str.  10,  Cf.  rimpartait /e//^^  il  voulait,  etc. 

Il  y  a  de  même  quelques  formes  de  eine,  dit(-il),  conjugué 
sans  l'auxiliaire  être,  à  l'impératif:  En  em  humiliit  ...  allas, 
emit-hu,  humiliez-vous;  dites:  hélas!...  Introd.  416,  pet. 
Tréc.  mëtu. 

73 .  Le  verbe  défectif  eme  a  cela  de  particulier  que  le  pro- 
nom sujet  français  est  traité  en  breton  comme  régime  :  moy. 
br.  eme:(aff,  dit-il,  léon.  eme^an,  tréc.  'mean,  cf.  moy.  br.  rac- 
Xaff,  devant  lui,  auj.  ra^ah,  rahah,  raktan.  Cf.  emedoc'h,  dites- 
vous,  Avant.,  y,  eiRev.  Celt.,  XI,  192.  On  peut  comparer 
l'expression  panevetan,  sans  lui,  si  ce  n'était  lui,  dont  le  t  reste 
souvent  aussi  attaché  au  verbe  :  pà  nevet  an  drasé,  si  ce  n'était 
cela,  panevet  an  d.,  Quiq.,  1690,  p.  42,  85;  cornouaillais 
pand,  n'était,  Bav^.  Br.,  304,  305,  tréc.  penamet,  panameî, 
sous  l'influence  de  nemet,  sinon,  voir  §  82.  Cf.  moy.  br.  pa 
ne  ve  huy,  si  ce  n'était  vous.  On  intercale  souvent  r  avant  le  t: 
penevert  respeti,  n'était  (le  désir  de)  respecter,  Pev.  m.  Em., 
anc.  14,  panavert  ma  com:(as,  n'était  qu'il  parla,  27,  penever- 
doch,  si  ce  n'était  vous,  378  (cf.  tréc.  nemert,  sinon)  ;  on  peut 
ajouter  aussi  e,  il  est  :  peneverte  (4  syl.)  sur  ho  liberacion 
«  n'était  (que  c'est),  certes,  pour  vous  délivrer  »,  ^jS  ;  pinevit 
e  respeti,  Peng.,  II,  242;  pinevit  he  daoni  «  n'était  (que  c'est) 
la  peur  de  damner  »,  I,  115.  On  dit  en  petit  Tréguier  pe  ne 
verd  e  :(e  et  ^tT^e^  sans  cela. 

A  la  i'^  pers.  on  a  : 

1°  émé-:{-oun,  dis-je.  Le  Gon.,  emioun-me,  emoun-me,  Grég., 
em'ounn-mé,  ém'oîi-mé,  éin'e:^-ounn-tné,  ém'onn-mé,  disais-je,  dis- 
je,  au  passé  seulement,  selon  Hingant,  Gram.,  103  ;  tréc. 
'meoh,  'moh-me  ; 

2°  eme-me,  eme-vé,  eme-ven,  dis-je,  Gr.,  émé-vé,  Gon.,  van. 
émé-mé,  l'A.  ; 

3°  c  mé  «  dis-je  »  (en  dehors  des  phrases  impératives)  et 
«  ai- je  dit  »,  selon  la  Gram.  vannetaise  de  l'abbé  Guillome, 
p.  83,  avec  exemple,  p.  84. 

A  eme-me,  comparez  le  van.  heliet  me,  suivez-moi  (comique 


Etudes  bretonnes.  477 

holyough  ve,  gall.  dilynwch  fi)  ;  à  Batz  adrenv  me,  derrière  moi, 
et  ter  me,  par  moi,  qui  est  à  ter-in,  ibid.,  van.  dre  onn,  l'A., 
léon.  dre-x_-oun,  comme  eme-me  à  eme-^-oun.  Cf.  gall.  imi,  à  moi. 

La  3  ^  forme  e  mé  est  peut-être  venue  par  abréviation  de  eme- 
me.  Eme  veut  dire  en  trécorois  disent-ils,  dit-on,  Ricou,  p.  25, 
V.  3,  par  contraction  régulière  de  eme^e,  emexp,  cf.  ane,  ane:(e, 
ane:(o,  eux. 

Le  gall.  meddaf,  dis-je,  est  régulier,  cf.  comique  medhaf ; 
mais  le  gall.  ebe  fi  se  conjugue  exactement  comme  en  bret. 
eme  ve.  Le  verbe  armoricain  emc(^)  paraît  donc  le  résultat 
d'une  fusion  entre  deux  mots  restés  dictincts  en  gallois,  medd 
et  ebe,  heb. 

Remarquons  l'expression  eme^  Mary,  Marie  dit.  Poèmes 
bretons,  24,  littéralement  *  Maria  dixit  eam,  qu'on  peut  com- 
parer à  Mari  e  deux^,  Marie  a,  litt.  *  Maria  illi  est. 

Le  plur.  emint-y,  dirent-ils,  Gr.  Dict.,  van.  é-m'en-dïnd,  di- 
sent-ils, Foy.  mist.  77,  é-m'en  dind,  85,  semble  contenir  le 
verbe  être,  cf.  n'en  dint,  ils  ne  sont,  18. 

74.  La  construction  pronominale  se  montre  dans  membieu 
er  veûoh  (s'il  ne  faut  que  jurer),  la  vache  est  à  nous.  Chai,  ms, 
litt.  *  ego-ad-me-pertinet  vaccam;  an  hcol  loar  ha  steret  assmet 
men  bio  (rime  0)  le  soleil,  la  lune...  sont  à  moi.  Le  jugement 
dernier,  ms.  à  M.  Bureau;  cf.  d'er  Pap'  é  bieu  clasq',  le  pape 
doit  moyenner.  Chai,  ms.,  litt.  au  pape  appartient  de  cher- 
cher; kement  a  biaou  oux^-hoc'h,  tout  ce  qui  vous  appartient, 
Gènes,  87.  Construction  différente  :  ean  bieu  ober,  c'est  à  lui 
à  faire  (les  honneurs  de  la  maison),  Chai,  ms  ;  le  verbe 
qui  signifiait  «  cela  appartient  »  veut  dire  ici,  inversement  «  il 
possède  »  ;  c'est  le  seul  sens  qu'on  trouve  en  moy.  bret.  La 
conjug.  personnelle  apparaît  rarement  :  van.  e  bieuan,  je  pos- 
sède, Celt.  Hexapla,  I,  6.  On  peut  comparer  les  trois  expres- 
sions du  moy.  br.  am  deseu,  il  me  semble,  me  deseuQtdeseuaff, 
je  pense. 

Le  moy.  bret.  membry  «  je  l'atteste  »,  malgré  la  varian-le 
moins  fréquente  men  bry,  pourrait  bien  aussi  être  pronominal 
comme  memeus,  j'ai. 

75.  La  terminaison  d'imparfait-conditionnel  -icn,  etc.,  se 
montre  dans  les  verbes  suivants  : 


478  E.  Ernault. 

vient,  qu'ils  fussent,  J  219  (2  syl.),  Cathell  4;  quement 
auyc,  tout  ce  qui  serait,  25  ;  7neit  ma  ûicr,  pourvu  qu'on  soit 
(jneit  ma  ver,  id.  ;  meit  ma  veher,  pourueu  qu'on  seroit).  Chai. 
ms.  Il  est  difficile  de  séparer  le  prétérit  secondaire  comique  byen, 
hycs,  bye,  pi.  2*  p.  byeuch ;  je  regarderais  ces  formes  comme 
des  imparfaits  de  la  même  racine  dont  le  conditionnel  3''  pers. 
sing.  est  en  bret.  moy.  vihe,  et  le  conditionnel  passé  vise; 

hc  dcfie,  qu'elle  aurait,  Cathell  20  ;  /jo;^  de  vie  (il  ordonna 
qu')ils  eussent,  11,  cf.  corniq.  nyngyfye,  il  n'eût  pas  eu; 

moy.  br.  goi{~yeiin,  je  savais,  etc.,  me  a  vouyê,  Grég.,  givicnii, 
Gon.  ;  comique  godhycn,  je  savais,  cf.  ef  a  zuodhjye,  il  aurait 
su;  Rcv.  Cclt.,  VI,  47;  IX^  69; 

anavien,  2"  p.  anauiés,  3''  anavic,  etc.,  Maun.  Gram.,  40, 
anayén,  je  connaissais,  etc.,  Grég.,  anaienn,  Gon.;  raanayén, 
que  je  connusse,  etc.,  Grég.,  Gram.,  1^6;  anaveyen,]e  con- 
naissais, Guer:(^var...  distro  im  dcn  yaoïiamj  (après  Chans.  pot. 
PlouiUaii),  chez  Lédan,  p.  5,  3^  p.  anavcye,  Avant.  36;  den  ne 
anaveyc,  personne  ne  la  connaissait,  Chanson  Mari-Louis,  chez 
Lédan,  p.  2;  anaveien  est  un  mélange  de  anaveen  etana(v)ien; 

fellie,  falie  da  (il)  voulait,  §  60  ; 

no^deurye  quct,  ils  ne  voudraient  pas,  Cathell,  3,  etc.  ; 

dlien,  je  devais,  Prcp.  d'arni.,  69,  etc.;  cet  /  passe  même 
au  présent,  dans  dleyer,  on  doit,  Instr.  chr.  17,  c  tlier,  Bue:(... 
J.  Maner  par  le  P.  Bleuzen,  2*^  éd.,  p.  xiii,  e  tlian,  je  dois,  15  ; 

talie,  il  valait,  Sarm.,  48,  39  (=  Serm.,  46,  38);  a  dallien, 
me  dalie,  je  valais,  Maun.,  Gram.,  47,  dalie,  GuilL,  18 15, 
p.  127,  etc.,  délie,  Peng.  VII,  10; 

agarienn,  j'aimais,  G.  B.  L,  I,  160,  258,  262,  am  charie,  il 
m'aimait,  544,  mar  harrie  bout  rot,  si  elle  avait  voulu  donner, 
70,  me  hen  harrie,  je  le  voudrais,  148,  me  garie,  je  voudrais, 
410,  492,  me  garrie,  68,  204,  236,  240,  256,  386,  392,  540, 
me  a  garrie,  id.,  250;  Jcarie,  il  aimait,  coll.  Peng.,  I,  4J  ;  pe- 
guement  en  carrict  (en  voyant)  combien  vous  l'aimiez,  Jac.  50; 
ne  garrie,  il  n'aimait,  Mciil.  queg.,  13,  0  charye,  il  les  aimait, 
carycnt,  ils  aimaient,  11;  da  -ao//  :^cn  yaoïianc  n'cnr  garie,  pour 
deux  jeunes  gens  qui  s'aimaient.  Chanson  M.-L.,  i,  etc.,  etc. 
Ce  verbe  breton  n'a  de  commun,  par  ailleurs,  avec  les  com- 
posés de  bout  que  l'infinitif  karout,  en  cornouaillais  {car ont  et 


Etudes  bretonnes.  479 

caret,  Grég.,   Gram.,  112);  en  comique  il  se  compose  avec 
l'auxiliaire  être.  Voir  §  67; 

ec'b  allie,  il  pourrait,  Histor  ar  bonom  M.i::cr,  chez  Lédan, 
p.  5  ;  wa  alliet,  on  ne  pouvait,  6,  na  aillet,  Pev.  w.  Em., 
anc.  103.  Ce  verbe  était  exposé,  par  son  mRmtii  gallout,  à 
être  confondu  avec  ceux  comme  tallout,  valoir,  de  talve:{out  ; 

me  ho  quelle,  je  vous  voyais,  Chaiis.  ...  an  aiii.,  7; 

lavariet,  on  disait  (sens  fréquentatif),  5rtr//i.^  i^{Senn.,  20); 

e  compsyemp  (je  vous  ai  dit)  que  nous  parlerions,  T.  Ger.,  47; 

chiloku,  j'écoutais,  Peng.  IV,  33  {chiloyet,  écoutez,  IV,  59); 

bas-van.  keuied  e  dosteie,  tout  ce  qui  approchait,  Bar::^.  Br. 
382  (mais  a  ■::jdoste,  il  approchait,  383),  pc  xple,  quand  il  ve- 
nait, 382.  On  attendrait  dostehe,  ::^ebe  (conditionnel). 

La  terminaison  -ien  se  trouve  encore  dans  les  conditionnels 
e^asien  (-lés,  -le,  -Icnip,  -lec'h,  -lent)  «  je  fusse  allé  »,  Maun., 
Gram.,  38;  «  j'irais  »,  «  je  serais  allé  (si  ce  n'était  cela)  », 
Quiquer,  1690,  p.  42,  )]ia:^a::iyeut,  pour  qu'ils  allassent,  B  183 
(cf.  t':(  a:{cs,  que  tu  allasses,  J  213  b)  ;  d'or  mird  na  da:{iemp  da 
goll,  pour  nous  empêcher  de  nous  perdre,  P.  Maunoir,  Tenipl 
consacret,  140,  etc.;  ra  deu:;^yén,  que  je  vinsse,  etc.,  Grain,  de 
Grég.,  141,  deuxye,  qu'il  vînt,  Cathell  1 1  (cf.  deu:[e,  B  180,  etc.), 
deusyc,  Refl.,  83,  343,  e  teusien  (-lés,  etc.)  «  je  vinsse  », 
Maun.,  Gram.,  39;  ra:(yé,  il  aurait  fait,  Grég.,  Gram.,  151 
(ci.  ra  raxén,  me  a  ra~é,  que  je  lisse,  102,  103);  vi^je,  vl^i  e, 
(2  syl.)  il  serait,  Trag.  sacr,  13  (mélange  de  vl-^e  et  de  vie^. 

On  voit  que  cette  terminaison  -ien  n'est  pas  restée  entiè- 
rement propre  aux  composés  du  verbe  être. 

76.  Nous  allons  maintenant  passer  en  revue  les  termi- 
naisons verbales  commençant  par  un  f. 

La  plus  importante  est  celle  du  conditionnel  ;  voici  dans 
quels  verbes  elle  se  trouve  en  moyen  breton  : 

en  deffc,  il  aurait,  ho  dcffc,  0  deffhe,  ils  auraient;  dlcffen,  je 
devrais  (§  60)  ;  ncm  dcurffc,  je  ne  voudrais  pas,  pi.  1'''=  p.  hou 
deu:;rjfe,  2'^  o:{dcurfe; 

gouffcnn,  je  saurais,  gouffcs,  gouffe  et  goffe,  gouffcmp  et  gaii- 
fhemp,  gou~ffcch  ;  hoarffhe,  hoarjfc,  hoarfe,  il  arriverait. 

Le  seul  de  ces  verbes  qui  ait  une  variante  du  conditionnel 
m  -hen,  etc.,  est  dleout,  devoir. 


480  E.  Ernault. 

Le  P.  Maunoir  a  de  même  dleffe,  il  devrait,  et  aussi  anaffe, 
il  connaîtrait,  talfe,  il  vaudrait,  me  falfe  din,  je  voudrais, 
comme  on  pouvait  s'y  attendre. 

Il  a  de  plus  me  a  :^euffe,  je  viendrais  ;  et  le  P.  Grégoire  donne 
ei  teuhén  et  êieujfén,  etc..  Grain.  141.  Est-ce  une  conséquence 
de  la  composition  de  donet,  qui  est  semblable  à  celle  de  (en) 
deffe  ^=  ad-esset),  cf.  comique  may  teffé,  qu'il  viendrait,  pi. 
may  teffens  ? 

Le  P.  Grégoire  enseigne.  Grain,  no,  que  «  le  passé  im- 
parfait du  subjonctif  »  est  en  -hé :  me  a  ganhé,  je  chanterais, 
cf.  ra  garhén,  que  j'aimasse,  119,  etc.  Il  donne  me  a  yaé  et 
yaffé,  j'irais,  rahén,  raën  et  raffén,  etc.,  je  ferais,  105,  135, 
136;  ces  mots  peuvent  avoir  suivi  deuhén,  deuffén.  Il  emploie 
lavarféch  et  lavaréch,  vous  diriez,  Dict.,  v.  à.  On  lit  e  c'hal- 
fac'h,  vous  pourriez,  Sarm.,  15,  tandis  que  les  autres  con- 
ditionnels de  cette  pièce  n'ont  pas  d'y  ;  rancach,  vous  devriez, 
20,  respettach,  admirrach,  7,  negarren,  40  {mus  e  falfe  deoch, 
30);  comparez  l'impf.  ech  allie,  §  75. 

Cette  terminaison  -fen  a  gagné  de  proche  en  proche  tous  les 
verbes,  en  breton  moderne,  sauf  dans  le  dialecte  de  Vannes  ; 
il  ne  faudrait  pas  croire,  toutefois,  qu'elle  règne  sans  partage  : 
ma  karrfe,  s'il  voulait,  G.  B.  L,  I,  262,  mais  me  garre,  je 
voudrais,  322,  megare,  Colloque fr.  et  bref.,  Samt-Bneuc,  1878, 
p.  82,  etc.,  =^  me  caré,  Q.uiq.,  1690,  p.  45  ;  ha  chuic'hoantaë, 
désireriez-vous,  G.  B.  L,  I,  30,  me  raë,  je  ferais,  384,  raën^ 
coll.  Peng.,  I,  129,  e  kreten,  je  croirais,  II,  97,  etc.  Me  larve, 
je  dirais,  Rimou  50.  On  dit  en  Goello  ne  choulchen  ket,  je  ne 
voudrais  pas. 

Quelques  verbes  dont  le  radical  finit  en  v  et  dont  par  con- 
séquent le  conditionnel  est  régulièrement  en  -fen  pour  -vhen 
ont  dû  aider  à  la  propagation  de  cette  terminaison.  Ce  sont 
ceux  où  le  v  est  précédé  dune  voyelle  et  peut  quelquefois 
disparaître;  comme  aprou,  éprouver,  meaproufe,  j'éprouverais; 
cf.  moy.  br.  cond.  prouffe,  il  prouverait,  N  1509;  nemedot  a 
prouphc,  à  moins  que  tu  ne  prouves,  Cathell  16  ^  Le  vers  1567 

I .  Littéralement  «  si  ce  n'est  toi  qui  prouvât  »  ;  le  pronom  sujet  en  fran- 
çais se  trouve  complément  d'une  préposition  ;  cf.  nemedout  a  garfe,  à  moins 


Etudes  bretonnes.  481 

de  Sainte  Nonne  :  Ne  gallaf  proff  (mar)  en  touhe  «  je  ne  puis 
prouver;  s'il  le  jurait  »  n'a  sa  rime  intérieure  que  si  l'on  pro- 
nonce prou,  prouver,  ou  bien  tow/(?,  il  jurerait.  C'est  le  premier 
parti  qui  est  le  plus  probable.  L'expression  rimée,  commune 
en  trécorois,  me  doufe  hag  a  broufe,  j'en  jurerais  et  je  le  prou- 
verais, nous  montre  comment  des  associations  de  condi- 
tionnels en  -fen  et  en  -hen  ont  pu  aider  à  la  généralisation  de 
-fen. 

Cf.  Loth,  Rcv.  Celt.,  VII,  233  et  suiv.;  et  Mélusine,ÏV ,  496, 
où  il  faut  lire  «  débiteurs  »  au  lieu  de  «  créanciers  ». 

77.  La  combinaison  de  :(_  -\-  v  donne /aussi  bien  que  celle 
de  t'  +  ^-  On  a  donc  régulièrement  noujfen,  je  ne  saurais, 
Chai.  ms.  (v.  oiC),  =*gou:(-venn,  cf.  nouffehen,  id.  v.  mourir 
=  *gou^-vehen. 

La  combinaison  de  ces  deux  formes  donne  m'oufefe,  s'il 
savait,  G.  B.  L,  I,  520,  n'oufefac'h,  vous  ne  sauriez,  His- 
toariou,  19,  etc. 

Une  variante  remarquable  de  la  seconde,  par  aphérèse,  est  en 
vannetais  nefehen,  je  ne  saurais,  Chai,  ms,  v.  oti,  mourir,  prise, 
Livr  bug.  M.  39,  etc.;  y  p.  efehé,  24,  efehai,  Voy.  mist.  35, 
43,  nefehai,  126,  y>^.  fehemb,  112,  Bue  er  s.  74,  104,  2^  fehoh, 
4,  16,  20,  89,  féhoh,  Xn.,febeob,  Voy.  mist.,  9,  iio,  y  fehênt 
B.  er  s.,  35,  103  ;  e  fehér,  on  pourrait,  ^o,  febêr,  id.,  Livr  bug. 
M.^G.  Le  sens  propre  de  cette  dernière  forme  est  «  on  pourra  », 
mais  cf.  nouffer  quet,  on  ne  saurait.  Chai,  ms.,  v.  indicible 
(nouffet  quet,  v.  inflexible),  larein  a  reher,  on  dirait,  v.  voir 
(larcin  e  reher,  on  dira,  v.  on),  c  ueher,  on  serait,  v.  on,  c  vchcr, 
id.,  Voy.  mist.  106;  ecll  pé  vehairr,  comme  si  on  était,  l'A., 
Sup.,  V.  description;  hors  de  Vannes,  choarsin  reffer  ...  ma 
klefer,  on  rirait  si  on  entendait,  Pcng.,  II,  192,  et  à  l'impf. 
oair  bet,  on  fut,  Voy.  26,  litt.  «  on  avait  été  »,  Cf.  comique 
galser,  on  aurait  pu,  au  lieu  de  galsys. 


que  tu  ne  veuilles,  P.  m.  E.,  anc.  181,  nemedoc'h  a  g.,  308,  cf.  314,  337  ; 
német-hê  vé,  à  moins  qu'ils  ne  soient  (dangereux),  Dlsdéracion  ...  ar  roue, 
(1816),  Brest,  chez  P.  Anner,  p.  20;  mar  doc'h-hua-unan,  evidon  :(0  contant, 
si  vous  êtes  tous  d'accord,  j'y  consens,  Jac.  115,  proprement  «  pour  moi  est 
content  ».  Dans  evidon  me  a  ya,  pour  moi  je  vais,  138,  cf.  236,  on  pourrait 
aussi  bien  écrire  evidon-me. 


482  E.  Ernault. 

On  a  refait  aussi  sur  les  radicaux  courants  gou-,  goui-,  d'au- 
tres conditionnels:  ne  ouhèn,  je  ne  saurais,  Voy.  mist.  27,  43, 
53,  3^  p.  ouhai,  34,  60,  pi.  ouhemb,  4,  107,  2^  p.  ouheoh,  129; 
pêne  ouïeheoh  quel,  si  vous  ne  saviez  pas,  139,  niouife,  s'il 
savait,  G.  B.  L,  I,  310,  etc. 

78.  La  2*^  pers.  pi.  du  futur  est  la  plus  exposée  à  l'influence 
du  conditionnel  parce  que,  comme  ce  temps,  elle  est  carac- 
térisée par  un  /;.  Forme  non  composée  :  gouyehct,  vous  saurez, 
B.er  s.  36;  composée,  go ufef et,  G.  B.  L,  I,  522,  le  second/ 
est  emprunté  au  conditionnel.  Cette  terminaison  -fefet  a  passé 
à  d'autres  verbes,  dans  certaines  variétés  trécoroises  :  kar- 
féfet,  vous  voudrez.  Cf.  Rev.  Celt.,  V,  488. 

Une  forme  plus  fréquente  est  -féet  en  2  syll.  :  e  talc'hfeet, 
vous  tiendrez,  a  danfafeet,  vous  goûterez,  Histoariou,  21, 
her^feet,  vous  marcherez,  heuJfeet,  vous  suivrez,  i^;  na  gafeet, 
vous  ne  trouverez  pas,  25  ;  c'est  la  plus  usitée  en  petit  Tréguier. 
Je  crois  qu'elle  a  la  même  origine  que  -féfet,  et  représente  une 
extension  des  composés  de  véet,  vous  serez,  avec  changement 
de  ■yen /amené  surtout  par  l'influence  du  conditionnel.  Elle 
s'ajoute  même  à  des  verbes  contenant  déjà  une  fois  le  verbe 
être  :  ouvefeet,  vous  saurez. 

Une  troisième  forme,  très  fréquente,  de  cette  personne  est 
-fet  pour  -hef^  :  pa  guerfet,  quand  vous  voudrez,  Jac.  124,  a 
garfet,  Pev.  m.  Em.,  anc.  238.  Elle  se  trouve  dans  le  verbe 
être:  evit  ma  vefet,  pour  que  vous  soyez,  Histoariou,  238. 
Cf.  moy.  br.  queffet,  vous  trouverez. 

79.  On  dit  aussi  -fech:  givelfcc'h,  vous  verrez,  Baix-  Br., 
345,  iefech,  vous  irez,  246;  cf.  §  50. 

Cette  forme,  qui  est  identique  à  celle  du  conditionnel,  n'est 
pas  isolée  :  les  Bretons  échangent  parfois  les  deux  terminaisons 
-t  et  -ch,  dont  l'une  appartient  proprement  aux  temps  prin- 
cipaux, et  l'autre  aux  temps  secondaires.  Exemples  :  Dre  ma 
velen  pegernent  en  carriet,  comme  je  voyais  combien  vous  l'ai- 
miez, Jac.  50  (rime  et^,  pour  carriech;  inversement  hc  c'hon- 
fortech,  on  la  consolait,  Bar:^^.  Brei~,  167,  na  gasec'h,  on  n'en- 

I.  Arhiestet  et  guelhet,  J  144  b  ne  veulent  pas  dire  proprement  «  on 
verra  »,  mais  «  vous  verrez  ». 


Etudes  bretonnes.  483 

voyait,  398;  el  pe  xpuguchd,  comme  si  vous  portiez,  Chai. 
VIS,  V.  mer;  lavarjot,  vous  dîtes,  Jac.  127,  lavarjoch,  Moys. 
172,  larjoc'h,  ij^  ;  ma  vodc'hjot,  où  vous  lavâtes,  Pev.  m. 
Em.,  anc.  52,  et  la::^joch,  vous  tuâtes,  160; pa  lavarjoch  ...  c 
tigasjot,  quand  vous  dîtes  vous  envoyâtes,  Mo.  162,  ne  brisjot, 
vous  ne  daignâtes  pas,  rejot,  vous  fîtes,  et  promeljoc'h,  vous 
promîtes,  224,  rejoc'h,  Jac,  96.  etc.  La  terminaison  en  oc'h 
est  la  plus  ancienne  et  se  trouve  seule  en  moy.  bret.  :  fell- 
soch,  vous  vous  êtes  trompé,  B  249  ;  alors  -sot  était  du  sing,  : 
credsot,  tu  as  cru,  P  126,  guclsot,  tu  as  vu,  201.  En  breton 
moderne  Vo  de  la  2^  pers.  du  sing.  est  devenu  ou  :  leiisout, 
tu  lus,  Maunoir,  car:^oud,  tu  aimas,  resoud,  tu  fis,  Grég., 
Gram.  116;  au  pluriel  lensoch,  Maun.,  car::^oc'h,  resoc'h,  Grég.  ; 
Le  Gonidec  donne  au  sing.  kar:ioud,  harjoud^,  pi.  kar^ot, 
karjot,  et  M.  l'abbé  Hingant  mir~od,  mirjoch,  mirjod,  vous 
gardâtes. 

La  terminaison  -jot  a  assez  souvent  le  sens  indéfini  :  a  goljot, 
qu'on  perdit,  Jac.  115,  rojot,  on  donna,  Cantic  Judas,  6  ;  e 
tenjot,  on  tira,  Conf.  anc.  40,  cf.  35;  rejot,  on  fit,  Hist.  ar 
b.  Mi':^er,  6;  ne  vanqjot,  on  rie  manqua,  Guî:(iegue^  ar  h.  Ri- 
chard, 14,  ejot,  on  alla,  Fanch-Cos,  23,  cf.  25,  teujot,  on 
vint,  26,  etc.,  cf.  deusyot,  Rejî.  loi.  Ces  formes  remplacent 
la  désinence  -at  du  moyen  breton,  qui  s'est  perdue.  Hingant 
dit  que  le  prétérit  n'a  pas  d'indéfini,  sauf  dans  le  verbe  être  : 
é  oéd,  on  fut  ^  (Gram.,  183,  180);  le  P.  Grég.  tourne  par 
le  passif  composé  :  be':ia  ê  voilé  caret,  caret  a  voi'ié  great,  on  aima, 
Gram.  153  ;  Le  Gon.  emploie  dans  ce  sens  l'imparfait  :  kared, 
on  aimait,  on  aima.  Rojot,  on  donna,  a  été  fiiit  d'après  rojoc'h, 
vous  donnâtes,   selon  l'analogie  de  roet,   on  donnait,  roec'h, 


1 .  L'abbé  Perrot,  Manuel,  68,  donne  rejos  et  rejout,  tu  fis,  pi.  rejot.  Us 
de  rejos  est  imité  de  celui  des  temps  secondaires  (impf.  et  conditionnels), 
qui  paraît  avoir  supplanté  aussi  l'ancien  ^  du  présent,  en  vannetais  ;  cf.  sur- 
tout van.  ous,  tu  es,  ailleurs  out. 

2.  En  vannetais  e  oûet  veut  dire  on  était,  Chai,  ms,  v.  on.  La  Gram.  de 
Guillome,  p.  105-107,  n'admet  que  des  formes  indéfinies  en  r,  conseille 
même  de  dire  lai-et  von,  plutôt  que  larèt  e  hreér,  on  dira,  laret  vehé  que 
larèt  e  hrehér,  on  dirait,  et  veut  qu'on  remplace  «  on  était  »  par  «  ils 
étaient  »,  etc.  ;  mais  on  trouve  dont  a  ret,  on  venait,  Chai,  ms.,  gidlein  e 
rait,  on  voyait,  Voy.  mist.  55,  etc. 


484  E.  Ernaiilt. 

vous  donniez;  rofet,  on  donnerait,  rofec'h,  vous  donneriez; 
rojet,  on  aurait  donné,  on  donnerait  %  2^  pers.  pi.  rojech. 

La  term.  -joc'h  a  parfois  le  même  sens  :  e  c'hlefjoc'h,  on  l'en- 
tendit, Ar  chev.  Rolland,  Morlaix,  chez  Chevalier,  p.  2.  On 
trouve  encore  -:^eur,  -jeur,  d'après  le  présent  :  a  rêveur  ^,  on  fit, 
5«q  ar  s.,  311  ;  ma  teujeur,  si  bien  qu'on  vint,  Bue^Jos.,  anc. 
13  (nouv.  éd.  teujot). 

80.  Autres  variantes  de  la  2^  pers.  pi.  du  futur  avec /au 
lieu  de  h  : 

-fût,  pa  garfot,  quand  vous  voudrez,  Jac.  31,  a  guerfot, 
Jardin anam.,  13,  e yeffot,  vous  irez,  Jac.  56,  sonchfot,  vous  pen- 
serez, 20,  colfot,  vous  perdrez,  Moys.  254,  cf.  receffot,  vous  re- 
cevrez, Prep.  d'ar  m.  68,  Introd.  337  (=  recev-hot),  ne  varfot 
quet,  vous  ne  mourrez  pas,  Refl.  354,  ^  :^oucot,  vous  porterez, 
164,  pa  guerrot,  quand  vous  voudrez,  iiTwf.  ar  b.  Mi^.,  10, 
quemerrot,  vous  prendrez,  Rosera  381,  /^jj-o^,,  vous  laisserez, 
/nfr.  143,  wa  vellot,  que  vous  voyiez,  270. 

-foch:  quittafoc'h,  vous  quitterez,  Co//.  Peng.,  I,  45,  J;ow- 
/<?c7?,  vous  vous  arrêterez,  Moys.  183,  ne  golf  oc  h  qet,  vous  ne 
quitterez  pas,  180,  na  kemerfoch  (prenez  garde)  de  ne  pas 
prendre,  Peng.,  II,  m;  pa  garfoch  Pev.  m.  Em.,  anc.  275, 
gerfoc'h,<^6  ;  laqfoch,  vous  mettrez,  297,  kqfoc'h,  leqefoc'h, 
125,  etc.;  cf.  vihoc'h,  que  vous  soyez,   Gr.   Gram.,  128,  et 


1 .  Le  Gonidec  n'a  cette  forme  que  dans  vijed,  vied,  on  serait,  ajed,  on 
irait,  et  le  P.  Grég.  dans  caret  a  raiyéd,  on  eût  aimé  (caret  a  vihé  grat,  be^a  ê 
vihé  bet  caret,  id.;  be:{a  e^  carhèd,  caret  a  rahèd,  on  aimerait)  ;  M.  Hingant 
donne  karjed,  kar\ed,  on  aimerait  (karfed,  id.).  On  lit  via  vijet,  qu'on  fût, 
Histoariou,  214  ;  hon  trétjet  (vous  ne  pensiez  pas)  qu'on  nous  traiterait, 
Moys.  1)6,  ma  teujet  da  vouga  (j'ai  ordonné)  qu'on  étouffât,  166  (cf.  §  51); 
a  dlejet  da  garet,  qu'on  aurait  dû  aimer,  Jac.  5,  ar  brava  a  oufjet  dagavet.  le 
plus  beau  qu'on  pût  trouver,  82  ;  ma  adorjet  (pour)  qu'on  adorât,  P.  m.  E. 
anc.  6,  a  voiiijet  da  velct,  (le  plus  brave)  qu'on  eût  pu  voir,  157;  et  même 
neb  a  velchet,  on  eût  vu  (mélange  de  neb  a  veiche  et  de  a  velchet),  Kimiad  (Le 
Borgne),  p.  6,  moy.  br.  carset,  on  eût  aimé,  etc. 

2.  L'inf.  karédeur  «  être  aimé  »,  cité  dans  une  addition  à  la  Gram.  de 
Le  Gon.,  2^  éd.,  37,  et  dans  la  Gram.  dtBreurie^  Brei^,  1847,  p.  31,  provient 
sans  doute  d'une  méprise.  Kared  eur  veut  dire  «  on  est  aimé  »,  Gon.,  Gram., 
166,  2^  éd.,  54;  M.  de  la  Villemarqué  aura  pris  trop  à  la  lettre  Texpression 
«  le  verbe  kared  eur  »,  comme  nous  disons  «  le  verbe  sum  »  pour  «  le  verbe 
être  »,  en  latin.  C'est  ainsi  que  Quiquer,  éd.  1690,  p.  168,  traduit  «  y 
avoir  »  par  bea  eus,  qui  signifie  «  il  y  a  ». 


Etudes  bretonnes.  485 

pour  la  terminaison  caroch,  queroch,  vous  aimerez,  Grég., 
Grain.,  118,  reoc'h,  vous  ferez,  Troude,  \.  futur;  e  c'halloc'b, 
vous  pourrez,  Peng.,  I,  210,  keiiicroc'h,  vous  prendrez,  II,  m  ; 
vezpc'h,  vous  serez,  Jac.  31,  Moys.  154,  voch,  307,  Jac.  57, 
58,  ràncoch,  vous  devrez,  Moj'j-.  219;  lakcoch,  Can...  anhent- 
ouarn,  str.  7,  etc.  ^ 

Le  vannetais  a  la  forme  -hoh,  -ehoh,  intermédiaire  entre  -oc  h 
et  -foch;  mais  elle  a  le  sens  du  conditionnel  :  pe  vehoh,  si  vous 
étiez,  B.  er  s.,  47,  é  cas  ma  vehoh,  en  cas  que  .vous  soyez,  5, 
pe  vcnnehoh,  si  vous  vouliez,  etc.  Cf.  mar  harforc'h,  si  vous 
vouliez,  Peng.,  III,  163  ;  mar  deufoc'h,  si  vous  veniez,  II,  259; 
mar  veoc'h  (i  syll.)  kontant,  si  vous  êtes  content,  si  vous 
voulez  bien,  G.  B.  L,  I,  252.  Faut-il  identifier  ces  formes  au 
comique  ina  na  veugh,  pour  que  vous  ne  soyez  pas,  et  au  gall. 
pei  mynnezuch,  si  vous  voulez  ? 

81.  La  première  pers.  pi.  du  futur,  analogue  à  -feet,  est 
-feonip  :  awelfcomp,  nous  verrons,  Histoar.  194,  leinfeomp,  nous 
dînerons,  11,  cf.  veonip,  nous  serons,  233,  G.  B.  I.,  I,  178; 
en  petit  Trég.  karfeoni,  nous  aimerons,  etc.,  et  aussi  oiivefeom, 
nous  saurons. 

En  regard  de  -fot,  on  a  -fomp  :  rcjomp,  nous  ferons,  en 
1779,  Rev.  Celt.,  XI,  181  ;  laqcfomp,  nous  mettrons,  Pev.  m. 
Em.,  anc.  243,  ma  voefomp,  que  nous  sachions,  370;  en  em 
divertisfomp ,  nous  nous  divertirons,  MeuL  qiieg.  15  ;  pagarfomp, 
quand  nous  voudrons,  Moys.  163,  paguerfomp,  183,  ma  kousk- 
fomp,  que  nous  dormions,  G.  B.  L,  I,  254,  ma\  iefomp,  que 
nous  allions,  458,  naiefomp  ket,  nous  n'irons  pas,  366,  etc.,  cf. 
ken  vomp,  jusqu'à  ce  que  nous  soyons,  108  (moy.  br.  quef- 
fomp,  nous  trouverons,  de  qiiev-homp,  cf.  labourhomp,  nous 
travaillerons). 

De  même  à  la  3^  pers.  pi.  -font  :  refont,  ils  feront,  Pev.  m. 
Em.,  anc.  32,  e  vefont,  ils  seront,  Luc,  XII,  20,  trad.  de  Le- 


I .  Dans  ra  c'houioc'h,  sachez,  T.  Ger.,  67,  cette  terminaison  de  présent- 
prétérit  est  employée  comme  futur-subjonctif.  L'indicatif  fait  fonction  d'ira- 
pératif-subjonctif  dans  plich  gant  Doue  e  vise  deut  «  pleust  a  Dieu  qu'il  fust 
venu  »,  Maun.,  Did.  fr.-hr.,  c'est  encore  une  explication  possible  de  chom 
et  de  n'em  convertis,  Rev.  Celt.,  XI,  97,  100. 

Revue  Celtique,  XI  32 


486  E.  Ernault. 

coat;  na  oelfont  ket  (dites-leur)  de  ne  pas  pleurer,  G.  B.  I., 
I,  8,  etc.,  cf.  vont,  lisseront,  36. 

Il  y  a  aussi  -fitnp  :  lavarfimp,  nous  dirons,  Insiructionou 
christen,  Quimper,  1824,  p.  306;  errufinip,  nous  arriverons, 
Kanaoucnuoii,  Saint-Brieuc,  1842,  p.  94,  ma  ho  prallefiinp-ni, 
pour  que  nous  les  mettions  en  branle,  Bar:^.  Br.,  284^.  Cf. 
rcceffiinp,  nous  recevrons,  Introd.  238  =  recev-h-'unp ;  pa  var- 
fiiiip,  quand  nous  mourrons,  Iiislr.  var  ...  ar  Rosera,  par  Le 
Bris,  p.  337  (Javarrimp,  nous  dirons,  206,  ve:^:{iinp,  nous  se- 
rons, 444,  ma  toiiquimp,  que  nous  portions.  An  horolach  a 
hassion,  Le  Bris,  1725,  p.  19,  etc.  ;  Rev.  Celt.,  XI,  no)  et  à 
la  3"'  pcrs.  -fini,  -Joint ,  -foink  :  dispignfint ,  ils  dépenseront,  Ins- 
tructionou,  137;  sellfoïnk,  ils  regarderont,  Quellien,  170;  nal- 
foint,  ils  ne  pourront,  Y.  Hernot,  Kelenmuiuir~,  chez  H.  Man- 
ger, p.  5  ;  ma  tcu  Joint,  qu'ils  viendront,  Guill.  181 5,  p.  7, 
cf.  voint,  Sj  (ye:(oïnt,  ^^,ve^int,  ')0);petoïnt,  qu'ils  prient,  97; 
pa  garrint,  Refl.  269,  mavellint,  399;  ve:(:^int,  130,  etc.  Le 
rapport  de  -font  à  -foint  a  été  imité  au  prétérit  :  klcojoink,  ils 
entendirent,  Peng.,TV,  15. 

L'/  a  pénétré  aussi  la  forme  indéfinie  :  ma  vclfor,  où  on 
verra,  P.  m.  Em.,  anc.  201,  m'o  banavefer,  pour  qu'on  les  re- 
connaisse, 231,  c  teiifcr,  296,  e  c'houlenfer,  on  demandera, 
Luc,  XII,  48,  Lecoat,  cf.  moy.  br.  achifJjcr,  achcjheur,  on 
achèvera;  c  c'hanavcssor,  on  connaîtra.  Mis  mae,  1836,  p.  406, 
vihor,  vior,  on  sera,  §  11,  etc.  -. 

Le  singulier,  au  contraire,  ne  présente  1/  que  dans  les  com- 

1 .  Pour  Ve  ajouté,  cf,  §  49,  50,  et  rankcfet,  vous  devrez,  Kiviiad  (de 
Proux),  v^  Goftic,  I,  =  reiiJ>:fct-l}u,  Bomhard  Kerne,  16;  ejotcfe  din,  je  vou- 
drais, 0)ans.  .  .  .  var  .  .  .  ar  hreiel,  par  L.  ar  Pouenot,  de  Gourin,  chez  J. 
Haslé,  p.  3.  La  même  addition  a  lieu  parfois  dans  les  formes  sans/;  e  var- 
wehei,  tu  mourras,  Livr  et  lab.,  32,  e  gaveo,  il  trouvera,  etc.,  Ikv.  Celt., 
XI,  186,  187;  caveot,  vous  trouverez,  Devocion  d'ar  g.  s.,  Saint-Brieuc, 
18)  1,  p.  143,  revuseot,  vous  refuserez,  149,  na  hermeteot,  146,  etc.;  lîovie- 
reouint,  ils  prendront,  Mêlusine,  III,  477. 

2.  La  terminaison  -or  devient  donc,  par  diverses  analogies,  -hor,  -for  et 
-yor  (§  10,  fin)  Cette  dernière  forme  est  rare,  tandis  que  l'actif  -yo  est  des 
plus  fréquents  et  tend  même  à  élargir  ses  limites  rigoureuses  (aiiooio,  ilces- 
sera,  Ar  fei:^hag  ar  vro,  240,  au  lieu  de  ar^avo,  cf.  hanoiou  et  Jmiivou,  noms). 
Régulièrement,  -or  s'ajoute  au  même  radical  que  le  suffixe  -cr  du  présent: 
reor,  on  fera,  cor,  on  ira,  Gr.  v.  on;  coveçiaor,  on  se  confessera,  v.  devant, 
ne  :{iioloor,  on  ne  découvrira,  v.  cacher,  etc. 


Etudes  bretonnes.  487 

posés  du  verbe  être:  e  oufei,  je  saurai,  Histoar.  190;  m  difou, 
il  aura,  24,  233,  goujco,  il  saura,  Quellien,  86,  etc.  On  lit 
pourtant  raparfo,  il  réparera  (ou  réparerait),  Peiig.,  IV,  97. 

82.  Il  y  a  des  cas  où  l'on  peut  remplacer  le  conditionnel 
par  l'imparfliit  :  ma  oann  chomuict,  si  j'étais  resté,  G.  B.  I.,  I, 
190,  =  ma  vijenn  bet  chommet,  ibid.;  ma  oufcnn  ...  oann  et,  si 
je  savais,  j'irais  (litt.  si  je  saurais,  j'étais  allé), .  G.  B.  I.,  I, 
164;  penamet  out  ...  'moa,  n'était  que  tu  es  ...  j'aurais,  6G; 
m'am  bije  ...  na  oac'h  ht  hct,  si  j'avais  ...  nous  n'auriez  pas 
été,  II,  22  ;  ma  vijtiit  ganin  brcinan  me  m  boa  ho  briated,  si  je 
les  avais  maintenant,  je  les  embrasserais,  I,  360;  panamet  res- 
pecti  ...  am  boa,  si  je  ne  respectais  ...  j'aurais  (déjà),  200;  ma 
karjach  bout  laret  ...  Jjo  poa,  si  vous  aviez  voulu  dire  ...  vous 
auriez  (sauvé  votre  vie),  466;  ma  vijenn  ...  n'  poa  ht,  si 
j'étais  ...  vous  n'auriez  pas,  414.  Il  en  est  de  même  en  fran- 
çais :  «  Si  la  noblesse  eût  accepté,  le  Tiers  restait  seul  contre 
deux  »,  Michelet  ^ 

On  comprend  donc  que  en  dcfe,  il  aurait,  ait  fait  donner  à 
en  devoa,  il  avait,  il  aurait,  une  variante  en  defoa  ;  de  même 
dlefoa,  il  devait,  il  devrait,  etc.  (§  60). 

D'un  autre  côté,  l'imparfait  touche  au  prétérit,  dans  le 
verbe  être  ;  en  defoa  a  amené  en  defoe,  il  eut,  à  côté  de  en  devoe. 

Le  changement  de  v  en  /  a  lieu,  du  reste,  assez  souvent, 
dans  le  simple  voa,  il  était,  voe,  il  fut,  etc.,  et  aussi  ve,  Userait, 
sous  l'influence  de  la  particule  e  pour  e^. 

E.  Ernault. 


I .  Cf.  Grammaire  de  la  langue  française  d'après  de  nouveaux  principes 
concernant  les  temps  des  verbes  et  leur  emploi,  par  le  D^  I  -M.  Rabbi- 
nowicz,  Paris,  1886,  p.  120.  Je  doute  qu'on  dise  comme  l'indique  l'auteur 
«  si  j'eusse  eu  le  livre,  je  l'avais  lu  »,  phrase  plus  bretonne  que  française. 
D'après  ses  propres  exemples  (note  3),  il  faudrait  «  je  le  lisais  ».  Cf.  «  S'il 
(Napoléon  l")  eût  enlevé  Saint-Jean  d'Acre,  ...  il  opérait  une  révolution 
dans  l'Orient  »  Mémorial  de  S^'^-Hêlciie,  II,  438. 


MÉLANGES 


I. 

LES  NOMS  DE  LIEU  GAULOIS  EN  FRANCE 
DANS  LE  ROUSSILLON 

M.  B,  Alart,  archiviste  du  département  des  Pyrénées- 
Orientales,  a  fait  paraître  en  1880,  sous  le  titre  de  Cartulaire 
Rous  sillonnai  s,  un  recueil  de  quatre-vingt-dix  chartes,  la  plus 
ancienne  de  865  et  la  plus  récente  de  1106.  Les  noms 
d'hommes  masculins  gothiques  faibles  en  -a,  -ane  comme 
Atila,  Dadila,  Oliha,  Sindila,  Fiva~a,  Fiti:(a,  donnent  à  ces 
documents  une  sorte  de  goût  de  terroir  qui  les  distingue  des 
textes  plus  septentrionaux  où  domine  la  désinence  mascuHne 
franque  -0,  -one. 

Un  autre  caractère  des  régions  méridionales  de  la  Gaule  se 
retrouve  ici  :  la  rareté  des  noms  de  lieu  en  -acus  ;  nous  n'en 
avons  remarqué  que  trois  :  i}i  Carriago,  in  Erbisago  dans 
une  charte  de  l'armée  1024^;  Fulpiliago  en  1067  2.  Carriago 
suppose  un  gentilice  Carrius  variante  de  Carius  bien  connu. 
Cette  variante  nous  est  ofierte  avec  emploi  de  cognomen  dans 
l'Italie  du  nord,  par  l'épitaphe  Valeriae  T[iti]  f[ihae]  Carriaeî. 
Erbisiago  dérive  d'un  gentilice  Erbessius  dérivé  d'Erbessus^ 
nom  d'une  ville  de  Sicile.  Ce  gentilice  est  attesté  par  le  nom 


1.  p.  44-45. 

2.  p.  71. 

3.  C.  /.  L.,  V,  2459-  ,      .  , 

4.  'Epôsaad;,    'Epossao;,    'EpÔTiuao';,    "EpêTjao;,    De-Vit,    Onomasticon, 
t.  III,  p.  343. 


Mélanges.  s  489 

d'Herbisse  (Aube)  au  xii^  siècle  Erbicia^.  Vulpiliago  dérive 
d'un  gentilice  *Vulpilius  dérivé  de  vuJpcs  «  renard  ». 

Les  noms  de  lieu  en  -anus  apparaissent  en  beaucoup  plus 
grand  nombre  que  ceux  en  -acus.  Tels  sont  Aguliana  (p,  7), 
Albinianus  (p.  8),  Aurelianus  (p.  81)  avec  la  variante  gra- 
phique Orelianus  (p.  75),  Corndianus  (p.  46,  47,  77,  114, 
121,  124),  Faulianus  (p.  32)  avec  la  variante  Folianus 
(p.  55,  72,  79),  Lupianus  (p.  24,  48),  Pccilianus  (p.  118, 
121,  128),  Pedilianus  (p.  30)  pour  Petilianus,  Porcinianus 
(p.  43),  Santianus  (p.  71),  Taurinianus  (p.  56).  Ces  noms  en 
-anus  ne  peuvent  se  reconnaître  dans  la  langue  moderne 
qu'avec  une  attention  particulière,  car  aujourd'hui  Vu  est 
tombé  et  la  finale  primitive  ne  se  distingue  que  par  l'accen- 
tuation de  l'a  :  Cornellià  de  Cornelianus,  Fulhà  de 
Folianus,  etc. 

Les  noms  en  -anus  que  nous  venons  de  donner  sont  au 
nombre  de  onze  contre  trois  en  -ciga,  -agus  ipouv-aca,  -acus. 
Il  nous  reste  à  en  citer  un  douzième  qui  nous  semble  le  plus 
intéressant. 

Il  nous  est  conservé  par  une  charte  de  l'année  1066.  C'est 
Sego-dannianus  :  de  villa  Segodanniano  (p.  69),  aujourd'hui 
Serdynià  (Pyrénées-Orientales).  Il  dérive  d'un  gentilice  Sego- 
dannius  dérivé  lui-même  du  nom  gaulois  Sego-danno-s. 
Sego-danno-s  est  composé  de  deux  éléments  bien  connus. 

Le  premier  terme,  sego-,  qui  désigne  «  l'acte  d'atteindre  et 
de  vaincre  »,  existe  dans  les  composés  Sego-vesus,  mentionné 
par  Tite  Live  et  par  une  inscription  d'Espagne,  et  dans  le 
nom  de  peuple  Sego-vellauni,  dans  les  noms  de  villes  Sego- 
bodiuni,  Sego-hriga,  Sego-dunum,  Sego-rigium,  etc. 

Le  second  terme  danno-  se  reconnaît  dans  le  cognomen 
Dannus  conservé  par  une  inscription  de  la  Prusse  rhénane^. 
On  trouve  aussi  damio-  comme  premier  terme  dans  plusieurs 
composés.  Nous  citerons  Danno-marus  à  Nîmes  3  et 
Danno-talo-s  dans  l'inscription  gauloise  d'Alise  Sainte-Reine, 

1.  Boutiot  et  Socard,  Dictionnaire  topographique  de  l'Aube,  p.  76. 

2.  Brambach,  754. 
^.C.I.L.,  XII,  3884. 


490  Mélanges. 

Côte-d'Or'  ;  le  féminin  Dano-tala  pour  Danno-tala  a  été 
relevé  dans  une  inscription  de  Saint-Privat,  Gard.  Tout  le 
monde  sait  que  ce  même  nom  écrit  en  caractères  étrusques, 
Tanotalos,  se  trouve  en  Italie  dans  l'inscription  gauloise  de 
Briona  près  Novare-.  Le  thème  danno-  a  donné  un  dérivé 
Dannius.  On  a  relevé  à  Saint-Jean-en-Royans  (Drôme)  une 
dédicace  à  Mercure  par  Dannia  Martinaî.  Ici  Dannia  est 
un  gentilice.  Le  masculin  Danius,  variante  de  Dannius,  est 
encore  un  gentilice  dans  une  inscription  de  Borgo  S.  Dalmazo, 
Piémont,  province  de  Cuneo  4, 

Le  gentilice  Dannius  confirme  l'existence  du  gentilice 
Sego-dannius  que  nous  concluons  du  dérivé  Segodannianus, 
aujourd'hui  Serdinyà,  Pyrénées-Orientales. 

On  peut  admettre  que  dànnio-s  a  été  en  gaulois  une  va- 
riante de  dânio-s ;  dânio-s  serait  identique  au  moyen  irlandais 
dâna  =  dâne  =  dânio-s  «  audacieux,  hardi  )■>>.  Sego- 
dannio-s  aurait  signifié  en  gaulois  «  hardi  dans  l'attaque  victo- 
rieuse »,  «  dans  la  victoire  ». 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 

II. 

SAINT  BRANWALATR 

Saint  Branwalatr,  honoré  à  Jersey  sous  le  nom  de  Saint 
Brelade,  dans  l'évèché  de  Dol  sous  celui  de  Saint  Broladre, 
a  aussi  donné  son  nom  à  Loc-Brevalaire  (J.  Loth,  Les  ancicjines 
litanies  des  saints  de  Bretagne,  Revue  Celt.,  XI,  139).  Il  n'est 
pas  autrement  connu.  Je  relève  son  nom  dans  une  pubhcation 
récente:  Die  Heiligen  Englands,  von  Liebermann,  Hannover, 


1.  Lejay,  Inscriptions  antiques  de  la  Côte-d'Or,  p.  18. 

2.  C.  I.  L.,  t.  V,  p.  719.  Whitley  Stokes  dans  Beitràge  7ur  Ktinde  der 
indogermanischen  Sprachen,  t.  XI,  p.  116. 

3.  C.  I.  L.,  XII,  2215. 

4.  C.  I.  L.,  V,  7850. 

5.  Le  génitif  de  dâna  est  dàni,  ddnai,  Whitley  Stokes,  On   the  Calendar 
of  Oengus,  p .  CCXL. 


Mélanges.  49 1 

1889.  C'est  la  réédition  d'un  opuscule  sur  les  saints  anglo- 
saxons,  composé,  au  moins  pour  la  partie  qui  m'intéresse  ici, 
au  xi^  siècle.  L'auteur  met  en  regard  de  la  version  latine  deux 
versions  anglo-saxonnes,  désignées  l'une  par  la  lettre  C,  l'autre 
par  S. 

C  est  un  manuscrit  du  Corpus  Christi  Collège  de  Cambridge, 
n°20i4  p.  147-15 1,  écrit  entre  1050  et  1075.  S  de  la  collec- 
tion Stowe  du  British  Musaeum,  n°96o  ^°,  f.  58,  a  été  écrit  au 
commencement  du  xi^  siècle.  Les  seuls  saints  bretons  men- 
tionnés sont  saint  Melorius  enterré  à  Ambresbyrig  (Amesbury, 
Wilts)  ;  saint  Congarus  enterré  à  Cungresbyrig  (Congresbury)  ; 
saint  Petrocus,  enterré  près  du  bras  de  mer  de  Hcegehniitha 
(Eglemouth  ;  Petroc  a  été  enterré  à  Padstow,  Cornwal);  saint 
Judoc  enterré  avec  Grimbald  à  Niweminster  (Newminster  à 
Winchester);  enfin  saint  Braiviualatr  à  Middeltun  (Milton). 
Pour  les  sources  des  vies  de  saint  Meloir,  saint  ludoc,  saint 
Petroc,  V.  J.  Loth,  L'émigration  bretonne,  app.  ;  cf.  Hardy, 
Descriptive  catalogue,  vol.  I,  p.  art.  L  Petroc  a  laissé  son  nom  à 
plusieurs  lieux  en  Armorique,  notamment  à  Saint- Perreux ; 
Meloir  également,  mais  ce  saint  a  dû  être  confondu  avec  un 
autre  saint  breton  insulaire,  ou  plutôt  sa  légende  insulaire  est 
entièrement  fabuleuse.  Saint  Congar  a  donné  son  nom  à 
Saint-Congar,  Morbihan.  Grimbald  est  un  moine  de  Saint- 
Bertin  appelé  par  Alfred  le  Grand;  il  devint  abbé  de  Newmins- 
ter à  Winchester  et  mourut  vers  903  (Hardy,  Descript.  Catal., 
\,  p.  II).  C'est  lui  qui  a  dû  apporter  à  Winchester  une  partie 
des  reliques  de  Saint  ludoc,  lesquelles,  suivant  des  documents 
respectables,  seraient  partie  à  Saint-Martin  de  Parnes,  en 
Vexin,  près  de  Magni  ;  partie  à  Saint-Josse,  à  l'embouchure 
de  laCanche (Dom  Lobineau,  Vies  des  Saints). ludoc alaissé son 
nom  à  Lohuxec  en  Plougras,  évêché  de  Tréguier,  écrit  aussi 
Loc-Judet,  lisez  Loc-Judoc.  Pour  saint  Branivalatr,  la  version 
latine  porte  simplement  :  Sanctus  que  Braniualator  episcopus 
in  loco  qui  dicitur  Mideltune.  —  C  est  plus  explicite  :  Thonne 
is  on  Middeltune  sancte  Brangwalatoris  héafod,  biscopes,  and 
smcti  Sanisones  earm,  biscopes  and  bis  cricc  :  «  Est  à  Milton  le 
chef  de  saint  Brangwalator,  évèque,  et  le  bras  de  saint  Samson 
évêque,    ainsi  que  sa  crosse.  «  S  dit  simplement  que  sanctus 


492  Mélanges. 

Branwalatrus  repose  au  monastère  de  Mil  ton,  et  ne  men- 
tionne pas  saint  Samson.  Il  est  assez  probable  que  les  reliques 
de  Branwalatr  ont  été  apportées  en  Angleterre  par  les  moines 
armoricains  fuyant  les  Normands  au  x^  siècle.  Athelstan  était 
très  friand  de  pareils  cadeaux.  La  lettre  du  préposé  à  l'évèché 
de  Dol,  Rohbodus,  à  Athelstan  en  l'absence  de  l'archevêque, 
est  très  instructive  à  ce  point  de  vue.  Il  invoque  sa  protection 
et  lui  expédie  les  reliques  de  :  Sancti  Scnaîoris,  sancii  Paterni 
et  du  maître  de  ce  dernier  Sancti  Scubilionis  (Migne,  Patrologie 
ij<^,  p.  1106).  Branwalatr  a  été  probablement  évêque  de  Dol. 

J.  LoTH. 

m. 

LA  CONVERSION  DE  MAELSUTHAIN 

La  pièce  qui  occupe  le  fol.  44  v°  du  mss.  fonds  Celtique 
n°  I,  et  qui  a  été  publiée  d'après  un  autre  mss.  par  O'Curry, 
Mss.  Materials,  p.  529-531,  avec  une  traduction,  p.  77-79;, 
contient  un  récit  légendaire  concernant  Mael-suthain,  Httéra- 
lement  «  Esclave  de  l'Eternel  »^,  confesseur,  ou  directeur  de 
conscience  du  célèbre  roi  d'Irlande  Brian  Boroimhe  au  com- 
mencement du  onzième  siècle.  Cet  ecclésiastique  était  peu 
recommandable  :  professeur,  il  interpolait  les  canons  ;  prêtre  il 
avait  de  mauvaises  mœurs,  et  il  ne  récitait  jamais  l'hymne 
Altus.  Trois  ans  et  demi  avant  sa  mort  une  apparition  mer- 
veilleuse amena  sa  conversion.  Suivant  le  texte  publié  par 
O'Curry  voici  en  quoi  cette  conversion  consista  :  Maelsuthain 
cessa  d'interpoler  les  canons,  il  s'imposa  la  règle  de  faire  cent 
génuflexions  par  jour,  de  chanter  l'hymne  Altus  sept  fois 
chaque  nuit,  de  jeûner  trois  fois  par  semaine:  on  ne  voit  pas 
qu'il  ait  changé  de  moeurs.  Mais  le  ms.  de  Paris  nous  apprend 
qu'il  y  a  une  lacune  dans  le  texte  d'O'Curry:  Maelsuthain 
résolut  de  ne  former  de  liaison  avec  aucune  femme  mariée  tant 


I.  En  traduisant  son  nom  par  Calvus  Pcrennis,   Maelsuthain  a  commis 
n  contresens.  Voyez  Mss.  Materials,  p.  653-654. 


Mélanges.  49  5 

qu'il  vivrait^  et  de  chanter  tous  les  jours  le  psautier  en  entier*. 
«  Ni  coimrec  fri  mnâi  ihir,  cen-ber  béo;  gebat  dono  saltair 
cech  lâi  ».  (Fonds  celtique  n°  i,  fol.  44  v°,  col.  2,  ligue  29-30). 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


IV. 

LOANWORDS  IN  EARLY  IRISH 

The  loanwords  collected  in  the  following  lists  hâve  not, 
as  far  asi  know,  been  noticed  before.  They  will  serve  a  three- 
fold  purpose,  as  witnesses  to  the  extent  and  character  of  fo- 
reign  influence  on  Irish,  as  illustrations  of  phonetic  laws, 
and  as  contributions  to  Irish  lexicography. 

I.  From  old  norse. 

ârmann  m.  officer.  Ace.  armand  an  dûin,  FM.  riyo,  p.  1176. 
Plur.  Nom.  armainn  .i.  oificcigh,  O'Cl.  From  ârmami,  the 
oblique  form  oiàrmadhr  «  steward  ». 

canarad  boats  :  is  annsin  ro  gabustar  an  laechrad  sin  a  lesugud 
a  long  7  a  luathglanad  a  laigeang  7  a  niamadh  a  naitheadh 
7  a  dubadh  a  m-barc^  7  a  picead  a  primlong  7  a  cearta- 
chad  a  canarad,  Stowe  D,  4.  2,  fo.  66^,  i.  Evidently  a  col- 
lective formed  from  *cana,  Dan.  kane.  For  the  formation 
cf.  cumarad  sorroius,  from  cuma  :  intan  dobatar  fon  cu- 
maraidh  sin,  Stowe  D.  4.  2,  fo.  51'*,  2. 

cnar  m.  a  ship.  Collective  :  re  cnarradhaibh,  Moy  Leana 
p.  48  1.  6.  From  hiôrr  m.  «  a  mercantile  vessel  ». 

callaire  m.  a  crier,  herald.  Gen.  guth  in  challari,  LBr.  134  a,  51. 
tre  guth  collaire  no  m.x^ir,  H.  2.  17,  p.  400^'.  Plur. 
callaireda,  LBr.  133'',  55.  ¥rom  kallari. 

est  a  horse.  adastar  .i.  comsuidiugh[ud]  o  ilrannaib  fil  ann 
.i.  adh  7  est  7  or  .i.  adh  doni  iss  adus,  est  .i.  ech  7  or  .i. 
mogg  .i.  comad  si  in  mong-  in  e[i]ch  seachus  im  a  cend 
«  adastar  »  «  halter  »,  i.  e.  a  compound  of  many  parts  is 

I.  MS.  andbarc.  2.  MS.  moing 


494  Mélanges. 

therein,  viz.  adh  and  est  and  or,  viz.  adh  from  adus  «  fit  w'', 

est  «  horse  »,  and  or  «  mane  »,  viz.  it  is  the  mane  of  the 

horse    that    passes    round   his    head,    H. 3.    18,    p.    64  a. 

From  hestr. 
mangaire   m,   a   ynongcr,    trader.    O'R.   Hence   mangairecht, 

LL.  38a,  27.   From  mani^ari. 
marggf.  march,  boundary.  Dat.  for  mairgLagen,  LL.  222  a,  53. 

Gen.  dolluid  co  Temraig  margi  «  he  went  to  Tara  of  the 

march  »,  LL.  202''.  From  mork  f. 
margg  f,  a  mark  of  money .  lx.  marg  d'airgead  bruinnti  «  sixty 

marks   of  smelted  silver   »,    Tigern.   A.    D.    1156.    From 

77iôrk  f. 
marggad    m.    marhet.    See   Tog.    Tr.    Lid.    môrmargad    gl. 

nundinae,  Ir.  GL  327.  From  marhadhr. 
mattal    m.    a    mantJe.   Nom.    mattal  cethirbennach  corccra, 

LBr.  148  a,  37.  a  mattal  fillte,  ib.  41.  Plur.  deich  matail, 

Hy  Many,  p.  92.  From  mottull  m. 
Northmann  a  Nori^egian.  LL.  171'',  49.  From  Nordhinadhr. 
Viskavkiwl  ftsber-carl .  co  dunud  na  Piscarcarla,   LL   172%   5. 

For  fiska-harl.  p  for/  as  in  the  proper  name  Plat  =  O.  N. 

Flatrport  =  Fr.  fort,  ph'ir  =  Engl.  flour,  mod.  conipôrtach 

=  comjor table,  etc. 
sadall    m.    a    saddle.    Nom.    sadall    mx^thla     for    a    muin, 

LBr.  217  c,  52.  Dat.  cona  saduU  blongi  «  with  his  saddle 

of  lard  »,    ib.    218^,  6.    Plur.    Gen.    coica    sadall    corcra, 

LL  253  a.  Vi'om  sôd  bu  II  m. 
sceir  f.  a  sbarp  roc'k  in  tbc  sca.  O'R.  From  sker  n.  Gen.  skerja. 
Sciggire  //a'  Faroe   islanders.    LL.   172a,    5.    From  the  Plur. 

skcggjar.  See  Clcasby-  Vigf.  s.  v.  skeggi. 
scut  m.  //;('  stcni.  Plur.  Gen.  freagartha  na  dtonn  ag  agallmhadh 

nasgûd  agas  na  sgiamhthosach  «  the  responses  of  the  waves 

conversing   with    the   sterns    and   the    beautiful   prows  », 

Moy  Leana  p.  44,  1.  34.  From  skidr  m. 
scùta  f.    a  cutter.    Plur.    Nom.    a  sgùdadha  sleamhna,  Moy 

Leana  p.  44,  1.  24.  From  sknta  f.  «  a  small  craft  or  cutter  ». 


I.  Cf.  aJas  gl.  non  sine  rationc,  Sg.i6  a.  bid  adas  dait,    LU.  67a,   56. 
adhas  .i.  maith,  O'Cl   W   addas. 


Mélanges.  49  ji 

sniding  m.  a  villain.  Cog.  G.  G.  p.  174,  1.  22.  From  nîdhingr 

with  prosthetic  s.  This  identification  is  due  to  Stokes. 
stag  the  stay  of  a  ship.  Cath  Finntr.  50.  From  stag  n. 
simiT {.ahelm,  rudder.  Moy  Leana,  p.  86,  1.  7,  Hence stiûraim 

/  steer,  direct,  Atkinson  Ho  m.  Ind.  From  styri  n. 
stôl  m.  a  stool.  Nom.   oenstôl  becc,  LBr.   134b,    25.  enstol 

bec  cruind  for  Idr  in  tigi,  ib.  134  a,  42.  From  stôll  m. 
topp    m.    tuft,    crest.    métigthir   tri    rigtecli   for    lasad    cech 

topp  tened  ticced  esti  (of  a  cornet),  LBr.   152  a,  25.  From 

toppr  m. 

Kuno  Meyer. 

V. 

SUR  UN  PASSAGE  DU  MABINOGI  DE  KULHWCH 
ET  OLWEN 

Le  père  de  Kulhwch  conseille  à  son  fils,  pour  faciliter  son 
mariage  avec  Olwen,  d'aller  trouver  son  cousin  Arthur,  et  de  lui 
demander  de  lui  couper  les  cheveux  (Mabinog.,  éd.  Rhys-Evans, 
p.  102,  1.  II).  A  ce  propos,  lady  gharlotte  Guest  fait  remar- 
quer, d'après  la  Cychpaedia  de  Rees,  que  la  coutume  au 
VIII*  siècle  encore,  dans  les  familles  de  marque,  était  de  faire 
couper  pour  lapremière  fois  les  cheveux  de  leurs  enfants  par  des 
personnes  qu'elles  avaient  en  estime  particulière:  ces  personnes 
devenaient  comme  les  pères  spirituels  ou  parrains  desenfanis. 
g'est  ainsi  que  gonstantin  envoya  au  pape  les  cheveux  de  son 
fils  Héraclius,  comme  un  gage  qu'il  désirait  faire  de  lui,  pour 
FleracHus,  un  père  adoptif.  Dans  ma  traduction  des  Mahin.,  I, 
p.  190,  note  4,  j'ai  prouvé  par  un  curieux  exemple  que  cette 
opération  n'était  pas  destinée  dans  l'origine  à  faire  d'un  enfant 
un  fils  spirituel,  mais  qu'elle  était  réservée  au  père  ou  aux 
parents  ou  plus  exactement  au  père  réel  ou  au  père  adoptif. 
get  exemple  est  tiré  de  Nennius.  Guortigern  ayant  eu  un 
fils  de  sa  propre  fille,  la  pousse  à  aller  porter  l'enfant  à  Ger- 
main, en  disant  qu'il  était  l'enfant  du  saint  évêque.  Germain 
dit  à  l'enfant  :  Paler  tibiero,  necte permittain  iiisi  novacula  cumfor- 
cipe  et  pectine  detur,  et  ad  patron  tuiini  carnaleni  tibi  dare  liceat. 
L'enflmt  va  droit  à  Guortigern  et  lui  dit  :  «  Pater  meus  es  tu, 


496  Mélanges. 

caput  meum  tonde,  et  comam  capitis  mei  pecte  ÇHistor.,  XXXIX). 
Le  même  usage  a  existé  chez  les  Germains.  Lamprecht  {Etudes 

économiques  sur  l'élat  de  la  France  pendant  la  première  partie  du 
moyen  âge,  trad.  Marignan,  p.  49),  s'appuyant  sur  divers 
textes,  établit  que  «  che'^  les  Francs  la  chevelure  était  l'ex- 
pression symbolique  de  la  miriorité:  aussi  était-il  besoin  pour  les 
couper  du  consentement  des  parents.  »  C'était  le  signe  de 
l'adoption  (Wackernagel,  Kleine  Schriften,  I,  14).  Couper 
les  cheveux  d'une  jeune  fille,  ajoute  Lamprecht,  constituait 
un  délit  sévèrement  puni.  Elle  ne  les  coupait  qu'au  moment 
de  son  mariage. 

J.   LOTH. 

VL 

VICUS  ARTIACUS 

EN   ITALIE  PRÈS  DE  VERONE 

A  la  nomenclature  des  noms  de  lieu  dont  la  forme  primitive 
est  Artiacus  ou  Artiaca  et  qui  sont  cités  dans  la  Revue  Celti- 
que, t.  X,  p.  161-162,  on  peut  ajouter  le  vicus  Artiacus 
mentionné  en  737,  dans  une  charte  de  l'église  Saint-Zénon 
de  Vérone.  Cette  charte  a  été  publiée  par  Maffei,  Verona 
illustrata,  1732,  édition  in-4°,  t.  I,  preuves,  p.  46. 

H.    D'A.    DE  J. 


CORRESPONDANCE 


Saint-Germain,  29  Juillet  1890. 

Cher  maître, 

Voici  une  petite  nouvelle  pour  votre  chronique.  La  Revue 
celtique  (t.  II,  p.  285)  a  annoncé  la  découverte  en  Asie 
Mineure  d'une  inscription  relative  à  Brogitaros  tétrarque  des 
Galates  Trocmes  (cf.  van  Geldern,  p.  254).  J'ai  fait  venir  un 
très  bon  estampage  de  ce  texte,  actuellement  encastré  dans  le 
mur  d'une  mosquée  à  Guzel-Hissar  en  Eolide,  entre  Cymé  et 
Myrina,  et  notre  atelier  en  a  tiré  un  moulage  qui  est  exposé 
depuis  peu  (salle  des  Galates). 

Autre  chose.  En  réponse  à  ma  lettre  du  22  février,  vous 
avez  écrit  (Revue  celtique,  t.  XI,  p.  227)  :  «  Si  le  passage  de 
César  (VI,  17)  avait  été  présent  à  la  mémoire  de  M.  Fustel  de 
Coulanges,  c'est  avec  le  sens  de  statue  que  le  mot  de  simulacra 
se  serait  présenté  à  son  esprit.   » 

J'avais  soutenu  le  contraire,  mais  d'instinct  seulement  ;  en 
vérité,  comme  l'a  dit  quelque  part  Letronne,  je  n'en  savais 
rien,  mais  j'en  étais  sûr.  Or,  en  lisant  la  collection  de  la 
Revue  celtique,  je  suis  tombé  (t.  IV,  p.  49)  sur  un  passage  d'un 
article  de  Fustel  où  ce  savant  cite  le  texte  de  César  (VI,  17) 
et  ajoute  :  «  Il  est  vrai  que  le  mot  simulacrum  ne  désigne  pas 
toujours  formellement  une  statue.  »  Cette  observation  est  le 
point  de  départ  de  toute  la  théorie  que  je  vous  ai  soumise  et 
à  laquelle  vous  avez  paru  donner  votre  approbation.  Ainsi, 
non  seulement  Fustel  n'ignorait  pas  le  passage  de  César,  mais 
il  avait  des  doutes  légitimes,  qui  sont  allés  en  s'accentuant, 
sur  l'interprétation  traditionnelle  donnée  au  mot  principal  de 
ce  texte. 

Respectueusement  à  vous, 

Salomon  Rbinach. 


CHRONIQUE 


SOMMAIRE:  I.  La  bibliothèque  de  William  M.  Hennessy.  —  II.  La  grammaire  des 
langues  romanes  de  M.  VVillielm  Meyer-Lûbke.  —  III.  L'ethnographie  la  plus  an- 
cienne des  Iles-Britanniques,  par  M.  Rhys  dans  la  Scottish  Review.  —  IV.  Le  se- 
cond volume  de  l'édition  'du  Livre  Rouge  de  Hergest  par  MM.  Rhys  et  Gweaogfryn 
Evans.  —  V.  L'epitaphe  de  Bricoma^^los  et  celle  de  Vetta  f.  Victi  dans  l'ArchiCO- 
logia  Cambrensis.  —  VI.  Les  index  du  dictionnaire  étymologique  allemand  de 
M.  Kluge  par  M.  Vincent  Franz  Janssen.  —  VII.  La  légende  monétaire  Antuberi.x 
elles  Antohroges  d'après  M.  Maurice  Prou.  —  Vlll.  Le  voyage  de  saint  Brendan 
et  le  conte  de  Sindbad,  par  M.  de  Goeje.  —  IX.  Lausum  dans  Plaute  a-t-il  une  cty- 
mologie  celtique.  —  X.  Le  néo-celtique  glas  «  bleu  »  en  latin  et  dans  les  dialectes 
de  l'Italie  septentrionale.  —  XI.  L'Eglise  Saint- Patrice  de  Rouen.  —  Xil.  Le  pré- 
sent consuetudinal  et  la  troisième  personne  du  singulier  relative  en-^jdans  l'irlandais 
moderne.  —  XIII.  L'allée  couverte  des  .Mureaux,  Seine-et-Oise.  —  XIV.  Les  rois 
et  les  brehons  irlandais,  par  M.  deKaydans  \e  Century  ilhjstrated  nionthly Magazine. 

—  XV.  Critique  par  M.  Zimmer  du  livre  de  M.  Nutt  sur  la  légende  du  saint  Graal. 

—  XVI.  Le  ms.  irlandais  de  Rennes  et  le  ms.  de  Paris,  Fonds  celtique  n°  i.  — 
XVII.  Les  études  celtiques  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes.  —  XVIII.  Le  journal 
américain  The  Pilot  de  Boston,  et  le  projet  d'un  dictionnaire  irlandais.  —  XIX.  Les 
travaux  celtiques  de  M.  A.  Coelho  dans  la  Revista  Archeologica  de  Portugal.  — 
XX.  Une  inscription  ogamique  de  l'île  de  Man.  —  XXI.  Bellesheim,  Histoire  de 
r église  catholique  d'Irlande. 

I. 

La  vente  de  la  bibliothèque  de  William  M.  Hennessy  a  eu  lieu  les  26  et 
27  juin  dernier,  comme  nous  l'avons  annoncé.  Elle  a  produit  305  livres, 
soit  7,925  francs.  Pour  les  imprimés,  le  prix  a  été  en  général  fort  conve- 
nable. Hennessy  ne  possédait  que  des  livres  de  valeur  secondaire  au  point 
de  vue  vénal.  Les  ouvrages  qui  atteignent  dans  les  ventes  des  prix  élevés, 
ou  manquaient  complètement  à  sa  bibliothèque,  comme  les  National  ma- 
nuscripts  of  Ireland  de  M.  Gilbert,  ou  s'y  trouvaient  incomplets  comme  les 
Rerum  hibernicarum  scriptores  d'O'Conor,  et  Colgan,  Acta  sanctorinn  veteris 
et  majoris  Scotiae  seu  Hiberniac.  Ce  qui  montre  qu'à  Dublin  le  goût  des 
études  qui  ont  pour  objet  la  vieille  langue  irlandaise  est  cultivé,  c'est  le  prix 
qu'ont  atteint  les  ouvrages  modernes  relatifs  à  cette  langue.  Ainsi  un  exem- 
plaire de  la  seconde  édition  de  Zeuss,  Grammatica  celtica,  y  compris  le  glos- 
saire de  MM.  Gùierbock  et  Thurneysen,  s'est  vendu,  grâce  à  des  notes 
marginales  d'Hennessy,  3  livres  5  shilHngs,  un  peu  plus  de  80  francs.  Une 
collection  incomplète  des  œuvres  de  M.   Whitley  Stokes  qui,  dans  cette 


Chronique.  499 

vente,  se  présente  comme  le  roi  des  celtistes  modernes,  a  atteint  9  livres 
12  shillings  6  pence,  c'est-à-dire  240  fr.  60,  tandis  que  par  exemple  le 
recueil  des  œuvres  de  sir  James  Ware,  édition  de  1705,  et  édition  Harris, 
trois  volumes  in-folio,  1 706-1 745,  s'est  vendu  seulement  6  livres  6  shillings, 
ou  157  fr.  50.  Les  œuvres  de  la  plupart  des  celtistes  modernes  se  sont 
maintenus  à  peu  près  dans  les  prix  d'émission,  ou,  comme  on  dit,  de 
librairie.  Ainsi,  malgré  des  notes  marginales  de  Hennessy,  les  KelHsche 
Siudien  et  les  Glossae  hibernicae  de  M.  Zimmer  se  sont  vendus  au  total  i  livre 

5  shillings  3  pence,  c'est-à-dire  31  fr.  55  ;  il  paraît  que  le  directeur  de  la 
Revue  Celtique,  Jubainville,  comme  on  dit  à  Dublin,  a  dans  ce  pays  quelques 
amis,  car,  sans  notes  d'Hennessy,  ses  œuvres  celtiques  ont  été  payées  seu- 
lement un  franc  cinquante-cinq  de  moins  que  les  œuvres  de  M.  Zimmer; 
elles  ont  monté  à  i  livre  4  shillings,  c'est-à-dire  30 francs.  Les  publications 
celtiques  de  M.  Windisch  ont,  quoique  incomplètes,  été  vendues  3  shillings 
déplus  que  celles  de  M.  Zimmer,  i  livre  8  schillings,  soit  35  francs.  Les 
livres  de  MM.  Ascoli,  Kuno  Meyer,  R.  Atkinson  se  sont  aussi  très  bien 
soutenus. 

La  dispersion  de  la  bibliothèque  d'un  savant  après  sa  mort  est  un  événe- 
ment pénible,  mais  c'est  une  loi  générale  et  à  peu  près  inévitable  Les 
amis  du  défunt  sont  donc  bien  obligés  de  prendre  leur  parti  de  ce  partage 
de  ses  dépouilles  et  c'est  une  idée  avec  laquelle  leur  esprit  se  familiarise 
bientôt.  Mais  ce  qui  est  particulièrement  triste,  c'est  de  voir  sortir  des 
mains  de  la  famille  les  manuscrits  mêmes  de  l'auteur,  ces  manuscrits  qui 
lui  ont  coûté  tant  de  fatigue,  de  jours,  de  mois,  d'années  et  dont  il  n'a  pas 
tiré  parti.  Il  est  mort  sans  avoir  pu  faire  imprimer,  et  d'autres  plus  heureux 
accompliront  la  tâche  qu'il  avait  rêvé  d'accomplir  et  à  laquelle  n'ont  suffi 
ni  ses  forces,  ni  sa  vie. 

Les  notes  d'Hennessy  sur  certains  volumes  en  ont  beaucoup  augmenté 
le  prix.  Ainsi  deux  exemplaires  du  dictionnaire  irlandais-anglais  d'O'Reilly, 
première  édition,  l'un  incomplet,  c'est-à-dire  auquel  manque  la  grammaire, 
mais  auquel  on  a  ajouté  le  supplément  d'O'Donovan,  l'autre  complet,  mais 
sans  le  supplément,  ouvrages  valant  chacun  environ  une  livre,  25  francs, 
ont  été  vendus  l'un  6  livres    15   shillings,   c'est-à-dire   168  fr.  75,   l'autre 

6  livres  6  shillings,  soit  157  fr.  50,  grâce  à  ce  qu'ils  sont  interfoliés  et  con- 
tiennent un  nombre  considérable  de  notes  manuscrites  d'Hennessy. 

Mais  les  copies  de  textes  irlandais  faites  par  Hennessy  n'ont  atteint  que 
des  prix  très  médiocres. 

Tainbô  Cûalnge,  232  pages  in-folio,  2  1.  10  s. 

Vie  tripartite  de  saint  Patrice,  copiée  sur  le  manuscrit  Rawlinson  B.  512 
de  la  bibliothèque  Bodléienne  d'Oxford  et  coUationnée  sur  le  ms.  Egerton 
93  du  Musée  britannique,  162  pages  in-folio,  11  s. 

Martyrologe  d'Oengtis  copié  sur  le  ms.  bodléien  Laud  6io,  117  pages  in- 
folio, 2  1.  2  s. 

Généalogie  de  Mog  Ruith,  texte  et  traduction,  100  pages  in-4,  i8  s. 

Généalogie  du  clan  Neill,  40  pages  in-4,  lO  s. 

Index  au  Martyrologe  d'Oengus,  5  s. 


500  Chronique. 

Uraictpt  na  n-eiges,  traité  de  grammaire,  2  1. 

Dinnsenchus  de  Mac  Tuired,  etc.,  in-4,  50  pages,  16  s.  6  d. 

Mort  de  Ciîrot  mac  Daire  d'après  le  ms.  T.  C.  D.,  H.  2.  16  ;  8  s. 

Senchas  naomh  Erend  et  autres  extraits  du  Livre  de  Lecan,  2  s.  6  d. 

Brishach  Mhuighe  Muirtheiinhne,  6  s. 

Agallamh  na  senorach,  i  1.  i  s. 

Traité  du  Borama  et  bataille  de  Dunbolg  copié  sur  le  Livre  de  Leinster  et 
traduit,  il.  12  s.  6  d. 

Aventures  de  Cormac  dans  la  terre  de  la  promesse  copié  sur  le  Livre  de  Bal- 
lymote  avec  traduction  anglaise,  2  1.  7  s.  6  d. 

Le  voyage  de  Mael  Duin,  traduction  anglaise  d'après  ItLebharna  h-Uidhre^ 
I  1.  I  s. 

Texte  irlandais  de  la  vte  de  saint  Brendan  d'après  le  livre  de  Lismore,  i  1. 

Copie  de  VAmhra  Coluim-cille,  de  V Ambra  Conroi  et  du  Tegasg  Cormaic, 
1  1.  I  s.,  etc.,  etc. 

Des  manuscrits  d'ODonovan,  le  seul  qui  ait  atteint  un  prix  un  peu  élevé 
est  sa  copie  des  Annales  d'Ulster  dont  le  commencement  seul  est  imprimé. 
Cette  copie  a  atteint  5  1.  10  s.,  soit  137  fr,  50.  En  général,  les  manuscrits 
irlandais  modernes  ne  sont  pas  chers.  On  sait  que  l'histoire  d'Irlande  de 
Keating  est  inédite  pour  la  plus  grande  partie.  Or  on  a  vendu  3  1.  3  s., 
78  fr.  75,  un  exemplaire  de  cette  histoire  d'une  belle  écriture,  daté  de  1666, 
in-folio,  relié  en  veau.  Ce  ms.  a  deux  défauts;  les  quatre  premières  pages 
manquant  ont  été  remplacées  par  une  copie  récente  et  il  y  a  une  lacune  dans 
les  généalogies  placées  à  la  fin. 

Parmi  les  acquéreurs  des  livres  de  Hennessy  on  a  remarqué  la  Royal  Irish 
Academy  représentée  par  son  savant  bibliothécaire,  M.  J.-T.  Gilbert.  On 
signale  aussi  l'évêque  Reeves,  si  connu  par  tant  de  remarquables  travaux, 
M.  Casimir  O'Meagher,  le  P.  E.  Hogan  S.  J.,  etc. 

IL 

Nous  avons  annoncé  déjà  la  traduction  française  par  M.  Rabiet  de  la 
grammaire  des  langues  romanes  commencée  à  léna  par  M.  Wilhelm  Meyer- 
Lùbke,  aujourd'hui  professeur  à  l'université  de  Vienne.  Le  second  et  der- 
nier fascicule  du  tome  I  vient  de  paraître  à  la  librairie  H.  Welter,  rue  Bo- 
naparte, à  Paris.  Cette  traduction  sera  bien  accueilUe  malgré  quelques 
singularités  de  style  telles  que  l'aspiration  de  1'/;  du  mot  hiatus.  Le  titre 
courant  :  suppression  du  hiatus,  p.  321,  semble  avoir  été  imaginé  pour  donner 
une  idée  claire  du  phénomène  désagréable  qu'il  s'agit  de  faire  disparaître. 
Mais  cette  façon  d'écrire  contredit  la  règle  posée  un  peu  plus  bas,  p.  338: 
«  LV;  avait  complètement  disparu,  déjà  vers  la  fin  de  la  république,  dans  le 
«  langage  du  peuple  ;  un  peu  plus  tard,  dans  celui  des  lettrés.  Il  n'en  est 
«  point  question  dans  les  langues  romanes  ». 

On  trouve  dans  cet  ouvrage  une  remarquable  abondance  de  renseigne- 
ments précis  sur  les  principaux  dialectes  romans.  Le  passage  où  il  est  traité 
du  maintien  de  l'accent  gaulois  dans  les  langues  romanes  (p.    532)  semble 


Chronique.  501 

être  ce  qui  a  été  écrit  de  plus  complet  sur  ce  sujet.  Il  y  a  cependant  ma- 
tière à  quelques  critiques  de  détail.  Ainsi,  bien  que  la  colonie  romaine  de 
Pisaurtim,  Pesaro,  ait  été  conduite  l'an  183  avant  notre  ère  in  Gallicum 
agrum  ',  c'est-à-dire  dans  le  territoire  conquis  sur  les  Senones  un  siècle  plus 
tôt,  il  n'est  peut-être  pas  démontré  que  Pisaurum  soit  un  mot  gaulois.  La 
notation  antique  du  nom  de  Bayeux  n'est  pas  Bayé-casses,  c'est  Bodiô- 
casses^,  plus  tard  Baié-casses^.  Vieux  vient  de  Vida -casses  A  et  non  Vidio- 
casses.  L'accentuation  d'Arles  sur  l'initiale  s'explique  sans  difficulté  si,  tenant 
compte  de  r.y  final,  on  reconnaît  dans  ce  nom  français  un  nominatif  singulier 
masculin  et  si  on  le  rattache  au  nominatif  bas-latin  Arelas  : 

Gallula  Roma  Arelas. .  .  5. 

«  Abejus  vocabulo  praeter  proprium  nomen,  quo  Arelas  vocitatur,  Cons- 
tantina  nomen  acceperit<i  ». 

Arras  représente  non  pas  Atrabetes  comme  le  suppose  M.  Meyer,  mais 
Atrabatas  7. 


m. 

M.  Rhys  a  continué  dans  la  Scottish  Review  la  publication  de  ses  savantes 
recherches  sur  l'histoire  la  plus  ancienne  des  Iles-Britanniques.  Dans  le  no 
de  juillet  1890,  il  a  étudié  un  certain  nombre  de  noms  de  personnes  relevés 
dans  les  textes  néo-celtiques  les  plus  anciens.  On  sait  qu'un  grand  nombre 
de  noms  de  personnes  celtiques,  comme  beaucoup  de  noms  de  personnes 
grecs  et  germaniques,  sont  des  composés  de  deux  termes.  Quelques  noms 
germaniques  ont  une  forme  hypocoristique  dans  laquelle  apparaît  seule- 
ment, suivi  d'un  suffixe,  le  premier  des  deux  termes.  Le  savant  professeur 
émet  l'hvpothèse  que  le  même  phénomène  se  serait  produit  dans  le  monde 
celtique  ;  ainsi  Catuacus,  plus  tard  Catawc,  enfin  Cadog,  serait  la  forme 
hypocoristique  de  Catu-maglos,  plus  tard  Cat-mail,  enfin  Cadvaelen  gallois 
et  qui  signifie  «  prince  de  la  bataille  ».  En  effet,  la  vie  de  saint  Cadog  nous 
apprend  que  le  nom  reçu  au  baptême  par  ce  saint  personnage  était  CatmailS. 
Ce  fait  une  fois  établi,  M.  Rhys  émet   l'hypothèse  que  le  génitif  Cunegni 

1 .  Tite-Live,  livre  XXXIX,  c.  44. 

2.  Pline,  Hvre  IV,  §  107. 

5 .  Notitia  civitatum  et  provinciarum  Galliae,  chez  Longnon,  Atlas  histo- 
rique de  la  France,  p.  14. 

4.  Phne,  livre  IV,  §  107. 

5.  Ausone,  Clarae  urbes,  VIII,  2. 

6 .  Lettre  des  cvèques  de  Gaule  au  pape  Léon  le  Grand  chez  Migne,  Patro- 
logia  latina,  t.  LIV,  col.  882. 

7.  Frédégaire,  livre  II,  c.  45  ;éd.  Krusch,  p.  68,  1.  7.  Cf.  Civitas  Atra- 
batum  d^ins  la.  Notitia  civitatum  et  proi-inciaruni  Galliae,  chez  Longnon,  Atlas 
historique  de  la  France,  p.  14. 

8.  Lavacro  regenerationis  filium  tuum  purificet,  nomenque  ejus  Catmail 
vocabitur.  Rees,  Lives of  the  Cambro-British  saints,  p.  25. 

Revue  Celtique,  XI.  33 


5  02  Chronique. 

dans  une  épitaphe  des  environs  de  Carmarthen  >  doit  être  corrigé  en  Cu- 
nigni  dont  le  nominatif  serait  identique  à  l'irlandais  Coinin,  au  gallois 
Cynin  et  que  ces  formes  sont  des  expressions  familières  tenant  lieu  de  for- 
mes plus  solennelles  telles  que  Cunocennos,  Cunovalos,  dont  les  génitifs 
Cunocenni,  Cunovali,  se  rencontrent  dans  les  inscriptions  chrétiennes  les 
plus  anciennes  du  pays  de  Galles.  Une  autre  désinence  hvpocoristique  est 
-dn  pour  un  plus  ancien  -agnos,  au  génitif  -agni,  exemple  Mailagni  dans 
une  inscription  chrétienne  2  ;  la  forme  moderne  est  Maelan  et  l'expression 
solennelle  est  Maglo-cunos  ;  ou  avec  une  orthographe  plus  moderne,  Mail- 
cun  4  Maelgwn,  nom  d'un  roi  de  Gwynedd  qui  serait  mort  en  547. 

Des  noms  plus  récents  ne  sont  ni  des  composés  asyntactiques  comme  les 
noms  solennels  dont  nous  venons  de  parler,  ni  des  dérivés  comme  leurs 
formes  familières.  Ce  sont  des  composés  syntactiques  dont  le  second  terme 
est  complément  déterminatif  du  premier.  Quelques-uns  de  ces  noms  sont 
très  intéressants  en  ce  qu'ils  contiennent  un  souvenir  du  paganisme.  Tels 
sont  les  noms  irlandais  Mog-neit  et  Mog-nuadat  î  signifiant  l'un  «  esclave 
de  Neit  »,  qui  était  un  dieu  de  la  guerre,  l'autre,  esclave  deNuadu,  d'une 
autre  divinité  celtique  transformée  en  roi  par  l'évhémérisme  irlandais,  mais 
dont  un  temple  a  été  trouvé  en  Grande-Bretagne. 

Mog  a  un  équivalent,  c'est  miel  «  chauve  »  et  par  extension  «  esclave  »  ; 
de  là  les  noms  chrétiens  de  Mael-patraic,  Mael-muire  qui  veulent  dire  «  es- 
clave de  Patrice  »,  «  esclave  de  Marie  ».  Mdel  a  dû  être  employé  à  cet 
usage  dès  l'époque  païenne.  Le  nom  picte  Mael-beth  ^  suivant  M.  Rhys  si- 
gnifie «  esclave  du  chien  ».  En  effet,  croit-il,  les  sagas  Scandinaves  rendent 
Mac-beth  par  Hunda-son,  c'est-à-dire  par  «  fils  du  chien  ».  Il  s'agit  là  du 
chien  divinisé,  et  cette  notion  du  chien  divinisé  suivant  M.  Rhys  doit  re- 
monter aux  races  qui  ont  précédé  les  Celtes  dans  les  Iles-Britanniques,  car 
heth  (c  chien  »  n'est  pas  un  mot  celtique.  Cû,  ki  «  chien  »  dans  les  noms 
d'hommes  néo-celtiques  comme  Cù-chulainn  en  Irlande,  Tan-ki,  Tannegui 
dans  la  Bretagne  française,  exprimerait  une  idée  religieuse  pré-celtique. 

Du  nom  du  chien  cû  on  ne  peut  séparer  celui  de  la  loutre,  dohar-chû,  c'est- 


1.  Hùbner,  Inscriptiones  Britanniae  christianae,  n°  232.  Rhys,  Lectures  on 
Welshphilohg-j,  deuxième  édition,  p.  590. 

2.  Rhys,  Lectures  on  JVclsh  Philology,  deuxième  édition,  p.  353. 

3.  Gildas,  De  excidio  Britanniae,  c.  33.  Chez  Giles,  Historical  documents 
concerning  ancient  Britons,  p.  248. 

4.  Annales  Camhriae,  éd.  donnée  par  William  ab  Ithel,  p.  4. 

5 .  Ces  deux  personnages  dont  le  second  est  fils  du  premier  figurent 
dans  le  récit  de  la  bataille  de  Mag  Lemna  qui  aurait  été  Hvrée  en  l'an  187 
de  notre  ère.  Voyez  Cath  Miiige  Leana,  éd.  d'O'Curry,  p.  2  ;  cf.  p    xvii. 

6.  Maelbaethe,  dans  la  Chronique  anglo-saxonne,  en  103 1,  chez  Pétrie, 
Monumenia  historica  britannica,  p.  429;  cf.  Hcnrici  Huntendiinensis  historiae 
Anglorum,  1.  vi.  ibid.,  p.  757  d.  — Suivant  M.  Whitley  Stokes,  On  the  lin- 
guistic  value  of  the  Irish  Annals,  p.  53,  note,  Mael-beth  et  Mac-beth  sont  de 
mauvaises  notations  pour  Mael-bethad,  Mac-bdhad  «  Esclave  de  la  vie  », 
«  Fils  de  la  vie  ». 


Chronit^ue.  50  j 

à-dire  «  chien  d'eau  »,et  celui  d\i\oup,fael-chu,  c'est-à-dire  «  chien  sauvage  ». 
M.  Rhys  signale  un  Gael  d'Ecosse  appelé  Mac  Dobarcon,  c'est-à-dire  fils  de 
la  loutre  »,  et  une  tribu  d'Irlande  en  Leinster,  celle  des  descendants  de 
Faelchu,  c'est-à-dire  du  loup.  Il  croit  que  de  cette  appellation  vient  la 
croyance  à  la  lycanthropie,  c'est-à-dire  à  la  faculté  pour  certains  hommes 
de  se  changer  en  loup. 

Au  groupe  considérable  de  noms  d'homme  celtiques  dont  le  nom  du 
chien  est  un  élément,  M.  Rhys  rattache  l'emploi  du  nom  du  renard  comme 
nom  d'une  tribu  d'origine  irlandaise,  Cenél  Loarn  d'où  aujourd'hui  le  nom  du 
marquisat  de  Lorn  ;  et  le  mot  loarn,  Lorn  «  renard  »  apparaît  sous  une  forme 
plus  ancienne  dans  une  inscription  chrétienne  du  pays  de  Galles  qui  est 
l'épitaphe  d'Atemorus  qualifié  au  génitif  dçifili  Lovernii  1.  Le  nom  d'homme 
Lovernius  dérive  de  *}overtios  «  renard  »  et  paraît  signifier  «  fils  du  renard  ». 
Les  idées  qui  ont  donné  naissance  à  tous  ces  noms  remonteraient  suivant 
M.  Rhys  aux  populations  préaryennes  de  la  Grande-Bretagne. 

Il  ne  nous  appartient  pas  de  dire  si  cette  thèse  originale  résistera  à 
l'épreuve  de  la  critique.  Est-il  bien  certain  que  les  populations  pré-aryennes 
ont  eu  seules  assez  d'imagination  pour  découvrir  des  rapprochements  entre 
l'homme  et  des  animaux  et  pour  exprimer  ces  rapprochements  par  des  noms 
d'animaux  donnés  à  des  hommes  ?  Les  noms  d'hommes  tirés  de  noms 
d'animaux  ne  se  trouvent  pas  seulement  en  Grande-Bretagne  ni  même  dans 
le  monde  celtique.  Chez  les  Germains,  hund  «  chien  »  se  rencontre  dans 
quelques  noms  d'homme  et  le  nom  du  chien  sauvage,  le  loup,  luoîf,  primi- 
tivement tvulfas,  y  est  très  fréquent  soit  à  l'état  isolé  comme  nom 
d'homme,  soit  comme  élément  d'un  nom  d'homme  composé  dont  il  est  pre- 
mier ou  second  terme.  Chez  les  Grecs,  le  mot  Xj/.o;  «  loup  »  a  donné  nais- 
sance à  des  dérivés  employés  comme  noms  d'homme,  il  est  tantôt  premier 
terme,  tantôt  second  terme  de  noms  d'homme  composés.  Le  gentilice  romain 
Caninius  dérive  de  l'adjectif  caninus  dérivé  lui-même  de  canis.  On  pourrait 
citer  nombre  d'autres  noms  d'homme  romains  dont  un  nom  d'animal  est 
l'élément  fondamental.  Tels  sont  Asinius,  Porcins,  Verres.  Les  noms  d'ani- 
maux Eber  a  sanglier  »,  Bar  «  ours  »  tiennent  une  place  considérable  parmi 
les  éléments  formatifs  des  noms  d'homme  germains.  Nous  citerons  chez  les 
Grecs  [îou;  «  bœuf  ou  vache  »,  ir.Tzo-  «  cheval  »,  Xewv  «  lion  »,  o'-ç  «  brebis  », 
xaûpo-  «  taureau  »  qui  ont  été  employés  au  même  usage.  On  n'a  pas  en- 
core prouvé  que  l'idée  mère  des  fables  d'Esope  soit  étrangère  à  la  race  indo- 
européenne. 

J'espère  qu'on  verradans  ces  observations  une  preuve  de  l'importance  que 
j'attribue  au  savant  mémoire  de  M.  Rhys  et  du  plaisir  avec  lequel  je  l'ai  lu  2. 

1,  Hùbner,  InscripiionesBritanniae  ChrisHanae,  n°  147. 

2.  On  pourrait  dresser  une  liste  plus  complète  qu'il  ne  l'a  fait  de  noms 
d'hommes  gaulois  qui  sont  originairement  des  noms  d'animaux.  Amsi 
Cattos,  nom  d'homme  sur  une  monnaie  gauloise  de  Lisieux,  veut  dire 
«  chat  »  ;  et  Lucoti-cnos  sur  une  monnaie  des  Longostalètes  veut  dire  «  fils 
de  la  souris  ». 


504  Chronicjue. 


IV. 

MM.  Rhys  et  Gwenogfryn  Evans  viennent  de  faire  paraître  le  second 
volume  de  leur  reproduction  du  Livre  Rouge  de  Hergest.  Je  n'ai  pas  encore 
reçu  ce  volume  et  je  ne  le  connais  que  par  le  compte  rendu  qui  en  a 
paru  dans  V Archaeologia  Camhrensis  du  mois  de  juillet  dernier.  On  y 
voit  que  le  tome  II  de  cette  édition  du  Red  Book  of  Hergest  contient  six 
morceaux  :  1°  le  Brut  y  Brenhinoedd,  «  chronique  des  rois  »  publié  sous  le 
nom  de  Brut  Tysilio  et  de  Brut  G.  ah  Arthur  dans  la  Mvfyrian  Archacology 
of  Wales,  édition  de  1870,  p.  434-476  ;  2°  le  Brut  y  Tyivysogion  «  chronique 
des  princes»  publié  en  1860  dans  la  collection  du  Maître  des  rôles  par 
John  William  Ab  Ithel  qui  pour  étabhr  son  texte  a  fait  usage  de  quatre 
manuscrits  ;  3°  le  Brut  y  Saesson  «  histoire  des  Anglais  »,  inédit;  4°  un 
court  traité  historique  allant  de  Gwrtheyrn  Gwrthenen  au  roi  Jean  ; 
50  une  traduction  de  l'histoire  de  Troie  de  Dares  Phrygius  ;  6°  une  liste 
des  cantref  et  des  civmmwd  du  pays  de  Galles. 


Le  même  numéro  de  V Archaeologia  Camhrensis  contient  p.  234  une  note 
du  docteur  Bruce  sur  l'épitaphe  de  Brigo-maglos  publiée  dans  le  précédent 
numéro  de  la  Revue  celtique.  L'auteur  termine  son  court  mémoire  en 
parlant  de  l'épitaphe  de  Vetta  f[ilius]  Victi  qui  porte  le  numéro  211  dans 
les  Inscriptiones  Britanniae  christ ianae  de  M.  Hûbner.  M.  Rhys  (^Lectures  on 
IVelsh  Philohgy,  2^  éd.,  p.  407)  lit  Vetta  f[ilia]  Victi.  Suivant  le  docteur 
Bruce,  la  lecture  de  M.  Hùbner  est  la  bonne  et  Vetta  fils  de  Victus  est 
identique  au  Vitta  Vecting  qui  d'après  la  chronique  anglo-saxonne  '  est  le 
grand-père  de  Hengest  et  de  Horsa,  chefs  des  premiers  conquérants  anglo- 
saxons  de  la  Grande  Bretagne  au  milieu  du  v^  siècle.  Pour  ceux  qui  ad- 
mettent que  Hengest  et  Horsa  ont  été  réellement  deux  rois  de  chair  et 
d'os,  la  seule  difficulté  que  présente  ce  système  est  que  l'épitaphe  de  Vetta 
a  été  trouvée  en  Ecosse  et  non  sur  le  continent,  dans  le  pays  habité  avant 
Hengest  et  Horsa  par  les  Anglo-Saxons.  Mais  que  diront  ceux  qui  croient, 
les  uns,  que  Hengest  et  Horsa  sont  des  personnages  mythologiques  comme 
Woden  leur  premier  aïeul,  les  autres,  que  Hengest  et  Horsa  sont  des 
chevaux  sacrés  2  ? 


VL 

Le  dictionnaire  étymologique  de  la  langue   allemande,   Etymologisches 
Wôrterhuch  der  deutschen  Sprache  de  Friedrich  Kluge  vient  d'être  complété 


1.  Pétrie,  Monutnenta  historica  hritannica,  p.  299. 

2.  Simrock,  Handucb  der  deutschen  Mythologie,  5e  éd.,  p.  171,  501. 


Chroni(]Lie.  505 

par  un  recueil  d'index  qui  forme  un  volume  in-80  de  285  pages  :  Ge- 
samt-index  ^u  Khigc's  Etymologischen  Worterhuch  der  deutschen  Sprache. 
L'auteur  est  M.  Vincent  Franz  Janssen.  On  y  trouve,  p.  82-85,  un  index 
celtique  qui  pourra  rendre  de  grands  services.  Je  me  bornerai  à  un  exemple. 
J'ai  dit  dans  la  précédente  livraison  que  le  second  terme  du  nom  gaulois 
Petru-corii  s'explique  par  l'irlandais  cuire,  «  troupe  ».  L'irlandais  cuire 
«  troupe  »  se  trouve  dans  le  livre  de  M.  Janssen,  p.  83,  col.  2, 
avec  renvoi  à  l'allemand  Heer,  et  YEtymohgisches  JVorterlmch,  4e  éd., 
p.  135,  nous  append  que  l'allemand  Ht;c/-,  en  gothique  harjis,  suppose  un 
thème  germanique  primitif  harja-.  Or  harja-  zr  corio-  qui  est  le  second 
terme  de  Petru-corii.  Petru-corii  serait  en  allemand  moderne  die  vier  Heere 
«  les  quatre  armées  ».  Cf.  le  vieil  irlandaie  *  han-chuire  «  troupe  de  fem- 
mes »  écrit  b'aiichuri  dans  le  Lebor  na  b-Uidre,  Windisch,  Irische  Texte, 
t.  L  p.  28s,  1.  18. 

VIL 

Dans  le  Bulletin  de  V Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  de  mars- 
avril  1890  a  paru  un  mémoire  de  M.  Maurice  Prou  qui  signale  sur  un  tiers 
de  sou  mérovingien  la  légende  Antuberix.  C'est  un  nom  de  lieu  que 
le  jeune  auteur  rapproche  d'un  nom  de  peuple  de  la  Gaule  mentionné  par 
Pline,  les  Antohroges  K  Antuberix  serait  pour  Antu-brix.  On  connaît  la 
variante  grecque  AXXo-|ïo'.y^î  d'AUo-broges,  forme  adoptée  par  César  et 
par  les  autres  écrivains  latins. 

VIIL 

Les  Actes  du  huitième  congrès  international  des  'orientalistes  tenu  en 
1889  à  Stockolm  et  à.  Christiania  contiennent  un  mémoire  de  M.  J.  de  Goeje 
intitulé  «  La  légende  de  saint  Brendan  »  -.  L'auteur  y  étudie  les  ressem- 
blances entre  le  voyage  de  saint  Brendan  et  une  composition  orientale,  le 
conte  de  Sindbad.  Il  montre  une  connaissance  approfondie  de  la  pièce 
irlandaise  et  de  ses  rédactions,  ainsi  que  des  dissertations  dont  elle  a  été 
l'objet.  On  aurait  tort  de  demander  un  jugement  définitif  sur  la  question  de 
savoir  quelle  est  l'origine  du  récit  irlandais,  ou  dans  quelle  mesure  le 
conte  oriental  a  pu  exercer  une  influence  sur  quelques  détails  du  conte 
néo-celtique.  Cette  question  est  du  nombre  de  celles  sur  lesquelles  il 
sera  probablement  longtemps  encore  difficile  d'arriver  à  une  solution  qui 
s'impose  à  tous  les  érudits. 

IX. 

Dans  VArchiv  Jilr  Lateinischc  Lexicographie,  tome  VII,  p.  113, 
M.  Schuchardt  pose  la  question  de  savoir  si  le  mot  lausuni,  Plaute,  Trucu- 

1.  Pline,  livre  IV,  §  109,  éd.  Teubner-Janus,  t.  I,  p.  179,  1.  35.  Voyez 
les  variantes  à  la  page  lii. 

2.  Ce  mémoire  a  été  tiré  à  part.  Leide,  E.  J.  Brill,  1890,  in-80,  56  p. 


5o6  Chronique. 

lentus,  ne  serait  pas  d'origine  celtique.  Il  n'y  a  pas,  dit-il,  d'importance 
particulière  à  attacher  au  nom  de  lieu  Lonsanna,  Lausanne.  Il  a,  je  crois, 
raison  ;  Louscmna  semble  dériver  d'un  nom  d'homme  Louso-s  qui  a  fourni 
le  premier  terme  du  nom  de  lieu  composé  écrit  au  moyen  âge  Laiis-dunum, 
aujourd'hui  Loudun,  et  on  a  tiré  du  nom  d'homme  Louso-s  le  gentilice 
romain  Lausius  i  d'où  le  nom  de  lieu  Laiisiacus. 


UArchiv  fiïr  slavische  Philologie  de  V.  Jagic,  tome  XIII,  p.  159,  contient 
une  note  de  M.  Schuchardt  qui  signale  en  ladin  et  dans  les  dialectes  du 
nord  de  l'Italie  plusieurs  dérivés  du  mot  celtique  devenu  en  irlandais,  gal- 
lois et  breton  glas  «  bleu,  gris  »;  ce  sont  en  \nia\n  glcsene,  dans  le  dialecte 
du  Trentin  gidsene,  et  dans  le  dialecte  de  Brescia  glasâ. 

XI. 

Les  Proceedings  de  l'Académie  royale  d'Irlande,  troisième  série,  vol.  I, 
p.  326-332,  renferment  un  mémoire  deM.  J.  Casimir  O'Meagher  ;  l'auteur 
a  visité  l'église  Saint-Patrice  de  Rouen  et  y  a  remarqué  plusieurs  vitraux  du 
xvie  siècle  qui  représentent  des  miracles  du  saint  apôtre  de  l'Irlande  tels 
qu'ils  sont  écrits  dans  la  Vie  Tripartite  et  dans  l'homélie  sur  saint  Patrice 
publiée  d'après  le  Lcabhar  Brcac  par  M.  Whitley  Stokes.  La  reproduction 
photographique  de  ces  vitraux  serait  une  intéressante  illustration  des  textes 
précités. 

XII. 

Dans  le  même  volume,  p.  416-439,  M.  R.  Atkinson  a  inséré  un  mémoire 
sur  le  présent  consuétudinal  en  -aiin  et  sur  la  troisième  personne  du 
singulier  relatif  en  -as  de  l'irlandais.  C'est  une  contribution  très  inté- 
ressante à  l'histoire  de  l'Irlandais  moderne.  L'auteur  voudrait  assujettir 
cette  langue  aux  lois  grammaticales  qu'elle  suivait  au  xviie  siècle.  Cette 
ambition  est  moins  élevée  que  celle  des  orateurs  grecs  qui  prétendent 
aujourd'hui  parler  la  langue  de  Démosthènes.  L'avenir  dira  si  elle  est  réali- 
sable. 

XIII. 

U Anthropologie,  tome  I,  p.  158-186,  contient  un  mémoire  du  docteur 
Verneau  sur  l'allée  couverte  des  Mureaux,  Seine-et-Oise.  Ce  monument 
mégalithique  n'est  point  encore  complètement  déblayé  ;  la  partie  fouillée 
a  9  mètres  de  long  sur  une  largeur  qui  varie  de  2  mètres  10  à  i  mètre  60  ; 
la  hauteur  va  de    i  mètre   60,    à  i   mètre  65.    C'était  un  tombeau   où 

I.  De-Vit,  Onomasticon,  t.  IV,  p.  66. 


CliTonicjue.  507 

soixante  cadavres  avaient  été  inhumés.  On  y  a  recueilli  de  la  poterie,  un 
grand  nombre  d'objets  en  silex  et  en  os,  mais  on  n'y  a  trouvé  aucun  objet 
métallique. 

XIV. 

M.  de  Kay  continue  à  New-York  dans  la  revue  The  Century  ilhistrated 
monthly  magasine,  vol.  XL,  p.  294-304,  juin  1890,  ses  études  sur  l'Irlande. 
Son  nouvel  article  est  intitulé  Irish  Kings  and  Brchons  II  est  orné  de  fort 
jolis  dessins  représentant  des  boucliers,  un  casque,  divers  objets  de  toilette 
et  de  parure,  même  un  plan  de  Tara,  et  la  réduction  d'une  page  d'un 
traité  de  droit.  Cette  page  appartient  au  manuscrit  H.  2.  15  du  Collège  de 
la  Trinité  de  Dublin  ;  l'auteur  l'a  empruntée  au  splendide  ouvrage  de 
Gilbert,  Facsimiles  of  national  inannscripts  of  Irdaiid,  3^  partie,  planche  VIII. 
C'est  un  fragment  du  traité  de  droit  intitulé  Cain  Aigillne;  le  texte  corres- 
pondant se  trouve  dansAncicnt  îaws  ofircland,  t.  II,  p.  328-338.  M.  de  Kay 
dans  cet  article  traite  de  l'organisation  politique  irlandaise  dont  il  paraît 
bien  connaître  le  caractère  propre  et  les  défauts.  Son  travail  est  une  œuvre 
utile,  toutefois  les  linguistes  admettront,  je  crois,  difficilement  les  étymo- 
logies  esthoniennes  et  finnoises  qu'il  propose  pour  les  noms  des  grandes 
provinces  d'Irlande. 

XV. 

Dans  les  Gottingische  gelehrte  An:(t'igen  de  juin  dernier,  M.  Heinrich 
Zimmer  a  consacré  les  quarante  pages  488-528,  à  la  critique  du  livre  de 
M.  Alfred  Nutt,  Stndies  on  the  legend  of  thii  Hoh  Grail  wlth  especial  référence  to 
the  liypothesis  of  Us  CcUic  origin.  Par  le  développement  de  son  compte  rendu, 
il  donne  une  preuve  de  l'estime  qu'il  fait  de  cette  publication  en  dépit  des 
formes  dédaigneuses  dont  il  se  sert  ici  comme  toujours  quand  il  s'agit  d'ap- 
précier les  travaux  d'autrui. 

XVI 

L'Acadcmy  du  26  juillet  contient,  p.  72-73,  un  article  de  M.  Whitley 
Stokes  intitulé  :  Notes  front.  Rennes.  Le  savant  auteur  s'y  occupe  principa- 
lement du  manuscrit  irlandais  de  Rennes.  On  sait  que  ce  manuscrit  a  été 
décrit  par  Todd,  Procecdings  of  the  Royal  Irish  Acadeniy,  Irish  Manuscrits 
Séries,  vol.  I,  p.  66-81.  M.  W.  St.  signale  dans  cette  description  plusieurs 
fautes  de  lecture  et  des  lacunes.  Ainsi  Todd  n'a  rien  dit  de  l'histoire 
biblique  qui  occupe  les  fos  27  /'  2  —  43  rt  i,  ni  de  la  légende  de  saint 
Brendan,  p.  74  a  2.  Le  traité  religieux  sans  intérêt  historique,  of  no  hislo- 
rical  interest,  qui  suivant  Todd,  p.  7  ,  se  trouve  au  fo  69  a,  col.  i,  est 
le  document  intitulé  :  «  Langue  toujours  nouvelle  »,  Tenga  Inthnua,  dont 
il  a  été  parlé  ici  même  plus  haut,  p.  394,  no  17. 

En  me  reportant  de  l'article  de  M.  W.  St.  à  celui  de  Todd  (p.  70),    j'ai 


joS  Chronique. 

fait  une  observation  :  c'est  que  le  traité  signalé  plus  haut,  pages  398-399, 
sous  le  no  36,  dans  le  ms.  de  Paris,  Fonds  celtique,  no  i,  paraît  se  trouver 
aussi  dans  le  manuscrit  de  Rennes  où  il  occupe  les  fos  1-22  h  i. 

XVII. 

La  Revue  des  Dctix-Mondes  du  15  août,  p.  510  et  suivantes,  contient 
une  élégante  description  du  Mont  Saint-Michel  due  à  la  plume  facile  de 
M.  Edouard  Schuré.  Les  amateurs  du  mystérieux  celtique  pourront  y  com- 
pléter leurs  études  et  y  apprendre  toute  sorte  de  découvertes  intéressantes 
dues  à  une  science  moderne  qui  n'a  pas  encore  pénétré  dans  la  Revue 
celtique.  Les  Amhivareti  que,  sur  la  foi  de  César  ',  on  croyait  clients  et 
voisms  des  Aedui  et  qu'on  mettait  en  Bourgogne  ou  près  de  la  Bourgogne, 
habitaient  la  Normandie;  ils  ont  donné  leur  nom  à  la  ville  d'Avranches, 
dont  quelques  savants  arriérés  croient  le  nom  identique  à  celui  des  Abrin- 
catui,  de  Pline  2,  plus  tard  Ahrincates,  Ahrincas.  Sena,  qui  suivant  Mêla  serait 
une  île,  Osismicis  adversa  littoribus,  c'est-à-dire  en  face  des  côtes  du  dépar- 
tement du  Finistère,  est  le  nom  de  prêtresses  qui  habitaient  une  caverne  de 
l'île  appelée  aujourd'hui  Mont  Saint-Michel.  Cette  île  était  consacrée  à  un 
dieu  solaire  et  s'appelait  en  gaulois  Tom  Bélen.  Tom  Bélen  a  été  traduit 
en  latin  par  Mons,  Tumba  ou  Tumulus  Bêlent  au  temps  de  la  domination 
romaine.  Les  usages  de  la  Revue  des  Deux  Mondes  interdisant  l'emploi  des 
notes,  M.  Edouard  Schuré  n'a  pu  donner  l'indication  des  mss.  inédits  de  la 
Bibliothèque  nationale  où  se  cache  le  texte  du  géographe  grec  ou  latin  qui 
lui  a  fourni  ces  intéressantes  indications,  mais  on  compte  qu'il  publiera 
prochainement  ce  document  précieux  dans  la  Revue  de  Philologie.  La  seule 
note  que  cet  écrivain  érudit  ait  été  autorisé  à  joindre  à  son  travail  a  pour 
objet  d'établir  l'antiquité  du  Mystère  des  Bardes,  traduit  par  Adolphe  Pictet  et 
auquel  M.  Schuré  emprunte  les  principaux  traits  de  son  exposé  des  croyances 
celtiques. 

XVIII. 

Un  journal  irlandais  des  Etats-Unis,  The  Pilot,  qui  paraît  à  Boston,  a 
publié  dans  son  numéro  du  9  août  une  lettre  dont  l'auteur  propose  l'ouver- 
ture d'une  souscription  à  l'effet  d'assurer  l'achèvement  du  dictionnaire  de 
l'irlandais  ancien  et  moderne  entrepris  par  M.  R.  Atkinson,  le  savant 
professeur  du  collège  de  la  Trinité  de  Dublin.  Il  s'agit  de  trouver 
50,000  francs,  soit  10,000  dollars  ou  2,000  livres  sterling,  somme  fixée 
par  M.  R.  Atkinson.  Le  Père  James  Kegan,  qui  a  signé  cette  lettre,  es- 
père qu'on  pourra  facilement  réunir  cette  somme  en  faisant  appel  au  patrio- 
tisme des  nombreux  Irlandais  établis  en  Amérique;  il  leur  donne  l'exemple 
en  s'inscrivant  pour  50  dollars,  soit  225  francs. 

1.  De  bello gallico  1.  VII,  c.  75,  §  2. 

2.  Pline,  liv.  IV,  §  107. 


Chronique  509 

Un  des  motifs  pour  lesquels  le  P.  Kegan  compte  sur  le  succès  de 
cette  souscription  est  qu'une  fois  en  possession  du  dictionnaire  de 
M.  Atkinson,  les  souscripteurs  pourront  lire  sans  difficulté  les  monuments 
de  la  littérature  irlandaise.  Or  ces  monuments  sont  très  intéressants  ;  on  n'y 
trouve  pas  seulement,  comme  on  le  pourrait  croire,  des  textes  ennuyeux 
relatifs  au  droit,  à  la  médecine,  aux  vies  des  saints  :  les  vies  des  pécheurs 
célèbres  (remarquable  sinners)  y  tiennent  une  place  considérable,  et  à  côté 
de  la  grammaire,  des  règles  monastiques  et  des  rubriques,  on  y  rencontre 
beaucoup  d'athlétique  et  d'hypnotisme.  Enfin  la  raison  principale  sur  laquelle 
le  P.  Kegan  compte  pour  décider  ses  compatriotes  irlandais  est  que 
M.  R.  Atkinson  est  Anglais.  On  sait  que  ce  pauvre  O'Curry  a  souvent  très 
mal  traduit  les  textes  irlandais,  préoccupé  qu'il  était  par  le  désir  de  donner 
à  ses  lecteurs  une  haute  idée  de  la  vieille  civilisation  irlandaise.  Or,  conti- 
nue le  P.  Kegan,  on  peut  être  certain  que,  vu  sa  qualité  d'Anglais, 
M.  Atkinson  ne  commettra  pas  d'erreurs  de  ce  genre. 

The  Pilot  qui  a  pubHé  la  lettre  du  P.  Kegan  est  un  journal  très  sérieux: 
quelques  lignes  plus  haut,  il  donne  la  nouvelle  suivante  :  Alexandre 
Jacques,  un  Français,  vient  de  terminer  un  jeûne  merveilleux;  ce  jeûne  a 
duré  quarante-deux  jours.  Alexandre  Jacques  dit  qu'il  peut  jeûner  pendant 
une  période  de  n'importe  quelle  lorg  leur,  grâce  à  une  poudre  dont  il  a 
seul  le  secret.  Le  gouvernement  russe  a  offert  de  lui  acheter  ce  secret 
cent  vingt-cinq  mille  francs,  mais  Alexandre  Jacques  a  refusé,  il  prétend  ne 
vendre  son  secret  qu'au  gouvernement  anglais  ou  au  gouvernement  fran- 
çais. La  reine  Victoria  paierait  volontiers  la  recette  un  prix  raisonnable  et  elle 
ferait  usage  de  ce  procédé  économique  pour  l'entretien  de  sa  maison,  si, 
après  essai  sur  le  prince  de  Battenberg,  on  constatait  un  résultat  satisfaisant. 

Les  plaisanteries  qu'on  pourra  faire  au  sujet  des  publications  de  M.  At- 
kinson ne  porteront  pas  préjudice  à  leur  utilité  et  n'empêcheront  pas  les 
celtistes  de  tirer  un  excellent  parti  des  vocabulaires  qu'elles  contiennent. 

XIX. 

Je  suis  fort  en  retard  avec  M.  Adolphe  Coelho,  un  des  linguistes  les 
plus  compétents  de  notre  époque,  qui  m'a  envoyé,  au  commencement  de 
cette  année,  trois  articles  publiés  par  lui  dans  la  Revista  Arclieologica  de 
Portugal,  nos  de  janvier,  septembre  et  novembre  1889.  J'avais  égaré,  au 
milieu  des  nombreuses  livraisons  de  revues  que  je  reçois,  ces  trois  articles 
dont  l'épaisseur  modeste  est  loin  d'égaler  l'importance. 

Le  premier,  Revista  Archeologica,  1889,  p.  1-13,  est  divisé  en  trois  para- 
graphes. Le  premier  est  intitulé  Callaecla.  M.  Coelho  dit  que  le  nom  des 
Callaeci  ou  mieux  Callaici  est  celtique.  Il  paraît  avoir  existé  un  thème  cel- 
tique calla,  d'où  le  nom  d'homme  Callaeus  :  Catalus,  Callaei  filius,  Sequa- 
nus  '  ;  ce  nom  d'homme  se  retrouve  en  Espagne  2.  M.  Coelho  l'explique 

1.  CI.  L.,  V,  907. 

2.  C.  /.  L.,  II,  4999  a. 


510  Chronique. 

par  le  mot  irlandais  cailî,  bois,  forêt,  thème  calli-  pour  un  plus  ancien 
*caldi-,  cf.  grec  xXâoo;,  allemand  hol^;  le  latin  callis  paraît  être  le  même  mot, 
mais  rien  ne  prouve  rigoureusement  que  *  caldi-  et  calla-  aient  eu  le  même 
sens  ni  qu'à  la  date  où  apparaît  le  mot  CaUaecia  le  groupe  Id  fût  devenu  // 
en  gaulois,  en  sorte  que  cette  étymologie  est  simplement  possible. 

Le  second  paragraphe  a  pour  objet  le  mot  Andergus  que  M.  Coelho 
corrige  en*  Andercos;  *  Andercos,  nom  d'homme,  peut  être  un  dérivé 
à'ando-,  ou  un  composé  d'an  etdederco-s;  dans  ce  dernier  cas  il  signifierait 
«  aveugle  ».  Mais  une  question  se  pose,  elle  est  de  savoir  s'il  faut  en  effet 
corriger  Andergus  en  Andercos.  C'est  seulement  en  ce  dernier  cas  que 
l'origine  celtique  de  ce  mot  et  les  explications  proposées  seraient  probables. 
Quoi  qu'il  en  soit,  elles  sont  très  savamment  exposées. 

Vipascum  ou  Vipasca,  objet  du  dernier  paragraphe,  est  un  nom  de  lieu, 
connu  par  la  table  de  bronze  d'Aljustrel  ;  il  dérive  d'un  thème  celtique  l'z^o- 
variante  probablement  de  vepo-,  également  celtique,  au  moyen  du  suffixe 
-asco  qui  paraît  avoir  une  autre  origine  et  dont  on  trouve  quelques  exemples 
dans  les  noms  propres  géographiques  et  dans  les  noms  communs  du 
Portugal. 

Les  deux  autres  articles  de  M.  Coelho  portent  le  même  titre  :  Lusitans, 
Ligures  et  Celtes  '.  L'auteur  y  discute  les  théories  de  M.  F.  Martins  Sar- 
mento,  archéologue  distingué,  d'abord  celtomane  2,  qui  dans  l'espace  d'un 
an,  de  1879  à  1880,  changeant  de  doctrine,  est  venu  à  soutenir  deux  thèses 
également  inadmissibles. 

La  première  est  que  les  langues  dites  néo-celtiques  dérivent  du  ligure,  et 
que  par  conséquent  les  noms  propres  de  la  péninsule  ibérique  qui  s'expli- 
quent par  les  langues  néo-celtiques  sont  ligures  d'origine.  M.  Coelho  n'a 
pas  de  peine  à  établir  que  cette  thèse  n'est  pas  fondée  ;  il  s'appuie  entre 
autres  choses  sur  la  doctrine  généralement  reçue  qui  fait  des  Ligures  une 
population  étrangère  à  la  race  indo-européenne,  doctrine  qui  ne  sera  pas 
démontrée  tant  qu'on  n'aura  pas  fait  le  triage  des  noms  celtiques  et  des  noms 
liglires  de  l'Italie  et  de  la  Gaule.  Suivant  M.  Coelho,  l'argumentation 
de  M.  Sarmento  en  faveur  du  ligtirismc  de  l'onomastique  lusitane  est,  de  tout 
ce  que  contiennent  les  mémoires  ethnographiques  et  linguistiques  du  savant 
archéologue,  la  partie  qui  présente  la  plus  grande  apparence  de  solidité?. 

Cependant  M.  Coelho  démontre  que  Lnsitani  ne  peut  dériver  de  Lignses 
et  que  la  chute  de  Vi  et  du  g  de  Ligures  a  une  date  préhistorique  est 
invraisemblable. 


1.  Revista  archeologica,  1889,  p.  129-144-,  '65-1  75- 

2.  Voir  un  article  de  M.  Gaidoz,  Revue  Celtique,  t.  IV,  p.  280. 

3.  Voici  les  titres  des  travaux  dont  il  s'agit:  Os  Lusitanas.  Ouestces 
d'ethnologia  Porto,  1880.  —  R.  Festus  Avienus.  Ora  maritima,  estudo  d'esté 
poenia  na  parte  respect iva  a  Galliia  e  Portugal.  Porto,  1880.  —  Os  Celtas  na 
Lusitania  dans  la  Revista  Scientifica.  Porto,  1882,  p.  75-85,  128-159,  184- 
198,  294-305,  559-572.  —  Os  Argonautas,  Subsidios  para 'a  antiga  Historia 
do  Occidente,  un  vol,  in-8.  Porto,  1887. 


chronique.  5 1 1 

La  seconde  thèse  de  M.  Sarmento  est  la  vieille  doctrine  d'Holzmann  que 
les  Celtes  sont  des  Germains.  M.  Coelho  la  rejette  avec  raison  ;  il  motive 
ce  jugement  par  une  étude  savante  sur  les  noms  communs  gaesum,  trimar- 
kisia,  et  sur  les  noms  propres  Drynemeton,  Leotiorius,  Lutarius,  Allotriges^, 
Cassignatus,  Tcutohodiaci,  Tolistobogii,  Camiaules,  Articnos,  Chiomara, 
Segovetes. 

XX. 

M.  J.  Rhys  a  publié  dans  VAcademy,  du  16  août,  p.  134,  sa  lecture 
d'une  inscription  ogamique  de  l'île  de  Man  :  Dovaidona  niaqi  droata,  c'est- 
à-dire  :  «  [tombe]  de  Dovaido,  fils  de  druide  ».  Dans  le  no  du  25,  p.  i  (;4, 
M.  Whitley  Stokes  fait  observer  que,  si  le  dernier  mot  de  cette  inscrip- 
tion est  identique  à  l'irlandais  druad,  «  du  druide  »,  l'avant-dernière  lettre 
devrait  être  un  d  et  non  un  t  et  qu'on  devrait  lire  droada. 

XXI. 

UAcademy  du  23  août  contient  une  critique  par  le  Rév.  Mac  Carthy  de 
l'histoire  de  l'église  catholique  d'Irlande  :  Geschichte  der  Katholischen  Kirche 
in  Irdand,  t.  I,  par  le  chanoine  Bellesheim.  Une  méprise  singulière  du 
savant  allemand  est  d'avoir  traduit  par  Wachssiegel  «  sceau  de  cire  »  Mace- 
ria,  nom  savant  de  la  ville  de  Cassel,  Castellum:  iiiaceria  est  un  nom 
commun  latin  qui  veut  dire  «  muraille  »  et  qui  dans  le  passage  dont  il 
s'agit  a  été  employé  comme  nom  propre  géographique.  Après  avoir  réuni 
un  certain  nombre  d'exemples  d'erreurs,  le  savant  irlandais  conclut  en 
exprimant  l'espérance  que  les  tomes  II  et  111  vaudront  mieux  que  le 
premier. 

P  -S.  —  Au  moment  de  donner  le  bon  à  tirer  je  reçois  :  1°  La  Revue 
de  Kuhn,  t.  XXI,  livraison  2,  qui  contient  un  article  de  M.  Whitley  Stokes 
intitulé  Hihernka  ;  2°  un  tirage  à  part  de  la  PhUohgical  Society  qui  ren- 
ferme un  mémoire  du  même  M.  Whitley  Stokes  sur  la  valeur  linguistique 
des  Annales  irlandaises  ;  3"  un  tirage  à  part  des  mémoires  de  l'Académie 
royale  de  Saxe  qui  donne  le  texte  d'une  lecture  faite  devant  cette  com- 
pagnie savante  par  M.  E.  Windisch  le  19  juillet  dernier  sur  le  poème  vieil 
irlandais  du  Codex  Boernerianus  et  sur  les  formules  magiques  en  vieil  irlan- 
dais. On  parlera  de  ces  importants  travaux  avec  détail,  comme  ils  le  méri- 
tent, dans  la  prochaine  livraison  de  la  Revue  Celtique. 


Jub.ainville  (Vosges),  le  30  août   1S90. 


H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


Cf.  Revue  Celtique,  VI,  482-48,. 


TABLE 


PRINCIPAUX     MOTS     ETUDIES     DANS     LE     TOME     XI 
DE    LA    REVUE  CELTIQUE  t. 


I.  Gaulois  ou  vieux-celtiq.ue. 

Aballo,  381. 

Abalus,  381 . 

Abrincatui,  508. 

-acos,   -acus,    162-172,  223,    488 

489. 
Adiune. . .,  352. 
-agnos  suffixe  de  diminutif,  502. 
Alisanu,  379. 

Allobroges,  'AXXo6piyc;,  505. 
Allotriges,  ^11. 
ambe,  gi.  rivo,  352. 
Ambitrebius,  170. 
Ambivareti,  ^08. 
Amboglanna,  3  52. 
Ananes,  i  69. 
ande-,  223. 

Andebrenacu,  Andebrinnaco,  223. 
Andebrogirix,  223. 
Andecamulos,  223. 
Andecavi,  223. 
Andelipa,  223. 


Andematunum,  225,  224. 
Anderex,  223. 
Andergus,  5 10. 
Anderitum,  223. 
Anderoudus,  223. 
Antebrennaco,  223. 
Antobroges,  505. 
Antuberix,  50^. 
ar-  très,  2  19. 
Arda,  386. 
Ardacus,  386. 
Arelas,  501. 
Ariminum,  171. 
Artiacus,  496. 
ate-,  ati-,  380,  381. 
Ategnatos,  très  connu,  463. 
Atevritus,  381. 
Atioxtus,  380,  381. 
Atrabatas,  501. 
Auguslobona,  377. 
Aureliacus,   171. 
Beisus,  587. 
Bituitus,  380. 


I.  Cette  table  a  été  faite  par  M.  Emile  Ernault. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XL 


5M 


Bituriges,  380. 

Bodincomagus,  162. 

Bodiocasses,  ^01. 

Boii,  169-171. 

Boiorix,  382. 

Boiionia,  169. 

bracae,  braies,  pantalons,  33-40. 

bratu-  jugement,  251. 

Brennus,  162,  223. 

Brigomaglos,  344,  504. 

Brittomaros,  365. 

briva,  pont,  387. 

Brivatiom,  386,  387. 

Brohomagli,  344. 

Cabardiacus,  170. 

Caburrus,  162. 

Callaeci,  509. 

Callaecia,  509,  5 10. 

Callaeus,  509. 

Callemarcius,  253. 

calliomarcus  «  sabot  de  cheval  », 
plante,  253. 

Camaracus,  252. 

Camillomagus,  169. 

Camulus,  223. 

candetum    espace  de  cent  pac,  387. 

Garni,  167-169. 

Carriago,  488. 

Caltos  «  chat  »,  503. 

Caturniacus,  170. 

Caudiacae,  170. 

Cenomani,  166. 

corn-,  387. 

Condate,  confluent,  352. 

Condatomagus,  la  plaine  du  con- 
fluent, 352. 

Crossiliacus,  170. 

Cunegni,  501 ,  502. 

Cunocenni,  502. 

Cunovali,  502. 

Danius,  490. 

Dannia,  490. 


-dannios  audacieux,  hardi,  490. 

Dannomarus,  489. 

Dannotalos,  489. 

Dannus,  489. 

Danotala,  490. 

Dervenlio,  381. 

Dovaidona,  511. 

droata,  511. 

Durnacos,  179. 

Eneuiri,  141. 

Eporedia,   161,  381,  382. 

Equabona,  377. 

er-  très,  2  19. 

Erbisago,  488. 

er-cunio-,  très  haut,  219. 

[E]scingomagus,  162. 

Frontu,  379,  386. 

Gabrêta,  forêt  des  chèvres,  2  i  7. 

Gobannium,  381,  382. 

Harcynios,  218. 

Hercynia,  2  16-2  19. 

Histridunus,  170. 

Insubres,  164. 

Isarninos,  144. 

Juiiobona,  377. 

Laumelium,  164. 

Lausdunum,  506. 

Lausiacus,  506. 

Lepontii,  163,  164. 

Libici,  164. 

Licco-Ieucus  «  blanc  de  pierres  »,  170. 

Lingones,  171. 

Loverniôs,  fils  du  renard.?  503. 

Luciacus,  162. 

Lucoticnos,  fils  de  la  souris,  503. 

Lugudunum,  236,  237. 

Maglocunos,  502. 

Mailagni,  502. 

Malliaco,  170. 

maqi,  du  fils,  511. 

Matunus,  224. 

Mauoh. . .,  353. 


5'4 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XL 


Mecledonensis,  247. 

Melledunum,  Mcllodunum,  246. 

Mellosedum,  246. 

Melus,  246. 

Nanti,  253. 

Nevidunus,  170. 

Noniacus,  170. 

Noviodunus,  170. 

Octodurus,  j8i. 

or-  très,  2  19. 

Orcynios,  218. 

Parisii,  377. 

Pelendones,  377. 

petru-  quatre,  384. 

Petrucorii,  les  quatre  troupes,  577, 

384,  SOS- 
Pictavi,  386. 
Picti,  377. 
Pictones,  586. 
Pisuniacus,  170. 
Quintiacus,  170. 
ratin,  386,  387. 
Regium,  169. 
Rigomagus,   164. 
-rix,  582. 
Roudus,  223. 
Salassi,  161. 
sego-  action  d'atteindre  et  de  vaincre, 

489. 
Segobodium,  489. 
Segobriga,  489. 
Segodannianus,  489. 
Segodannios,  «  hardi  dans   l'attaque 

victorieuse,  dans  la  victoire  »,  490. 
Segodunum,  489. 
Segorigium,  489. 
Segovellauni,  489. 
Segovesus,  489. 
Segusiavi,  162,  236. 
Segusio,  162. 
Sena,  171. 
Senemagli,  Senomagli,  344. 


Senones,  171. 

Similiacum,  170. 

Tanotalos,  490. 

tar-,  387. 

Tarbeisonios,  386,  387. 

Tarcondarius,  387. 

Teutomatos,  365. 

Tigernomaglus,  1 50. 

Tricorii  «  les  trois  troupes  »,  384. 

Tridentum,  252,  253. 

Vedomavi,  353. 

Venadoro,  168. 

Vendumagli,  344. 

Vercellae,  164. 

Vercondaridubnus    387. 

Verduno,  163. 

Veriniaca,  171 

Vetta,  ^04. 

Victi,  504. 

Viducasses,  501 . 

Vinnemagli,  344. 

Vipascum,  Vipasca,  5 1  2. 

Visiliacus,  170. 

Vocontii,  I  54. 

Vritu,  381  . 

Vulpiliago,  488,  489. 

II.  Irlandais. 
(Voir  pp.  374,  37J,  439-442)- 

adas  convenable.  494. 
adclaidim  je  chasse,  434. 
aire  fardeau,  4^7. 
airlicim  je  prête,  382,  383 . 
aistrech  instable,  inconstant,  128. 
amhor  lamentation,  434. 
anfuth  tempête,  93 . 
-ann,  présent  d'habitude,  506. 
arbiur  biuth,  je  me  sers,  93. 
archinn,  archiunn,  vis-à-vis,  à  la  ren- 
contre, 92 . 
ârmann  officier,  493. 


Table  des  principaux  mots 
arraill   il  était  venu,    avait    imposé, 

arta  il  reste,  92. 

-as  relatif,  3<=  personne  du  singulier, 
506. 

astar  voyage,  1  28. 

atfessed  «  qui  narraret  »,  570,  371  . 

a  tius,  de  la  chaleur,  92. 

aul  mur,  92. 

aur-  très,  219. 

bacc  crosse,  72. 

banchuri  troupe  de  femmes,  505. 

benim  je  frappe,  380. 

bered  qu'il  porte,  378. 

bindius  harmonie,  langage  harmo- 
nieux, 45  ^ . 

bith  monde,  380. 

biur  je  porte,  378. 

blosc  écaille,  385 . 

bn'dn  petite  colline,  128. 

buiderad  plantes  à  fleur  jaune,  210. 

buidhe  môr  «  reseda  luteola  »,  210. 

builc  soufflet  de  forge,  455. 

caill  bois,  forêt,  510. 

caimper  champion,  128. 

callaire  crieur,  héraut,  493. 

cammae,  cammaib,   cependant,   442, 

443- 
canarad  bateaux,  493. 

capercaïlzie,  128. 

cara  il  aime,  116. 

Carnechus,  140. 

cetaich  siège,  456. 

cétbuith  sentir,  461  . 

clais  raie,  bande,  129. 

class  chasse,  434. 

clithar  retraite,  1  28. 

cnar  navire,  493 . 

cobair  aide,  456. 

coiced  cinquième,  206  ;  province,  93. 

coicled  sauver,  209. 

coigilt,  cuingilt,  garder  (du  feu),  209. 


étudiés  dans  le  tome  XI. 


5'5 


coimainche  précaution,  456. 

Coini'n,  502. 

Columbane,  141  . 

Coluincille,  141  . 

comarpi  cohéritiers,  383. 

comportach  confortable^  494. 

conguint  ronger,  209. 

cû  chien,  378,  502. 

Cù-chulainn,  ^02. 

cuibiur,  cubhar,  aigle,  faucon,  128. 

cuire  troupe,  384,  505 . 

cumarad  chagrins,  493. 

curpha,  128. 

dalire  «  curialis  »,  385 . 

damim  j'accorde,  455. 

dâna  audacieux,  hardi,  490. 

datân  père  nourricier,  128. 

datiucân  petit  père,  45  5 . 

delbich  «  -formis  «,  385 . 

demh  protection,  abri,  128. 

derg,  78. 

df,  128. 

diberg  colère,  révolte,  385. 

-d-id  il  est,  458 . 

didiu,  didu,  donc,  374. 

'diu  donc,  445 . 

diuais,  128. 

do  particule  verbale,  99. 

doaisselbaim  j'assigne,  454. 

dobar-chû  loutre,  502. 

dobrônim,  dobrônaigim  je  m'afflige, 

454- 
dochûaid  (jour)  passé,  210. 
doformaig  il  ajoute,  205. 
domberr  on  me  donne,  474. 
dombreth  je  fus  donné,  474. 
doinenn  tempête,  128. 
dona  donc,  443 . 
dorât  il  donna,  250. 
doroirbiur-sa,  j'empêcherai,  454. 
dothaet    (jour)  qui  vient,   prochain, 

210. 


516 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


druad  du  druide,  511. 

dûis  richesse,  joyau,  454. 

edôn  c'est-à-dire,  2  10. 

ellatn  prompt,  456. 

éna  oiseaux.  371 . 

erdrach  surnaturel  ;  être  surnaturel, 

ergaire  prendre  garde,  457. 

esbaith  défaut,  462. 

eseba  qu'il  manque,  462. 

esomni  (il  fit)  accueil,  456. 

est  cheval,  495,  494 

etfaitis  ils  pourraient  atteindre,  371 . 

ethair  bateaux,  371 . 

ethra  oiseaux,  371. 

fael-chu  loup,  503. 

fath  vêtements,  i  28. 

fiach  dette,  383. 

fiariseid:  ar— ,en  travers,  128,  129. 

fiur  à  l'homme,  378. 

flaith  puissance,  384. 

tobTth  à  cause  de,  4^8. 

fodeud,  fodiud,  à  la  fin,  92. 

foen  incliné,  étendu,  ouvert,  4^6. 

fogmur  automne,  454. 

fol  ruine,  434. 

for-don-te  il  nous  aidera,  380. 

fornessa  il  frappa,  457. 

forti  manteau,  1  29. 

fosdichet  il  s'approcha  d'elle,  457. 

foséted  souffler,  455. 

frac  main,  i  29. 

fraig  mur,  384. 

frass  pluie,  384. 

fristâ  il  résiste,  93. 

fuit  froid  129. 

funid,  fuined,  coucher  des  astres,  92. 

gabui  fourche,  fourchette,  211. 

gaibim  je  saisis,  211. 

Gall  un  Gaulçis  ;  un  Normand,  438, 

gart  hospitalité,  435. 

gat  il  enleva?  4^5. 


goll  borgne,  91  . 

gonim  je  blesse,  380. 

hûaise,  ûaste,  au-dessus  d'elle,  440. 

iarn  fer,  204. 

imbed  grande  quantité,  206. 

immechtar  extrémité,  356. 

innte  en  elle,  370,  37  i. 

ioinaineach  coercitif,  456. 

-ither,  suflf.  de  comparatif,  206. 

laich  laïque,  91 . 

langaim  trahir,  1  29. 

lar  sol,  91 . 

Ilnmar  nombreux,  93. 

loarn,  Lorn,  renard,  ^3. 

lobur  faible,  malade,  92. 

mac,  deux  fils,  440. 

Mac-bethad,  fils  de  la  vie,  502. 

mâel  chauve  ;  esclave,  502. 

Mael-bethad  esclave  de  la  vie,  502. 

Mael-muire  «  esclave  de  Marie  », 
502 . 

Mael-patraic  «  esclave  de  Patrice  », 
502. 

Mael-suthain  «  esclave  de  l'Eternel  », 
492. 

mangaire  marchand,  494. 

margg  marc  (d'argent),  494. 

margg  marche,  frontière,  494. 

marg^ad  marché,  494. 

mattal  manteau,  494. 

medhùn  milieu,  73. 

mildemail  guerrier,  45$. 

Mog-neit  «  esclave  de  Neit  »,  502. 

Mog-nuadat  «  esclave  de  Nuadu  », 
502. 

mon  ruse;  monach  rusé,  454. 

mor-gobuil,  estuaire,  211. 

mull  sommet  de  la  tête,  41 . 

mullach  sommet  d'une  colline,  41. 

mullôc  couvercle  de  patène,  41. 

munterus  qualité  de  mari;  cohabita- 
tion, 4$6. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


517 


niarlasair  il  n'adressa  pas   la  parole, 

380. 
ni  bh-fuil  il  n'y  a  pas,  209. 
nlmthâ  il  n'est  pas  à  moi,  475. 
ninderba  il  ne  s'arrêta  pas,  455. 
noch  encore,  443. 
nomerpimm  je  me  confie,  383 . 
Northmann  Norvégien,  494. 
Nuadu    91. 
odev  parce  que,  456. 
oin  un,  385 . 

ôinach  assemblée,  foire,  385. 
oinachtir  il  est  uni,  385 . 
or  crinière,  494. 
orpe  héritage,  383. 
Piskarkarl,  494.  1 

Plat,  494. 
plûr  farine,  494. 
port  fort,  494. 
renga  reins,  434. 
richis  charbon  ardent,  435. 
ris  histoire,  129. 
roFetar  je  sais,  380. 
sadall  selle,  494. 
sagim  j'atteins,  456. 
Saxa  saxon,  45  5 . 
sceir  rocher  aigu  dans  la  mer,  494. 
Sciggire  habitants  des  îles  Féroé,  494. 
scut  poupe,  494. 
scûta  barque,  494. 
'se  do  bheatha,  salut  !  210. 
seccaim  geler,  456. 
selaim  je  retourne,  45  5 . 
selb  possession,  454. 
senchas  ancienne  histoire,  95. 
siassair  il  s'assit,  580. 
sicc  gelée,  456. 
sil  semence,  250. 
sincreth  vieille  femme,  129. 
sion  digitale,  89, 
snfding  un  vilain,  495. 
soinenn  beau  temps,  128. 

Revu:  Celtique,  XI. 


sruith  race  antique,  93 . 

stag  étai  (en  terme  maritime),  495. 

stiûir  gouvernail,  495 . 

stôl  tabouret,  495. 

ta  il  est,  475 . 

taidb-derce,  spectacle,  385 , 

tar,  tairm  par,  au  delà,  387. 

Teach  Munae,  148. 

tesbuith  manquer,  462. 

teseba  qu'il  manque,  462. 

toimtiu  pensée,  378. 

tolc  lit,  40. 

topp  touffe,  crête,  495 . 

tôscaigim  j'avance,  20. 

traig  pied,  384. 

trea,  tree,  par  elle,  440. 

trian  tiers,  204. 

tuirigin  langue,  1  29. 

uath  retraite,  125. 

Uibecan  petit  Wulf,  455. 

ùr  feu,  91,  92. 


III.  GAÉLiauE  d'Ecosse. 
Mac  Dobarcon,  fils  de  la  loutre. 


IV.   PiCTE. 

Mac-beth,  fils  du  chien.?  502. 
Mael-beth,  esclave  du  chien?  502. 


V.  Gallois. 
(Voir  pp.  68  et  suiv.). 

a  il  va,  il  ira,  102. 

a,  ac  et,  74. 

adfod  être  de  nouveau,  461 . 

adlif  marée  basse,  89. 

agit  il  va,  204,  205 . 

34 


518 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


aho  il  sera  allé,  102 . 

ai  il  allait,  102  . 

ai,  ei  tu  iras,  102. 

aiff,  eiff  il  ira,  102. 

allt,  gallt  flanc  d'une  colline  ;  hau- 
teur; bois  ;  écueil,  77. 

am  cirhin  vers  (la  nuit),  91. 

amser  (ne)...  jamais,  204,  205. 

-an  diminutif,  50. 

anbithaul  (mer)  agitée,  93. 

arad  charrue,  206, 

arber  bit  il  se  sert,  93. 

arddwrn,  garddwrn  poignet,  77. 

ar.od  temps  opportun,  461. 

arganfod  percevoir,  perception,  461. 

argant  argent,  204. 

armerthu  préparer,  pourvoir,  461 . 

-asant  prétérit,  3«  pers.  plur.,  121 . 

-asent  plus-que-parf.,  3' pers.  plur., 
122. 

-asom  prétérit,  i'-<'pers.  plur.,  121. 

-awr,  plur.  des  noms,  74. 

bachu,  biachu,  se  courber,  se  cacher, 

72- 
basgjad  panier,  72. 
beheit,  behet  jusqu'à,  205. 
bemhed  tribu,  93 . 
bichan  petit,  204,  205 . 
bit  monde,  380. 
bod  être,  458. 
bol,  bola,  boly,  ventre.  78. 
brawd  frère,  206. 
breenhin,  breyenhin,  brenhin  prince, 

75>  76- 
breuant  trachée-artère,  75. 
brig    branches  les  plus  élevées    d'un 

arbre,  pointes  des  cheveux,  3p. 
bwyta  nourrir,  112. 
bwytiii  ef,  il  mangera,  102,  !o8. 
bwyttao,  il  aura  mangé,  103. 
ca,  caiff,  il  aura,  102. 
Caer-Nevenhyr,  141. 


cal,  cala,  caly  membre  viril,  78. 

campiwr  champion,  128. 

canfod  comprendre,  461  . 

cant  avec,  selon,  204,  205. 

cant  cent,  203 . 

cara  il  aime,  il  aimera,  116. 

carvv,  car  cerf,  78. 

Catawc,  Cadoc,  140,  501. 

Catmail,  Cadvaei  «  prince  de  la  ba^ 

taille  »,  501 . 
Ceidio,  Keydiaw,  141 . 
celir  il  est  caché,  205,  206. 
ceriff  ii  aimera,  108. 
cesyg  juments,  183. 
chwecii,  chwe  six,  74. 
chwitho  n'être  pas  bien,  469. 
chwylo  tourner,  45  5 . 
ci-  vers,  204,  205 . 
ci-hutun,  ci-hitun  jusqu'à,  205. 
cled  gauche,  90. 
clybod  entendre,  471 . 
coffâd  le  souvenir,  114. 
coilâm,  coeliaf,  je  croirai,  204,  20^. 
cosgordd  suite,  cortège,  74. 
crabinio  saisir,  accrocher,  74. 
craf  ail,  74. 

credant  ils  croient,  117. 
credwn  nous  croyons,  117. 
cwmmwt  territoire,  461 . 
cyffred  comprendre,  205. 
cyllell,  cylleth  couteau,  69. 
cymmod  être  d'accord,  461 . 
cymmydu  associer,  461  . 
Cynin,  502. 

cynneu,  gynneu  naguère,  350. 
dadlant  ils  discutent,   117. 
daear  terre,  75 . 
dala,  dale,  daly  tenir,  78. 
darblygu  replier,  461 . 
darbod  préparer,  461 . 
darbodiad  préparation,  462. 
daredd  tumulte,  387. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


519 


darfod  cesser,  461 . 

darlith  leçon,  461 .  ^ 

darllen  lire,  461  . 

darmerthu  préparer,  pourvoir,  461 . 

darparu  préparer,  461. 

de  de,  205,  206. 

deall,  deuall,  dyallt  comprendre,  76. 

dehint  dents  ?  91  . 

deisyf  demander,  demande,  462. 

dera,  dery  vertige,  démon,  entêté,  78. 

di  de,  204. 

diguormechis  il  a  ajouté,  204,  205. 

dilëu  abolir,  perdre,  90. 

dos  viens,  459. 

dou  deux,  204. 

duw,  duwch  dieu,  75. 

dybarthu  séparer,  117. 

dyfod  venir,  4159. 

dyhynt  voyage,  91  . 

dywedaf  je  dis,  69  . 

ebe  fi,  dis-je,  477, 

Edyrn,  Eutegirn,  75,  76. 

eidduned  vœu,  352. 

Eiddyn,  Eiddin,  3^3 . 

eir,  eira,  eiry  neige,  78. 

eisiw  besoin,  462. 

eisiwed  indigence,  462. 

eithr  en  outre,  3  56. 

elach,  gellach,  un  gueux,  77,  78. 

Eliud,  145. 

eloch  vous  serez  allés,  105. 

enaid,  genaid,  âme,  77. 

enwair,  genwair,  ligne  à  pêcher,  77. 

erbyn  vis-à-vis,  à  la  rencontre,  92  . 

erw  sillon,  215. 

-et    comparatif  d'égalité  ;  superlatif 

d'exclamation,  206. 
eterin,  eterinn  oiseau,  204,  371. 
ffrawdd  tumulte,  92. 
fionou  roses,  89. 
gablau  gl.  (fistula)  bilatrix,  211. 
gaddo  promettre,  77. 


gaeaf,  geuaf  hiver,  75 . 

gafael  saisir,  211, 

gafl  fourchette  ;   angle  formé  par  les 

deux  jambes,  211. 
gallu  pouvoir,  76. 
geisteddfod  congrès,  77. 
gelmen  bec,  pointe  ?  91 . 
gelor,  elor  bière,  cercueil,  78. 
giem  pierre  précieuse,  72, 
gilbin,  gylfin  bec,  pointe,  91 . 
glanasoc,  homme  sanguinaire,  91. 
gnawd,  cnawd  habituel,  74 
gonesl  honnête,  77, 
gordd  maillet,  77. 
gosgordd  suite,  cortège,  74. 
grabinio  saisir,  accrocher,  74. 
graf  ail,  74. 

Gresford  «  carrefour  »,  74. 
guorennîeu  fractions,  203. 
guotig  après,  203 . 
gutan  sous,  205 . 

gwaeanwyn,gwanwyn  printemps,  75 . 
Gwalchmai,  353. 
gwddwg,  gwddvir,  gwddfcou,  gosier, 

76,  77- 
gwedaf  je  dis,  69. 
gwelyf  couche,  462. 
gwelytod  couches,  458. 
gwerth  valeur,  vente,  382. 
gwlw,  gwlf  cannelure,  76. 
gwnaiff  il  fera,  102,  108. 
gwrthdo  il  résiste,  93 . 
gwyddf,  gwyddyt  cou,  76,  77. 
gwyddid  on  savait,  460. 
gwys  on  sait,  460. 
hâ  et,  203 . 
haearn,  haiarn,  hearn,    harn  fer,  75, 

204. 
haf  été,  75 . 
hanther  demi,  204. 
hegit  il  va,  204,  205 . 
hel,  hela,  hele,  hely  chasser,  78. 


520 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


helghati  chasse!  79. 

hella,  lielcha  chasser,  79. 

helw  possession,  454. 

hencassou  antiquités,  93. 

hestaur  setier,  205 . 

hi  le,  article,  91 . 

hi  dans,  203 . 

hinnoid  cela,  204. 

hi'nt  ils  sont,  203 . 

hun  cet  (argent),  204,  205. 

hunnoid  celui-ci,  204,  205. 

hwech  six,  74. 

hwnn  celui-ci,  205 . 

hynn  ceci,  205 . 

iâr,  giâr  poule,  77. 

-id  indicatif  présent,   3*  pers.  sing., 

205 . 
-ifF    présent-futur,     3^    pers.    sing., 

102,  103. 
Iltut,  145, 

immet  beaucoup,  205,  206. 
init  commencement,  92. 
ir  le,  article,  204,  20^ . 
is,  iss  il  est,  203,  204,  460. 
le  lieu,  90. 
lichou  des  marais,  90. 
litimaur,  linmaur  ?  populeux,  93. 
lladrata  voler,  112. 
liai  limon,  sédiment,  90. 
Llan-badarn,  148. 
Llandeilo,  145. 
LIaniidut,  145 . 
Ilara,  llary  doux,  79. 
lias  il  fut  tué,  460. 
llwrw  trace,  79. 

Ilws  limon,  chose  visqueuse,  116. 
ilysnafedd  mucosité,  116. 
Ilysnafu  rendre  une  matière  muqueuse, 

116. 
luch  marais,  90. 
Maelan,  502. 
Mailcun,  Maelgwn,  502. 


mal  tendre,  3  56. 

maleithr  tumeur,  mules,  356. 

malldorch  mules,   engelure  au  talon, 
3^6. 

marwol,  marfol,  mortel,  76. 

niaur  grand,  205 . 

maw  serviteur,  553. 

meddaf  dis-je,  477. 

megys,  meis,  comme,  76. 

Mei,  Meic,  353 . 

mel  miel,  203 . 

merch  fille,  78. 

methawd  il  périra,  90. 

mewn,  mywn,  mwn,   meawn   au  mi- 
lieu, 73 . 

morawl  estuaire,  211. 

nimer  nombre,  205 . 

Nudd,  91 . 

nymtawr,  nymdawr   je  ne  veux  pas, 
463. 

-0  subjonctif-optatif,  3'=  pers.    sing., 

95,  102. 
0  blegid,  0  bleid  à  cause,  76. 
oddieithr,  oddigerth  excepté,  78. 
oeddid  on  était,  460. 
oer,  goer  froid,  77. 
oes  il  y  a,  460. 
or  pard  du  côté,  90. 
oti  il  est,  69. 
pard  côté,  90. 
pawl  poteau,  369. 
penryn  promontoire,  91. 
petguar  quatre,  204. 
pieufydd  il  possédera,  469. 
pimp  cinq,  203 . 
pimphet,  pummed,  cinquième,  204, 

206. 
plwyf  paroisse,  215. 
prinit  il  achète,  204. 
punt  une  livre,  204. 
pydredd  pourriture,  357. 
Quonocus,  1  ^0. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


521 


racdam  devant  lui,  460. 

rhaccor,  rhagor,  plus  ;  différence,  69. 

rhedegj  rytag  courir,  69. 

rhof  je  donne,  1 10. 

rinn  promontoire  ?  91 . 

scribi  scrupule,  mesure,  204. 

se  cela,  205,  206. 

serch  amour,  78. 

strutiu  race  antique,  93 . 

taw  que,  463,  475 . 

Teiio,  Teliau,  145 . 

teyrnas,  teuyrnas,  ternes,  règne,  75, 

76. 
To-quonocus,  1 50. 
tra,  trach,  au  delà,  très,  74,  587. 
traian,  traean,  tréân,  tiers,  203,  204. 
trawst  barre,  chevron,  206. 
trf  trois,  203. 

Irianu  diviser  en  trois,  204. 
trimuceint  trente,  203 . 
tuhen  éminence  ?  91  • 
twlc  cabane,  456. 
twyn  éminence,  9  1 . 
Tydyeu,  1  50. 
Tysylio,  149. 
vi^ettaf  je  dis,  69. 
y,  yd,  particule  verbale,  71  , 
ydyw  il  est,  69. 

yll  dau,  yll  tau  tous  les  deux,  71 . 
ys  il  est,  3  56. 


VI.  C0RNIQ.UE. 

âges,  agis,  que  du  comparatif,  196. 

agynsow  naguère,  5  50. 

am  bus  j'ai,  460. 

awos,  awes  pour,  196. 

byen  je  serais,  478. 

bones  être,  459. 

boys  être,  470 

Briock,  139. 


Budock,  140. 

cresons  ils  croient,  117. 

cresyn  nous  croyons,  117. 

deffé  il  viendrait,  480. 

desef  désirer,  462. 

devones  venir,  459. 

dotho  à  lui,  196. 

dus  viens,  459. 

dybarthy  séparer,  117. 

enchinethel  géant,  247. 

galloys,  gallos  pouvoir,  470. 

galser  on  aurait  pu,  481 . 

gavai  saisir,  211. 

geller,  gyllyr  on  peut,  474. 

godhyen  je  savais,  478. 

Gothian,  Guithian,  142. 

govys  (à)  cause  de?  458. 

gweles  voir,  471  . 

hallo  qu'il  puisse,  102. 

haloin  sel,  3  57. 

hellyrchys  poursuivi,  79. 

irch  neige,  78. 

lunitor,  3^3. 

Lan-Wennock,  Lewannick,  143. 

machteth  vierge,  138. 

medhaf  dis-je,  477, 

Mewan,  147. 

ow  signe  du  participe  présent,  71 

Pinnock,  148. 

podreth  plaie,  357. 

reth  tu  fais,  110. 

rof  je  donne,  1 10. 

roy  qu'il  donne,  102. 

veugh  que  vous  soyez,  485. 

wharfos  advenir,  463 . 

Winnow,  143 .' 


VII.  Breton. 


a  par,  90 

-a  indicatif  prés. 


3«pers.  smg. 


116. 


522  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


-a,  -aff,  infinitif,   110-113. 

-aat, -ahat,  -(h)at,  infinitif,  108,110- 

112,  114. 
abavafich  abat-vent,  183. 
Aber-Ildut,  145. 
achited  architecte,  3  58. 
acoueh,  azcouez  rechute,  183. 
adiauou  marées  montantes,  87,  89. 
-aer  suffixe  d'agent,  112. 
-aet  infinitif,  1  1 1  . 

-afe  conditionnel,  3*:  pers.  sing.,  123. 
aguetou,  eguetou  naguère,  350. 
ahane,  ahano  de  là,  196. 
ahanouf  de  moi,  458. 
-ai,  -ei,  futur,  3';  pers.  sing.,  107. 
-ai  infinitif,  i  1  i . 
ai,  aio  il  ira,  103,  104. 
a-inou  de  là,  196. 
-ait  impératif,  2^^  pers.  plur.,  1 18. 
alesnauha  gl.  nauseantem,  1  16. 
altro,  aotrou  monsieur,  244. 
-amb,  -amp,  indicatif  prés.,  1''^  pers. 

plur,,  117,  1  ;8. 
-amb  nous,  i  18. 
am  bevez,  am  beveuz  j'ai,  460, 
ameur  cruciffiat  on  m'a  crucifié,  475. 
amiaplat  faire  amitié,  1 1 1 . 
amonennaour  marchand   de    beurre, 

112. 
-an  infinitif,  111. 
anaout,  aznauout,  anavean  connaître, 

124,  462,  463,  466,  478. 
anavehe  il  connaîtrait,  124. 
ancofua  oubli,  1  14. 
anehè,  anezo  d'eux,   193,  196. 
aneuz-ont  ils  ont,  473 , 
anezi,  anei  d'elle;  elle,  191. 
anezof,  anou  de  lui,  191,  196. 
ankeic'her  feu  follet,  247. 
-ant  indic.  prés.,  3'pers.  plur.,  117, 

118. 
aolier  entonnoir,  ivrogne,  197. 


-aour  suffixe  d'agent,  112. 

aprou  éprouver,  480. 

aquita  acquitter,  i  14. 

-âr  suflf.  d'agent,  114. 

arat  labourer,  113. 

arazr,  arar,  arèr  charrue,  207. 

arboùilein  épargner,  360. 

arbre  arbre,    191 . 

armerhein,  amerhein,  épargner,  360, 
461  . 

Armine,  1 36,  1 38. 

aroez  signe,  3  57. 

arrêta,  arrêter,  109, 

arriuout  arriver,  469. 

arvez  considérer;  aspect,  461 . 

arzaoio  il  cessera,  486. 

-as,  -az  prétérit,  3^  pers.  sing.,  120, 
472. 

as  bijes  tu  aurais,  472. 

asconch  instruction,  doctrine,  183. 

ascont  (à)  cause,  183 . 

asien  j'irais,  je  serais  allé,  479. 

assemblafî  ensemble,  363. 

assuret,  assurit  assurément,  100. 

-at  infinitif,  111,  113. 

-at  prétérit,  passif  ou  indéfini,  483. 

avouillein  achever  de  remplir  un  ton- 
neau, 197,  198. 

avouillêtte  entonnoir,  197. 

aznauoudeguez  connaissance,  462. 

azurh  de,  depuis,  363 . 

bacc  bât,  3^5 . 

Bachia  136,  138. 

baneuez,  banezeo  mariage,  noces, 
191 ,  192. 

banves  banquet,  191 . 

baraz,  baraçz  baquet,  354. 

barh,  ba,  dans,  363 . 

barnat  il  fut  jugé,  474 

bazata,  bazatâ  bâtonner,  112. 

becc,  bénçz  vesce,  3  54. 

Becheve,  Behièw  136,  138. 


Table  des  principaux  mois  étudiés  dans  le  tome  XI. 


523 


bemdez  c'houlou  tous  les  jours  que 

Dieu  fait,  356. 
benak,  bennaac  quelconque,  quelque, 

111.  364,  365. 
berhellihat  pêcher  des   maquereaux, 

"3- 
bes  tu  serais  ;  que  tu  sois  ;  sois,  459. 

bet  (il  a)  été,  461 . 
Beuzec,  140. 

bezaff,  bea,  être,  97,  460,  469. 
bezout  être,  469. 
bezé,  bise  qu'il  lût,  122. 
bezomp,  bezamp  nous  sommes,  117. 
bezont,  bezant  ils  sont,  117. 
bihent  ils  seraient,  465. 
bije  il  aurait  été,   il   était  habituelle- 
ment, 122. 
bijemp  nous  aurions,  473. 
bikenn  jamais  à  l'avenir,  95. 
Bili,  136,  138. 
binidiguez  béatitude,  464. 
bifis  vis,  escalier  tournant,  354. 
biou,  bieu  il  appartient,   il  possède, 

477- 

Birhiett,  139. 

birviquen,  bizuiquen  jamais   à  l'ave- 
nir, 95-97. 

bizaou,  bizaour  bague,  183. 

blaseta  goûter,   111. 

blashat,  blazaff  goûter,  113. 

blecc,  blençz  plaie,  3  54. 

blonça  meurtrir,  3  54. 

boa,  voa  il  était,  460. 

bochataff  soutfleter,  112. 

Bodiane,  1 36,  1 39. 

boe,  voe  il  fut,  460. 

boeh  voix,  3 1,4. 

boeta,  boetaff  nourrir,  112. 

boetâou  il  nourrira,  103. 

bop  ma  à  mesure  que,  i  14. 

bostol  de  bête,  215. 

Bothmael,  139. 


bouet,  bet  être,  470. 

bouras,  bourlas,  bourlançz  cartilage, 

3SS- 

bout  être,  1  24,  469,  470. 

Bran,  139. 

Brangualadre,  Branwalatr,  136,  139, 

490-492. 
bras  grand,  187,  188. 
brazédiguiah  grossesse,  464. 
breig  faute,  manquement,  356. 
Breizis  Isell  bas-bretons,  358. 
bremafi,  bromon  maintenant,  193. 
breutaer,  breutaour  plaideur,  112. 
breuzr,  breur,  breu  frère,  207. 
bryata,  bryatât,  brihadal   embrasser, 

I  I  2. 
Brigida,  1 39. 

Brioc,  Briocus,  136,  139,  140. 
Briomaglus,  1 39,  140. 
bruncen  «  broisson  (de  choul)  »,  354. 
bucellat  beugler,  354. 
Budmail,  136,  139,  140. 
Budoc,  ]40. 

buiquen  jamais  à  l'avenir,  97. 
bufiçz  muid,  3  54. 
Cadaw,  140. 
Cadoc,  140. 
cafîout  trouver,  470. 
caliçz,  calizr  calice,  355. 
campgur  homme  de  combat,  90. 
canef  il  chantait,  101. 
Caoc,  1 36,  140. 

car,  carë,  cara  il  aime,  115-117,  1 24. 
carafF  j'aime,  109. 
Caradoc,  140. 
Cardroc,  140. 
carehe  il  aimerait,  1  24. 
carei  il  aimera,  107,  108,  116,  124. 
caret,  carout  aimer,  362,   471,  478, 

479- 
caret  vous  aimez  ;  aimez,  1 18. 
caret,  carzet  r"  aimé,  voulu,  186. 


5  24  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


^ 


careze  il  aurait  aimé,  i  24. 

Carnache,  1 36,  140. 

carronçz  carrosse,  554. 

caset,  cassât  haïr,  113. 

Castel-Lin,  141 . 

Castel!-Paol,  148. 

Catoce,  1 36,  140. 

Catroc,  136,  140. 

Catuodus,  140. 

Cawrintin,  141. 

certasn  certain,  187. 

chalvari  charivari,  363. 

charronce  de  la  vesce,  3^4. 

chévreenn,  pi.  chivre,  cheor  che- 
vrette, 113. 

chetu,  chetë,  cheto  voilà,  193. 

chiloïen  j'écoutais,  479. 

chilori,  chilouri  gazouillement,  coas- 
sement, 362,  36?. 

chivrietat  pêcher  des  crevettes,  113. 

chinouri  réjouissance, bombance, 362. 

c'hoalenn  sel,  3  57. 

c'hoanta  il  désire,  368. 

c'hoar,  c'hoare_,  c'hoarvez  il  arrive, 
465. 

c'hoarvezout  advenir,  463,  471. 

choer  bouclier,  88,  90. 

chom,  choman  rester,  97,   100,  485. 

chouc  cou,  nuque,  355 

c'houés'ta  flairer,  111. 

chucre  sucre,  355. 

chutel  sein;   bout  de   linge  à  sucer, 

cillartt   pierre    posée    sur  son  tran- 
chant, 3  59. 
Citawe,  1 36,  140. 
clevet,  cleyout  entendre,  471 . 
cloarec,  pi.  cloar,  clouer,  clerc,  364. 
cloçzen,  clozren  écosse,  355. 
coant,  coent  joli,  364. 
coffa  se  souvenir;  le  souvenir,   113, 
114. 


coffes,  coffessat  confesser,  106. 

cofr  ventre,  186. 

compot  territoire,  commune,  461, 
462. 

compret  prendre,  193. 

compsyemp  nous  parlerions,  479. 

condadlant  gl.  conducunt,  i  17. 

Congar,  491 . 

Conoc,  145,  1 50. 

Conocane,  1 36,  141 . 

coscor  gens,  famille,  74. 

Courentin,  136,  141. 

crac  court,  188. 

cresquein,  crescat  croître,  123. 

crethat  garantir,  110,  123. 

cridifF,  credout  croire,  oser,  468. 

czucr  sucre,  3  5  5. 

czutell  sifflet,  355. 

da  à,  99. 

da  que  optatif,  99,  100. 

da  il  vient,  115,  117,  124. 

da  c'hordèw  tes  ordres,  354. 

daczon  écho,  3  54. 

daczorch  ressusciter,  354. 

da  gavout,  de  gâd  (aller)  trouver, 
189. 

dan  je  viens,  115. 

daoust,  divis,  deiJs  d'oc'h  vous  avez 
le  choix,  363. 

darbodi  faire  des  mariages,  462. 

darbout  être  sur  le  point  de,  461, 
462. 

dareu  prêt,  qui  a  fini,  462. 

darvout  advenir;  accident,  461,  462. 

debeairh  contingence,  1 17. 

dediledet  gl.  apollit,  90. 

defaint  ils  eurent,  473. 

defotout  faire  défaut,  469. 

de  gé  vers,  du  côté  de^  189. 

dehou  à  lui,  196. 

dei  il  viendra,  <o6,  deie  il  venait  ha- 
bituellement, 479;  deitvenu,  119. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


525 


demp,  deomp  allons,  1 10. 

denessat  approcher^  111. 

deo,  do,  deu,  deux,  187. 

dereab  convenable,  469. 

dereout  convenir,  468. 

Dergen,  Deriane,  Derrien,  136,  141. 

deseu  pensée,  462  ;  il  semble,  477. 

deseuout  penser,  462,  463. 

deu  venir;  viens,  459. 

d-eu  il  est,  458. 

deui,   deuio,    deuo  il   viendra,    101, 

103,  104. 
deur  on  vient,  1  10. 
deura,  deurein  abreuver,  117. 
deuruout  vouloir,    463,    469,    475, 

478. 
deusyot  on  vint,  483. 
deuz  viens,  459. 
deuz  elle  a,  472. 
dezurh  à,  jusqu'à,  363. 
diablasder,  dyufflaster  peine,  infamie, 

dianaff  inconnu,  462. 

dianguet  de  écartez-vous  de,  87,  89. 

dibarz  choisir,  1  17. 

dicc,  diîïçz,  dins,  dé,  3  54. 

dicombit,  dicomit  (in  — ),  sans  par- 
tage, 461 . 

diffaeczon  défiguré,  354. 

digoezaff  arriver,  469. 

digouzuez  ignorant,  464. 

diguery  il  ouvrait,  362. 

dihuytein  déchoir,  469. 

d'inou  là,  avec  mouvement,  196. 

dinou  verser,  1  1 6. 

dioc'hountafi  de  lui,  192. 

dioust,  dius  malgré,  363. 

diouz,  diouç  de,  3  54. 

Dircille,  Dirchil,  136,  141 . 

disccein,  diskouez  montrer,  104,  107, 
115,  119. 

diski  apprendre,  107,  1 19. 


dispar  incomparable,  188. 

dissiuout  opinion,  462. 

distér,  distériq  léger,  peu  important, 

188. 
distroncqa,  distroùkan  devenir  livide; 

essanger,  365. 
ditaluezhat  être  sans  valeur,  464. 
diuers  divers,  188. 
divout  (au)  sujet  de,  458. 
dleout  devoir,    104,    114,465,  466, 

470,  478-480. 
docordomni  gl.  arcemus,  1  17. 
donet,  dont  venir,  1  24,  459,  480. 
dornata  prendre  à  poignées,  1 1 1. 
douarha  acquérir  des  terres,  112. 
Douhe  Dieu,  le  ciel,  191 . 
doura,  dourea  abreuver,  1 12. 
dracc,  drast  (course)  rapide,  355. 
drouc-c'hraçz,     droulacz,     droulans 

disgrâce,  discorde,  354. 
drouill-drast  à  la  hâte,  355. 
du  de,  363. 

-ea,  -eat,  infinitifs,  111,  112. 
ec'h  eus,  e  teus  tu  as,  459. 
-ec'h  imparfait  de  l'indicatif,  sens  in- 
défini, 482;  2'-'  pers.  p'ur.,  483. 
ed,-et,   imparfait    et  prétérit,    sens 

passif  ou  indéfini,  100,  467,  483. 
edeiunetic  gl.  desideratrix,  352. 
Ediunet,  1 36,  141 ,  352. 
-éet  participe  passif,  i  19. 
-efec'h  futur,  2'^  pers.  plur. ,  123. 
-efen  conditionnel,  1:3,  486. 
-efet  fut.,  2^  pers.  pi.,  123,  486. 
-efimp  fut.,  ire  pers.  p|.^  123,  486. 
-efomp  fut.,  irc  pers.  pi.,  123. 
eget  que  du  comparatif,  196. 
eguit  que  du  compar.  ;  pour,  196. 
-ehei  fut.,  2'^  pers.  sing.,  486. 
-ehemb    conditionnel,    i^  pers.   pi., 

124. 
-ehemb  fut.,  i^e  pers.  pi.,  124,  187. 


5  26  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XL 


-ehen  conditionnel,  122,  123. 
-eher  fut.,  sens  passif  ou  indéfini,  474. 
-ehet  tut.,  2c  pers.  p!..  122,  187. 
-ehet  condition.,  2*  pers.  pi.,  483. 
-ehoh  condition.,  2<-*  pers.  pi.,  485. 
ehom,  ezom  besoin,  118.352. 
ei,  êyo  il  ira,  qu'il  aille,  105,  106. 
-ai,  -i  fut.,  3c  pers.  sing.,  107. 
-ei  fut.,  2"  pers.  sing.,  120,  187. 
-eign,  -ein,  fut.,  rc  pers.  sing.,  120, 

■87. 
-ein  infinitif,  120. 
-eint  fut.,  3'-- pers     pi.,  120,   187. 
eistra,  eistrat  pêcher  des  huîtres,  113. 
eit  allé,  1 19. 
-eit  participe;    impératif,    2^    pers. 

pi.,  1  18,  1  19. 
Eleuc,  353. 
eiot  vous  irez.?  105. 
é  mant,  é  maint  ils  sont,  1 17. 
em  bener  je  suis  frappée  (de  douleur), 

474- 
em  boan  j'avais,  472. 
eme  dit-(il),    192,  465,    466,   476, 

477- 
empalazr  empereur,  112. 
en  le,  lui,  474,  475. 
en    eun,  en    un    signe    du   participe 

présent,  183,  184. 
en  eun,  en  eur,  en  ur,  signe  du  verbe 

réfléchi,  183,  184. 
-en  imparfait  de  l'indicatif,  i  19. 
en  devoant  ils  avaient,  473. 
en  devout,  en  dout  avoir,  97,  458- 

460,  472-474,  478-480,  487. 
enepwert  pri.\  de  l'honneur,  382. 
e  n'eunt  ils  ont,  473. 
en  evaz  il  eut,  472. 
Enewor,  136,  141. 
eno,  ene  là,  196. 
enou  dans  lui,  196. 
enquelezr  géant,  247. 


enta  donc,  356. 

envez  virole  d'outil,  90. 

envou  cieux,  369. 

-eo  fut.,  3-=  pers.  sing.,   107,    186, 

187,  486. 
-eot  fut.,  2e  pers.  pi.,  486. 
-eouint  fut.,  3c  pers.  pi.,  486. 
-er  indicatif  prés.,  sens  passif  ou  in- 

déf.,  474. 
-erfut.,  sens  passif  ou  indéf.,  485. 
ercentbidite  tu  reconnaîtras,  461. 
erc  h  neige,  78. 
ero,  erw  sillon,  21 5. 
erru,  erro  arrivé,  193. 
erublobion  prolétaires,  214,  21s. 
-es,  -ez  impératif,  2^  pers.  sing.,  459. 
esatcod  gl.  tetrex,  88,  90. 
essae,  essa  essayer,  io6_,    108,   109, 

112,  113. 
esuezafF  être  absent,  46;. 
-et  participe  passif,  1 18,  i  19. 
-et  indic.  prés,    et  impér.,  2'^  pers. 

pi.,  100,  1 18. 
-et  infinitif,  470,  471 . 
-et  superlatif  d'exclamation,  206. 
e  te  lu  aurais,  460. 
Ethbin,  141. 
eu  il  est,  459,  460. 
eun,  eur  un,  192. 
eur  on  est,  460. 
-eur   indicat.    prés.,    sens   passif  ou 

indéf.,  474. 
eure  il  fit,  plur.  eurejont,  196,  460. 
euryen  bord,  3  56. 
eùrus  heureux,  188. 
eus  il  y  a,  460. 
eusouion  gl.  gestatorum,  215. 
eutcur,  vutur  vous  voulez;  il  veut;  je 

veux,  475,  476. 
euteurvezout  daigner,  463. 
evit  pour  ;  que  du  comparatif,  192, 

196,  481. 


Table  des  principaux  mois  étudiés  dans  le  tome  XI.  527 


ez  carsettu  aurais  été  aimé,  474. 

ez  signe  d'adverbe,  356. 

-ez  prétérit,  i"  pers.  sing.,  120. 

eza  donc,  3  56. 

-ezamp  prétérit,  i«  pers.  pi  ,  121. 

-ezan  prêt.,  i'-«  pers.  sing.,  121. 

-ezant  prêt.,  3"=  pers.  pi.,  121. 

-ezen  condition,  passé,  121,  122. 

ezeuêtt  disette,  manque,  462. 

faeczenn  fesse,  3  H- 

falvezout,   fallout.    fellout   manquer; 

vouloir,  465-468,  478. 
fautout  falloir,  469. 
-fec'h  condit.,  2*=  pers.  pi.,  484. 
-fec'h  fut.,  2<^  pers.  pi.,  482. 
-féet  fut.,  26  pers.  pi.,  482. 
-fefet  fut.,  2«  pers.  pi.,  482. 
fehen  je  saurais.  481. 
fell  il  faut;    on  veut;  il  veut,  465- 

468;  192. 
-fenn  conditionnel,  123,  479-481. 
-feomp  fut.,  i"-"  pers.  pi.,  485. 
feon  renoncule,  89. 
-fer  fut.,  sens  passif  ou  indéf.,  486. 
-fet  fut.,  2"  pers.  plur.,  482. 
-fet,  -fed   condition.,   sens  passif  ou 

indéf.,  484. 
-fimp,  fut.,  1'-'^  pers.  pi.,  486. 
finesafï  finesse,  363. 
-fint  fut.,  3«  pers.  pi.,  486. 
Flogan,  136,  141. 
-fofut.,  3'^  pers.  sing.,  466,  487. 
-foan     imparfait-conditionnel,     465, 

466. 
-foat  imparf.-condit.,   sens   passif  ou 

indéf.,  465. 
-foc'h  fut.,  2«  pers.  pi.,  484. 
-foc'h,     -forc'h     futur-conditionnel, 

2<=  pers.  pi.,  485. 
foeou  violettes,  87,  89. 
foillezer  effeuilleur,  197. 
-foint,  -foink  fut.,  3'^  pers.  pi-,  486. 


-fomp  fut.,  i>-^  pers.  pi.,  485. 
fonce  fonts  baptismaux,  354. 
-foflt  fut.,  5«  pers.  pi.,  485    486- 
-for  tui.,  sens  passif  ou  indéf.,  486. 
fos  fau.x,  188. 

-fot  fut.,  2'=  pers.  pi.,  484. 
fouillezet  plein  de  feuilles;  (bien)  dis- 
sipé, 197. 
founilha  entonner,  dissiper,  197. 
founill,  foulin  entonnoir,  197. 
Fragan,  Fregan,  Frogan,  141. 
fur  sage,  188. 
galler,  guillir  on  peut,  474. 
galloudus  puissant,  187. 
gallout  pouvoir,  362,  466,  470,  474, 

479- 
ganat  il  naquit,  474. 
gaolot,  gavelodd  fourche,  211. 
ge,  gye,  ye,  gai,  189,  190. 
geot,  icot  herbe,  190. 
Germane,  136,  141. 
Gildas,  136,  141. 
glann  rive  d'un  fleuve,  352. 
glas  vert,  bleu,  gris,  pâle,  183,  506. 
glefoemp  nous  deviens,  465. 
Goal,  142. 

goal,  gol  terrible,  357. 
goapeit  moquez-vous  ;  moqué,    118, 

119. 
goapet  vous  vous  moquez,  1 18. 
goar  il  sait,  460. 
goaz,  goaçz  pire,  354. 
Goezian,  142. 

Goeznoveus,  Goueznou,  142,  143. 
golou  lumière,  3  56. 
goneet,  goneit  gagné,  1 19. 
gortoz  attendre,  106,  115. 
goskôr  serviteurs,  74. 
gouat,  gouet  fait,  donné,  115. 
gouyzyec  savant,  464. 
Goulchen,  Goulven,  Gulhuinne,  137, 
143. 


5  2  8  Table  des  principaux  mois 

goulc'hen  je  voudrais,  480. 

gouzouk,  gouk  cou,  76. 

gouzuout,   gouzout,    goût,    goûeza, 

etc.,  savoir,  460,    463-465,  469, 

478,  479,  481,  482. 
goyunez  vœu,  352. 
goz,  guod  taupe,  88,  90. 
Gozien,  142. 
gozro,  goro  traire,  357. 
groa     gra,    il   fait,   etc.,    101,    104- 

106,     109,    I 10,    I 18,  1 19,  I  24, 

200,  459,  479. 
gronç  absolu,  3  54. 
gruyat  coudre,  i  1 i . 
Guedian,   142. 
Gueganton    1 36,  142. 
guelet,  guelout  voir,  362,  364,  470, 

47  "i  479-  _ 
gueleuout,  gûilyoud  couches,  458. 
Gueltas,  Gweltas,  142. 
Guengualoe,  Guingualui,  136,  142. 
Guenhael,  142. 
Guenleue,  1 37,  142. 
Guennedat,  553. 

Guidguale,  Guoidwale,  137,  142. 
Guidnoue,  Guodnou,  137,  142. 
Guikcrneau,  215. 
Guiniau,  1 37,  143. 
Guinnoce,  137,  143. 
Guitalmezeau,  215. 
Guitualus,  Gudwalus,  142. 
guizuidiguez  connaissance,  464. 
gulchy  il  lavait,  362. 
Gunthiern,  143. 

Guoidiane,  Guidiane,  137,  142. 
Guoitwal,  143. 
guparth  gi.  remota,  i  17. 
Gurthierne,  137,  143. 
GuzwaI,  142. 
gwerz  vente,  382. 
gwic  bourg,  215. 
Gwrwallj  Gurgualt    137,  143. 


étudiés  dans  le  tome  XI. 

-ha  infinitif,  112. 

ha  ç- ton,  353,  3  54- 

hadvéan,  hadbéan   être  de  nouveau, 

461 . 
-haimb    conditionnel,    i''^  pers.    pi., 

123. 
-haimb  futur,  !>'-■  pers.  pi.,  124. 
ham  nous  allons,  i  i  7. 
hama  eh  bien,  189. 
hanbout  manière  d'être,  458. 
hàfineges  connaissance,  463. 
hanoiou,  hanvou  noms,  486. 
Harveus,  144. 
-hat  infinitif,  1  lo-i  12. 
havalein-guetou  imaginer,  468. 
haznat  connu,  463. 
he.  hec'h  son  à  elle,  186, 
•héd  conditionnel,  sens  passif  ou  in- 

déf..  484. 
hegacç  agacer,  353. 
hegas  odieu.x,  353. 
heint  ils  sont,   1  20. 
■hen,  -en  conditionnel,  123,  480,  481 . 
he  peuc'h  vous  avez,  473. 
he  poc'h  vous  aurez,  473. 
-her,  -heur  futur,  sens   passif  ou  in- 

déf.,  481,  486. 
-her,  -hér  conditionnel    passif  ou  in- 

déf.   481,  483. 
Hernin,  Herlin,  144. 
-het  futur,  2^  pers.  pi.,  i  22-1  24,  482. 
heta  plaire,  468,  471 . 
hiat,  ia  oui,  244. 

-himp  fut.,   irt^  pers.  p!.,    i  10,  486. 
-hint  fut..  3''  pers.  pi.,  110,  486. 
hirie,  hizio  aujourd'hui,  196. 
ho  les,  eux.  190. 
Hoarvé,  144. 

hoaruout  advenir,  463,  467. 
Hoarzonus,  Houardenus,  Hoeiardone, 

Huardone,  1 37,  144. 
ho  devoan  ilsavaient,  473. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


S2Ç) 


Hoeargnoue,  Huarneue,  137,  144. 

Hoeiarnbiu,  144. 

hoent  désir,  volonté,  364. 

-hoh  condition.,  2^  pers.  pi.,  485. 

hoiarn,  houarn  fer,  144. 

Hoiarnnine,  137,  144. 

Hoiernin,  Houernin,  144, 

holen.  halenn  sel,  3  57. 

-homp  fut.,  ire  pers.  pi.,  181,  485. 

-hor  fut.  passif  ou  indéf.,  486. 

hor  bijemp  nous  aurions,  473. 

-hotfut.,  2>=  pars,  pi.,  484. 

ho  teveus,  ho  teus  vous  avez,  459. 

Houarno,  144. 

hou  ç-  votre,  353,  354. 

hreit  donnez,  186. 

huël  haut,  188. 

huytout  n'être  pas  bien,  469. 

y  tu  iras,  101 ,  103. 

-y,  -i,  fut.,  3e  pers.   sing,,  94,  101, 

103,  108. 
-i  fut..  2^  pers.  sing.,  120. 
-y  imparlait,  3e  pers.  sing.,  362. 
lahoevius.  lahoiue,  137,  144. 
larnhobri,  137,  144. 
Idunete,  136. 
leaguele,  137,  145. 
iêat  réjouir,  189. 
iel,  ielo,  etc.,  il    ira,   94-97,    103, 

105,473. 
-ien  imparfait-conditionnel,  477-479. 
yeoni  gaieté,  189. 
ies  va,  459. 

-iet  imparfait,  2«  pers.  pi.,  482. 
-iff  infinitif  et   fut.,    i^e  pers.  sing., 

120. 
Ignaw,  146. 
i  hlareo  il  dira,  186. 
Iliaue,  137,  145. 
illin  je  pouvais,  362. 
Iltute,  137,  145. 
imguparton  gl.  se  abdicant,  117. 


-imp.  fut.,  ire  pers.  pi-,  120. 

impalaer  empereur,  112. 

impalaôures  impératrice,  112. 

implij,  impli  emploi,  182. 

in  dans,  192. 

inaatoe  gl.  ineundum,  109. 

Iniaw,  higneau,  3  53. 

innbisiou  bandes,  courroies,  90. 

inosantât  devenir  sot,  1 14. 

inou  là,  196. 

-int  fut.,  5e  pers.  pL,  i  20. 

inues  bande,  courroie,  90. 

■yo  pluriel,  104. 

-yo  fut.,  3e  pers.  sing.,  486. 

-ioc'h  comparatif,  104. 

-yomp  fut.,  ire  pers.  p|_^  104. 

-iont  indicatif  prés.,  3e  pers.  pi.,  104. 

-yont  futur  et  impératif,  3e  pers.  pi., 

104. 
-yor  fut.,  passif  ou  indéfini,  105,  486. 
-yot  fut.,  2e  pers.  pi.,  104,  105. 
ir  indicatif  prés.,   passif  ou   indéf., 

474- 
-is  prêt.,  lie  pers.  sing.,  120. 
isel  bas,  87,  89,  188. 
istrein  pêcher  des  huîtres,  113. 
-it  indicatif  prés,   et   impératif,  2e  p. 

pi.,  100,  1 18. 
-it  indicat.prés.,  3'^  pers.  sing.,  205. 
lubudoc,  137,  145. 
lud,  ludveus,  146. 
ludicaele,  Judicale,  137,  145. 
ludoc,  137,  145,  491. 
ludulus,  146. 
ludwal,  145. 
lunanau,  137,  145,  3J3. 
luniau,  146,  3  52. 
lunobrus,  353. 
luti,  1 37,  146. 
jalvari,  jolori,  charivari.  363. 
Jaoua    144. 
jaronçç  de  la  vesce,  354. 


5  50  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


jaugein  convenir,  46s. 

-jec'h  conditionnel  passé,  2<^  pers.  pi., 

484- 

-jenn  conditionnel  passé;  condition- 
nel présent,   123. 

-jet  condit.  passé,  passif  ou  indéfini, 
484. 

jista  pourvoir  de  cidre,  112. 

joausaan,ioausean  je  deviensgai,  109. 

-joc'h  prétérit,  2^  pars,  pi.,  483. 

-joc'h  prêt.,  passif  ou  indéf.,  484. 

-joink  prêt.,  5'-"  pers.  pi.,  486. 

-jos  prêt.,  2^  pers.  sing.,  483. 

-jot  prêt.,  2«  pers.  plur.,  483. 

-jot  prêt.,  passif  ou  indéf.,  483. 

jubans,  zubans  symphonie,  (cri  de) 
joie,  183. 

Juguellus,  145. 

kadoer,  gouader  chaise,  357. 

karadek  aimable,  188. 

kared  eur  on  est  aimé,  484. 

kembot,  kombot  étage,  461. 

kend  ar  fin  à  la  fin,  182. 

kerc'ha,  kerc'hât  fournir  d'avoine, 
112,  113,  116. 

kes  va,  459. 

kézek  chevaux,  183. 

ki  chien,  502. 

Kigavus,  Kijaw,  140. 

koantik  gentil,  188. 

komeret  prenez,  193. 

kreten  je  croirais,  480. 

labourai  travailler,  109,  ni. 

lagen,  loaghen  lac,  3  57. 

Iakat,  lakein,  etc.,  mettre,  103,  105, 
106,  108,  109,  111,  114. 

Lampaul,  148. 

Landeleau,  145. 

Lan-Dujan,  Landugen,  140. 

Lan-Goesnou,  142. 

Langueu.x,  140. 

Lan-Houarneau,  144. 


Lan  Ildut,  145. 

Lan-Nenec,  148. 

Lan-Ratian,  Larajen,  140. 

Lan-Riec,  149. 

lavariet  on  disait  habituellement,  479. 

Icc'h  lieu,  90. 

lech  pierre  plate,  90. 

lec'hid  limon,  sédiment,  90. 

leh  marais  ?  87,  89,  90. 

lerc'h  suite,  trace,  79. 

Les-Hernin,   144. 

lestnaued  gl.  nausiam,  116. 

Leubri,  1 37,  146. 

leur,  leu  sol,  aire,  207. 

Leuthern,  Loutierne,  137,  146. 

Leviav,  146,  147. 

licenn  lice,  354. 

Lisure.?  137,  146. 

Lizinus,  146. 

loar,  loer  lune,  364. 

Loc-Brevalazr,  1 39,  490. 

Loc-Gouziern,  Loc-Gurthiern,  143. 

Loc-Iudet,  491 . 

Locmalo,  147. 

Loc-Melaer,  Lomener,  147. 

Locoal    142. 

Locoyarn,  143. 

Loc-Pezran,  Lopéran,  148. 

Loc-Ronan,  149. 

Locunole,  142. 

Lohene,  1 37,  146. 

Lohuzec,  491 . 

lonce  cuiller  à  pot,  354. 

Loperhet,  139. 

louc'h,  loc'h  mare  d'eau,  90. 

Loviau,  137,  146. 

luson  trace,  i  16. 

ma,  më,  me,  moi,  mon,  190. 

ma  si,  487 . 

ma  eh  bien,  189. 

mabr  marbre,  3  58. 

Maccent,  137,  147. 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI.  5^1 


Machlow,    Macloue,   Malow,    Ma!o, 

Macutus,  137,  138,  147. 
inacoer  pi.  maguaerou  mur,  357. 
maen  pierre,  369. 
maieste,   meste,  mese  respect,   façon 

digne,  364. 
mancqout  manquer,  469. 
mançzonner  maçon,   354. 
Mapedat,  355. 

mar  a  plus  d'un,  plusieurs,  361  . 
marc'heat  chevaucher,  iii,  112. 
mat,  vad,  bon,  bien,  188,  189,  208. 
mateheoiï  serviteurs,    183. 
matez  servante,  1 38,  183. 
Matith?  137,    147. 
Matoc,  147. 
mau  serviteur,  353. 
Mauvedat,  3'i3. 
me  moi,  476,  477. 
medi  moissonner,  90. 
medot  gl.  metes,  88,  90. 
mein  ils  sont,  106. 
Melani,  137,  147. 
melen,  melon  jaune,  blond,  193. 
Meleor, Mêler,  Melore,  137, 147,491. 
membry  je  l'atteste,  477. 
mennat  souhaiter,  demander,  penser, 

462. 
meplaom  être  confondu,  109,  iio. 
merchaussy,  mechochi,  écurie  3^8. 
mesa  faire  paître,  112. 
mëtu  dites,  476. 
meump  nous  avons,  473. 
meuz-om  nous  avons,  471. 
Meven,  Meuinne,  137,  147. 
milhezr  maladie  des  pieds,  3^5,  356. 
mitisien  serviteurs,   182,  183. 
Mochdreb,  Motreff,  138. 
moez  voix,  3  54. 
moger  mur,  357. 

monçç  manchot,   estropié,   émoussé. 
trompeur,  354. 


monçça  moussa,  émousser,  354. 
monet,  vonet,  onet,   mont  aller,  97, 

.87. 
mons  :  klafi  —,  très  malade,  554. 
morgablou  estuaires,  210,  211. 
muled  mules,   engelures  aux  talons, 

Munna,  1 37,  148. | 

munsat  flairer,  3  56. 

na,  ne,  ne  pas,  95,  96. 

nadoez,  noade  aiguille,  357. 

nehi  d'elle,  elle,  191. 

nehoQ  de  lui,  lui,  191,  363. 

néjeta  chercher  des  nids,  ni. 

nem  denr  je  ne  veux  pas,  463,  467, 

47S- 
nemet,  nemert  sinon,  476,  480,  48 1 . 
'n  en,  eun  dén  quelqu'un,  on,  189. 
Nenec,  148. 

neuze,  neuzo  alors,  193. 
Neventer,  141 . 

nin  a  moamp  nous  avions,  473. 
Nin,  141. 

Ninnoca,  137,  148. 
noas,  noassat,  noazout  nuire,  113, 469. 
no  neun  ils  n'ont,  473. 
0  lazet  ils  étaient  tués,  474. 
-0  pluriel,  466. 
-0,  -ou,  fut.,  3*;  pers.  sing.,  94,  103, 

107,  108,  186,  187. 
oa  il  était,  460. 
oade,  ode  brèche,  3  57. 
oair  on  était,  481. 
oalet,  oled  foyer,  357. 
oan  j'étais,  je  serais,  487. 
oan,  uën  je  suis,  193. 
oar  on  est,  460. 
oarez  signe,  357. 
oc'h  outho  à  eux,  192. 
•oc'h  fut.,  2^  pers.  pi.,  485. 
0  defjont  qu'ils   aient,  qu'ils  eussent, 

473- 


5  J2  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


oe  il  fut,  460. 

oéd  on  fut,  485. 

oéjoc'h  vous  fûtes,  460. 

oejont  ils  furent,  460. 

-oint  fut.,  3c  pers.  pi.,  466. 

ollored  poursuite  des  traces,  79. 

-omb  nous,  i  17. 

omb,  omp  nous  sommes,  117,  118. 

-omp    indicatif  prés.,    !•■«  pers.    pi., 

117. 
-omp  fut.,  F*^  pers.  pi.,  104. 
-ont  indic.  prés.,  3'-"  pers.  pi.,    117, 

118. 
-ont  fut.  et  impér.,  3';  pers.  pi.,  104, 

105. 
-or  fut.,  passif  ou  indéf. ,  486. 
-or  indic.  prés.,  passif  ou  indéf.,  474. 
ord  ordre,  554. 
ou   devezé,  0  devise  qu'ils  eussent, 

122. 
oueit  allé,  119. 
ous,  out  tu  es,  483. 
ous,  ouz  à,  100,  192. 
ous  n'em,  ouz'ii  im  signe  du  participe 

prés.,  184. 
-out  infinitif,  463,  468,  469. 
oz  bez  vous  avez  habituellement,  459. 
palfuata  manier,  1 12. 
pan  quand,  364. 
paner,  panner  village,  364. 
panevet  n'était,  476. 
paradoueis  paradis,  ciel,  191. 
Paterne,  137,  148. 
Patrici,  1 37,  148. 
Paul,  137,  148. 

Paulinine,  Paulninan,  137,  148. 
pec'h  vous  auriez,  473. 
pellaat,  péellein  éloigner,  103,   105, 

108,  116,  188. 
pemped  cinquième,  206. 
pence!  pièce,  3  54. 
pençz  fesse,  3  54. 


peneverte  n'était,  476. 

penliêr  hameau,  bout  du  village,  364. 

péré  qui,  lesquels,  11$. 

pervean  être  tout  à  fait,  461. 

perze  sans  cela,  476. 

pesketaer  pêcheur,  i  1  2. 

pesqueta,pesquetaiTpêcher,  111,112. 

petoïnt  qu'ils  prient,  486. 

Petran,  137,  148. 

Petroc,  491 . 

peuc'h  vous  avez,  473. 

peul  poteau,  369. 

peulvan  pierre  longue,  369. 

peur-bennâc  toutes  les  fois  que,  111. 

piaoùout  avoir,  posséder,  469. 

pignas-te  monte,  459. 

pijez  tu  aurais,  472. 

pificin  bénitier,  3  54. 

pinevit  e  n'était,  476. 

Pinnuh,  1 37,  148. 

pisquetat  pêcher,  113. 

Pleu-Cadeuc,  140. 

plich  plût  (à  Dieu),  485. 

plijout  plaire,  114,  468,  471. 

Ploe-Moven,  Ploeven,  147. 

Ploneour,  141. 

Ploudalmezeau,  215. 

ploue,    plou,    plo,    pieu    peuplade, 

plèbe,  215. 
Plouguerneau,  215. 
Plou  neventer,  141 . 
Plueu  Eneuur,  141 . 
Pluherlin,  144. 
poa  vous  aviez,  472. 
poan,  poen  peine,  364. 
polissaff,  policzaflF  polir,  356. 
pop  chaque,  193. 
pore  maladie  subite  et  forte,  557. 
Pritient,  Prijent,  140. 
profT  prouver,  480,  481. 
propr,  prope  propre,  187. 
prui:s  «  prussien  n,  arbre,  355. 


Table  des  principaux  mois  étudiés  dans  le  tome  XI. 


W3 


puncc  puits,  3  54. 

pussunius  (plaisirs)  empoisonnés,  1 87. 

quea  va,  109. 

queah,  pi.  queih  cher,  188. 

queff  il  trouve,  102. 

ra  que  optatif,  100. 

ra  il  donne,  115,  i  iy,  119. 

Racat,  148. 

ra  c'houzoc'h  sachez,  485. 

r'am  béz  que  j'aie,  96. 

ran  je  donne,  115. 

ranneit  partagé,  1 19. 

rasspa  grapiller,  1 12. 

Ratian,  140. 

Rauualus,  149. 

Rawele,  137,  148. 

rei,  roy,  etc.,  il  donnera,  101,  103, 
106. 

reit,  roëit  donné,  1 19. 

Renan,  149. 

rencout,  rancqout,  devoir,  avoir  be- 
soin, I 14, 469,  470. 

Rethgualt,  RethwaI,  Restoald,  138, 
149. 

rez  tu  fais.  110. 

rez,  roez  tu  donnes,  1 10. 

ri  il  fera,  107. 

Rioc,  137,  149. 

Riocat,  148. 

Ritien,  145. 

Riwalus,  149. 

rof  je  donne,  1  10. 

Ronan,  1 38,  149. 

roncin  roussin,  555. 

roricseti  gl.  sulcavissent,  122. 

Ros-Lohen,  Ros-noen,  146. 

Ros-Serechin,  149. 

rôt  donné,  i  10. 

Roteneuc,  1 50. 

rou  il  fera,  107. 

rouez  rare,  365. 

rouez  don,  365. 

Revue  Celtique,  XL 


Runare,  1 38,  149. 

rust  (temps)  rude,  188. 

sainis  il  entraîna,  215. 

Salmon,  1 38,  149. 

saludhaimb  nous  saluerons,  124. 

Samson,  1 38,  149. 

santout  sentir,  468. 

savetei,  sovetat  sauver,  1 14. 

sciir  tranchant  (d'épée),  359. 

sca,  scoa  il  frappe,  115,  116. 

scouc  cou,  nuque,  3  5  5. 

seblantout  sembler,  469. 

serc'h  concubine,  78. 

Serecine,  1 38,  149. 

servi,  servij  service,  182. 

Serwane,  1 38,  149. 

-set  conditionnel  passé,  passif  ou  in- 

déf.,  484. 
seul  seul,   188. 
siab  convenable,  469. 
sioud  être  séant,  469. 
skiinsen  éclis,  3  54. 
-soch  prêt.,  2^  pers.  pi.,  483. 
-somp,    -zomp    prêt.,    F"^  pers.  pi. 

121. 
-son,    -zoun,   -joun,    -choun,    prêt., 

1'''^  pers.  sing.,  121. 
-sont,  -zont,  prêt.,  3*^  pers.  pi.,  121, 
-sot,    -sout,    -zoud,    -joud,    prêt., 

2^  pers.  sing.,  483. 
splannein  briller,  i  16. 
stlegat  il  fut  traîné,  on  traîna,  474. 
strocat  il  fut  traîné,  365. 
stronça  ébranler,  36J. 
stunteiet  décavé,  355. 
suk  sucre,  355. 
Sulian,  138,  145,  149. 
-t  participe  passé,  1 10. 
taffha,  taflhafî,  tanvat,  tanvea,  goûter, 

112,  113. 
tàleges  valeur,  463. 
talmeta  tâtonner  pour  chercher,  111, 

35 


5  34  Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XL 


talvout,  taleifi,  talveza,  etc.,  valoir, 
i8o,  463,  466,  467,  478. 

Tan  Ici,  Tannegui,  502. 

taozeta  glaner,  111. 

Tearnmaile,  1 38,  1 50. 

Tenenan.  1 50. 

teskoa  glaner,  1  12. 

teureil,  teureul  jeter,  362. 

teurvezout  daigner,  463. 

Ticiawa,  138,   150. 

to-  préfixe,  145. 

Toconoce,  Teconoce,  138,  145,  150. 

Toninnane,  1 38,  1 50. 

Toritien,  145. 

Torntrient,  gl.  Trinovantum,  21  ^. 

tortafi  lanterner,  97. 

testât,  tosteign,  etc.,  approcher,  114, 
118,  479. 

Tosuliau,  745. 

'tou  tu  auras,  459. 

Touez-^c,  143. 

touferi  je  prouverais,  481. 

tout  tout,  187. 

Towoedocus,  143. 

traezer  «  couloire  ',  197. 

Trechmor,  1 50. 

Treff-Riagat,  Treffiagat,  148. 

Tre-guehuc,  Tregueux,  140. 

tréhein,  îréhatt  faire  passer  en  ba- 
teau, 197. 

trei  tourner,  97,  101,  106,  110. 

treiza  faire  passer  en  bateau,  197. 

treizer  entonnoir,  197. 

Tremeler,  147. 

Tremeven,  147. 

treust  poutre,  207. 

treza  prodiguer,  197. 

trezer,  trezenner  prodigue,  189. 

trezer  entonnoir;  ivrogne;  prodigue, 
197. 

Trifina,  1 58,  1 50. 

Iroèl,  trui,  turel,  turui  jeter,   362. 


troieta  tourner  et  virer,  i  12. 

tronczaff,  tronsafi  trousser,  354,  365. 

trugar  miséricordieux,  188. 

Tudgual,  Tudual,  Tutgual,  Tutwale, 
138,  I 50. 

Tutian.  140. 

ùier  qu'on  soit,  478. 

uir?  87,  89. 

un,  eun,  on  un,  193. 

va  me,  moi,  190,  191 . 

vad  du  bien,  208. 

ve  il  serait,  97,  487. 

ve,  vez  il  est  habituellement,  97. 

vedégez  attention,  464. 

vehai  il  serait,  1  24. 

veher  on  serait,  qu'on  soit,  478. 

Veho,  Vec'ho,  Vezo,  138. 

véné  il  voulait,  192. 

ver  qu'on  soit,  478. 

vez,  véz  qu'il  soit,  il  serait,  96,  97. 

vezet  qu'il  soit,  96. 

vied  on  serait,  484. 

vient  ils  seraient,  qu'ils  fussent,  465, 
478. 

vihe  il  serait,  478. 

vihet  vous  serez,  464. 

vihoc'h  que  vous  soyez,  484. 

vihomp,  viomp  nous  serons,  105. 

vihon  bet  j'aurai  été,  105. 

vihont,  viont  ils  seront,  qu'ils  soient, 
105. 

vihor,  vior  on  sera,  105. 

vihot,  viot  vous  serez,  105. 

viis,  vis  )e  tus,  460. 

vijed  on  serait,  484. 

vioiin  je  fus,  105. 

viout  tu  fus,  105. 

vise  il  eût  été,  478. 

-visen  conditionnel  passé,  466. 

visont  ils  étaient  habituellement,  460. 

vizent  \\s  seraient,  ils  étaient  habi- 
tuellement, 460. 


■♦ 


Table  des  principaux  mots  étudiés  dans  le  tome  XI. 


535 


vizin  je  serai,  105. 
voa  il  était,  487. 
voan  j'étais,  460. 
Vodoalus,  142. 
voe  il  iut,  464,  465,  487. 
voejent  ils  seraient,  460. 
voejomp  nous  fûmes,  460. 
voint  ils  seront,  486. 
vomp  nous  serons,  48^. 
vont  ils  seront,  486. 
vons  fond,  3  54. 
voùén  je  fus,  460. 
Vulvinus,  143. 
wert  valeur,  prix,  382. 
Winganton,  142. 
Winnoc,  143. 
Winwaioe,  142. 


Woednovius,  143. 

WotwaI,  Woitwal,  142. 

za  donc,  3  56. 

-zand  prêt.,  3e  pers,  pi  ,  121. 

-zeah  cond.  passé,  2^  pers.  pi.,  121. 

-zed,  -jed,  conditionnel,  passif  ou  in- 
défini, 484. 

-zeur,  -jeur  prétérit,  passif  ou  indé- 
fini, 484. 

-zyéd  conditionnel,  passif  ou  indéf., 
484. 

•zien  conditionnel,  479. 

zo,  'zoh  de,  363. 

zo,  zeo  (il)  est,  187. 

-zofit,  -jont  prêt.,  3^  pers.  pi.,  460. 

-zot,  -jot  prêt.,  2^  pers.  pi.,  483. 


ERRATA 

P.  121,  1.  25,  lisez  -(e)iainl>,  -(e)iant. 

P.  195,  V.  28,  lis.  nen  deuruihe. 

P.  201,  1.  31-32,  lis.  Le  cantique  de  l'Enfant  prodigue  le  fait 

P.  354,  1.  8,  lis.  da  c'Jjordèw 

P.  354,  1.  13,  lis.  de  la  vesce 

P.  474,  dern.  1.,  lis.  il  fut  traîné 

P.  484,  n.  2,  1.  2,  lis.  Breurici  ar  feii- 

P.  516,  col.  I,  3-^  ligne  à  partir  du  bas,  au  lieu  de  Gaulçis  Usc:^  Gaulois. 

E.  E. 


Le  Propriétaire-Gérant  :  E.  BOUILLON. 


Chartres.  —  Imprimerie  DURAND. 


/ 


ui^fi^dL 


PB  1001  .R5  v.ll  SMC 
Revue  celtique 


Does  Not  Circulate